Tous les articles par Pavillon Noir

[86] Sans-papiers : on peut toujours « attendre »…

des papiers silvouplé, messieurs les expulseurs !

Expulsions : ils interpellent les députés

Le tout nouveau Premier ministre Manuel Valls s’est souvent retrouvé fortement critiqué dans ses propres rangs pour sa politique en matière d’expulsions, alors qu’il était ministre de l’Intérieur.

La Ligue des Droits de l’Homme de Châtellerault et le groupe local de Poitiers de la Cimade viennent de s’en émouvoir auprès des députés de la Vienne. Catherine Coutelle, Véronique Massonneau, Alain Claeys et Jean-Michel Clément, membres de la même majorité, viennent de recevoir une lettre ouverte (lire par ailleurs) de ces deux associations œuvrant auprès des migrants.

«  Rien ne change  »

Elles annoncent le boycott de la réunion prévue demain mardi à Paris à laquelle ils devaient participer une nouvelle fois. « La première fois que nous avons fait cette réunion, c’était il y a deux ans », expliquent Daniel Trillon et Yves Judde. « Nous voulions interpeller nos députés respectifs de la région. On s’est retrouvés à Paris face à des gens qui disaient découvrir les problèmes dont nous parlions. Ils devaient se renseigner. Quand on les a revus, ils en étaient au même point ! On a surtout le sentiment que rien ne change. C’est la continuation de la politique sarkoziste en matière d’immigration. Nous aurions souhaité que nos députés agissent. Ils n’ont rien fait. Donc, on ne viendra pas à cette nouvelle réunion. Qu’ils assument leurs choix s’ils sont d’accord avec la politique menée actuellement. » La dernière circulaire Valls adressée aux préfets en matière de lutte contre l’immigration clandestine fait bondir les associations. Elle date du 11 mars dernier. « Il écrit noir sur blanc : «  Le total des éloignements forcés atteint ainsi son plus haut niveau depuis 2006. Ces résultats encourageants sont la traduction de votre mobilisation qui devra se poursuivre tout au long de l’année 2014.  » »

Révoltés

Plus que tout, c’est le « ni ni » qui les révolte au plus haut point. La situation de ces familles ni expulsables ni régularisables du fait d’aberrations administratives et qui se retrouvent sans rien du jour au lendemain. « Ils se retrouvent à perdre leur travail. Ce qu’ils attendent, c’est qu’ils partent, qu’ils rentrent chez eux. On a des gens qui sont en France depuis une trentaine d’années et qui se retrouvent dans ces situations inhumaines. »

en savoir plus

 » Nous vous avons demandé d’agir pour une autre politique d’immigration « 

La lettre ouverte de la Cimade et de la Ligue des Droits de l’Homme adressée aux députés de la Vienne.
En deux pages, ils ont recensé les situations sur lesquelles les députés pourraient peser efficacement au quotidien : refus implicite des demandes de titre de séjour, refus de plus en plus fréquent de délivrer des autorisations provisoires de séjour pour maladie, exigences préfectorales hors la loi…
« Nous vous avons demandé d’agir pour une autre politique de l’immigration, pour que diminuent très fortement les taxes perçues pour la délivrance des titres de séjour et pour que la politique de la préfecture de Poitiers envers les étrangers change. […] Force est de constater que rien ne change, que tout s’aggrave », écrivent les associations. « Nous ne pouvons accepter qu’un gouvernement de gauche continue dans le discours et la politique sécuritaire de l’époque Sarkozy […] Nous attendons de votre part une prise de position et une action effective pour une autre politique de l’immigration. » L’appel est lancé depuis le 2 avril. Pour l’heure, il n’a donné lieu à aucune réponse, indiquent les signataires de la lettre ouverte.

Nouvelle République, 15 avril 2014

[86] Ici comme ailleurs, les gestionnaires du désastre travaillent

Divers articles de la Nouvelle République d’aujourd’hui illustrent, chacun à leur manière, la façon dont les décideurs politiques et économiques gèrent le modèle de dévastation sociale et écologique qui les nourrit grassement : il leur suffit de se faire passer pour des philanthropes soucieux de notre bonheur, en arrondissant les angles ici et là, quand l’inquiétude légitime des populations, voire la contestation contre leur domination cynique, prennent de l’ampleur. Du palliatif et du rideau de fumée comme spectacles de la dépossession…

lune

Ainsi des maires. L’humble maire de Poitiers, pour exemple, touche 2000 euros par mois pour sa fonction (en plus des indemnités de député, pour rappel notre article à ce sujet), et ses adjoints touchent 1315 euros nets avant impôt. Réunis dans la même personne, on a d’une part un député qui n’hésite pas à donner son accord, avec son parti « socialiste », à la baisse des dotations globales de fonctionnement des communes au niveau national (moins un million pour Poitiers), et un maire qui affirme que la mairie « joue un rôle d’amortisseur social » (la belle formule, tout un programme en soi !) en distribuant les subsides aux structures d’encadrement de la misère (quartiers, écoles, CCAS, culture…)… tout en poursuivant les investissements dans des chantiers juteux pour les entreprises privées du coin. Le tout résumé en préservation du « pouvoir d’achat », qui n’est somme toute que la permission de survie que, dans son immense mansuétude, nous accorde le pouvoir, sous son apparence bonhomme en écharpe tricolore.

