Archives de catégorie : Okupa y resiste

[Poitiers] Suite à un départ d’incendie au squat, le maire attaque

ndPN : en attendant un communiqué du collectif des sans-logis et mal-logés de Poitiers et du DAL 86, on trouvera là la déclaration hallucinante d’Alain Claeys, député-maire de Poitiers, suite au départ d’incendie ayant touché le squat Le Dédale, ayant permis à la police de fermer le squat et de procéder à trois arrestations.

Rien n’y manque : attaques nominales contre deux personnes et accusations à leur encontre de « lâcheté », d’ « instrumentalisation » et de « manipulation » alors que ces collectifs sont autogérés et que les décisions sont toutes discutées et prises collectivement, y compris par les premier-e-s concernée-e-s en manque de logement décent. Infantilisation, avec tout le vocabulaire charitable du pouvoir, des personnes sans-logis et mal-logées, en « grande souffrance » et en « perte de repères » auxquelles la bonne mairie, véritable « référence » en la matière, apporterait de « l’aide » ; pas des logements individuels décents, ainsi que le demandent les sans-logis, comprendre : 115 (complet mais rappelez demain), interdiction des chiens, flicage médico-social… une aide si merveilleuse qu’il arrive aux concerné-e-s de la refuser… et de lutter pour un vrai toit. Tentative de marginalisation du DAL 86 alors que l’action de ce collectif est soutenue par la fédération DAL. Et appel à la répression, notamment pour des « menaces » taguées sur le mur… d’un lieu d’habitation !

Si vous avez un départ de feu dans votre piaule vieillotte ou votre squat parce que vous n’avez pas d’électricité, il est à espérer que vous n’ayiez pas d’affiches, tracts et dessins rageurs contre les responsables politiques qui refusent de réquisitionner les millions de logements vides et préfèrent les laisser pourrir aux mains de spéculateurs. C’est qu’au lieu de vous soutenir dans ce moment difficile, il pourrait leur passer par la tête de poster plainte contre vous… La « perte de repères » ça se résout peut-être, pour ces bonnes âmes, par la taule ?

En attendant les suites, on se réécoutera les propos de l’abbé

Pavillon Noir

L’incendie du squat met un terme à son occupation

Poitiers.  Le squat de la rue Jean-Jaurès a été évacué après un début d’incendie nocturne. Trois personnes ont été arrêtées. Le site a été refermé.

La police est restée sur place le temps que les ouvriers referment le site. Une société de gardiennage le surveille.

Un petit incendie vaut mieux qu’une longue et incertaine procédure judiciaire ! Le sinistre survenu dans la nuit de jeudi à vendredi au premier étage d’une vaste maison bourgeoise du n° 11 de la rue Jean-Jaurès transformée en squat a provoqué la libération inattendue des lieux. Ce sont des bougies servant d’éclairage qui auraient provoqué le départ de feu.

Le site était occupé depuis une semaine par un groupe de personnes se réclamant du Droit au logement. Ils voulaient d’ailleurs organiser une journée portes ouvertes sur place demain. Des ouvriers ont procédé à la fermeture de la demeure. Portes et fenêtres sont de nouveau bouclées. « Ils avaient enlevé la serrure pour mettre la leur, on a tout enlevé. Ils avaient leur clé, comme si c’était leur maison », remarque un ouvrier. Une société de gardiennage surveille désormais le site.

«  Un problème de sécurité pour tous les Poitevins  »

Tout ça après un départ de feu signalé vers 3 h 30 du matin par une riveraine qui était sortie dans son jardin. Elle a alors aperçu l’incendie appelés les pompiers et averti la mairie. Un adjoint au maire avait donné son numéro de portable aux riverains directs du site. Les pompiers ont arraché le portail en bois pour pénétrer dans le jardin et attaquer le feu. Le sinistre a pris naissance au premier étage de la bâtisse et a détruit une partie du plancher. Vingt mètres carrés au total. Ils ont également secouru trois personnes, trouvées en état d’ivresse sur place. « Un drame a été évité de peu », martèle le maire de Poitiers, Alain Claeys, venu également sur place dans la nuit. « C’est un bâtiment privé, occupé, mais il y a un problème de sécurité pour tous les Poitevins. » La police est intervenue. Les trois personnes trouvées par les pompiers, indemnes, ont été placées en garde à vue. Une enquête pour dégradations a été ouverte. Combien de personnes se trouvaient dans la maison au moment du départ du feu ? Hier matin, la propriétaire s’est rendue sur place pour évaluer les dégâts. Le procureur de la République aussi. Les enquêteurs de la sûreté départementale et l’identité judiciaire ont ensuite investi la maison avant de laisser œuvrer les ouvriers chargés de refermer les lieux pour empêcher toute nouvelle intrusion. La propriétaire avait fait constater l’occupation illégale des lieux, préalable indispensable avant toute procédure d’expulsion. Le juge des référés était saisi, hier, d’une demande en ce sens. Il rendra son ordonnance lundi. Une procédure désormais sans objet. L’incendie survenu dans la nuit vient de rendre une fière chandelle à la propriétaire.

