[Davos] Ion Proton, mascotte nécrotechnologique du bal des vampires

La recherche médicale a bon dos, quand on sait qu’en France 2 millions de personnes (soit 3% de la population) ont déjà leur ADN inscrit dans le fichier policier FNAEG. « L’innocence » importe peu, refuser un prélèvement d’ADN peut coûter cher – même en cas de relaxe pour les faits reprochés.

Ce fichier, créé à l’origine pour ficher les criminels sexuels, est désormais incrémenté à quasiment chaque passage en garde à vue. Sauf pour les délits financiers bien sûr : bourgeois dormez tranquilles… Avec cette nouvelle mascotte des saigneurs de ce monde, Big Brother a de beaux jours devant lui.

A Davos, une machine pour décoder le génome individuel en quelques heures

C’est la révélation de Davos, une lueur d’espoir dans un océan de morosité: une machine miracle qui permet de décrypter le génome humain en quelques heures et pourrait révolutionner les soins.

Le Ion Proton, machine permettant de décoder rapidement l'ADN , est présenté le 11 janvier 2012 à Las Vegas, aux Etats-Unis.

Le Ion Proton, machine permettant de décoder rapidement l’ADN , est présenté le 11 janvier 2012 à Las Vegas, aux Etats-Unis.

 

Au Forum économique mondial, le Ion Proton a été présentée pour la première fois en Europe par son créateur l’Américain Jonathan Rothberg, un biotechnicien de 48 ans, directeur général de Ion Torrent Systems, propriété de la société américaine Life Technologies qui produit le Ion Proton.

Grâce à cette machine permettant de décoder rapidement l’ADN d’un individu grâce à des puces à semi-conducteurs, les malades n’auront plus besoin d’attendre des semaines pour savoir s’ils ont un cancer et les médecins sauront immédiatement de quelles maladies ils souffrent, ce qui leur permettra de choisir le type de thérapie adaptée, d’éviter des retards préjudiciables ou, pire, des erreurs, et de sauver des vies.

Plus tard, des chercheurs dans les pays en développement pourront grâce à cette machine identifier de nouveaux virus ou vérifier la qualité de l’eau.

Et la police scientifique pourra rechercher le profil ADN d’un suspect aussi rapidement que dans les séries policières télévisées et les militaires sur le terrain pourront identifier les corps de leurs compagnons d’armes ou de leurs ennemis.

A Davos où la finance internationale fait grise mine, Rothberg a été accueilli comme une rock star de la science.

« C’est un génie. Je veux acheter ses machines », s’enthousiasme Sami Sagol, un neuroscientifique israélien qui soutient la recherche.

« J’étais Assis à côté de lui lors du dîner. Il est époustouflant », dit un jeune banquier qui a trouvé les débats scientifiques du Forum plus attrayants que les sujets économiques.

Rothberg, bonnet de ski sur la tête et chemise rayée aux couleurs vives, explique que sa trouvaille permet de passer de la tâche laborieuse du séquençage du génome humain à l’ère des puces à semi-conducteurs.

Sans fausse modestie, il compare cette révolution à celle qui a permis de passer du gros ordinateur occupant toute une salle au PC à usage domestique. Il prédit qu’un jour, le Ion Proton actuellement de la taille d’une photocopieuse, pourra être réduit et transporté à la main comme les ordinateurs portables.

« C’est la première machine qui permet de séquencer le génome entier d’un individu pour moins de 1.000 dollars et en deux heures », a-t-il dit dans une interview à l’AFP à Davos.

« Auparavant, elles pouvaient coûter plus d’un demi-million de dollars et cela prenait des semaines pour avoir les informations sur votre génome », dit-il. Le génome d’un individu est l’ensemble du matériel génétique codé dans son ADN. Chaque individu a un génome unique.

« Le Ion Proton est destiné à la recherche pour découvrir de nouveaux gènes dans les maladies du cancer, de l’autisme ou des diabètes », explique-t-il encore.

« Mais il est aussi destiné à la médecine clinique pour être certain que l’on donne le bon traitement à la bonne personne et pour aider à diagnostiquer les maladies chez les nouveaux-nés », ajoute Jonathan Rothberg.

Les échantillons d’ADN sont introduits dans une puce de 2,5 cm, puis dans le Ion Proton, à l’instar d’une carte Sim dans un téléphone portable, et deux heures plus tard, le code génétique peut être déchiffré dans sa totalité.

« Quand mon fils Noah est né, il a été immédiatement emmené aux soins intensifs car il avait des difficultés à respirer. J’ai réalisé alors que j’étais moins intéressé par le génome humain en tant que concept abstrait que par celui de mon propre fils », raconte-t-il. « Il me fallait une technologie adaptée. Et pendant qu’il était en soins intensifs, j’ai eu l’idée des puces à semi-conducteurs ».

