Archives de catégorie : Questions de genres

Miss Patriarcat & Nationalisme

Demain 16 mai aura lieu le concours de Miss Vienne au Méga CGR de Buxerolles. Il faudra débourser dix-sept euros pour avoir le droit de faire partie du public, qui sélectionnera 5 finalistes ; trois d’entre elles (Miss Vienne et deux dauphines) seront ensuite choisies par un jury pour concourir à l’élection de Miss Poitou-Charentes, qui aura lieu le 20 septembre prochain. Miss Poitou-Charentes pourra ensuite participer à l’élection de Miss France.

Ce concours est un show nationaliste : la femme qui sera élue Miss France, couronnée et ceinte d’une écharpe tricolore, « représentera » en effet « la France ». Le concours est d’entrée de jeu fermé à toutes les femmes n’ayant pas la nationalité française.

Ceci n’est qu’une discrimination parmi d’autres. Le nationalisme n’est que la parure nauséabonde d’une promotion éhontée du patriarcat, dans toute son horreur. Les femmes doivent coller au modèle discriminatoire de « beauté » de LA FEMME, assignant la moitié de l’humanité à un rôle d’objet de désir masculin. Désir fabriqué par des millions d’images charriées par les médias et la pub, impliquant tant de souffrances pour tant d’individus qui ne collent pas au modèle. Un modèle d’autant plus inhumain qu’en plus d’être réduites à des objets sexuels, les femmes se retrouvent isolées par leur mise en compétition sur le marché du désir masculin.

Ce concours ignoble, résumant toute l’horreur patriarcale en un saisissant spectacle où défilent des individus affublés de maillots de bain, est ainsi fermé aux femmes n’ayant pas les caractéristiques de LA FEMME édictées par le système. Pour y participer, il faut avoir les mensurations adéquates, la taille idoine (1,70m minimum), l’âge convenable (18 à 24 ans), et être bien lisse : pas de lentilles ni tatouage ni piercing (sauf aux oreilles). L’institution sexiste du concours achèvera de faire disparaître les individus sous un tas de maquillages et de vêtements sensés être « féminins », afin qu’elles collent toutes aux canons de LA FEMME.

Le concours a aussi ses exigences morales : il est fermé aux femmes ayant posé nu, partiellement ou complètement, et à celles ayant un casier judiciaire. Les femmes doivent enfin se montrer « libres » en termes de vie amoureuse, histoire de paraître un minimum disponibles pour le marché télévisuel du désir masculin.

missfrance

Ne nous fions pas à l’aspect badin que les médias nous donnent de cet événement : le concours de Miss France, réduisant les individus à des objets sexuels en compétition dans leur misère affective, nous assénant des normes discriminatoires, nous concerne tou-te-s par son ampleur. N’oublions pas que le concours de Miss France se nourrit de l’audience de millions de télespectateurs-trices, caution de toute cette engeance méprisable des publicitaires et sponsors sexistes finançant le programme. Ce concours incite qui plus est les masses de télespectateurs-trices de cette foire patriarcale et nationaliste à dépenser allégrement leur pognon en SMS et en coups de téléphone pour engraisser les capitalistes des médias, de la pub et de la téléphonie. Notre colère vise d’abord ces responsables, conditionnant au quotidien l’imaginaire des individus, au point que certains d’entre eux (en l’occurrence, elles) vont jusqu’à participer à de tels événements.

Triste spectacle d’individus réduits à du bétail, à l’image de notre société.

Pavillon Noir, 15 mai 2013

Témoignage : survivre en environnement hostile

Survivre en environnement hostile

L’autre jour, je me suis retrouvée dans un squat. C’était pas la première fois. Mais c’est la première fois que j’ai pas réussi à contrôler le stresse qui m’a envahie. Alors, après quelques minutes, je me suis cassée. C’était trop dur de rester. Ce que je vais raconter est évidemment personnel, mais je pense que d’autres pourraient s’y retrouver. J’aimerai surtout provoquer des réactions sur ce sujet qui ne touche pas que moi (je crois) et éventuellement avoir des retours de votre part qui m’aideraient à avancer.

I. Le regard de moi (la femme-copine) sur moi-même.

Toute la difficulté consiste à vous expliquer comment je me perçois, en tant que femme. Comment cette perception que j’ai de moi découle de mon éducation et de l’image que les gens n’ont pas arrêté de me renvoyer à la gueule tout au long de mon existence.

