Archives de catégorie : La rue grogne

[Poitiers] Enième « journée d’action » bidon

NdPN : pour en finir avec notre exploitation par l’Etat et le Capital, les syndicats ont une exigence. Ferme l’exigence, dure de chez dure : prendre rendez-vous avec le collaborateur de la préfète. Ben oui, on avait fait un « pacte », vous vous rappelez pas, on est en « responsabilité » syndicale ! Faudrait veiller à le respecter tout de même… « Ou sinon ça va péter », a-t-on encore répété comme une litanie des lendemains repoussés aux surlendemains. Brrr, sûr que la bourgeoisie en tremble d’effroi. En attendant, on comprend pourquoi si peu de monde juge utile d’emboîter le pas à ce genre de procession bien dans les clous du renoncement programmé. Pour la grève, les actions directes, le sabotage et la fédération autonome des luttes, on y verra sans doute plus clair une fois le cirque électoral passé…

Pacte de responsabilité difficile à défaire

Quelque 700 personnes (1) ont battu, hier après-midi, le pavé poitevin en répondant à l’appel de l’intersyndicale (FO, CGT, Solidaires et FSU) pour dénoncer le pacte de responsabilité. Une mobilisation faible eu égard à l’enjeu de cette ligne politique « Hollande-Medef » : « Le point central du pacte de responsabilité est, explique Guy Charré, secrétaire général adjoint FO, porte-parole de l’intersyndicale, la suppression du financement des allocations familiales par les entrepreneurs. » « Nous estimons que cette cotisation est du salaire différé. Qu’en sera-t-il demain de l’assurance-maladie ? »

Les manifestants, très remontés contre cette décision, ont tenu à rappeler l’objectif par un slogan : « On s’est battu pour la gagner, on se battra pour la garder : la sécu, elle est à nous. » Refrain repris tout au long de la mobilisation qui s’est déroulée en circuit court dans la capitale régionale du Poitou-Charentes, la préfecture étant le terminus. Pour une prise de parole publique, place Artistide-Briand, de Force ouvrière. Une délégation de cette organisation syndicale a été reçue par un collaborateur de la préfète. « La CGT attend toujours le rendez-vous avec Mme la préfète », a souligné, Catherine Giraud, secrétaire général de l’Union départementale CGT. Qui dénonce cet étrange mariage de la gauche avec le patronat. Qui va payer ? « C’est la population française », a rappelé la leader syndicale.

(1) 850 personnes selon les syndicats, 650 selon la police. A Châtellerault, 350 manifestants ont été comptabilisés (lire en page 21). (2) Grévistes dans la fonction publique : 4,33 % (enseignants du 1er degré) ; 6,34 % (enseignants du 2d) ; 0,73 % (autres personnels).

Didier Monteil, Nouvelle République, 19 mars 2014

[Châtellerault] Manif contre le pacte PS-MEDEF

Châtellerault : 350 manifestants contre le pacte « Hollande-Gattaz »

Trois cent cinquante manifestants ont participé ce mardi matin, à la manifestation locale contre le pacte de responsabilité.

Un rassemblement était organisé à l’appel de quatre syndicats (CGT, FO, FSU et Solidaire), pour relayer le mouvement national.

Les manifestants, issus de nombreuses entreprises du secteur, ont défilé en cortège au cri de « Hollande, Gattaz, le pacte on n’en veut pas ! »

Dans un discours prononcé devant l’hôtel de ville, le responsable local de l’union locale CGT Alain Delaveau a souligné « le désaccord profond sur la politique menée par le gouvernement en terme de services publics et de vision industrielle du pays».

« Dans le cadre du pacte de responsabilité, François Hollande se garde bien de définir qui va payer et comment. Au bout du compte, il ne fait aucun doute que ce sont les contribuables », a-t-il indiqué en appelant à « amplifier la mobilisation dans les semaines à venir ».

