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Famille Abgaryan : Un nouveau mouvement de mobilisation qui pourrait prendre de l’ampleur
Plus de 80 personnes se sont réunies samedi 22 février sur le parking devant le restaurant Universitaire Rabelais, pour soutenir la famille Abgaryan contre laquelle la préfecture s’acharne avec la brutalité qu’on lui connaît. La grande majorité étaient des personnes proches scandalisées par ces mauvais traitements : des membres de la section de natation synchronisée de l’ASPTT Poitiers, des parents d’élèves et des enseignants du collège Ronsard et de l’école Coligny-Cornet où sont scolarisés les enfants, des amis… Ils étaient soutenus par des militants associatifs et politiques : Cimade, Secours populaire, Resf86, Dal86, EELV, les Alternatifs… La presse, France 3 et la Nouvelle République – Centre Presse était aussi présente.
Malgré cela les pouvoirs publics n’ont pas voulu céder et Monsieur Agbarayan a été maintenu en rétention par le juge des libertés pour 20 jours supplémentaires.
Les soutiens de la famille ont toutefois fait circuler une pétition qu’on ira déposer à la préfecture lundi 24/02 à 14h avec les autres pétitions déjà faites en particulier cette fabuleuse pétition des élèves du collège qui comporte pas moins de 169 signatures.
Merci de venir soutenir par votre présence la famille Abgaryan et d’en parler et de diffuser massivement cette information autour de vous.
Quelques commentaires :
Le père de famille est tombé lundi 17 février dans un véritable traquenard tendu par la police. Comme expliqué dans le communiqué de la Cimade, « Lors d’un contrôle routier Monsieur Abgaryan montre son permis de conduire rédigé en russe. Les policiers lui demandent alors de passer au Commissariat pour vérification de ce permis. Il se rend donc à cette convocation, mais arrivé au commissariat de Poitiers, il n’est plus question de vérification du permis mais de sa situation administrative… ». Il est arrêté et, alors qu’il est régularisable puisqu’il entre très clairement dans le cadre de la circulaire Valls, la préfecture lui donne une OQTF, puis la police le conduit au centre de rétention (CRA), cette prison pour étrangers, de Bordeaux.
La police de Poitiers est coutumière de tels procédés VOIR. Mais le scandale n’est pas que là. Il est clair, comme le titre La Cimade, que « la Préfecture de la Vienne pratique l’arbitraire absolu pour l’application de la circulaire Valls ». La politique « sociale » de la préfecture est ségrégationniste et déportationniste. Pour que les bons poitevins puisent vivre entre eux, il faut se débarrasser des sans papiers et autres indésirables. Pour cela, il faut mettre en œuvre une politique répressive pour amener les importuns à quitter Poitiers et une politique dissuasive pour empêcher que les sans papiers et indésirables d’ailleurs ne viennent à Poitiers. Les mauvais traitements infligés à la famille Abgaryan entrent dans ce cadre-là. Comme à tous les sans papiers et autres indésirables, il faut leur pourrir la vie continuellement, les empêcher de subvenir à leurs besoins, de vivre décemment, saboter tout ce qui peut l’être, dénigrer ce qu’ils font et ce qu’ils sont, les harceler et les terroriser afin qu’ils se sentent en insécurité et qu’ils craquent et fuient Poitiers sans demander leur reste.
Non, comme beaucoup d’autres, les Abgaryan resteront à Poitiers. Bien plus cette politique débile de la Préfecture peut se montrer contre productive car elle a tendance à multiplier les mobilisations. Après la mobilisation pour Manadou Camara le 12 février dernier, celle d’hier 22 février, soit 10 jours après, a toutes les chances de conduire aux mêmes résultats : annulation de l’OQTF et obtention d’un titre de séjour.
Nous ne nous permettrons pas de donner des conseils tactiques à la préfecture mais, selon nous, dès qu’elle a eu vent vendredi soir que les membres de la section de natation synchronisée de l’ASPTT Poitiers, les parents d’élèves et des enseignants du collège Ronsard et de l’école Coligny-Cornet ont décidé de créer un comité de soutien et de faire une conférence de presse le samedi à14h, elle aurait dû immédiatement calmer le jeu et annuler l’OQTF et permettre à M. Abgaryan de revenir dans sa famille à Poitiers. Comme elle n’a pas eu l’intelligence de le faire, elle aurait dû réagir hier et s’arranger avec le juge des libertés et de la détention (JLD) pour que M. Abgaryan soit au moins libéré de suite. Le mal est déjà fait mais il reste encore une chance à la préfecture de s’en sortir la tête plus ou moins haute : annuler l’OQTF avant le rassemblement avec remise des pétitions de demain. Plus la préfecture attend et plus elle devra céder. Au lieu de n’être forcée que de libérer M. Abgaryan, il faudra qu’elle annule l’OQTF, puis qu’elle régularise la famille Abgaryan, puis qu’elle annule tous les OQTF et régularise toutes les familles qui de proche en proche vont entrer nécessairement dans la lutte.
