Archives de catégorie : Construction du désert

[Notre-Dame-des-Landes] Infos 15 novembre

On vous prévient, y’a du lien aujourd’hui, clic-clic !

Flash info de la journée ici. Un gros travail de compil a aussi été fait par les zadistes avec des photos ici, et des vidéos là.

Pour la préparation de la manif de réoccupation du 17 novembre : quelques dernières précisions sur l’organisation de la journée sont disponibles ici.

Vues les déclarations de politicards faisant le jeu de la répression en dissociant les « bons » des « mauvais » résistants de la ZAD, on rappelle que les drapeaux d’orgas sont pas trop souhaités, un drapeau commun est proposé ici, à vos pochoirs ! Par ailleurs, des conseils importants pour la manif en cas d’interpellation sont disponibles ici.

Deux vidéos musicales bien sympas, avec « Notre Dame des routes et des ponts, Notre Dame des oiseaux de fer« , du groupe Hamon-Martin quintette, mais aussi un bon rap sur squat.net (on adore !)

Plein de communiqués ces deux derniers jours. On pourra déjà lire des commentaires bien sentis sur l’affaire de l’agression du vigile, avec une lettre ouverte au préfet, un texte « A propos de l’expulsion d’un vigile et du feu de joie qui s’en est suivi« , et un autre texte « Ta lâcheté, M’sieur l’préfet« .

La lutte continue partout, avec un communiqué d’appel à des actions décentralisées.

Pour finir, y’a pas qu’à Notre-Dame-des-Landes que le vieux monde rase et expulse : Solidarité avec les expulsé-e-s a la foret de Hambach en Allemagne !

Pavillon Noir

Mise à jour : article dans la NR aujourd’hui 15 novembre, sur la réunion du mardi soir :

Un nouveau Larzac à Nantes ?

Une cinquantaine de personnes (militants écologistes, anarchistes, etc.) ont participé mercredi soir à une réunion publique à Poitiers sur l’opposition au projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes (44). « Partout la lutte contre ce projet s’amplifie », écrit le comité poitevin dans un communiqué : « Faire déborder la lutte c’est s’opposer non seulement à l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes mais aussi à l’ensemble des projets, lignes à grande vitesse, lignes très haute tension, autoroutes, etc. qui participent à la planification territoriale dictée par l’État et l’Union européenne. […] » Le comité cite les exemples de Plogoff et du Larzac où « la résistance populaire » avait contrecarré des projets nucléaires et militaires. Il appelle à converger vers la « grande manifestation de réoccupation [qui] aura lieu le 17 novembre 2012, départ à 11 h de Notre-Dame-des-Landes ». Plusieurs Poitevins feront le déplacement.

[Village-Monde] Manifs du 14 novembre

NdPN : Hier soir, rassemblement puis déambulation à Poitiers contre « l’austérité », d’une grosse centaine de personnes, avec notamment la présence de libertaires histoire de donner un autre son de cloche que celui du « collectif pour un audit citoyen de la dette » [sic] qui appelait au rassemblement. L’appel à la grève générale n’a clairement pas été suivi en France, seuls les syndicats de Solidaires se sont vraiment bougés… triste de voir qu’il faut attendre que les gens en arrivent à crever la dalle, comme en Grèce ou en Espagne, pour voir enfin les choses bouger… faut dire que les bureaucraties syndicales sont bien acoquinées avec les fripons de la gôche au pouvoir. Bon, en France nada, mais ça a chauffé ailleurs ! A ce sujet, une fois n’est pas coutume, un beau boulot de compilation de la part des camarades du Jura Libertaire :

[14-N] « Incidents isolés »

Manifs anti-austérité : des blessés en Espagne et en Italie

Des heurts opposent les manifestants aux forces de l’ordre à Madrid, mais aussi à Milan et Turin.

http://juralib.noblogs.org/files/2012/11/0213.jpgHeurts entre policiers et manifestants, le 14 novembre à Madrid, Espagne.

La police a dispersé à coups de matraque et en tirant en l’air des balles en caoutchouc des manifestants qui s’étaient rassemblés dans le centre de Madrid mercredi lors de la journée de grève générale contre l’austérité, mercredi 14 novembre.

Ces affrontements ont éclaté lorsque des centaines de manifestants se sont heurtés à un cordon de policiers anti-émeutes qui leur bloquait l’accès à la place de Cibeles, en plein centre de la capitale espagnole.

