[Poitiers] Grand apéro citoyen contre la LGV Poitiers-Limoges

NdPN : Une erreur s’est glissée dans ce texte, le lieu du rassemblement se situe 11 place de France et non 11 place de Provence.

A tous les adhérents et sympathisants de NON à la LGV Poitiers-Limoges

Vous avez réagi à l’agression du projet de LGV Limoges-Poitiers. Avec nous, vous avez engagé le combat contre cette absurdité. Après plusieurs années, malgré les désaveux des commissions parlementaires chargées de réfléchir sur le bien fondé d’un tel projet, celui-ci aborde la phase de l’enquête publique.
Si l’on s’en réfère à la commission mobilité 21, chargée de classer les investissements de transports, il est plus que probable que l’état et les collectivités n’auront pas les moyens d’engager des fonds sur cet équipement qui ne sera jamais « rentabilisable ». A l’issue de l’enquête publique les riverains de ce projet de ligne risquent de se voir confisquer la jouissance de leurs biens et vivre avec cela pour de nombreuses années.

Certains de nos élus nous ont engagé dans cette impasse et nous avons besoin de vous tous pour les mettre devant leur responsabilité.

Vendredi soir 24 mai, à 18 h, nous allons tous rendre visite à notre députée Mme Coutelle à sa permanence, 11 place de Provence à Poitiers.

Nous lui avons déjà écrit comme vous pouvez le voir sur notre site http://non-lgv-poitiers-limoges.fr/wp/ mais pour que nous soyons audibles, il est indispensable de retrouver des manifestations de masse afin que les médias se fassent écho de nos problèmes.

En cette fin de semaine prenons 1h de notre temps pour engager la discussion publique sur ce projet absurde. Nous ferons cela dans la convivialité, chacun apportera un petit quelque chose pour partager :

Un grand apéro citoyen sans alcool vendredi 24 mai à 18h

Amenez vos amis, nous comptons sur votre engagement au côté des riverains

Bien amicalement, pour NON à la LGV-Poitiers-Limoges

reçu par mail, 18/5/2013

Le Monde Libertaire n°1706 (du 16 au 22 Mai 2013)

NdPN : Le Monde Libertaire hebdo est sorti aujourd’hui en kiosques, comme tous les jeudis. Un bon cru ! Exceptionnellement, vu que nous partons en congrès annuel de la Fédération Anarchiste ce week-end, nous ne pourrons en laisser un exemplaire au Biblio-Café que mardi prochain. Cela dit, trois articles sont d’ores et déjà en ligne (voir le sommaire ci-dessous). Bonne lecture !

Le Monde Libertaire n° 1706 (du 16 au 22 Mai 2013)

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«Combien de crimes ont été commis simplement parce que leur auteur ne pouvait supporter d’avoir tort.» – Albert Camus

Sommaire du Monde Libertaire n°1706 (du 16 au 22 Mai 2013)

