Archives de catégorie : La rue grogne

[Saint-Genest-d’Ambière – 86] Au comptoir de la confiserie, les salaires n’augmentent pas pour tout le monde

Grogne au Comptoir de la Confiserie

A la veille d’une négociation salariale annuelle, aujourd’hui au siège du groupe à Rungis, des débrayages étaient organisés, hier, au Comptoir Européen de la Confiserie (1) à Saint-Genest-d’Ambière, à l’appel de la CGT et de la CFDT. Des actions identiques avaient lieu dans douze des seize sites français du groupe, selon la CGT. En fin de matinée, une vingtaine de salariés étaient rassemblés sur le parking de l’usine locale. Les syndicats contestent le niveau de hausse annuelle (+ 0,6 % en mars et + 0,5 % en octobre), proposé par la direction (2). La CGT réclame une augmentation générale de 150 € du salaire de base, plus une revalorisation de la prime de vacances de 150 € et un départ anticipé à 57 ans. La CFDT demande pour sa part une hausse des salaires de 3,5  %. Les deux syndicats sont d’accord par contre pour dénoncer la situation faite aux agents de maîtrise dont une part de la revalorisation salariale sera déterminée au mérite. « 500 dollars d’actions ont été distribués en fin d’année aux cadres de toute l’Europe et nous, on se retrouve avec des miettes », commentait hier Thierry Pasquinet de la CGT avec son collègue de la CFDT Jean-François Morel. « Le groupe a augmenté son chiffre d’affaires de 4 % en France. Ce n’est pas la crise pour tout le monde », indiquait de son côté, Mickaël Amadis, représentant CFDT au niveau du groupe.

(1) Usine de 200 salariés du groupe Kraft Foods, devenu depuis octobre dernier Mondelez International. (2) Jointe, elle n’a pas fait de commentaire.

F.B., Nouvelle République, 22 janvier 2013

[Poitiers] Une nouvelle manif en soutien à la ZAD

Hier samedi, pendant plus d’une heure, a eu lieu une manif contre le projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes, en soutien aux camarades de la ZAD (Zone à défendre) vivant sur place en projet d’autonomie, et ciblés par une répression féroce depuis plusieurs semaines sous l’égide du gouvernement PS. Cette manif avait été décidée la veille, lors d’une soirée projection-débat proposée par le comité poitevin contre le projet d’aéroport. La manif s’inscrivait dans le cadre d’un week-end (inter)national d’actions de soutien.

Le rassemblement était prévu devant le local du PS (situé rue du mouton, ça ne s’invente pas). Pas mal de pluie, mais une trentaine de personnes étaient présentes, avec pancartes et banderoles aussi hétéroclites que sympathiques. Des flics étant aussi présents devant la grille baissée du siège du parti « socialiste », les manifestant-e-s n’ont pas pu s’approcher du lieu de rendez-vous. L’un des flics, sur les ordres de sa hiérarchie « qui donne des ordres bien au chaud », est venu demander s’il y avait un responsable. N’en trouvant aucun, il a commencé à discuter avec les gens rassemblés, évoquant son ras-le-bol, sa sympathie personnelle pour le mouvement et sa position personnelle sur le projet d’aéroport. Pas mal de gens l’ont questionné sur le pourquoi de son obéissance aux ordres, et le flic n’en menait pas bien large, l’argument ultime étant (une fois de plus) qu’il « faut bien manger ». Des manifestant-e-s n’ont pas manqué de lui dire que ce que les zadistes avaient aussi comme projet était précisément de s’organiser dans la solidarité pour vivre autrement que suspendu à un salaire. Un flic consterné, suivi par ses collègues à l’air pas non plus très folichon, et des manifestant-e-s pleins de pêche, tableau saisissant de deux logiques et de deux mondes. Reste que les flics étaient armés, « avec des grenades et des lacrymos dans la bagnole », et que les manifestant-e-s n’étaient armés que de leur joie et de leurs mots.

Le cortège s’est ensuite égayé vers le centre-ville, en déployant deux banderoles sur la largeur des petites rues. Hormis les classiques « Vinci dégage, résistance et sabotage », « des tritons, pas du béton », les manifestant-e-s se sont amusé-e-s à inventer des slogans fleuris. Florilège : « des légumes, pas du bitume », « Des tomates, pas des matraques », « des légumineuses, pas des pelleteuses », « des poireaux, pas des lacrymos », « des carottes, pas des menottes », « des papillons, pas des avions », « on veut du sexe, pas des serflex » ! Bref, une bonne poilade malgré la pluie battante et les piteuses caméras des flics.

