Tous les articles par Pavillon Noir

[Poitiers] Un spectacle consternant

Hier à Poitiers, 250 personnes ont manifesté, infligeant sur la place publique leurs slogans et discours à la consistance aussi indigente que répugnante, au vu des conséquences quotidiennes pour nombre d’individus, adultes et enfants, en butte aux clichés les plus éculés et aux stigmatisations les plus insidieuses dans leur vie quotidienne. Des cathos intégristes et des fachos, tranquillement réunis à la foule des réacs de base sur le perron de la mairie « socialiste », ont ainsi pu défiler sans réaction notable, sous l’œil placide des flics ayant laissé leurs caméscopes et intimidations habituelles dans leurs poches. Face à ce mouvement de haine aux apparences waltdisneysques en rose et bleu, hélas seules quelques personnes ont jugé nécessaire de se déplacer, dont les membres du groupe Pavillon Noir, de la CNT et d’autres camarades.

Si l’aspect grotesque de certains énoncés ne peut au mieux que provoquer le rire (« nous sommes le mouvement social le plus important depuis mai 68 »), d’autres, sur le rôle supposé des femmes, les liens de parenté ou l’homosexualité, sont franchement insupportables, nous donnant les larmes et la nausée. Certain.e.s passant.e.s de Poitiers, choqué.e.s par ce déferlement de violence proprette, ont laissé éclater leur colère, invectivant spontanément le défilé réactionnaire aux cris de « fachos » ou d’ « assassins ».

Avant la promulgation de la loi sur le mariage homo, des contre-rassemblements conséquents avaient permis, malgré les intimidations et les répressions policières, de ridiculiser ces tenant.e.s du patriarcat le plus abject, qui blesse et tue tous les jours tant de personnes dans leur vie intime et sociale. Faut-il rappeler que pour nos droits réels, rien ne se joue sur le terrain institutionnel, et que tout se joue dans les luttes ? Au vu des attaques continues contre les droits des femmes, des homos, bis et trans, ce n’est vraiment pas le moment de laisser la rue aux manifestations de sexisme et d’homophobie !

La prochaine fois, tenons-nous prêt.e.s, pour renvoyer à nouveau fachos, intégristes, sexistes et homophobes dans les cordes.

Pavillon Noir, 13 avril 2014

[DAL 86] Assignation : plantage à tous les échelons !

Assignation du squat Gibautel à Poitiers : de mieux en mieux !

Les squatteurs de l’ex-hôtel Gibautel et… le DAL 86 étaient assignés jeudi 10 avril 2014 à 14h30 devant le tribunal d’instance de Poitiers en référé heure à heure. La séance n’a pas duré bien longtemps, un petit quart d’heure. Pire qu’un revers, c’est une véritable humiliation, qu’ont vécue ceux qui ont intenté ce référé heure à heure. Sous le regard d’abord incrédule puis atterré du juge et des ses accesseurs, par la voix de leur avocat, ils ont eux-mêmes demandé le renvoi de leur propre référé heure à heure !

L’affaire sera donc jugée le mardi 6 mai à 14h30.

La raison de cette débandade ? C’est que le « propriétaire », la société l’Aquarium dont l’actionnaire majoritaire est le société Polyclinique de Poitiers, qui a assigné les squatteurs du Gibautel et… le DAL 86 jeudi n’était pas le « vrai » propriétaire ! Enfin si, ou peut-être, puisque l’assignation est vide de toute pièce prouvant que ceux qui assignent sont les propriétaires. D’après leur avocat, mais là-aussi il faut le croire sur parole, la société l’Aquarium ne serait propriétaire que des fondations du bâtiment et de la partie basse. Il n’a toutefois pas indiqué jusqu’à quel rang de parpaing… Le propriétaire des murs serait, toujours selon les dires de l’avocat, la société Gibautel !

Les conséquences de cette révélation pourraient être énormes. D’abord, il se pourrait que ce ne soit pas le propriétaire qui ait appelé la police. Police qui n’a pas du tout vérifié si c’était vraiment le propriétaire avant de pénétrer dans les locaux et de commettre une violation de domicile, puis de laisser pénétrer le supposé propriétaire dans le domicile des squatteurs l’invitant à commettre lui-même une violation de domicile, et, en concertation avec le supposé propriétaire, de se faire justice eux-mêmes en restreignant arbitrairement les habitants du lieu à une petite partie des locaux. Le Dal86 attend avec impatience le résultat des plaintes déposées par les squatteurs contre la police et celui qui se disait propriétaire…

Ensuite, la plainte déposée le 3 février à 19h59 au nom de la Polyclinique de la Providence par sa directrice, puis corrigée le 6 février, au nom de la SCI l’Aquarium par le directeur technique du groupe Polyclinique de Poitiers, ne serait pas valable puisque, ce n’est pas le vrai propriétaire, la société Gibautel, qui l’a déposée.

Même chose pour l’enquête de police pour “effraction avec dégradation en réunion” pour laquelle les squatteurs et un membre du Dal86 ont été entendus. Quelle est sa valeur si ce n’est pas le vrai propriétaire qui a porté plainte ?

