Texte paru dans le premier numéro de Pavillon Noir (décembre 2009) et dans le numéro 1578 du Monde Libertaire.
Archives de catégorie : Écrits
[Poitiers] Rassemblement de solidarité avec les personnes expulsables
Le nouveau sinistre de l’intérieur Valls a confirmé que le changement, c’est du flan :
– dans la Vienne comme ailleurs, les OQTF (obligation de quitter le territoire français) se poursuivent. Avec leur lot de vies plongées dans l’angoisse de l’arrestation, la perte d’emploi et des revenus, le déchirement de familles.
– Le chiffre des régularisations (environ 30.000 par an sous Fillon) ne sera même pas revu à la hausse … les « critères » demeurent de fait les mêmes que sous la droite.
– Aucun des centres de rétention administrative, créés par la gauche en 1981 pour « humaniser » la rétention des étrangers, ne sera fermé. Jugés « nécessaires », ils seront juste « modernisés ».
– Le projet d’un titre de séjour prétendu « intermédiaire » de trois ans, qui remplacerait celui d’un an renouvelable, pourrait surtout remplacer peu à peu dans la pratique la carte de résident de dix ans, ce qui constitue clairement une nouvelle attaque.
Comme nous l’avons toujours dit, ce n’est évidemment pas sur quelque gouvernement que ce soit, fût-il paré d’une auréole de « gauche », qu’il nous faut compter. L’enfermement d’êtres humains dans des frontières et des taules n’a pas à être « humanisé » : il répond aux exigences morbides du profit capitaliste et du maintien de l’Etat, dispositifs dont la gauche se veut elle aussi la fidèle gestionnaire.
Pour la régularisation de tous les sans-papiers, la fermeture des centres de rétention, l’abolition des lois discriminatoires à l’encontre des étrangers, nous ne pouvons compter que sur la lutte et sur une solidarité déterminées.
Ce mercredi devant le palais d’injustice, comme chaque premier mercredi du mois à 18H, rassemblons-nous pour soutenir les migrant-e-s expulsables !
Groupe Pavillon Noir, 4 juillet 2012
Horoscope révolutionnaire
Après le tarot pour les totos, l’horoscope anarchiste de la semaine !
Bélier (en avril, on ne blague plus) : Les maîtres vous tondent, leurs roquets vous mordent. Vous en avez assez d’être un mouton et de reproduire le troupeau. Cessez de ruminer votre colère et montrez les cornes.
Taureau (en mai, fais ce qu’il te plaît) : En fonçant tête baissée aux manifs pour mugir sous les chiffons rouges agités par des gros boeufs, vous n’avez trouvé qu’un nouveau joug, et vous êtes quelque peu avachi. Comme le disait Francis, vos maîtres ne sont que des pantins, des minus. Refusez l’abattoir et donnez un bon coup de sabot à la charrue.
Gémeaux (en juin, occupe ton usine) : Entre travail à la chaîne et loisirs chez Castorama, vous vous senté doublé. Le manège enchanté de votre quotidien aliéné vous polluxe la vie. Si vous ne voulez pas finir schizo, retrouvez votre moitié révoltée !
Cancer (en juillet, comme à Barcelone en 1936) : Dans les moments de reflux contestaire, vous faites un pas de côté et vous réfugiez dans le marigot de vos aigres vices. Arrêtez de vous fabriquer le cancer en vous isolant tel un bernard l’hermite : derrière votre carapace, vous en pincez encore pour la Sociale !
Lion (au mois d’août, plus de doute) : Vous vous la jouez hakuna matata avec votre longue tignasse mais n’êtes qu’une attraction de cirque. Vous vous prenez pour le roi de la jungle capitaliste, alors que vous avez les crocs. Ouvrez la cage pour rugir de plaisir !
Vierge (en septembre, rentrée sociale) : Sous le corset de fer de votre apparence d’immaculée conception, la forêt dense de vos désirs vous appelle. Arrêtez de couper les cheveux en quatre : pucelle, boutez les Lois hors de vos transes !
Balance (octobre, rouge) : Sous vos airs de justicier, vous n’êtes qu’une poucave avare de ses sous. Cesser de peser vos mots et penchez pour la révolte : après la balance, envoyez le son !