Actualité

La Berezina des retraites, par G. Goutte, page 3

Météo syndicale, par J.-P. Germain, page 4

À morale, morale et demie, par R. Constant, page 5

Chronique néphrétique, par Rodkol, page 6

La gauche bien sage de Mélenchon, par Daniel et Jérôme, page 7

Arguments

Patrie, fausse amie, par le groupe Orwell, page 9

Pour faire des monstres, par N. Potkine, page 11

International

De la peine de mort, par P. Schindler, page 14

L’Espagne au sang chaud, par R. Pino, page 14

Une forme de guerre, par P. Sommermeyer, page 15

Expressions

L’usage des armes, par A. Bernard, page 16

Portrait d’Arendt, par M. Topé, page 18

Un manuel des gauches, par S. Moulis, page 19

Révolution et intellectuels, par C. Margat, page 20

Mouvement

Le congrès, la radio et la vie du mouvement, page 21

L’agenda noir et rouge, page 23

Illustrations

Aurelio, Kalem, Krokaga, La Sala, Clément Schovaert, Nemo

Editorial

Les populations mondiales sont victimes des diktats de l’Union européenne, du FMI ou des deux à la fois. Ces organismes lointains, exempts de tout contrôle populaire, ont su construire une utopique « réalité » économique néolibérale visant à la primauté des riches et des lois du marché. Le projet officiel est de mettre fin à la « crise » et, pour cela, d’apurer la dette des pays auprès de banques qui, par leurs cupides bévues, sont elles-mêmes à l’origine de la fameuse crise. Les recettes sont criminellement simples : baisse des salaires, diminution des charges aux entreprises compensée par l’augmentation des TVA, élimination des lois garantissant emplois et salaires, réduction drastique des dépenses publiques, abandon des services publics au privé, bref faire payer les bourdes des banques et des riches à ceux qui n’ont rien ou presque rien. Autant de vilenies hypocritement baptisées réalisme, austérité, réformes courageuses. Et les journalistes tout dévoués, et les experts de tout poil d’ânonner en chœur que « la rigueur n’est pas un choix », qu’« il faut réduire la dépense et ce de manière radicale ». Par la grâce du storytelling, « un mensonge mille fois répété devient réalité ». À peine si quelques voix discordantes, évoquant un « naufrage avéré de la construction européenne », une « Europe vraiment à l’agonie », viennent troubler ce fétide rabâchage tandis que les populistes de droite ou de gauche prônent le retour aux protectionnismes. Pour sa part, notre confrère Fakir, dans son numéro du 18 avril, appelle carrément à la banqueroute et ses analyses ne manquent pas de pertinence. De Sully à Poincarré en passant par Louis XV, le « défaut de paiement souverain » n’a-t-il pas de tout temps permis aux décideurs de désendetter le pays ? D’autre part, actuellement, tous les pays qui se sont inclinés devant les injonctions du FMI et de l’UE – France, Espagne, Ghana, Corée du Sud et surtout Portugal et Grèce – ont vu augmenter chômage, pauvreté et dette même, alors que les pays courageusement banqueroutards – Argentine, Malaisie avant les récentes élections, Islande –, en s’asseyant sur ces directives meurtrières, ont diminué leur taux de chômage et relancé la consommation. Preuve que tant que la révolution n’est pas effective, priorité reste à la préservation coûte que coûte des acquis sociaux. C’est pas le moment d’écouter le chant des sirènes des partisans de l’auto-entreprise si douce au patronat ou de la marginalisation dans son coin, mais plutôt de retrousser les manches et de faire tonner la voix de la rue, la seule que redoutent les vide-gousset politiques et financiers. Sous peine que la Grande Muraille de Chine ne soit pas assez longue pour y taguer en entier la liste des cons.

[Civaux – 86] Monstrueux convoi pour la centrale nucléaire

Un convoi exceptionnel pour la centrale de Civaux

Parti de Creil, ce convoi hors-normes de près de 500 tonnes devrait rallier Civaux vendredi après-midi. A la vitesse de 40 km/heure.

Le convoi exceptionnel transporte un rotor d’alternateur.

L’unité numéro 2 de la centrale de Civaux est en arrêt pour maintenance depuis plusieurs semaines et les différents contrôles techniques ont permis d’observer une défaillance du rotor de l’alternateur qui participe à la fabrication de l’électricité. Conclusion : il faut le changer, et ça n’est pas si simple qu’il y paraît. En effet, la « pièce » à remplacer pèse 250 tonnes à elle seule, et arrive de Creil dans l’Oise. Pour transporter ce rotor à dos de camion, il faut encore le poser dans un sarcophage qui monte le poids total à 275 tonnes ! Après avoir parcouru 400 km en cinq jours, sur une remorque de 128 roues tractée et poussée par deux monstres de 600 CV chacun, le convoi exceptionnel de 457 tonnes devrait arriver à Civaux vendredi, en fin de journée.

« Nous effectuons environ 400 transports de ce type au profit des centrales », explique l’un des membres de l’Agence logistique nationale (dépendant de l’Unité logistique et maintenance d’EDF) qui assure le transport. Le convoi est exceptionnel par son poids qui « nous oblige à n’emprunter que des axes autorisés et même prévus pour cela ». Il faut environ 6 mois de préparation (avec les préfectures et les collectivités traversées) pour obtenir l’arrêté préfectoral valable 6 mois. Les 7 personnes qui constituent l’équipe sont polyvalentes et conduisent aussi bien la voiture ouvreuse (chef de convoi) que les deux puissants camions qui encadrent la remorque : « L’un tire la remorque et l’autre la pousse ou la retient selon la configuration de la route, ce qui nécessite une parfaite coordination entre les deux chauffeurs, d’ailleurs reliés en permanence par radio ». Vitesse de pointe : 40 km/h.

Un parcours semé d’embûches

A Orléans, c’est l’alimentation électrique du tram qui a dû être interrompue le temps du passage. En Indre-et-Loire, l’autoroute a été coupée quelques instants, là c’est une ligne de chemin de fer qui sera traversée… Au nord de Poitiers, des travaux sur un pont obligeront le convoi à effectuer un contournement. Ce n’était pas prévu, mais les experts du convoi savent s’adapter.