Tout commence alors que je suis petite : mes parents veulent que mes cheveux soient propres et démêlés. Il faut que je fasse des sourires et que j’embrasse les inconnus qui viennent à la maison. Il faut que je porte des tailleurs au collège. Il faut que je présente bien. Il ne faut pas que je fasse trop de bruit, voire pas de bruit du tout. Il faut que je laisse les grands parler. Ma présence est tolérée à condition que je reste silencieuse et que j’écoute sagement. Je suis tolérée à condition que je ne mange pas trop de gâteaux apéritifs : une fille n’a pas le droit de s’empiffrer.

Ensuite, à l’adolescence, ce fut plus complexe. La solidarité féminine est inexistante : nous sommes toutes empêtrées dans nos complexes et, au lieu de nous entraider, nous nous montons les unes sur les autres pour réussir à nous en sortir. Dès lors, le seul regard positif que je peux trouver est celui des mecs. Regard compatissant, parfois. Regard concupiscent, toujours. Regard amical ? Jamais vraiment.  Des mecs m’invitent à venir manger avec eux. Des mecs m’invitent à des soirées qu’ils organisent. Et oh, évidemment que je sais pourquoi je suis invitée. Mais je suis sensée faire quoi ? Dire non ? Rester seule chez moi ? Si la seule vie sociale qui m’est possible est une vie sociale basée sur le désir sexuel, dois-je y renoncer ? Je n’ai pas envie de me retrouver totalement seule, entre les quatre murs de ma chambre, alors je joue le jeu.

C’est à travers ces expériences que je me construis : je n’existe socialement que parce que des garçons me désirent. Je n’ai pas de relations avec des filles parce que les filles ne supportent pas que des garçons me désirent (histoire de jalousie, back to square one).

Et le jour où j’ai un petit copain, que se passe t’il ? La réalité devient limpide : ma vie sociale n’était qu’une prison dont la porte devait éventuellement se refermer un jour. Puisque j’appartiens maintenant à un homme, chasse gardée, je deviens inexistante aux yeux des autres. Et puisque je ne suis plus disponiblement baisable, je n’ai plus de vie sociale en dehors de mon copain.

Dès lors, lorsqu’on a grandi avec toutes ces horreurs dans la vie, que l’on ne sait pas ce que c’est que des relations humaines saines, des relations humaines dans lesquelles on ne serait pas objet de désir mais simplement une personne intéressante, comment faire ? Comment se comporter lorsqu’on se retrouve au milieu d’inconnus ? Comment se comporter avec ses inconnus alors que le copain est à quelques mètres ?

II. Le regard des autres sur moi

C’est très simple : pour qu’un mec s’intéresse à moi, c’est soit que je lui plait, soit qu’il est l’ami d’un ami qui doit bien tuer le temps en soirée. Un mec qui me parle simplement pour le plaisir de me connaître ? Jamais arrivé.

Pour qu’une fille parle avec moi, c’est que nous nous rencontrons en soirée, et que nous devons tuer le temps. Cette fille a, la plupart du temps, un mec et sa vie à elle tourne déjà autour de son couple. Nous sommes toutes les deux prisonnières de choses qui nous dépassent et nous empêche de communiquer.

Alors, quand je me retrouve au milieu d’une dizaine de gens qui se connaissent déjà, que mon copain connaît, mais qui sont de parfaits inconnus pour moi, que puis-je faire ? Rien. Je ne peux rien faire. Je ne sais pas comment entamer la conversation, puisque la seule image que l’on m’a toujours renvoyée était celle d’une fille qui n’avait aucun intérêt en dehors du sexe.

A partir de là, ces inconnus doivent voir une fille en retrait, timide ou simplement hautaine, pas très curieuse ni engageante. Peut-être même qu’ils ne me voient pas, tellement je suis loin et effacée. Je pense que, pour eux, je suis inexistante.

III. Mon regard sur ces inconnus

Je n’ai pas d’autre intérêt que le désir que je peux provoquer chez autrui. Ce postulat résume à lui seul ma valeur sociale. Cette réalité socialement constatée est un bâillon qui m’a coupé la langue et rend impossible toute amitié. Je suis socialement handicapée, à cause de l’utilisation répétée que l’on a fait de moi et que j’ai acceptée pour pouvoir exister.

Je ne sais pas comment interagir avec ces gens. Je ne sais pas comment oublier le copain à mes côtés. Je ne sais pas ce que c’est une relation désintéressée, une simple amitié. Je suis dans l’incapacité de parler de moi puisque personne ne m’a jamais laissé entendre que j’avais quelque chose d’intéressant, autre que mon cul.

Alors, mon regard sur ces gens est très simple : c’est un regard glacé et distant. Un regard bloqué. Je ne sais pas quoi leur raconter. Ils sont trop nombreux, intimidants. Nous ne nous connaissons pas, et je ne peux pas leur parler de moi. Pour leur dire quoi de toute façon ? Leur dire que, en dehors du sexe, je n’ai aucun intérêt ?

