[Poitiers] Alerte antifasciste

La soirée de samedi 17 mai au Confort moderne, clôturant la semaine des visibilités, a été la cible d’une attaque homophobe aux fumigènes. Par ailleurs le cinéma le Dietrich, participant à la semaine des fiertés, a aussi subi des dégradations dans la nuit du 15 au 16 mai (tag et entrée bloquée à la mousse).

Cette montée des agressions homophobes est à mettre en parallèle avec les menaces verbales récentes proférées par des individus d’extrême-droite contre des militants et des homos (en ville et sur le campus), et les collages fachos, racistes et homophobes en ville et sur le campus.

Avec les conditions de vie qui ne cessent de se dégrader du fait de l’offensive capitaliste, les discours autoritaristes, nationalistes et réactionnaires, homophobes et sexistes, aussi consternants de bêtise que dangereux, sombres garde-fous d’un capitalisme en crise, progressent parmi les prolétaires sans repères ni réflexion collective… à l’image des discours et des actes de nombreux politicards sans scrupules. Si la vigilance antifasciste est de mise, pour faire reculer l’extrême-droite nous devons aussi et surtout tisser de la solidarité sur le terrain des luttes sociales. C’est ce à quoi nous nous engageons, à notre humble échelle, avec toutes les organisations et individus résolument motivé.e.s à combattre les forces du vieux monde.

Pour l’heure, les petits fachos en herbe, pathétiques sous-fifres d’un pouvoir inquiet, savent que leur présence politique est indésirable dans les rues de Poitiers. Restons donc vigilant.e.s et solidaires, face à leurs provocations.

Homophobes, racistes, fascistes : hors de nos villes hors de nos vies !

Pavillon Noir, 19 mai 2014

Lettre d’Enguerrand aux manifestant-e-s du 17 mai

« Que crèvent l’aéroport et son monde ! ». Lettre d’Enguerrand aux manifestant-e-s du 17 mai

Le 17 mai, nous étions 1500 à manifester avec rage et détermination contre les répressions, et notamment celle qui s’est abattue sur la manifestation du 22 février contre l’aéroport et son monde. Du fond de son cachot, notre ami emprisonné tenait à en être lui aussi. Voici le message qu’il adresse à tou-te-s les manifestant-e-s solidaires.

Camarades,

Voilà maintenant 1 mois et demi que je suis coincé derrière ces murs, ces grillages, ces barbelés.
1 mois et demi coupé de ma vie normale. Privé de ma liberté, de ceux que j’aime, de la joie de voir ma fille d’un an grandir et progresser de jour en jour. Où la possibilité de voir mes proches se résume à une pièce sombre et exiguë pendant une heure.

Tout ça pour avoir osé fabriquer et lancer quelques fumigènes, sur des flics dont la violence s’est déchaînée le 22 février dernier, mutilant 3 camarades, et en blessant des dizaines d’autres avec leurs gomme-cognes, aspergeant la foule avec leurs blindés lanceurs d’eau ainsi que près de 2000 grenades lacrymogènes ou assourdissantes, dont un certain nombre lancées en tir tendu au niveau de la tête… Si violences il y a eu le 22 février, elles sont bien du côté de la police.
Je n’ai, nous n’avons fait que résister.

A mes yeux, les événements du 22 ont été savamment orchestrés afin de semer la division parmi ceux qui luttent, et manipuler l’opinion. L’État sait très bien s’y prendre pour déclencher des émeutes : en bloquant le centre-ville, en ouvrant les hostilités en gazant une foule totalement pacifique, les donneurs d’ordres savaient très bien que nombre d’entre nous n’aurions su rester impassibles… la suite était prévisible.

Mais si leur but était de nous diviser, il semblerait que cela ait échoué.
Les porteurs de ce projet à bout de souffle, moribond, ont abattu une de leurs dernières cartes, en vain.

Alors voilà : il fallait des coupables.
Mon ADN laissé sur un fumigène, et mon casier déjà alourdi par mon passé militant en faisaient de moi un tout désigné. Il aura fallu, en plus, tomber sur un juge cynique pour doubler les réquisitions de la procureure, déjà lourdes.