Très vite, d’autres manifestants déjà présents sur la place sont venus encercler les policiers qui ont chargé et tiré en l’air des balles en caoutchouc pour se dégager, avant de disperser les manifestants à coups de matraque dans les rues alentour.

Depuis le début de la matinée, des groupes de centaines de manifestants faisaient face aux forces de l’ordre dans le centre de Madrid quadrillé par un imposant dispositif de policiers casqués, où de nombreuses boutiques avaient baissé le rideau.

Heurts

Des heurts de moindre ampleur avaient éclaté lors d’une première tentative de dispersion sur la Gran Via, une grande avenue centrale de la ville.

Les manifestants s’étaient alors dispersés, se regroupant à plusieurs reprises à quelques centaines de mètres de distance.

Selon le ministère de l’Intérieur, des “incidents isolés” sont survenus depuis mercredi matin dans plusieurs villes d’Espagne, faisant 34 blessés dont 18 policiers, tandis que 82 personnes ont été interpellées.

Deux manifestations étaient convoquées à Madrid en fin de journée, l’une par les syndicats et l’autre par la mouvance des indignés, témoin de l’exaspération face à la pauvreté grandissante, aux expulsions de propriétaires surendettés, aux milliards d’euros engloutis dans l’aide aux banques.

http://juralib.noblogs.org/files/2012/11/049.jpgMarée humaine contre l’austérité ce soir dans les rues de Madrid

http://juralib.noblogs.org/files/2012/11/5.jpgÀ Barcelone

Une grève de quatre heures et des manifestations se déroulaient également mercredi dans toute l’Italie à l’appel de la principale confédération syndicale, la CGIL (gauche), dans le cadre de la journée européenne contre l’austérité, marquée par des heurts à Milan et Turin.

Dans ces deux villes du nord du pays, des milliers de personnes ont pris part à des manifestations et cortèges, selon des sources syndicales.

Un policier a été grièvement blessé à Turin et cinq autres plus légèrement à Milan dans des heurts en marge des manifestations. Les affrontements les plus sérieux ont eu lieu à Turin, devant le siège du département, où des autonomes ont roué de coups un policier, brisant son casque et lui cassant un bras.

Le groupe d’autonomes a ensuite fait irruption au siège du département où les manifestants ont hissé le drapeau des militants anti-TAV, le TGV Lyon-Turin.

Jet de pierres

À Milan, les affrontements se sont produits surtout dans la zone de la gare de Porta Genova où des étudiants ont lancé des pierres et bouteilles sur les forces de l’ordre qui tentaient de les en déloger.

À Naples, quelques 300 étudiants ont occupé provisoirement plusieurs quais de la gare centrale et fait exploser des pétards et brûler des fumigènes, en criant : “occupons la ville”, “ne touchez pas à notre avenir”.

http://juralib.noblogs.org/files/2012/11/0214.jpg

À Rome, un millier de personnes ont pris part à un cortège qui a traversé des rues du centre-ville et doit terminer son parcours sur une petite place. Un petit groupe d’étudiants a tenté de briser le cordon de police en lançant des pierres pour rejoindre le siège du gouvernement.

Publié par des larbins de la maison Poulaga (tempsreel.nouvelobs.com avec l’Agence Faut Payer, 14 novembre 2012)

Affrontements entre manifestants et policiers à Madrid

Des incidents ont éclaté mercredi à Madrid sous haute protection policière, lorsque les forces de l’ordre ont tenté de disperser à coups de matraque des centaines de manifestants, lors de la grève générale en Espagne contre l’austérité.

Depuis le début de la matinée, des groupes faisaient face aux forces de l’ordre dans le centre de Madrid quadrillé par un imposant dispositif de policiers anti-émeutes, casqués, où de nombreuses boutiques avaient baissé le rideau.

En milieu de journée, des affrontements ont éclaté lorsque des centaines de manifestants se sont heurtés à un cordon de policiers qui leur bloquait l’accès à la place de Cibeles, en plein centre de la capitale espagnole.

Très vite, d’autres manifestants déjà sur la place sont venus encercler les policiers qui ont chargé et tiré en l’air des balles en caoutchouc pour se dégager, avant de disperser les manifestants à coups de matraque dans les rues alentour.

http://juralib.noblogs.org/files/2012/11/0310.jpg

Des heurts de moindre ampleur avaient éclaté plus tôt, lors d’une première tentative de dispersion sur la Gran Via, une grande avenue voisine.

Les manifestants s’étaient alors dispersés, se regroupant à plusieurs reprises à quelques centaines de mètres de distance.