Je les regarde, de loin. Ils ont l’air fermé. Ils ont l’air entre-eux. Si je me présentais à eux, c’est mon corps qu’ils verraient en premier. Ce même corps à travers lequel j’existe et à auquel se limite mon intérêt. Je n’ai pas envie qu’ils voient mon corps, je n’ai pas envie qu’ils me voient, je n’ai pas envie de prendre le risque qu’ils me résument une fois de plus à mon corps.

Et voila comment mon corps de femme est devenu une prison, dont même ma voix n’arrive plus à s’échapper.

A.

Vu sur Indymedia Paris, 7 mai 2013

[Poitiers] Les homophobes s’acharnent, la police couvre

NdPN : les homophobes se sentent pousser des ailes et déversent leurs discours haineux sur la place publique, assortis d’agressions. Comme à Poitiers, contre des militantes de l’égalité des droits, avec insultes et coups de poing. Faut-il rappeler que l’homophobie tue ?

Face à cette homophobie décomplexée, des militant-e-s antifascistes se mobilisent. Comme d’hab, les flics protègent les rassemblements contre le mariage gay : il ne s’agit plus de couvrir les homophobes, ni même de filmer et d’intimider  les militant-e-s antifascistes sous le prétexte de « rassemblement illégal » : ce mercredi 1er mai, un partisan de l’égalité des droits a été arrêté et emmené au poste.

Trop c’est trop, mobilisons-nous !

Voir cet « article » de la NR…

La veillée des anti-mariage gay sous protection policière

Les confrontations sont de plus en plus musclées entre les pro et les anti-mariage gay alors que la loi est désormais votée. Mercredi soir, c’était sur les marches du palais de justice.

La veillée des opposants a été perturbée par un groupe de militants favorables au mariage gay à Poitiers. La police est intervenue après une bousculade.

Le climat conflictuel en pro et anti mariage gay ne s’apaise pas. Un nouvel épisode de cette confrontation qui ne se joue plus seulement sur le terrain des idées et des convictions s’est produit, mercredi soir, devant les marches du palais de justice de Poitiers.

Après des rassemblements sur la place de la mairie, les membres du collectif « Les veilleurs pour la famille », opposés au mariage gay, se retrouvaient aux marches du palais.

«  Il y avait deux excités ils sont entrés dans le tas  »

La veillée rassemblait plus de soixante-dix personnes selon ses organisateurs. Après une heure de veillée tranquille avec lectures et chants, le climat s’est subitement tendu vers 22 h. « Une quinzaine de personnes, des partisans du mariage pour tous sont arrivés sur la place », explique Marguerite de la Meslière, organisatrice de la veillée. « Ils se sont mis devant nous, ils ont commencé à chanter et à beaucoup crier. Ils étaient là avec une banderole favorable au mariage gay. » Jusque-là, la situation restait tout à fait conforme à une confrontation non violente entre deux groupes aux idées opposées. Mais la situation s’est brusquement tendue. « Il y avait deux excités, dont une personne qui avait visiblement bu. Ils sont entrés dans le tas. Il y a eu une bousculade. Ils ne nous ont pas frappés. Mais il y a eu des insultes. Il n’y a pas eu de plainte déposée, mais on se réserve le droit de le faire, si ça continue. » La police est alors alertée. Un des perturbateurs de la veillée est arrêté. Il est état d’ébriété et les policiers trouvent sur lui un couteau. Il a été placé en garde à vue puis libéré. Inconnu de la justice, il fait l’objet d’une composition pénale. La veillée ne s’est pas arrêtée pour autant après cet épisode. Les pro et les anti-mariage gay n’ont pas quitté la place, se faisant toujours face, mais séparés par un cordon de police pour éviter tout nouvel incident ! Un incident qui survient huit jours après l’agression à deux reprises, dénoncées par une jeune fille favorable, elle, au mariage gay. Et c’est dans ce contexte tendu qu’une nouvelle manifestation du collectif des veilleurs est annoncée.

Nouvelle manifestation

Samedi, à 14 h, ils prévoient une opération klaxon en centre-ville avec banderoles et slogans. Une manifestation surveillée de près la police. La manifestation, dont les modalités pratiques sont toujours en discussion, ne devrait se faire qu’en voiture. Une façon d’éviter les rencontres entre cortèges opposés. Les organisateurs ne veulent pas divulguer le parcours à l’avance, par sécurité. « À chaque fois que l’on fait quelque chose, il y a une contre-manif », note un veilleur.

