Archives de catégorie : Répression

[Châtellerault] Un chômeur prend trois mois de taule pour 60 litres de gasoil

NdPN : Ce mardi, un chômeur châtelleraudais en galère de thunes a mangé trois mois fermes de taule, ratant ainsi le mariage de ses filles.

Motif d’une telle décision, privant un homme de trois de sa vie, le confrontant à l’expérience traumatisante de l’enfer carcéral ? Le syphonnage d’un plein de gasoil, bref un « vol » de 70 euros, sur un camion d’une entreprise de transports de marchandises.

Rien ne prouvait que l’homme était en situation de récidive, et ses prochaines convocations au tribunal pour le même sujet ne font évidemment pas encore de lui un « coupable ».

Au-delà de ces détails de justice bourgeoise, le tribunal a encore une fois montré qu’il rendait une justice de classe. Se galérer au chômage, en être réduit à syphonner le camion d’une entreprise pour pouvoir rouler (et pourquoi pas retrouver ainsi du taf pour bouffer), subir le traumatisme de la taule, rater le mariage de ses gamines, c’est juste. « Mettre en difficulté » une entreprise en lui pompant trois bidons, c’est « inacceptable »

En résumé, la bourgeoisie oblige les pauvres à acheter le pétrole qu’elle vole aux pauvres, et engeôle les pauvres qui ne peuvent pas se le payer.

C’est’y pas merveilleux la justice ?

Le chômeur siphonne pour continuer à rouler

Châtellerault. Un quinquagénaire sans travail est parti trois mois en détention pour avoir siphonné des réservoirs de gasoil de camions.

Ses deux filles se marieront sans lui. José en pleure à chaudes larmes. Ce quinquagénaire châtelleraudais vient de partir pour trois mois en détention.

Il a été pris une nouvelle fois en flagrant délit, non pas les doigts dans le pot de confiture, mais avec un siphon à la main. José aspire le carburant à répétition. En l’espace de trois mois, il vient de se faire épingler à cinq reprises ! Son agenda personnel comportait déjà trois rendez-vous avec la justice entre le 6 juin et 6 juillet pour des faits qui se sont produits entre la fin février et le début avril. Des vols de carburants. Quand José s’est fait pincer une nouvelle fois, dans la nuit de lundi à mardi, le parquet s’est décidé à passer la vitesse supérieure : comparution immédiate. Deux vols sont reprochés à José. Le premier remonte au 1er avril dernier. Il est 21 h 45, José est surpris près d’un camion des transports Aubourg. Un frère du patron vient à son devant. José a travaillé là par le passé. Il lui fait remettre le contenu de son bidon dans le réservoir du véhicule. Il relève le numéro de la voiture de José.

«  Si j’avais un travail je ne le ferais plus  »

Une plainte est déposé le lendemain pour un vol de 200 litres de carburant. « Je venais juste de commencer », assure José. « Je n’ai pas volé 200 litres. » Les policiers n’avaient pas été avisés immédiatement et le contenu du coffre pas vérifié. Le deuxième vol date de la nuit de lundi à mardi. Les policiers châtelleraudais mènent un contrôle. Ils arrêtent José. Il leur paraît inquiet et il sent le carburant à plein nez. Quand il ouvre son coffre, les policiers découvrent trois bidons de 20 litres et un siphon dégoulinant de gasoil. José reconnaît qu’il vient de siphonner les 60 l dans un camion stationné à Vouneuil-sur-Vienne. « Le plus inquiétant, c’est quand même le contexte », relève le président Callen. « Vous avez trois convocations pour des faits identiques prochainement. Vous trouvez ça normal ? » « Si j’avais un travail, je ne le ferais plus ! C’est juste pour pouvoir rouler ! Je ne le ferai plus, je regrette », assure le quinquagénaire sans travail depuis décembre dernier. « On peut entendre que Monsieur connaisse des difficultés personnelles », concède le procureur, Charlotte Lecoeur, « mais la situation n’est pas acceptable, elle met aussi en difficulté des entreprises confrontées à de nombreux vols de carburant. » Elle requiert huit mois de prison, dont la moitié ferme avec mandat de dépôt et l’obligation de remettre son permis aux autorités. José s’était fait confisquer sa voiture lors d’un précédent vol. Là, il s’était fait pincer avec celle d’un copain ! « S’il ne peut pas rouler, il ne peut plus rien faire », relève Me Lidwine Reigné, avocate de José. « Trois bidons de 20 l, c’est un plein, 70 €. Faut-il vraiment l’envoyer en prison pour cela ? Et rien ne prouve qu’il a volé 200 litres. » Le tribunal a estimé que oui, à cause de la récidive. La peine plancher a été écartée. José est parti trois mois en prison. Il devra verser 280 € aux transports Aubourg.

