Archives de catégorie : Décroissance libertaire

[86] Le Parkinson de Gérard Marquois vient d’être reconnu maladie professionnelle au titre de l’exposition aux pesticides

Parkinson et pesticides : sa maladie est reconnue

Le Parkinson de Gérard Marquois vient d’être reconnu maladie professionnelle au titre de l’exposition aux pesticides. Une maladie qui le ronge au quotidien.

En mai dernier, un tableau de maladie professionnelle consacrant le lien entre la maladie de Parkinson et l’exposition aux pesticides était créé. Gérard Marquois, agriculteur à Moncontour dans la Vienne, est le premier à obtenir reconnaissance de sa maladie à ce titre. Le résultat d’un combat qu’il mène depuis plusieurs années, accompagné par la FNATH (lire ci-dessous).

Chez lui, les premiers signes sont apparus en 2005. « Des douleurs à l’épaule, puis dans le bras gauche. Je conduisais difficilement et j’ai eu du mal à appuyer sur l’embrayage. » Gérard Marquois soupçonne des rhumatismes et rend visite à une spécialiste. « Elle nous a très vite orientés vers un neurologue. Pour elle c’était évident, c’était les premiers signes de Parkinson », raconte Jocelyne, son épouse. Fin 2006, Parkinson est confirmé.

«  Ça a été comme un éclair  »

La famille encaisse le coup. « Jusqu’en 2009, quand j’ai ouvert La Nouvelle République et que j’ai lu l’histoire de Pascal Choisy, cet agriculteur qui venait de gagner son procès. Sa maladie de Parkinson était déclarée maladie professionnelle, suite à l’utilisation de certains produits phytosanitaires. Les mêmes que ceux que j’avais utilisés dans les années 80. Ça a été comme un éclair. J’ai contacté la FNATH qui ne nous a pas lâchés depuis. »

Depuis, deux tentatives de reconnaissance de maladie professionnelle ont échoué. « J’avais le moral à zéro. D’autant que, j’étais mis en invalidité à 100 %. A partir de là, je ne touchais plus que 356 € par mois et je ne pouvais plus travailler. » Heureusement la solidarité familiale a joué à plein. « Ma fille a repris l’activité d’élevage à la ferme et mon fils a pris la relève pour l’exploitation céréalière. Sans eux, je n’aurais pas tenu. »

En mai 2012, les règles changent et Gérard Marquois retrouve l’espoir. Par décret, un tableau de maladies professionnelles est créé, facilitant les démarches des agriculteurs concernés. « La Fnath nous a recontactés pour monter un dossier. On a remis toute la procédure en route. Et le 4 octobre, on apprenait que la victoire était enfin là ». Reste le rendez-vous avec un médecin-conseil, qui permettra de fixer le montant de l’indemnisation, pouvant aller jusqu’à 1.200 € par mois.

Aujourd’hui, Gérard Marquois est un peu en colère, mais préfère consacrer son énergie à rester le plus en forme possible. « Je sais que ma maladie va s’accentuer, alors je continue d’aller à la pêche et de me rendre un peu utile à la ferme. Je m’obstine à faire du sport car je sais que mes muscles vont se détériorer. » Et quand une crise survient, Gérard serre les dents. Sa volonté est touchante mais se heurte aux difficultés à tenir un stylo pour faire des jeux d’écriture tôt le matin. Il faut attendre que la première des sept prises de médicaments quotidiennes fasse effet pour que ses doigts gagnent en agilité. L’insomnie gagne et les nuits sont de plus en plus courtes. Les déplacements en voiture se font désormais sur un périmètre restreint. Parfois, Gérard se perd et se sent incapable de retrouver son chemin. « La dernière fois que je suis allé à la pêche, j’ai eu un trou de mémoire, incapable de savoir comment rentrer chez moi. Dans ces cas-là, je m’énerve et je perds encore plus mes moyens. C’est ma chienne qui m’a ramené à ma voiture»

Gérard dit avoir pensé à attaquer en justice les industriels qui ont mis ces produits sur le marché. « Mais j’ai bien d’autres choses à faire que de m’épuiser dans cette voie. »

en savoir plus

Arnaud De Broca :  » Ils ne font pas toujours le lien « 

Arnaud De Broca est secrétaire général de la FNATH (association des accidentés de la vie), qui était à l’origine de la démarche.

Le cas de Gérard Marquois a-t-il ouvert la voie ?