Franck Bastard, Nouvelle République, 18 mars 2014

[Poitiers] Assemblée populaire autonome

LE CHANGEMENT C’EST NOUS

Sans réelle surprise, le gouvernement de gauche poursuit sa politique de détricotage des acquis sociaux. Profitant d’un rapport de force écrasant, il nous retire les quelques miettes qu’on a bien voulu nous concéder au cours des luttes passées. Élu par défaut pour faire dégager Sarkozy, Hollande (et son gouvernement) n’a pas promis beaucoup de progrès social et tient à merveille son non-agenda./p>

Il y a de toute façon bien longtemps que la gauche gestionnaire a abandonné toute perspective de révolution voire de réforme et cherche à maintenir le statu quo dont elle bénéficie. Ce n’est pas très étonnant, quand on examine la composition sociale du Parti Socialiste par exemple : c’est un parti de notables qui défendent leurs intérêts, ce qui est bien la moindre des choses.

Nous n’avons pas voté pour des dangereu.ses.x révolutionnaires mais pour des petit.e.s gestionnaires de la dépossession et de la domination. Inutile de s’en indigner, illes savent pour qui illes roulent et n’en ont pas spécialement honte. Nous pourrions nous soulever et prendre le pouvoir. Mais nous aurions tôt fait de devenir les crevures que deviennent tou.te.s celles et ceux qui posent leur cul sur n’importe quel trône. Le pouvoir et son exercice poussent au compromis, à la trahison, à la volonté de soumettre et de déposséder.

Il n’est de changement possible sans destruction de l’institution, sans transformation radicale des rapports sociaux qui sont les fondations sur laquelle toute cette merde repose. Il nous faut tout changer pour pouvoir nous changer. Il nous faut nous changer pour pouvoir tout changer. Expérimentons d’autres choses et affrontons l’état des choses, ici et maintenant.

Pour en finir avec la domination et l’exploitation

Assemblée populaire autonome
Kiosque du parc de Blossac – 18/3/2014 – 16:30

source : Indymedia Nantes

Communiqué du CSP86 : Rassemblement devant la préfecture mercredi 19 mars à 14h

Communiqué du CSP86 : Rassemblement devant la préfecture mercredi 19 mars à 14h

Trop d’histoires de vies, humainement insoutenables, nous conduisent à nous insurger : question de dignité.

Nous, familles et personnes seules sans papiers ou en situation administrative précaire et ayant des problèmes de logement, nous vous informons que nous sommes constitués en Collectif au sein du Dal86 pour défendre nous-mêmes nos droits et nos intérêts. VOIR

Nous appelons toutes les familles et personnes seules, qui sont dans la même situation que nous, à nous rejoindre pour défendre ensemble nos droits et nos intérêts ;

Nous appelons aussi tous ceux qui sont scandalisés par la politique indigne, injuste, inégalitaire et inhumaine des pouvoirs publics à venir nous soutenir

Rassemblement devant la préfecture mercredi 19 mars à 14h

Que vont devenir les familles et personnes seules sans papiers ou en situation administrative précaire qui sont hébergées à l’hôtel en particulier après après l’expulsion des squats ? Dans ce Collectif nous sommes six familles dans ce cas soit 25 personnes, 15 enfants dont deux de quelques semaines nés alors que leur parents étaient hébergés à l’hôtel ! Resterons-nous à l’hôtel ? En serons-nous expulsés comme l’annoncent cyniquement à qui veut l’entendre les pouvoirs publics ? Serons-nous jetés à la rue ou irons-nous au « 115 » ? Ce qui, en passant, serait à peine un peu mieux que la rue puisque les pères sont séparés de leurs femmes et de leurs enfants et sont jetés à la rue 5 jours par semaine. Non tout cela serait scandaleux et inacceptable.

Nous exigeons des conditions dignes d’existence. Nous exigeons des papiers nous permettant d’entrer dans le droit commun et un logement décent pour tous !

Qu’en sera-t-il des familles roms roumaines en particulier celle qui ont été expulsés des squats ? Dans ce Collectif nous sommes 13 familles (plus 2 déjà comptées à l’hôtel) dans ce cas soit 53 personnes dont 31 enfants. Répression forcenée, assistanat voire l’aliénation sociale, la préfecture et ses hommes de mains nous ont franchement pourri la vie à nous qui étions il y a quelques mois déjà bien intégrés.

Nous exigeons des conditions dignes d’existence. Nous exigeons des papiers nous permettant d’entrer dans le droit commun et un logement décent pour tous !