Nouvelle République, 17 mai 2012

[Poitiers] Détournements de pub par les Déboulonneurs 86

Hier mercredi à Poitiers, les Déboulonneurs 86 proposaient une promenade antipub, à laquelle nous avons participé. Il s’agissait d’aller de rendre visite aux hideuses sucettes publicitaires qui jalonnent le centre-ville, pour discuter ensemble des détournements possibles, puis de scotcher sur ces totems de la marchandise des papiers annotés de formes diverses, peints ou écrits au marqueur.

Une vingtaine de personnes ont répondu à l’appel, entamant une déambulation sympathique, en compagnie d’une participante revêtue pour l’occasion d’une jolie robe en prospectus publicitaires.

Sous bonne escorte d’une demi-douzaine de flics notant scrupuleusement les phrases écrites, le cortège s’est arrêté un moment, en soutien à des personnes que les flics dégageaient du porche de Notre-Dame pour « chien non tenu en laisse », prétexte habituel pour harceler les sans-logis et mal-logé-e-s de Poitiers.

Onze sucettes publicitaires ont finalement été détournées. Des gens se sont arrêtés pour prendre le temps de regarder ces oeuvres éphémères, et lire le tract des Déboulonneurs qui était scotché à chaque fois dans un coin (lire ci-après).

Un papier est aussi paru aujourd’hui dans la presse locale (voir ci-après).

Pavillon Noir

Mise à jour – Photos

Certains détournements étant mal visibles sous ce format miniature, cliquer sur les photos pour les voir au format original.

Tract des Déboulonneur-euse-s 86

STOP LA PUB !

La publicité nous pollue

à plusieurs niveaux. Elle dévore d’énormes quantités de papier, dont la récupération et le traitement sont essentiellement facturés aux contribuables. Elle est aussi très énergivore : un seul panneau publicitaire tournant équivaut à la consommation annuelle d’un foyer de quatre personnes !

La publicité nous harcèle

pour nous faire rentrer dans le moule étouffant et uniformisant de la consommation, de l’ostentation et de la réussite. Dès le plus jeune âge, nul ne peut tenter de s’en extraire sans se sentir culpabilisé et marginalisé. L’un des exemples le plus frappant est l’image donnée des femmes, tenues d’être jeunes, minces, maquillées et richement parées. Comme aux Cordeliers, avec ce logo de «la Poitevine» rousse, consommatrice de l’enfance à l’âge adulte, pour «l’anniversaire» de laquelle des étudiantes distribuaient des tracts, revêtues de perruques rousses pour coller au «modèle».

La publicité inonde insidieusement

nos lieux de vie, avec sa propagande héritée des régimes totalitaires, alors que l’espace public nous appartient de droit. La décision démocratique sur les emplacements voués à la publicité nous échappe complètement.

La publicité n’est ni une culture

, ni une expression libre : monopolisée par les diffuseurs et les riches, elle ne tolère aucun dialogue, elle répond par la répression à quiconque émet une critique contre le système qu’elle sous-tend. Les condamnations lourdes et répétées de militant-e-s antipub, obtenues à Poitiers par Decaux, démontrent bien que la publicité est une monopolisation violente de la (pseudo) liberté d’expression Elle n’est qu’une  colonisation des esprits.

La publicité n’est pas que le spectacle

du capitalisme, elle en est la condition essentielle. La concurrence et la recherche du profit maximal supposent l’alignement de la demande sur une offre définie par un productivisme effréné, qui n’a plus aucun sens social. Cette société de fausse «abondance» implique qu’une minorité se gave, tandis que l’immense majorité tente de poursuivre un miroir aux alouettes, et qu’un milliard de personnes crèvent de faim et tentent de survivre au beau milieu de ses déchets.