1 an. J’avais déjà imaginé que je pourrais finir ici.
C’est un risque à prendre lorsque l’on milite sans concession contre ceux qui nous gouvernent.
Le montage policier de l’an dernier – qui a lamentablement échoué, fort heureusement ! – visant à me faire enfermer, ne m’avait que davantage préparé à affronter une telle situation.
Ça m’a sûrement aidé à ne pas craquer en arrivant ici.
Ne pas péter les plombs, sans, non plus, tomber dans la résignation.

Mais surtout, ce qui me fait tenir le coup, depuis ce 1er avril de merde, c’est vous tous, qui à votre échelle, apportez du soutien à mes proches et à moi-même.
Que ce soient les courriers que je reçois, qui me permettent de m’évader quelques instants ; les photos de tags « Liberté pour Engué » redécorant les murs de leur métropole gentrifiée, aseptisée ; les dons qui me permettent de subsister à l’intérieur de la taule ; l’aide apportée à ma famille, que j’avais si peur de laisser seule, en galère. Tous ces gestes de soutien me touchent droit au cœur !

Merci à vous tous, j’espère que vous êtes nombreux aujourd’hui à cette manif, qui ne m’est pas seulement destinée. Je pense aussi aux camarades mutilés le 22.
Leurs blessures me font relativiser le temps que j’ai à passer ici.
Je retrouverai la liberté, ils ne retrouveront pas la vue.
Soyez forts les gars !

Ils peuvent m’enfermer moi, ils ne peuvent pas nous enfermer tous !
Ne nous laissons pas terroriser, ne les laissons pas gagner !

Solidarité avec les blessés du 22 !
Solidarité avec les camarades No-TAV
Et avec toutes les victimes de la répression policière dans le monde.

QUE CRÈVENT L’AÉROPORT ET SON MONDE !

Publié par le comité de soutien à Enguerrand sur Indymedia Nantes, 18 mai 2014

[Poitiers] Première marche des fiertés réussie

Première marche pour  » des citoyens comme les autres « 

La marche voulait tordre le cou aux préjugés notamment véhiculés pendant les manifestations contre le mariage pour tous.

Près de 800 participants à la Marche des fiertés ont donné des couleurs à la ville. Celles de l’arc-en-ciel, du nom des apéros mensuels organisés par LGBTI.

Marche des fiertés ou rassemblement aux couleurs de l’égalité, peu importe la dénomination, le collectif LGBTI Vienne – Deux-Sèvres (Associations Contact, David et Jonathan, Les Sœurs de la perpétuelle indulgence, rando’s Poitou, Out’rageantEs et En tous genres) a réussi à rassembler dans une ambiance à la fois festive et militante près de 800 personnes, hier après-midi, à Poitiers.

Sœurs de la perpétuelle indulgence en tête du cortège, musique des icônes de l’univers gay et lesbien et pas seulement, kiss in, pancartes revendicatives, fanions politiques et associatifs… ont donné des couleurs et créé une ambiance chaleureuse dans les rues de l’hyper-centre.

Se sentir citoyen

Point final d’une Semaine des visibilités pour lutter contre l’homophobie et la transphobie, ce rassemblement est né d’une demande forte des membres des associations locales. Un besoin de solidarité pour lutter contre toutes les discriminations. « Il est important de soutenir les initiatives de ce type, précisent Nicolas Neiertz et Élisabeth Saint-Guily, coprésidents de l’association chrétienne David et Jonathan. Car les actes et paroles homophobes ont doublé en 2013. Un chiffre lié aux manifestations contre le mariage pour tous. Les animateurs de ces manifestations ont pris en otage les arguments religieux et ont trahi les valeurs chrétiennes que nous partageons. Comme l’amour de notre prochain. »
« Aujourd’hui, nous nous sentons complètement citoyens », ajoute Nicolas Neiertz qui vient de se marier après quinze années de vie commune avec son compagnon.
Cette égalité pour toutes les orientations sexuelles et identités de genre sont aussi au cœur des apéros Arc-en-Ciel organisés chaque mois à Poitiers par « En tous genres » ; une association très impliquée notamment dans la défense des droits amenée parfois à se porter partie civile. Une soirée de clôture était organisée hier soir au Confort moderne.

