[DAL 86] Arnaud et Lydie : OFII, préfecture, Aide Sociale à l’Enfance, Croix Rouge : l’horreur !

Arnaud et Lydie : OFII, préfecture, Aide Sociale à l’Enfance, Croix Rouge : l’horreur !

Lydie 30 ans et Arnaud 15 ans, frère et sœur d’origine congolaise en demande d’asile ont enfin dormi à l’hôtel les nuits de vendredi à samedi et de samedi à dimanche. Soit 23 jours de galère infligée par les autorités, OFII en tête mais aussi par la préfecture, l’Aide Sociale à l’Enfance et la Croix Rouge et avec la complicité du CCAS et de la municipalité… Toutefois, le compte n’y est pas : n’ayant plus qu’une seule nuit, celle de ce soir, ils ne savent pas ce qu’ils deviendront demain et ils doivent encore se débrouiller pour trouver à manger.

Arrivés à Paris le 22 mai dernier, Lydie et Arnaud qui fuyaient la guerre du Congo et l’esclavage en Angola avec tout leurs lots d’horreurs, ont pris le train pour Angoulême. Arrivés dans cette ville un burkinabé avec qui ils avaient sympathisé à la gare leur a dit qu’il fallait aller voir la Croix Rouge pour être pris en charge. Ce qu’ils ont fait. La Croix Rouge d’Angoulême les a informés à son tour que les demandes d’asile s’effectuant sur Poitiers, il fallait qu’ils se rendent dans cette ville. La Croix Rouge d’Angoulême leur a payé un billet de train pour Poitiers et leur a conseillé de faire le 115 en arrivant.

Poitiers 22 mai 16h : Arnaud, qui parle français beaucoup mieux que sa sœur, appelle le 115 et on lui répond qu’il n’y a pas de place. Ils dorment donc dans la rue près de la gare.

Le lendemain, 23 mai, un noir africain rencontré leur dit d’aller à l’OFII, qui est, comme c’est bizarre, à 3 bons km de la gare et du centre ville, 86 avenue du 8 Mai 1945. Ce qu’il font à pied. Rappelons que du fait des sévices qu’elle a subit, Lydie a du mal à rester debout et à marcher… Arrivés à l’OFII, on leur dit qu’aujourd’hui ils ne reçoivent pas de demandeurs d’asile. Arnaud et Lydie disent qu’ils viennent de dormir dans la rue et on leur répond d’appeler le 115. Arnaud et Lydie disent que c’est ce qu’ils ont fait hier et qu’il n’y avait pas de place. On leur a répondu qu’il fallait encore et toujours appeler le 115. Arnaud et Lydie sont donc retournés à pied à la gare soit 3 nouveaux km. Là, quelqu’un les informe qu’il fallait aller à la préfecture. Mais Arnaud et Lydie ne sachant pas où elle se trouvait, et après avoir appelé le 115 et obtenu une réponse négative, ont couché une nouvelle nuit dans la rue près de la gare.

Bien qu’ayant appelé le 115, ils ont dormi quatre autres nuits dans la rue jusqu’à celle de lundi 27 – mardi 28, ce qui fait six longues nuits d’angoisse dans le froid et sous la pluie. Rappelons que nous avons eu un mois de mai très froid : 22 mai : Max 16° Min 8°; 23 mai : Max 13° Min 5°; 24 mai : Max 10° Min 4° ; 25 mai : Max 14° Min 6° ; 26 mai : Max 18° Min 3° ; 27 mai : Max 20° Min 5° ; 28 mai : Max 15° Min 8° ; 29 mai : Max 16° Min 8°, et qu’il a plu tous les jours du 24 au 30 mai avec de fortes précipitations les 24, 27, 28 et surtout 30 mai. De plus, pour couronner le tout, Arnaud et Lydie n’ont pas mangé ni se sont lavés pendant cinq jours ayant seulement un peu d’eau pour boire obtenue auprès de commerçants.