Sur Poitiers, la municipalité collabore

à l’envahissement publicitaire, et prend fait et cause pour Decaux dans les procès qu’il intente aux militant-e-s antipub. Les panneaux d’affichage libre sont absents du centre-ville alors que les «sucettes» publicitaires et les panneaux lumineux y prolifèrent. «Coeur d’agglo» est typique d’un projet social où la population est considérée comme du bétail à tondre.

La désobéissance civile

, comme pour la lutte des faucheurs contre les OGM ou des salariés contre les licenciements, est un moyen de nous défendre et de défendre l’intérêt général. Par des actions antipub assumées et publiques, nous revendiquons avant tout le droit pour tou-te-s de se ressaisir de l’espace public, de lui redonner un sens plus solidaire et plus humain.

Collectif des Déboulonneurs 86

Pour que la pub ne fasse plus partie du paysage

Les antipub sont de retour à Poitiers. Le collectif “ les déboulonneur-euse-s ” ont pris pacifiquement pour cible les sucettes publicitaires du centre-ville.

Ça n’est pas sans humour que les « Déboulonneur-euse-s » Poitiers ont frappé, ici rue du Marché Notre-Dame.

Trois mois après avoir relancé leur mouvement, les « Déboulonneur euse-s » de Poitiers sont passés « à l’attaque », hier en fin d’après-midi avec pour seules armes du ruban adhésif, plusieurs mètres de papier, des ciseaux et quelques feutres ! Une petite vingtaine de « Déboulonneurs » a pris pour cible les sucettes publicitaires et les abris de bus de l’hyper centre de Poitiers. Et ce sont précisément les slogans qu’ils ont détournés et enrichis de bulles. A ne pas confondre avec l’action des antinucléaires (les « éteigneurs » de sucettes), le 17 mars dernier, cette déambulation – suivie par une demi-douzaine de policiers – a conduit le petit groupe, rue du Marché, place Notre-Dame avec la volonté d’inciter les Poitevins « à se réapproprier l’espace public, colonisé et confisqué par la publicité ». Ils n’ont forcé aucun des supports publicitaires et ne les ont pas badigeonnés de peinture. Leur action se voulait « poélitique », sympathique pour dénoncer la publicité qui, expliquent-ils dans un tract, « pollue », « harcèle », « qui n’est ni une culture, ni une expression libre ». « Notre objectif, explique Sylvain, est de susciter un débat citoyen, de faire prendre conscience aux habitants que l’espace public leur appartient. Nous voulons que les gens sachent que la somme que rapporte cette publicité à la Ville est dérisoire. Nous souhaitons provoquer le débat et à terme interpeller les élus municipaux pour un Poitiers sans pub. Avec un euro supplémentaire par contribuable, on se passerait de publicité à Poitiers ! » L’invitation lancée à ce qu’ils ont eux-mêmes appelé « promenade antipub » n’a guère trouvé d’échos auprès de Poitevins pressés de regagner leur domicile et d’entamer, pour un certain nombre d’entre eux, un long week-end comme ces trois étudiantes rencontrées, rue de l’Université que l’action n’a pas convaincues. « Les pubs, à force d’en voir, on ne les voit plus tout simplement. Elles font partie du paysage, c’est tout. »

Nouvelle République, Sylvaine Hausseguy, 17 mai 2012

[Poitiers] « En tous genres » contre l’homophobie

NdPN : Alors que les agressions homophobes progressent, un article sort aujourd’hui dans la presse locale, à l’occasion de la Journée Internationale contre l’homophobie et la transphobie. Action sympathique prévue ce soir à 18H sur la place de l’hôtel de ville par l’association « en tous genres ».

La communauté gay sort du placard à Poitiers

L’association “ En tous genres ” met le débat de l’égalité des droits pour les homosexuels sur la place publique aujourd’hui. Elle souhaite interpeller.

