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Nantes, capitale verte européenne : L’imposture écologique

Nantes, capitale verte européenne : L’imposture écologique

Exemple parfait d’une politique de propagande verte, Nantes Métropole s’est vu décerné le Trophée de la capitale verte de l’Europe alors que la mairie socialiste entend bétonner 2 000 hectares de terres agricoles pour construire un aéroport à Notre-Dame-des-Landes.

La commission européenne a retenu la candidature de Nantes pour être capitale verte européenne en 2013. Les critères sont multiples : l’utilisation durable des terres, la nature et la biodiversité, la qualité locale de l’air, la pollution sonore, la gestion des déchets… Avec la construction de l’aéroport, l’expropriation de paysans, et donc un développement urbain conçu au détriment de l’environnement, des écosystèmes et des populations, ce trophée reçu par la ville relève de la propagande verte ou greenwashing. Il représente un enjeu politique important pour la mairie de Nantes et son projet d’aéroport d’une part et d’autre part pour le PS et sa stratégie de démocratie participative, visant à noyauter et étouffer les contestations.

- Etouffer les contestations

Jean-Marc Ayrault expérimente ainsi les limites et les bénéfices de cette stratégie à l’échelle locale pour mieux les appliquer à l’échelle nationale. Pour parer à d’éventuelles résistances, la mairie a décidé de lâcher des subventions. Il y aura un appel à projet citoyen en direction des associations pour l’île de Nantes, chapeauté par la Samoa – organisme chargé de l’aménagement de l’île de Nantes – dont l’ancien président n’est autre qu’Ayrault. Un autre concerne le trophée « Nantes, capitale verte européenne » pour lequel la mairie prévoit une enveloppe de 150 000 euros et un prix de 5 000 euros pour les associations dont les projets seront retenus. Les médias seront présents et l’objectif est de donner l’image d’une métropole écolo/verte et d’en faire une vitrine de la démocratie participative chère au PS. Il s’agit de faire oublier le point noir que représente l’aéroport Notre-Dame-des-Landes et de présenter Nantes comme une ville innovante en matière de démocratie, puisqu’a priori à Hambourg et Vitoria Gasteiz (Pays Basque), les citoyens n’ont pas été associés à la dynamique « capitale verte » et ce fameux label européen fut plutôt perçu comme une arnaque.

- Collusion des associations

Des divergences existent entre les différentes associations écologistes nantaises. D’un côté, celles qui veulent participer à cet appel à projet en se targuant d’y trouver un moyen de dénoncer l’aéroport sont souvent dépendantes des subventions délivrées par Nantes Métropole (jusqu’à un million par an et ont des salariés). De l’autre côté, il y a celles qui souhaitent boycotter cet « appel citoyen » en refusant de cautionner le greenwashing. Pour ceux qui contestent la construction de l’aéroport, l’enjeu est de saisir cette initiative pour dénoncer la mascarade écologique et mettre en avant l’hypocrisie de la mairie qui se présente comme un modèle de développement durable mais qui bétonne 2 000 hectares de terres agricoles à 10 kilomètres de Nantes. L’appel à projet met en lumière la collusion entre la mairie socialiste et une bonne partie du monde associatif écolo nantais qui explique en partie la faiblesse de la contestation anti-aéroport sur la ville. L’opposition centrale à l’aéroport repose fortement sur le monde agricole local et les habitants directement concernés (communes périurbaines, squatteurs de la ZAD). Un des enjeux reste de mobiliser plus fortement la population nantaise encore peu préoccupée par cette lutte. Il y a pourtant l’exemple historique de la mobilisation de 1997 contre le projet de centrale nucléaire du Carnet, aux portes de Nantes, qui avait été abandonné, nous rappelant que la résistance peut continuer à se développer.

Maud et Stéphanie (AL Nantes)

http://www.ainfos.ca/fr/ainfos09772.html

Vu sur Indymedia Nantes, 1 janvier 2013

Lobotomisation à grande vitesse : au sujet des « emplois » (l’avaleur travail)

Image vue sur le blog de Fred et René

Aujourd’hui la Nouvelle République remet le couvert en encensant une fois de plus le chantier de la LGV Tours-Bordeaux (voir ici et ). Une fois de plus, l’argument principal est celui de la création d’emplois que susciterait ladite ligne à grande vitesse.

