[86] Lutte contre la fermeture de classes dans le sud-Vienne

Le Sud-Vienne se mobilise pour ses écoles menacées

Depuis l’annonce lundi des possibles fermetures de classe à Lussac- les-Châteaux, Millac, Saint-Germain et Adriers, les parents se mobilisent.

Depuis plusieurs années, chaque printemps voit son cortège d’annonces de fermetures de classes dans le Sud-Vienne.

Réunion d’urgence vendredi avec les élus et les parents d’élèves, face à la menace de fermeture d’une des deux classes de l’école de Millac. Avec seulement une vingtaine d’élèves, il n’y a pas d’arguments percutants pour éviter cette fermeture.

Néanmoins, Danielle Maytraud, maire, rappelle que « l’école de Millac se situe en zone rurale avec ses spécificités. Il serait temps d’arrêter de maltraiter les territoires ruraux ». De plus, la maire a tenu à souligner « les efforts importants de la municipalité pour rendre son école agréable (réfection des bâtiments, peintures et aménagements intérieurs, mobilier et informatique, garderie). Loin d’être isolée, l’école est intégrée au réseau Vienne Gartempe ».

Espoir ou fatalité

Pour les élus et les parents d’élèves, si fermeture il y a, on va se retrouver avec une classe unique et six niveaux d’enseignement de la GS (grande secton) au CM2. Il n’est pas certain que cela satisfasse les parents. Et quid des petites et moyennes sections ? En l’absence de dérogation permettant de les intégrer à la classe unique, les tout-petits devront prendre le car matin et soir pour se rendre dans un autre établissement et « c’est beaucoup demander à des enfants en bas âge ». De toute façon, « dans ce cas de figure, il est certain que Millac perdra son école dans les deux ans à venir ». Pour garder un peu d’espoir, élus et parents souhaitent attirer l’attention de la commission paritaire fin mars par une lettre commune. Tous sont convaincus de la nécessité de se rapprocher des écoles de Lussac-les-Châteaux et Adriers, elles aussi menacées, dans le but d’engager des actions communes. Malgré tout, chacun semble penser que cette fermeture est inéluctable.

La fronde monte partout

A Lussac-les-Châteaux, la situation n’est pas comparable puisque les effectifs et la démographie n’ont rien à voir avec celles de Millac. Et les parents se sont mobilisés en force contre le projet de fermeture d’une classe de l’école publique de Lussac-les-Châteaux et de celle d’Adriers. Mais ce dernier épisode ne fait qu’entretenir une sensation d’abandon scolaire née il y a plusieurs années avec les fermetures successives de classes ou d’écoles comme à Moussac-sur-Vienne ou Luchapt.

Nouvelle République, Corr. Robert Delorme, 18 mars 2012

[Poitiers] Action antipub à la demi-lune

Les  » éteigneurs de sucettes  » coupent le jus à la pub

Des dizaines de panneaux publicitaires lumineux ont été privés de courant vendredi soir dans l’agglomération de Poitiers. Une opération d’antinucléaires pour lancer une chasse au gaspi.

Jacques en sourit sous sa casquette. Tournevis en main, ce retraité vient d’éteindre un panneau publicitaire lumineux vers la Demi-Lune. « La chasse au gaspi est lancée ! » Et vendredi soir, elle a pris les allures d’une action commando dans l’agglomération de Poitiers.

Il est 20 h 45, sur le parking du Parcobus de la Demi-Lune. Des militants arrivent, de tous âges et tous horizons.