Lundi 27 mai : Arnaud et Lydie vont à pied à la Croix Rouge, qui est, comme c’est bizarre ! à 4 bons km du centre ville, 9 rue Lavoisier. La Croix Rouge leur a donné à manger, a envoyé une fiche de « recueil des informations préoccupante » à l’ASE, Arnaud étant mineur, et leur a donné l’adresse de la préfecture. Et comme le froid avait provoqué un torticolis à Arnaud, la Croix Rouge leur a conseillé de demander des couvertures au 115 s’ils avaient un refus et les a orientés vers le Relais Charbonnier pour qu’ils voient un médecin et qu’ils prennent une douche. Une personne de la Croix rouge les a amenés en voiture au Relais Charbonnier où ils se sont lavés pour la première fois depuis longtemps, ont vus un médecin et ont eu des médicaments. Ils ont aussi vu une assistante sociale. Arnaud et Lydie bien qu’ayant appelé le 115 ont dormi une nouvelle fois dans la rue le soir. Lorsqu’ils ont demandé des couvertures, le 115 leur a dit de venir les chercher au CHUS. Ils ont dormi dehors, sous la pénétrante pas loin du CHUS comme ça le lendemain matin, ils pliaient leurs couvertures, sonnaient au CHUS et les leur rendaient…

Mardi 28 mai : Arnaud et Lydie ont enfin trouvé la préfecture et s’y sont rendus le matin. On leur a donné un rendez-vous pour leur démarches le… 28 juin, soit un mois plus tard ! Arnaud et Lydie leur ont dit qu’ils étaient à la rue mais la personne de la préfecture leur a répondu qu’elle ne pouvaient rien pour eux et leur a donné les adresses du Toit du Monde et de la Croix Rouge.

L’après-midi, Arnaud et Lydie se sont rendus une nouvelle fois à l’OFII où ils ont obtenu un rendez-vous pour le… 19 juin, soit 22 jours plus tard ! Arnaud et Lydie ont encore parlé de leur situation difficile, qu’ils dormaient dans la rue et n’avaient rien à manger. mais l’OFII leur a simplement répondu qu’il fallait appeler le 115 tous les jours. Arnaud et Lydie ont demandé aussi des tickets de bus et l’OFII leur a répondu qu’ils n’en avaient pas. Ils sont donc repartis à pied soit 3 autres km… Ils ont fait la manche et demandé de l’eau aux commerçants du centre-ville. Puis ont appelé le 115 et là miracle, on leur a dit qu’il y avait de la place pour eux. Ils ont eu du pain à manger et des spaghettis et ont pu enfin dormir au chaud et au sec.

Le lendemain mercredi 29, le CHUS leur a donné des tickets pour manger au Relais Charbonnier et ils sont sortis. Lorsqu’ils ont appelé le 115, on leur a dit qu’il n’y avait pas de place pour eux et le 115 leur a donné des couvertures et ils ont dormi pour la septième nuit sous la pénétrante.

Jeudi 30 mai matin : Arnaud et Lydie se rendent au Toit Du Monde qui, après avoir pris des renseignements auprès de la Croix Rouge, fait un nouveau signalement à l’ASE. En effet, puisque Arnaud est mineur et que sa sœur n’est pas son représentant légal, le CHUS dit ne pas pouvoir l’héberger. Et d’un autre côté l’Aide Sociale à l’Enfance refuse car ce n’est pas un mineur isolé et ils ne veulent pas héberger sa sœur. Devant l’impasse et après avoir un nouvelle fois téléphoné au 115 et essuyé un refus, pour ne pas qu’Arnaud et Lydie dorment dans la rue une nouvelle fois, le Toit Du Monde a contacté le DAL86 pour trouver une solution au squat l’Etape. Arnaud et Lydie ont toutefois appelé le 115 et comme ils avaient encore un refus, lorsqu’ils ont demandé des couvertures, on leur a dit qu’ils n’en auraient pas et qu’il fallait qu’ils voient avec l’ASE.