Qu’en sera-t-il des autres familles et personnes seules du Collectif qui sont sans papiers ou en situation administrative précaire et ayant des problèmes de logement ? Dans ce Collectif nous sommes 7 familles et 5 personnes seules dans ce cas soit 31 personnes dont 2 femmes enceintes et 11 enfants. Malgré les tentatives éhontées de nous désintégrer, nous pouvons affirmer haut et fort que nous sommes sur-intégrés. Nous sommes ici depuis de nombreuses années, parfois 7 longues années ! Nous avons de nombreuses attestations qui justifient de nos engagements auprès d’associations et de nos excellentes relations avec nos voisins et amis français. Nous avons appris le français. Nous avons même travaillé jusqu’à ce que l’on nous interdise de le faire. Nos enfants sont brillants scolairement et excellents dans les clubs sportifs auxquels ils participent. Nous faisons tout ce qu’on nous demande pour mériter nos papiers mais tout cela n’est jamais suffisant. Aussi nous exigeons que la préfecture jette au moins un œil dans les dossiers qu’elle instruit. Mais nous savons bien aussi que le problème n’est pas seulement là. Nous exigeons que la préfecture arrête de nous trier sur le mérite. Nous exigeons que la préfecture se préoccupe plutôt de nos besoins et respecte scrupuleusement nos droits fondamentaux : droit des enfants, droit au logement, droit à avoir une vie digne.

Nous exigeons des conditions dignes d’existence. Nous exigeons des papiers nous permettant d’entrer dans le droit commun et un logement décent pour tous !

csp86@free.fr – dal86@free.fr – 06 52 93 54 44 / 05 49 88 94 56 Réunions du Collectif tous les jeudis à 18h à la maison de la solidarité 22 rue du Pigeon Blanc 86000 POITIERS

Vu sur le site du DAL 86, 15 mars 2014

Mise à jour PN : une soixantaine de personnes au rassemblement. Contrairement à ce qu’indique la presse, la préfecture a refusé de recevoir une délégation.

Retour sur la manif du 22 février à Nantes

Les autorités sont prévenues : retour sur la manif du 22 février à Nantes

Récapitulons
Dans les années 1960, le projet d’un nouvel aéroport près de Nantes sort de terre, avec des projections économiques radieuses à la mode capitalisme trente glorieuses. Projet vite mis en cartons à la suite du choc pétrolier et des contestations (déjà !), mais les terres sont soigneusement protégées du remembrement alors en cours. Le fumeux projet ressort des poubelles administratives de l’État avec la gauche-garcimore en 2000, par un tour de passe-passe en force de Jospin (PS), Gayssot (PCF) et Voynet (Verts). L’aménagement est prévu sur une ZAD (zone d’aménagement différé) de près de 2000 ha, zone humide bocagère d’élevage et de petites cultures sise entre trois bourg ruraux. Sont aussi prévues une voie rapide routière, reliant les axes Nantes-Vannes et Nantes-Rennes, ainsi qu’une desserte ferroviaire. Hôtels et supermarchés viendraient compléter ce tableau d’un désert métropolitain digne de ce nom.
Mais la contestation reprend de plus belle : les réunions publiques sont perturbées et des manifestations diverses s’organisent. En 2007, un premier squat voit le jour dans une maison laissée à l’abandon. En 2009, le Camp Action Climat choisit le site de Notre-Dame-des-Landes pour débattre sur la question environnementale. Trois semaines de débats et d’actions ont lieu, un appel à venir habiter la zone est lancé, c’est le début de la plus grande zone de squat rural d’Europe. À peine les maisons sont-elles rachetées par Vinci qu’elles sont réinvesties. Les habitants « historiques » voient débarquer à leurs côtés, avec une curiosité parfois mêlée d’incompréhension, des gens souvent jeunes et politisés, qui s’installent ici pour un tas de raisons différentes : l’opposition à ce projet cristallise un grand nombre de thématiques de lutte, en lien les unes avec les autres, contre les logiques absurdes du capitalisme, de l’État, de la consommation, de la dévastation écologique… Au début, la cohabitation n’est pas simple ; valeurs et modes de vie divergent, à l’image des catégories qui nous divisent. Mais rapidement, le fait de vivre ensemble sur un même territoire l’emporte, et composer ensemble dans la vie quotidienne et dans la lutte n’est plus seulement une nécessité, mais un désir. Là où le rouleau compresseur devait détruire des terres, des liens, la vie, là où l’individualisme et les rapports marchands devaient encore remporter une victoire, naît une communauté de liens. Là où l’État est repoussé, naît une créativité incroyable, rendant caduques toutes les catégorisations habituelles des pouvoirs faisant de nous des « populations » sous contrôle (sus à l’Insee !)

