Archives de catégorie : Construction du désert

[Anti-LGV] Pique-nique contre la LGV à Marigny-Brizay

Mercredi 15 août, balade pique-nique (8 km) contre la LGV Tours-Bordeaux à Marigny-Brizay, organisée par le comité du Parti de gauche Nord-Vienne Châtellerault. Rendez-vous mercredi 15 août à 10 h, place centrale derrière l’église de Marigny-Brizay. Pique-nique partagé, verre de l’amitié offert. Covoiturage possible. Renseignements 06.65.28.62.79.

Presse aménageuse (La Nouvelle République), 13 août 2012

l’affiche de la balade

[La Brousse – 86] Vinci passe, la ferme trépasse

La ferme de La Brousse terrassée par la LGV

La Brousse, un petit village paisible perdu au fin fond du Sud Vienne, sur le territoire de la commune de Chaunay, à la limite des Deux-Sèvres. D’un petit chemin goudronné, on aperçoit une pelleteuse à l’œuvre dans un nuage de poussière et de tas de pierres. Depuis la semaine dernière, elle s’attaque à la destruction de la ferme de Jean-Bernard Delavault, dont le malheur est de se trouver sur le tracé de la future ligne ferroviaire à grande vitesse Tours-Bordeaux.

Jean-Bernard ne veut pas voir ça !

Exproprié, tout va disparaître. Les bâtiments d’exploitation : hangar, porcherie, bergerie, grange, fenil, étables, écuries à chevaux. Mais surtout la maison où il est né, qu’il avait rénovée et où il entendait bien passer ses vieux jours. Sur les lieux, M. Mesquita, le chef des travaux, surveille l’opération. Les membres de la famille Delavault assistent impuissants à cette démolition tandis que les souvenirs refont surface. Eux, ils resteront en bordure de la voie à grande vitesse, avec ce qu’il restera de cette propriété qui fut une grande seigneurie d’une centaine d’hectares, morcelée en famille au fur à mesure des partages successifs. Jean-Bernard, lui, on ne le verra pas. Il ne veut pas voir ça ! S’estimant spolié, il a dû se séparer de ses 150 brebis, il a perdu son outil de travail. Le maire, Guy Sauvaitre, surveille également les travaux et pense déjà à l’avenir pour sa commune, accroché à son téléphone. Un démolisseur va venir pour la destruction de la maison, voir ce qui peut être sauvé. Les pierres pour faire des murs dans le bourg de Chaunay, restaurer la mare du village pour la mettre en valeur. Le poulailler construit par le grand-père Delavault, dont des pierres moulurées apparaissent. Les témoignages de la grandeur de ce qui fut une belle propriété avec son moulin dont une pierre est encore présente sur le site calme et tranquille jusqu’à ce jour.

Nouvelle République, 14 août 2012

[Industrie de la dépossession] L’enquête publique de Center Parcs boudée

Les habitants des Trois-Moutiers et de Morton n’ont pas marqué d’intérêt pour l’enquête publique close depuis hier.

A 17 heures, je ferme. A deux heures de la clôture de l’enquête publique sur le Center Parcs, le commissaire-enquêteur, installé dans les locaux de la mairie des Trois-Moutiers, n’a vu que trois personnes sur les quatre permanences qu’il a tenues. Force est de constater que Center Parcs n’a pas trouvé d’opposants, pendant un mois, délai légal d’ouverture de l’enquête. La critique est à peine audible chez les Trimoustériens et les Mortonais tellement le projet génère un espoir qui porte les rêves des habitants coincés dans un désert économique (lire article ci-dessous)

Incohérence entre les discours et les choix

Mais il y a des consciences qui s’éveillent dans ce pays qui a perdu ses forces vives mais gagné en quiétude. Christian Boulanger, l’un des rares à s’intéresser à l’enquête publique, pointe du doigt « l’incohérence » entre les discours et les choix qui sont faits.

L’ingénieur en retraite et ex-dirigeant d’entreprise argumente sa critique en mettant en avant l’énergie. « Ils s’engagent à utiliser l’énergie renouvelable sans émission de CO2 et privilégient le choix du gaz de ville, qui émet, lui, du CO2 et dont le raccordement va coûter 2 M€ à la collectivité alors que nous possédons une filière locale avec le bois, qui a été éliminé par Pierre et Vacances. »

Autre exemple avancé par l’ingénieur pragmatique : « On découvre qu’il faut effectuer un forage supplémentaire pour assurer la production en eau alors que 40 % de l’eau pompée n’est pas facturée à cause des fuites dues à un réseau en mauvais état. C’est l’équivalent à peu près de la production annuelle de Center Parcs qui devrait consommer autour de 300.000 m3. »

Le commissaire-enquêteur, Maurice Bossan, neutre, note les observations dans son registre qui lui permettra d’établir ses différents rapports et de donner un avis.

Daniel Thonon, président de l’APPAR (Association pour la protection du patrimoine architectural et rural), s’inscrit également dans la critique. Plus politique celle-là : « Le retour sur l’emploi par rapport à l’investissement (150 M€ par la SEM) estime-t-il, me paraît totalement déséquilibré. C’est de l’auto financement pour quelque 400 emplois relativement précaires au SMIC. »

En écoutant ces deux habitants, Maurice Bossan a fait carton plein des observations. Autant dire que « Pierre et Vacances » est attendu comme le messie.