L’après midi 16h15 : arrivée d’Arnaud et Lydie au squat l’Etape. Le ménage est fait dans une pièce au rez-de-chaussée, on trouve des matelas et des couvertures, et comme ils n’avaient pas mangé depuis le bout de pain et les spaghettis de la veille, les habitants du lieu qui n’ont déjà pas assez pour eux-mêmes, les roms les premiers, leur font à manger et leur offrent le café. A partir de ce moment, ils seront systématiquement pris en charge par la communauté jusqu’à ce que certains leur montrent comment se débrouiller pour trouver de la nourriture aux Secours catholique et populaire, avec la maraude, dans les poubelles… Le Dal86 fera un communiqué dans la soirée pour dénoncer cette situation kafkaïenne inadmissible Squat l’Étape : Tous au tribunal d’instance le 31 mai à 10h45 pour soutenir les assignés « De qui se moque-t-on ? Écrivait-on. Il faut que la Croix Rouge et l’Aide Sociale à l’Enfance arrêtent de balader les gens ainsi et de les exposer à de graves dangers. Surtout que l’OFII leur a donné un rendez-vous pour examiner leur situation le… 19 juin et la préfecture le… 28 juin. Vingt-huit long jours et nuits à la rue avant leur rendez-vous à l’OFII et trente sept longs jours et nuits à la rue avant leur rendez-vous à la préfecture, et ce pour un mineur de 15 ans, c’est carrément criminel ! »

Lundi 3 juin : Sur conseil du Dal86, Arnaud et Lydie envoient à la préfète de région par lettre recommandée une demande d’accès à la veille sociale en vue d’un hébergement d’urgence et le Dal8-86 une demande de prise en charge par le dispositif de veille sociale. La Nouvelle République parlera de ce scandale dans son édition du jour : POITIERS Squat de l’Étape : délibéré le 28 juin NR 03-06-13 « Cette adresse [le squat l’Etape] est devenue une sorte de 115 bis, le point de chute des refoulés de l’hébergement d’urgence, ceux qui ne trouvent pas de proposition d’hébergement lorsqu’ils contactent le 115. Ainsi, la semaine dernière, c’est le cas d’une Congolaise et de son frère mineur qui a ému et choqué plusieurs associations. « Ils dormaient sous les ponts de la Pénétrante, raconte la Cimade. Le 115 disait ne pas pouvoir prendre une majeure et un mineur, le service de l’aide sociale à l’enfance disait qu’ils ne prennent que les mineurs isolés et comme il a une sœur majeure, il n’est pas isolé ! On a fini par leur donner l’adresse du squat. » On en parlera même au Conseil municipal du soir quand Maryse Desbourdes interpellera la maire de Poitiers concernant l’assignation au Tribunal administratif qu’il a faite aux habitants du squat : « Je suis intervenue contre les expulsions des squats, CLAEYS ne s’est pas énervé, il a fait sa réponse habituelle, on ne peut pas laisser des gens dans des locaux insalubres et je n’accepte pas que des associations instrumentalisent des gens en précarité, ensuite JF MACAIRE et BERTHIER ont repris la même argumentation. J’ai repris la parole pour leur demander ce qu’ils allaient faire pour ces familles, pour que le 115 réponde positivement aux demandes d’urgences, je n’ai pas eu de réponse. Ils parlent des actions du DAL sans jamais le nommer et se retranche derrière la sécurité pour laisser pourrir la situation. LAMENTABLE ! C FRAYSSE a pris la parole mais s’est fait “vertement ” rabrouée. Le message : ne soutenez pas des associations qui manipulent, elle n’a pas insisté. » SITE DU NPA86Voir l’article de fond de Centre presse du 7 juin : Les familles de Roms sont-elles instrumentalisées? Centre Presse 07-06-13

Mardi 4 juin : Sur conseil du Dal86, Arnaud et Lydie, prennent un avocat en vue de faire un référé liberté. L’avocate sera en contact étroit avec le Toit Du Monde. Personne ne voulant qu’Arnaud et Lydie soient séparés, Arnaud risquant d’être placé et Lydie d’être prise en charge au CHUS, leur équilibre psychologique risquant d’être très affecté.

Vendredi 7 juin : article de Centre presse : Les familles de Roms sont-elles instrumentalisées? Centre Presse 07-06-13 « Alain Claeys s’adressant à Maryse Desbourdes: « Arrêtez d’emmener les gens dans des lieux dangereux! ». Cette dernière rappelle pourtant l’histoire de cette Congolaise et de son frère mineur: « Ils dormaient sous la pénétrante la semaine dernière. Faute de place dans un hébergement d’urgence, les associations ont donné l’adresse du squat ». Pour l’élue du NPA, un toit c’est mieux qu’un pont. « Et vous Monsieur le maire, vous dormiriez sous un pont? » »