Enfin, concernant la requête aux fins de constat accordée par le vice-président du Tribunal d’instance de Poitiers, Philippe Maury, qui ne s’est pas le moins du monde lui non plus inquiété de savoir si c’était le vrai propriétaire qui faisait cette demande. D’autant plus qu’il a accepté avec une grande légèreté cette requête « afin de constater les conditions d’occupation des lieux et de vérifier l’identité des occupants » alors que la police et ceux qui se disaient propriétaires avaient déjà pu constater tout cela lors de leur violation de domicile et de leur plainte du 3 février. D’autant plus que, d’après ce que constate l’huissier pour la requête même, huissier qui n’a pas plus vérifié que les autres l’identité du propriétaire, les noms des personnes étaient apposés sur « une boite aux lettres non normalisée ». Concernant l’huissier, il était déjà entré dans les lieux avec la personne qui se disait propriétaire le 4 février et avait pu constater de ses propres yeux l’occupation des locaux. Il n’avait donc aucune raison de revenir le six mars avec la requête signée par le juge Maury. Alors pourquoi un juge fait-il exécuter une requête aux fins de constat alors qu’il a tous les éléments demandés dans le texte même de la requête ?

La suite le 6 mai !

Revue de presse :

Nouveau squat à PoitiersDal86 03/02/2014 – Un squat à l’hôtel Gibautel à Poitiers NR 04/02/2014Troisième violation de domicile au squat Gibautel Dal86 05/02/2014

Squat Gibautel : les assignations sont tombées ! Dal86 29/03/2014

Tous au Tribunal d’instance jeudi 10 avril à 14h30 pour soutenir les squateurs du Gibautel Dal86 05/04/2014 – POITIERS Les squatteurs du Gibautel et le DAL 86 assignés en justice NR 11/04/2014

DAL86dal86@free.fr – 06 52 93 54 44 / 05 49 88 94 56 Permanences : tous les samedis matin de 11h à 12h Maison de la Solidarité 22 rue du Pigeon Blanc Poitiers

DAL 86, 12 avril 2014

[Poitiers] Sur le mouvement des greffes

Depuis quinze jours, à Poitiers comme ailleurs, les greffes manifestent à midi sur les marches du palais d’injustice. Faut-il soutenir celles et ceux qui vivent de l’écriture et de « l’authentification » de toutes ces décisions qui ne sont pas les nôtres et qui, le plus souvent, nous pourrissent la vie ? Ces fonctionnaires peu reconnus (dont le métier ne consiste pourtant pas qu’à faire des compte-rendus et à mettre des coups de tampons) ne sont ni juges ni procs, mais sans eux.elles et leurs petites mains, la justice bourgeoise ne fonctionnerait pas… contradiction d’un Etat qui repose sur la répression juridique des pauvres, et qui en tant qu’employeur étatique méprise et appauvrit ses propres scribes.

Quoi qu’on pense de leurs revendications (les nôtres n’ayant pas grand chose à voir avec les leurs, nous serions plutôt enclins à abolir la « justice » bourgeoise !), on ne peut que se réjouir d’un mouvement social faisant de fait grincer la machine à réprimer. Dans une vidéo de la Nouvelle République, un slogan a retenu notre attention : « du pognon, ou la révolution ». Une piste de réflexion : si révolution il y a, autant nous nous passerions bien de juges et de procs professionnels décidant à nos places, autant nous aurions sans doute besoin de prendre en note nos décisions (ne serait-ce que pour nous souvenir de nos discussions, contrôler l’activité des mandaté.e.s, mesurer l’écart entre leurs compte-rendus et les tâches qui leur ont été confiées), mais aussi nos besoins, nos ressources et nos productions, pour garantir à tou.te.s l’accès aux biens. Sans reproduire le schéma capitaliste et bureaucratique de la division du travail, certaines connaissances des greffes, jusqu’ici employées par nos adversaires, pourraient alors rendre bien des services à tou.te.s.

Que les greffes subvertissent leurs rôles, et greffent leurs savoir-faire sur d’autres perspectives que l’entérinement juridique de la domination sociale… en voilà, une belle idée révolutionnaire !

Juanito, 11 avril 2014

[Poitiers] Soutien à une famille menacée d’expulsion

Les parents soutiennent la famille russe menacée d’expulsion

Un rassemblement de soutien à une famille russe menacée d’expulsion a été organisé hier matin devant l’école maternelle rue Théophraste-Renaudot dans laquelle est scolarisée Mariam, 4 ans. Son frère Sargis, 7 ans, est à l’école élémentaire Damien-Allard. Sous l’effet de la « procédure Dublin », la famille risque d’être expulsée en Pologne, premier pays européen dans lequel elle est arrivée. « C’est la France qu’ils ont choisie, a expliqué Mathilde Vallespir, déléguée des parents d’élèves et membre du réseau Éducation sans frontières. La scolarisation a été dure au début, il y a plus d’un mois, mais l’équipe éducative a fait un bon travail d’intégration. La maman suit des cours de français ». Hébergée dans un logement d’urgence, « la famille vit dans des conditions précaires. Les parents d’élèves se sont mobilisés pour leur donner plusieurs fois par semaine des produits de première nécessité et des plats cuisinés ». Une pétition qui revendique un titre de séjour permettant aux enfants de poursuivre leur scolarité a recueilli 250 signatures.

Nouvelle République, 11 avril 2014