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Trois personnes poursuivies en justice

L’incendie survenu dans la nuit de jeudi à vendredi au premier étage d’une partie de la maison occupée rue Jean-Jaurès est d’origine accidentelle, indique le parquet de Poitiers. « Ce sont des bougies qui servaient aux trois personnes présentes pour s’éclairer. Elles ont provoqué le départ du feu. C’est un accident », indique le procureur adjoint, François Casassus-Builhé. Les trois personnes, évacuées par les pompiers, puis interpellées par la police, ont été placées en garde à vue. Deux hommes, de 26 et 37 ans et une femme de 35 ans trouvés en état d’ivresse, libérés, hier dans la soirée. Elles seront poursuivies, le 12 juillet prochain pour violation de domicile et destruction involontaire par incendie. L’enquête se poursuit pour identifier les personnes ayant provoqué des dégradations dans la maison et celles qui ont tracé des tags proférant des menaces de mort.

Nouvelle République, 28 avril 2012

Le maire porte plainte et dénonce une  » manipulation  » et une  » instrumentalisation « 

Le feu couvait depuis plusieurs semaines. Le maire de Poitiers, Alain Claeys, a exprimé publiquement, hier, ce qu’il pensait de l’action menée localement par les principaux responsables du Collectif des sans-logis et mal logés et le Droit au logement (DAL 86) : « Un drame a été évité cette nuit. La ligne jaune a été franchie. Je ne laisserai pas, à Poitiers, des individus sans scrupule s’abriter derrière une association respectable comme le DAL, instrumentaliser des gens en souffrance, les pousser à commettre des délits et, pour finir, chercher à remettre en cause tout ce qui a été bâti en matière sociale. Depuis plusieurs mois, ces personnes en souffrance sont manipulées. Je considère que ceux qui ont organisé et soutenu ce squat ont une double responsabilité, jusqu’ici morale, et depuis ce matin, pénale. » Le maire de Poitiers indique par ailleurs avoir porté plainte contre X à la suite de la découverte dans le squat de tags proférant des menaces de mort à son encontre : « J’ai porté plainte en tant que maire et en tant que citoyen. Je souhaite que la justice fasse la lumière sur les exécutants mais aussi et surtout sur les commanditaires de ces opérations. » Le DAL86, par la voix de Jean-François Chazeran, cité par le maire, tout comme Jean-Christophe Clochard, se dit « atterré », par une telle charge : « Instrumentaliser pour quoi ? On cherche juste à trouver des solutions de logements pour des personnes en difficultés. Il y a dix SDF dans les rues de Poitiers actuellement. Là, on avait trouvé une solution de logement pour eux. Je suis catastrophé par ce qui s’est passé. Il n’est pas question de retourner sur place. » La mairie assure que ses services font tout ce qu’il faut.

Nouvelle République, 28 avril 2012

[Ingrandes – 86] Fonderie :  » Maintenant on va se battre sur la prime  »

Fonderie :  » Maintenant on va se battre sur la prime « 

Soixante postes doivent être supprimés à la Fonderie du Poitou. Pour éviter les licenciements contraints, les syndicats vont se battre sur la prime de départ.

Le calendrier va être extrêmement serré pour les négociateurs afin que l’arrivée de Saint-Jean Industries, le 18 mai prochain, ne commence pas par une grève dure. – (Archives photo)

Deux réunions extraordinaires du comité d’entreprise hier, à la Fonderie du Poitou d’Ingrandes. La première, très formelle pour informer officiellement les représentants des salariés de la décision du tribunal de commerce. La seconde, nettement plus importante pour évoquer les modalités du plan de sauvegarde de l’entreprise (PSE) qui doit se mettre en place d’ici le 18 mai prochain comme la loi le stipule en pareil cas. « Avec deux grands week-ends au milieu, il va falloir faire vite », assure Patrice Mochon, délégué du personnel CGT.