Noah s’est rétabli. Il n’avait pas une maladie génétique en fin de compte. Mais une fois que le Ion Proton sera utilisé communément dans les hôpitaux, d’autres parents attendront moins longtemps d’être fixés sur le sort de leur enfant.

AFP, 29 janvier 2012

[Grèce] Où, quand et comment naît la rupture ?

[Chroniques grecques] N° 3 : Où, quand et comment naît la rupture ?

Athènes.

En parcourant les rues de la capitale athénienne, nous n’avons pas retrouvé cette perception maintenant courante de la situation grecque : pas d’explosions de bombes par attentats à tous les coins de rue, pas d’émeutes omniprésentes anarchistes et/ou populaires, pas de siège policier de l’école polytechnique, bastion historique des anarchistes révolutionnaires.

Mais un innommable chaos. Le chaos capitaliste établie en norme, en loi, en ordre. Une jungle éclatée où des centaines de groupes de migrants et chômeurs, munis de caddies, dépècent avec méthode chaque poubelle afin de trouver de quoi survivre. Une salariée d’un petit hôtel à proximité de la gare confirme ce que beaucoup de camarades nous avaient déjà signalé : la fuite, le chacun-pour-soi, la débandade chaotique. Tandis que 170’000 industries, usines et lieux de travail dans tout le pays ne paient déjà plus leurs salariés, ouvriers et employés, soit plus de 1’200’000 travailleurs concernés, que 1’000’000 de chômeurs parcourent sans repères des rues hostiles où se déchaînent de nouvelles formes de violences sociales, d’agressions, de dépouillages, voire de lynchages, plus de 5000 jeunes grecs d’environ 25 ans ont déjà fuit le pays en désintégration, vers l’Allemagne, l’Angleterre, ou les États-Unis. Alors que le gouvernement parle officiellement de 20% de chômage, beaucoup nous confirment qu’il y a en réalité entre 45 et 55% de chômage. Des familles déchirées par la misère, des individus broyés et abandonnés à l’épuration sociale, des jeunes déracinés et envoyés sur les routes des pays « encore riches », voilà la nouvelle norme du régime capitaliste en « restructuration » : une bourgeoisie qui se cache avec insolence derrière les patrouilles permanentes de brigades Delta dans les grandes avenues, une middle-class qui s’acharne à donner le change, à faire comme-si, à ne pas voir l’évidence de sa prolétarisation et de sa situation commune avec les couches déjà officiellement et publiquement laissées à la stricte extermination sociale.

Où, quand et comment naît le point de rupture ? Jusqu’à quand la population va-t-elle subir, encaisser, recycler la violence sociale extrême qui la pousse dans les caniveaux de la rue ? D’un pays déjà au bord du gouffre, l’angoisse du « on ne sait pas ce qui va se passer », « quelle sera la suite », les autres peuples européens restent incapables d’anticiper l’irrémédiable rouleau compresseur qui va également et inexorablement s’abattre sur eux. La logique capitaliste du « lui mais pas moi » pousse à la folie, au désespoir qui cherche un bord solide où s’accrocher, sans voir que ce bord lui-même est en pleine chute libre.

Un camarade nous raconte qu’il est ouvrier dans une usine de papiers, une grande industrie de production. Il y a encore deux ans, son lieu de travail comptait 40 ouvriers. Aujourd’hui ils ne sont plus que sept et cette semaine, par défaut de paiement de la part du patron, la banque a saisi les machines et fait fermer l’usine. Le patron a fui en Bulgarie pour relancer son business, quant aux sept ouvriers restants, ils se retrouvent à leur tour à la rue, comme les 36 autres licenciés un par un depuis deux ans. Les sept ouvriers se sont réunis et ont décidé d’empêcher la saisie des machines par les « vautours » de la banque et vont tenter dans les prochains jours de se les réapproprier pour continuer la production et redistribuer directement les profits entre eux. Cette tentative de réappropriation autogestionnaire, avant d’être celle-ci, est une tentative de survie qui cherche une solution dans une perspective collective : voilà une des formes de fracture « dans les consciences » dont beaucoup parlent, où face à l’abandon du peuple à lui-même et condamné à la mort sociale, il n’y a plus rien à attendre ni espérer d’autre que de soi-même. Et recréer une force à partir de soi-même, une autonomie collective, est un défi bien plus terrible que de fuir tout bonnement le pays à la recherche d’un travail en Allemagne ou aux États-Unis.  Durant les derniers mois, on compte encore 50’000 personnes qui ont migré des centres urbains vers les campagnes et les villages, où des Coopératives tentent de se créer pour une production et redistribution agricole locale et directe, avec un partage des profits et richesses. Ébauche encore une fois qui tente de faire ses preuves face à la désintégration totale.