Abus de pouvoir, criaient-ils, agitant les drapeaux rouges des syndicats CCOO et UGT, autour d’une grande banderole portant le slogan de cette journée : Ils nous privent de notre avenir, il y a des coupables, il y a des solutions.

Cette grève va servir à quelque chose. Nous sommes dans une situation qui ne nous laisse pas le choix, assurait Eduardo Ovalle, étudiant en lettres de 21 ans. Mes professeurs nous ont prévenus qu’aucun de nous ne trouvera de travail. On nous oblige à quitter l’Espagne.

Grève, grève, grève, criaient un peu plus loin les manifestants, face aux policiers qui les repoussaient une nouvelle fois, sans heurts, pour débloquer la rue. Ou encore : Plus d’éducation, moins de police.

Sur la Puerta del Sol, une grande place touristique et commerçante du centre de Madrid, des jeunes encagoulés baissaient le rideau de fer d’un magasin de souvenirs et de tabac, le forçant à fermer comme la plupart des autres commerces aux alentours.

Aujourd’hui, on ne consomme pas. Aujourd’hui, on ne travaille pas, criaient-ils.

Selon le ministère de l’Intérieur, des incidents isolés sont survenus depuis mercredi matin dans plusieurs villes d’Espagne, faisant 34 blessés dont 18 policiers, tandis que 82 personnes ont été interpellées.

Deux manifestations étaient convoquées à Madrid en fin de journée, l’une par les syndicats et l’autre par la mouvance des indignés, témoin de l’exaspération face à la pauvreté grandissante, aux expulsions de propriétaires surendettés, aux milliards d’euros engloutis dans l’aide aux banques.

Publié par des larbins de la maison Poulaga (Agence Faut Payer, 14 novembre 2012)

La police charge les manifestants à Lisbonne devant le parlement

La police portugaise a chargé mercredi soir des protestataires, rassemblés devant le parlement à l’issue d’une manifestation organisée dans le cadre d’une grève générale contre les mesures d’austérité du gouvernement.

Les forces de l’ordre ont repoussé les protestataires à coups de matraque après avoir été pendant plus d’une heure la cible de jets de pierres et d’ordures.

Les protestataires s’étaient regroupés devant le parlement à l’issue d’une manifestation, rassemblant dans la capitale plusieurs milliers de personnes.

Auparavant quelques échauffourées avaient eu lieu devant le parlement quand des manifestants avaient renversé des barrières de protection et lancé des pierres et des objets divers contre les policiers qui avaient répliqué par quelques coups de matraque.

Cinq manifestants atteints par les jets des autres protestataires ont été légèrement blessés et l’un d’entre eux à du être hospitalisé, a indiqué un porte parole de la police.

Des rassemblements ont également eu lieu dans une quarantaine de villes du pays, notamment à Porto, la grande ville du nord, où environ 2.000 personnes ont manifesté.

Les manifestations ont constitué le point fort de la grève générale qui a particulièrement perturbé les transports et les services publics.

Convoquée par la CGTP, cette grève générale, la deuxième depuis mars, s’est inscrite dans le cadre des mouvements de protestation observés dans d’autres pays d’Europe, chez le voisin espagnol en particulier.

Le secrétaire général de la CGTP, Armenio Carlos a estimé que cette grève avait été une des plus grandes jamais réalisées au Portugal. Cest la grève générale de lindignation !, a-t-il lancé.

Publié par des larbins de la maison Poulaga (Agence Faut Payer, 14 novembre 2012)

[86] Boum, le monde entier fait boum, tout l’univers fait boum, lorsque Vinci fait boum-boum

NdPN : Vinci lance depuis un mois ses tractopelles et manitous à l’assaut du bocage de Notre-Dame-des-Landes, mais dans la Vienne Vinci saccage aussi. Entre autres travaux socialement et écologiquement destructeurs, nous l’avions déjà relaté, Vinci (par sa filiale Lisea) procède à des tirs de mine pour construire sa fichue LGV Tours-Bordeaux : 800 à 900 tonnes d’explosifs seront utilisés pour broyer plusieurs millions de mètres cube de terre vivante, pour transformer un biotope en champ de ruines lunaire. Les explosifs c’est pas un truc de militaires ou de « terroristes » ça ? D’ailleurs même les militaires obéissent aux employés de Vinci… Ah non, faut pas confondre ! Quand l’Etat offre un contrat juteux à une multinationale du béton pour utiliser des monceaux d’explosifs ouvrant une gigantesque saignée à ciel ouvert dans nos paysages, en expropriant les habitants et en détruisant l’environnement, on appelle pas ça du terrorisme ; mais du progrès.