De nombreuses personnes ont pris des tracts. Du coup le cortège a tourné deux fois en centre-ville. En passant par le triste désert social de la place d’armes devant l’hôtel de ville, aussi morne et aussi morte que d’habitude avec ses passant-e-s qui passent, autre symbole des méfaits de cet autre cocktail Vinci-PS qu’est le dispositif « Coeur d’Agglo » dans la métropole pictave, on a aussi pu entendre : « on veut des ZAD, pas des places d’armes ».

Occupons la campagne, occupons la ville, occupons nos vies ! La ZAD est partout !

Pavillon Noir, 20 janvier 2013

[Paris] Appel à un bloc anti-homophobie antisexiste et antiraciste

NdPN : voici un tract dont la Fédération Anarchiste est, entre autres organisations, signataire. Ce tract a été rédigé en vue de la manif du 27 janvier prochain à Paris, en faveur du « mariage pour tou-te-s ». Il apporte un point de vue radicalement divergent de celui du gouvernement en place.

 

Appel à un bloc anti-homophobie antisexiste et antiraciste

 

FACE AUX TRAHISONS SOCIALISTES :  SOLIDARITÉ DES MINORITÉS !

Ces derniers mois ont été l’occasion d’un funeste « débat » sur l’égalité des droits entre couples hétérosexuels et couples LGBT en matière de mariage et de filiation, qui a attisé une homo-lesbo-transphobie violente. Ce climat de haine généralisé s’est cristallisé dans des manifestations ralliant homophobes de gauche, de droite et d’extrême-droite, n’hésitant pas à s’allier lorsqu’il s’agit de défendre l’ordre-moral et la différence-des-sexes.

Ces manifestations sont extrêmement préoccupantes, et montrent une convergence des réactionnaires, aujourd’hui pour promouvoir la marginalisation des minorités sexuelles, demain pour entretenir le harcèlement, la répression et la précarisation des étrangEREs.

Le gouvernement socialiste ne condamne toujours pas ces manifestations.  Ses atermoiements, reculades et trahisons (abandon de la PMA pour les couples de lesbiennes, « liberté de conscience », « dialogue » avec les autorités religieuses etc) ne font que légitimer davantage un « débat » dont le seul objet est la validité de la vie des LGBT. L’indécence de ce « débat » et le peu d’indignation qu’il suscite nous désole : quel niveau de haine faut-il atteindre pour qu’une réelle mobilisation émerge en soutien aux minorités ?

Ce déversement de haine et l’homophobie d’Etat toujours inscrite dans la loi promeuvent une hiérarchisation des vies. Parce que leurs vies ont moins de valeur que les autres, les LGBT sont exposéEs à une précarité matérielle et affective accrue qui se traduit par des risques de suicide plus élevés chez les jeunes et par des taux record de contaminations au VIH-sida chez les femmes trans et les pédés.

Les errances du Parti Socialiste sur le mariage et la filiation ouverts à touTEs sont de très mauvais augure quant à l’accès aux droits pour les personnes trans (changement d’état civil libre et gratuit), et confirment l’absence de réelle inclusion des problématiques trans dans les préoccupations gouvernementales.

Le parti qui ouvre un boulevard à la haine homo-lesbo-transphobe, aux droites extrêmes et à l’extrême droite est aussi celui qui ferme toujours plus les frontières aux étrangEREs et demandeuSEs d’asile. Alors qu’il prétendait il y a encore quelques mois incarner « le changement », il perpétue les mesures et les violences sécuritaires et racistes des gouvernements précédents :

- Il se targue d’avoir élargi les critères ouvrant le droit au séjour, alors que le nombre de régularisations est toujours limité, et le nombre des expulsions toujours plus élevé. - Il a enterré la promesse d’ouverture du droit de vote aux étrangEREs. - Il expulse les Rroms plus violemment encore que le gouvernement de  Nicolas Sarkozy - Il expose encore et toujours les travailleuSEs du sexe aux violences, en subordonnant l’abrogation du délit de racolage public à une pénalisation des clientEs dont les conséquences seront exactement les mêmes, - Il a abandonné le récépissé après contrôle d’identité et entend légitimer une fois de plus les violences policières contre les sans-papiers en instaurant une « retenue » de 16h.

