Archives de catégorie : Ni patrie ni frontière

[86] Les migrants dans la région d’hier à aujourd’hui

Les migrants dans la région d’hier à aujourd’hui

Pas moins de 34 auteurs “ qualifiés ” ont participé à l’écriture du livre “ Migrants et Immigrés en Poitou-Charentes ”. Rencontre avec leur coordonnateur.

L’ouvrage fait 600 pages. L’histoire des « Migrants et Immigrés en Poitou-Charentes, d’hier à aujourd’hui » tient dans ce beau volume séquencé en 50 chapitres. François Julien-Labruyère, historien de formation, auteur, banquier et éditeur (Le Croît Vif) est à l’origine de ce projet.

Comment est née l’idée de faire cet ouvrage « collectif » et sur ce thème-là ?

« Il ne pouvait être que collectif ou alors y passer trente ans de sa vie pour collecter cette information aussi riche que celle-là. L’idée m’est venue de façon simple. L’immigration est un sujet très actuel et j’ai souvent été frappé en tant que lecteur par les raccourcis, les clichés souvent négatifs, les amalgames… en décalage avec la réalité qu’on ressent. Nous connaissons tous des immigrés ou des fils d’immigrés. Le discours dominant est en complet déphasage avec la réalité. »

Vous avez tout de même réuni pas moins de 34 auteurs…

« On a cherché avec Christelle Massonnet des universitaires, des témoins « qualifiés ». Au bout de près quatre ans, cet ouvrage mélange des études proprement économiques, scientifiques et sociologiques à une série de témoignages de gens qui vécu tout cela dans leur chair, dans leur vie et c’est ce rapprochement de ces deux choses que nous avons voulu organiser. »

Vous mettez en évidence différentes immigrations dans la région.

« Le Poitou-Charentes est la seule région qui bénéficie d’un livre aussi fouillé sur l’immigration interne (celle des Vendéens, des Bretons par exemple) et l’immigration d’origine étrangère (celle des Africains, des Turcs, des Italiens, des Britanniques…) »

Vous couvrez quelle période de l’Histoire ?

« De la moitié du XIXe siècle à aujourd’hui. Pendant très longtemps, l’immigration qu’elle soit interne ou d’origine étrangère était très dispersée et concernait les campagnes. Après la Seconde Guerre mondiale et surtout dans les années 60, l’immigration a été organisée par le patronat français. Elle s’est concentrée dans les villes (Châtellerault, Poitiers, Angoulême, La Rochelle). »

Vous avez découvert des particularités ?

« L’exemple de Cerizay (Deux-Sèvres), avec Heuliez qui va recruter un personnel portugais pendant des années et qui fait que cette ville en pourcentage est la plus portugaise de France. La Rochelle et son port ont attiré énormément de Bretons. Les Espagnols, pendant et après la guerre d’Espagne ont créé des communautés fortes surtout en Charente. Et puis le phénomène actuel, ce sont les Britanniques qui s’installent pour véritablement vivre dans la région, au Sud de la Vienne ou au Nord de la Charente. »

Et après ce livre, un autre projet de la même envergure ?

« Il me semble que le livre actuel mériterait un second tome, notamment sur le rôle essentiel des femmes dans la réussite de l’immigration…

> « Migrants et Immigrés en Poitou-Charentes, d’hier à aujourd’hui ». Dans toutes les librairies (35 €), sur les sites Internet marchants ou sur www.croitvif.com (téléchargement possible pour 15 €).

Propos recueillis par M-L A, Nouvelle République, 18 novembre 2012

[Notre-Dame-des-Landes] Infos 15 novembre

On vous prévient, y’a du lien aujourd’hui, clic-clic !

Flash info de la journée ici. Un gros travail de compil a aussi été fait par les zadistes avec des photos ici, et des vidéos là.

Pour la préparation de la manif de réoccupation du 17 novembre : quelques dernières précisions sur l’organisation de la journée sont disponibles ici.

Vues les déclarations de politicards faisant le jeu de la répression en dissociant les « bons » des « mauvais » résistants de la ZAD, on rappelle que les drapeaux d’orgas sont pas trop souhaités, un drapeau commun est proposé ici, à vos pochoirs ! Par ailleurs, des conseils importants pour la manif en cas d’interpellation sont disponibles ici.

