[Poitiers] Chroniques de l’horreur ordinaire : Comment se déroule réellement une expulsion ?

NdPN : il y a celles et ceux qui votent pour des « représentants » et légitiment ainsi l’autorité de l’Etat, quels que soient finalement les élus. Il y a les politiciens élus qui créent et entretiennent les peurs par des lois, pour détourner la colère contre les possédants. Il y a leurs services bureaucratiques qui entérinent l’inadmissible, installés bien au chaud dans leurs ors républicains. Il y a les préfets et leurs agents qui gèrent ces lois, signant telle ou telle expulsion du haut de leur tour d’ivoire. Il y a les chefs de police qui transmettent les ordres. Il y a les policiers de base qui appliquent. Qui est responsable ? Tout le monde, qui de sa main qui vote, qui de sa main qui signe, qui de sa main qui décroche un téléphone, qui de sa main menotte. La routine du lâche « c’est pas moi, ce sont les ordres », du renoncement à ce qui nous fait humain, concerne les moindres gestes et paroles de nos vies quotidiennes, atomisées dans la machine à obéir et dominer.

Et puis, il y a celles et ceux qui résistent, se révoltent, s’organisent.

Ni patries ni frontières !

banderoleantiraciste

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Chroniques de l’horreur ordinaire : Comment se déroule réellement une expulsion ?

Au sujet de cette famille russe arrivée le 12 novembre 2013 à Poitiers dont les enfants de 4 et 6 ans sont scolarisés aux écoles Renaudot et Damien Allard, qui sont en procédure « Dublin » donc expulsables vers la Pologne sans autre forme de procès, et que la préfecture a tenté d’expulser le 23 avril dernier, nous avons écrit [VOIR] : « Surtout que les préfectures n’ont pas les moyens de leurs ambitions. Tout est pour le mieux pour elles lorsque leurs services et leurs personnels ont affaire à des dossiers et que les personnes restent des numéros. Ils peuvent appliquer les lois les plus iniques sans état d’âme. C’est pourquoi les dossiers ne sont même pas regardés. C’est pourquoi Mamadou Camara a été le premier et le seul à être invité à venir défendre son dossier. C’est pourquoi les centres de rétention ne sont plus dans les villes d’origine des sans papiers. Mais dès que ces anonymes sont là devant eux, qu’ils ont un visage ce n’est plus pareil.

C’est à la lumière de ces remarques que nous pouvons comprendre l’expulsion ratée de mercredi dernier. Comment un peu de vomi et une femme qui tourne de l’œil peuvent-ils entamer à ce point la détermination de policiers aguerris qui en d’autres situations ne sont pas aussi frileux ? Nous faisons l’hypothèse que ça a été pour eux une aubaine. Nous supposons que les policiers se sont engagés à défendre la veuve et l’orphelin et non pas à expulser des femmes et des enfants… C’est déjà arrivé le 23 janvier 2013, des policiers de la Brigade Financière à Belfort avaient l’ordre d’interpeller une famille kosovar pour une procédure de “reconduite à la frontière”. Vu la détresse de la famille, le père menaçait de sauter par la fenêtre, les fonctionnaires ont renoncé. VOIR »

Comment donc s’est déroulée cette tentative d’expulsion ce mercredi 23 avril à Poitiers, ville « bonhomme » d’après son maire ? Les parents de la famille russe étaient assignés à résidence et devaient aller signer au commissariat. « Madame A. Arpiné [et Monsieur H. Artur] devra se présenter au commissariat de police de Poitiers, avec ses enfants, les lundi, mardi mercredi et jeudi à 08h30, afin de faire constater qu’elle respecte la mesure d’assignation à résidence. » pouvons-nous lire dans l’Arrêté du 19/03/2014 portant renouvellement d’une assignation à résidence de 45 jours.

Mercredi 23 avril à 8h30 donc, Arpiné arrive au commissariat pour émarger. Le policier lui demande : « où sont Artur et les enfants ? » Arpiné a expliqué qu’elle venait signer maintenant pendant qu’Artur était avec les enfants et il viendra signer après. Le policier la fait monter au 2ème étage et là un capitaine lui dit : « on a la décision, on doit vous envoyer en Pologne aujourd’hui ». Puis il fouille le sac à main d’Arpiné, trouve les clefs de la chambre d’hôtel et la menotte dans le dos.