Scorpion (en novembre, la toussaint venue laisse ta charrue) : Vous vous donnez des airs de roi, mais ne sortez que la nuit et ne pensez qu’à la queue. Cessez de vous empoisonner l’existence : lancez vos flèches contre le pouvoir!
Sagittaire (en décembre, envoie les marrons) : Vous trottez tout le jour comme un bourrin après la carotte, et finissez vos soirées chargé comme une bourrique. Ceux qui vous font la peau ne méritent qu’une bonne ruade. Vous avez plusieurs cordes à votre arc : rappelez-vous de l’humain qui est en vous et tendez vos forces vers la révolution !
Capricorne (janvier, deux mille francs) : Capri, c’est fini. A force de vous faire traire, vous voilà comme une bique et puant comme un bouc. Cessez de bêler : donnez de la corne et prenez le sentier de l’émancipation.
Verseau (février chargé d’eau le printemps n’en sera que plus beau) : Vous passez votre vie à pomper comme un shadok et pleurer sur votre sort. Tant va la cruche à l’eau qu’à la fin elle vous les brise. Dévoilez le verso de votre personnalité : si vous ne voulez plus servir les puissants, une nouvelle ère commence !
Poissons (en mars, Marx et ça repart) : Vous fuyez les sirènes du capitalisme. En refusant de frayer avec des requins et des maquereaux, vous vous êtes mis au ban de la société : bravo ! Evitez de vous faire pécho par un coup de filet, sinon vous finirez dans le bocal.
John Rackham, Pavillon Noir (FA86)
Abstention record, fête triste
Le taux d’abstention, selon le CSA, a atteint 44,4% ce dimanche, soit un record absolu sous la Vème république à des élections d’échelle nationale. A rapprocher de l’abstention croissante aux élections cantonales (56% en 2011), régionales (53,6% en 2010) et européennes (59,4% en 2009). L’abstention aux élections municipales, intéressant traditionnellement les électeurs-trices du fait de l’enjeu local et de leur impact directement ressenti sur le lieu de vie, n’est pas en reste : son taux est monté à 35,5% en 2008.
Si l’on tient compte du fait que 10% à 13,3% des gens potentiellement aptes à voter ne sont même pas inscrits, le constat est sans appel : hier, seuls 38,5% à 40% des gens en droit de voter en France ont jugé utile de désigner des élu-e-s pour les « représenter ».
Ainsi, les « élu-e-s à la majorité » sont propulsés « représentant-e-s des Français-es »… par des votant-e-s de plus en plus minoritaires au sein des populations.
C’est une véritable inquiétude pour les institutions politiques, économiques et médiatiques, ressassant leurs injonctions culpabilisatrices à accomplir le « devoir citoyen ». Leurs discours fébriles sur l’abstention et la perte du sens « civique » dissimulent mal le malaise de ces castes dominantes.
Celles-ci savent trop bien qu’elles ne nous dominent jamais par la seule force armée de leurs vigiles en uniformes, mais en imposant l’assentiment. Depuis la création des premiers Etats de l’antiquité, c’est-à-dire d’associations de bandes armées de racketeurs organisés, le meilleur arsenal du pouvoir autoritaire rassemble avant tout ce qui peut donner un semblant de légitimité à sa violence instituée. Avec l’avènement de la « démocratie », les balivernes religieuses ont peu à peu cédé la place à la mascarade électorale. Les élections sont redoutablement efficaces, sur des populations dont on a brisé par la force toute possibilité collective réelle de décision et de révolte : les individus doivent être atomisés, isolés dans les rouages de la machine à obéir. Sans culture collective autre que celle du réflexe d’obéissance imposé par des années d’édu-castration, la grande majorité des individus soumis adoptent les présupposés du système dominant, en les croyant leur, en les faisant leurs.
On peut dès lors, lentement, passer du seul droit de vote des riches (suffrage censitaire), au suffrage dit « universel », avant d’y ajouter les femmes un siècle après… et peut-être les étrangers un jour, qui sait.
Ce qui compte, pour entretenir cette illusion que les dominants sont désormais « représentants » de leurs dominés : c’est que la « majorité » des exploité-e-s renouvelle, à intervalles réguliers, l’assentiment à ce que les puissants décident à la place de tous.