Deux vidéos musicales bien sympas, avec « Notre Dame des routes et des ponts, Notre Dame des oiseaux de fer« , du groupe Hamon-Martin quintette, mais aussi un bon rap sur squat.net (on adore !)

Plein de communiqués ces deux derniers jours. On pourra déjà lire des commentaires bien sentis sur l’affaire de l’agression du vigile, avec une lettre ouverte au préfet, un texte « A propos de l’expulsion d’un vigile et du feu de joie qui s’en est suivi« , et un autre texte « Ta lâcheté, M’sieur l’préfet« .

La lutte continue partout, avec un communiqué d’appel à des actions décentralisées.

Pour finir, y’a pas qu’à Notre-Dame-des-Landes que le vieux monde rase et expulse : Solidarité avec les expulsé-e-s a la foret de Hambach en Allemagne !

Pavillon Noir

Mise à jour : article dans la NR aujourd’hui 15 novembre, sur la réunion du mardi soir :

Un nouveau Larzac à Nantes ?

Une cinquantaine de personnes (militants écologistes, anarchistes, etc.) ont participé mercredi soir à une réunion publique à Poitiers sur l’opposition au projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes (44). « Partout la lutte contre ce projet s’amplifie », écrit le comité poitevin dans un communiqué : « Faire déborder la lutte c’est s’opposer non seulement à l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes mais aussi à l’ensemble des projets, lignes à grande vitesse, lignes très haute tension, autoroutes, etc. qui participent à la planification territoriale dictée par l’État et l’Union européenne. […] » Le comité cite les exemples de Plogoff et du Larzac où « la résistance populaire » avait contrecarré des projets nucléaires et militaires. Il appelle à converger vers la « grande manifestation de réoccupation [qui] aura lieu le 17 novembre 2012, départ à 11 h de Notre-Dame-des-Landes ». Plusieurs Poitevins feront le déplacement.

[Village-Monde] Manifs du 14 novembre

NdPN : Hier soir, rassemblement puis déambulation à Poitiers contre « l’austérité », d’une grosse centaine de personnes, avec notamment la présence de libertaires histoire de donner un autre son de cloche que celui du « collectif pour un audit citoyen de la dette » [sic] qui appelait au rassemblement. L’appel à la grève générale n’a clairement pas été suivi en France, seuls les syndicats de Solidaires se sont vraiment bougés… triste de voir qu’il faut attendre que les gens en arrivent à crever la dalle, comme en Grèce ou en Espagne, pour voir enfin les choses bouger… faut dire que les bureaucraties syndicales sont bien acoquinées avec les fripons de la gôche au pouvoir. Bon, en France nada, mais ça a chauffé ailleurs ! A ce sujet, une fois n’est pas coutume, un beau boulot de compilation de la part des camarades du Jura Libertaire :

[14-N] « Incidents isolés »

Manifs anti-austérité : des blessés en Espagne et en Italie

Des heurts opposent les manifestants aux forces de l’ordre à Madrid, mais aussi à Milan et Turin.

http://juralib.noblogs.org/files/2012/11/0213.jpgHeurts entre policiers et manifestants, le 14 novembre à Madrid, Espagne.

La police a dispersé à coups de matraque et en tirant en l’air des balles en caoutchouc des manifestants qui s’étaient rassemblés dans le centre de Madrid mercredi lors de la journée de grève générale contre l’austérité, mercredi 14 novembre.

Ces affrontements ont éclaté lorsque des centaines de manifestants se sont heurtés à un cordon de policiers anti-émeutes qui leur bloquait l’accès à la place de Cibeles, en plein centre de la capitale espagnole.

Très vite, d’autres manifestants déjà présents sur la place sont venus encercler les policiers qui ont chargé et tiré en l’air des balles en caoutchouc pour se dégager, avant de disperser les manifestants à coups de matraque dans les rues alentour.

Depuis le début de la matinée, des groupes de centaines de manifestants faisaient face aux forces de l’ordre dans le centre de Madrid quadrillé par un imposant dispositif de policiers casqués, où de nombreuses boutiques avaient baissé le rideau.

