[86] Un beau jeudi de mai (2)

Les fonctionnaires réunis manifestent leur ras-le-bol

Les agents de la fonction publique se sont retrouvés sur le pavé pour dire non au plan gouvernemental en général, au gel du point d’indice en particulier.

Ils sont venus, ils n’étaient pas tous là. Loin de là. Environ 1.200 personnes, dont une petite partie de l’académie de Poitiers (9.40 %) à Poitiers et 200 à Châtellerault ont manifesté leur ras-le-bol dans une significative unité revendicative. Les agents de la fonction publique dans toute leur diversité de métiers (personnels hospitaliers, services sociaux judiciaires, des impôts, enseignants, territoriaux…) et d’engagement syndical (CFDT, FO, CGT, Solidaires, UNSA, FSU…) étaient hier réunis sous le même slogan « Stop à la baisse du pouvoir d’achat. »

Alain Barreau évoque la grève générale

Le gel du point d’indice jusqu’en 2017 fait monter la température de fonctionnaires en colère. Le slogan « Ça va péter » repris sur l’air des lampions donnait le ton tandis que Zebda avec sa version actualisée du chant des partisans, rythmait le tempo a grands coups de « Motivés, motivés » crachés par amplificateurs.
Aux grands maux, les grands moyens : dans le cortège, les leaders syndicaux du département n’entendaient pas en rester là. « Nous devons aujourd’hui sortir du catégoriel, martelait Alain Barreau patron de Force Ouvrière 86. Il faut tendre à un nouvel élan interprofessionnel associant le public et le privé. Je pense qu’une grève générale va s’imposer. C’est l’intérêt commun. La situation du pays et son avenir nécessitent une mobilisation de tous pour dire d’une même voix au gouvernement qu’il ne peut pas continuer une telle politique. Cette orientation est économiquement et socialement délétère, Suicidaire. Rien ne laisse présager d’amélioration. Bien au contraire. Les actifs et les retraités doivent se faire entendre. »
Parti sous le soleil de la Promenade des Cours, le cortège poitevin est arrivé dans le calme à la préfecture avant une dispersion sans nuage. Sans un adieu ; Chacun s’est dit au-revoir et à bientôt.

Ici et là

A Châtellerault, une petite centaine d’agents hospitaliers se sont rassemblés devant l’hôpital en début d’après-midi. Rejoints en cours de route par autant d’agents territoriaux, ils ont ensuite fait une opération escargot jusqu’au centre-ville, où une délégation a été reçue par la députée Véronique Massonneau.
> Piquet de grève. Une centaine d’agents poitevins de la CGT Territoriaux ont tenu un piquet de grève aux portes du Centre technique municipal de 7 h 30 à 11 heures. Les grévistes ont rejoint leurs camarades de Federal Mogul lors d’une opération escargot de la zone de la République au siège de Chasseneuil-du-Poitou. Rocade et nationale ont connu alors quelques embarras de trafic.

Loïc Lejay et AG, Nouvelle République, 16 mai 2014

Non aux restrictions budgétaires à l’hôpital

Accompagnés d’agents territoriaux, une petite centaine d’agents hospitaliers ont protesté hier contre la dégradation de leurs conditions de travail.

Les syndicats CGT et FO du Groupe hospitalier Nord-Vienne font le même constat que la Coordination nationale infirmière : depuis que l’État a commencé à réduire le budget du centre hospitalier Camille-Guérin, l’année dernière, les conditions de travail des personnels paramédicaux (infirmiers, aides-soignants…) se dégradent. Alors qu’elle avait de son côté organisé une journée de grève le 17 avril dernier, eux ont choisi de le dénoncer hier à l’occasion de la journée d’action nationale des syndicats de la Fonction publique.