Mercredi 12 juin : Le Toit Du Monde appelle une Assistante Sociale de la Maison De la Solidarité et conseille à Arnaud et Lydie d’aller la voir. Entretien constructif, l’AS en réfère à son chef et à l’ASE. On sent que ça va bouger…

Jeudi 13 juin : quand ils ont appelé le 115 à 16h18, on a dit à Arnaud et Lydie qu’il fallait qu’ils aillent de suite à l’OFII. Ils y sont allés à pied et y sont arrivés vers 17h30. On leur a dit de repasser le lendemain. Lorsqu’Arnaud et Lydie ont dit qu’ils étaient venus à pied (soit 6 km aller-retour!) et que le lendemain ce serait pareil (soit 6 autres km aller-retour!) l’OFII a appelé Vitalis qui n’a pas voulu leur donner de tickets…

Vendredi 14 juin : Arnaud et Lydie sont repartis à l’OFII à pied le matin. Ils sont arrivés à 11h devant l’OFII et ont attendu 14h30, l’heure de leur rendez-vous, pour entrer. Ils sont reçu et alors qu’il étaient en train d’expliquer leur situation, le Toit Du Monde les appelle sur leur portable et leur demande s’ils ont des nouvelles de leur avocate. Et là, la personne qui les reçoit devient inquisitrice et semble même se fâcher. Mais qui vous a donné ce téléphone ? Le Dal, répond Arnaud. C’est quoi cette histoire d’avocat ? Pourquoi vous êtes allés si vite ? Elle a ensuite demandé de lui passer le téléphone pour parler au Toit du Monde. Après, l’interrogatoire inquisiteur a continué. Où est-ce que vous couchez ? Au squat l’Etape, répond Arnaud. Mais c’est dangereux leur dit-elle. Ce qu’elle répétera à l’Assistante sociale qui a appelé : ce n’est pas prudent de dormir dans le squat, lui a-t-elle dit. Ce à quoi l’assistante sociale a répondu que c’était mieux que de dormir dans la rue. Après, ils se sont bougés. Ils ont appelé les services, ont obtenu un rendez-vous à la préfecture pour le 20 juin, ont trouvé l’hôtel jusqu’à dimanche Et leur ont donné un nouveau rendez-vous lundi 17 juin à 9h30. Ils ont aussi donné 4 tickets de bus, 2 pour revenir au centre-ville et 2 pour y aller lundi…

Alors qu’il y avait un mineur en grand danger, du 22 mai au 14 juin il s’est écoulé 23 jours durant lesquels rien ou presque n’a été fait. Pire, la prise en charge, limitée et partielle rappelons-le puisqu’ils sont à l’hôtel seulement trois nuits et n’ont pas à manger, est intervenue 15 jours après que la Croix Rouge, le Toit du Monde et le Dal aient tiré les sonnettes d’alarme. Dans un précédent communiqué nous faisions l’hypothèse que les mauvais traitements infligés aux migrants : l’expulsion des squats, l’indignité et les carences du CHUS, l’impuissance du SIAO, le défaussement du social sur le caritatif, – nous pourrions rajouter maintenant les rendez-vous lointains, le dépaysement des administrations et associations d’aide et le fait de se renvoyer la balle entre institutions – mais aussi la violation des droits élémentaires des personnes, les discriminations, les procédures administratives ubuesques et les « dysfonctionnements » des services de la préfecture, le torpillage des associations de soutien et d’accompagnement, la désactivation des services sociaux… participe à l’entreprise de dissuasion et d’intimidation des migrants et autres indésirables. Le but des autorités (préfecture-mairie-conseil général) étant, au mieux, de ne pas faire un appel d’air, au pire de passer la patate chaude.

L’histoire d’Arnaud et Lydie est emblématique. L’inhumanité de cette entreprise de dissuasion et d’intimidation des migrants et autres indésirables, même si elle est connue des associations de soutien, n’est apparu jamais aussi clairement à la vue de tous que dans leur dossier.

Vu le traitement lamentable de ce dossier, nous exigeons que Lydie et Arnaud soient pris en charge TOTALEMENT et de manière CONTINUE. Nous exigeons qu’ils ne soient pas séparés, il faut arrêter les dégâts !

Nous exigeons que les autorités (et leurs sbires) arrêtent IMMEDIATEMENT leur entreprise de dissuasion et d’intimidation des migrants et autres indésirables. Halte aux traitements dégradants et inhumains. Respect des lois et de la dignité des personnes !