« Forcément, son cas va susciter de nouvelles demandes de reconnaissance de Parkinson en tant que maladie professionnelle. Potentiellement, de nombreux agriculteurs sont concernés, car ils ont largement utilisé des pesticides, et parallèlement Parkinson continue de progresser. Mais beaucoup de gens concernés ne font pas le lien entre leur maladie et leur activité professionnelle. Ça nécessite d’en parler. »

Quelles actions menez-vous ?

« Nous avons publié une brochure sur les risques dans le monde agricole, et nous organisons des réunions d’information. Les agriculteurs sont souvent isolés, et pas à l’affût de ces informations. Nous leur conseillons de réduire leur utilisation de pesticides, et de porter une tenue couvrante adaptée. Et bien sûr nous les accompagnons dans leurs démarches. »

Delphine Noyon, Nouvelle République, 15 novembre 2012

Pesticides : « On ne savait pas que ce n’était pas bon-bon d’utiliser ces produits »

« On savait que ce n’était pas bon-bon, mais on ne savait pas que c’était aussi mauvais d’utiliser ces produits-là, se souvient Gérard Marquois. Jamais on ne nous a dit que la manipulation des fongicides, herbicides et autres insecticides pouvait nous donner la maladie de Parkinson ».

Avant d’être malade, l’agriculteur travaillait « avec un tracteur sans cabine. Quand j’arrosais les champs, je respirais tout ! Je fermais et j’ouvrais manuellement les rampes. A l’époque, on ne se posait pas la question des quantités. Les industriels ne nous ont jamais sensibilisés. Et forcément, quand j’ai agrandi mon exploitation, j’ai utilisé encore plus de produits ». Certains des produits phytosanitaires qu’il utilisait ont depuis été retirés de la vente, comme le Corvet Flo.

« J’ai fait mon métier par amour, je n’ai pas de regrets, assure-t-il pourtant. Je veux juste que ce qui m’arrive soit utile aux autres. Le tracteur de mon fils a une cabine, il met un masque quand il manipule les produits. Je peux vous dire que j’y veille. »

D. N., Nouvelle République, 15 novembre 2012

[86] Boum, le monde entier fait boum, tout l’univers fait boum, lorsque Vinci fait boum-boum

NdPN : Vinci lance depuis un mois ses tractopelles et manitous à l’assaut du bocage de Notre-Dame-des-Landes, mais dans la Vienne Vinci saccage aussi. Entre autres travaux socialement et écologiquement destructeurs, nous l’avions déjà relaté, Vinci (par sa filiale Lisea) procède à des tirs de mine pour construire sa fichue LGV Tours-Bordeaux : 800 à 900 tonnes d’explosifs seront utilisés pour broyer plusieurs millions de mètres cube de terre vivante, pour transformer un biotope en champ de ruines lunaire. Les explosifs c’est pas un truc de militaires ou de « terroristes » ça ? D’ailleurs même les militaires obéissent aux employés de Vinci… Ah non, faut pas confondre ! Quand l’Etat offre un contrat juteux à une multinationale du béton pour utiliser des monceaux d’explosifs ouvrant une gigantesque saignée à ciel ouvert dans nos paysages, en expropriant les habitants et en détruisant l’environnement, on appelle pas ça du terrorisme ; mais du progrès.

PARTOUT VINCI DEGAGE !

La LGV avance à coups de tirs de mines

Liséa effectue régulièrement des tirs de mines pour enlever des milliers  de tonnes de terre. Pendant ce temps-là, la circulation sur l’A 10 est coupée.

C‘est nous qui tenons la baguette, pour une fois qu’on commande les gendarmes, lance fièrement Maurice, bout de feu. Trente-cinq ans de métier, des centaines de milliers de m3 explosés et pas un accident grave à déplorer. Le conducteur de travaux minage n’a pas besoin de hausser la voix pour être entendu. Le silence s’installe. Tout s’arrête sur le chantier de Fontaine-le-Comte : Les engins ne perforent plus la pierre, le ballet des camions s’immobilise, les godets des grues chargés jusqu’à la gueule restent en suspension, même l’autoroute est fermée. Les deux voitures-balais parcourent le tronçon pour une dernière vérification.