Deux voitures de police vont avec Arpiné à l’hôtel. D’autres, jusqu’à six en tout, viendront après. Arrivés sur les lieux, les policiers montent tout seuls à la chambre. Ils ouvrent la porte avec les clefs. Artur et les enfants dormaient et sont réveillés en sursaut, les enfants se sont mis à pleurer et ont appelé : « papa, maman ». Le capitaine a dit à Artur : « habille-toi, habille les enfants ! ». Artur lui a aussitôt répondu : « je vais avec vous mais laissez tranquille ma femme et mes enfants ! ». Le policier a répondu : « non, les billets sont achetés ».

Les policiers ont alors fait monter Arpiné menottée dans la chambre. Ils lui ont ôté les menottes pour qu’elle habille les enfants qui pleuraient toujours, choqués. Il y avait six policiers dans la chambre plus trois civils (des personnes de la préfecture ? Des policiers ?). Artur a alors cassé une tasse en verre et menacé de s’ouvrir les veines devant sa femme et ses enfants. « Laissez ma femme et mes enfants tranquilles ici sinon je vais me suicider ! Touchez pas à ma femme, touchez pas à mes enfants ! » Leur a-t-il dit. Les policiers lui ont répondu : « on n’a pas le droit de les laisser là, on doit tous vous amener ». Artur a alors demandé son portable en disant : « je vais appeler mon avocate ». Le policier lui a répondu : « même si tu l’appelles, elle ne pourra rien pour toi ». Artur a appuyé le tesson de verre sur son bras qui a commencé à saigner. Les policiers lui ont donné son portable et il a appelé une connaissance qui pouvait traduire. Le policier a dit à cette personne qu’ils avaient de la préfecture une décision d’expulsion. Il a dit qu’ils allaient ramener la famille à Paris et que là-bas ils les libéreraient. Rajoutant « s’il veut se couper les veines, il pourra le faire là-bas ». Et il a demandé à la traductrice : « essayez de le convaincre de ne pas se couper les veines devant les enfants » et a dit à Artur : « s’il te plaît ne fait pas ça, on va juste te ramener à Paris et te libérer là-bas. »

Comme la situation lui semblait bloquée, Artur à donné le tesson aux policiers et a tendu ses mains pour être menotté. Mais les policiers ne l’ont pas fait par devant, ils l’ont fait un bras par dessus l’épaule, un bras dans le dos par le bas. Ils ont ensuite descendu Artur menottée de la sorte dans l’une des voitures, une voiture de police, Arpiné menottée dans le dos et sanglée étant avec les enfants dans une voiture banalisée avec les civils (policiers ou personnes de la préfecture). Il sont d’abord allés au commissariat de police, y sont restés une dizaine de minutes chacun dans sa voiture. Puis ils sont repartis certainement vers Paris menottés de la même façon, Artur ayant en plus les jambes enchaînées et cadenassés.

Vers le Futuroscope, Arpiné s’est sentie très mal. Artur menotté de la sorte aussi. Il avait beaucoup de mal à respirer. Les enfants pleuraient encore. Arpiné a commencé à avoir des hauts-le-cœur . Les policiers se sont arrêtés et Arpiné est descendue de la voiture toujours menottée. Les policiers lui ont libéré une main et Arpiné a pu vomir. Elle était très blanche et très faible. Elle n’arrivait pas à réagir. Les policiers ont appelé une ambulance et ont démenotté Arpiné. Artur toujours menotté un bras par dessus l’épaule, un bras dans le dos par le bas leur a dit : « moi aussi je ne suis pas bien. Je veux aller dans l’ambulance ». Ce à quoi les policiers ont répondu : « non toi tu vas bien ».

Quand Sargis 6 ans, a vu sa mère dans l’ambulance, il a eu peur, a pleuré et a appelé : « papa, papa ». Les policiers ont donc mis Artur avec les enfants dans la voiture banalisée. Ils l’ont démenotté et attaché au montant de la voiture près de la ceinture de sécurité, Sarguis sur ses genoux qu’il serrait avec son autre bras. Mariam, 4 ans, entre son père et un policier était choquée et ne comprenait pas ce qu’il se passait. Elle voulait venir sur les genoux de son père avec son frère mais n’avait pas de place.