Pourquoi le 22 février ?
En réponse aux déclarations et aux signes de nouvelles tentatives d’expulsion à venir, les différentes composantes de la lutte contre le projet d’aéroport se sont une fois de plus entendues sur une manifestation, à un moment crucial contre les porteurs de projets (élus et Vinci) : l’échéance du mois de mai pour le « transfert » des espèces animales protégées (procédure obligatoire) contraint les autorités à l’offensive, sous peine de repousser ledit transfert à l’automne. Néanmoins, à un mois des municipales, la marge de manœuvre des « socialistes » est réduite. C’était donc le moment de manifester à nouveau de tous nos sabots contre la machine productiviste.
Les différentes composantes de la lutte (paysans, habitants historiques et zadistes, Acipa, naturalistes, etc., désolé pour les catégories) arrivent donc de cette campagne que l’on veut détruire et soumettre, débarquant dans la ville-métropole de Nantes, espace artificialisé par excellence au cœur des pouvoirs locaux.
La veille de la manif, le préfet annonce que tout l’hypercentre de Nantes sera déclaré « zone rouge », y compris le Cours des 50 otages, lieu de passage traditionnel des manifestations nantaises – ce qui a irrité plus d’un démocrate (j’en ai vu, il en reste !). Voici donc le parcours initialement prévu réduit de près de ses deux tiers ; les organisateurs, pris de court, décident d’allonger le parcours au sud.
La veille et le matin même, les Nantais découvrent leur ville littéralement assiégée par la police et la gendarmerie : de nombreuses rues sont bloquées, des fourgons de force anti-émeutes sont garés en masse. On croirait presque le comité d’accueil d’un contre-sommet !

Et c’est parti !
Le départ s’effectue devant la préfecture : sur la voie publique, les gens s’entassent de tous côtés avec les plus hétéroclites déguisements et façons de s’exprimer. Une cabane se monte dans un platane au-dessus de nos têtes pour bien symboliser le « échangeons les rôles » qui préfigure cette journée. D’énormes tritons marbrés habillent des tracteurs, qui déambulent sur le bitume chauffé par des dizaines de milliers de joyeux lurons.
Rue de Strasbourg, une enseigne de Vinci Immobilier protégée par quelques planches est brisée, la déco intérieure change de style — les plantes qui s’y trouvaient sont sauvées par de charitables âmes. Plus loin une foreuse Vinci, en plein burn-out, décide de s’immoler par le feu.
Arrivés à la station de tram Commerce, où le premier parcours devait filer pour remonter le Cours des 50 otages, une vingtaine de tracteurs sont contraints à l’arrêt, devant un canon à eau de la police et des grilles anti-émeutes, sur lesquelles des dizaines de manifestants tapent en guise de sommation aux forces de l’ordre qui bloquent le parcours décidé collectivement. Mais les casqués ne l’entendent pas de cette oreille. Dès les premiers œufs de peinture, entachant le bel uniforme bleu foncé du sympathique corps de la gendarmerie mobile, les premières grenades lacrymogènes sont tirées.
Pendant ce temps, les premières supputations tombent sur le nombre exact de participants à la manif… mais qu’est-ce qu’on s’en fout ! Si l’on devait s’en tenir aux dires de trucmuche et de machinchouette, voilà bien longtemps que les travaux seraient déjà en cours. Ce n’est pas d’apprendre par les médias le nombre exact d’opposants qui se trouvaient en face d’eux qui a fait reculer les gendarmes mobiles dans leur tentative d’expulsion de la zone en octobre 2012, mais bien la solidarité et la détermination de tous les gens qui ne se sont pas contentés de rester assis en travers de la route ou d’attendre quelque bon geste de la froide mécanique d’État. En attendant, la place bondée de monde est enfumée par les agents chimiques lacrymogènes, et les tracteurs déguerpissent face à l’attaque policière menaçant leur outil de travail. Le canon à eau commence son arrosage, histoire de mettre les sauveurs de zones humides dans leur élément. S’ensuivent quelques minutes plus tard le peinturlurage et la tentative de mise à sac du commissariat de police, situé à l’arrière. Sur la place, les encapuchados (comme on les appelle en Amérique latine), arrivés après les premières salves de lacrymo, s’affairent à relancer les palets incandescents et à distribuer des mélanges eau-maalox aux manifestants aveuglés.