De notre bureau d’Orléans

Nouvelle République, 16 mai 2013

[86] Center Parcs : opération juteuse… pour qui et sur le dos de qui ?

Center Parcs : le projet est désormais irréversible

Claude Bertaud, le président du conseil général de la Vienne, a signé ce matin les contrat avec les banques et le le groupe Pierre&Vacances pour le financement et la location-vente des équipements collectifs du futur Center Parcs (dont l’espace aquatique, vitirine emblématique de ces villages vacances), pour un montant de 138M€ (dont 68M€ d’emprunts). Le partenariat est désormais irréversible et les acteurs du projet n’ont eu de cesse de se féliciter au cours de la signature officielle. Une seule ombre à ce tableau idyllique : comment concrétiser en espèces sonnantes et trébuchantes la promesse de participation de l’État faite par Nicolas Sarkozy en novembre 2011 et toujours pas finalisée ?

Dépêche Nouvelle République, 15 mai 2013

***

La palme touristique est attribuée à Center Parcs

C’est signé. Les collectivités vont engager 138 M€ pour construire les équipements collectifs du futur Center Parcs. Toutes s’en félicitent.

Il ne manquait que le tapis rouge sur les marches du conseil général, hier matin, pour se croire au Festival de Cannes. Comme s’ils avaient décroché la palme, les acteurs du projet de village vacances Center Parcs n’ont pas cessé de s’envoyer des remerciements au moment de signer les deux contrats qui scellent le sort du projet : celui du financement bancaire et celui de la vente par anticipation des équipements collectifs.

> Qui paye quoi ? C’est le nœud du dossier, qui a nécessité 33 mois de négociations. Côté privé, le groupe Pierre & Vacances finance tout seul la construction des 800 cottages que comptera le village vacances, « pour 200 à 220M€ », explique le président du groupe, Gérard Brémond. Côté public, la société anonyme (SAEML) montée par les collectivités locales, le conseil général en tête et en majorité, suivi par la Région et la Caisse des dépôts, va financer la construction des équipements collectifs, dont l’espace aquatique, fleuron du projet, pour un total de 138 m€. Un groupe de huit banques a été constitué pour accorder un prêt de 68M€ à la SAEML, dont 50 % sont garantis par le conseil général. La SAEML récupérera sa mise de fonds grâce au loyer. > Combien ça coûte au contribuable ? « Rien du tout, assure Claude Bertaud. L’essentiel de notre participation provient de la vente des parts du Futuroscope. » L’opposition, si elle soutient le projet, est un peu plus réservée sur ce point. « On devait s’engager pour 20M, finalement ça sera près de 50, note le socialiste Jean-Daniel Blusseau. Les conséquences pour les finances du Département d’ici cinq ans ne sont pas claires, même si le président a déclaré que pas un centime de plus ne serait dépensé dans ce dossier. » > Ça rapporte quoi ? Un projet à plus de 300M€, c’est évidemment une aubaine pour les entreprises locales qui se sont constituées en groupements pour accéder au marché. C’est aussi une promesse de 600 emplois directs dans le village, dont 85 % d’embauche locale. En période de chômage record, c’est la carotte après laquelle tous les politiques courent. Attention, toutefois, à ne pas financer n’importe quel recrutement. « L’État sera très attentif à ce qu’un maximum de ces emplois soit à temps plein », a prévenu la préfète.

en savoir plus

Qui va tenir la promesse de Sarkozy ?

Une ombre au tableau idyllique dressé par les protagonistes du projet de Center Parcs : comment concrétiser la promesse faite en novembre 2011 (en pleine période électorale) par l’ancien président de la République selon laquelle l’État apportera 15M€ ? A quel titre, sur quel budget, dans quel ministère ? La préfète, Élisabeth Borne, a bien rappelé que l’État s’est engagé et le restera pour que le projet soit mené à son terme. Mais en se gardant bien dire où sera prélevée cette somme et en invitant les partenaires, Pierre & Vacances, la Caisse des dépôts, la Région, le Département, etc., à trouver quels leviers pourraient être utilisés. A vot’bon cœur messieurs dames ?

la phrase

« Hier soir, en lisant le livre de Madame Royal sur le courage, je me suis dit que Claude Bertaud aurait mérité qu’elle lui consacrât un chapitre. ».

Le sénateur Jean-Pierre Raffarin a évidemment soulevé les rires de son auditoire, en saluant ainsi l’activité du président du conseil général en faveur du dossier du Center Parcs, hier matin, à l’occasion de la signature officielle des contrats avec les banques et avec l’entreprise Pierre & Vacances.