Arrivés à l’hôpital, une perfusion a été mise à Arpiné. On a pris la tension à Artur et on a dit qu’il n’avait rien. Il disait « ça suffit, lâchez-moi maintenant ! » Il était dans une autre chambre au début. Les policiers l’ont ramené dans la chambre avec Arpiné et les enfants et l’ont menotté les bras en croix aux deux montants du lit en fer, à la tête et aux pieds.

Artur et Arpiné ont su par un appel téléphonique que la directrice de l’école, des parents d’élèves, des militants de DNSI, la presse locale et l’avocate étaient là devant les urgences du CHU. Personne, pas même l’avocate, n’a pu les rencontrer. Les policiers et quelqu’un qui semblait être le directeur de l’hôpital ont dit au personnel médical que personne ne devait rentrer, transformant la chambre d’hôpital en cellule de rétention.

Plus tard, les policiers ont amené un interprète. Il a dit : « Artur, ils vous amènent à Bordeaux et la préfecture donne son accord pour qu’Arpiné retourne avec les enfants à l’hôtel ». Artur, menotté cette fois par devant a été mis dans une voiture avec trois policiers et conduit directement à Bordeaux. Arpiné est retourné à l’hôtel avec les enfants.

Comment peut-on traiter de la sorte des êtres humains, particulièrement des femmes et des enfants ? Comment peut-on les traiter pire que des bêtes ? Comment peut-on les humilier de la sorte devant leurs enfants ? Les mots nous manquent pour qualifier ce qui s’est passé à côté de chez nous à Poitiers ce 23 avril 2014 ! Plus jamais ça !

DAL86dal86@free.fr – 06 52 93 54 44 / 05 49 88 94 56
Permanences : tous les samedis matin de 11h à 12h Maison de la Solidarité 22 rue du Pigeon Blanc Poitiers

Vu sur le site du DAL 86, 5 juin 2014

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Un rassemblement pour les sans-papiers

Comme chaque premier mercredi du mois, le collectif poitevin DNSI (« D’ailleurs Nous Sommes d’Ici ») appelait hier soir à un rassemblement en faveur des migrants et des sans-papiers. En fin d’après-midi, une bonne cinquantaine de personnes s’était rassemblée devant le palais de justice pour faire le point des différentes situations. « Il n’y a pas d’évolution positive, c’est toujours la même précarité pour les familles et les personnes isolées ne sont pas accueillies au 115, souvent par manque de place. De plus, la préfecture exerce une pression accrue auprès des familles assignées à résidence », constatait l’un des porte-parole du collectif, Yvon Plaçais.
Les représentants de différentes organisations politiques de gauche, des militants associatifs et des particuliers présents à ce rassemblement déploraient par ailleurs un contexte politique général « qui stigmatise de plus en plus les migrants, désignés comme indésirables. »

J.-M. G., Nouvelle République, 5 juin 2014

De quoi la fusion régionale est-elle le nom ?

Le gouvernement l’avait prévu, les aménageurs de territoires et de vies le souhaitaient : la France va donc réduire son nombre de régions administratives, de 22 à 14. Volonté de métropolisation des espaces, avec des centres (des « pôles ») politiques et économiques subordonnant tous les territoires à la logique du contrôle social, de la technocratie, de la marchandise, de la mise en concurrence.

Au vu des prises de position changeantes d’élus et de ministres, des annonces contradictoires et des démentis divers, le moins qu’on puisse dire est que cette question des fusions de régions, dans le cadre de la réforme territoriale, a été agitée par des enjeux économiques et politicards importants. Certains élus voire ministres se sont plaints d’être ignorés quand d’autres paraissaient plus entendus, et mieux au courant.

Dernière péripétie en date autour des Pays de la Loire, disputés par des barons locaux et annoncés comme fusionnés avec le Poitou-Charentes ou avec la Bretagne, pour finalement se retrouver en statu quo. Il n’y aura finalement pas de « réunification » de la Bretagne : le projet délirant de métropole Nantes-Saint-Nazaire (comprenant celui d’un nouvel aéroport à NDDL) est passé par là, avec son VRP Auxiette en tête.