Si cela ne suffisait pas, le même gouvernement entend pérenniser toutes les mesures de stigmatisation des plus précaires mises en place au cours des 5 dernières années. Il refuse d’abandonner les franchises médicales qui constituent un véritable impôt sur la maladie et de lutter contre les inégalités sociales.

Le Parti Socialiste feint d’avancer en faveur de l’égalité des droits, mais son action des derniers mois prouve le contraire. L’égalité des droits proposée par le gouvernement n’est rien d’autre qu’une égalité fragmentée : en se targuant d’ouvrir des droits aux LGBT d’une main, il s’agit d’en refuser aux étrangEREs de l’autre.

À cela nous répondons :

ASSEZ DE DÉBAT, DES DROITS POUR TOUTES !

La stratégie de morcellement de l’égalité adoptée par le gouvernement lui permet d’effacer totalement la perspective des LGBT étrangEREs et précaires, tout en se gargarisant d’œuvrer pour elles-eux, alors même qu’il les expose toujours aux violences d’Etat.

Les atermoiements du PS sur les droits des LGBT lui permettent paradoxalement de faire durer un « débat » dans lequel il a le beau rôle. Ce faisant, il occulte les effets dévastateurs de ses politiques néo-libérales, sécuritaires et racistes au sein de ces mêmes communautés LGBT.

Revendiquer l’égalité des droits ne se limite pas à manifester sporadiquement pour l’ouverture du mariage et de la filiation aux couples LGBT : il s’agit de revendiquer l’égalité réelle et sans division.

Pour cela, rejoignez-nous le 27 janvier dans un bloc anti-homophobie, antisexiste et antiraciste.

NOUS N’OBTIENDRONS QUE CE QUE NOUS LEURS PRENDRONS !

Premiers signataires : Act Up-Paris, Alternative Libertaire Paris Nord-Est, CNT Santé-Social, Collectif 8 mars pour toutes, Étudions Gayment, Fédération Anarchiste, P !nkBloc (Cortège Queers&Freaks en tous genres), Strass (Syndicat du Travail Sexuel), les TumulTueuses

FACE AUX TRAHISONS SOCIALISTES :  SOLIDARITÉ DES MINORITÉS !

Ces derniers mois ont été l’occasion d’un funeste « débat » sur l’égalité des droits entre couples hétérosexuels et couples LGBT en matière de mariage et de filiation, qui a attisé une homo-lesbo-transphobie violente. Ce climat de haine généralisé s’est cristallisé dans des manifestations ralliant homophobes de gauche, de droite et d’extrême-droite, n’hésitant pas à s’allier lorsqu’il s’agit de défendre l’ordre-moral et la différence-des-sexes.

Ces manifestations sont extrêmement préoccupantes, et montrent une convergence des réactionnaires, aujourd’hui pour promouvoir la marginalisation des minorités sexuelles, demain pour entretenir le harcèlement, la répression et la précarisation des étrangEREs.

Le gouvernement socialiste ne condamne toujours pas ces manifestations.  Ses atermoiements, reculades et trahisons (abandon de la PMA pour les couples de lesbiennes, « liberté de conscience », « dialogue » avec les autorités religieuses etc) ne font que légitimer davantage un « débat » dont le seul objet est la validité de la vie des LGBT. L’indécence de ce « débat » et le peu d’indignation qu’il suscite nous désole : quel niveau de haine faut-il atteindre pour qu’une réelle mobilisation émerge en soutien aux minorités ?

Ce déversement de haine et l’homophobie d’Etat toujours inscrite dans la loi promeuvent une hiérarchisation des vies. Parce que leurs vies ont moins de valeur que les autres, les LGBT sont exposéEs à une précarité matérielle et affective accrue qui se traduit par des risques de suicide plus élevés chez les jeunes et par des taux record de contaminations au VIH-sida chez les femmes trans et les pédés.

Les errances du Parti Socialiste sur le mariage et la filiation ouverts à touTEs sont de très mauvais augure quant à l’accès aux droits pour les personnes trans (changement d’état civil libre et gratuit), et confirment l’absence de réelle inclusion des problématiques trans dans les préoccupations gouvernementales.