 » Renault doit accepter nos demandes « 

Depuis hier, en effet, les fondeurs savent que 37 personnes en production (des ouvriers) et 23 autres venues des « structures » (cadres, techniciens ou administratifs) doivent quitter l’entreprise pour ramener l’effectif de 455 salariés à 395 comme le prévoit le dossier de reprise. Dès hier, donc, la discussion s’est engagée sur les modalités de ce plan de sauvegarde. « Le 2 mai, un questionnaire va être adressé au salarié pour savoir qui est volontaire au départ. Le 10 mai, ce courrier doit être renvoyé, explique le syndicaliste. Seulement, personne ne sera candidat au départ si la prime supra-légale est à la hauteur de celle proposée aujourd’hui. Il nous faut donc une réponse rapide sur ce point. Renault, qui va payer, doit accepter nos demandes. Sinon, le 18 mai, la loi obligera l’administrateur à procéder à des licenciements contraints et là, c’est sûr, on repart en bagarre. Ce qui pourrait bien amener Saint-Jean Industrie à revoir sa position… » Pour l’intersyndicale, l’épreuve de force, c’est donc maintenant. « C’est pour cela que nous demandons une rencontre en urgence au ministère du Travail. Le principe semble en être accepté déjà. Reste à voir le calendrier. » En terme de prime supra-légale, l’offre faite aujourd’hui semble totalement inacceptable aux salariés de la Fonderie. « On nous propose 13.000 € + 7.000 € possibles pour un plan de formation. Nous, nous considérons que le contexte de cette lutte, le préjudice que nous a causé Montupet et la position de Renault dans le conflit nous permettent de demander et d’obtenir 50.000 €. C’est là-dessus qu’on va se battre. » Quelques semaines de lutte supplémentaires ne semblent pas effrayer les syndicalistes de la Fonderie. « Et le premier round, il aura lieu le 1er mai, au défilé des travailleurs à Châtellerault ! » La population locale devrait entendre l’appel.

Nouvelle République, Laurent Pinot, 28 avril 2012

Le premier mai, faisons sa fête au travail !

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Le premier mai, faisons sa fête au travail !

« travail » : du latin tripalium, instrument de torture à trois pieux destiné à punir les esclaves

À la veille du deuxième tour, les deux candidats à notre gouvernance, défenseurs d’un modèle capitaliste et étatique de société qui nous accable, nous parlent de retour à la croissance – à condition de toujours plus de sacrifces, d’austérité et de confance aveugle. En cette période de confusion idéologique, ils nous appellent même à célébrer le « travail » le premier mai ! Il nous semble indispensable de rappeler brièvement quelques faits historiques.

Le salariat, c’est l’exploitation et la dépossession

Le capital se constitue historiquement par une dépossession armée des populations : guerres, expropriations de paysan.ne.s, esclavagisme, travail forcé dans les premiers bagnes industriels, génocide amérindien, colonialisme et néo-colonialisme… L’État est le médiateur principal de cette dépossession : par le concours de ses forces armées, par la création de monnaie permettant l’impôt et quantifant les capitaux, par la production de « lois » légitimant le racket des populations (principe de la propriété, privée ou d’État), par le cirque électoral consistant à susciter le consentement chez les populations au fait que l’État décide de tout à leur place.

En contexte de guerre économique, le capital doit s’investir et croître, sous peine d’être dévalué par l’inflation. Le seul moyen de cette reproduction est le recours au travail salarié. Le capital est investi dans une activité productive : moyens de production d’une part (terres, usines, services, technologie) et la main-d’oeuvre d’autre part. Les moyens de production ne dégagent aucun profit : c’est sur la rémunération variable de la main-d’oeuvre, dépendant du bon vouloir de l’employeur (privé ou étatique), qui décide de tout au nom de son titre de « propriété », que peut être extorquée un « profit », une « plus-value » sur le dos des travailleur.euse.s, permettant d’investir dans de nouveaux moyens de production.

Pour que le capital s’accroisse, ce taux d’extorsion doit s’accroître, et c’est ce que l’on nomme la « croissance ». L’institution salariale est donc fondée aussi bien sur le vol des travailleur.euse.s que sur leur absence de décision sur l’outil de travail.