Mais s’il y a bien un point commun entre tous ces bureaucrates et leurs petits calculs mégalomaniaques, c’est qu’il est hors de question de consulter les millions de personnes habitant les territoires concernés. Et puis quoi encore ? Voici leur conception de la « démocratie participative », magnifiquement présentée par Jean-François Macaire, nouveau président de la région Poitou-Charentes (extrait d’un article de la Nouvelle République du 3 juin 2014) :

Hier après-midi, avant l’annonce sur les réseaux sociaux d’un possible mariage avec les Pays de la Loire, Ségolène Royal tendait la main à son voisin qui, semble-t-il, avait prioritairement préféré le rattachement à la Bretagne. Sauf que les Bretons n’en voulaient pas. « Tout est parti de là », croit savoir Jean-François Macaire, président du conseil régional de Poitou-Charentes. Un président, sur la même ligne que Ségolène Royal, qui refuse très clairement « un référendum local ». « Ce n’est pas la décision adaptée à la situation : quand les élus posent la question, ils doivent être en mesure d’avoir la réponse. En matière de démocratie participative, on décide sur le champ de compétence sur lequel on est décideur. » Pour le successeur de Ségolène Royal, « le gouvernement et le parlement auront le dernier mot. »

Et le même président Macaire de conclure d’un superbe : c’est « la géographie qui commande ». La géographie ne sert-elle pas, d’abord, « à faire la guerre », selon le mot provocateur de Yves Lacoste ? Le géographe avait déjà compris l’enjeu stratégique de cette science, éminemment militaire mais aussi économique, avec le poids des multinationales dans la polarisation des espaces.

"Vous habitez là"
« Vous habitez là »

La région Poitou-Charentes fusionnerait donc administrativement avec les régions Centre et Limousin, selon le souhait du président de la République François Hollande. L’enjeu économique et stratégique ? Le député-maire Claeys, grand partenaire de l’entreprise Vinci à Poitiers et en région, nous donne quelques clés fort instructives dans cet autre article de la Nouvelle République : où l’on voit ressortir le projet de nouvelle ligne à grande vitesse entre Poitiers-Limoges, le tout assorti de considérations essentiellement économicistes. Fi des espaces trop grand, le PIB avant tout !

« l’État stratège doit ici montrer le chemin » […] « Ma préférence va pour une fusion d’une région Centre – Limousin – Poitou-Charentes » […]. La cohérence ferroviaire renforcée par le projet LGV Poitiers-Limoges associé à la LGV SEA en service 2017, pourrait, selon l’élu socialiste, « permettre de créer un tripôle Tours-Poitiers-Limoges » distant d’une trentaine de minutes entre chacune de ces villes, reliant ensuite Paris et Bordeaux en moins d’une heure.
Le nouvel ensemble, situé sur l’axe Amsterdam-Paris-Madrid, serait au cœur des flux entre l’Europe du Nord et du Sud. Ces 5 autoroutes (A10, A11, A 28, A 71, A 85) et ces 10 aéroports et son seul port en eaux profondes de la façade atlantique (La Rochelle) sont des arguments incontournables pour cette option. De surcroît cette trajectoire assiérait, selon l’élu, une coopération, déjà en marche, dans les domaines universitaires et médicaux.
Ce n’est pas la taille des Régions qui compte pour Alain Claeys mais leurs poids économiques. Le PIB (Produit intérieur brut) pour ce nouvel espace dans l’option 1 est estimé à environ 130 milliards d’euros. Pour la fusion Aquitaine Poitou-Charentes, l’ordre de grandeur se situe à 135 milliards d’euros.

Derrière cette réforme de métropolisation des territoires et de dépossession démocratique, se dessinent donc toujours plus de grands chantiers absurdes, toujours plus de logique de marchandisation et de circulation des capitaux, les populations n’étant traitées que comme des données comptables secondaires, dont ces encravatés semblent éperdument se foutre. Enième illustration, s’il en fallait encore, du mépris unanime avec lequel les gouvernants nous considèrent.

