[Châtellerault] Licencié-e-s d’Isoroy : dommages et intérêts arrachés à la cour d’appel

Isoroy : les licenciements étaient bien abusifs

 La cour d'appel de Poitiers le confirme : les salariés d'Isoroy Châtellerault ont été licenciés sans « cause réelle et sérieuse ».
 La cour d’appel de Poitiers le confirme : les salariés d’Isoroy Châtellerault ont été licenciés sans « cause réelle et sérieuse ».
 

Alors que l’entreprise Arco envisage de s’installer sur leur ancien lieu de travail (voir notre précédente édition), les 38 anciens salariés d’Isoroy-Châtellerault qui avaient saisi les Prud’hommes pour contester leurs licenciements (l’entreprise comptait 83 salariés) ont reçu une bonne nouvelle vendredi dans leurs boîtes aux lettres : la confirmation que leur licenciement en 2009 était « dépourvu de cause réelle et sérieuse ».

Ils avaient gagné le 16 février dernier au conseil des Prud’hommes de Poitiers. Mais l’entreprise avait fait appel. Au cours de l’audience à la cour d’appel de Poitiers, la société, filiale du groupe portugais Sonae Industria spécialisée dans la fabrication de panneaux à base de bois, a de nouveau soutenu « que ses difficultés comme celles du groupe Sonae Industria justifiaient une réorganisation de ses sites de production et la fermeture des sites les moins rentables » et que « la fermeture du site de Châtellerault a été décidée parce qu’il présentait des problèmes structurels, qu’il était dédié à la fabrication de panneaux de type OSB qu’elle souhaitait arrêter et que ses besoins d’investissement étaient trop importants ». Mais, si le tribunal a reconnu le « motif économique » des licenciements, il a considéré que « la SAS Isoroy n’a pas satisfait à son obligation de reclassement » (la quasi-totalité des postes qu’elle avait proposés étaient à l’étranger…). Comme le conseil des Prud’hommes, il a notamment condamné la société à payer des dommages et intérêts aux salariés (de quatre mois à un an de salaire selon leur ancienneté) et à rembourser Pôle Emploi des indemnités qui leur ont été versées. « C’est très bien, se félicitait hier Manuel-Filipe Almeida, ancien délégué CGT de l’entreprise. Ils n’ont que ce qu’ils méritent ! » La société peut cependant encore se pourvoir en cassation.

Nouvelle République, Alain Grimperelle, 29 janvier 2012

[Poitiers] Manif d’Anonymous contre ACTA

Ils sont contre  » le flicage d’Internet « 

Une quinzaine (au moment où nous les avons rencontrés) de jeunes gens se revendiquant des idées du collectif Anonymous se sont rassemblés, hier à Poitiers, sur la place Charles-de-Gaulle. 

Une quinzaine (au moment où nous les avons rencontrés) de jeunes gens se revendiquant des idées du collectif Anonymous se sont rassemblés, hier à Poitiers, sur la place Charles-de-Gaulle.

Un groupe de jeunes gens sur la place Charles-de-Gaulle, un samedi à Poitiers. Rien d’étonnant. Jusqu’à ce que trois d’entre eux sortent un masque blanc de leur poche. En un tournemain, ils ne sont plus des anonymes, ils sont des Anonymous (1). Et ça change tout.

Hier, à Poitiers, ils étaient donc une quinzaine à avoir répondu à un appel du collectif Anonymous à se rassembler pour protester contre « le contexte répressif qui prend possession d’Internet », que ce soit au travers de lois ou de traités (Hadopi en France, Acta à l’international (2), ou d’actions ciblées comme la fermeture du site Megaupload (3) survenu le 19 janvier dernier.

Le gendarme du monde

« On dénonce le flicage qui se met en place contre la liberté d’expression sur Internet, expliquent-ils. Le FBI a fermé le site Megaupload sans qu’aucune décision de justice ne l’y autorise. Il s’agit d’une décision américaine unilatérale, un choix du gendarme du monde qui prive l’accès des internautes de toute la planète. » Les Anonymous poitevins, étudiants pour la plupart, expliquent que Megaupload n’est pas seulement un site de téléchargement, « il héberge également des fichiers personnels, des documents importants qui n’ont rien d’illégal ». Selon eux, la législation en cours et future est essentiellement motivée par des raisons commerciales : « On vote des lois et on signe des traités qui ne vont pas dans l’intérêt de la population, mais seulement dans ceux de certains groupes. » Interdire l’accès à l’Internet parce qu’on pourrait en faire un usage illégal n’est pas une motivation valable, estiment-ils : « Un couteau de cuisine, ça peut être utilisé de manière pénalement répréhensible, mais on n’interdit pas la vente des couteaux de cuisine pour autant. » Ils pensent qu’Internet doit rester un espace de liberté, « où c’est à l’utilisateur de trier lui-même des informations qu’on lui propose et de faire sa propre police ».

(1) Anonymous est un collectif d’activistes défenseurs du droit à la liberté d’expression sur Internet et en dehors. (2) L’Accord commercial anti-contrefaçon (Acta) est un traité international multilatéral concernant les droits de propriété intellectuelle. (3) Megaupload est un site web qui permettait à un internaute de mettre en ligne n’importe quel type de fichier à la disposition libre des utilisateurs.