Des tirs tous les 25 millièmes de seconde

Les trois cornes de brume annoncent la couleur puis « deux coups pour tout le monde » précise Frédéric. Après ça va très vite. A cent mètres du dispositif de mise à feu, soixante-dix trous bourrés d’explosifs, dix kilos par cavité, enfouis à deux mètres de profondeur, attendent de sauter. C’est l’histoire de quelques secondes : 1.700 m3 de glaise et de calcaire sortent des entrailles de la terre dans un écran de fumée. Peu spectaculaire mais tellement efficace. « Un petit tir », raconte Maurice. Juste de quoi faire sauter un tout petit immeuble de trois étages. Le matin même, il a mis quatre tonnes d’explosifs un peu plus loin, pour broyer 11.500 m3 de pierres. Une routine pour ce professionnel qui, malgré la longue expérience, ne badine pas avec la sécurité. Les problèmes peuvent exister lorsque le souffle est horizontal : « On ne peut rien faire, il est à son maximum de puissance », raconte le conducteur de travaux minage. Mais, hier, pas de surprise : la poussée était verticale. Parfois ça monte à six ou sept mètres. C’est la charge unitaire (mise dans chaque trou) qui donne la puissance du tir. Des tirs séquentiels qui partent tous les 25 millièmes de secondes, « c’est une chaîne pyrotechnique », explique le spécialiste. Il faudra environ entre 800 et 900 tonnes de cette composition chimique pour venir à bout des 300 kilomètres de chantier de la nouvelle ligne LGV SEA (Sud Europe Atlantique) Tours-Bordeaux. Sur la commune de Fontaine-le-Conte, l’ouvrage doit passer huit mètres en dessous de l’autoroute pour construire un tunnel de 147 mètres de long. Et les tirs ne font que commencer. Les compteurs sismiques, relevés après chaque opération, qui mesurent les vibrations, sont là pour rassurer la population riveraine.

Vidéo sur nos sites Internet.

Didier Monteil, Nouvelle République, 15 novembre 2012

Cancer du bitume : Vinci condamné

Cancer du bitume : Vinci condamné

La Cour d’appel de Lyon vient de confirmer la condamnation du géant de la construction pour faute inexcusable à la suite de la mort d’un salarié, ce mardi après-midi. La décision fait jurisprudence : 20 000 ouvriers de la route sont exposés aux vapeurs toxiques du bitume.

Voilà la famille Andrade Serrano enfin soulagée. La filiale de Vinci, Eurovia, vient d’être condamnée en appel pour “faute inexcusable” pour la mort de José-Francisco Andrade Serrano, décédé d’un “cancer du bitume”, en 2008, à l’âge de 56 ans.

“C’est une décision exemplaire, pas seulement franco-française mais également internationale. Elle montre qu’Eurovia connaissait les risques qu’encouraient ses salariés à travailler dans les vapeurs du bitume et qu’elle a refusé de communiquer dessus, a réagi Jean-Jacques Rinck, avocat de la famille. Elle permet de dénoncer publiquement un crime sanitaire et jusqu’alors impuni.”

Eurovia “prend acte” et “va examiner attentivement les détails de la décision en vue d’un pourvoi”. “La décision fait en tout cas jurisprudence et devrait accélérer l’inscription du bitume dans les tableaux de maladies professionnelles, comme l’est l’amiante”, affirme Me Rinck, également satisfait des 200 000 euros d’indemnités obtenus pour la famille des victimes.

Chez les Serrano Andrade, on travaille chez Vinci depuis trois générations. José-Francisco Serrano en est mort “après avoir bossé toute sa vie comme un chien”, enrage Paulo, son fils aîné. Le dermatologue est formel, l’origine du cancer de la peau est liée aux vapeurs toxiques de bitume, dérivé du pétrole. Comme son père, Paulo Andrade a recouvert les chaussées pour le compte d’Eurovia (filiale de Vinci). Il se souvient que lui et les autres ouvriers de la route se nettoyaient la peau avec du gazole pour enlever les trainées gluantes et noirâtres, sans savoir que cela faisait pénétrer davantage les produits chimiques. On leur disait même de boire du lait pour évacuer la toxicité du bitume de leur corps…

Les syndicats en sont persuadés, les risques seraient connus et tus depuis des années.

“En 1999, après le naufrage de l’Erika, on s’est mis à équiper le moindre touriste bénévole de combinaison, de masque, de gants. Tant mieux, mais c’est le même produit que l’on épand sur les routes à longueur de journée à haute température, donc avec les vapeurs toxiques, et sans protection ! Les ouvriers sont pris pour des cobayes !”, déplore Laurent Orlish, responsable de la santé au travail à la CGT.