PARTOUT VINCI DEGAGE !

La LGV avance à coups de tirs de mines

Liséa effectue régulièrement des tirs de mines pour enlever des milliers  de tonnes de terre. Pendant ce temps-là, la circulation sur l’A 10 est coupée.

C‘est nous qui tenons la baguette, pour une fois qu’on commande les gendarmes, lance fièrement Maurice, bout de feu. Trente-cinq ans de métier, des centaines de milliers de m3 explosés et pas un accident grave à déplorer. Le conducteur de travaux minage n’a pas besoin de hausser la voix pour être entendu. Le silence s’installe. Tout s’arrête sur le chantier de Fontaine-le-Comte : Les engins ne perforent plus la pierre, le ballet des camions s’immobilise, les godets des grues chargés jusqu’à la gueule restent en suspension, même l’autoroute est fermée. Les deux voitures-balais parcourent le tronçon pour une dernière vérification.

Des tirs tous les 25 millièmes de seconde

Les trois cornes de brume annoncent la couleur puis « deux coups pour tout le monde » précise Frédéric. Après ça va très vite. A cent mètres du dispositif de mise à feu, soixante-dix trous bourrés d’explosifs, dix kilos par cavité, enfouis à deux mètres de profondeur, attendent de sauter. C’est l’histoire de quelques secondes : 1.700 m3 de glaise et de calcaire sortent des entrailles de la terre dans un écran de fumée. Peu spectaculaire mais tellement efficace. « Un petit tir », raconte Maurice. Juste de quoi faire sauter un tout petit immeuble de trois étages. Le matin même, il a mis quatre tonnes d’explosifs un peu plus loin, pour broyer 11.500 m3 de pierres. Une routine pour ce professionnel qui, malgré la longue expérience, ne badine pas avec la sécurité. Les problèmes peuvent exister lorsque le souffle est horizontal : « On ne peut rien faire, il est à son maximum de puissance », raconte le conducteur de travaux minage. Mais, hier, pas de surprise : la poussée était verticale. Parfois ça monte à six ou sept mètres. C’est la charge unitaire (mise dans chaque trou) qui donne la puissance du tir. Des tirs séquentiels qui partent tous les 25 millièmes de secondes, « c’est une chaîne pyrotechnique », explique le spécialiste. Il faudra environ entre 800 et 900 tonnes de cette composition chimique pour venir à bout des 300 kilomètres de chantier de la nouvelle ligne LGV SEA (Sud Europe Atlantique) Tours-Bordeaux. Sur la commune de Fontaine-le-Conte, l’ouvrage doit passer huit mètres en dessous de l’autoroute pour construire un tunnel de 147 mètres de long. Et les tirs ne font que commencer. Les compteurs sismiques, relevés après chaque opération, qui mesurent les vibrations, sont là pour rassurer la population riveraine.

Vidéo sur nos sites Internet.

Didier Monteil, Nouvelle République, 15 novembre 2012

Cancer du bitume : Vinci condamné

Cancer du bitume : Vinci condamné

La Cour d’appel de Lyon vient de confirmer la condamnation du géant de la construction pour faute inexcusable à la suite de la mort d’un salarié, ce mardi après-midi. La décision fait jurisprudence : 20 000 ouvriers de la route sont exposés aux vapeurs toxiques du bitume.

Voilà la famille Andrade Serrano enfin soulagée. La filiale de Vinci, Eurovia, vient d’être condamnée en appel pour “faute inexcusable” pour la mort de José-Francisco Andrade Serrano, décédé d’un “cancer du bitume”, en 2008, à l’âge de 56 ans.

“C’est une décision exemplaire, pas seulement franco-française mais également internationale. Elle montre qu’Eurovia connaissait les risques qu’encouraient ses salariés à travailler dans les vapeurs du bitume et qu’elle a refusé de communiquer dessus, a réagi Jean-Jacques Rinck, avocat de la famille. Elle permet de dénoncer publiquement un crime sanitaire et jusqu’alors impuni.”

Eurovia “prend acte” et “va examiner attentivement les détails de la décision en vue d’un pourvoi”. “La décision fait en tout cas jurisprudence et devrait accélérer l’inscription du bitume dans les tableaux de maladies professionnelles, comme l’est l’amiante”, affirme Me Rinck, également satisfait des 200 000 euros d’indemnités obtenus pour la famille des victimes.