Annulation des procédures d’expulsions des squats – Un logement pour tous !

Annulation des procédures d’expulsions – Régularisation de tous les sans papiers.

Nous ne lâcherons rien !

Vu sur Dal 86, 16 juin 2013

[Turquie] Terreur répressive à Istanbul

Terreur répressive à Istanbul

Message d’Istanbul, nuit du 15 au 16 juin 2013 aux alentours de minuit :

Aujourd’hui, suite au discours extrêmement sectaire, violent et mensonger du premier ministre Recep Tayyip Erdoğan à Ankara, la police a commencé à attaquer vers 21 heures des milliers de personnes qui dînaient Place Taksim et au Parc Gazi. Il y avait des enfants de 4 ou 5 ans, des mères et des personnes âgées lors de k’attaque à coups de gaz lacrymogènes et de canons à eau. Selon les rapports, la police n’a pas autorisé les journalistes à faire leur travail ou à prendre des photos Parc Gezi.

http://juralib.noblogs.org/files/2013/06/108.jpgEnfants victimes de la terreur policière, Istanbul nuit du 15 au 16 juin

La police a aussi attaqué à coup de canons à eau les manifestants qui se sont réfugiés dans le célèbre hôtel Divan qui leur avait ouvert ses portes. Les gens disent qu’il y a des milliers de blessés dans l’hôtel. Les gens ont formé une chaîne humaine devant l’hôtel pour empêcher une attaque policière. Un autre rapport dit que les gens ne peuvent pas quitter l’hôtel parce que la police arrête tous ceux qui en sortent.

D’autres rapports indiquent que la police à fait fermer le métro et les liaisons par bateaux entre l’Europe et l’Asie pour empêcher que les gens viennent se joindre aux manifestations.  Il y a beaucoup d’enfants disparus, ou d’enfants qui ont été séparés de leurs familles. Les manifestants affrontent la police à Sıraselviler, Cihangir, Harbiye, et probablement autour de Dolmabahçe et Maçka. Ce qui se passe cette nuit est d’une brutalité inouïe, une véritable sauvagerie. C’est une sale guerre où seul un camp est armé. C’est de la terreur d’Etat.

Toujours vers minuit : Des témoignages de manifestants rapportent souffrir de brûlures après avoir été arrosés par des cannons à eau… à se demander ce qu’ils mettent…

http://juralib.noblogs.org/files/2013/06/136.jpgBrûlures aux jambes suite aux tirs d’eau par la police (Istanbul, nuit du 15 au 16 juin)

Message reçu vers 2 heures du matin :

Je vais bien, mes amis aussi, du moins ceux que j’ai pu joindre. Istanbul vit un enfer. Ils cherchent à tuer la ville, la voie de sa population. La situation est terrible. La police a attaqué le parc alors qu’il y avait des milliers de personnes, dont des centaines de jeunes enfants, des personnes âgées, des handicapés et des animaux sans défense. Les gens ont été gazés sans pitié. Des centaines de personnes se sont réfugiées à l’Hôtel Divan, qui a toujours ouvert ses portes aux manifestants. C’était l’enfer. Le gaz entrait dans l’hôtel en même temps que les manifestants. On nous a dit d’aller en salle de conférence en bas des escaliers. Il y avait beaucoup d’enfants et beaucoup de personnes blessées. C’était terrible. Des scènes comme dans un film d’horreur. C’était difficile de respirer, nos peaux nous brûlaient, il faisait très chaud, nous suions comme des fous, les gens pleuraient, s’évanouissaient, vomissaient, appelaient à l’aide… Après une heure et demi, on nous a dit qu’il était sur de fuir vers Harbiye. Nous sommes passés devant des centaines de policiers et beaucoup de véhicules de combat en marche vers Nisantasi. Les gens sont descendus dans les rues contre cette barbarie, criant des slogans et tapant des casseroles. Deux de mes tantes étaient dans la rue, trempées, suite aux tirs d’un canon à eau ; elles ont la soixantaine bien passée et ont été jetée contre le mur par l’eau. Comme d’autres jours avant, Kizilay, le croissant rouge turc, refusait de transporter les blessés, et des sources très fiables (des docteurs) m’ont rapporté les faits. Les docteurs d’un petit hôpital privé ont dû payer une compagnie privée pour faire transporter une personne gravement blessée qui a pu ainsi survivre. C’est un scandale. Nous vivons dans un Etat policier. La police a arrêté 49 avocats en investissant le Palais de Justice l’autre jour. Maintenant ils essayent d’arrêter tout docteur ou toute infirmière qui aide les manifestants blessés. Le gouvernement et le gouverneur d’Istanbul continuent de parler de “groupes marginaux”. Le masque de la démocratie et de l’État de droit est tombé dans ce pays. Priez pour nous et diffusez l’information.