En effet, rien qu’au Dal86, nous connaissons soixante dix enfants soumis à l’acharnement de la préfecture, qui sont soit sous le coup des OQTF de leurs parents soit dans de grandes difficultés concernant le logement (au CHUS « 115 », à l’hôtel, dans des conditions de logement ou d’hébergement indignes…) puisque leur parents n’ont pas de titres de séjours ou des titres de séjours précaires. Nous faisons l’hypothèse que la Cimade et le Toit du monde en connaissent de nombreux autres. Tous ne sont pas scolarisés mais ceux qui le sont, étudient dans de nombreux établissement scolaires de Poitiers, sont dans de nombreux clubs sportifs, fréquentent différentes associations, ont des amis et des voisins…
Hier c’étaient les élèves, parents d’élèves, enseignants et administration du lycée Aliénor d’Aquitaine, aujourd’hui c’est le club de natation synchronisée de l’ASPTT Poitiers, les parents d’élèves et des enseignants du collège Ronsard et de l’école Coligny-Cornet. Demain ce seront les autres enfants dont les parents n’ont pas de titres de séjours ou des titres de séjours précaires scolarisés dans ces établissements. Ces familles fédéreront autour d’elles d’autres familles dont les enfants sont dans d’autres établissements, d’autres clubs sportifs, d’autres associations… Après-demain ce seront les autres enfants dont les parents n’ont pas de titres de séjours ou des titres de séjours précaires scolarisés dans ces autres établissements.
Mais peut-être est-ce déjà trop tard ? La préfecture de la Vienne intransigeante et revancharde n’ayant pas tiré les leçons de son revers dans le dossier de Mamadou Camara et/ou souhaitant se refaire et reprendre la main, à quelques jours des élections municipales, s’en est prise stupidement à la famille Abgaryan en tendant un traquenard au père, en lui donnant une OQTF et en le conduisant en rétention au CRA de Bordeaux. Mal lui en a peut-être pris.
Mobilisons-nous massivement demain lundi 24 février à 14h devant la préfecture ! Parlez-en massivement autour de vous ! Soyons nombreux !
Et mobilisons-nous encore autant de fois qu’il faudra pour faire échouer cette politique stupide de la préfecture !
DAL 86, 23 février 2014
Mise à jour 24 février 2014 : rassemblement réussi : plus d’une centaine de personnes, et recul de la préfecture qui assure prendre en compte la situation pour une probable régularisation. La lutte collective paye, continuons la lutte ! Une dépêche de la Nouvelle République :
86 – Un père arménien vivant à Poitiers menacé d’expulsion : une petite avancée
Une délégation de membres proches de la famille de Karen Abgarian un père de famille d’origine arménienne menacé d’expulsion, a été reçue cet après-midi par le directeur du cabinet de la préfète. La délégation a été constituée après un appel lancé par des associations (Cimade, Secours Populaire, ASPTT natation, Dal 86…) à se réunir sur la place de la préfecture de Poitiers. A l’issue de l’entrevue, la délégation a rapporté des propos « plutôt positifs »: « Le directeur du cabinet, très à l’écoute, a expliqué que le dossier serait réétudié », selon les membres de la délégation. Le niveau d’intégration des parents et des enfants pourraient être davantage pris en compte. Plus d’une centaine de personnes sont venues cet après-midi soutenir la famille Abgarian (Nariné, son épouse et ses trois enfants) tous d’origine arménienne et résidant en France depuis 5 ans.
NdPN : Mise à jour 27/02/2014 : un article de la NR montre l’inflexion de la préfecture suite à la mobilisation. L’OQTF n’est pas tombée mais le père serait libéré du CRA de Bordeaux. La lutte continue !
Le papa arménien entendu
L’obligation de quitter le territoire français prise à son encontre n’est pas levée. Mais la décision prise par Élisabeth Borne hier lui fait espérer un meilleur traitement. Karen Abgarian, père de famille d’origine arménienne, arrêté lundi soir lors d’un contrôle routier à Poitiers et envoyé en centre de rétention à Bordeaux, va voir sa situation réexaminée. La préfète a été « sensible à la démarche de soutien spontanée de la part de nombreuses personnes proches de la famille, ce qui démontre son degré d’intégration. » Sensible aussi aux « nombreux efforts de la famille pour s’intégrer en France, aux résultats scolaires remarquables des trois enfants, et à leur investissement dans les clubs sportifs. » Mme Borne liste même les membres de la délégation qui est venue en préfecture lundi : parent d’un camarade d’école, représentante de l’ASPTT natation, du Secours populaire, de la Cimade et enseignante de collège. La preuve que la mobilisation peut payer.
J.-J. B., Nouvelle République, 27 février 2014