Simultanément, une nouvelle forme de colonialisme capitaliste se concrétise : les moyens de communications ont été rachetés par une industrie allemande, le célèbre Pirée (port d’Athènes) a été racheté par des industries et actionnaires chinois, l’Acropole et autres sites sacrés et antiques sont aux enchères et la proie des actionnaires mondiaux. Même au sein des grands sièges de banques et ministères nationaux grecs, ce sont encore des actionnaires et conseillers allemands qui décident et imposent leur diktat pour tirer des profits pour le compte de l’Allemagne. Toutes les grandes industries de production et de distribution sont strictement mises en faillite, seules les industries pour l’exportation sont encore soutenues financièrement par l’État. Les écoles n’ont plus ni professeurs ni bouquins d’étude pour les enfants, les universités sont en phase d’application d’une loi de privatisation drastique, les hôpitaux n’ont plus de médicaments ni d’effectifs faute de moyens : c’est le retour à un régime féodal esclavagiste où une grande majorité de la population n’a plus accès ni à l’éducation ni à la santé, où il faut batailler pour avoir un toit et de l’électricité, et s’entre-déchirer pour avoir quelques nourritures dont les denrées les plus vitales sont tout bonnement inaccessibles.

Seul l’État anticipe avec méthode la nécessité de contenir les possibles troubles à venir, qui peuvent survenir par la moindre étincelle, car autant l’apathie et la résignation forcée accable le peuple grec que la moindre mèche allumée peut entraîner le brasier le plus incontrôlable. Les institutions sont toujours plus autoritaires et militarisées, fermées et cloisonnées, la police devient une force quasi autonome pour le maintien de l’ordre, cet ordre qui n’est autre que le Chaos érigé en Norme de sur-vie.

Seul le quartier d’Exarchia semble préserver et même développer une certaine solidarité collective, une force particulière où se mêlent migrants, sans-papiers, chômeurs et familles, avec les milliers de camarades qui sécurisent autant que possible la zone des raids policiers. Assemblées et réunions sont régulières pour libérer une parole populaire et horizontale en vue d’échafauder des perspectives collectives de renversement.

L’ordre des marchands se recycle sur la destruction de vies humaines, et avec une insistance acharnée se répète sans écho la terrible interrogation : où, quand et comment naît le point de rupture ? Comment changer la peur de camp ? Comment délimiter notre propre camp et lui donner une force offensive afin de créer des structures autogestionnaires et horizontales pour remplacer les organes de santé et d’éducation détruits et anéantis par le broyeur du Capital ? Comment créer des outils collectifs à échelle locale afin de renverser l’ordre des marchands qui appelle au travail en le détruisant, à substituer nos propres critères de vie aux leurs de survie ?

Certaines places et parcs sont occupés par des centaines de chômeurs et migrants à la rue, anéantis par la drogue et le marché noir, qui se développe comme en temps d’occupation et par lequel quelques commerçants malins développent un capitalisme de rue, un business de  mort où les exclus deviennent des « zombies » comme on se l’entend dire, des silhouettes silencieuses défigurées par la misère et qui survivent au jour le jour, sortant le couteau pour quelques pièces ou une cigarette.

Le chaos social érigé en ordre civilisateur par le capitalisme ne peut que pousser à une situation de guerre, et nombreux sont ceux qui pensent que les prochains mois, avec le déclassement généralisé et l’esclavagisme officialisé, le peuple manifestera dans la rue armes à la main. Beaucoup craignent ou attendent simplement avec une froide logique ce type d’affrontements sanglants, comme élément intégré dans ce chaos social érigé en Norme ou bien comme élément déclencheur du renversement des peurs. Beaucoup de travailleurs ont également l’œil tourné vers ces courageux ouvriers des grandes industries d’aciérie en grève sauvage illimitée depuis plusieurs semaines, qui ont le soutien officiel des syndicats et groupes de gauche mais ne doivent compter que sur eux-mêmes pour tenir et développer des caisses de grève, comme pour voir « si c’est possible », possible de tenir, possible de se serrer les coudes, possible de vaincre le diktat de la bourgeoisie et du Capital assassins.

Où, quand et comment naît la rupture ?

28 janvier 2012.

Vu sur le Jura Libertaire

[Liban] Trafic d’animaux sauvages

Campagne pour protéger les animaux au Liban, plaque tournante de la contrebande

Le Liban est devenu une plaque tournante du trafic d’animaux, selon des associations de protection de la nature qui essaient non sans mal d’attirer l’attention de la population sur les mauvais traitements dont ils sont victimes.

Des milliers, si ce n’est des dizaines de milliers d’animaux entrent illégalement chaque année dans le pays, où ils sont vendus, transférés, abandonnés voire maltraités.