Heurts

Des heurts de moindre ampleur avaient éclaté lors d’une première tentative de dispersion sur la Gran Via, une grande avenue centrale de la ville.

Les manifestants s’étaient alors dispersés, se regroupant à plusieurs reprises à quelques centaines de mètres de distance.

Selon le ministère de l’Intérieur, des “incidents isolés” sont survenus depuis mercredi matin dans plusieurs villes d’Espagne, faisant 34 blessés dont 18 policiers, tandis que 82 personnes ont été interpellées.

Deux manifestations étaient convoquées à Madrid en fin de journée, l’une par les syndicats et l’autre par la mouvance des indignés, témoin de l’exaspération face à la pauvreté grandissante, aux expulsions de propriétaires surendettés, aux milliards d’euros engloutis dans l’aide aux banques.

http://juralib.noblogs.org/files/2012/11/049.jpgMarée humaine contre l’austérité ce soir dans les rues de Madrid

http://juralib.noblogs.org/files/2012/11/5.jpgÀ Barcelone

Une grève de quatre heures et des manifestations se déroulaient également mercredi dans toute l’Italie à l’appel de la principale confédération syndicale, la CGIL (gauche), dans le cadre de la journée européenne contre l’austérité, marquée par des heurts à Milan et Turin.

Dans ces deux villes du nord du pays, des milliers de personnes ont pris part à des manifestations et cortèges, selon des sources syndicales.

Un policier a été grièvement blessé à Turin et cinq autres plus légèrement à Milan dans des heurts en marge des manifestations. Les affrontements les plus sérieux ont eu lieu à Turin, devant le siège du département, où des autonomes ont roué de coups un policier, brisant son casque et lui cassant un bras.

Le groupe d’autonomes a ensuite fait irruption au siège du département où les manifestants ont hissé le drapeau des militants anti-TAV, le TGV Lyon-Turin.

Jet de pierres

À Milan, les affrontements se sont produits surtout dans la zone de la gare de Porta Genova où des étudiants ont lancé des pierres et bouteilles sur les forces de l’ordre qui tentaient de les en déloger.

À Naples, quelques 300 étudiants ont occupé provisoirement plusieurs quais de la gare centrale et fait exploser des pétards et brûler des fumigènes, en criant : “occupons la ville”, “ne touchez pas à notre avenir”.

http://juralib.noblogs.org/files/2012/11/0214.jpg

À Rome, un millier de personnes ont pris part à un cortège qui a traversé des rues du centre-ville et doit terminer son parcours sur une petite place. Un petit groupe d’étudiants a tenté de briser le cordon de police en lançant des pierres pour rejoindre le siège du gouvernement.

Publié par des larbins de la maison Poulaga (tempsreel.nouvelobs.com avec l’Agence Faut Payer, 14 novembre 2012)

Affrontements entre manifestants et policiers à Madrid

Des incidents ont éclaté mercredi à Madrid sous haute protection policière, lorsque les forces de l’ordre ont tenté de disperser à coups de matraque des centaines de manifestants, lors de la grève générale en Espagne contre l’austérité.

Depuis le début de la matinée, des groupes faisaient face aux forces de l’ordre dans le centre de Madrid quadrillé par un imposant dispositif de policiers anti-émeutes, casqués, où de nombreuses boutiques avaient baissé le rideau.

En milieu de journée, des affrontements ont éclaté lorsque des centaines de manifestants se sont heurtés à un cordon de policiers qui leur bloquait l’accès à la place de Cibeles, en plein centre de la capitale espagnole.

Très vite, d’autres manifestants déjà sur la place sont venus encercler les policiers qui ont chargé et tiré en l’air des balles en caoutchouc pour se dégager, avant de disperser les manifestants à coups de matraque dans les rues alentour.

http://juralib.noblogs.org/files/2012/11/0310.jpg

Des heurts de moindre ampleur avaient éclaté plus tôt, lors d’une première tentative de dispersion sur la Gran Via, une grande avenue voisine.

Les manifestants s’étaient alors dispersés, se regroupant à plusieurs reprises à quelques centaines de mètres de distance.

Abus de pouvoir, criaient-ils, agitant les drapeaux rouges des syndicats CCOO et UGT, autour d’une grande banderole portant le slogan de cette journée : Ils nous privent de notre avenir, il y a des coupables, il y a des solutions.