Passons sur les arguments écologiques, par trop évidents : les paysages lunaires et désolés du chantier, ouvrant la terre à ciel ouvert à coups d’explosifs, montrent eux-mêmes en un saisissant raccourci à quoi ressemble le système actuel – celui d’une destruction massive des espaces et des sociétés.

Plaçons-nous donc d’abord sur le terrain de l’ennemi, l’économie. Si l’on veut bien jouer cet exercice intellectuel (pour ne pas dire la contorsion) consistant à adopter le point de vue de la social-démocratie, si l’on n’admet que le cadre capitaliste pour envisager une société meilleure (la LGV est largement soutenue par les élu-e-s PS) : la LGV est déjà un non-sens total.

Ce chantier pharaonique est économiquement ruineux pour les exploité-e-s, avec des subventions énormes données à perte par l’Etat et les collectivités locales à Vinci – comme pour tous les PPP (partenariats public-privé), dont les contribuables assument seuls les pertes et les capitalises encaissent seuls les profits. Les montants délirants de ces investissements publics, en pleine période dite de « crise » où un nombre croissant de gens connaissent des conditions de (sur)vie de plus en plus inacceptables, posent en eux-mêmes la question flagrante : où va l’argent ?

Quant aux fameuses « créations d’emplois », il faut souligner d’une part que la recrudescence d’emplois suscités par le chantier est tout à fait éphémère (comme l’admet d’ailleurs la NR). D’autre part, et cela va avec, il faut rappeler qu’à terme, comme pour toute concentration/rationalisation des moyens de production, d’échange et de distribution en système capitaliste, ce chantier n’est qu’un prélude de plus à une nouvelle baisse structurelle des emplois. En effet, la LGV désertifiera un peu plus les régions traversées et isolées par le train à grande vitesse ; la dynamique de métropolisation des espaces urbains desservis par la ligne (devenant un peu plus des noeuds d’échange accaparant toute l’activité humaine) répond quant à elle à une logique éminemment capitaliste : rationaliser l’appareil productif de façon à réduire, précisément, le coût de main-d’oeuvre… ayant pour conséquence, comme depuis plusieurs décennies, l’approfondissement du chômage. Quand la machine remplace globalement l’homme, le chassant de la sphère productive, les emplois suscités par l’élaboration de l’outil ne servent qu’à réduire globalement l’emploi.

La LGV n’est qu’un aspect du dispositif capitaliste global consistant à concentrer le capital, à maximiser le profit et à réduire globalement la rémunération de la force de travail.

Néanmoins, si profit privé et bien commun sont éminemment incompatibles et si le social-capitalisme est par définition un mensonge, ces chantiers sont loin d’être illogiques, malgré leur apparente absurdité en termes socio-économiques.

Ils répondent en effet à la logique actuelle d’un capitalisme aux abois. On peut même dire que ces chantiers délirants sont actuellement inévitables, si l’on se condamne à rester dans les paradigmes d’une organisation capitaliste de la société. Si dans le monde entier, avec l’aval de gouvernements de gauche comme de droite, ces chantiers prolifèrent, c’est pour une raison précise : le capitalisme productif ne rapporte plus assez. Et ce, depuis la fin des années 1960, précisément parce que le machinisme a marginalisé l’homme au sein du processus de production/valorisation. D’une part les investissements en machines ont pris une part prépondérante dans les investissements globaux, réduisant la part de l’investissement en force de travail humain à une portion toujours plus congrue… alors que c’est uniquement sur l’exploitation du travail humain que le profit se réalise. D’autre part, la production peine à s’écouler, au sein d’un marché prombé par la stagnation relative des salaires par rapport à la masse croissante du capital en circulation.

Le capitalisme ne peut fuir éternellement ses contradictions avec de vieilles recettes ; c’est pourquoi il se restructure périodiquement, en colonisant et en défrichant de nouveaux « gisements de profits ».

C’est la financiarisation de l’économie mondiale qui a permis, à partir des années 1970, de prolonger le maintien du profit capitaliste. D’une part en organisant la spéculation sur les profits productifs à venir, du moins susceptibles de venir. Et d’autre part en encourageant le crédit chez les salariés mal payés, pour permettre de maintenir la consommation. Tour de passe-passe, fuite en avant ? Certes, on l’a manifestement vu lors de la crise de 2008 ; n’empêche que cette restructuration a permis de maintenir le système (et les emplois avec, n’en déplaise aux « anti-libéraux » de gauche).