 » C’est une action revendiquée « 

Ils sont étudiant, retraité, cadre de banque ou même élu régional. Ce qui les réunit ce soir, c’est leur opposition au nucléaire. Une conviction renforcée par l’accident de Fukushima provoqué par le tsunami. Une quinzaine de personnes sont là, prêtes à agir après l’appel de la Coordination poitevine pour la sortie du nucléaire partout et tout de suite (antinuc86.new.fr). « En France, nous avons des centrales nucléaires vieillissantes, dangereuses. En lançant des opérations d’économie d’énergie comme ce soir, on veut inciter à éteindre ces centrales-là », explique Thierry. Sur le parking des bus, quatre équipes sont formées. Les militants se répartissent le matériel : des gaffes artisanales pour crocheter les disjoncteurs d’enseignes, des clés électriques, des tournevis. Une rapide démonstration permet à tous de voir comment déconnecter en quelques gestes brefs les petites sucettes publicitaires. A 21 h 30, les groupes passent à l’action, méthodiquement. Quatre parcours sont suivis : avenue de la Libération, avenue de Nantes, sur les boulevards extérieurs et sur la rocade. Des dizaines de panneaux publicitaires, d’enseignes lumineuses de grandes surfaces sont éteintes. « On ne fait aucune dégradation. On ouvre, on éteint, on ferme et on appose une affichette. C’est une action revendiquée », explique Yvon Plaçais du collectif. « On veut montrer que la première voie pour sortir du nucléaire, c’est celle des économies d’énergies. Et pour nous, le plus symbolique en matière de gaspillage énergétique, ce sont ces panneaux publicitaires lumineux totalement inutiles. » Vendredi soir, le collectif assure avoir éteint des dizaines de cibles. Les nouveaux abris de bus et certains grands panneaux déroulants ont résisté aux «  éteigneurs de sucettes  ». Un militant a été arrêté par la police lors de l’opération et auditionné. Il est ressorti vers 0 h 30. Les quatre équipes l’attendaient dehors. Une vingtaine de villes françaises devaient participer à cette opération propagée par le site zerowatt.c.la

repères

Combien consomme un panneau publicitaire ? Les ménages sont invités à arrêter les veilleuses de leurs appareils ménagers inutilisés pour économiser le courant… et les panneaux « brûlent » du courant toute la nuit. Un panneau publicitaire de 4X3 m éclairé consomme en une nuit 6,8 kWh, indique l’agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie. Un abri de bus 1,7 kWh. « Une famille de quatre personnes consomme en moyenne 8 kWh pour tous ses besoins hors chauffage », explique la coordination poitevine antinucléaire. Qui doit calculer l’énergie économisée par son opération.

Nouvelle République, Emmanuel Coupaye, 18 mars 2012

[Poitiers] Contre le racisme, contre l’Etat

Contre le racisme, contre l’Etat

Le racisme est une construction idéologique qui a toujours servi de prétexte à la domination politique, et à son corollaire l’exploitation économique – esclavage, colonialisme, salariat à moindre coût… Il a principalement été développé et théorisé par les Etats, en particulier dans les phases les plus délicates de leur histoire, afin de diviser les populations pour mieux les opprimer. Les Etats ont pour cela reçu le soutien d’une partie des castes « savantes » de leur époque : religion et scientisme ont cautionné le racisme pour asseoir leur emprise.

Dès l’antiquité, les cités-Etats construisent, au gré de leurs alliances et de leurs conquêtes, les notions parallèles de citoyen et d’étranger (les métèques, les barbares…) Au Moyen-âge, l’Eglise et les monarchies arriérées d’Europe occidentale lancent les croisades pour étendre leur emprise sur leurs propres territoires (croisades contre les « hérétiques » en France, contre les slaves en Europe de l’Est…) et pour permettre à une caste déshéritée de chevaliers belliqueux de s’occuper ailleurs… en même temps que commencent les persécutions contre les juifs, accusés de tous les maux à chaque crise de subsistance. La notion de « frontière » apparaît ainsi au moment de la Reconquista, permettant aux Etats chrétiens d’Espagne et à l’Eglise de construire leur identité par la construction d’un ennemi intérieur musulman, et juif. Entre temps, les rois d’Europe imposent leur langue officielle d’Etat, opprimant les populations sur les territoires conquis. Plus tard, à l’époque moderne, la construction de puissants Etats modernes donne lieu à des guerres terribles en Europe, nécessitant un afflux massif d’or, déclenchant ainsi le génocide des amérindiens. L’exploitation de l’Afrique permet aussi aux Etats d’Europe de développer le commerce transatlantique : l’esclavage de masse apparaît, toujours avec la caution de l’Eglise sur l’infériorité des « indiens » puis des « nègres ». A l’époque contemporaine, le développement de l’industrie capitaliste pose aux Etats européens rivaux la question des matières premières : la colonisation militaire est lancée, avec son lot de massacres. La philosophie des lumières puis la « science » sont mises à contribution pour élaborer des théories racistes, et justifier l’exploitation de continents entiers. L’utilisation du racisme par les Etats conduira, en période de remise en cause de leur pouvoir par des mouvements ouvriers révolutionnaires finalement écrasés, à la montée du fascisme. L’horreur raciste et colonialiste perdure après la guerre, avec les atrocités perpétrées par les Etats coloniaux.