Didier Monteil, La Nouvelle République, 19 juillet 2012

 » On sera plus en joie qu’à l’heure actuelle « 

Au « bar de l’Amitié », la vie glisse comme le petit blanc sur le zinc. Sec et rapide. François chambre le patron, Patrice, débordé. C’est mercredi et le boulot s’accumule. À côté, le restaurant attend les clients. François, 53 ans, négociant en chevaux, part au quart de tour quand on lui parle de Center Parcs. « Il monte un club hippique, j’ai pris des contacts car ils ont des chevaux de loisirs. » Ce ne sera pas l’affaire du siècle mais si le quinquagénaire franchit la barre, les relations s’installeront dans cette grande bulle, qui fabrique du loisir sur commande.

Jacqueline, 65 ans et son mari Jacky, 69 ans sont à l’apéritif avec Christian, 63 ans, qui tourne au Vittel menthe : « On sera plus en joie qu’à l’heure actuelle », commente le sexagénaire à la moustache fournie. La discussion va bon train sur un projet qui transporte les uns vers une dynamique positive et les autres dans les regrets. « Les anciens, ça les bouscule, raconte Emilie, 31 ans, ils vont avoir de la circulation. »

Dans cette petite commune des Trois-Moutiers de quelque 1.100 âmes, on veut y croire à cet Eldorado. Yann, pharmacien et breton, est « très très positif » à propos de l’arrivée du concept. « Nous sommes dans une zone qui a perdu son industrie, constate-t-il, la venue de Center Parcs va pérenniser les emplois précaires que sont la cueillette des melons et autres petits boulots du même genre. »

Marie-Claire, 74 ans, qui a tenu le café « Au bon rosé » aujourd’hui fermé, y croit : « C’est une bonne nouvelle pour le pays. » Alors que Catherine, 58 ans, agricultrice n’en « voulait pas » à cause des problèmes « d’épandage pour le fumier » avec les chèvres. Mais depuis que le projet n’est plus dans son périmètre direct, Catherine ne s’oppose plus.

Au coin de la boulangerie, Marinette prend le temps de vivre. Après quelques décennies passées en région parisienne, elle est venue revivre au pays. « Voilà 60 ans, il y avait des commerces tout au long de la rue, à la place de la boulangerie, c’était un hôtel restaurant. Je suis née là et contente de ce projet. C’est très bien, ça va amener quelque chose » mais, soudaine, inquiète, Marinette pose le problème : « Ce sont des gens qui vont vivre en autarcie. » Karine, 34 ans, Rochelaise ne l’espère pas : « On va faire de la pub. » C’est elle qui tient l’unique épicerie.

Didier Monteil, La Nouvelle République, 19 juillet 2012

[Aménagement du vivant] Projet de Center Parcs en Nord Vienne : l’enquête publique se termine aujourd’hui

Une enquête publique s’est déroulée depuis le18 juin et se termine aujourd’hui mercredi 18 juillet, pour le permis de construire de Center Parcs, l’autorisation de défrichement et la loi sur l’eau. Des permanences ont été organisées durant cette période sur les communes concernées (Morton et Trois-Moutiers), par le commissaire enquêteur Maurice Bossan, qui recueillera les dernières observations cet après-midi en mairie du chef-lieu de canton. Il remettra ultérieurement son rapport.

Presse aménageuse (La Nouvelle République), 17 juillet 2012

[Expulsion à visage humain] Mayotte : un 2e centre de rétention va être construit d’ici fin 2014

Un deuxième centre de rétention administrative (CRA) va être construit « d’ici fin 2014 » à Mayotte, qui fait face à un afflux de migrants clandestins sans commune mesure avec la métropole, a-t-on appris vendredi de source gouvernementale.

Ce 101e département français, dans l’océan Indien et voisin de seulement 70 km de l’île d’Anjouan (Comores), a expulsé l’an passé 26.405 personnes dont 5.389 enfants, selon les chiffres officiels, et ne dispose que d’un CRA de 60 places, constamment surpeuplé.

« Le CRA actuel présente des conditions indignes, donc un projet de construction d’un nouveau CRA est en cours, la livraison est prévue fin 2014 », a déclaré à l’AFP cette source, précisant que « le dossier suit son cours » et que « le choix de l’architecte a déjà été fait ».

A Mayotte, où ne s’applique pas le droit commun du Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile (Ceseda), « la durée moyenne de rétention est de 20 heures », a-t-on précisé de même source.

Ainsi, la circulaire du ministère de l’Intérieur rendue publique le 7 juillet recommandant d’assigner les familles de sans-papiers avec enfants à résidence plutôt que de les placer en rétention ne s’applique pas à Mayotte.

« Pour ce qui est, dans l’immédiat, des conditions d’accueil, le préfet de Mayotte a reçu du gouvernement des instructions pour mettre en place un dispositif spécifique pour les familles d’ici à septembre », a ajouté la même source, parlant de « locaux provisoires et adaptés ».

« Il est difficile d’assigner à résidence des gens qui n’en ont pas de décentes, et l’alternative de l’assignation à résidence en hôtel n’est pas réaliste à Mayotte vu l’offre hôtelière », a-t-on expliqué.

De fait, la plupart des Comoriens en situation irrégulière habitent dans des bidonvilles, dédales de cahutes de tôles, souvent sans eau ni électricité.

Le ministre des Outre-mer Victorin Lurel, attendu à Mayotte à partir de dimanche soir et jusqu’à lundi, devrait préciser la mise en oeuvre de ces instructions.

Presse coloniale (AFP), 13 juillet 2012