Peu importe aux détenteurs du capital qui sera élu-e préposé-e à la garde de leur coffre-fort, si le Capital privé (ou étatique) demeure le monopole absolu de la décision économique, c’est-à-dire de la décision politique réelle. Les élections reposent sur le socle institutionnel des démocraties modernes, consistant depuis plus de deux siècles à relayer la conception de la liberté par la propriété, écrite et célébrée dans le marbre des Droits de l’Homme Riche.
Ainsi donc cette croyance, cette projection hallucinatoire de nos prétendues volontés dans un corps national éthéré, incarné dans un « Elu », ce fantôme, se fissure en apparence. La bourgeoisie s’inquiète, à juste titre. De Grèce et d’ailleurs, la révolte gronde, malgré les larmes, les armes et la prison.
En France comme partout, la république est un cadavre, qui s’est construit sur des cadavres. La bourgeoisie s’acharne donc sur ce cadavre républicain, en rajoute dans un « pluralisme » bidon, ici rose ou bleu, là-bas salafiste ou bidasse, quitte à transformer le zombie en Frankenstein à grosses coutures maladroites. Le problème, c’est qu’il est tellement pourri qu’il fait la même bouillie indistincte, le même Flamby. On le met sous l’électrode « majorité », aujourd’hui rose, demain brune, peu importe… tant que la « majorité » croit qu’elle s’est exprimée. On bidouille des énièmes tours de passe-passe, pour que les pitoyables miettes de voix grapillées par un candidat au premier tour ressemble vaguement à une « majorité ». Le mensonge est énorme, peu importe. Les maîtres se moquent bien du bavardage des esclaves sur la gestion de leur servilité, au contraire ils l’encouragent, si cela peut aider les esclaves à oublier qu’ils ont des chaînes.
La société devient-elle anarchiste parce que l’abstention progresse aux législatives ? Quel doux rêve. On aimerait bien ! On aimerait que l’abstention se mue en abstention active, que les gens désobéissent, occupent leurs quartiers, leurs boîtes et leurs pôles emplois, investissent les logements vacants, se rencontrent, s’organisent, que leurs mandaté-e-s soient révocables et appliquent techniquement les résolutions adoptées en assemblées populaires… on l’aime cette révolution, et on se battra toujours pour elle, parce qu’on se bat pour nous.
Mais il faut remettre les pieds sur terre : l’abstention ne dit absolument rien sur la possibilité d’un basculement révolutionnaire dans l’anarchisme. Elle ne reflète qu’un désarroi de plus en plus lourd, pouvant tout aussi bien donner lieu à une révolution sociale et libertaire, qu’à la résignation la plus abjecte et à l’acquiescement au fascisme. On terminera cet article sur le chiffre obstinément bas depuis toujours, volontairement omis en introduction, de la faible abstention à l’élection précédente.
Ce sont les mêmes qui s’abstiennent aujourd’hui , qui ont voté hier en nombre à l’élection qui résume le principe même de l’aliénation au principe autoritaire représentativiste, poussé à son plus consternant paroxysme. La soumission au grand cadavre incarné, l’élection césariste par excellence inventée par Napoléon III : l’élection présidentielle. Peu importent les idées, peu importent le vernis des pinaillages politiciens : on sait trop bien qu’on ne décide de rien, que le vote aux élections législatives est au pire un réflexe d’animal de laboratoire, au mieux un pis-aller contre le candidat-épouvantail d’en face. Si la grande majorité ne vote plus, dans un summum de résignation et de soumission collective, que lorsqu’il s’agit d’élire un César, incarnant à lui tout seul le rôle grand-guignol de « représentant du peuple français » , c’est parce que la France glisse vers le fascisme, et qu’il y a tout lieu de s’inquiéter. Le blob rose triomphe, sur fond sonore de Valls d’expulsions d’étrangers, d’éructations Moranesques sur le vote des étrangers transformant la France en « Liban », de grognements lepénistes, de slurp d’écolos suçant de l’uranium.
Et des cris de sept compagnons antifascistes, arrêtés ce soir à Hénin-Beaumont et emmenés au comissariat de Lens.
Vu ce qui nous pend au nez comme dévastation sociale, il serait peut-être temps de sortir de l’incantatoire et de nous organiser sérieusement.
Juanito, Pavillon Noir, 18 juin 2012
[Poitiers] « Marginaux » pour qui ?