Cette grève va servir à quelque chose. Nous sommes dans une situation qui ne nous laisse pas le choix, assurait Eduardo Ovalle, étudiant en lettres de 21 ans. Mes professeurs nous ont prévenus qu’aucun de nous ne trouvera de travail. On nous oblige à quitter l’Espagne.

Grève, grève, grève, criaient un peu plus loin les manifestants, face aux policiers qui les repoussaient une nouvelle fois, sans heurts, pour débloquer la rue. Ou encore : Plus d’éducation, moins de police.

Sur la Puerta del Sol, une grande place touristique et commerçante du centre de Madrid, des jeunes encagoulés baissaient le rideau de fer d’un magasin de souvenirs et de tabac, le forçant à fermer comme la plupart des autres commerces aux alentours.

Aujourd’hui, on ne consomme pas. Aujourd’hui, on ne travaille pas, criaient-ils.

Selon le ministère de l’Intérieur, des incidents isolés sont survenus depuis mercredi matin dans plusieurs villes d’Espagne, faisant 34 blessés dont 18 policiers, tandis que 82 personnes ont été interpellées.

Deux manifestations étaient convoquées à Madrid en fin de journée, l’une par les syndicats et l’autre par la mouvance des indignés, témoin de l’exaspération face à la pauvreté grandissante, aux expulsions de propriétaires surendettés, aux milliards d’euros engloutis dans l’aide aux banques.

Publié par des larbins de la maison Poulaga (Agence Faut Payer, 14 novembre 2012)

La police charge les manifestants à Lisbonne devant le parlement

La police portugaise a chargé mercredi soir des protestataires, rassemblés devant le parlement à l’issue d’une manifestation organisée dans le cadre d’une grève générale contre les mesures d’austérité du gouvernement.

Les forces de l’ordre ont repoussé les protestataires à coups de matraque après avoir été pendant plus d’une heure la cible de jets de pierres et d’ordures.

Les protestataires s’étaient regroupés devant le parlement à l’issue d’une manifestation, rassemblant dans la capitale plusieurs milliers de personnes.

Auparavant quelques échauffourées avaient eu lieu devant le parlement quand des manifestants avaient renversé des barrières de protection et lancé des pierres et des objets divers contre les policiers qui avaient répliqué par quelques coups de matraque.

Cinq manifestants atteints par les jets des autres protestataires ont été légèrement blessés et l’un d’entre eux à du être hospitalisé, a indiqué un porte parole de la police.

Des rassemblements ont également eu lieu dans une quarantaine de villes du pays, notamment à Porto, la grande ville du nord, où environ 2.000 personnes ont manifesté.

Les manifestations ont constitué le point fort de la grève générale qui a particulièrement perturbé les transports et les services publics.

Convoquée par la CGTP, cette grève générale, la deuxième depuis mars, s’est inscrite dans le cadre des mouvements de protestation observés dans d’autres pays d’Europe, chez le voisin espagnol en particulier.

Le secrétaire général de la CGTP, Armenio Carlos a estimé que cette grève avait été une des plus grandes jamais réalisées au Portugal. Cest la grève générale de lindignation !, a-t-il lancé.

Publié par des larbins de la maison Poulaga (Agence Faut Payer, 14 novembre 2012)

[Poitiers] Expulsions : le collectif toujours déterminé

Expulsions : le collectif toujours déterminé

L’arrivée de la gauche au pouvoir n’a pas entamé la détermination du Collectif contre les expulsions et pour le droit de vivre en France. Tous les premiers mercredis du mois, il réunit les militants des différentes associations qu’il fédère (Réseau d’éducation sans frontières, Cimade, Ligue des droits de l’homme…). Ils étaient une trentaine mercredi soir devant les marches du palais de justice de Poitiers. Pour dénoncer la situation toujours aussi difficile faite aux étrangers désireux de vivre en France et tout particulièrement à Poitiers et dans la Vienne.