Le salariat, fuite en avant dans la destruction sociale et écologique

Mais ce système d’exploitation bien huilée de l’homme par l’homme a ses contradictions :

– plus la part du capital grandit dans le partage des richesses, plus la part relative des salaires baisse et plus la pauvreté se développe, plombant la demande, d’où crise de surproduction.

– avec la concurrence, il y a course à la technologie (machines-outils, robotique, informatique), et donc réduction massive du nombre d’employé.e.s. La fin du travail des enfants (scolarité obligatoire) et la création d’emplois tertiaires n’ont pas endigué cette hémorragie. D’où crise du chômage, qui certes a permis de tirer les salaires vers le bas, mais a aussi engendré une baisse tendancielle du taux du profit car la plus-value n’est issue que du travail humain.

– la croissance de l’activité productive suppose le défrichement toujours plus large de ressources naturelles, menant à une raréfaction et un renchérissement des ressources… d’où crise écologique massive (mort des terres arables, pollution, déforestation, réchauffement climatique, …).

Pour pallier toutes ces contradictions, se traduisant par des « crises » toujours plus fortes où le capital ne trouve plus à s’investir, le capitalisme a historiquement recouru à l’impérialisme (travail forcé de populations extérieures, nouvelles ressources à moindre prix), à des guerres de masse (relance de l’industrie par l’armement, destruction de la main-d’oeuvre en surplus, marché de la reconstruction), à l’État-providence (qui prend à sa charge une part de l’entretien des salarié.e.s, ouvre des marchés juteux par des grands travaux stimulant par ailleurs pour un temps la consommation), à la promotion de nouveaux « besoins » par de grandes campagnes publicitaires (électro-ménager, voiture puis informatique ont relancé pour un temps l’économie), au crédit bancaire et aux produits fnanciers (qui ne sont qu’une spéculation sur la plus-value future), et enfn au capitalisme vert et au « développement durable » (« l’éco-citoyen.ne », de plus en plus fliqué.e dans sa productivité, est sommé.e de réduire encore plus ses besoins et de financer de grands plans de sauvegarde de la planète… gérés par les mêmes multinationales privées qui la détruisent).

Ces palliatifs ne sont qu’une fuite en avant dans l’accumulation de pouvoir et d’argent d’une part, la catastrophe sociale et écologique d’autre part.

De la lutte contre le salariat à la « fête du travail »

Impulsée à Chicago en 1886, principalement par des anarchistes, la journée du 1er mai pour la réduction du temps de travail a été le symbole de l’offensive des exploité.e.s et des dominé.e.s contre le salariat et l’État. Malgré la répression féroce de l’État et du patronat (licenciements, briseurs de grèves armés, fusillades, condamnations à mort d’anarchistes), cette journée de lutte s’est étendue au monde entier. Face aux luttes sociales, le pouvoir a répondu par le fascisme, qui a détourné le sens originel du 1er mai : le léninisme en fait une journée chômée en 1920. Le nazi Goebbels en fait une « fête nationale du travail » en 1933. Le collabo Pétain en fait une « fête du travail et de la concorde sociale » en 1941. Ce travestissement odieux est aujourd’hui repris par tous les régimes « démocratiques » : les bureaucraties syndicales réclament plus de travail et de croissance et négocient la destruction des droits sociaux chèrement acquis ; les partis appellent à la relance de la croissance et de l’industrie. Le président-candidat sortant appelle même à une « fête du vrai travail » (sic) !

Pour l’action directe

Pour abolir le capitalisme et l’État, il nous faut poursuivre la lutte résolue contre le travail salarié. Les vieux mots d’ordre anarchistes du syndicalisme des origines valent toujours : réduction des cadences et sabotage ; boycott des entreprises qui broient leurs salarié.e.s ; désobéissance aux consignes hiérarchiques ; grèves reconductibles et occupations, en vue de la réappropriation des lieux de production. Le syndicalisme combatif existe toujours, mais avec l’extension du chômage, de la précarité, de la « flexibilité », du flicage au travail et de la répression syndicale, ce mode de lutte est de plus en plus difficile à mettre en oeuvre.

C’est pourquoi il nous faut aussi lutter sur le front de l’autonomie dans notre vie quotidienne. De même que les ouvrier.ère.s du siècle dernier pouvaient compter sur leurs jardins et leurs savoir-faire pour engager des grèves longues, il nous faut aujourd’hui dépendre le moins possible du salariat, devoir le moins possible nous vendre comme du bétail. La réappropriation offensive de terres, de logements et de savoirs-faire et la défense contre la répression sont indispensables pour reconquérir une autonomie de vie et la confance en notre propre force, pour redonner un sens à l’activité humaine et en extirper l’idéologie mortifère de la servitude volontaire, du travail, du sacrifice et du rendement.