La législation laxiste, des frontières perméables et la présence d’une importante diaspora libanaise en Afrique font du Liban une importante plaque tournante de la contrebande et le commerce illégal d’animaux sauvages tels que les lions, chimpanzés ou perroquets, soulignent les militants. 

« La situation est alarmante », estime Sevine Zahrane, de l’ONG Beyrouth pour le traitement éthique des animaux (BETA).

« Les animaleries vendent absolument tout ce que les clients peuvent demander, que cela soit des (singes) vervets, d’autres primates, des crocodiles ou même des espèces de perroquets en voie de disparition », déplore Mme Zahrane.

« Il y a aussi des soucis majeurs sur la législation, le (manque de) contrôle par le gouvernement et de sensibilisation du public ».

Le Liban est l’un des rares pays à n’avoir pas ratifié la Convention sur le commerce international des espèces menacées (Cites). De plus, dépourvu de refuge animalier, il ne dispose d’aucune loi sur le droit des animaux qui sanctionneraient explicitement les trafics et la maltraitance.

Si la contrebande « n’existe pas seulement au Liban, la situation unique du pays la favorise », estime Jason Mier, directeur exécutif d’Animaux Liban, une association locale orchestrant une campagne visant à faire adopter une loi sur le bien-être animal par le Parlement.

Mais dans un pays paralysé par une profonde crise politique, le droit des animaux est loin d’être une priorité nationale, et le soutien de l’opinion publique est faible.

« On prête davantage d’attention au sort des animaux et de la faune sauvage qu’auparavant, mais il reste encore beaucoup de chemin à faire », estime M. Mier.

Des groupes comme Beta et Animaux Liban viennent régulièrement au secours de chiens, chats mais aussi de hyènes, babouins ou lionceaux.

Le sort des animaux est peu enviable dans les zoos, qui consistent souvent en une série de cages rouillées alignées sous la fournaise du soleil méditerranéen.

Et dans les animaleries le long des grandes routes du pays, on trouve des babouins dans des cages sales, si petites qu’ils ne peuvent s’y mouvoir, ou des perroquets gris africains, menacés d’extinction, dans des boîtes avec peu ou pas d’aération.

En octobre, un lionceau qui vivait sur un balcon dans un quartier chic du centre de Beyrouth a fait la Une des journaux.

« La sauvegarde de Léo a été assez facile, car les gens qui l’hébergeaient ont été très coopératifs une fois qu’on leur a expliqué pourquoi il avait besoin de vivre dans son milieu naturel, et les risques qu’ils prenaient en le gardant », explique M. Mier.

Après une opération qui a coûté 5.000 dollars, Léo vit désormais dans un refuge au Cap Afrique du Sud).

Mais dans un autre appartement de la capitale continue à grandir un lionceau que son propriétaire — dont on dit qu’il se promenait en ville jusque récemment avec le lion en laisse — refuse de laisser partir dans un refuge. Il poste régulièrement sur Facebook des photos de son lion d’appartement.

Animaux Liban a soumis un projet de loi en novembre au Parlement, avec le soutien du ministère de l’Agriculture, pour encadrer le transport et la possession d’animaux, obligeant zoos et fermes à détenir des permis.

AFP, 29 janvier 2012

[Poitiers] Tractage contre la LGV : « Grand Poitiers et la mairie sont les derniers bastions du soutien au projet  »

Les anti-LGV toujours mobilisés

Poitiers-Limoges : un projet « d'une absurdité totale » pour Nicolas Bourmeyster. 

Poitiers-Limoges : un projet « d’une absurdité totale » pour Nicolas Bourmeyster. 

Une dizaine de membres du collectif « Non à la LGV Poitiers-Limoges » ont procédé, samedi matin sur le parvis de l’église Notre-Dame-la-Grande de Poitiers, à une distribution de tracts pour dénoncer un projet qu’ils estiment « absurde » et « trop cher ». Président du collectif, Nicolas Bourmeyster revenait notamment sur les dernières déclarations de la ministre des Transports, Nathalie Kosciusko-Morizet : « C’est une véritable volte-face de la ministre qui avait parlé d’un moratoire sur les projets de LGV : là, pour calmer les lobbies, elle a indiqué au contraire que le calendrier serait respecté comme prévu. » Et d’ajouter : « Mais ça ne l’engage à rien, puisque personne ne sait ce qui se passera après la présidentielle. » Le président du collectif reste finalement confiant : « Ce projet d’une absurdité totale, et qui implique des dépenses pharaoniques et sous-évaluées, ne se fera sans doute pas, les perspectives économiques restant très favorables ». Mais les opposants veulent continuer plus que jamais leur combat, tout particulièrement à Poitiers : « Grand Poitiers et la mairie sont les derniers bastions du soutien au projet : il s’agit de faire pression pour qu’ils changent enfin de position… »

Nouvelle République, 29 janvier 2012