«  Les familles sont détruites  »

« Quand ils arrivent en France, ils se trouvent déjà dans une situation précaire. Tout est fait pour leur rendre la vie encore plus difficile et ajouter à la précarité, dit une militante de RESF. La multiplicité des démarches administratives et les pressions qui leur sont faites détruisent les familles. Ceux qui, par chance, parviennent à trouver un emploi le perdent parce que les délais pour renouveler leurs papiers sont dépassés. Du coup, les enfants sont déscolarisés. C’est une spirale infernale. » Les militants citent le cas d’un immigré kurde venu de Turquie qui vivait à Poitiers avec sa famille depuis dix ans. « Nous essayons de le régulariser. Mais il manque un document pour une année. Entre le commissariat de police, puis le centre de rétention, la décision d’un premier juge à Melun en région parisienne, l’attente d’une décision du tribunal administratif de Poitiers prochainement, cette personne vit un vrai cauchemar. Et avec lui son épouse et ses trois enfants. » Le collectif poitevin contre les expulsions, qui s’intitule aussi « D’ailleurs nous sommes d’ici », récuse également les propos qui se voulaient apaisants du nouveau secrétaire général de la préfecture, Yves Séguy, dans nos colonnes (NR de mercredi 7 novembre). « La préfecture affiche toujours de belles déclarations, mais pour les personnes que nous défendons, rien ne change. Les tracasseries administratives n’ont pas cessé. On multiplie les titres courts. Et nous ne sommes toujours pas reçus en préfecture à la différence des autres collectifs en Poitou-Charentes. » Prochaine manifestation le mercredi 5 décembre, 18 h, toujours devant le palais de justice.

Jean-Jacques Boissonneau, Nouvelle République, 9 novembre 2012

[Poitiers] Rassemblement mensuel de solidarité avec les migrant-e-s 18H devant le palais de justice

NdPN : Comme chaque premier mercredi du mois aura lieu ce soir un rassemblement de solidarité avec les migrant-e-s, à 18H devant le palais de justice. En effet, rien n’a changé avec la gauche dans la Vienne, les expulsions continuent au même rythme. A peine ménage-t-on un peu les étudiants les plus diplômés (élitisme citoyenniste de gauche ?), mais pour mieux faire chier la plupart des étudiants étrangers, désormais obligés de fournir des attestations bancaires mois par mois ! Les expulsables sont certes davantage assigné-e-s à résidence, mais pour la simple raison que les centres de rétention administratives sont bondés… Et pour les Roms au niveau national, les démantèlements et expulsions brutales de campements ont aggravé la situation. Pour les migrant-e-s comme pour d’autres questions sociales, la baudruche du « changement » de gauche n’en finit pas de se dégonfler. Pour les pauvres, mêmes matraques, mêmes menottes, mêmes enfermements, mêmes expulsions… avec « coeur et rigueur » nous annonce monsieur Séguy. Ouf, les « humanistes » seront rassurés…

Expulsions : qu’est-ce qui a vraiment changé ?

Six mois après le changement de gouvernement, la situation des sans-papiers est-elle différente ? Éléments de réponses avec le représentant de l’État.

Selon la plupart des associations de défense des sans-papiers, la situation qui leur était faite sous la présidence de Nicolas Sarkozy était le plus souvent intenable. Six mois plus tard, avec l’arrivée de la gauche au pouvoir, qu’est-ce qui a changé ?. «Des circulaires ont été prises qui modifient les procédures, note Yves Séguy, le nouveau secrétaire général de la préfecture, la première de mai 2012 qui assouplit la situation des étudiants titulaires d’un diplôme au moins équivalent au Master, la seconde du 6 juillet qui modifie les modalités liées à l’assignation à résidence des familles à l’alternative à leur placement en rétention administrative. Le délai de solidarité qui pénalisait une personne qui aidait une personne étrangère est supprimé. Le travail législatif se construit et l’on annonce un texte sur l’application du code des étrangers en 2013. »

Voilà pour la technique. Sous le précédent quinquennat, les relations entre préfecture et associations de défense des sans-papiers semblaient exécrables, les secondes stigmatisant notamment la première pour son instransigeance et son manque d’humanité.