Une fois n’est pas coutume, deux articles bien dégueulasses sur les « marginaux » du centre-ville de Poitiers sont parus ce matin dans la presse quotidienne régionale. Il s’agit de personnes – avouons-le, pour la plupart des potes-ses – n’ayant pas toujours les signes extérieurs de la réussite sociale, qui passent du temps ensemble, dehors dans la rue, et qui discutent volontiers avec qui veut bien se joindre à elles pour passer un bon moment, partager les galères et les bons plans, rire, boire un coup et pourquoi pas, refaire le monde.
Voilà qui est insupportable pour les chantres d’un centre-ville charcuté par l’opération « coeur d’agglo », aseptisé de toute relation qui ne passe pas par leur magnanime autorisation. Tout bon citoyen se doit de passer par l’octroi de quelques pièces de monnaie pour échanger avec les autres : payer son parking ou son ticket de bus d’abord, boire un coup ensuite, mais à condition de le faire assis dans le périmètre de la terrasse d’un limonadier pour l’aider à payer sa patente à la mairie (ou d’être membre de la confrérie des alcoolo-machos Bittards, à qui l’on remet les clés de la mairie, car c’est la tradition). Se loger oui, à condition de ne pas occuper l’un des nombreux logements vacants d’une mafia immobilière, et d’avoir un travail d’esclave docile pour payer le loyer. Se promener oui, mais selon le parcours touristique des rues pavées de coeur d’agglo, à l’ombre des enseignes marchandes et des affiches publicitaires, l’esprit disponible à l’achat ou à l’esclavage salarié, le porte-monnaie généreusement ouvert. Faire la fête oui, mais à l’occasion des journées du calendrier « culturel » décrété par la mairie. Utiliser les salles municipales oui, à condition d’avoir une étiquette d’association subventionnée déclarée en préfecture, ou de se présenter aux élections citoyennes. Diffuser des tracts oui, à condition de ne pas mettre le mot anarchiste dedans. Manifester oui, mais à condition de demander un coup de tampon du préfet, d’exprimer des demandes aux « élu-e-s du peuple », et de poser tout sourire pour les caméras des bons vigiles en uniforme bleu marine.
Opération « peace maker » sur coeur d’agglo
Entre la convivialité et les bons moments d’un côté, et la volonté de transformer le centre-ville en dispositif marchand, où seuls les vendeurs-euses et les consommateurs-trices sont admis-es, le choix est vite fait pour les pouvoirs locaux (préfet, flics, mairie, journalistes…).
Ces pouvoirs qui prétendent décider à notre place de tout ce qui doit se passer sur l’espace où nous vivons et qu’ils désirent contrôler, réclament toujours plus de répression de nos mouvements, de nos activités et de nos relations. C’est cette volonté mortifère qui se traduit dans les pavés carrés de coeur d’agglo, dans les rubriques carrées des torchons de la presse locale, dans les façades carrées des institutions de pouvoir, dans les sucettes carrées de Decaux. Cette volonté morbide de tout enfermer, qui relaie la complainte des marchands et des flics, alors même que ne cesse de s’intensifier le harcèlement policier (contrôles d’identité des mêmes, plusieurs fois par jour ; flicage de l’assistance sociale, des juges et autres services d’insertion et de probation ; arrestations suivies de gardes à vue voire de peines de prison). Cette « purification sociale » est dénoncée entre autres par Démocratie réelle maintenant 86, par le Comité poitevin contre la répression des mouvements sociaux, par le DAL 86… mais leur voix est évidemment ignorée ou calomniée par la presse et la mairie. La propagande des croquemorts en uniforme, en écharpe tricolore ou à carte de presse, a de beaux jours devant elle, si nous ne réagissons pas ensemble pour occuper les lieux où nous vivons ensemble.
Pavillon Noir, 12 juin 2012
La présence des marginaux agace les commerçants
La tension monte chez les commerçants du centre-ville face à la présence de plus en plus forte de marginaux sur fond d’alcool et de chiens qui divaguent.
Les commerçants du centre-ville de Poitiers sont déboussolés et de plus en plus agacés. La présence accrue de groupes de marginaux escortés de leurs chiens sur la voie publique concentre les critiques.
A chaque pas-de-porte, entre la place Notre-Dame et l’îlot des Cordeliers, c’est le même refrain qui revient en boucle. En centre-ville, c’est le sujet qui fâche. Et en mairie, c’est le casse-tête qui fait phosphorer.