“On dispose de suffisamment d’éléments scientifiques pour dire qu’il y a des cancérigènes dans le bitume”, renchérit Annie Thébaud-Mony, directrice de recherche à l’Inserm. Celle-là même, qui, 40 ans plus tôt, a tiré la sonnette d’alarme à Jussieu, pour dénoncer un autre scandale, celui de l’amiante.

Avant de mourir, il demande à sa famille d’attaquer son employeur en justice

Quand José-Francisco Serrano Andrade est tombé malade après 22 ans de boîte, “son employeur ne lui a prêté aucune attention, alors que le cancer l’a mutilé en l’espace de deux ans”, ne décolère pas le fils cadet, Luis, portrait craché de son père avant qu’il ne soit défiguré. Au cours de sa maladie, le regard noir et la mâchoire droite de José-Francisco Serrano Andrade sont devenus méconnaissables tant son visage s’est cabossé. Avant de mourir, il demande à sa famille “de ne pas se laisser faire” et d’attaquer son employeur en justice. Le 10 mai 2010, c’est chose faite. Le tribunal des affaires sociales de Bourg-en-Bresse condamne Eurovia pour “faute inexcusable”. Vinci fait appel, épaulé par l’Usirf, le puissant lobby de l’industrie routière, qui représente aussi les autres mastodontes du BTP comme Bouygues ou Eiffage. L’enjeu est trop important. La décision en appel, rendue ce mardi 13 novembre, fait donc jurisprudence et devrait en emmener d’autres dans son sillon.

“C’est David contre Goliath ! Les pétroliers revendent leurs fonds de cuve à l’industrie routière, qui en fait des produits bitumeux en ajoutant du gravier et des fluidifiants. Ces fluxants contiennent du benzopyrène, classé cancérigène avéré. S’il y a une tête de mort sur la bouteille, ce n’est pas pour rien !”, fulmine Jean-Jacques Rinck, avocat de la famille.

Eurovia ne nie pas l’utilisation de ce composé, mais rappelle qu’elle reste dans les clous fixés par l’assurance maladie. Et “à son poste, José-Francisco Andrade Serrano n’a jamais été en contact avec les fluxants”, assure Me Franck Dremaux, qui plaide la cause d’Eurovia. Pour la filiale de Vinci, son cancer de la peau a été provoqué par les UV solaires, un point c’est tout.

“C’est ce que je reproche à Eurovia : n’avoir pas assez informé ses salariés”

“Mon père travaillait à l’arrière d’un camion gravillonneur. D’ailleurs, après sa mort, son poste à l’unité de Bourg-en-Bresse a été supprimé. A écouter son employeur, il n’épandait pas le bitume, mais conduisait des poids lourds… Il n’a même pas le permis nécessaire !”, s’insurge Luis Andrade. Quand Eurovia convoque sa mère, qui, rongée par la dépression, ne pèse plus que 40 kg, il l’accompagne.

“C’était soi-disant pour lui présenter ses condoléances et les formalités administratives de circonstances. Ils voulaient surtout savoir quelles suites judiciaires nous allions donner à l’affaire”, se souvient-il, amer.

Luis travaille dans une station d’épuration. “Au début, j’enchaînais les gastroentérites, à cause des bactéries. Mon père me disait de changer de poste, qu’il ne fallait pas laisser le boulot pourrir ma santé, témoigne Luis Andrade. Il ne se doutait pas que c’était le sien qui allait l’emporter. C’est ce que je reproche à Eurovia : n’avoir pas assez informé et protégé ses salariés.”

La famille a tenu bon, pour que les conditions de travail s’améliorent. Placés sous le feu des projecteurs à leur insu depuis le début du procès, les leaders de l’industrie routière ont redoublé d’efforts en prévention. Mais tout ne dépend pas d’eux. Car pour l’heure, la meilleure solution pour réduire les fumées de bitume reste les enrobés tièdes. Au lieu d’être coulés à 160 degrés, ils le sont à 110. Résultat, quatre à huit fois moins de vapeurs s’échappent. La peau et les poumons des ouvriers qui étalent le produit fumant sont moins attaqués. En prime, des économies d’énergie sont réalisées. Mais le client, en l’occurrence l’Etat, qui porte 60% du marché, est roi. Et il reste frileux. Les enrobés tièdes coûtent entre 5 et 10% plus cher que les classiques.

