[Poitiers] Bye bye De Bony

NdPN : nous évoquions justement le personnage de De Bony, hier dans un article sur le Love Money Café (qui l’avait invité en septembre dernier ). Interlocuteur régulier de la police et de la mairie pour faire dégager les « marginaux » (les pauvres qui font la manche) du centre-ville, ayant porté plainte contre un joueur de guitare pour « agression sonore », le sympathique De Bony a démissionné de la présidence de l’association des commerçants du centre-ville, « Poitiers Le Centre » – qui vient de palper 30.500 euros de subventions municipales. Il semblerait que ce donneur de leçons ès « incivilités » n’ait pas été très clair dans la gestion des comptes de la Mutuelle de Poitiers, dont il était agent général jusqu’à la mi-janvier. Qui sera le nouveau président de Poitiers Le Centre chargé de continuer à transformer Poitiers en galerie marchande à ciel ouvert ?

Poitiers Le Centre : Philippe De Bony démissionne !

Elu le 16 avril 2013 à la tête des commerçants de Poitiers, Philippe de Bony a démissionné la semaine dernière, officiellement pour «raisons personnelles». En fait, l’agent général de la Mutuelle de Poitiers Assurances a également dû quitter ses fonctions professionnelles, en raison d’«anomalies comptables».

A l’heure où nous écrivons ces lignes, Poitiers Le Centre n’a plus de président. L’ex-Fédération des agents économiques de la capitale régionale fait face, depuis la semaine dernière, à la vacance du poste. Le bureau de l’association a accepté la démission de son président, sachant qu’un conseil d’administration extraordinaire doit se réunir la semaine prochaine pour désigner son successeur. Depuis quelques heures, la ville bruisse de rumeurs au sujet du départ soudain de Philippe de Bony, élu le 16 avril 2013.
Selon nos informations, les « raisons personnelles » avancées par l’assureur de la rue du Marché confineraient à une fâcheuse mésaventure professionnelle. Depuis 2006, Philippe de Bony était agent général pour le compte de la Mutuelle de Poitiers. Il a également démissionné mi-janvier. La raison ? Le directeur financier du groupe mutualiste évoque « une situation d’anomalies comptables » et « une défaillance de la part de M. De Bony ». « C’est ce qui nous a amenés à stopper notre collaboration », poursuit Guy Favrelière.
Pour l’heure, aucune plainte au pénal n’a été déposée à l’encontre de l’ex-agent général. La Mutuelle de Poitiers indique que « le dossier est en cours d’instruction dans ses services » et qu’« on n’en est pas encore là », autrement dit au stade de poursuites judiciaires.  « Ce qui nous importe aujourd’hui, c’est de rassurer la clientèle de l’agence et qu’il y ait le moins de perturbations possible. Nous sommes en recherche d’un nouvel agent général », commente Guy Favrelière. Joint à deux reprises en début de matinée, Philippe de Bony n’a pas donné suite à nos demandes d’entretien.

Arnault Varanne, 7 à Poitiers, 23 janvier 2014

[Poitiers] Manif de flics : un témoignage (presque) recueilli

Notez que, dans une habile subversion du langage, nous avons choisi de remplacer le « s » par le « z », nous référant ainsi au raz, métaphore imagée du courant irrésistible de la révolution, plus prêts que jamais à envoyer balader notre rôle de flics.

NdPN : Manif de flics à Poitiers, comme ailleurs en France. Les « prolétaires en uniforme » n’en peuvent plus de leur boulot ! Propos (presque) recueillis…

 » On prépare son concours et on commence sa carrière en se disant qu’on va enfin avoir un boulot stable, qui aura un sens, en tout cas plus que bosser à la chaîne, pointer à Pôle Emploi ou se faire chier dans une boîte de téléprospection. Qu’on va protéger un peu les faibles contre les forts, réparer tant bien que mal les injustices dégueulasses de ce monde, ici dans notre ville… et puis on se rend vite compte qu’on sera jamais les super-flics des séries américaines, mais les larbins d’une injustice qui nous dépasse.