Le hic, c’est que la spéculation sur les profits à venir dans l’activité productive exige elle aussi, tout de même, que la production se poursuive un minimum. Sous peine de doute trop flagrant sur la réalité de la production, ce fondement incontournable, même avec mille tours de magie, de l’économie ; sans activité productive minimale pour faire illusion, il y a doute généralisé, et donc éclatement de la bulle financière, et donc dévalorisation massive du capital, et donc paralysie totale de l’économie, bref, disparition de la valeur elle-même, et effondrement pur et simple du capitalisme. Adieu juges, flics, notaires : les populations affamées se ruent sur les biens redevenus communs. Et ça, pour les possédants et les dominants, c’est pas très glop.

C’est ce rôle de caution d’un productivisme, en apparence absurde, que jouent actuellement et en toute logique capitaliste les multiples partenariats public-privé. Ces immenses chantiers de béton et d’acier, aussi laids qu’inutiles socialement, ne sont utiles qu’à la tentative de pérennisation du capitalisme, en garantissant le maintien du minimum de profits productifs juteux nécessaire à la crédibilité de la valeur globale et de sa circulation.

Voilà pour le côté économique.

A notre sens, ce qu’il faut aussi attaquer, c’est ce pseudo-argument des capitalistes, repris en choeur par leurs bardes politiciens et journalistes, de la création d’emplois. Parmi tant de laideur, de destruction écologique, de ruine d’argent public, de destruction d’espaces communs de vie, l’emploi demeure le seul et ultime argument pour soutenir ce consternant projet de LGV (comme du reste tous les PPP). L’emploi est le grand retranchement argumentaire des capitalistes et de leurs petits copains du PS et de la NR.

Or, si l’on veut bien cesser de penser « croissance », « emploi » et « réindustrialisation » comme les sources de notre bonheur sur Terre : pourquoi les gens veulent-ils des emplois salariés (c’est-à-dire exploités et aliénés, où l’on prélève sur eux un profit, et où ils n’ont aucune capacité de décider de la nature de la production) ? Pour se procurer de l’argent, monsieur le DRH, pas pour se « réaliser »… Et pourquoi les gens veulent-ils avoir de l’argent ? Pas pour être « libres », monsieur le politicien, mais pour s’assurer de pouvoir payer les besoins nécessaires à la vie, qui sont tous marchandisés puisque les gens ne disposent plus des moyens de les produire par eux-mêmes (on les leur a confisqués). Pourquoi faut-il payer, dans un monde qui produit déjà bien plus qu’il n’est nécessaire pour couvrir les besoins de tous les humains qui peuplent cette planète ? Pas pour être « honnête », monsieur le juge, mais pour éviter de s’exposer au risque d’être broyé par le cerbère étatique flic-juge-maton.

Le travail salarié est comme l’argent : il est un dispositif pour maintenir la domination, la hiérarchie et les inégalités, la privation et la rareté, dans un monde qui croule sous des richesses potentiellement disponibles pour tous. Le travail est l’activité humaine dévoyée par la contrainte, par la menace réelle de crever de faim et de froid, assumée par la répression permanente des forces de « l’ordre ». L’emploi n’est pas un but en soi : il n’est qu’un moyen de survie. Les gens ne travaillent pas comme salariés pour se réaliser : il n’y a nul besoin de contraindre les gens au travail, ni d’argent, pour les voir s’organiser pour produire ce dont ils ont besoin, si tant est qu’ils possèdent les moyens de produire ces choses par eux-mêmes.

Plutôt que de nous satisfaire de « créations d’emploi » temporaires, par des capitalistes qui ne les créent que pour accroître leur profit et leur domination sur nous tous, organisons-nous enfin plutôt pour en finir avec le travail contraint ! Et si ce n’est pour l’abolir ni le déserter totalement dans l’immédiat, puisque le capitalisme est une dictature que l’on ne renverse pas par des déclarations d’intention, luttons au moins pour nous réapproprier les moyens de décider vraiment de nos vies. Organisons-nous au maximum pour produire et nous procurer ce dont nous avons vraiment besoin, en-dehors du monde du salariat. Et quand nous sommes contraints de travailler, organisons-nous pour détourner l’appareil productif et pour saboter le profit, afin de nous répproprier les moyens de décider par nous-mêmes sur nos vies : c’est là l’origine et le sens véritable du syndicalisme.