Face à ces logiques autoritaires et centralisatrices, pour le plus grand profit des capitalistes et de leurs fidèles serviteurs administratifs et technocrates, une seule réponse : l’autonomie et la libre coordination des luttes.

En deux mots, le fédéralisme libertaire !

Juanito, 3 juin 2014

[Poitiers] Gratiferia le 15 juin

NdPN : ce que La Nouvelle République nous présente là aujourd’hui est déjà une pratique bien connue des anti-autoritaires (magasin gratuit, « free shop »). Il ne s’agit ni plus ni moins que de la vieille proposition anarchiste de socialisation de biens et de services, qui pourrait s’organiser à bien plus vaste ampleur (production, échange et distribution) et échelle (territoires), comme pendant la révolution libertaire espagnole, dans des milliers de collectivités agricoles et industrielles. A condition d’abattre le monopole capitaliste et étatique sur nos conditions de vie, induisant privatisation, exclusion, et destruction des espaces d’expérimentation autogestionnaire. A défaut de cette dimension plus large, ce genre d’événements ne peut que verser dans le caritatif (voir d’ailleurs la fin de l’article), qui a toujours fait office de soupape contre l’injustice sociale et d’étouffoir contre la révolte.

Première  » Gratiferia  » organisée dans la ville

Je donne des objets, des vêtements ou des meubles, tu prends, c’est gratuit. Une initiative de jeunes en service civique. A découvrir dimanche à Beaulieu.

Les habitants de Poitiers vont enfin bénéficier d’une « Gratiferia » *. Elle prendra forme le dimanche 15 juin, place des Templiers à Beaulieu. Une « gratiferia » ressemble à un vide greniers à la grande différence que les objets, vêtements ou meubles ne sont pas vendus mais donnés. Le slogan des Grafitériens : « Donnez ce que vous voulez (ou rien du tout) ! Repartez avec ce qui vous plaît ! »

> Nettoyage de printemps. A l’initiative de cette première édition en lien avec l’association Unis-Cités, quatorze jeunes en service civique appartenant à la promotion « Rêve et réalise ». Ils élaborent des projets personnels et collectifs. Ils vont donner aux Poitevins l’occasion de faire un nettoyage de printemps dans leurs appartements ou maisons.
> Usés mais utilisables. « Les participants apportent des choses usées mais utilisables lors des permanences que nous mettons en place dans notre local place des Templiers (NDLR : lire par ailleurs) ou le jour même sur le lieu de la Grafiteria », précisent Rhifar Garrigues et Catherine Taïeb, deux organisatrices.
> Au sujet des meubles. Ceux-ci risquant être encombrants, les donateurs sont invités à présenter leurs propositions par téléphone. Elles seront écrites sur un panneau. Les contacts seront communiqués par Unis-Cités aux personnes qui désirent en prendre possession. Les deux parties conviendront d’un rendez-vous.
> Donner aussi du savoir-faire. La démarche va bien au-delà des dons matériels puisque les Poitevins sont invités à apporter leur savoir-faire et à les présenter. Ils peuvent aussi prêter main-forte aux organisateurs. Des associations ont annoncé leur venue, par exemple « Les incroyables comestibles ». Des ateliers permettront au public de s’initier à diverses pratiques dont la fabrication de papier.
> Des médiateurs à la rescousse. Les jeunes seront là pour recevoir les dons, les trier par catégorie, les disposer sur les tables et accompagner les visiteurs néophytes en matière de Gratiferia. Une gratuité à cette échelle en perturbe plus d’un.

* Gratiferia signifie en espagnol foire gratuite. Le concept a été imaginé en 2010 par un jeune Argentin. Il gagne de plus en plus de terrain (site internet : www.greenetvert.fr).

en savoir plus

Ce qui reste ne sera pas perdu

Si ce qui a été donné n’a pas trouvé preneur à la fin de la journée, des associations (Croix-Rouge, Secours catholique, Secours populaire…) et les Compagnons d’Emmaüs pourront venir les récupérer. Pour Vincent de Rocher, coordonnateur du groupe de jeunes « Rêve et réalise », la gratuité de la manifestation qui est ponctuelle n’a pas de répercussion sur l’activité d’Emmaüs. « Nous avons un but commun, c’est aider les gens », remarque Catherine Taïeb.