Nouvelle République, Ph. B., 29 janvier 2012

ndPN : si le journaliste était resté, il aurait vu les flics arrêter la manif dès le départ, en imposant aux personnes de retirer leur masque (rappelons que l’Etat interdit désormais aux gens de se dissimuler sur la voie publique – le prétexte ayant été la burka). A noter que certaines personnes ont ensuite participé à l’assemblée populaire Démocratie réelle 86, où des échanges intéressants ont eu lieu.

[Poitiers] C’est fini pour les salarié-e-s du Printemps. Au maire : « Vous êtes le fossoyeur du commerce du centre-ville ! »

Poitiers : pour le Printemps le rideau est tombé

La “ veillée funèbre ” du Printemps a réuni une centaine de salariés et clients du magasin hier soir lorsque ses portes se sont fermées. Définitivement.

Le rideau de fer du Printemps vient de tomber. Les messages de soutien y affluent déjà.

 Le rideau de fer du Printemps vient de tomber. Les messages de soutien y affluent déjà. – (Photo Marie-Catherine Bernard)

Cette fois, c’est bien fini. Ce samedi soir, il n’est pas encore 19 heures lorsque les salariés, majoritairement des femmes, mais aussi les derniers clients du Printemps, sortent du magasin. On allume des bougies, des regards sont déjà embués. Sous la lumière des caméras, la foule s’épaissit peu à peu jusqu’à compter entre 100 et 150 personnes. Les salariés, bien sûr, des clients solidaires, mais aussi des retraités du Printemps venus soutenir leurs anciens collègues. Le maire, Alain Claeys, s’avance à son tour : « C’est mon devoir de maire d’être là ce soir. La mairie accompagne les salariés dans le cadre de la convention de revitalisation pour que leurs droits soient respectés… »

  «  On aurait pu fêter les 50 ans en 2015…  »

Un peu plus tard, des voix discordantes vont se faire entendre, agressant verbalement Alain Claeys : « Vous êtes le fossoyeur du commerce du centre-ville ! » lance un homme. Quelques personnes applaudissent, d’autres se scandalisent. « Ce n’est pas l’endroit pour ça, on est là pour le Printemps ! » Entourée de ses collègues, la secrétaire du comité d’entreprise, Chantal Choisy, prend la parole : « Le couperet est tombé le 17 mai, nous l’avons tous très mal vécu. Le Printemps a apporté une vie commerciale intense au centre-ville depuis 1965. Nous aurions pu fêter les 50 ans en 2015… » Elle dénonce la stratégie du groupe Borletti : « Depuis le rachat, tout est décidé par Paris, on a favorisé les grands magasins et laissé tomber les petits. Lorsque j’avais fait part début 2010 de mes inquiétudes au P-DG Paolo de Cesare, il m’avait répondu : «  Ayez confiance en l’avenir  »… » Chantal Choisy se tait. En pleurs, elle n’arrive plus à lire sa feuille.

Ses collègues la soutiennent : « Allez Chantal ! » Elle reprend : « On nous dit que Poitiers mettait le groupe en danger alors qu’il se gave de chiffres d’affaires… On nous a culpabilisés en ne faisant aucun investissement… » L’émotion est décuplée lorsqu’elle indique que les salariés sont ce soir « doublement effondrés après le décès brutal, mercredi dernier, de Pascal », un de leurs collègues… Évelyne, salariée du Printemps depuis 29 ans, arrive au bout de cette ultime journée de sa carrière professionnelle qu’elle redoutait tant : « Des clientes sont venues encore aujourd’hui pour nous dire au revoir, avec un petit mot gentil… Mais c’est vraiment dur… » Il est 19 heures et le rideau de fer du Printemps tombe pour une dernière fois. Une page de l’histoire du centre-ville de Poitiers vient de se tourner. Dans la douleur.

 Voir la vidéo

Nouvelle République, Frédéric Delâge, 29 janvier 2012

Les données personnelles de 541 policiers de FO Police piratées par des Anonymous

Les données personnelles de 541 policiers piratées

Cela ressemble fortement à une vengeance. Après l’arrestation et la mise en examen vendredi de deux membres présumés du mouvement Anonymous et alors que des manifestations à l’appel des Anonymous ont lieu dans toute la France ce samedi, une mystérieuse liste, simplement intitulée «police», a fait son apparition sur un site internet de partage de dossiers. Cette liste révèle les noms, prénoms, adresses mail, mots de passe, téléphone portable et département d’affectation de 541 policiers en service… Facilement téléchargeable, elle a été «uploadée» le vendredi 27 janvier.

Selon nos informations, il s’agirait en fait d’une liste constituée à partir du fichier des adhérents du syndicat Unité-Police SGP-FO, le premier syndicat de gardiens de la paix. Le site internet de ce syndicat aurait en effet connu une attaque informatique vendredi matin. «Il y a eu des centaines de demandes d’information en même temps sur notre site, explique Nicolas Comte, secrétaire général de Unité-Police SGP-FO. Ces données, qui ne sont pas forcément très récentes ni mises à jour, sont celles de nos délégués ou de fonctionnaires abonnés à notre newsletter». 