Solidarité ouvrière, 16 juin 2013 – 6h30

Vu sur le Jura Libertaire, 16 juin 2013

NdPN : voir aussi cette dépêche AFP.

[Bussière-Boffy – 87] Pour la cour d’appel, les yourtes devront être démontées

Le jugement du procès en appel des habitant-e-s des yourtes de Bussière Boffy (relaxé-e-s en décembre 2012) est tombé. La cour d’appel de Limoges a tranché en faveur du maire ! Les yourtes devront être démontées, le terrain remis en état sous trois mois, sous peine de 75 euros d’astreinte par jour de retard. Pour les habitant-e-s, qui n’emmerdent personne, et tous leurs nombreux soutiens, c’est l’incompréhension et la consternation face à l’acharnement de ce maire.

Nous sommes face à des autorités qui font tout pour empêcher les gens qui le souhaitent de vivre tout simplement autrement, qui aspirent à une vie plus en accord avec leurs aspirations et essayent de s’en sortir en-dehors du cadre d’un consumérisme stérile ou du salariat. Tout est fait pour contraindre à travailler dans un boulot de merde, payer un logement de merde, vivre une vie de merde, nous contraindre à ramper.

Voilà qui ne fait que renforcer notre détermination à en finir avec ce système de domination. Il n’y a pas d’en-dehors, et aucune alternative ne peut se pérenniser sans s’inscrire dans une dynamique de lutte plus globale. Rendons coup pour coup, organisons-nous.

Pavillon Noir, 16 juin 2013

PAVILLON NOIR CHANGE D’ADRESSE MAIL

Cher-e-s lectrices et lecteurs, cher-e-s camarades et ami-e-s, vous l’avez peut-être constaté : nous connaissons depuis plusieurs mois de gros soucis sur notre boîte mail, devenue quasi-inutilisable. Non seulement tous vos contacts ont été effacés à deux reprises suite à un changement d’hébergeur, mais vos courriers ne nous parviennent plus. Vous nous le dites régulièrement à l’occasion de diffusions du Monde Libertaire, rassemblements, manifs, actions… Nous nous sommes finalement résolus à changer d’adresse mail, en choisissant riseup.

Pour nous envoyer vos contributions, vos infos, vos propositions, mais aussi vos engueulades et mises au point qui nourrissent notre réflexion collective (et nous rencontrer autour d’un verre si vous ne nous connaissez pas encore !) voici donc notre contact :

fa86 [arobaz] riseup [point] net

A vos calepins les copin-e-s !

Merci beaucoup pour votre soutien fraternel, qui donne la patate et dans lequel ce modeste petit blog anarchiste d’analyses et d’infos poitevines trouve toute sa raison d’être.

Vive la solidarité, vive l’anarchie !

pavillon noir

Pavillon Noir, 15 juin 2013

Nantes antifasciste : une mise au point s’impose

NdPN : un texte des camarades antifa de Nantes, dont l’analyse pertinente dépasse largement le contexte nantais.

Nantes antifasciste : une mise au point s’impose

Nous, collectif antifasciste nantais tenions à réagir :

Non un antifasciste et un néo-nazi ne sont pas comparables.

Non nous n’acceptons pas de subir la répression du pouvoir socialiste

Non nous n’acceptons pas une réponse ponctuelle face à une menace réelle

Non, la marche des fiertés n’est pas uniquement le lieu d’expression du capitalisme, du consumérisme et de la caricature.

1- Assimilation piège à con

« Ces groupuscules extrémistes – d’extrême gauche, comme d’extrême droite – sont un danger« , J-F Copé, Président de l’UMP.