Cœur et rigueur

« Les services sont respectueux du droit et nous n’avons jamais refusé de rencontrer quiconque, appuie Yves Séguy, nous ne sommes pas plus sévères à Poitiers qu’ailleurs en région. On est chargé d’appliquer le droit avec toute l’intelligence des situations qu’il convient, on peut revoir notre position et ça nous arrive. Je crois qu’on peut avoir à la fois du cœur et de la rigueur. Et puis je rappelle que toute procédure engagée par nos services est mise en œuvre sous le contrôle du juge des libertés ou du juge administratif. »

en chiffres

> En 2011, la préfecture de la Vienne a reçu 507 personnes à ses guichets pour des demandes d’asile. Ce chiffre atteignait 414 à la fin de ce mois de septembre. > En 2011 encore, 70 mesures d’éloignement ont été prises à l’encontre de personnes en situation irrégulière, sur 33.000 au niveau national. > Ces 70 cas comprenaient aussi des retours volontaires (ces derniers s’accompagnent d’aides financières: 2.000 € pour une personne seule, 3.500 pour un couple) .

accueil

Qui a en charge l’immigration légale ?

Créé en 2009, l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII) est désormais le seul opérateur de l’Etat en charge de l’immigration. Il a pour missions la gestion des procédures de l’immigration régulière pour le compte des préfectures, l’accueil et l’intégration des immigrés autorisés à séjourner durablement en France, le premier accueil des demandeurs d’asile, l’aide au retour et à la réinsertion des étrangers dans leur pays d’origine.

OFII Poitiers : 86, avenue du 8-Mai-1945. Email : poitiers@ofii.fr

le chiffre

440

C’est le nombre de places d’hébergement disponibles qu’offre l’État dans la région à travers cinq centres d’accueil pour demandeurs d’asile (CADA) Il en existe deux dans la Vienne pour 135 places (100 à Poitiers et 35 à Sommières-du-Clain)

solidarité

Un besoin de bénévoles

Resf 86 tient des permanences les premiers et troisièmes mercredis de chaque mois au 18, rue de la Brouette-du-Vinaigrier à Poitiers. Elle a besoin de bénévoles actifs.

Tél. 06.62.95.54.17.

Nouvelle République, 7 novembre 2012

 » Les gens se sentent hors la loi « 

Depuis plusieurs années, RESF 86 (Réseau éducation sans frontières) milite pour la défense des enfants scolarisés sans-papiers et de leurs familles. Avec d’autres, l’association dénonce une politique « discriminatoire et répressive » menée par les gouvernements successifs ; Ainsi, malgré l’arrivée de la gauche au pouvoir, RESF considère aujourd’hui que « rien n’a vraiment changé. Certaines familles doivent encore pointer tous les jours au commissariat, relève Christine Jacquenod, présidente de RESF 86, elles ne peuvent pas travailler, ne peuvent plus payer un loyer donc ne peuvent plus se loger. Des comités de quartier prennent parfois en charge ce loyer. C’est un peu nouveau dans la vie de RESF, des gens constituent des comités sans pour cela adhérer. Nous, on est là pour le juridique et l’aide logistique. A la rentrée dernière, on a par exemple rassemblé des kits fournitures pour des familles qui nous sollicitaient… Légalement, on se trouve face à des gens qui ne sont ni expulsables, ni régularisables… »

Les étudiants aussi

L’autre combat de RESF concerne aussi les étudiants. L’an passé, une dizaine d’entre eux, parmi lesquels des doctorants, était sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français. « Ces situations ont été prises en charge par l’Université qui informe désormais étudiants et enseignants, observe Naïk Miret, de l’antenne universitaire de Resf, aujourd’hui les dossiers sont différents. Il y a maintenant des problèmes avec les demandes de cartes de séjour étudiant. Une clause a été rajoutée en août dernier qui leur demande de fournir une attestation bancaire reprenant mois par mois (pour l’intégralité de l’année écoulée) le solde de leurs comptes. Nous avons aussi des problèmes avec des rendez-vous en préfecture pour le renouvellement ou la fin d’un titre de séjour. C’est pour cela qu’on accompagne autant que possible les personnes aux guichets de la préfecture. » Ce climat de défiance, selon l’association, pénalise le parcours pédagogique de ces étudiants. « Beaucoup ont encore honte ou peur, parfois se cachent, note Naïk Miret, un étudiant, c’est aussi une personne jeune et fragile. En tout cas, il est temps qu’il y ait une refonte. Quand la loi est injuste, il faut changer la loi. »

Nouvelle République, 7 novembre 2012