Nicolas Comte poursuit son propos en précisant qu’«évidemment, nous allons renforcer la sécurité de notre site, même si nous savons très bien qu’ils sont très difficiles à contrer, étant donné les précédents sites, autrement plus sécurisés que le nôtre, qu’ils ont réussi à pirater». Le syndicat envisage également de déposer plainte et se demande pourquoi il a «été pris pour cible».

«En représaille aux basses méthodes de l’Etat, nous vous divulguons les informations confidentielles de 541 policiers»

Qui, donc, est derrière cette liste piratée ? Le site DataSecurityBreach.fr a mis en ligne samedi après-midi un message que des membres des Anonymous lui aurait fait parvenir, accompagné de cette fameuse liste de policiers: «À l’heure où nous écrivons ces mots, le monde sombre dans la censure. (…) Actuellement, Internet est une plate-forme mondiale pour le peuple et la liberté d’expression : il est inconcevable que cet outil soit muselé»

Pourquoi ce syndicat particulier ? Principalement pour l’exemple, semble-t-il: «Pour que vous compreniez l’importance de la vie privée et de la liberté, en représaille aux basses méthodes de l’Etat, nous vous divulguons les informations confidentielles de 541 policiers. Notez bien que ce n’est qu’une portion de ce que nous avons et que nous nous réservons le droit d’en diffuser un plus grand nombre», continue le communiqué.

Le site DataSecurityBreach.fr n’a pas souhaité diffuser le lien qui permet de télécharger cette liste. Ce samedi vers 17 heures, aucun site ne l’avait fait.
 
*Nous ne communiquerons pas le nom du site en question. Le fait de divulguer, proposer, mettre à disposition ce type d’information est pénalement répréhensible.

 LeParisien.fr, Antonin Chilot et Stéphane Sellami, 28 janvier 2012

[Davos] 200 manifestant-e-s, 5.000 flics…

Quelque 200 manifestants à Davos prônent la résistance au capitalisme

Quelque 200 manifestants, cantonnés sur une petite place de la station alpine Suisse de Davos, loin du Centre de congrès où se déroule le Forum économique mondial (WEF), ont dénoncé samedi ce rendez-vous de la finance, prônant « la résistance à ceux qui veulent dominer Le Monde ».

« Ne les laissez pas décider pour vous ! », proclament les pancartes d’Occupy WEF dont les militants côtoient des syndicalistes, des écologistes, des membres d’associations altermondialistes et une poignée de jeunes radicaux masqués.

« Personne avec quatre as dans son jeu ne veut un changement », ironise Savino en ne croyant pas une seconde au slogan officiel du WEF, « The great transformation » (« Le grand changement »).

« Nous voulons un monde pour tous, un monde qui ne connaît pas la faim, où tout Le Monde bénéficie de la protection sociale », crie au micro Katharina Prelicz-Huber, présidente du Syndicat des services publics (SSP).

Des tracts circulent citant l’économiste Kenneth Boulding : « celui qui croit que la croissance exponentielle peut continuer pour toujours est soit un fou, soit un économiste ».

« Burn out WEF ! » (Brûlez le WEF), proclament ceux du Front révolutionnaire zurichois.

Un homme arborant un masque cadavérique aux dents bien aiguisés, couvert de dollars et portant une valise au nom d’une célèbre banque Suisse, jette parcimonieusement de la menue monnaie au public.

Le maire de Davos Hans-Pieter Michel est venu s’assurer que tout se passe dans le calme. Il n’hésite pas à faire reculer, tout seul au milieu de la rue, les jeunes gens masqués qui font mine de s’approcher des barrages de police solidement gardés bloquant l’avenue principale et paralysant la circulation des véhicules.

Le ministre australien du Commerce Craig Emerson, arrivé de ce fait en retard au Forum, aura ce commentaire : « Occupy WEF n’est pas encore totalement convaincu des bienfaits du libre-échange ».

Les manifestants n’ont pas été autorisés à se déplacer dans la station et resteront à plusieurs centaines de mètres du massif palais de béton brut qui abrite le Forum, dont l’enceinte est entièrement protégée par moult barrières, grillages et quelque 5.000 policiers ou militaires. Seuls les participants au Forum, dûment badgés, peuvent y pénétrer après les contrôles électroniques d’usage.

 

Le maire explique à l’AFP que depuis 2003, date de son élection, il autorise les manifestants venus pour la plupart de Zurich à atteindre la station. Auparavant, pendant le Forum, ils restaient bloqués dans la vallée et des incidents très violents éclataient au contact des forces de l’ordre.

Dans la manifestation, ce samedi, personne ne semble avoir entendu parler de l’arrestation dans la matinée de trois militantes du mouvement protestataire ukrainien Femen qui se sont partiellement dénudées tout près du Centre des congrès pour dénoncer les « gangsters » du Forum économique mondial.

AFP, 28 janvier 2012