Rozenn Le Saint, Les Inrocks, 13 novembre 2012

le 13 novembre 2012 à 14h08

Communiqué de presse du Comité poitevin contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes

NdPN : ce communiqué a été élaboré à l’issue de la réunion d’information sur la ZAD, organisée hier soir à Poitiers à la maison du peuple. Du monde, plein d’infos, de la bonne bouffe et surtout de l’organisation concrète pour la manif du 17 à Notre-Dame-des-Landes !

Communiqué de presse

La lutte contre le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes (44) continue de s’amplifier. La vaste opération militaire « César », déclenchée le 16 octobre dernier, suscite de nombreuses réactions. Messages de soutien, rassemblements et actions de solidarité se multiplient en France mais aussi à l’étranger. Partout, des comités de soutien se constituent. La lutte contre l’aéroport déborde enfin.

Faire déborder la lutte c’est s’opposer non seulement à l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes mais aussi à l’ensemble des projets, Lignes à grande Vitesse, Lignes Très Haute Tension, autoroutes, etc. qui participent à la planification territoriale dictée par l’État et l’Union Européenne. Au-delà de la résistance au projet, c’est donc un mouvement de lutte qui doit naître contre l’expansion des métropoles et la vision du monde qui va avec.

Le comité poitevin contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes souhaite participer à la construction de ce mouvement de résistance populaire et transversal, seul capable de l’emporter, comme à Plogoff ou au Larzac.

Une grande manifestation de réoccupation aura lieu le 17 Novembre 2012. Départ à 11h de Notre-Dame-des-Landes. Cet événement doit être l’occasion pour nous de démontrer notre solidarité avec la Zone à Défendre et notre opposition à tous les projets inutiles, socialement et écologiquement dévastateurs.

Convergeons tous vers la ZAD le 17 Novembre.

Comité poitevin contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes

Contact: nonaeroportnddl86@yahoo.com et Infos sur la lutte: zad.nadir.org

NdPN (2) : hier plusieurs communiqués :

sur l’agression d’un vigile, abondamment relayée par des merdias soudain diserts sur ce qui se passe à la ZAD. On lira aussi le billet de Fabrice sur Planète sans visa.

-un communiqué de clowns, Ultimatum de l’ACAB aux grands cons de ce monde

– un communiqué de refus des « soutien » d’extrême-droite.

On apprend par ailleurs que l’expulsion de la forêt de  Hambach (occupée en Allemagne contre un projet de mine de charbon) a commencé hier matin, « il ya des personnes dans des tunnels, la police roule quand même dessous« .

Enfin, une bonne nouvelle dans l’affaire du cancer du bitume : La Cour d’appel de Lyon vient de confirmer la condamnation de Vinci pour faute inexcusable à la suite de la mort d’un salarié, ce mardi après-midi. La décision fait jurisprudence : 20 000 ouvriers de la route sont exposés aux vapeurs toxiques du bitume…

[Notre-Dame-des-Landes] Infos 13 novembre – petites mises au point

NdPN : Pour rappel, rendez-vous ce soir à Poitiers à la maison du peuple (rue Arsène Orillard), à 18H30, pour une réunion d’info !

C’est plutôt tranquille sur la ZAD, une AG de préparation de la manif de réoccupation du 17 novembre propose à tout le monde, vues les récupérations politicardes, d’adopter un même drapeau.

Cette démarche vient d’une mise au point contre pas mal de politicards, participant à la dissociation entre bons et mauvais habitant-e-s de la ZAD, comptant débarquer à Notre-Dame-des-Landes. Trois textes parus hier sur zad.nadir :

Nous voulons une manif, pas une parade

Le 17 novembre aura lieu une manifestation de réoccupation, pensée comme un moment de réaction collective aux expulsions de squats sur la ZAD.

Nous sommes des occupantEs de la ZAD. Nous ne sommes pas dans des logiques de parti. Nous ne croyons pas à la pseudo-démocratie et à son jeu de représentation. Ce qui fait la force de ces moments vécus depuis le déclenchement des expulsions, c’est de se retrouver avec un tas de gens autour de notre refus de ce projet d’aéroport, et du monde qui va avec. Nous voulons que cette manif soit celle de tou-te-s les opposantEs, et que touTEs celles et ceux qui sont en lutte y trouvent une place.