« Cette profanation [de la Cathédrale de Nantes recouverte pas des tags néo-nazis et homophobes] succède à l’attaque d’une librairie catholique nantaise », Christian Bouchet responsable Front National à Nantes cité par 20minutes.

« La devanture d’une librairie catholique a également [comme la Cathédrale de Nantes] fait l’objet de dégradation », article de Novopress (site de propagation des idées du Bloc Identitaire) cité par RTL.

Depuis jeudi dernier, et le décès de notre camarade Clément Méric, nous assistons, partout, à de nombreuses comparaisons insupportables, à des assimilations nauséabondes. Tout cela a débuté par le renvoi dos à dos des « extrêmes », des militants des JNR et des militants de l’Action Antifasciste Paris Banlieue. Des fascistes et des antifascistes. Ces propos sont simplement révisionnistes, ils nient l’histoire des fascismes. On ne peut mettre dos à dos les idéologies fascistes, racistes, homophobes, xénophobes, nationalistes, et les courants qui militent pour la tolérance, l’Égalité, la Liberté. L’extrême droite est historiquement et politiquement intrinsèquement violente.

Les médias en sont à se demander si ce n’est pas notre camarade qui est à l’origine de sa propre mort. Nous en sommes au point où réagir à la présence de néonazis, connus en tant que tel, par des militants mais aussi par la police et la justice, paraît incroyable. Ne faudrait-il pas plutôt se scandaliser par l’absence de réactions des autres participants à la vente ? Est-il devenu normal d’afficher ses idées fascistes aujourd’hui, en France ?

Nous pensons, naïvement, que l’antifascisme reste l’affaire de tous.

 Cette banalisation des idées de haine conduit à d’autres assimilations, du même niveau intellectuel. Dans la nuit de vendredi à samedi (7-8juin) la Cathédrale de Nantes a été vandalisée. Même si nous n’avons pas toutes les informations, nous savons que des tags à caractère néonazi, anti mariage pour tous et sataniques y ont été découvert. Nous ne nous attarderons pas à expliquer pourquoi un antifasciste ne peut être responsable d’un tag nazi. Nous préférons relever la comparaison, relayée par certains médias, faite avec le tag qui a recouvert une « librairie catholique ».

Lors de la manifestation en hommage à Clément du jeudi 6 juin, un slogan avait été peint sur la vitrine de la librairie d’extrême droite Dobrée. Nous l’assumons. Nous refusons l’amalgame honteux entre la dégradation d’un lieu de culte et un acte politique ciblant une place forte de l’idéologie identitaire à Nantes. En effet, la libraire Dobrée, diffuse un stock non négligeable de « livres » plus que douteux (intégristes, réactionnaires, royalistes…) qui sont le terreau culturel des militants d’extrême droite. La librairie accueille des « auteurs » tels que Marion Sigaut, Johan Livernette, Jehan Morel ou Alain Soral adeptes, entre autres idées xénophobes, du complot « judéo-maçonnique » et membres d’égalité et réconciliation, un groupuscule d’individus « rouge-brun » antisémites. Il est insultant pour les catholiques nantais -qui n’ont rien demandé- d’être assimilés à cette librairie d’extrême droite. Ce sont les idées véhiculées (entre autres) par ce type de local qui ont tué Clément. De fait, l’inscription « justice pour clément » sur la vitrine de cette enseigne fasciste est un acte politique assumé, qui ne saurait être assimilé aux absurdités commises au sein de la cathédrale nantaise.

2- Le Parti Socialiste déclare, les antifascistes militent

«Nous ne laisserons pas des groupuscules, mettre en cause la volonté d’hommes ou de femmes, de se marier», Manuel Valls, ministre de l’intérieur.

«Rien ne devra entraver la marche de la République vers l’égalité », Harlem Désir, Premier secrétaire du Parti Socialiste.

Et pourtant… Depuis le dépôt du projet de loi du « mariage pour tous », les homophobes défilent. Il n’est pas utile de rappeler les innombrables déclarations homophobes, intégristes, fascistes, entendues lors des rassemblements des opposants à cette loi. Mais, pire encore que des défilés, ils prient dans la rue dans la complaisance la plus totale des autorités, au prétexte de la liberté d’expression. Depuis des mois nous nous opposons frontalement, et sans violence, à ces « veilleurs » qui n’hésitent pas à brandir des banderoles comme « Antifas agresseurs » au lendemain de la mort de Clément Méric et à effectuer des saluts nazis, tout cela autour de quelques bougies.