Philippe Bonnet, Nouvelle République, 16 mai 2013

 

[Lyon] La France construit sa politique anti-Roms sur des cadavres

La France construit sa politique anti-Roms sur des cadavres

Dans la nuit du 12 au 13 mai, un incendie a ravagé une usine désaffectée de Lyon, où vivaient 200 Roms. Bilan : trois morts. Pour des « raisons de sécurité », l’électricité avait été coupée quelques jours auparavant, obligeant les habitants à s’éclairer à la bougie. Face à la souffrance des familles endeuillées, Manuel Valls n’apporte aucun réconfort. Et promet de continuer sa politique de démantèlement et d’évacuation des campements.

Depuis lundi 13 mai 2013, la politique de stigmatisation menée par le gouvernement français contre les Roms ne se chiffre plus seulement en nombre de reconduites à la frontière ou en nombre de destruction de bidonvilles. Elle se chiffre désormais en nombre de cadavres. Beni, un garçon de 12 ans, ainsi que 2 femmes, Pamela et Patrina, sont morts, brûlés vifs, dans l’incendie de l’immeuble dans lequel ils vivaient à Lyon depuis 8 mois.

Il y a quelques jours, en prévision d’une expulsion à venir, la mairie de Lyon, dirigée par le très socialiste Gérard Collomb coupe l’électricité, tenez-vous bien, pour des raisons de sécurité… Les squatteurs ont osé se brancher sur un distributeur de courant et monsieur Collomb craint probablement que des enfants s’électrocutent. Bien lui en a pris, personne n’est mort électrocuté. Il oublie juste que les Roms sont comme nous, ils ont besoin de lumière. Faute de courant, ils s’éclairent donc à la bougie. Et trois d’entre eux en sont morts.

Quelques heures après l’incendie, alors que les pompiers travaillent toujours sur les lieux du sinistre et que de nombreux journalistes sont présents, les familles se regroupent sur la place voisine. C’est toute la communauté rom de Lyon qui vient présenter ses condoléances aux familles endeuillées. Un peu plus tard dans la matinée, des hommes en noir affublés d’oreillettes blanches descendent de grosses berlines. Les journalistes quittent la place et le bruit commence à courir que Manuel Valls arrive sur les lieux du drame. Dans la confusion la plus totale et en évitant soigneusement les familles, Manuel Valls, ministre de l’Intérieur, Christine Taubira, ministre de la Justice, Gérard Collomb, maire de Lyon, Jean-François Carenco, préfet de la région Rhône-Alpes, vont se présenter devant le bâtiment qui fume encore.

Aucun mot, aucun regard

Pas une de ces personnalités qui représentent les plus hautes institutions de la République et élevées dans le sérail des grandes écoles françaises où on n’enseigne visiblement pas la politesse la plus élémentaire, ne va venir présenter ses condoléances aux familles qui attendent à quelques mètres. Les Roms sont-ils dangereux ? Manuel Valls aurait-il peur de femmes et d’enfants tétanisés par la douleur ? Un geste, une parole, un simple regard d’un ministre pour dire aux familles que la République française s’incline devant leur douleur ? Non, rien. Rien de rien. Roms vous êtes, Roms vous resterez.

Au contraire, Manuel Valls, oubliant la souffrance dans laquelle sont plongées les familles endeuillées va réaffirmer le leitmotiv de sa pré-campagne présidentielle, qui est également devenu le fondement de la politique du gouvernement français contre la minorité rom : « Il faut poursuivre le travail de démantèlement et d’évacuation des campements ». « Comme l’a si bien commencé Nicolas Sarkozy », aurait-il pu ajouter. Aucune pudeur, aucune retenue. Alors qu’il a sous les yeux le résultat de plusieurs années d’expulsions à répétition, il répète inlassablement les même paroles et promet la même politique, responsable de la mort de trois personnes. Manuel Valls tient absolument à continuer la chasse aux femmes, aux enfants, aux vieillards. Il tient absolument à les condamner à vivre dans des endroits de plus en plus dangereux. Quitte à ce qu’ils en meurent.

Madame Taubira, qu’on a connue plus inspirée, se contente d’approuver les propos de son « ministre de tutelle », comme si elle n’avait plus aucun rôle politique et humain à jouer après sa loi sur le mariage homosexuel.