Voir vidéo et diaporama sur notre site Internet.

M-L A, Nouvelle République, 18 mai 2014

[Poitiers] Quand la liberté d’expression passe en procès

NdPN : soutien inconditionnel au camarade blogueur de Ni dieux ni maîtres en Poitou ! Décidément à Poitiers, la liberté d’expression fait l’objet d’un matraquage en règle. On ne compte plus les intimidations minables, les contrôles d’identité piteux et les procès grotesques pour rassemblements, chansonnettes, slogans en manif, tractages, banderoles, diffusion de journaux, dès qu’il s’y trouve la moindre connotation anti-autoritaire ! Si ça continue, péter près d’un flic pourrait bien être considéré comme un outrage aux organes olfactifs ! On remarquera une fois de plus l’acharnement, trois ans après les « faits » (à savoir le simple relai d’une vidéo mixant des images et des propos de… journalistes, interprété comme une « menace de mort [sic] !), de la part des pouvoirs policier, judiciaire et médiatique, contre ce que ces spécialistes de l’intimidation, de la répression et de la désinformation appellent les « anarchistes », afin de stigmatiser les prolétaires en lutte . Le vocabulaire employé ne trompe pas : une fois de plus, il s’agit d’un procès éminemment politique. Cette énième attaque contre le militantisme poitevin témoigne d’un travail de sape sur le long terme visant bien évidemment à décourager l’auto-organisation des opprimé.e.s. Verdict le mois prochain.

le pape hinault

La vidéo constitue-t-elle une menace de mort ?

Une vidéo mettant en cause nommément le directeur de la Police de Poitiers avait été relayée par un blogueur. Il est poursuivi pour menaces de mort.

Le montage vidéo est une succession de photos (qui débute par celle d’un poulet rôti) retouchées pour certaines et de documents visuels et sonores des événements du 10 octobre 2009 lors du festival des Expressifs (*). Certaines images ont été publiées dans la presse, la voix off est également constituée de répliques de films et de propos journalistiques choisis. Le « clip » s’intitule « Poitiers street duel ». Il est très orienté et vise principalement Jean-François Papineau, directeur départemental de la sécurité publique, à travers des photos et citations de tags menaçants bombés sur les murs de la ville, mettant également en cause sa façon de traiter les anarchistes à Poitiers.

Blogueur mais pas auteur

A la lecture du dossier, Mme la présidente explique que le montage a d’abord été hébergé par Dailymotion, a été partagé sur d’autres réseaux sociaux puis un lien s’est retrouvé – deux ans après les faits entre le 26 février et le 30 novembre 2011, sur le blog « Ni Dieu, ni maître en Poitou » –, administré par Jacques, blogueur poitevin âgé de 30 ans.
Hier, à la barre du tribunal correctionnel de Poitiers, Jacques devait être jugé pour incitation à la haine et menace de mort à l’encontre de Jean-François Papineau. Même si le blogueur n’est pas l’auteur de la vidéo, tout le débat porte sur sa responsabilité en tant qu’animateur.
Ponctuant toute ses fins de phrase d’un Mme le juge discipliné, le jeune syndicaliste et militant qualifié « d’extrême gauche » explique au tribunal sa volonté « de parler de l’actualité militante sur Poitiers et de la répression… sans prendre partie » avant d’ajouter qu’il « ne considérait pas cette vidéo comme un outrage en soi mais comme une œuvre artistique ».
Le conseil de la partie civile insiste sur la fonction de son client qui doit avoir « une attitude d’exemplarité ». Seulement, « du fait de sa mission de service publique, il est aussi une personne exposée, investie et qui n’a pas l’air de plaire à un certain nombre de justiciables… » et d’un homme émotionnellement touché par les propos véhiculés dans la vidéo. Face au prévenu qui n’est pas l’auteur du montage, Me Bethume de Moro pose néanmoins : « Il est le facilitateur, le diffuseur, celui qui concourt à la publicité. »
Le procureur abonde et fait un parallèle avec une affiche que l’on garde sous le coude ou que l’on colle sur un mur, qu’il soit réel ou virtuel, pour en diffuser le message. Selon lui, les propos comme « Papineau, on aura ta peau » lus trois fois par une voix off, le titre du blog qui véhicule la notion de duel donc de mise à mort, la technique qui consiste à trouver une cible à pilonner sont autant de manœuvres provocantes utilisées par les anarchistes et sont « des éléments matériels de menaces de mort caractérisés ». Et requiert « une peine de principe » de 300 euros.

