ndPN : en attendant un communiqué du collectif des sans-logis et mal-logés de Poitiers et du DAL 86, on trouvera là la déclaration hallucinante d’Alain Claeys, député-maire de Poitiers, suite au départ d’incendie ayant touché le squat Le Dédale, ayant permis à la police de fermer le squat et de procéder à trois arrestations.
Rien n’y manque : attaques nominales contre deux personnes et accusations à leur encontre de « lâcheté », d’ « instrumentalisation » et de « manipulation » alors que ces collectifs sont autogérés et que les décisions sont toutes discutées et prises collectivement, y compris par les premier-e-s concernée-e-s en manque de logement décent. Infantilisation, avec tout le vocabulaire charitable du pouvoir, des personnes sans-logis et mal-logées, en « grande souffrance » et en « perte de repères » auxquelles la bonne mairie, véritable « référence » en la matière, apporterait de « l’aide » ; pas des logements individuels décents, ainsi que le demandent les sans-logis, comprendre : 115 (complet mais rappelez demain), interdiction des chiens, flicage médico-social… une aide si merveilleuse qu’il arrive aux concerné-e-s de la refuser… et de lutter pour un vrai toit. Tentative de marginalisation du DAL 86 alors que l’action de ce collectif est soutenue par la fédération DAL. Et appel à la répression, notamment pour des « menaces » taguées sur le mur… d’un lieu d’habitation !
Si vous avez un départ de feu dans votre piaule vieillotte ou votre squat parce que vous n’avez pas d’électricité, il est à espérer que vous n’ayiez pas d’affiches, tracts et dessins rageurs contre les responsables politiques qui refusent de réquisitionner les millions de logements vides et préfèrent les laisser pourrir aux mains de spéculateurs. C’est qu’au lieu de vous soutenir dans ce moment difficile, il pourrait leur passer par la tête de poster plainte contre vous… La « perte de repères » ça se résout peut-être, pour ces bonnes âmes, par la taule ?
En attendant les suites, on se réécoutera les propos de l’abbé…
Pavillon Noir
L’incendie du squat met un terme à son occupation
Poitiers. Le squat de la rue Jean-Jaurès a été évacué après un début d’incendie nocturne. Trois personnes ont été arrêtées. Le site a été refermé.
La police est restée sur place le temps que les ouvriers referment le site. Une société de gardiennage le surveille.
Un petit incendie vaut mieux qu’une longue et incertaine procédure judiciaire ! Le sinistre survenu dans la nuit de jeudi à vendredi au premier étage d’une vaste maison bourgeoise du n° 11 de la rue Jean-Jaurès transformée en squat a provoqué la libération inattendue des lieux. Ce sont des bougies servant d’éclairage qui auraient provoqué le départ de feu.
Le site était occupé depuis une semaine par un groupe de personnes se réclamant du Droit au logement. Ils voulaient d’ailleurs organiser une journée portes ouvertes sur place demain. Des ouvriers ont procédé à la fermeture de la demeure. Portes et fenêtres sont de nouveau bouclées. « Ils avaient enlevé la serrure pour mettre la leur, on a tout enlevé. Ils avaient leur clé, comme si c’était leur maison », remarque un ouvrier. Une société de gardiennage surveille désormais le site.