Depuis quelques jours, les stars de la politique politicienne se relaient pour annoncer leur venue. Depuis quelques jours on n’entend plus qu’elles/eux. Nous ne voulons pas que toute l’attention se braque ce jour là sur quelques têtes d’affiche qui ont déjà tout l’espace médiatique pour s’exprimer, et qui ne fouttront jamais les pieds sur la zone si il n’y a pas 50 caméras pour les accompagner.

Nous voulons une manif d’opposant-e-s au projet d’aéroport, pas un podium pour politicardEs.

AmiEs en lutte, bienvenue !

Le mouvement d’occupation.

Nous ne voulons pas voir les bureaucrates d’Europe Ecologie – Les Verts

Depuis quelques jours, des dirigeant-e-s d’EELV prennent position par rapport aux expulsions en cours sur la ZAD : ils/elles expriment leur soutien aux habitant-e-s et appellent à la manifestation de réoccupation du 17 novembre. Depuis que le mouvement d’occupation existe, les dirigeant-e-s d’EELV n’ont fait que s’en désolidariser par presse interposée. Ils/elles ont parlé d’ultras, de violent-e-s agitateurs/ices et d’extrémistes ; et n’ont cessé de dénoncer des actions menées conte l’aéroport et les porteurs du projet.

Aujourd’hui, des responsables d’EELV se désolidarisent encore des « minorités violentes ». Au cas ou ils/elles ne le sauraient pas, la manifestation du 17 est appelée notamment à l’initiative de ces mêmes « minorités violentes », de celleux qui montent des barricades et lancent des pierres pour défendre leur maison, en l’occurence les occupant-e-s de la ZAD.

Comment peut-on autant chier sur la gueule d’un mouvement, le fragiliser, pour ne pas dire essayer de le broyer ; et en même temps appeler à le soutenir au moment ou il prend de l’ampleur ? Serait-ce l’attrait des caméras ? Si les prétendu-e-s « porte-paroles » d’EELV ont tant envie de parler, ils n’ont qu’à s’expliquer d’abord sur 3 ans de declarations odieuses à notre sujet.

De notre côté, nous n’acceptons pas que celleux qui se dissocient des actes de résistance aux expulsions viennent à cette manifestation. Les responsables et figures médiatiques d’EELV ne sont pas les bienvenu-e-s à nos yeux.

PS : à tout-e-s les adhérent-e-s et sympathisant-e-s d’EELV qui luttent sincèrement contre l’aéroport, vous êtes les bienvenu-e-s. Et c’était chouette de partager des moments autour des barricades avec certain-e-s de vous…

Le mouvement d’occupation

VERTS DE COLÈRE ou la manif de récupération ?

« C’est compliqué… On est démunis, ces ultras sont totalement autonomes, on ne sait pas comment les virer [1] ». Jean Philippe Magnen, « patron d’EELV 44 », participait dans le Presse Océan du 14 septembre 2011 à l’opération de stigmatisation médiatico-policière des squatteurs, désigné.e.s par le qualificatif d’inquiétants « ultras » à « passer au karcher » [2], après une action menée contre la caravane des primaires du PS.

Aujourd’hui, EELV ne lésine pas sur les moyens pour s’afficher comme « une figure de proue dans le combat politique contre le projet de nouvel aéroport » [3]. EELV se prononce désormais « pour l’arrêt immédiat des opérations de destructions en cours » et « condamn[e] l’évacuation de personnes, la destruction de maisons, la dégradation de cultures et les atteintes à l’environnement » [4]. Communiqués indignés et prises de positions se succèdent. Soudainement, EELV boycotte même le magazine régional jugé trop partial en faveur de l’aéroport. On lit dans Ouest France [5] qu’une quinzaine d’élu-e-s verts seraient en ce moment « sur le terrain » [6], expression lancée comme une formule magique pour s’acheter une nouvelle légitimité.

« Les squats de maisons à NDDL ne servent pas la lutte des vrais opposants au projet d’aéroport que sont les agriculteurs, la population [sic] et les politiques [7] » déclarait il y a quelques mois François de Rugy, député EELV de loire atlantique. Apparemment, les expulsions de squats, elles, sont une belle opportunité pour les vautours de tribunes d’Europe Ecologie qui appellent désormais à la mobilisation pour la manifestation de réoccupation à l’initiative d’occupant-e-s et de collectifs solidaires8.  Les infréquentables « ultras » d’hier seraient-ils aujourd’hui devenus de « vrais opposants » ? Plus probablement ces élites ont-elles flairé qu’elles pourraient regagner une crédibilité vis à vis de leur base, voire faire leur beurre sur la vague de refus qu’ont provoqué les expulsions de squats à NDDL.