Chez les Serrano Andrade, on travaille chez Vinci depuis trois générations. José-Francisco Serrano en est mort “après avoir bossé toute sa vie comme un chien”, enrage Paulo, son fils aîné. Le dermatologue est formel, l’origine du cancer de la peau est liée aux vapeurs toxiques de bitume, dérivé du pétrole. Comme son père, Paulo Andrade a recouvert les chaussées pour le compte d’Eurovia (filiale de Vinci). Il se souvient que lui et les autres ouvriers de la route se nettoyaient la peau avec du gazole pour enlever les trainées gluantes et noirâtres, sans savoir que cela faisait pénétrer davantage les produits chimiques. On leur disait même de boire du lait pour évacuer la toxicité du bitume de leur corps…

Les syndicats en sont persuadés, les risques seraient connus et tus depuis des années.

“En 1999, après le naufrage de l’Erika, on s’est mis à équiper le moindre touriste bénévole de combinaison, de masque, de gants. Tant mieux, mais c’est le même produit que l’on épand sur les routes à longueur de journée à haute température, donc avec les vapeurs toxiques, et sans protection ! Les ouvriers sont pris pour des cobayes !”, déplore Laurent Orlish, responsable de la santé au travail à la CGT.

“On dispose de suffisamment d’éléments scientifiques pour dire qu’il y a des cancérigènes dans le bitume”, renchérit Annie Thébaud-Mony, directrice de recherche à l’Inserm. Celle-là même, qui, 40 ans plus tôt, a tiré la sonnette d’alarme à Jussieu, pour dénoncer un autre scandale, celui de l’amiante.

Avant de mourir, il demande à sa famille d’attaquer son employeur en justice

Quand José-Francisco Serrano Andrade est tombé malade après 22 ans de boîte, “son employeur ne lui a prêté aucune attention, alors que le cancer l’a mutilé en l’espace de deux ans”, ne décolère pas le fils cadet, Luis, portrait craché de son père avant qu’il ne soit défiguré. Au cours de sa maladie, le regard noir et la mâchoire droite de José-Francisco Serrano Andrade sont devenus méconnaissables tant son visage s’est cabossé. Avant de mourir, il demande à sa famille “de ne pas se laisser faire” et d’attaquer son employeur en justice. Le 10 mai 2010, c’est chose faite. Le tribunal des affaires sociales de Bourg-en-Bresse condamne Eurovia pour “faute inexcusable”. Vinci fait appel, épaulé par l’Usirf, le puissant lobby de l’industrie routière, qui représente aussi les autres mastodontes du BTP comme Bouygues ou Eiffage. L’enjeu est trop important. La décision en appel, rendue ce mardi 13 novembre, fait donc jurisprudence et devrait en emmener d’autres dans son sillon.

“C’est David contre Goliath ! Les pétroliers revendent leurs fonds de cuve à l’industrie routière, qui en fait des produits bitumeux en ajoutant du gravier et des fluidifiants. Ces fluxants contiennent du benzopyrène, classé cancérigène avéré. S’il y a une tête de mort sur la bouteille, ce n’est pas pour rien !”, fulmine Jean-Jacques Rinck, avocat de la famille.

Eurovia ne nie pas l’utilisation de ce composé, mais rappelle qu’elle reste dans les clous fixés par l’assurance maladie. Et “à son poste, José-Francisco Andrade Serrano n’a jamais été en contact avec les fluxants”, assure Me Franck Dremaux, qui plaide la cause d’Eurovia. Pour la filiale de Vinci, son cancer de la peau a été provoqué par les UV solaires, un point c’est tout.

“C’est ce que je reproche à Eurovia : n’avoir pas assez informé ses salariés”

“Mon père travaillait à l’arrière d’un camion gravillonneur. D’ailleurs, après sa mort, son poste à l’unité de Bourg-en-Bresse a été supprimé. A écouter son employeur, il n’épandait pas le bitume, mais conduisait des poids lourds… Il n’a même pas le permis nécessaire !”, s’insurge Luis Andrade. Quand Eurovia convoque sa mère, qui, rongée par la dépression, ne pèse plus que 40 kg, il l’accompagne.

“C’était soi-disant pour lui présenter ses condoléances et les formalités administratives de circonstances. Ils voulaient surtout savoir quelles suites judiciaires nous allions donner à l’affaire”, se souvient-il, amer.