Contre l’atomisation sociale, voulue par le pouvoir politique et par le marché, il nous faut réinventer et tisser partout des liens, des relations solidaires et libres, des organisations horizontales, des réseaux d’échanges de biens, de pratiques et de savoirs échappant aux lois du marché et de la domination sociale.

Les valeurs du vieux monde s’effondrent, la catastrophe est en cours. Nous croyons qu’il est possible de ne pas nous effondrer avec lui. Partout, des collectifs se constituent, des complicités et des solidarités se tissent. Il ne tient qu’à nous de poursuivre et d’étendre la lutte, de traduire nos rêves et nos paroles en actes concrets. C’est ce à quoi nous vous invitons ce premier mai, comme chaque jour des temps à venir.

Groupe Pavillon Noir (Fédération anarchiste de la Vienne) – pavillon-noir@federation-anarchiste.org – fa86.noblogs.org

Des individu.e.s

[Poitiers] Communiqué de presse concernant la réquisition de la maison du 11 rue Jean Jaurès

Communiqué de presse concernant la réquisition de la maison du 11 rue Jean Jaurès à Poitiers

Le Dédale "Squat autogéré"

Le Dédale « Squat autogéré »

Le Comité des sans logis et mal logés de Poitiers et le DAL86 ont décidé de réquisitionner une grande maison bourgeoise laissée à l’abandon depuis plus de 15 ans au 11 Rue Jean Jaurès à Poitiers.

En effet, lors de l’étape de la marche des Indignés Bayonne – Paris, nous avons mis en place un campement de sans logis et mal logés à Poitiers, place du marché à partir du 30 mars dernier. A partir du 2 avril au matin nous avons subi des expulsions et évacuations répétées et brutales et une répression féroce et continue. Bien qu’à la fin nous étions sans tentes et sans couvertures, le campement a duré trois semaines, jusqu’à la réquisition de cette maison.

Tout cela a été amplifié par le fait que, malgré les dénégations de la municipalité et des autres autorités, les problèmes d’hébergement et de logement persistent sur Poitiers. Le 115 est complet tous les soirs et refuse jusqu’à 15 personnes. Les CHRS sont complets et ont une liste d’attente (8 jours d’attente pour accéder au foyer Carrefour). La mairie, estime qu’il y a dix personnes vivant dans la rue en ce moment à Poitiers. Non seulement il y a des problèmes de logement sur Poitiers mais les services sociaux sont utilisés pour dissuader les gens de faire respecter leurs droits. Car le fait que le 115 soit complet et qu’il y ait une liste d’attente pour les CHRS, à quoi nous pouvons rajouter le fait que, ni au 115 ni dans les CHRS, les chiens ne soient admis dans les chambres ou avec leurs maîtres et que l’accompagnement social soit utilisé à des fins de contrôle social, tout cela a un effet dissuasif sur ceux qui pourraient en bénéficier. Ils n’appellent plus, ne font plus les démarches ou partent sous d’autres cieux. Cette pénurie artificielle en matière d’hébergement et de logement constitue aussi de fait un moyen de pression contre les mal-logés et sans-logis et renforce le pouvoir arbitraire exercé contre eux. Le logement social n’est pas en reste. Il y aurait un accès à double vitesse : l’un pour ceux qui ont les garanties et qui sont servis immédiatement et ceux qui ne les ont pas et qui n’obtiennent pas de logement. Certes, il n’y a pas de pénurie de logements. Selon les chiffres de l’INSEE 2008 il y a 4122 logements vacants à Poitiers (Combien y en a-t-il aujourd’hui suite à la crise de 2008?). Il y a toutefois de vrais problèmes d’ACCES au logement.

C’est pourquoi la réquisition de cette maison – que nous avons nommée Dédale – depuis le 5 avril dernier nous semble nécessaire afin d’accueillir toutes celles et ceux qui se retrouvent dans ces situations révoltantes.

Le but est de faire de cette grande maison un lieu d’accueil, de logement et d’hébergement autogéré pour des sans-abris et mal-logés et pour tous ceux qui le souhaiteraient. Cet endroit est également un lieu d’échange, d’information – en particulier sur le logement – et de dialogue.