Ainsi de cet Auchan de Chasseneuil-du-Poitou. Un hypermarché comme les autres, maillon fondamental de la chaîne de reproduction du capital par la consommation de masse de produits et gadgets socialement et écologiquement destructeurs. Le directeur se flatte, comme tant d’autres, de participer à une politique de « profitdéveloppement durable ». Ici, en perchant cinq pauvres ruches sur le toit de son usine à consommer l’aliénation. Ainsi, les abeilles seront un peu moins ravagées par les flux automobiles, ces engins qui sont justement indispensables au fonctionnement du système de production et de consommation, les hypermarchés étant indissociables de l’horreur automobile. Elles seront peut-être aussi un peu moins ravagées par ces pesticides qui déciment les abeilles afin de produire la bouffe cancérigène qui s’étale dans les mêmes supermarchés… Le responsable d’exploitation technique du site, quant à lui, n’hésite pas à se targuer d’une « démarche sociétale », puisque des enfants vont mettre le miel en pots et y coller les étiquettes, pots qui seront ensuite étalés dans les rayons de la ruche hypermarchesque. C’est trognon !

Ainsi de cet inspecteur d’académie. Face à la colère des parents d’élèves concerné.e.s par des fermetures de classe dans des zones rurales et urbaines déjà durement frappées par la pauvreté, il lève six fermetures de classes histoire de faire son « je vous ai compris », tout en maintenant la fermeture de quinze autres classes. Une représentante du SNUIPP-FSU, qui déplore que le monde rural ait été si touché par les fermetures de classe, affirme malgré tout que « le climat est satisfaisant », et qu’il y a eu « une vraie attention de la part de l’inspecteur d’académie ». Bravo, monsieur le gestionnaire !

Ainsi, enfin, de cet exercice de banalisation du terrorisme industriel. Sous forme d’un exercice de confinement de toute la population d’un lycée châtellraudais, dans le cadre d’un Plan particulier de mise en sûreté (PPMS). Le système étatique et capitaliste produit du risque chimique et nucléaire constant, mais ne paniquons pas, il nous prodigue aussi les gestes qui sauvent (ici, dans le cas d’un nuage toxique, qui s’arrêtera bien entendu aux frontières du calfeutrage improvisé) : rester calme et bien discipliné.e.s, pour survivre.

Mais que ferions-nous sans tous ces sauveurs et autres bienfaiteurs, veillant généreusement sur notre misère ! Se poser la question, c’est peut-être déjà commencer à y répondre…

Juanito, Pavillon Noir, 15 avril 2014

[Civaux] Quand l’ASN nous fait du Georges Marchais

NdPN : suite aux manquements plus qu’inquiétants constatés lors d’inspections à la centrale de Civaux, l’ASN a prononcé ce lundi une « appréciation contrastée », évoquant une gestion « particulièrement en retrait concernant le respect et la mise en oeuvre des principes fondamentaux de la sûreté ». Cette réitération de jugements pour le moins alarmants sur la gestion de la centrale nucléaire a de quoi donner froid dans le dos, en particulier de la part d’une institution nucléocrate. Cela dit, l’ASN se rattrape bien, en nous faisant ici le coup du « bilan globalement positif »… On croirait entendre Georges Marchais (le nucléophile qui voulait coûte que coûte une centrale à Plogoff) lorsqu’en 1979, il faisait l’éloge des Etats staliniens.

Apprécions les beaux contrastes lumineux sur cette image d’une installation nucléaire (Fukushima, Japon)

Civaux : nouvel avis  » contrasté  » sur la sécurité nucléaire

L’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a diffusé lundi une « appréciation contrastée » sur « la rigueur d’exploitation générale » de la centrale nucléaire de Civaux, à la suite d’une inspection menée en octobre. Début février, le directeur du site avait annoncé la mise en [oe]uvre d’un « plan d’action sûreté renforcé ». L’ASN a mené un nouveau contrôle fin février dont « la conclusion générale a été globalement positive ».

Dépêche Nouvelle République, 15 avril 2014

Rappel à l’ordre pour la centrale nucléaire de Civaux

La centrale nucléaire de Civaux, dans la Vienne, est « particulièrement en retrait concernant le respect et la mise en oeuvre des principes fondamentaux de la sûreté » dans la conduite des réacteurs, a annoncé ce lundi l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN).

Dans une note d’information mise en ligne ce lundi sur son site, l’ASN dit porter « une appréciation contrastée » sur la situation de la centrale nucléaire de Civaux, appelant en particulier à « la reconquête de la rigueur d’exploitation » au sein du service conduite.

L’ASN a mené du 7 au 11 octobre 2013 une « inspection de revue » à la centrale de Civaux « afin d’examiner la rigueur d’exploitation générale du site », précise-t-elle.