« Les arrêtés municipaux, qui les applique ? »
« Certains soirs, on se retrouve avec dix personnes et leurs chiens qui sont juste à côté de la terrasse. Les personnes mendient, agressent verbalement les clients qui ne veulent pas donner. J’ai constamment des dégradations sur ma terrasse le vendredi matin et le samedi matin. Je suis même obligé d’attacher les pots de fleurs », réagit Damien Chevalier, du bar le Picto. « Le soir, ils font fuir la clientèle. Les vendeuses qui travaillent aux Cordeliers, préfèrent aller prendre le bus à Boncenne plutôt que de tomber sur eux à Notre-Dame. C’est un vrai problème, on le ressent clairement sur notre activité. » Un peu plus haut, rue des Cordeliers, le coiffeur Éric Soulard à l’enseigne « Différence » s’énerve contre ces groupes qui déambulent bière en main dès le matin. « En fin de journée, ils sont dans le square ou juste devant et ils bloquent le passage, les chiens divaguent et ils demandent de l’argent. Tout le monde est gêné. Je reviens de Bordeaux, ils n’en sont pas là. Je croyais qu’il y avait des arrêtés municipaux à Poitiers (1). Qui est-ce qui les applique ? » « J’aimerais bien savoir combien de procédures sont dressées pour ivresse publique ? », renchérit un voisin en rappelant les différents arrêtés anti-alcool pris par le maire de Poitiers. Des patrons de bar s’énervent carrément d’avoir eu à subir les foudres de procédures visant leur commerce ou leurs clients quand, dans le même temps, d’autres pourraient s’alcooliser tranquillement sur la voie publique. Les autorités contestent qu’il y ait le moindre deux poids deux mesures en la matière. Au tabac presse le Brazza, Philippe Desbourdes, enregistre lui aussi une baisse d’activité le soir. « A partir de 19 h, on a beaucoup moins de monde à cause de leur présence. Là où on faisait cent clients en une heure, entre 19 h et 20 h, on n’en fait plus que quarante. Nous, en plus on habite au dessus. On ne dort pas la nuit. C’est souvent des bagarres, ils tapent dans les grilles, ça déclenche l’alarme. Et les gens qui n’osent plus rentrer dans Notre-Dame parce qu’ils restent tout le temps devant l’entrée. » En plus des démarches individuelles de commerçants excédés, la Fédération des acteurs économiques a écrit au maire pour demander l’organisation d’une réunion. Elle doit avoir lieu très prochainement.
(1) En 2008, Alain Claeys étendait l’arrêté interdisant la consommation d’alcool sur la voie publique. Elle est sanctionnée par une amende de 11 €. Fin mai 2012, c’est la vente d’alcool à emporter, après 21 h, qui était interdite.
Nouvelle République, Emmanuel Coupaye, 12 juin 2012
La mairie cherche la bonne réponse
Si la question du rassemblement des marginaux en plus grand nombre agace les commerçants, il embarrasse aussi la Ville. « Il nous faut trouver un juste milieu », concède Jean-Claude Bonnefon, conseiller municipal délégué à la tranquillité publique. « On nous a reproché il y a quelques années qu’il y avait trop de policiers, et maintenant on serait laxistes ! » L’élu réfute le sentiment exprimé par les commerçants, selon lequel les policiers municipaux ou nationaux ne feraient rien contre les groupes de chiens qui divaguent ni contre la consommation répétée d’alcool sur la voie publique. Deux infractions qui tombent sous le coup d’arrêtés municipaux. « On discute en permanence de cette question en ce moment avec la police mais aussi avec la préfecture. Une réunion interne est prévue jeudi en mairie avec la police, les services sociaux… Elle était déjà programmée avant que la FAE nous écrive. J’ai demandé une note au CCAS pour savoir d’où viennent toutes ces personnes car, ce qui est certain, c’est qu’ils sont beaucoup plus nombreux. » Quelle réponse apporter à la situation actuelle ? « On va voir. Je ne dis pas qu’il ne se passe rien. Il faut peut-être accentuer les patrouilles. A un moment, c’est sûr, on ne peut plus être dans le traitement social. »
Nouvelle République, 12 juin 2012