Les habitants du Dédale ont besoin de produits de première nécessité (nourriture, bouteilles d’eau, produits de toilette…), de bidons pour stoker l’eau potable et pour récupérer l’eau de pluie. De meubles (lits, matelas, armoires étagères…). De produits et ustensiles de cuisine et d’entretien, d’outils, de matériel, de produits de fabrication et réparation, cire, paille de fer, javel, bois, fer, pots de peinture, sac de plâtre et de ciment,  sable, mélange béton, grandes bâches pour étanchéifier le toit … (les ustensiles, machines et outils peuvent bien sûr nous être seulement prêtés)

UN TOIT C’EST UN DROIT ! DROIT AU LOGEMENT POUR TOUS !

Comité des sans logis et mal logés de Poitiers ;

DAL86 – Tél : 06 52 93 54 44

Vu sur le site du DAL 86, 26 avril 2012

[Poitiers] Contre-attaque médiatique contre le squat Le Dédale

NdPN : la contre-attaque médiatique de la mairie continue contre les militant.e.s pour le droit au logement, et désormais contre le squat ouvert il y a bientôt trois semaines.

On a aujourd’hui droit dans la presse quotidienne régionale, une fois de plus, au seul avis de la mairie de Poitiers, aux bidonnages de laquelle le collectif des sans-logis et mal logé.e.s de Poitiers, soutenu par le DAL 86, avait répondu. Cerise sur le gâteau, on a aussi la position de la gestionnaire de biens, « propriétaire » du lieu.

Mais malgré les communiqués envoyés à la presse, une fois de plus la position des occupant.e.s militant pour le droit au logement est le grand absent des colonnes de ce journal…

Après hésitation, nous relayons ici cet article aussi pourri que révélateur de l’attitude des autorités… voir les passages soulignés en gras. Non sans l’assortir de commentaires [entre crochets].

Squat Jean-Jaurès : une demeure en panne de rénovation

Une toiture en mauvais état, des intérieurs à restaurer. Avant d’être squatté, l’immeuble du 11, rue Jean-Jaurès, attendait une hypothétique réhabilitation [ndPN : tellement hypothétique que ce beau et grand logement est vide depuis des années, abandonné à la dégradation naturelle au lieu d’être habité] .

A l’angle de la rue Jean-Jaurès et de la rue Arsène-Orillard, un immeuble noirci par la pollution et une toiture qui prend l’eau.

J‘avais des projets que j’ai mis en sommeil depuis 2008 pour des raisons financières liées à la crise, indique Annie Vignes, agent immobilier, propriétaire de l’immeuble du 11, rue Jean-Jaurès. Depuis la semaine dernière son bâtiment est squatté. Une action qui l’a totalement prise de court. « Il y a quelques heures encore, j’ignorais tout des méthodes conduites par certains pour investir des locaux inoccupés et s’y installer comme s’ils étaient chez eux. » [ndPN : oui, ils y habitent, eux, contrairement à cette gestionnaire de biens dont le métier consiste notamment à spéculer sur des besoins vitaux !]

«  Des moyens difficiles à réunir  »