«  Mon client n’est pas anarchiste  »

Me de La Rocca, pour la défense, avertit : « Je ne suis pas l’avocat des anarchistes, tout comme mon client n’est pas anarchiste. » Elle constate que le directeur de la Police a « des difficultés avec l’opposition, la contestation, la libre expression ». Selon l’avocate, « il ne viendrait à l’idée de personne de poursuivre les journaux pour avoir relayé des propos ou tags ». Et estime que son client est a été mis en examen « à cause et en raison de ses idées » puisqu’il n’a jamais apporté aucun commentaire en marge de la vidéo. Le jugement est mis en délibéré au 26 juin.

(*) Ce jour-là une manifestation anti-carcérale avait dégénéré dans les rues de Poitiers. Plus de 200 casseurs avaient brisé des vitrines et s’étaient opposés violemment aux forces de l’ordre.

M-L A, Nouvelle République, 16 mai 2014

TAFTA, on n’en veut pas !

NdPN : voir aussi le dossier de presse réalisé par Solidaires Douanes. Bémol cependant avec une certaine imagerie patriotique/nationaliste véhiculée dans pas mal de communiqués et de visuels anti-TAFTA. Il ne faut pas lutter contre ce traité transatlantique parce que les multinationales des « Etats-Unis » auraient ainsi la main-mise sur « la démocratie française », ce qui relève d’un discours simplificateur et chauvin ; mais parce qu’il constitue une nouvelle attaque capitaliste contre tous les prolétaires, qu’ils soient américains ou européens.

La fronde anti-Tafta s’organise

Tafta. Quèsaco ? C’est la Transatlantic Free Trade Area, ou en français la zone de libre-échange transatlantique (ZLET). Plus clairement, il s’agit d’un accord commercial et d’investissement en cours de négociation entre l’Union européenne et les États-Unis (envisagé pour 2015) qui, s’il est signé, créera la plus importante zone de libre-échange de l’histoire, censé… rebooster les économies des nations signataires.

Dangereux le Tafta ?

A l’heure de la campagne des élections européennes, ce projet, très mal connu du public, est en train de mettre le feu aux poudres au point que des mouvements de contestation naissent en France et au-delà.
A Châtellerault, un collectif, « Stop TAFTA », vient de se créer. Il regroupe une dizaine de membres du PCF, des Verts, du Front de gauche, du Parti de gauche, du PRG, d’ATTAC, de la LDH, de SUD et de la Confédération paysanne. Tous clouent au pilori ce projet de grand marché transatlantique comme la source des futurs maux de l’Europe.
D’abord sur la forme. « Les négociations se font en catimini et dans le plus grand secret des citoyens, proteste Gaby Rousselot, président d’ATTAC Châtellerault. On demande la transparence et la publicité du contenu. »
Mais surtout, sur le fond, les contempteurs du Tafta craignent de voir l’Europe pieds et poings liés face aux entreprises. « C’est un projet de libéralisme extrême, de verrouillage de la gouvernance des États au profit des firmes multinationales. »
D’après les anti-Tafta, ce traité prévoirait la possibilité pour ces entreprises d’attaquer les États dont la politique entraverait leur activité commerciale, même s’il s’agit d’une politique de santé publique. « Le droit des affaires s’insinue, s’impose aux droits fondamentaux », peste Philippe Pineau, de la LDH, qui craint « une nouvelle forme d’impérialisme américain ».

Un collectif châtelleraudais

Pour contrer ce projet de traité transatlantique, le collectif châtelleraudais « Stop TAFTA » annonce qu’il va interpeller tous les conseils municipaux de l’agglo de Châtellerault pour qu’ils « votent une motion » et qu’ils « s’opposent à la non-ratification de ce traité ». « On veut une Europe des citoyens, pas des marchands. »

Denys Frétier, Nouvelle République, 16 mai 2014