« Un problème de sécurité pour tous les Poitevins »
Tout ça après un départ de feu signalé vers 3 h 30 du matin par une riveraine qui était sortie dans son jardin. Elle a alors aperçu l’incendie appelés les pompiers et averti la mairie. Un adjoint au maire avait donné son numéro de portable aux riverains directs du site. Les pompiers ont arraché le portail en bois pour pénétrer dans le jardin et attaquer le feu. Le sinistre a pris naissance au premier étage de la bâtisse et a détruit une partie du plancher. Vingt mètres carrés au total. Ils ont également secouru trois personnes, trouvées en état d’ivresse sur place. « Un drame a été évité de peu », martèle le maire de Poitiers, Alain Claeys, venu également sur place dans la nuit. « C’est un bâtiment privé, occupé, mais il y a un problème de sécurité pour tous les Poitevins. » La police est intervenue. Les trois personnes trouvées par les pompiers, indemnes, ont été placées en garde à vue. Une enquête pour dégradations a été ouverte. Combien de personnes se trouvaient dans la maison au moment du départ du feu ? Hier matin, la propriétaire s’est rendue sur place pour évaluer les dégâts. Le procureur de la République aussi. Les enquêteurs de la sûreté départementale et l’identité judiciaire ont ensuite investi la maison avant de laisser œuvrer les ouvriers chargés de refermer les lieux pour empêcher toute nouvelle intrusion. La propriétaire avait fait constater l’occupation illégale des lieux, préalable indispensable avant toute procédure d’expulsion. Le juge des référés était saisi, hier, d’une demande en ce sens. Il rendra son ordonnance lundi. Une procédure désormais sans objet. L’incendie survenu dans la nuit vient de rendre une fière chandelle à la propriétaire.
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Trois personnes poursuivies en justice
L’incendie survenu dans la nuit de jeudi à vendredi au premier étage d’une partie de la maison occupée rue Jean-Jaurès est d’origine accidentelle, indique le parquet de Poitiers. « Ce sont des bougies qui servaient aux trois personnes présentes pour s’éclairer. Elles ont provoqué le départ du feu. C’est un accident », indique le procureur adjoint, François Casassus-Builhé. Les trois personnes, évacuées par les pompiers, puis interpellées par la police, ont été placées en garde à vue. Deux hommes, de 26 et 37 ans et une femme de 35 ans trouvés en état d’ivresse, libérés, hier dans la soirée. Elles seront poursuivies, le 12 juillet prochain pour violation de domicile et destruction involontaire par incendie. L’enquête se poursuit pour identifier les personnes ayant provoqué des dégradations dans la maison et celles qui ont tracé des tags proférant des menaces de mort.
Nouvelle République, 28 avril 2012
Le maire porte plainte et dénonce une » manipulation » et une » instrumentalisation «
Le feu couvait depuis plusieurs semaines. Le maire de Poitiers, Alain Claeys, a exprimé publiquement, hier, ce qu’il pensait de l’action menée localement par les principaux responsables du Collectif des sans-logis et mal logés et le Droit au logement (DAL 86) : « Un drame a été évité cette nuit. La ligne jaune a été franchie. Je ne laisserai pas, à Poitiers, des individus sans scrupule s’abriter derrière une association respectable comme le DAL, instrumentaliser des gens en souffrance, les pousser à commettre des délits et, pour finir, chercher à remettre en cause tout ce qui a été bâti en matière sociale. Depuis plusieurs mois, ces personnes en souffrance sont manipulées. Je considère que ceux qui ont organisé et soutenu ce squat ont une double responsabilité, jusqu’ici morale, et depuis ce matin, pénale. » Le maire de Poitiers indique par ailleurs avoir porté plainte contre X à la suite de la découverte dans le squat de tags proférant des menaces de mort à son encontre : « J’ai porté plainte en tant que maire et en tant que citoyen. Je souhaite que la justice fasse la lumière sur les exécutants mais aussi et surtout sur les commanditaires de ces opérations. » Le DAL86, par la voix de Jean-François Chazeran, cité par le maire, tout comme Jean-Christophe Clochard, se dit « atterré », par une telle charge : « Instrumentaliser pour quoi ? On cherche juste à trouver des solutions de logements pour des personnes en difficultés. Il y a dix SDF dans les rues de Poitiers actuellement. Là, on avait trouvé une solution de logement pour eux. Je suis catastrophé par ce qui s’est passé. Il n’est pas question de retourner sur place. » La mairie assure que ses services font tout ce qu’il faut.
Nouvelle République, 28 avril 2012