S’organiser signifie aussi se défendre, collectivement, contre les attaques du capitalisme qui semble précipiter le monde dans sa chute en avant. LGV Lyon-Turin, chantiers du nucléaire et leurs pylônes, aéroport de Notre-Dame-des-Landes… la résistance contre ces dispositifs capitalistes ne s’organise pas que sur un refus théorique ou sur une argumentation économique. Elle se construit aussi par les expérimentations concrètes d’autres façons de vivre, d’autres sociabilités, en même temps que l’organisation d’une défense aux stratégies aussi multiples que complémentaires.

Employons-nous à ne plus être employés.

Juanito, 29 décembre 2012

[Notre-Dame-des-Landes] Infos du 21 décembre

NdPN : Salut ! Le point info du jour ici. Deux articles importants aujourd’hui. L’un fait un topo sur la répression, avec de nouvelles condamnations à de la prison ! (voir aussi nos articles ici et ). L’autre article est un communiqué sur la Châtaigne.

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[Notre-Dame-des-Landes] Un barricadier condamné à 6 mois de prison ferme

Aéroport de Notre-Dame-des-Landes : six mois de prison ferme contre un opposant

Le tribunal correctionnel de Saint-Nazaire a condamné jeudi 20 décembre en comparution immédiate un opposant à l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes à un an de prison, dont six mois fermes, pour violences à l’encontre des forces de l’ordre.

http://juralib.noblogs.org/files/2012/12/0135.jpgDevant la mairie de Notre-Dame-des-Landes.

Interpellé mardi soir dans la commune de Notre-Dame-des-Landes, présenté en comparution immédiate à Saint-Nazaire, ce Parisien né en 1991 a également été condamné à une interdiction de séjour de cinq ans en Loire-Atlantique, mais il n’a pas été écroué à l’issue de l’audience.

Il s’agit de la troisième condamnation à de la prison ferme à l’encontre d’un opposant à l’aéroport depuis le déclenchement à la mi-octobre d’une vaste opération d’expulsion des quelque cent cinquante opposants anticapitalistes alors installés sur le site. Un autre opposant a été condamné mercredi à huit mois de prison, dont deux mois fermes, et un autre à dix mois, dont cinq fermes, le 28 novembre. Ces deux personnes avaient aussitôt été écrouées.

Le tribunal correctionnel de Nantes a en revanche prononcé, jeudi également, la relaxe de deux jeunes femmes, interpellées le 22 octobre dans la commune de Vigneux-de-Bretagne (voisine de celle de Notre-Dame-des-Landes). Elles étaient poursuivies pour la dégradation par jets de projectiles d’un véhicule de gendarmerie, mais les preuves n’ont pas été jugées suffisantes par le tribunal. (…)

Presse aéroportée (LeMonde.fr avec l’Agence Faut Payer, 20 décembre 2012)

 

NDDL. Dégradations sur un véhicule de la gendarmerie : deux relaxes à Nantes

Son amie est au Mexique. Cette étudiante en Master 2 de sciences politiques n’a pas pu se présenter à la barre du tribunal correctionnel de Nantes ce jeudi pour cause de stage à l’étranger. Elle suit des études supérieurs (elle a suspendu son cursus pendant un an).

Toutes deux étaient jugées pour des « dégradations » commises un véhicule de la gendarmerie. Au matin du 22 octobre, à Vigneux-de-Bretagne, elles se « promenaient à travers champs, au mileu d’un epaix brouillard », quand elles ont entendu « des bruits au loin ». Un véhicule de la gendarmerie, mobilisée sur la zone du futur aéroport, venait d’essuyer jets de pierres et de bouteilles.

Elles ont été interpellées et placées en garde à vue. Et les voilà donc devant le tribunal. Sauf que. La procureure avoue ne « pas bien comprendre ce qu’elles font là ». Pour les gendarmes, « le travail d’identification dans ces circonstances est très difficile, c’est sûr, mais nous avons pour obligation de soumettre des éléments concerts. Or, je considère que les éléments sont insuffisants dans ce dossier ».

http://juralib.noblogs.org/files/2012/12/0326.jpg

Me Stéphane Vallée, qui défend, avec force, la jeune femme présente, ne peut qu’abonder dans ce sens : « face à cette procédure, on ne peut que demander la relaxe, en effet », plaide-t-il. Sa cliente a refusé de se soumettre aux tests ADN et signalétiques ? Peut-être. « Mais là encore, dans les PV d’auditions, rien ne prouve que ce refus a existé. Rien n’est matérialisé ! », tonne l’avocat.