De nos jours, après le nazisme et les guerres colonialistes, les dominants ont modifié leur vocabulaire. Avec la mondialisation du capitalisme et des flux financiers, l’utilisation de la main d’oeuvre « étrangère »  est plus que jamais stratégique pour le capitalisme. Les Etats et les capitalistes ont autant besoin de la libre circulation des capitaux que de maintenir des populations de part et d’autre de frontières militarisées, avec des législations du travail différentes. On ne parle plus de races, mais « d’immigration choisie » (ou « intelligente » pour la gauche). On ne parle plus d’inégalité des races, mais d’inégalité des « civilisations » et des « cultures ». Les cultures sont essentialisées par les discours politico-médiatiques, jusque dans l’éducation nationale : l’étude des « civilisations » et de leurs « différences » est au fondement du nouveau programme d’histoire. Le différentialisme prétend ainsi sauvegarder une essence fictive de la prétendue culture ou civilisation occidentale. « Préférence nationale » et « identité nationale » permettraient ainsi d’éviter les « mélanges ». Les personnes souhaitant devenir « françaises » doivent ainsi « s’assimiler », « s’intégrer », c’est-à-dire nier leur histoire sociale. Ces discours grotesques, sans aucune légitimité rationnelle ni éthique, seraient juste pathétiques… s’ils n’étaient le prétexte aux horreurs contemporaines des centres de rétention administrative, de la traque et des expulsions d’étrangers, du néo-colonialisme, des guerres de « civilisation » en cours et à venir.

Au-delà du spectacle consternant des déclarations nauséabondes du gouvernement ces dernières années, ces logiques historiques d’Etat dépassent largement les clivages des partis de gouvernement. Sur le fond, la gauche « socialiste » assume clairement qu’elle souhaite elle aussi des « critères » pour l’immigration économique, et qu’elle expulsera les indésirables. C’est la gauche qui ouvrit les premiers camps de concentration en France pour les réfugiés révolutionnaires espagnols, elle qui prétendit « humaniser » la rétention des étrangers avec l’ouverture des centres de rétention administrative, elle qui expulse dans certaines villes des camps et des squats d’étrangers, elle qui vote une loi contre les nounous voilées, elle aussi qui souhaite ouvrir, à l’échelle européenne, des centres de rétention à propos du « problème des Roms ». Il n’y a aucune illusion à entretenir sur la gauche gouvernementale. Tous les Etats ont des frontières et professent, contre leurs « étrangers », une dégradation des droits civiques, politiques et sociaux, pour le plus grand bonheur des exploiteurs.

Pour notre part, nous considérons que la culture est le résultat vivant des échanges sociaux. Nous nous inscrivons plus que jamais dans l’internationalisme, dans le refus de l’oppression étatiste et de son corollaire le nationalisme. Jules Ferry, personnalité célèbre de gauche, fut aussi bien celui qui prétendait « civiliser les races inférieures », que celui qui participa au massacre impitoyable des Communards qui voulaient une société libre et égalitaire. Commune de Paris qui, ausi bien en 1792 qu’en 1871, fut animée par des révolutionnaires de pays différents, unis par la volonté d’abattre les privilèges et les distinctions hiérarchiques sociales.