pratique

> Gratiferia. Dimanche 15 juin, de 10 h à 17 h sur le parking de la place des Templiers, quartier de Beaulieu.
> Dépôts des objets. Les lundis (sauf jours fériés) de 10 h à 17 h et les mercredis de 14 h à 16 h au 43 place des Templiers. Pour les encombrants, prévenir avant par téléphone ou par mail.
> Proposition de services. Les mêmes jours et sur le même lieu ou par téléphone ou par mail.
> Contacts. Vincent de Rocher, tél. 06.69.24.66.53
ou vderocher@ unicite.fr www.uniscite.fr

Marie-Catherine Bernard, Nouvelle République, 2 juin 2014

[Poitiers] Rassemblement contre l’extrême-droite

Des lycéen.ne.s de Poitiers appellent à un rassemblement contre l’extrême-droite ce mardi 3 juin 2014 à 13h30, devant le lycée Victor Hugo.

Ce type d’appel contre l’extrême-droite fleurit un peu partout en France, un an après la mort de Clément Méric, camarade antifasciste assassiné. Il intervient aussi après une percée du Front national aux élections européennes, dans un contexte puant de traque tous azimuts aux migrant.e.s dans l’Europe entière et de discours chauvins.

L’appel de Poitiers, publié ici par exemple, ne nous satisfait absolument pas. Entre autres :

– il évoque les « valeurs républicaines » et « l’avenir du pays », or nous ne partageons pas les « valeurs républicaines » de l’Etat bourgeois, qui a ses fondations historiques dans l’esclavagisme, le racisme, la colonisation, le salariat, le sexisme, la répression impitoyable des mouvements sociaux et la destruction méticuleuse de l’autonomie sociale sous tous ses aspects. La logique actuelle du pouvoir n’est que la continuation de cette politique répugnante.

– il dénonce la « passivité des jeunes », alors que les « jeunes » ont été nombreux.euses à s’abstenir, ce qui n’est selon nous pas un signe de « passivité ». Bien au contraire, il s’agit de lucidité, qui doit se transformer en abstention active, en action directe du prolétariat, loin de la houlette des nationalistes à poil brun, bleu, rose ou rouge.

– seul le FN (avec son cortège d’identitaires, néo-nazis et intégristes religieux) est dénoncé comme vecteur de haine de tous contre tous et de divisions sociales, mais pas un seul moment le texte n’évoque les partis institutionnels au pouvoir, de droite comme de gauche, qui au quotidien traquent les migrant.e.s, stigmatisent les Roms, font concessions sur concessions aux groupes de pression sexistes et écrasent les prolos en se faisant les toutous fidèles des intérêts capitalistes. Ce sont bien ces politiciens au pouvoir qui sont responsables de la montée de l’extrême-droite. Leur appel à la lutte contre les « extrêmes » ne sont qu’un piteux moyen de prôner une « unité républicaine » fictive, servant à gommer les fondements inégalitaires et autoritaires de la « démocratie » bourgeoise.

Les hymnes à la nation et au « produire français » et la non-remise en question du capitalisme avec des analyses confusionnistes ne sont d’ailleurs pas, hélas, l’apanage des partis institutionnels ou d’extrême-droite, mais aussi d’autres partis « plus à gauche ». La montée de l’extrême-droite n’est que la conséquence, comme à chaque fois dans l’histoire, de la dépossession des luttes sociales par les professionnels de l’indignation politicienne face aux attaques du capital, de l’Etat et du patriarcat.

Parce qu’il est hors de question de renoncer et d’abandonner les luttes antifascistes à la social-démocratie, nous serons néanmoins présents à ce rassemblement, où nous diffuserons quant à nous le texte suivant, déjà publié sur notre blog :

http://fa86.noblogs.org/?p=11721

Ni (extrême-) droite ni (extrême-) gauche du capital et de l’Etat : autonomie du prolétariat, abolition du salariat, des classes et de l’Etat, antifascisme radical contre toutes les formes de nationalisme !

Pavillon Noir, 2 juin 2014

Je suis abstentionniste

NdPN : un texte percutant vu sur Indymedia Paris.