Sa cliente et son amie, absente, ont été relaxées pour les dégradations. Pour avoir refusé de se soumettre aux tests, en revanche, le tribunal l’a condamnée à verser 400 euros d’amende avec sursis.

Presse aéroportée (PresseOcean.fr, 20 décembre 2012)

Vu sur le Jura Libertaire, 21 décembre 2012

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Communiqué – [zad-nddl] Recul de la Préfecture sur la châtaigne

Depuis la semaine dernière, la Châtaigne, espace réoccupé avec 40 000 personnes le 17 novembre sur la zad, était menacé d’expulsion suite à une ordonnance sur requête.

Suite à notre annonce de la mise en oeuvre d’un procédure de rétractation, la Préfecture a fait savoir qu’elle n’entendait pas faire usage de l’ordonnance sur requête autorisant l’expulsion de la Châtaigne. Cela signifie qu’une nouvelle procédure, nominative et contradictoire cette fois, sera nécessaire pour obtenir l’expulsion du lieu. Après l’attaque policière de la châtaigne et le vol de nos outils et matériaux le 23 novembre, ainsi que les divers passages en force sur le plan juridique, il apparait que la Préfecture recule.

Il est cocasse de repenser au communiqué officiel de la Préfecture affirmant mercredi dernier que les habitants de la Chataîgne n’avaient « plus aucun droit ». Prise à son propre jeu, elle doit bien admettre aujourd’hui qu’il lui sera nécessaire de relancer une procédure pour obtenir le droit d’expulser. Si nous ne nous cachons pas, pour notre part, derrière un « droit » qui se range le plus souvent du coté des puissants, nous ne les lâcherons pas sur ce terrain là, pas plus que sur les autres… Au demeurant, nous n’entendons pas nous reposer sur des procédures hasardeuses : les opposants, paysans, habitants et associations restent prêt sur place à défendre la châtaigne et à réagir si nécessaire dans les villes et bourgs partout ailleurs.

Malgré la multiplication des arrêts préfectoraux interdisant le transport de matériaux, outils, carburants sur la ZAD, malgré les checkpoints, le harcèlement, les contrôles et arrestations à répétition, l’usage illimité des grenades assourdissantes, nous n’avons cessé d’approvisionner les cabanes et de construire. Samedi midi encore, après qu’un pique-nique sur la route ait été gazé, une grande crèche en kit transportée sur des tracteurs a réussi à passer entre les rangs policiers sous la pression. Si ce n’est la volonté de maintenir un point de tension permanent, et de continuer à blesser les opposants, la présence des troupes préfectorales ne leur est plus d’aucune utilité. Il est grand temps qu’elles se retirent de la ZAD.

Alors que la « commission gouvernementale de dialogue » propose un premier rendez-vous à Nantes cette semaine, nous rappelons que les différentes composantes de la lutte sur le terrain sont unies dans le refus d’un dialogue fantôche sur l’aménagement du projet d’aéroport. On ne nous fera pas ce coup là, d’autant que les expulsions des fermes, champs et habitats menacent encore et que Vinci annonce la poursuite des travaux de mise en oeuvre. Nous sommes déterminés à résister jusqu’au retrait du projet.

Si la pression s’éloigne momentanément sur la Châtaigne, la vigilance demeure de mise sur tous les autres habitats occupés, entre autre la maison de la Sécherie (route des fosses noires) qui pourrait être expulsée dès le 27 décembre et qui appelle à se mobiliser.

Les 15 et 16 décembre dernier, un mois après la manifestation de réoccupation, plus de 300 personnes représentant 150 comités de soutien locaux se sont retrouvées à Notre dame des landes pour coordonner les actions et mobilisations des semaines et mois à venir, réaffirmer leur opposition sans concession à ce projet et au monde qui le produit et renforcer les liens avec d’autres luttes locales (THT, Ligne à Grande Vitesse, gaz de schiste, bétonnage des terres agricoles…)

Nos pensées imédiates vont à nos deux camarades en prison depuis leur arrestation sur une barricade et à un checkpoint policier, à notre camarade encore à l’hopital après s’être pris une grenade dans le pied dimanche soir, ainsi qu’à tous les autres blessés ou inculpés depuis le début de l’opération César

Ils ne nous décourageront pas. On résiste, on construit, on cultive, on occupe, on réoccuppe !