Inoccupé, le 11, rue Jean-Jaurès, à l’angle de la rue Arsène-Orillard, l’est depuis de longues années. Ses façades restent noircies par la pollution à la différence de l’immeuble voisin qui a bénéficié il y a bientôt dix ans d’une totale remise à neuf. Plus sérieux : sa toiture laisse passer des infiltrations d’eau et l’intérieur se dégrade [ndPN : la faute à qui ? remarquons aussi le coup de « l’insalubrité », classique pour justifier les expulsions de squats, pour des réhabilitations prétendues mais qui ne se fait jamais. Manque de bol, le logement demeure en bon état général]. Le bâtiment de deux niveaux (sans compter l’étage sous les toits) ne bénéficie d’aucun classement, mais comporte des éléments remarquables : rampes d’escaliers, cheminées, stucs, moulures… identifiés dans le cadre de l’extension du secteur sauvegardé [ndPN : « sauvegardé«  pour qui ?] appelé à recouvrir tout le Plateau. Mme Vignes : « C’est un très bel immeuble, sain et entièrement exploitable. Mais sa remise en état nécessiterait une somme de travaux et des moyens financiers actuellement difficiles à réunir. » [ndPN : alors quel était le but réel de l’acquisition de ce bien ?La propriétaire indique avoir rencontré les services d’urbanisme de Grand Poitiers avec lesquels elle travaille « en parfaite entente. » Mais sans qu’aucun projet n’aboutisse. C’était jusqu’à ce qu’un groupe de squatters se revendiquant de l’association Droit au Logement investisse les lieux. La propriétaire : « J’espère qu’ils sauront respecter les lieux. En tout cas, s’ils veulent être entendus, je leur demande de ne pas dégrader le bien qu’ils occupent [ndPN : alors là c’est le ponpon ! Qui a laissé ce bien de « dégrader » ? Et qui essaie justement d’en faire un lieu vivable ??]. Ils sont entrés illégalement [ndPN : l’occupation est légale, tant qu’une décision de justice n’aura pas prononcé l’expulsion] Je n’ai rien contre eux, mais ils doivent partir. Avant d’engager une action en justice, je veux bien essayer de discuter. Sans pour autant entrer dans leurs revendications [ndPN : pourquoi ? Parce que ces revendications sont justes et qu’elles gênent la bonne conscience des spéculateurs immobiliers et des autorités ?]. » En cas d’échec des discussions, la propriétaire de l’immeuble se résoudra à saisir la justice pour demander le départ des squatters. « S’ils recherchent des logements, je ne suis pas la personne compétente. »

à suivre

 » Il y a des logements pour accueillir les personnes en difficulté « 

« Je ne comprends pas cette attitude qui vise à nous mettre en difficulté sur les questions de logement, indique Michel Berthier, adjoint au maire en charge de la cohésion sociale [ndPN : comme si c’était Michel Berthier et les autorités municipales qui étaient « en difficulté » sur les questions du logement !]. Contrairement à ce que dit le DAL (Droit au Logement), nous avons à Poitiers suffisamment de logements pour accueillir les personnes en difficulté [ndPN : il faudrait alors répondre aux arguments du DAL et ses solides preuves à l’appui, notamment les appels téléphoniques répétés au 115 démontrant qu’il n’y a pas de place]. Je ne veux pas dresser un tableau idyllique car la période que nous connaissons n’est pas facile [ndPN : ben voyons, et les 4122 logements vacants en 2008 selon l’INSEE ? Il y a bien assez de logements pour tout le monde, mais non, mieux vaut expulser les gens n’ayant pas les moyens matériels de payer le loyer exigé !]. Mais Poitiers n’est pas la région parisienne. Avec les éducateurs de rues, le Relais Georges-Charbonnier, l’Entraide sociale poitevine, la Croix Rouge… nous sommes à même de répondre à la demande. Et nous avons mis en place des parcours résidentiels de manière à accompagner ceux qui ont besoin d’un logement. Ils ne sont pas livrés à eux-mêmes, mais véritablement aidés dans toutes les démarches de la vie quotidienne [ndPN : voici là résumée toute la condescendance des autorités, comme si les gens étaient des mômes qu’il faudrait guider ! Rappelons qu’alors que le logement est un droit, cet « accompagnement » est assorti de tout un tas de contraintes infantilisantes et insupportables pour bon nombre de sans-logis]. L’Entraide sociale poitevine, par exemple, octroie 60 % de son budget à l’accompagnement des personnes suivies dans un parcours résidentiel. » L’adjoint au maire regrette que le DAL milite pour des logements autonomes [ndPN : enfin le mot est lâché ! ET bien oui le DAL 86 milite pour le droit au logement individuel et autonome !]. « Il pourrait finir par convaincre certaines personnes que nous accompagnons [ndPN : Comme si les sans-logis et mal-logés avaient besoin qu’on leur dise ce qu’ils doivent faire ! Le DAL 86 est en soutien à leurs revendications. En revanche on voit bien que la mairie ne souhaite pas que ces personnes l’ouvrent un peu trop fort, non il faut les « accompagner »…]. Cela nous met en difficulté [ ndPN : on avait bien compris que cela LES mettait en difficulté politique, et face à LEURS contradictions]» L’adjoint au maire a, par ailleurs, rencontré des voisins du squat, inquiets pour leur tranquillité [ndPN : quel argument pitoyable, et dont les motivations n’auront échappé à personne… le squat a au contraire reçu, depuis le début, un soutien chaleureux de la part des voisins, d’ailleurs une fête des voisins est organisée bientôt au squat !]

Nouvelle République, Jean-Jacques Boissonneau, 26 avril 2012