Expulsions : ils interpellent les députés
Le tout nouveau Premier ministre Manuel Valls s’est souvent retrouvé fortement critiqué dans ses propres rangs pour sa politique en matière d’expulsions, alors qu’il était ministre de l’Intérieur.
La Ligue des Droits de l’Homme de Châtellerault et le groupe local de Poitiers de la Cimade viennent de s’en émouvoir auprès des députés de la Vienne. Catherine Coutelle, Véronique Massonneau, Alain Claeys et Jean-Michel Clément, membres de la même majorité, viennent de recevoir une lettre ouverte (lire par ailleurs) de ces deux associations œuvrant auprès des migrants.
« Rien ne change »
Elles annoncent le boycott de la réunion prévue demain mardi à Paris à laquelle ils devaient participer une nouvelle fois. « La première fois que nous avons fait cette réunion, c’était il y a deux ans », expliquent Daniel Trillon et Yves Judde. « Nous voulions interpeller nos députés respectifs de la région. On s’est retrouvés à Paris face à des gens qui disaient découvrir les problèmes dont nous parlions. Ils devaient se renseigner. Quand on les a revus, ils en étaient au même point ! On a surtout le sentiment que rien ne change. C’est la continuation de la politique sarkoziste en matière d’immigration. Nous aurions souhaité que nos députés agissent. Ils n’ont rien fait. Donc, on ne viendra pas à cette nouvelle réunion. Qu’ils assument leurs choix s’ils sont d’accord avec la politique menée actuellement. » La dernière circulaire Valls adressée aux préfets en matière de lutte contre l’immigration clandestine fait bondir les associations. Elle date du 11 mars dernier. « Il écrit noir sur blanc : « Le total des éloignements forcés atteint ainsi son plus haut niveau depuis 2006. Ces résultats encourageants sont la traduction de votre mobilisation qui devra se poursuivre tout au long de l’année 2014. » »
Révoltés
Plus que tout, c’est le « ni ni » qui les révolte au plus haut point. La situation de ces familles ni expulsables ni régularisables du fait d’aberrations administratives et qui se retrouvent sans rien du jour au lendemain. « Ils se retrouvent à perdre leur travail. Ce qu’ils attendent, c’est qu’ils partent, qu’ils rentrent chez eux. On a des gens qui sont en France depuis une trentaine d’années et qui se retrouvent dans ces situations inhumaines. »
en savoir plus
» Nous vous avons demandé d’agir pour une autre politique d’immigration «
La lettre ouverte de la Cimade et de la Ligue des Droits de l’Homme adressée aux députés de la Vienne.
En deux pages, ils ont recensé les situations sur lesquelles les députés pourraient peser efficacement au quotidien : refus implicite des demandes de titre de séjour, refus de plus en plus fréquent de délivrer des autorisations provisoires de séjour pour maladie, exigences préfectorales hors la loi…
« Nous vous avons demandé d’agir pour une autre politique de l’immigration, pour que diminuent très fortement les taxes perçues pour la délivrance des titres de séjour et pour que la politique de la préfecture de Poitiers envers les étrangers change. […] Force est de constater que rien ne change, que tout s’aggrave », écrivent les associations. « Nous ne pouvons accepter qu’un gouvernement de gauche continue dans le discours et la politique sécuritaire de l’époque Sarkozy […] Nous attendons de votre part une prise de position et une action effective pour une autre politique de l’immigration. » L’appel est lancé depuis le 2 avril. Pour l’heure, il n’a donné lieu à aucune réponse, indiquent les signataires de la lettre ouverte.
Nouvelle République, 15 avril 2014