Des occupant-e-s de la ZAD.

Vu sur zad.nadir.org, 20 décembre 2012

[86] Propagande journalistique à grande vitesse pour la LGV Poitiers-Limoges

NdPN : contre la LGV Poitiers-Limoges, on a connu des rassemblements, manifs, tractages, pétitions… plusieurs fois même le projet a été dit menacé d’être « enterré ». C’est compter sans le fait que la propagande capitaliste des partenariats publics-privés a encore des billes dans son wagon. Le train-train de la locomotive productiviste a encore de beaux jours devant lui, si nous ne mobilisons pas à la hauteur de la volonté de nuisance des capitalistes et de leurs alliés  politiciens.

Ainsi, cette journaliste de la Nouvelle République semble superbement ignorer la résistance à la ligne, et se satisfait de rapporter en toute objectivité journalistique l’avis de Claeys, ou du président de l’association de promotion du projet : l’opposition se cantonnerait à « un cercle circonscrit autour de Chaptelat et Bellac », dont les recours ne « tien[nen]t pas la route ». Un beau relais de propagande éhontée pour ce projet coûteux, inutile, écologiquement et socialement nuisible !

On notera l’emploi de mots au caractère bien peu objectif : « arguments socio-économiques », « heureux dénouement », « Les Limousins bénéficieraient alors de la grande vitesse », « un scénario presque idyllique, mais plausible ».

C’est manifestement surtout l’idylle entre les promoteurs de la ligne… et la presse quotidienne régionale, que nous pourrions rebaptiser « Nouvelle ferrovaire » à la lecture d’un tel papier.

A nous tou-te-s de dire et redire que nous ne voulons pas de ce nouveau chantier de plus. Et d’agir, surtout, au-delà d’actions symboliques de pétitions remises aux élus ou de rassemblements « citoyens »… Nous n’avons pas les sous pour de la propagande de masse sur papier, mais nous avons la détermination et la force du nombre.

LGV Poitiers-Limoges : le calendrier se précise

Alors que la décision ministérielle pourrait être avancée de deux mois l’enquête publique semble se profiler pour le printemps 2013.

Un vent d’optimisme souffle désormais entre Limoges et Poitiers. Alors que l’association de promotion de la LGV poursuit son travail de persuasion, le calendrier semble se resserrer. La décision ministérielle n° 2, qui doit notamment répondre à des questions environnementales, n’était pas attendue avant la fin du premier trimestre 2013. Elle pourrait finalement intervenir fin janvier, Réseau ferré de France ayant déposé la semaine dernière le dossier sur le bureau de l’Etat. Un feu vert indispensable au lancement de l’enquête publique, laquelle pourrait alors débuter dès le printemps prochain, fin avril selon les représentants de l’association. Voilà qui a ravi les participants à la réunion publique annuelle organisée par l’association, jeudi soir, à Limoges. De toute évidence, ils y voient le signe d’une bonne volonté gouvernementale.

«  Le cinquième de Flamanville  »

Cette grand’messe, qui réunit d’année en année toujours plus de participants (500 en 2010, 600 l’an dernier, plus de 700 hier), pourrait d’ailleurs être la dernière à se tenir dans un contexte d’incertitudes. « Le projet remplit tous les critères de la commission chargée de trier les priorités du gouvernement », a lâché, tout sourire, son président, Jean-Pierre Limousin. « C’est le moins coûteux : la réalisation de Limoges-Poitiers coûtera le cinquième de Flamanville, et pas plus du double de ce que le Qatar compte investir en cinq ans au PSG… » Les intervenants ont donc rivalisé d’arguments socio-économiques devant un public acquis, relais précieux auprès de l’opinion. Alors que les conditions politiques d’un heureux dénouement semblent plus que jamais réunies, les élus du Limousin ont accueilli à bras ouverts l’invité d’honneur de la soirée, le député-maire de Poitiers. Pour Alain Claeys, pas de doute : indissociable de la ligne Sud Europe Atlantique entre Tours et Bordeaux, le barreau mettrait aussi Poitiers et Limoges à 38 minutes. « C’est une chance incroyable pour les coopérations entre nos universités, nos CHU… », explique l’élu poitevin, lui aussi résolument optimiste. « On nous disait : Tours-Bordeaux, ça ne se fera jamais ; aujourd’hui, c’est l’un des plus gros chantiers en cours en Europe. »