Tant qu’il y aura l’Etat, c’est-à-dire une organisation politique autoritaire organisant l’exploitation de l’homme par l’homme, il y aura du racisme, il y aura du colonialisme, et des exploité-e-s pour tomber dans l’ornière de la haine. Seule la solidarité internationale et la construction de rapports sociaux non autoritaires, égalitaires, peut permettre d’en finir avec le racisme, l’exploitation de l’homme par l’homme, l’organisation étatiste de la société. De fait, contre les tentatives d’expulsions d’étrangers, la mobilisation paye. Les préfectures reculent devant la solidarité des proches, des voisin-e-s, parents d’élèves, des collectifs divers. C’est dans ces luttes que se tisse la solidarité, et que recule l’Etat. Ce sont ces luttes et cette organisation de la solidarité en actes qu’il nous faut étendre.

Pas de guerre entre les peuples, pas de paix entre les classes

Groupe Pavillon Noir (Fédération Anarchiste 86)

http://fa86.noblogs.org/

pavillon-noir@federation-anarchiste.org

Samedi 17 mars à Poitiers, rassemblement pour une marche antiraciste et anticoloniale, 14H30 place d’armes

Mercredi 21 mars, deux rassemblements solidaires : avec les étudiant-e-s étranger-e-s expulsables à 17H place du marché, et avec la famille Adamianov et toutes les personnes expulsables à 18H devant le palais de justice. Venez nombreux-euses !

[86] Les syndicats boycottent la carte scolaire

Carte scolaire : les syndicats enseignants décident le boycott

L’intersyndicale enseignante a refusé de participer hier au comité technique spécial. En cause, les mesures de la carte scolaire et le manque de concertation.

Christian Arnault, directeur académique a dû annuler, hier matin, la conférence de presse qu’il avait prévu de tenir en fin d’après-midi sur les mesures de la carte scolaire 2012. Le sujet en était les contours définis à l’issue de la réunion du comité technique spécial départemental et des premiers arbitrages. Mais voilà, le CTSD n’a pas eu lieu. Les syndicats enseignants l’ont tout simplement boycotté ! Et à cette politique de la chaise vide, – une forme plutôt inhabituelle dans la Vienne du moins ces dernières années –, il y a deux raisons. « Il s’agit de dénoncer les mesures de fermetures annoncées le 13 mars par le directeur académique. Il y en a 34 tous postes confondus, alors que Nicolas Sarkozy s’était engagé, au plan national, en juin dernier, à ne plus toucher à l’école primaire. »

«  La maternelle, une variable d’ajustement  »

Ces mesures ne se traduiraient pas forcément pas des suppressions de classes. « Tous les postes qui amenaient un plus à l’école comme les Rased (réseau d’aide spécialisée), les TICE (nouvelles technologies informatiques), les enseignants en bibliothèques pédagogiques, sont en train de disparaître. C’est un retour en arrière », estime l’intersyndicale qui voit d’un très mauvais œil les neuf fermetures en maternelle. « Seulement 6 % d’enfants de moins de trois ans sont actuellement scolarisés contre 60 %, il y a dix ans. » L’éducation prioritaire et la scolarisation des élèves handicapés ne sont pas épargnées. Cinq postes en réseau réussite scolaire (à Poitiers, à Châtellerault et à Naintré) sont supprimés. Et deux départs en retraite à la direction du CMPP et l’IME de Montmorillon ne seraient pas remplacés. Cette décision de boycott est aussi motivée par un manque de concertation, concluent les représentants des personnels. « Des directeurs d’écoles, des collègues concernés par ces mesures de fermetures en ont été informés qu’il y a deux jours. De même que les parents d’élèves, les élus. Tout s’est fait dans la précipitation… »

Nouvelle République, Sylvaine Hausseguy, 17 mars 2012