«  Les services sont toujours à flux tendu  »

« On a raboté les contractuels de remplacement, donc les services sont toujours à flux tendu », déplore Dominique Gougeon, secrétaire général du syndicat CGT, majoritaire au sein du Groupe hospitalier Nord-Vienne. Un « manque de personnel dans les services », qui, selon lui, a de nombreuses conséquences. « C’est un épuisement du personnel, c’est un rappel sur les repos ou les congés, c’est des changements d’horaire au dernier moment… » Et, avec les nouvelles mesures qui se profilent à l’horizon, la situation risque de ne pas s’améliorer pour les agents… « Le pacte de responsabilité, c’est 10 milliards d’euros d’économie sur la protection sociale, dont 5 sur les hôpitaux, peste Dominique Gougeon. Manuel Valls a aussi annoncé le maintien du gel de notre indice, qui est gelé depuis 2010, jusqu’en 2017. Marisol Touraine a également annoncé qu’elle voulait fusionner sur un seul territoire tout ce qui concerne la logistique (les cantines, les buanderies…) et certains secteurs médico-techniques, c’est-à-dire, entre autres, les laboratoires. Pour Châtellerault, ça conduit directement à la fermeture de la buanderie et des cuisines, qui seront au CHU. »

Opération escargot

En début d’après-midi, une petite centaine d’agents se sont rassemblés devant l’établissement. Rejoints en cours de route par autant de territoriaux, ils ont ensuite fait une opération escargot jusqu’au centre-ville, où une délégation a été reçue par la députée Véronique Massonneau.
La parlementaire écologiste, « solidaire de leur démarche », prévient : « On attend le vote du budget. Si la copie n’est pas acceptable, on sortira de la majorité ! »

Alain Grimperelle, Nouvelle République, 16 mai 2014

La filière auto entre en résistance

Deux cents salariés de la filière auto ont manifesté, hier, devant Federal Mogul à Chasseneuil-du-Poitou. La CGT promet “ des actions coup-de-poing dès lundi ” en réponse à la fermeture du site.

Deux barbecues d’où se dégagent d’immenses flammes ont été installés devant le site de Federal Mogul. À côté, sur la table, des baguettes coupées en morceaux serviront à faire des sandwichs pour le déjeuner. Les salariés de Federal Mogul ont désormais décidé d’occuper le terrain pour mieux se faire entendre.

 » C’est un gâchis… On nous a laissé mourir à petit feu.   »

Il est 11 h 30 quand Gérard Prébost, ancien délégué syndical CGT, appelle ses ex-camarades à se révolter : « Battez-vous ! », lance-t-il, des trémolos dans la voix. La dernière usine de production de pistons de moteurs diesel, où il a travaillé, va fermer à la fin de l’année, laissant sur le carreau 241 salariés et leurs familles. Gwenaël Autexier, secrétaire général de la CGT Federal Mogul, annonce dans la foulée « des actions coup-de-poing dès lundi » sans préciser lesquelles.
Au milieu de la foule, Christian Gargot, quarante et un ans d’usine, ne cache pas son indignation : « C’est un gâchis. Je mets en cause la direction qui n’a pas fait ce qu’il fallait. On nous a laissé mourir à petit feu. »
La CGT n’était pas seule hier. Force Ouvrière s’est joint au mouvement pour « demander des réponses sur la fermeture du site de Chasseneuil », explique Thierry Casnes du CCE (comité central d’entreprise Federal Mogul) FO. Il fustige cette décision prise en dépit des « 800.000 € d’investissement en 2013 et du fait que les comptes soient à l’équilibre ».
La direction de Federal Mogul quant à elle justifie cette fermeture « par la baisse des prix imposée par les donneurs d’ordre, PSA et Renault ». Un argument qui ne passe pas chez les salariés qui « exigent une table ronde avec les pouvoirs publics, PSA et Renault et les syndicats, et ce au niveau national et local ».