Nos chers médias
On ne le dira jamais assez, merci à tous les médias de masse d’avoir suivi l’événement. Alors que les manifestants de Kiev tirant à balles réelles sur la police sont présentés comme des héros par les journalistes, que l’Union européenne décerne en grande pompe le label Révolution à l’Ukraine, Nantes aurait, ce 22 février, fait face à la « terreur » ! Alors que les engins de Vinci transforment des paysages en champs de ruines et que l’État déverse des milliards d’argent public dans une foule de grands chantiers public-privé aussi inutiles que nuisibles, des tags bariolant des murs et des pubs, quelques pavés descellés et neuf vitrines fêlées ou brisées à Nantes (Vinci, banques, agences immobilières et touristiques…) seraient un « saccage » et une « dévastation » ! Pour pasticher Magritte, cela n’est pas de la violence, c’est l’image de la violence.
Merci d’émanciper celles et ceux que l’on aime de leurs dernières croyances en « l’objectivité journalistique ». Merci de démontrer que des années de débats pipés et unilatéraux n’auront pas suffi à convaincre de l’utilité d’un nouvel aéroport, mais que seule la construction d’un rapport de force véritable a permis et permet toujours de faire reculer le projet. Merci de démontrer, moult images d’affrontements à l’appui, l’inanité de la seule contestation que vous tolérez, uniquement symbolique, qui ne se préoccupe que de « l’opinion publique » (un fantôme que les journalistes affectent de connaître aussi bien qu’ils ignorent superbement nos vies réelles).

Ensemble, on a déjà gagné
Ce jour-là, plus encore qu’à l’habitude, les étiquettes et catégories imposées ont volé en éclats. Tout le long de la manifestation, on pouvait ressentir un côté festif très fort, et beaucoup de joie. Même au « cœur » des affrontements, quand un mouvement de foule spontané se créait, pétards, feux d’artifice et joie d’avancer laissaient un large sourire à plein de gens, malgré les lacrymos. Des personnes de tous âges et toutes situations étaient là, ensemble. Certains tenaient des banderoles bigarrées, d’autres chantaient, d’autres faisaient du théâtre improvisé, d’autres lançaient des projectiles, d’autres en préparaient, d’autres s’occupaient des nombreux blessés atteints par les tirs de la police, d’autres aussi, les plus nombreux, parfois faute d’organisation, étaient juste là, ce qui était déjà beaucoup ; ils participaient pleinement à la lutte par leur présence, leur solidarité et leurs sourires. Quelques personnes, de temps en temps, s’enquéraient du pourquoi du comment, d’autres gens choisissaient de faire face à la police, initiant ainsi de nouvelles conversations. Bref, dans la multiplicité des idées et des moyens, une joie commune de la lutte ! Bien loin, donc, des indignations et condamnations de certains pontes politiques stigmatisant et dissociant les « casseurs ». Laissons-leur ce triste souci de préserver une image de respectabilité dérisoire, auprès des véritables casseurs au gouvernement, qui brisent nos vies au quotidien, et ont blessé (et mutilé) de nombreux manifestants ce jour encore.
Cinq cent vingt tracteurs, 50 000 manifestants environ. Tout le monde s’accorde à dire que cette manif était la preuve d’une montée en puissance du mouvement de lutte contre ce projet. Les autorités, si elles s’avisaient de marcher sur les plates-bandes de la ZAD, sont une fois de plus prévenues.

Raoul Mapoule et Sim Camille, Le Monde Libertaire n° 1734 (13-19 mars 2014)

1. Acipa: Association citoyenne intercommunale des populations concernées par le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes.