Archives de catégorie : Désinformation bourgeoise

[Quand la ville mord…] Deux contrôleurs Vitalis agressés par un resquilleur

Deux contrôleurs de Vitalis ont été agressés, mercredi midi, par un trentenaire qui circulait sans titre de transport. Les choses ont dérapé au moment des opérations de contrôle qui se déroulaient vers 12 h 30 dans le secteur de L’Intendant Le Nain. L’un des contrôleurs a été mordu à l’épaule, l’autre frappé au visage. Il a reçu un coup sur la pommette. Dans un premier temps, le suspect était parvenu à prendre la fuite. Son signalement avait été diffusé et il était interpellé un peu plus tard par des patrouilleurs. L’homme était positif aux stupéfiants. Une petite quantité de shit et d’herbe, dont il est consommateur, a été retrouvée lors de la perquisition de son domicile. Il sera jugé le 9 novembre prochain pour les violences et l’usage de stupéfiants.

Presse patrouilleuse (La Nouvelle République), 20 juillet 2012

[Routine du désastre] Fukushima : des ouvriers contraints de mentir sur la radioactivité

Un sous-traitant intervenu sur le site nucléaire accidenté de Fukushima au Japon aurait poussé ses ouvriers à sous-déclarer le niveau de radiations auquel ils étaient soumis, vraisemblablement pour ne pas perdre son contrat, ont rapporté samedi plusieurs médias japonais.

Selon le quotidien Asahi Shimbun et d’autres médias japonais, un responsable de la société de construction Build-Up aurait demandé en décembre à une dizaine de ses ouvriers de recouvrir de plomb les dosimètres qu’ils portaient pour évaluer le cumul de radiations auxquelles ils étaient exposés, lorsqu’ils intervenaient dans les zones les plus radioactives de la centrale accidentée.

Cette demande visait apparemment à sous-déclarer leur exposition afin que la société puisse continuer à travailler sur le site, rapportent ces médias. Ces ouvriers ont été engagés pendant environ quatre mois, entre décembre 2011 et mars 2012, pour isoler les tuyaux d’une installation de traitement des eaux, a précisé de son côté l’agence Kyodo News. L’agence de presse Jiji et d’autres quotidiens indiquent que le ministère de la santé, du travail et des affaires sociales a commencé à enquêter à ce sujet.

UN BOÎTIER EN PLOMB

Plusieurs ouvriers de Build-Up ont confié à l’Asahi Shimbun qu’en décembre, un haut responsable de la société, leur superviseur sur place, leur avait expliqué qu’il portait un boîtier en plomb et leur avait demandé d’en faire de même. Ce responsable leur aurait expliqué que s’ils ne truquaient pas leur niveau d’exposition, ils atteindraient rapidement le niveau maximal annuel légal de 50 millisieverts, selon le quotidien, qui précise que les ouvriers sont en possession d’un enregistrement du briefing. Certains ouvriers ont refusé de recouvrir leur dosimètre et ont quitté la société, poursuit encore l’Asahi Shimbun. Ni le ministère, ni la société Build-Up n’ont pu être joints samedi matin.

L’accident nucléaire de la centrale de Fukushima Daiichi, exploitée par la compagnie d’électricité Tokyo Electric Power (Tepco), le plus grave depuis la catastrophe de Tchernobyl (Ukraine) en 1986, est survenu après un séisme de magnitude 9 dans la région du Tohoku (nord-est) qui a déclenché un tsunami sur tout le littoral.

Presse radioactive (AFP / lemonde.fr), 22 juillet 2012

[NdPN] Pour celles et ceux qui se faisaient encore des illusions sur la gestion des centrales nucléaires françaises, voici un aperçu des conditions de travail de la nouvelle main d’œuvre nucléaire.

[Industrie de la dépossession] L’enquête publique de Center Parcs boudée

Les habitants des Trois-Moutiers et de Morton n’ont pas marqué d’intérêt pour l’enquête publique close depuis hier.

A 17 heures, je ferme. A deux heures de la clôture de l’enquête publique sur le Center Parcs, le commissaire-enquêteur, installé dans les locaux de la mairie des Trois-Moutiers, n’a vu que trois personnes sur les quatre permanences qu’il a tenues. Force est de constater que Center Parcs n’a pas trouvé d’opposants, pendant un mois, délai légal d’ouverture de l’enquête. La critique est à peine audible chez les Trimoustériens et les Mortonais tellement le projet génère un espoir qui porte les rêves des habitants coincés dans un désert économique (lire article ci-dessous)

Incohérence entre les discours et les choix

Mais il y a des consciences qui s’éveillent dans ce pays qui a perdu ses forces vives mais gagné en quiétude. Christian Boulanger, l’un des rares à s’intéresser à l’enquête publique, pointe du doigt « l’incohérence » entre les discours et les choix qui sont faits.

L’ingénieur en retraite et ex-dirigeant d’entreprise argumente sa critique en mettant en avant l’énergie. « Ils s’engagent à utiliser l’énergie renouvelable sans émission de CO2 et privilégient le choix du gaz de ville, qui émet, lui, du CO2 et dont le raccordement va coûter 2 M€ à la collectivité alors que nous possédons une filière locale avec le bois, qui a été éliminé par Pierre et Vacances. »

Autre exemple avancé par l’ingénieur pragmatique : « On découvre qu’il faut effectuer un forage supplémentaire pour assurer la production en eau alors que 40 % de l’eau pompée n’est pas facturée à cause des fuites dues à un réseau en mauvais état. C’est l’équivalent à peu près de la production annuelle de Center Parcs qui devrait consommer autour de 300.000 m3. »

Le commissaire-enquêteur, Maurice Bossan, neutre, note les observations dans son registre qui lui permettra d’établir ses différents rapports et de donner un avis.

Daniel Thonon, président de l’APPAR (Association pour la protection du patrimoine architectural et rural), s’inscrit également dans la critique. Plus politique celle-là : « Le retour sur l’emploi par rapport à l’investissement (150 M€ par la SEM) estime-t-il, me paraît totalement déséquilibré. C’est de l’auto financement pour quelque 400 emplois relativement précaires au SMIC. »

En écoutant ces deux habitants, Maurice Bossan a fait carton plein des observations. Autant dire que « Pierre et Vacances » est attendu comme le messie.

Didier Monteil, La Nouvelle République, 19 juillet 2012

 » On sera plus en joie qu’à l’heure actuelle « 

Au « bar de l’Amitié », la vie glisse comme le petit blanc sur le zinc. Sec et rapide. François chambre le patron, Patrice, débordé. C’est mercredi et le boulot s’accumule. À côté, le restaurant attend les clients. François, 53 ans, négociant en chevaux, part au quart de tour quand on lui parle de Center Parcs. « Il monte un club hippique, j’ai pris des contacts car ils ont des chevaux de loisirs. » Ce ne sera pas l’affaire du siècle mais si le quinquagénaire franchit la barre, les relations s’installeront dans cette grande bulle, qui fabrique du loisir sur commande.

Jacqueline, 65 ans et son mari Jacky, 69 ans sont à l’apéritif avec Christian, 63 ans, qui tourne au Vittel menthe : « On sera plus en joie qu’à l’heure actuelle », commente le sexagénaire à la moustache fournie. La discussion va bon train sur un projet qui transporte les uns vers une dynamique positive et les autres dans les regrets. « Les anciens, ça les bouscule, raconte Emilie, 31 ans, ils vont avoir de la circulation. »

Dans cette petite commune des Trois-Moutiers de quelque 1.100 âmes, on veut y croire à cet Eldorado. Yann, pharmacien et breton, est « très très positif » à propos de l’arrivée du concept. « Nous sommes dans une zone qui a perdu son industrie, constate-t-il, la venue de Center Parcs va pérenniser les emplois précaires que sont la cueillette des melons et autres petits boulots du même genre. »

Marie-Claire, 74 ans, qui a tenu le café « Au bon rosé » aujourd’hui fermé, y croit : « C’est une bonne nouvelle pour le pays. » Alors que Catherine, 58 ans, agricultrice n’en « voulait pas » à cause des problèmes « d’épandage pour le fumier » avec les chèvres. Mais depuis que le projet n’est plus dans son périmètre direct, Catherine ne s’oppose plus.

Au coin de la boulangerie, Marinette prend le temps de vivre. Après quelques décennies passées en région parisienne, elle est venue revivre au pays. « Voilà 60 ans, il y avait des commerces tout au long de la rue, à la place de la boulangerie, c’était un hôtel restaurant. Je suis née là et contente de ce projet. C’est très bien, ça va amener quelque chose » mais, soudaine, inquiète, Marinette pose le problème : « Ce sont des gens qui vont vivre en autarcie. » Karine, 34 ans, Rochelaise ne l’espère pas : « On va faire de la pub. » C’est elle qui tient l’unique épicerie.

Didier Monteil, La Nouvelle République, 19 juillet 2012

Suicide d’un agent de la SNCF sur son lieu de travail

Un agent de la SNCF travaillant dans un service dont les activités venaient d’être confiées à des entreprises privées s’est suicidé sur son lieu de travail à Sotteville-lès-Rouen, en Seine-Maritime, a-t-on appris jeudi 19 juillet auprès du syndicat SUD-Rail.