«  Ça risque de nous arriver  »

Les ouvriers de Federal Mogul étaient bientôt rejoints par ceux de Valéo, Magnetti Marelli ou encore des deux Fonderies du Poitou (Saint-Jean Industrie et les Fonderies Fontes). Tous craignent un démantèlement de la filière automobile dans la Vienne. Christian Godefroi, salarié de Valéo, résume : « Ce qui arrive aujourd’hui à Federal Mogul risque de nous arriver ».

Adrien Planchon, Nouvelle République, 16 mai 2014

[86] Un beau jeudi de mai

NdPN : quelques brèves de la Nouvelle République aujourd’hui 15 mai. Une bien belle journée !

86 –  Federal Mogul à Chasseneuil : la CGT annonce des actions coup de poing dès lundi

15/05/2014 12:01

Plus de deux cents salariés de la filière automobile de la Vienne manifestent actuellement devant l’entreprise Federal Mogul à Chasseneuil-du-Poitou. Cette action qui s’inscrit dans le cadre d’une journée d’action nationale à l’appel de la CGT et de ses syndicats dans le secteur automobile, intervient pour soutenir les 241 salariés de Federal Mogul dont le site poitevin est sous le coup d’une fermeture à la fin de l’année. Des salariés de la Fonderie Poitou Fonte et de Saint-Jean Industrie, de Valéo et Magneti-Marelli venus d’Ingrandes-sur-Vienne et de Châtellerault, les ont rejoints en milieu de matinée. Les représentants syndicaux ont pris tour à tour la parole et ont appelé les salariés à des actions coup de poing dès lundi prochain, devant l’absence de réponses à leurs revendications.

86 –  Poitiers: une banderole au tribunal pour réclamer une revalorisation salariale

15/05/2014 14:25

Les personnels des greffes du palais de justice de Poitiers ont déployé une banderole et lu un court texte cet après-midi à l’ouverture de l’audience correctionnelle pour réclamer une revalorisation salariale alors que les fonctionnaires sont aujourd’hui en grève.

86 –  Châtellerault : deux cents agents hospitaliers et territoriaux dans la rue

15/05/2014 15:57

A l’occasion de la journée d’action nationale des syndicats de la fonction publique, près de deux cents agents hospitaliers et territoriaux ont manifesté ce jeudi en début d’après-midi à Châtellerault. Une délégation a été reçue par la députée Véronique Massonneau.

86 –  Vienne: Les fonctionnaires solidaires dans la rue

15/05/2014 17:00

Environ 1200 personnes  à Poitiers et 200 à Châtellerault ont manifesté cet après-midi leur ras-le-bol en une belle unité revendicative. Les agents de la fonction publique dans toute leur diversité de métiers et d’engagement syndical sont réunis sous le même slogan « Stop à la baisse du pouvoir d’achat. ». Le gel annoncé du point d’indice dans la fonction publique fait monter la température. « Ça va péter » a été repris sur l’air lampions.

[Châtellerault] Présentation et discussion libre autour de « La monnaie de leur pièce »

merle

NdPN : sur Poitiers, le livre est disponible à La Belle Aventure, chez Gibert, au Biblio Café… Sinon, vous pouvez le commander chez votre libraire préféré. Il est aussi consultable en ligne. Prochains rendez-vous avec l’auteur à Paris le 21 juin (à la librairie Publico, 145 rue Amelot dans le 11ème arrondissement) et sans doute à Limoges en septembre.

[Poitiers] Délai de cinq mois pour le squat Gibautel

Poitiers: l’expulsion du squat Gibautel accordée… avec un délai de cinq mois

Le tribunal d’instance de Poitiers vient de décider l’expulsion du squat qui occupe une petite partie des locaux de l’ancien hôtel Gibautel. Mais, à la grande satisfaction de l’association Droit au logement, la justice accorde un délai d’occupation de cinq mois avant la mise à execution. Le tribunal a estimé que le projet de réhabilitation des lieux, qui servait à justifier l’expulsion, «n’est pas entré dans une phase active».