La communauté gay sort du placard à Poitiers

La société évolue mais les discriminations persistent. Dans un café de la rue Victor-Hugo, à Poitiers, le président de l’association « En tous genres » n’a pas à chercher les exemples bien loin : « Rien qu’ici, regardez autour de nous. Il y a la préfecture d’un côté où les homosexuels étrangers persécutés dans leur pays ne peuvent pas bénéficier du droit d’asile. Il y a la mairie où les homosexuels n’ont pas le droit de se marier. Il y a le lycée où des gamins se font traiter de sales pédés à longueur de journée. Et il y a une banque où les couples de salariés homos n’ont pas les mêmes droits que les hétéros ! »

David Allizard s’arrête là mais la liste des revendications de l’association de visibilité et de lutte contre les discriminations fondées sur le genre, le sexe et l’orientation sexuelle est longue. Elle inclut aussi la procréation médicalement assistée pour les couples de femmes et la gestation pour autrui pour les couples d’hommes. « Les homosexuels ne sont pas stériles », insiste leur représentant. Les choses bougent tout de même ; dans la Vienne comme ailleurs. « L’homosexualité est peut-être mieux acceptée mais le coming out reste compliqué pour de nombreux jeunes ; le taux de suicide est plus élevé que chez les hétéros et beaucoup de personnes sont victimes de persécutions. » C’est pour recueillir leurs appels de détresse que l’association a mis en place une messagerie téléphonique. « Ça peut aller loin », ajoute David Allizard. « En 2006, un homme a été frappé dans un fast food de Poitiers sur la base de son homosexualité supposée. Il y a aussi des gens qui sont agressés sur les lieux de drague et qui n’osent pas déposer plainte parce qu’il n’est pas facile de se présenter au commissariat… »

«  Se donner la main  »

L’association qui fait régulièrement des interventions dans les collèges et les lycées mesure la difficulté de vivre librement son homosexualité en milieu rural : « C’est encore moins facile dans une petite ville que dans une grande ville où on peut avoir un certain anonymat », explique un adhérent. « Et puis à Poitiers, on peut trouver des soutiens et se référer à des images. On se sent moins seul. » La discrète capitale régionale n’abrite pourtant pas une communauté homosexuelle particulièrement visible. Il y a bien deux bars gay friendly (le Josette Bar et le Sixties), une boîte de nuit qui sert de repaire (le George-Sand) et un lieu de rencontre (autour du Moulin de Chasseigne) mais peu de couples homosexuels qui se tiennent par la main dans la rue. David Allizard est rêveur : « Le jour où on pourra se donner la main dans les lieux publics sans que cela n’interpelle personne, alors on aura gagné ! »

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Un mariage militant aujourd’hui à Poitiers

A l’occasion de la journée mondiale de lutte contre l’homophobie, aujourd’hui, l’association « En tous genres » organisera un mariage militant entre deux jeunes femmes, à 18 h, devant l’hôtel de ville de Poitiers. Camille et Coralie sont toutes les deux hétérosexuelles mais elles s’engagent pour l’égalité des droits. Leur union sera célébrée par Quéquette, sœur de la perpétuelle indulgence, et Patrick Coronas, conseiller municipal communiste. « Nous voulons rappeler ses engagements de campagne au nouveau président de la République sur le mariage homosexuel et l’adoption », explique le président du mouvement. « La devise républicaine n’est pas appliquée. Si on ne respecte pas l’égalité, il ne peut y avoir ni liberté, ni fraternité. »

Nouvelle République, Baptiste Bize, 17 mai 2012

[Poitiers] Nika Peikrishvili est donc de retour !

Nika Peikrishvili est donc de retour !

Reprenons le parcours de ces derniers jours :

Ayant refusé, le jeudi 10, d’embarquer dans l’avion pour la Pologne, la police n’a pas fait usage de la force et l’a reconduit au CRA (Centre de Rétention Administrative) du Mesnil-Amelot (77).

Aidé par la Cimade du Centre, il est passé devant le TA (Tribunal Administratif) de Melun, où son avocat a plaidé sa remise en liberté.

Aidé par Resf 85, Nika est allé voir sa mère et ses soeurs en Vendée hier et est revenu au Lycée du Dolmen lundi (14/05) à 13h où l’attendaient  tous ses camarades qui ont fait, à partir de 15 h une grande manifestation de soutien devant le lycée et les caméras de FR3, et avec la présence de France Bleu Poitou.

On a bien compté 250 lycéen(ne)s, s’étant collés la photo de Nika et un ou plusieurs des trois bandeaux : « Solidarité Nika », « Régularisation Nika » et « Des papiers pour Nika » (ci-joint) et qui, main dans la main ou bras-dessus, bras-dessous, ont constitué, le long de la façade du lycée, une grande chaîne humaine de solidarité.