Au quotidien, embarquer, questionner et livrer d’autres pauvres à la taule, aussi paumés que nous à la base. On rêvait d’être des héros à notre échelle, mais il n’y a aucune reconnaissance, ni des gens, ni de la hiérarchie, et au fond même si ça nous fout en rogne, on comprend, parce qu’on fait effectivement un boulot de merde. On fait le sale taf des gens au pouvoir, qui veulent pas se salir les mains pour garder leur fric et leur pouvoir. On s’est fait avoir.

Certains se barrent dès le début, d’autres tiennent le coup, et restent, parce qu’ils ont trop peur de tout plaquer. Le concours est acquis, le boulot est là alors que c’est la crise. Peu à peu, les collègues sont devenus notre seul cercle d’amis vu qu’on a pas le temps d’avoir une vraie vie à côté. Et puis le crédit pour rembourser la baraque, la bagnole et payer des études aux mômes, celles qu’on a pas faites… alors on reste, on se blinde comme on peut.

On réclame plus de fric et d’effectifs, mais on sait bien qu’on sera jamais assez et qu’on aura jamais assez de moyens pour empêcher les pauvres d’enfreindre la propriété privée, les institutions et les règles qui sont pas faites pour eux. Même une véritable armée de flics ne suffirait pas, parce qu’en fait, on fait face à un phénomène structurel, qui nous dépasse : à quoi bon cogner sur les pauvres qui resquillent, volent et braquent tant bien que mal pour survivre, alors que la loi protège l’enrichissement des riches sur leur dos ? A quoi bon arrêter et expulser des hommes et des femmes qui fuient la misère, et reviendront dès qu’ils pourront ? C’est comme tenter de remplir un tonneau des Danaïdes.

Le vrai problème c’est le système social dans lequel on vit, qui est pourri jusqu’à la moelle. On essaie d’oublier qu’on contribue à cette injustice, oublier que nous aussi, on est des prolos… ça c’est le plus dur. Y’a la culpabilité, tout le temps, même si on fait genre qu’on y pense pas, au fond de nous c’est là, et ça nous tue à petit feu.

D’ailleurs, notre hiérarchie, tout en haut, nous traite comme les autres prolos : faites du chiffre, du rapport, de la procédure… et les missions qui s’accumulent… Tout ça dans des conditions de travail dégradées avec des bagnoles mal ou pas entretenues. Et des locaux tristes et pourris ressemblant presque aux cellules de garde à vue, dont la rénovation est toujours repoussée à un lendemain qui ne vient jamais. Le même productivisme, méprisant, inhumain, qui nous écrase peu à peu.

Alors au final, même si on culpabilise de laisser les collègues seuls, on finit par prendre des arrêts de travail, le temps de reprendre une bouffée d’air, et on repart au turbin, on remet le costume qui est devenu comme une deuxième peau. Chacun se débrouille, trouve son petit truc pour supporter ce rôle. Nous sommes les fusibles de cette société, et parfois on grille. Dépressions en chaîne, et parfois suicide. Trois collègues se sont donnés la mort dans le 86, depuis un an et demi.

Mais le métier ne nous démolit pas que nous ; à petit feu, il bousille aussi nos proches, avec des heures de ci-de là le soir, en week-end, pendant les fêtes… payées en retard ou pas du tout. On voit trop peu notre conjoint, nos mômes. Notre famille, c’est les collègues. Ce manque affectif est un peu à l’image de l’insensibilité qu’on doit se forger au boulot, l’obligation de se blinder, de revêtir son armure… sinon autant démissionner tout de suite vu ce qu’on nous fait faire, vu les larmes, le sang, les gamins brisés. Y’a aussi des collègues qui se la racontent, qui finissent par se convaincre qu’ils « aiment ça », qui franchissent trop souvent la ligne jaune, et qui un jour pètent les plombs – et on leur dira qu’ils sont allés trop loin… alors qu’on les y a poussés au quotidien.