Au moment de repartir, Manuel Valls se fait interpeller par un homme. Le ministre refuse de parler à un père et une mère qui sont submergés par la douleur d’avoir perdu un fils, mais il n’hésite pas à venir serrer la main d’un riverain qui demande l’expulsion des familles depuis des mois. Le voisin se plaint de vivre dans des « conditions épouvantables », abandonné de tous (rassurez-vous, il n’a jamais mis les pieds dans le squat, il parle seulement de la vue depuis son balcon). Manuel Valls vient le saluer et tente de répondre à ses critiques. Alors que la discussion s’engage et que les journalistes commencent à enregistrer l’échange, monsieur Carenco, préfet de région, visiblement surexcité, repousse violemment plusieurs d’entre eux afin d’éviter une médiatisation des propos le mettant en cause.

L’ambiance sur la place est lourde

Carenco. Préfet sous Sarkozy, préfet sous Hollande. Préfet pour toujours ? On garde les mêmes pour appliquer la même politique raciste de stigmatisation des étrangers. A Lyon, on gaze les enfants roms (lire ici), on les parque dans des classes ghetto, et on met en garde-à-vue des bébés [1]. En revanche on n’applique pas la circulaire inter-ministérielle censée apportée d’autres solutions que les expulsions. Carenco sera-t-il aussi préfet sous Le Pen ? « Le préfet de région a une grande part de responsabilité… sur le terrain les expulsions se poursuivent malgré la circulaire du 26 août 2012 », accuse le sénateur Guy Fischer (PCF).

Dans l’après-midi, alors que journalistes et politiques sont partis, les proches des victimes attendent que les pompiers sortent les corps du bâtiment. L’ambiance sur la place est lourde. L’odeur âcre de la fumée fait mal à la gorge. Certains espèrent toujours et demandent désespérément s’il est possible qu’il y ait encore des survivants : « Il ne sont peut-être pas morts… ». Alors que la grande échelle s’approche d’une fenêtre afin de permettre à un pompier de prendre des photos, plusieurs dizaines de personnes s’approchent du bâtiment en criant le nom de l’enfant : « Béni, Béni ». Face à ce mouvement de foule, un policier – bien formé à l’école de Manuel Valls – se fait menaçant et sort de son gilet une bouteille de gaz lacrymogène, histoire de montrer aux femmes et aux enfants de quel bois il se chauffe.

Pendant plusieurs heures, les familles sont totalement abandonnées à leur sort. Une femme perd connaissance plusieurs fois. La police municipale, à quelques mètres, reste les bras croisés. Il n’y a aucun médecin, aucun psychologue, aucun soutien.

Nouvelles expulsions

Mardi matin, alors que les corps calcinés de Beni, Pamela et Patrina viennent à peine d’être sortis des décombres fumants de l’immeuble, le préfet Carenco ordonne l’expulsion d’un nouveau squat. Une trentaine de personnes, dont 15 enfants, sont jetées à la rue, sans aucune proposition d’hébergement. Elle dormiront dans la rue, avec des enfants en bas âge, dans les conditions d’insécurité que l’on peut facilement imaginer, avant de retrouver un autre squat, probablement encore plus dangereux et insalubre. Manuel Valls nous expliquera à nouveau qu’il faut les expulser pour leur plus grand bien. Voilà une preuve de plus du discours mensonger du ministre qui, quelques heures auparavant, soulignait qu’il fallait poursuivre les expulsions tout en proposant des « solutions dignes ». Pour Manuel Valls, la rue est plus digne que le cimetière. Je n’en suis pas sûr.

L’extrême droite à de beaux jours devant elle. Après Sarkozy, elle peut compter sur François Hollande, Manuel Valls et les socialistes pour tenir le même discours de haine contre les étrangers et appliquer la même politique discriminatoire et hors la loi contre les Roms. La France profonde applaudit, l’Union Européenne par son silence est complice. Marine Le Pen se frotte les mains. Manuel Valls, lui, ne pense qu’à la présidentielle. Le fait que son chemin soit désormais parsemé de cadavres ne le perturbe pas un seul instant. « Il faut continuer le travail », ose-t-il dire.

Mardi soir, la préfecture du Rhône fait savoir que les expulsions vont s’accélérer dans les jours à venir. La chasse aux Roms est ouverte. La campagne des municipales également.

Manuel Valls prétend que les Roms n’ont pas vocation à s’intégrer en France. En les obligeant à vivre comme des chiens errants à la rue ou à prendre le risque de brûler vifs dans des squats, il est certain d’avoir raison.

Philippe Alain

Lire son blog

Notes

[1] Lire ici

Philippe Alain (vu sur Bastamag, 15 mai 2013)