Nouvelle République, 15 mai 2014

Mise à jour 16 mai 2014 :

POITIERS Expulsion du squat Gibautel accordée… mais pas avant cinq mois

Le tribunal d’instance de Poitiers vient de décider l’expulsion du squat qui occupe une petite partie des locaux de l’ancien hôtel Gibautel. Mais, à la grande satisfaction de l’association Droit au logement, la justice accorde un délai d’occupation de cinq mois avant la mise à exécution de la décision dès qu’elle sera notifiée aux intéressés. Le juge des référés a estimé que l’expulsion aurait pour les enfants et un des occupants malade « des conséquences d’une exceptionnelle dureté dans un contexte ou les conditions de relogement s’avéreront manifestement complexes ». Le tribunal a estimé que le projet de réhabilitation des lieux, qui servait à justifier l’expulsion, « n’est pas entré dans une phase active ». Le juge a relevé que l’occupation des lieux « revêt un caractère relativement paisible » même si son caractère illicite est reconnu. « Les difficultés qu’ils énoncent concernant l’exercice de leur droit au logement […] ne sauraient légitimer l’atteinte au droit de propriété. » Il n’y avait pas « d’impérieuse nécessité ».

Nouvelle République, 16 mai 2014

[Poitiers] Taule avec sursis pour les déserteurs

NdPN :

« Faire la guerre,
c’est être moins qu’un homme et bien plus qu’un salaud. »

Benoist Rey, « Chant du déshonneur », in Les Egorgeurs

Le coeur du métier de soldat, ne l’oublions jamais, est d’aller jusqu’à tuer ou se faire tuer si le bras armé de l’Etat en donne l’ordre. Pour en arriver à déshumaniser à ce point ses troupes, l’Etat humilie et discipline, et paye, sous forme de pacte léonin, la renonciation à la ce qui nous fait hommes et femmes : la liberté, la conscience même de la vie. Métier de l’aliénation totale sous couvert de « sacrifice pour la patrie », à l’image du mode de production existant, la réalité du bidasse est là ; aucune désobéissance parmi les troupes ne saurait être tolérable.

Ainsi : trois mois de taule avec sursis pour un soldat qui s’enfuit de sa caserne pour cause de « remontrances », deux mois de taule avec sursis pour un autre qui va voir sa copine. Nous ne sommes pas en pleine guerre d’Algérie : nous sommes en 2014.

Certes, cette institution mortifère et liberticide qu’est l’armée est bel et bien garante de la « démocratie », et à son image : aliénation et obéissance pour tous – pour la gloire et le profit de quelques-uns.

Tous déserteurs !

gardeàvous

Justice militaire : c’était la der des der !

Une page de la justice poitevine s’est tournée hier dans la plus grande discrétion. Une dizaine de personnes tout au plus assistaient, hier, à la dernière audience correctionnelle de la chambre spécialisée des affaires militaires.

C’était la der des der avant le transfert vers Rennes qui aura désormais compétence pour juger de toutes les affaires qui concernent les militaires du Grand Ouest pour des faits commis alors qu’ils sont sous contrat. La majorité des cas examinés concernent des histoires de désertion.
Hier, ils étaient trois anciens du RICM de Poitiers, poursuivis pour avoir quitté le quartier Ladmirault sans prévenir.
L’un ne supportait plus les remontrances dont il était l’objet, ce qui ne l’empêche pas de vouloir s’engager dans la Légion. « Je veux servir ma patrie, » assure-t-il au tribunal alors que le procureur lui fait remarquer que l’engagement au sein du régiment le plus décoré de France n’a rien à voir « avec un CDD chez Mc Donald’s ! » Il écope de trois mois de prison avec sursis.
Un autre de ses camarades est condamné à deux mois avec sursis pour avoir préféré sa copine à son régiment. Le troisième larron écope de deux mois ferme, à cause d’un casier déjà lesté de trois mentions.

E.C., Nouvelle République, 14 mai 2014