Protection

Les participants, qui doivent s’inscrire par mail à une adresse spécialement créée seront avertis au dernier moment. « Avant, lors de précédentes veillées, des opposants étaient venus discuter avec nous, sans difficulté », note Marguerite. « Plus maintenant. On sent que le climat a changé. C’est plus violent. »

bon à savoir

Les opposants au mariage pour tous n’ont pas l’intention de renoncer. Ils prévoient déjà de renouveller la manifestation en voiture baptisée « Caravane pour tous » demain, samedi 4 mai. Les participants peuvent s’inscrire par courriel en écrivant à lacaravanepourtous86@gmail.com. Une équipe de « La manif pour tous » participera par ailleurs au marathon du Futuroscope le dimanche 26 mai.

Emmanuel Coupaye, Nouvelle République, 3 mai 2013

[Poitiers] Homophobie :  » Je viens d’être agressée à deux reprises « 

Un rassemblement peut en cacher un autre devant l’Hôtel de Ville de Poitiers. Celui relatif au vote du mariage pour tous mardi a cédé la place, hier, à une manifestation contre l’homophobie à l’appel de diverses organisations (En Tous Genres, NPA, Jeunes communistes, Front de gauche…).
Evoquant « les débordements homophobes », Alain, un vétéran, s’avoue « complètement affolé de l’emprise que prend l’extrême droite sur la droite. Dans ma jeunesse, j’ai connu la droite dure et je suis très inquiet. »

« On sent une tension, une montée de l’extrême droite à Poitiers », relève Alexandre Raguet, porte-parole du mouvement jeune NPA de la Vienne. Qui s’est traduite par une série d’agressions ces derniers jours. Vendredi, une jeune sympathisante communiste a été agressée « verbalement ». Et une jeune militante du NPA a été à son tour la cible de violence. « Je viens d’être agressée à deux reprises, raconte-t-elle. Dimanche, en rentrant chez moi, deux hommes m’ont cognée et insultée. Ils me reprochaient mon homosexualité et mon appartenance à l’extrême gauche. Et mardi soir, un autre homme m’a mis un coup de poing au menton. » Dont elle porte la trace.

J-F.R., La Nouvelle République
25/04/2013

Les violences homophobes se multiplient, à nous de contre-attaquer !

Avec les manifs contre le mariage pour toustes, la haine homophobe atteint chaque jour de nouveaux sommets. La menace est claire lorsque Frigide Barjot dit « Hollande veut du sang, il en aura. », ou que Christian Jacob parle du « risque d’une confrontation violente ». A l’UMP aussi, l’homophobie ne se cache même plus, lorsque des députés disent « vous êtes en train d’assassiner des enfants ». Pourtant, ce ne sont pas les homosexuel-les qui agressent des gens dans la rue simplement parce qu’ils ne vivent pas selon leurs dogmes. Les cathos/fachos/homophobes semblent se croire revenus au temps des croisades. Et de fait, les violences envers les homosexuel-les se multiplient. Dans la nuit de mercredi à jeudi, un bar gay a été attaqué à Bordeaux. Mercredi, l’attaque d’un bar gay à Lille par des skinheads a fait plusieurs blessés. Il y a quelques jours, un couple d’homosexuels a été tabassé à Paris.

Les rassemblements pour l’égalité des droits subissent de plus en plus de pressions, partout en France. Parfois, la police elle-même tente de les empêcher. Des échauffourées ont eu lieu en marge d’une manifestation anti-mariage pour toustes à Paris hier. Des député-es ont été menacé-es, parfois de mort. Les paroles haineuses des anti-mariage pour toustes sont responsable du climat de tension actuel.

Leurs actes et leurs discours ne sont pas tolérables ! Ces fanatiques ont montré qu’ils étaient capables d’utiliser la violence pour imposer un modèle rétrograde et autoritaire de société. Leur intolérance et leur venin répugnant n’a pour objectif que de brimer les lesbiennes, les gays, les bisexuel-les, les transsexue-lels et les inters sexes, et d’entretenir les inégalités et discriminations. Tout écart à leurs normes stupides les dérange. Mais ils ont raison de les sentir en danger ! L’égalité des droits n’est qu’un pas vers l’abolition définitive du système patriarcal et hétérosexiste !

Nous ne devons pas céder face à leurs menaces.

Pour défendre les droits des homosexuel-les, mais aussi pour contrecarrer la haine déversée par les réactionnaires : Rendez-vous le 21 avril 15h place de la Bastille (Paris) et à tous les rassemblements qui se multiplient partout en France pour soutenir les homosexuel-les dans leur lutte.

Alternative libertaire le 19 avril 2013

Indymedia Paris-IDF