Barbara Pompili, coprésidente du groupe écologiste à l’Assemblée nationale, opère tout de même la dissociation habituelle et nécessaire avec ce qui n’est pas récupérable [8]. Ces « activistes d’extrême gauche qui sont dans la lutte pour la lutte », sont « minoritaires » dans ce combat et bien loin des « vraies questions » que soulèvent « les agriculteurs et expropriés (…) vraiment pas extremistes ». « Je ne veux pas qu’on caricature les opposants de Notre Dame des Landes simplement en les réduisant à ces quelques extrémistes ». Dans l’opération de tri selectif dictée par les dirigeants d’EELV, les « mauvais opposants » sont donc toutes ces personnes qui ont partout, ces dernieres semaines, exprimé leur solidarité en ciblant les porteurs du projet. Probablement, ceux que Jacques Auxiette appelle « les professionnels de la guérilla urbaine » sont aussi toutes celles et ceux, d’horizons divers, qui se sont rencontré-e-s dans ce moment pour faire face avec colère à la violence d’Etat, en compliquant pendant plus de trois semaines sa tâche de destruction sur la ZAD.  Après avoir lancé l’offensive de récupération jusqu’au mouvement d’occupation, il s’agit donc de vider ces moments de rage partagée largement de leur contenu subversif (qui va au-delà de la question de cet aéroport) pour pouvoir servir les étroits intérêts des partis politiques.

« Je le dis les yeux dans les yeux, l’accord de 2012 avec le PS, s’ils ne lachent pas sur Notre Dame des Landes, ce sera non. » fanfaronnait Cécile Duflot à l’Université d’été des Verts en aout 2010. Cécile Duflot est devenue depuis ministre du logement du gouvernement Ayrault, après que la direction d’EELV ait enterré les sujets de lutte que sont l’EPR et l’Aéoroport du Grand Ouest en échange de quelques sièges au chaud, probablement pour mieux « changer les choses de l’intérieur », c’est plus confortable.

Disparaître, mais aussi apparaitre au moment opportun est probablement l’art premier de la politique, ainsi les têtes d’EELV espèrent faire d’une pierre deux coups. En prenant position in extremis et au cas où le projet s’écroulerait, cela donne du crédit à cette prétention d’être une force d’opposition à l’intérieur même des innombrables majorités partagées avec le PS, à tous les niveaux décisionnels qui génèrent ce projet d’aéroport. Mais aussi, en interne, cela permet de calmer et de satisfaire sa base militante et électorale la moins frileuse ou carriériste. Comme le veut l’usage démocratique, nous ne doutons pas que la base au sein d’EELV ne soit jamais consultée avant chacune de ces prises de positions, opportunistes et réversibles selon le rapport de force politique du moment. « Je ne mets pas tout le monde dans le même sac » a déclaré Barbara Pompili. Nous non plus.

Une énergie énorme a été déployée dans cette lutte depuis des années pour créer des liens larges et forts de complicité hors de la sphère politicienne, mais sous ses insultes et ses appels à la répression.  Sans surprise, la force militaire a frappé dur sur le mouvement d’occupation. Sans surprise aussi, mais avec une colère forte, nous voyons les stratégies politiciennes qui tournent autour de nos têtes, et qui, après avoir souhaité si souvent nous jeter aux ordures, tentent de nous recycler avec profit.  Nous affirmons ici notre volonté de construire l’unité d’un mouvement horizontal et populaire contre l’aéroport, et ce en faisant face aux fréquentes dissociations officielles d’organisations ou partis politiques inscrits dans cette lutte. Nous reconnaissons les innombrables actes de solidarité exprimés comme faisant partie de cette lutte et la nourrissant.  Nous n’attendrons pas d’avoir le vent dans le dos et refuserons toujours de nous allier à des girouettes. Dirigeant-e-s écologistes, votre présence n’est pas la bienvenue.

9 novembre 2012Hors Pistes un groupe en lutte contre l’aéroport et son monde issu du mouvement d’occupations