Ce silence politique entraîne une radicalisation certaine, une mise en confiance des fascistes et, logiquement, une libération des actes. Est-il besoin de rappeler les agressions homophobes (Lille, Bordeaux, Lyon…), racistes (Toulouse, hier encore à Reims) et finalement la mort de Clément ? La rue est abandonnée par ceux-là même qui prétendent se battre pour l’égalité et le refus de la violence. Mais, en plus d’être les seuls à combattre au jour le jour l’extrême droite, les militants pour l’égalité (LGBT, féministes, antifascistes…) sont réprimés dans l’indifférence la plus totale. Dans le même temps; les militants homophobes se permettent de gazer les forces de l’ordre sans aucune réaction de la part de ces derniers (cela a été le cas lors de l’envahissement de la gare par la « manif pour tous » à Nantes).

Après une manifestation contre l’homophobie, à Nantes, ces dernières semaines, un camarade a passé deux jours en prison après avoir été violemment interpellé pour que finalement, grâce à la mobilisation des antifascistes et des témoignages d’habitants, le tribunal reconnaisse que les policiers avaient menti pour le faire condamner (ce n’est que la troisième fois pour l’un d’entre eux). Un camarade a été violemment interpellé sans raison dans la rue, hors de tout contexte politique, par des policiers qui l’ont blessé. Il s’est vu notifier 45 jours d’ITT. Après la manifestation en hommage à Clément du 8 juin, des manifestants ont été interpellés alors que le défilé s’était déroulé dans une ambiance dynamique mais non violente. Et la liste est longue…

Les militants du mouvement social sont continuellement réprimés, harcelés, blessés par la police. Dès lors, comment s’étonner de voir le Parti Socialiste accusé de récupération lorsqu’il retrouve le chemin de la rue pour pleurer un militant qu’ils ont, sciemment, abandonné à sa lutte ?

3- Dissolutions : tout sauf une solution

Non seulement le pouvoir en place déserte le champ de la lutte, mais il refuse de répondre politiquement aux récents événements. Concrètement, le Parti Socialiste se contente de demander la condamnation des coupables et la dissolution des JNR, qui ne sont que le service d’ordre du mouvement « Troisième Voie ». Il refuse d’analyser et de répondre politiquement à ce drame, de comprendre les causes plutôt que de simplement traiter les conséquences. La dissolution n’aura comme seul impact que la possibilité pour ces fascistes de se refaire une virginité politique sans que cela nuise à leurs activités. Cela a été le cas de nombreux membres du groupuscule nazi Unité Radicale, dont on retrouve des membres dans les groupes identitaires ou au FN (c’est le cas du responsable nantais C. Bouchet).

Nous ne pouvons accepter une dénonciation de l’extrême droite et, simultanément, l’organisation d’une gigantesque rafle de sans papiers à Barbès, au moment même où un rassemblement en hommage à Clément était organisé. L’antifascisme est d’abord un combat politique, la défense de l’égalité, des libertés, l’affirmation d’une alternative économique et sociale. La politique libérale actuellement menée ne peut conduire qu’à l’exacerbation des tensions, qu’à la désignation de boucs émissaires. L’injustice sociale est le terreau idéal pour le développement de l’extrême droite, de ses idées et de ses modes d’actions, de sa violence verbale et physique.

4- Marche des fiertés : un cortège revendicatif

Samedi 15 juin aura lieu la « Marche des fiertés » à Nantes. N’oublions pas l’origine de ce rassemblement, le choix de la date, toute sa symbolique. N’oublions pas Stonewall, ces émeutes homosexuelles en 1969, qui préfigurent les Gay Pride. Les antifascistes nantais s’associent pleinement à la démarche de plusieurs organisations qui vont se réunir au sein d’un cortège revendicatif. Nous refusons de laisser cette manifestation se résumer à une expression du capitalisme, du consumérisme et de la caricature.

Samedi 15 juin rendez-vous

13h30 Cours des 50 Otages

Autour des drapeaux rouge et noir ! 

Action Antifasciste Nantes – nantesantifasciste@gmail.com

Vu sur La Horde, 14 juin 2013