Cela dit,  si le tribunal a décidé la fin de la rétention il n’a pas annulé le principe de sa « réadmission » en Pologne, autrement dit la possibilité d’une nouvelle expulsion.

La demande a donc été faite auprès du Maire de Poitiers d’intervenir auprès de la Préfecture pour permettre à Nika de poursuivre ses études.

Il faut en effet pour cela que la Préfecture revienne définitivement sur la décision de le renvoyer en Pologne et accepte enfin de lui donner un vrai titre de séjour.

C’est en ce sens qu’une pétition de soutien à Nika a été signée hier dimanche par 78 personnes, lors de la fête des 30 ans du Toit du Monde, où l’on a pu, entre autres, entendre chanter l’aspiration à la fin des frontières.

(Article publié avec l’aimable autorisation de RESF et de la Cimade)

Publié sur le blog du NPA 86, 15 mai 2012

[Vandeuvre-du-Poitou – 86] En procès pour trois bouts de ferraille

NdPN : Décidément, il ne fait pas bon fouiller dans des bennes à déchets… Deux hommes passaient en procès pour avoir récupéré trois bouts de ferraille dans une déchetterie, d’une valeur d’un euro. Sans avoir menacé ni contraint le gardien qui leur a même donné son accord…  Pour la « justice », c’est du « vol », mais la justice est grande, la justice est magnanime : relaxe.

Le gardien de la déchetterie impassible face aux ferrailleurs

Vendeuvre-du-Poitou.  La justice a relaxé deux hommes qui avaient pris  des métaux dans une benne sous l’œil impassible du gardien de la déchetterie.

Un petit vol de rien du tout. Trois malheureux morceaux de ferraille à la valeur quasi nulle : 1 €! C’est ce que les gendarmes constatent le 27 janvier dernier alors qu’ils surveillent la déchetterie de Vendeuvre-du-Poitou.

Un fourgon Renault Master avec trois personnes à son bord arrive. Le gardien du site vient discuter avec eux, relèvent les gendarmes dans leur PV. Mais ils sont trop loin pour entendre précisément ce qui se dit.

«  Le gardien a participé à la commission de l’infraction  »

Un des membres du trio grimpe alors dans la benne aux métaux, prend plusieurs pièces, et les passe à son compère. « L’agent municipal ne réagit pas. Il reste là les mains dans les poches », notent les gendarmes. Se servir dans les bennes, c’est du vol. Les produits, destinés à être valorisés, sont la propriété de la déchetterie. Interrogé sur ce qui s’est passé ce jour-là, et qui arrive si souvent dans les déchetteries, le gardien précise qu’il avait d’abord dit «  non  » à ces gens du voyage venus en quête d’un peu de ferraille à revendre. « Ils ont alors, insisté gentiment. Je leur ai dit, OK, mais, deux bouts, pas plus. C’est vrai j’ai été un peu laxiste », raconte le gardien aux gendarmes. A aucun moment, il n’évoque des menaces ou une contrainte quelconque. Situation à laquelle les gardiens de déchetterie sont parfois confrontés. Vendredi, Jacques et Pierre, 23 ans tous les deux, devaient s’expliquer sur ce vol de métal en réunion pour lequel le deuxième se trouve en récidive. Le procureur, Marie-Pierre Merle, s’étonne surtout de l’attitude du gardien qui aurait pu faire l’objet de poursuites pour complicité. « Il a participé à la commission de l’infraction. Même s’il est présent et ne dit rien, c’est un vol ! Cette ferraille est la propriété de la déchetterie à partir du moment où elle se trouve dans les bennes. » Elle réclame 100 € d’amende avec sursis contre Jacques, dénué de casier, et 100 € contre Pierre, déjà condamné pour vol. « Où est l’appropriation frauduleuse », demande l’avocate des prévenus, Lidwine Reigné. « Le gardien reconnaît qu’il n’a pas eu peur et qu’il a fait preuve de laxisme. Je réclame la relaxe. » Et elle l’obtient. Jacques et Pierre sont blanchis. L’histoire ne dit pas ce qui est advenu du gardien du site.

Nouvelle République, 14 mai 2012