Luis travaille dans une station d’épuration. “Au début, j’enchaînais les gastroentérites, à cause des bactéries. Mon père me disait de changer de poste, qu’il ne fallait pas laisser le boulot pourrir ma santé, témoigne Luis Andrade. Il ne se doutait pas que c’était le sien qui allait l’emporter. C’est ce que je reproche à Eurovia : n’avoir pas assez informé et protégé ses salariés.”

La famille a tenu bon, pour que les conditions de travail s’améliorent. Placés sous le feu des projecteurs à leur insu depuis le début du procès, les leaders de l’industrie routière ont redoublé d’efforts en prévention. Mais tout ne dépend pas d’eux. Car pour l’heure, la meilleure solution pour réduire les fumées de bitume reste les enrobés tièdes. Au lieu d’être coulés à 160 degrés, ils le sont à 110. Résultat, quatre à huit fois moins de vapeurs s’échappent. La peau et les poumons des ouvriers qui étalent le produit fumant sont moins attaqués. En prime, des économies d’énergie sont réalisées. Mais le client, en l’occurrence l’Etat, qui porte 60% du marché, est roi. Et il reste frileux. Les enrobés tièdes coûtent entre 5 et 10% plus cher que les classiques.

Rozenn Le Saint, Les Inrocks, 13 novembre 2012

le 13 novembre 2012 à 14h08

Un Livre blanc en faveur du TER Poitiers – Limoges

NdPN : Après le nouveau coup de propagande pro-LGV dans le dernier magazine « Grand Poitiers », réponse de l’association TER d’avenir, opposée au projet.

Un Livre blanc en faveur du TER Poitiers – Limoges

L’association TER d’Avenir, opposée à la LGV Poitiers – Limoges, va dévoiler à Bellac des suggestions de modernisation et de rénovation de la ligne TER.

Dans la dernière livraison du magazine Grand Poitiers, son président Alain Claeys y signe un éditorial où il disserte, entre autres, sur les LGV Tours – Bordeaux et Poitiers – Limoges.

«  On est en veille active tellement il y a d’enjeux humains  »

Dans son esprit, la deuxième, dont l’enquête d’utilité publique pourrait démarrer en début d’année, semble déjà sur les rails. Le député maire de Poitiers imagine que ce chantier pérenniserait « les savoir-faire, les emplois et investissements de la première. » Les opposants à ce projet, eux, ne regardent pas passer le train et poursuivent leur bataille du rail. Après avoir tiré la sonnette d’alarme lors d’un récent conseil communautaire par la voix de son leader Nicolas Bourmeyster, le collectif « Non à la LGV Poitiers – Limoges » sollicite un nouveau rendez-vous avec Ségolène Royal, présidente de région, dont la LGV n’est pas la tasse de thé. Et dans cette lignée, l’association TER d’Avenir (1) divulguera ce midi à Bellac, « un arrêt emblématique en Haute-Vienne », un Livre blanc, présentant « la situation de la ligne et des suggestions pour la rendre plus fonctionnelle et attractive. » « On est en veille active tellement il y a d’enjeux humains. Nous n’avons pas besoin d’un beau jouet rutilant mais d’un train du quotidien et le TER est un outil fantastique », maintient Dominique Rotelli, secrétaire de TER d’Avenir. Dans un contexte de crise, le meilleur choix, selon l’élue de la Villedieu-du-Clain, « c’est de remettre cette ligne TER au top. » Réouverture ou aménagements des gares fermées « pour qu’elles redeviennent des lieux de vie et de services pour les usagers », dessertes, horaires, entretien, sécurité, personnel, complémentarité bus – TER, parking de covoiturage… : rien n’est laissé au hasard. Dominique Rotelli : « Il faut offrir quelque chose de cohérent aux voyageurs. C’est cela le service public. »

(1) Elle est coprésidée par Thierry Mesmin et Guillaume de Russé.

en savoir plus

En Suède, Catherine Coutelle loin de Bellac

Membre du conseil d’administration de TER d’Avenir, la députée de la Vienne Catherine Coutelle présente l’originalité d’être également favorable au projet de ligne LGV. « C’est conciliable, la ligne TER étant complémentaire avec davantage de dessertes », indique son entourage. En déplacement en Suède au côté de la ministre des Droits des Femmes, Mme Vallaud-Belkacem, Mme Coutelle sera absente à Bellac.

Jean-François Rullier, Nouvelle République, 9 novembre 2012