A l’issue de l’inspection, l’ASN « porte une appréciation mitigée sur la situation du site ». Les inspecteurs ont constaté que le site « était particulièrement performant sur certains sujets ».

En revanche, ils ont estimé qu’il « était particulièrement en retrait concernant le respect et la mise en oeuvre des principes fondamentaux de la sûreté au sein du service conduite », dont les agents sont chargés de piloter les réacteurs.

Dans sa lettre de suite d’inspection adressée à EDF, l’ASN lui demande « d’établir un plan d’action visant à la reconquête de la rigueur d’exploitation » au sein de ce service.

Située à 30 km au sud de Poitiers, la centrale nucléaire de Civaux est constituée de 2 réacteurs à eau sous pression d’une puissance de 1.450 mégawatts chacun, mis en service en 1997 et 1999.

Charente libre, 14 avril 2014

Sur la SDAO, complément du SCRT

NdPN : au cas où faire gaffe sur le web et son téléphone portable serait encore considéré par des camarades comme une attitude parano… voir aussi cet article de l’AFP sur le SCRT, précédemment relayé sur notre blog.

coucoujteuvois

La gendarmerie table sur l’anticipation opérationnelle

L’anticipation opérationnelle de la gendarmerie s’appuie sur cette puissante « base de données de sécurité publique ».

Dans le cadre de la refonte du renseignement de proximité, la gendarmerie a mis en place un outil visant à fournir à son directeur général, Denis Favier, tous les éléments permettant d’ajuster la manœuvre de ses forces sur le terrain. Créée le 1er janvier dernier, la sous-direction de l’anticipation opérationnelle (Sdao) se présente comme une «structure complémentaire, agissant de façon transparente et interactive» avec le renseignement territorial. Relayée par une chaîne de 500 analystes répartis à travers le pays et dont elle assure le pilotage, l’anticipation opérationnelle de la gendarmerie s’appuie sur sa puissante «base de données de sécurité publique». Depuis décembre 2011, elle poursuit une inéluctable montée en puis­sance.

Selon nos informations, cette base garde actuellement en mémoire quelque 150.000 fiches d’analyses passant au crible les conflits sociaux et leurs acteurs, ainsi qu’une multitude de signaux précoces permettant à la direction de la gendarmerie d’anticiper ses dispositifs de protection, notamment de la vingtaine de centrales nucléaires, et de maintien de l’ordre. Un logiciel «morphosyntaxique» permet, à partir d’un nom, de multiplier les croisements et d’éventuelles connexions.

«À côté du renseignement territorial qui va fournir des informations stratégiques sur les revendications de tel ou tel, l’anticipation opérationnelle offre un éclairage spécifique permettant d’identifier les modes opératoires, les moyens déployés par nos adversaires ainsi que leur degré de radicalité afin d’ajuster notre niveau de riposte, précise le colonel Pierre ­Sauvegrain, patron de la Sdao. Il est essentiel d’avoir un regard le plus précis sur les ultras qui se glissent parmi les “bonnets rouges” ou les manifestants de Notre-Dame-des-Landes.» Pour les gendarmes, le renseignement est consubstantiel à la fonction. Ce qui confère à cette force 100.000 «capteurs» potentiels.

vu sur Le Figaro, 27 mars 2014

[NDDL] Arvicola Sapidus vs Vinci

Campagnol amphibie

 

NdPN : Vinci et ses copains au gouvernement et à la préfecture ont un nouvel adversaire à Notre-Dame-des-Landes ! Joueur infatigable, se cachant dans les herbes, creusant des terriers à deux issues, l’arvicola sapidus (campagnol amphibie) est menacé d’extinction mais n’a pas dit son dernier mot…

Aéroport Notre-Dame-des-Landes. Le campagnol amphibie crée la surprise

Le conseil national de protection de la nature  a donné un avis défavorable à la demande de dérogation en matière de destruction des espèces protégées.

À Nantes, le préfet de Région doit prendre un arrêté autorisant la destruction de spécimens d’une espèce protégée, le campagnol amphibie, sur le site de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Il lui  fallait l’avis du conseil national de protection de la nature (CNPN).

La haute instance consultative du ministère de l’Environnement n’a pas suivi le préfet. La demande du représentant de l’État n’a pas recueilli une seule voix favorable. C’est une surprise.

« Cela ne change rien aux échéances », dit-on à la préfecture. L’avis du CNPN est seulement consultatif. Le préfet a bien l’intention de publier l’arrêté relatif au campagnol amphibie.

Il sera aussitôt attaqué devant le tribunal administratif par les opposants au projet d’aéroport .

« Cet avis négatif du CNPN renforce le point de vue des naturalistes, renvoie à la faiblesse du dossier sur le plan environnemental, et fragilise la position de l’État et de Vinci », estime François de Beaulieu, membre du collectif des naturalistes qui ont bâti l’argumentaire contre la demande du préfet.

Ouest-France, 12 avril 2014