Selon ce dernier, son corps a été découvert par un de ses collègues, mardi matin, pendu dans les locaux du service qui s’occupait de la maintenance et de la réparation des chaudières des bâtiments de la SNCF. L’agent, âgé de 53 ans, se serait donné la mort dans la soirée de lundi. Selon SUD-Rail, il a laissé une lettre expliquant son geste et qui se trouve, depuis les faits, entre les mains de la police chargée de l’enquête. « A priori, il ferait référence dans ce courrier aux problèmes rencontrés au travail avec la fermeture de son service », a affirmé Cyrille Baglan, l’un des responsables de SUD-rail en Normandie.

Ce syndicat assure que 22 salariés de la SNCF ont mis fin à leurs jours sur leur lieu de travail, en France, entre janvier 2007 et avril 2012. « Il est établi de façon certaine que ce n’est jamais par hasard que l’on se suicide dans son entreprise même si, on le sait, c’est toujours un faisceau de causes qui y conduit », a ajouté Cyrille Baglan. Interrogée jeudi matin, la direction régionale de Normandie de la SNCF n’était pas en mesure dans l’immédiat de s’exprimer sur ce suicide. Elle prévoyait de le faire dans le courant de la journée.

Presse criminelle (lemonde.fr), 19 juillet 2012

Débrayage de deux heures à l’usine Autoliv-Isodelta

A Chiré-en-Montreuil, les syndicats de l’usine Autoliv-Isodelta ont appelé les salariés à débrayer deux heures à la suite d’un CE exceptionnel lundi matin.

En mai dernier, une suspicion de délocalisation d’une partie de l’Autoliv-Isodelta (fabrication de volants) en Tunisie avait provoqué de vives inquiétudes. L’apaisement n’aura été que de courte durée puisque le comité d’entreprise exceptionnel qui s’est tenu lundi matin n’a pas eu pour vocation de rassurer totalement les salariés et plus globalement les familles et élus de la commune et des environs. La direction (*) y a présenté un plan de « compétitivité » après avoir présenté la situation de l’entreprise qui – de source syndicale – accuserait une perte pour l’exercice 2011 de 17,8 millions d’euros.

«  Ce transfert sera funeste pour Isodelta  » (CGT)

A l’appel de la CFDT et de la CGT, un débrayage de deux heures lundi, une le matin et une l’après-midi, a été suivi selon eux par 90 % des salariés présents. Cette action avait pour vocation, comme l’a indiqué Dominique Poireau, délégué syndicat de la CFDT, « d’informer et marquer le coup puisque [nous] ne cautionnons pas les propositions avancées par la direction ». Ce plan de compétitivité s’articulerait autour de trois axes listés par Dominique Poireau : « On nous a expliqué qu’aujourd’hui pour éviter la cessation d’activité, il faudrait que le groupe recapitalise à hauteur de 20 millions d’euros. Ce n’est pas une découverte, le CE a suivi l’évolution mois par mois. La direction propose donc de réorienter toutes les fabrications sans plus-value, de faire entrer des marchés autres que les volants et de réorganiser la production pour l’optimiser avec les outils restant sur place. » Un échéancier a été présenté pour transférer quatre presses à injection « métal » en Roumanie et Turquie avant la fin de l’année. Et, dès le début de 2013, quatre postes de montage prendraient la direction de la Tunisie. Pour les représentants de la CGT, Marc Guillerm et Thierry Champrobert, « c’est le meilleur moyen de présenter un bilan catastrophique et un PSE rapidement même si aujourd’hui la direction ne parle pas de licenciements. Dans l’immédiat, ces transferts concernent 28 postes [NDLR : l’entreprise compte 650 salariés. En 2008, 776]. Ce déménagement sera funeste pour Isodelta ».
Même si cette vision n’est pas totalement partagée par leurs homologues de la CFDT, ces derniers se réservent le droit de se mettre en grève sur le champ à Chiré comme en Tunisie si, selon leur expression, « un lapin sort du chapeau ».

(*) Toutes les tentatives pour joindre la direction de l’usine ont été vaines.

à chaud

Les élus sur le qui-vive

Au mois de mai dernier, la direction de l’Autoliv-Isodelta avait souhaité rencontrer les élus (lire notre édition du 5 mai) qui restés vigilants mais rassurés. Joint au téléphone Claude Bertaud, président du conseil général se souvient qu’à l’époque les dirigeants envisageaient un transfert de matériel à l’étranger, notamment les presses qui ne produisaient plus, dans un souci de diversifier la production. « Ce type de nouvelle sur fond de suppressions d’emplois à PSA est toujours inquiétant mais je continue à suivre ce dossier complexe. » Mme le maire de Chiré-en-Montreuil Nathalie Guillet aimerait « connaître les objectifs et l’aboutissement recherchés par la direction de l’usine à l’issue de ce transfert ».

Marie-Laure Aveline, La Nouvelle République, 18 juillet 2012