Objectif 2020

Quid des opposants au projet ? « Je n’en vois pas beaucoup, hormis dans un cercle circonscrit autour de Chaptelat et Bellac », répond Jean-Pierre Limousin. « Ils ont déposé un recours ? Soit. Tout juriste compétent sait que cela ne tient pas la route… » En attendant, le calendrier semble se dessiner avec davantage de précision. Si elle est bien lancée fin avril, l’enquête publique devrait s’achever fin juillet. La déclaration d’utilité publique pourrait alors intervenir en 2014, les études de réalisation de la ligne en 2015 et le lancement des travaux en 2016. Les Limousins bénéficieraient alors de la grande vitesse en 2020. Un scénario certes idyllique, mais plausible.

Nouvelle République, Florence Clavaud-Parant, 15 décembre 2012

Mise à jour : voir cet article sur l’appel d’offres pour un lobbying pro-aéroport de Notre-Dame-des-Landes… un autre grand chantier. Lobbying aux frais du contribuable. Lire notamment la stratégie déployée vis-à-vis des journalistes…

[LGV Poitiers-Limoges] Quand la SNCF prépare le terrain en supprimant des TER

NdPN : nous avons évoqué ces derniers jours la lutte des riverains de Rouillé pour que le TER s’arrête à nouveau chez eux, avec blocage du train. Pourquoi des trains supprimés ? Le silence de la SNCF à ce sujet dissimule mal la volonté de saborder la ligne Poitiers-Limoges pour justifier la construction aux forceps de la LGV. En attendant, c’est la galère pour nombre d’usager-e-s.

Ces usagers du TER qui cherchent leurs voies

Depuis lundi, les nouveaux horaires mis en place sur la ligne Limoges –  Poitiers pénalisent des usagers, en particulier ceux de Mignaloux-Beauvoir.

Pour ceux qui préféraient le train, c’est raté ! Depuis lundi, de nouveaux horaires mis en place sur la ligne TER Limoges-Poitiers pénalisent des usagers. Tel Romain Papuchon, habitant Mignaloux-Beauvoir et qui se rend chaque matin à Poitiers pour son travail. « Nous sommes 8 dans ce cas sur la commune. Le train, c’était le moyen le plus rapide et le plus économique. » Auparavant, Romain mettait environ 20 minutes porte à porte entre son domicile et la gare de Poitiers. Aujourd’hui il doit prendre sa voiture et met 50 minutes. « Je prenais le train de 8 h 29. Il est supprimé. Ceux de 6 h 48 et 19 h 32 qui permettaient de prendre la correspondance TGV pour Paris aussi. Enfin, certains TER ne s’arrêtent plus du tout en gare de Mignaloux-Nouaillé. »

«  On remet des voitures sur la route  »

Le tout, déplore ce salarié, sans que les usagers soient informés de ces changements par la SNCF Limousin, gestionnaire de cette ligne. Face à cet état de fait, ils tentent de s’organiser. Des courriers ont été envoyés aux maires, aux députés et aux deux directions régionales SNCF Limousin et Poitou-Charentes. Ces deux dernières n’ont pas encore apporté leurs réponses. Romain Papuchon peste : « Je prends ma voiture depuis lundi, je me gare à Toumaï et je paye 6 euros par jour. » Le maire de Mignaloux, Gérard Sol, semble lui aussi avoir été mis devant le fait accompli. « C’est dommage, résume l’élu, avec ces suppressions de trains, on remet des voitures sur la route, on fait du CO2 ». De plus, la gare installée sur le territoire de Mignaloux, ouverte en 1867, est fermée depuis des lustres. Ne reste qu’un point d’arrêt. La commune s’est pour l’heure portée acquéreur du parvis et réfléchit à l’usage qu’elle pourrait faire de cet espace. « Il y a c’est certain quelque chose à réaliser, plaide le maire, une plate-forme d’échanges par exemple. Mais cela ne se fera pas tout de suite et nous n’y arriverons pas seuls. »

Plus d’infos sur le blog de ligne TER www.maligne-ter.com/limoges- poitiers/

Jean-Michel Gouin, Nouvelle République, 11 décembre 2012