Je suis abstentionniste et tu viens m’insulter, toi l’électeur, toi le votant, toi qui portes, scrutin après scrutin, des hommes et des femmes au pouvoir et qui n’auront de cesse de te décevoir. Qui te trahissent tout en te jurant que, la prochaine fois, ils feront mieux.

Tu viens m’insulter, déverser sur moi ton aigreur suite à la défaite de ton camp, comme un soldat tenant son fusil face à un peloton de déserteurs. Dans ton esprit ardent de combativité, si tu as perdu ce n’est pas parce que ton adversaire est meilleur, ce n’est pas parce que tes leaders sont mauvais, c’est simplement ma faute, à moi, qui ne veux pas jouer selon tes règles.

Je suis le coupable.

Tu t’affirmes éclairé, instruit, intelligent. Tu méprises copieusement les presque trois quarts de la population qui n’ont pas voté, ou qui ont voté pour des partis ennemis à tes yeux. Tu les traites de connards, d’ignorants, de cons, de débiles, de sombres merdes ignorant tout de leur Histoire, n’entendant rien à la politique. Nous ne sommes tous pour toi que des fainéants abrutis de publicité. Tu nous es supérieur.

Alors que nous dis-tu ? Que nous enseignes-tu, toi, l’homme instruit ?

Tu nous dis que la montée de l’abstention provoque une montée du Front National. Tu affirmes même que c’est mathématique. Tu l’ériges en loi physique.

Observons cette « évidence ».

2014, élection européenne, on nous annonce une abstention de 57% et un vote Front National de 25%.

2009, élection européenne, l’abstention était de 59%, le vote Front National était de 6,5%. Abstention plus forte, vote FN plus faible.

2004, élection européenne, l’abstention était de 57%, le vote Front National était de 10%. Le Parti Socialiste totalise à lui seul près de 30% des voix (du jamais vu dans une élection européenne) et la gauche dans son ensemble obtient 42% des votes. Un raz-de-marée de gauche pour une abstention pourtant équivalente à celle de 2014.

Toi, le mathématicien, l’analyste des chiffres, peux-tu oui ou non affirmer qu’il y a corrélation entre le taux d’abstention, le vote d’extrême droite, et le vote à gauche ? Peux-tu me regarder dans les yeux et affirmer que les chiffres prouvent que l’abstention fait monter le FN et baisser la gauche ? Que c’est mathématique ?

Tu n’es pas seulement mathématicien, tu es aussi sociologue. Tu affirmes que si tout le monde « bougeait son cul », que si tout le monde allait voter, l’extrême droite serait balayée et la gauche triomphante pourrait enfin révolutionner la France. Tu affirmes savoir que les sympathisants d’extrême-droite vont tous voter alors que les abstentionnistes sont tous des gauchistes trop fainéants pour se bouger.

Si on doit faire de la sociologie de comptoir, essayons au moins d’utiliser un outil statistique. Voici quelques chiffres tirés d’une analyse de l’électorat français pour les européennes de 2014, réalisée par Ipsos. Si tu as plus fiable, je suis preneur. En attendant…

50% des personnes ayant voté Le Pen au premier tour des dernières élections présidentielles se sont abstenus aux européennes. 50%. Un frontiste de 2012 sur deux n’est pas allé voter en 2014.

La même question pour les électeurs de Hollande et Sarkozy donne respectivement 58 et 48.

Si l’on s’en tient aux sympathisants (c’est à dire ceux qui se déclarent proches de tel ou tel parti) on obtient 53% d’abstentions pour les sympathisants du Front National, 50% d’abstention pour les sympathisants de l’UMP, 58% d’abstention pour les sympathisants du Parti Socialiste. Et avec seulement 43% d’abstentionnistes parmi leurs sympathisants, le Front de Gauche est le mouvement politique qui possède en apparence la plus faible réserve électorale parmi les non-votants. Étonnant, non ?

Il y a donc entre 50 et 53% d’abstentions chez les partisans du Front National. Score supérieur à celui de la droite, inférieur à celui de la gauche et très largement supérieur à celui de l’extrême-gauche.

Tu es certain de vouloir conduire tout les abstentionnistes aux urnes ? Tu peux affirmer que si « tout le monde se bougeait le cul et allait voter » les choses changeraient ? Tu l’affirmes, d’accord, mais sur quelle base ?