La hiérarchie et le gouvernement ont l’hypocrisie de nous matraquer avec la déontologie, de nous imposer un matricule… comme s’ils s’offusquaient de nous voir appliquer les directives qu’ils nous donnent. En haut, ça réprime les « moutons noirs », les « bavures », mais on voudrait bien les voir à notre place, tous ces bureaucrates en costard-cravate dans leur petit confort, auquel nous, on aura évidemment jamais accès.

Vous les militants, vous nous insultez, vous nous dénigrez en permanence. Mais vous avez peut-être eu la chance de faire des études, de choisir… la plupart d’entre nous n’ont pas eu ce choix-là. Vous dites qu’une société sans classes et sans Etat est possible, et nous reprochez d’appliquer à leur place les lois que font les puissants. Mais je vais vous dire, je crois que ce monde est pourri, et que du pouvoir, il y en aura toujours. Et même si vous disiez vrai, si on se laissait ne serait-ce qu’un instant influencer par vos idées, on pèterait les plombs, parce que toute notre vie est là, et que tous nos repères qui nous tiennent tant bien que mal s’effondreraient. Démissionner ? Mais pour faire quoi ?

Alors on continue. Et ça nous bouffe, mais on continue. « 

Plus de moyens matériels pour la police !

Propos (presque) recueillis par Pavillon Noir

[Poitiers] Love Money (and FN) Café

Le « Love Money Café » est ouvert depuis l’an 2000, rue Carnot à Poitiers. Un lieu au nom décomplexé, avec sa jolie devanture « développons l’esprit d’entreprendre » !

Son patron organise des soirées sur le thème du langage des signes, ou du handicap (avec des patrons qui rencontrent des handicapés en recherche de taf)… et d’autres soirées.

Comme ses « jeudis de l’entreprise », un rendez-vous de patrons où l’on parle business, bourse et entreprise sans complexe. Mais quand on « love money », tout se vaut n’est-ce pas ? Libéralisme, tolérance, tout ça. Et on peut inviter n’importe qui au nom de la liberté d’exploiter d’entreprendre, et de la liberté d’expression. Mahyar Monshipour contre les discriminations, ou Patrick Coronas (conseiller municipal délégué à la maîtrise de l’énergie) en décembre pour le Parti Communiste… pourquoi pas. Mais le patron du LM Café a d’autres invités de marque.

Comme l’inénarrable Philippe de Bony, le 24 septembre 2013. Dirigeant de la Mutuelle de Poitiers, président de l’association des marchands du centre-ville (« Poitiers le Centre »)… celui qui veut que la police réprime les « marginaux » du centre-ville. Ce respectable agent d’assurance a aussi porté plainte contre un joueur de guitare sans le sou du centre-ville pour « agression sonore visant à troubler la tranquillité » dudit notable… ce qui avait amené le joueur de guitare au tribunal six jours avant la venue de De Bony au LM Café. Le joueur de guitare a été relaxé pour ce chef d’inculpation, mais a depuis renoncé à faire la manche…

Comme Eric Duboc (le 19 novembre 2013), ex-membre de la commission de la défense ayant contribué à installer le RICM à Poitiers. Ce patron, candidat aux prochaines municipales pour l’UDI, veut « défendre le commerce », « développer le tourisme d’affaires », mais aussi développer la « vidéoprotection dans tous les lieux sensibles » et les « centres commerciaux » à Poitiers. « Parce qu’il n’y a pas de liberté sans sécurité »… ben oui, la liberté de faire du fric vaut bien l’écrasement des libertés individuelles.

Comme enfin Alain Verdin, ancien policier à la retraite, pour une réunion publique du Front National, hier soir mardi 21 janvier. Qui y a évoqué, entre autres priorités chères à l’extrême-droite, son refus d’un minaret à la mosquée de Poitiers – un an après que des fachos aient occupé ladite mosquée, quelle classe – et a dénoncé les subventions au « communautarisme ». Etrangement, Verdin n’a pas évoqué les clochers catholiques, ni le soutien de membres du FN aux prières de rue anti-avortement d’extrémistes cathos… Alain Verdin vitupère contre les « marginaux » et autres dangereux pauvres qui « agressent » les bons Français et nuisent aux commerces du centre-ville. « Marginaux » qu’il faudrait réprimer en mode « tolérance zéro », car la « sécurité est la première des libertés » (juste avant « l’économie » : « inciter l’investissement privé » et « rigueur budgétaire »).

La liberté d’expression bourgeoise, et pourquoi pas raciste, répressive et nationaliste, ça se passe au Love Money Café !

Un petit montage rigolo, ben oui quoi, la liberté d'expression !
Un petit montage rigolo, ben oui quoi, la liberté d’expression !

Pavillon Noir, 22 janvier 2014

Outrage et rébellion, un bon filon remis en cause

Outrage et rébellion, un bon filon remis en cause

L’outrage et la rébellion sont les petites armes de l’intimidation policière : assaisonnées à toutes les sauces, elles permettent aux « agents dépositaires de l’autorité publique » d’embarquer au poste, de mettre en garde à vue et d’envoyer au tribunal qui bon leur semble ou ne leur revient pas. Le dernier rapport de l’Inspection Générale de l’administration épingle une pratique lucrative qui se systématise.

La subjectivité de l’outrage

Une simple affirmation de la part du flic suffit à fonder l’outrage ou la rébellion :

  • L’outrage est défini comme étant « les paroles, gestes ou menaces, les écrits ou images de toute nature non rendus publics ou l’envoi d’objets quelconques adressées à une personne investie d’une mission de service public dans l’exercice ou à l’occasion de sa mission et de nature à porter atteinte à sa dignité ou au respect de la fonction dont elle est investie » (art 433-5 du Code Pénal).
  • La rébellion est « le fait d’opposer une résistance violente à une personne dépositaire de l’autorité publique ou chargée d’une mission de service public agissant dans l’exercice de ses fonctions, pour l’exécution des lois, des ordres de l’autorité publique, des décisions ou mandats de justice » (art 433-6 du Code Pénal).

Seulement tout ça coûte cher d’après le dernier rapport de l’Inspection Générale de l’Administration (IGA) qui épingle le coût des contentieux du Ministère de Valls : 13,2 millions d’euros par an pour les flics et 604 000 euros pour les gendarmes, pour délits d’outrage, rébellion et violences volontaires.

Du beurre dans les épinards des bleus

Sur les 20 600 dossiers instruits par des flics en 2012 (30% de plus chaque année), seuls 300 n’ont pas abouti, tous les autres se font indemniser, les yeux fermés, par les deniers du Trésor. A chaque fois le flic se met 300-700 euros d’indemnités dans la poche, sans compter les jours d’ITT quand il s’est foulé l’ongle ou a subi un « traumatisme psychologique ».

Quand l’IGA demande à la Direction centrale de la Police Nationale une liste des flics indemnisés, seul le Service d’Aide au Recouvrement des VIctimes (SARVI) est « en mesure » de répondre ; il fournit une liste édifiante de 147 noms qui à eux seuls suffisent à montrer à qui profite le crime :
- 6 fonctionnaires de police totalisent plus de 15 dossiers chacun ; - 31 fonctionnaires de police totalisent entre10 et 14 dossiers ; - 109 fonctionnaires de police totalisent entre 5 et 9 dossiers ; - 1 fonctionnaire a ouvert 19 dossiers depuis 2009 !

Il a été signalé à la mission le cas d’un fonctionnaire « victime » à 28 reprises en 2012, sans aucune suite de la part de l’administration. Un Secrétariat Général de l’Administration Policière (SGAP) a signalé à la mission 62 cas d’agents victimes plus de quatre fois dans l’année, sans qu’il n’y ait eu aucun traitement de ces cas d’un point de vue managérial ou administratif ; un autre a signalé 28 cas.  (sic)

Pour 100 000 gendarmes en France contre 144 000 flics, l’IGA relève 30 fois plus de plaintes chez les seconds et attribue le phénomène à un processus d’enquête et de validation des contentieux par la hiérarchie plus abouti dans la gendarmerie nationale.

Une manne judiciaire

Chaque dossier occasionne en outre 1000 euros supplémentaires de frais de dossier. Avec 5569 dossiers d’outrage, 5540 de rébellion et 8228 de violences volontaires, c’est un juteux business pour la justice…

L’IGA relève qu’« à Paris, cinq cabinets d’avocats [1], choisis au fil du temps, sans aucune mise en concurrence, se partagent « un marché » d’environ 2,5 M€ annuel, qui leur garantit un revenu d’environ 40 000€ par mois et par cabinet. Dans certaines circonscriptions de police en province, le nombre de dossiers de Protection Fonctionnelle (PF=dossier d’indemnisation) pour outrage est d’autant plus élevé qu’un avocat en est spécialiste, fait sa propre publicité y compris dans les commissariats ; ailleurs, l’avocat est lié personnellement à un fonctionnaire de police et la coïncidence fait que dans le ressort de ce barreau le nombre de dossiers d’outrages est particulièrement élevé… »

Si ça ne suffisait pas à nous convaincre que l’affaire est lucrative, la répartition des dossiers sur le territoire permet de se rendre compte qu’il y a des endroits où il fait bon être flic : quand à Paris on recense 760 dossiers d’outrage instruits, à Rennes on en a 1466 ; qu’en conclure ? Que les Rennais n’ont pas leur langue dans leur poche, que les flics de l’ouest sont susceptibles ou qu’à Rennes il doit y avoir un bon cabinet d’avocat de flics ? Je vous laisse choisir…

En tout cas, les tarifs ne sont pas les mêmes des deux côtés de la matraque : quand on est victime des flics, si on n’a pas été intimidé par l’entretien à l’Inspection Générale de la Police Nationale (IGPN) qui essaie de nous convaincre qu’on a exagéré les faits ou le préjudice ; si on a passé le procès, l’appel, en vain, avec un juge pressé de classer le dossier ; et si malgré tout ça on pousse jusqu’en cassation pour se faire casser une énième fois par la justice, on y a laissé un bon petit paquet de pognon à 5 chiffres.

Quand tu as tort, crie plus fort

En tous cas, ce qu’il y a de bien avec les flics, c’est qu’on sait toujours quand on met le doigt sur un point sensible : quand un flic a tort il porte plainte, quand tous les flics sont montrés du doigt ce sont leurs syndicats qui appellent à la grève et crient au loup !

En réponse à ce rapport de l’IGA qui épingle les flics et leur ministère sur 104 pages [2], le syndicat Alliance monte au créneau avec verve dans son dernier communiqué :
« Alliance Police Nationale CFE‐CGC dénonce cette idée technocratique qui présente les policiers comme des habitués du recours infondé et coûteux.
D’après l’IGA, les policiers seraient ceux qui abusent de ce droit à une défense légitime devant les juridictions ! Ce rapport est honteux !
« 

On aurait voulu le dire, qu’on aurait pas trouvé mieux : le flic est un instrument de la technocratie qui est habitué aux recours infondés et coûteux. Peut-être qu’il faudrait se demander si ce n’est pas la technocratie qui entoure le flic et le protège aveuglément qui serait viciée.

On comprend pourquoi ça s’inquiète chez les flics si les projets de loi censés les protéger encore davantage ne passent plus comme des lettres à la poste et que leur Ministre veut leur coller un matricule à l’uniforme. Mais qu’ils se rassurent, ils vont encore pouvoir caser quelques outrages et rébellion contre les militants avant que la source bienfaitrice ne se tarisse.


Notes

[1] Un petit exemple : Me Laurent-Franck Liénard parcourt tout le territoire et fait même des petits crochets à l’école de Lausanne pour « former » les flics suisses : http://www.avocat-lf-lienard.com/defense-forces-ordre.php.

[2] le rapport s’en prend aussi aux contentieux de droit des étrangers, accidents de circulation provoqués par les flics et indemnisations pour refus de concours de la force publique pour les expulsions

Vu sur Paris-luttes, 20 janvier 2014

[Poitiers] Suicide d’un ex-préfet de la Vienne

L’ancien préfet Bernard Fragneau met fin à ses jours

Préfet de la Vienne de juillet 2007 à octobre 2008, l’ancien énarque s’était illustré en 2010 alors qu’il était en poste dans la région Centre. Il avait demandé à être relevé de ses fonctions après avoir été désavoué par le président de la République, Nicolas Sarkozy.

Agé de 62 ans, Bernard Fragneau, l’ancien préfet des régions Centre et Poitou-Charentes, préfet de la Vienne et du Loiret, a mis fin à ses jours lundi soir dans le bureau de son épouse à Boulogne-Billancourt, selon des sources policières. On ignore pour l’heure les circonstances exactes de son acte.

L’annonce de sa disparition brutale a provoqué surprise et émotion ce matin à Poitiers, en particulier à la préfecture et chez certains élus avec lesquels il avait travaillé, notamment dans le cadre de l’enquête publique sur la LGV Sud-Europe Atlantique.

Malgré son court passage à la tête de la préfecture de région de juillet 2007 à octobre 2008, on se souvient de ce haut fonctionnaire au caractère bien trempé, portant une imposante moustache poivre et sel, la pipe souvent à la main. Il avait été nommé lors du premier conseil des ministres du nouveau président de la République, Nicolas Sarkozy, succédant à Bernard Niquet, disparu depuis.

Déjugé par Nicolas Sarkozy

Bernard Fragneau avait quitté Poitiers pour Orléans fin 2008 nommé préfet du Centre et du Loiret.

Au début de l’année 2010, il avait été au centre d’une polémique avec Nicolas Sarkozy, autour de l’affaire Najlae Lhimer qui avait mobilisé l’opinion, les médias et divisé le gouvernement, son cas ayant opposé Nadine Morano et Fadela Amara.

A l’époque, le préfet avait signé un arrêté d’expulsion contre cette jeune Marocaine en situation irrégulière, interpellée après une plainte contre son frère qui la battait. Cette décision avait été entérinée à l’Élysée. Mais devant le tollé suscité par cette affaire, Nicolas Sarkozy l’avait déjugé en ordonnant le retour en France de la jeune femme, un retour très médiatisé en France devant les micros et les caméras. Avec panache, M. Fragneau avait demandé à être relevé de ses fonctions et avait été placé hors-cadre.

Ena, promo Michel de l’Hospital

Né le 7 mai 1951 à Paris, marié et père de deux enfants, Bernard Fragneau a effectué toute sa carrière dans la préfectorale. Énarque (promotion Michel de l’Hospital), il a croisé dans les couloirs de la prestigieuse école des cadres de la République Philippe de Villiers, entré un an avant lui, mais aussi Ségolène Royal, François Hollande et Dominique de Villepin, membres de la promotion suivante.

La carrière de Bernard Fraigneau constitue un véritable tour de France des préfectures, passant par Tarbes, Gap, la Polynésie française (où il fut directeur de cabinet du Haut-commissaire), Avignon, Toulouse, Versailles (comme secrétaire général pour l’administration de la police), Brest. En 1995, il est nommé à son premier poste de préfet, délégué pour la sécurité et la défense à Bordeaux.

Philippe Bruyère, Nouvelle République, 21 janvier 2014