Tu n’es pas seulement mathématicien et sociologue, tu es également capable de pénétrer mon cerveau pour en extraire les raisons de mon abstention : en résumé, parce que je suis un gros connard de fainéant lâche et hypocrite trop ignorant des choses de la Politique pour prendre conscience que si je ne vais pas glisser un bout de papier dans une boite, quand on me le demande, le monde va s’écrouler.

Puis-je te dire, moi le crétin, moi l’idiot, moi l’inepte détritus de l’Humanité, pourquoi je ne vote pas ?

Par conviction.

Je vomis l’extrême-droite et ses petits pantins crapuleux carriéristes et affairistes qui se prétendent proches du peuple et du pavé pour mieux caresser les patrons dans le sens du poil.

Je vomis la droite et ses costards-cravates aux sourires si aveuglants qu’on en oublierait presque les chairs sanguinolentes des travailleurs suicidés qu’ils ont encore coincées entre leurs dents.

Je vomis la gauche et ses crânes chauves aux ventres mous, cette assemblée de traîtres qui confisque un idéal pour mieux le brader aux banquiers comme une reconnaissance de dette.

Je vomis l’extrême-gauche et ses révolutionnaires légalistes, ses Che Guevara de plateaux télé, moralistes coupables incapables de défiler sans accord de la Préfecture.

Je me vomis, moi, moi et ma cagoule noire depuis trop longtemps au fond de mon tiroir, moi et ce corps qui commence à oublier ce qu’est l’impact d’une flashball, d’un coup de matraque, d’un bracelet de menottes.

Je ne vaux pas mieux que toi, pas mieux que les autres, j’abandonne, je baisse les bras, je constate avec amertume que tout nous échappe. Toi, tu t’accroches au vote. Moi je m’accroche à cette idée lancée par Etienne de la Boétie dans son Discours de la servitude volontaire, cette idée qui dit :

« Ce tyran, il n’est pas besoin de le combattre, ni de l’abattre. Il est défait de lui-même, pourvu que le pays ne consente point à sa servitude. Il ne s’agit pas de lui ôter quelque chose, mais de ne rien lui donner. »

Je ne donnerai pas ma voix parce que j’estime qu’elle est pour le pouvoir en place l’instrument de sa légitimité.

Parce que j’estime que ce pouvoir est malfaisant. Et c’est précisément parce que je le critique, précisément parce que je m’y oppose, que je ne souhaite lui donner aucune légitimité en participant à son sacre.

J’estime à l’heure actuelle que l’ensemble de la classe politique, sans aucune exception, n’a pour fonction que de servir les intérêts des pillards et de trahir les idéaux de leurs victimes.

J’estime que ceux qui leur donnent leur voix en sont les complices, les serfs, les esclaves et qu’ils se complaisent dans une servitude volontaire. Et qu’ils me haïssent parce que je ne porte pas avec eux le fusil et l’uniforme fourni par ceux qui se soucient moins de nos vies que de leurs profits.

L’abstention est l’expression même de mon opinion politique.

Tu es en droit de juger que je me fais des illusions, que mon opinion politique n’en est pas une, que c’est être bien naïf que d’imaginer qu’en ôtant toute légitimité à un pouvoir il finira par s’écrouler de lui-même. Tu peux dire que c’est utopique. Tu auras sans doute raison.

Laisse moi juste te dire que depuis des années tu vas voter aux heures où on te demande de le faire, pour les personnes que l’on te propose, en suivant la procédure mise en place par le pouvoir en place.

A chaque rendez-vous électoral tu espères que ça change.

A chaque rendez-vous électoral, tu te dis que cette fois-ci ce sera la bonne ou qu’au moins on aura évité le moins pire.

Tu colmates sans cesse les brèches d’un bateau qui coule en espérant qu’à force il se passera quelque chose de nouveau.

Et année après année, élection après élection, tes espoirs sont sans cesse déçus par ceux-là même en qui tu les avais placés.

On te désigne des coupables, tu les insultes, tu oublies les élections précédentes, et tu recommences.

Encore et encore.

Qui est utopiste ?

Vu sur Indymedia Paris, 1er juin 2014