Le parti qui ouvre un boulevard à la haine homo-lesbo-transphobe, aux droites extrêmes et à l’extrême droite est aussi celui qui ferme toujours plus les frontières aux étrangEREs et demandeuSEs d’asile. Alors qu’il prétendait il y a encore quelques mois incarner « le changement », il perpétue les mesures et les violences sécuritaires et racistes des gouvernements précédents :

- Il se targue d’avoir élargi les critères ouvrant le droit au séjour, alors que le nombre de régularisations est toujours limité, et le nombre des expulsions toujours plus élevé. - Il a enterré la promesse d’ouverture du droit de vote aux étrangEREs. - Il expulse les Rroms plus violemment encore que le gouvernement de  Nicolas Sarkozy - Il expose encore et toujours les travailleuSEs du sexe aux violences, en subordonnant l’abrogation du délit de racolage public à une pénalisation des clientEs dont les conséquences seront exactement les mêmes, - Il a abandonné le récépissé après contrôle d’identité et entend légitimer une fois de plus les violences policières contre les sans-papiers en instaurant une « retenue » de 16h.

Si cela ne suffisait pas, le même gouvernement entend pérenniser toutes les mesures de stigmatisation des plus précaires mises en place au cours des 5 dernières années. Il refuse d’abandonner les franchises médicales qui constituent un véritable impôt sur la maladie et de lutter contre les inégalités sociales.

Le Parti Socialiste feint d’avancer en faveur de l’égalité des droits, mais son action des derniers mois prouve le contraire. L’égalité des droits proposée par le gouvernement n’est rien d’autre qu’une égalité fragmentée : en se targuant d’ouvrir des droits aux LGBT d’une main, il s’agit d’en refuser aux étrangEREs de l’autre.

À cela nous répondons :

ASSEZ DE DÉBAT, DES DROITS POUR TOUTES !

La stratégie de morcellement de l’égalité adoptée par le gouvernement lui permet d’effacer totalement la perspective des LGBT étrangEREs et précaires, tout en se gargarisant d’œuvrer pour elles-eux, alors même qu’il les expose toujours aux violences d’Etat.

Les atermoiements du PS sur les droits des LGBT lui permettent paradoxalement de faire durer un « débat » dans lequel il a le beau rôle. Ce faisant, il occulte les effets dévastateurs de ses politiques néo-libérales, sécuritaires et racistes au sein de ces mêmes communautés LGBT.

Revendiquer l’égalité des droits ne se limite pas à manifester sporadiquement pour l’ouverture du mariage et de la filiation aux couples LGBT : il s’agit de revendiquer l’égalité réelle et sans division.

Pour cela, rejoignez-nous le 27 janvier dans un bloc anti-homophobie, antisexiste et antiraciste.

NOUS N’OBTIENDRONS QUE CE QUE NOUS LEURS PRENDRONS !

Premiers signataires : Act Up-Paris, Alternative Libertaire Paris Nord-Est, CNT Santé-Social, Collectif 8 mars pour toutes, Étudions Gayment, Fédération Anarchiste, P !nkBloc (Cortège Queers&Freaks en tous genres), Strass (Syndicat du Travail Sexuel), les TumulTueuses

affiche27janvier

[Poitiers] Les vœux du maire parfait exemple de la politique sociale de la ville de Poitiers

Les vœux du maire parfait exemple de la politique sociale de la ville de Poitiers.

 
Rassemblement en soutien au Sans Logis lors des voeux 2013 du maire de Poitiers

rassdal

La presse s’en est fait l’écho : malgré la crise qui se manifestait ici par un rassemblement de soutien aux sans abris, « rien n’a changé pour les vœux du président de l’agglomération et maire de Poitiers […] la foule de gens en costume d’apparat, de sacerdoce ou de ville dans l’escalier, un maelström de voitures officielles ou non obstruant l’artère derrière la mairie, interdite à la circulation et des vœux intimes ou publics comme s’il en pleuvait : le décor est resté planté. » Nouvelle République 11-01-13. D’un côté l’opulence, de l’autre l’indigence. D’un côté le champagne et les petits fours, de l’autre des familles avec des enfants qui n’ont que 250€ par mois pour vivre… Alors comment s’étonner qu’à quelques dizaines de mètres de cet Hôtel de ville luxueux, certains font les poubelles pour pouvoir manger ? VOIR

Il paraît, selon les mots de notre maire, que la politique sociale de la ville de Poitiers est une référence en France. Mais enfin, qu’est-ce donc que cette politique sociale dont la ville de Poitiers aurait à s’enorgueillir ?

En fait de politique sociale, le maire a une attitude charitable – il s’agit d’aider ponctuellement au cas par cas certaines personnes qui le mériterait – attitude charitable qui cache une politique répressive et dissuasive qui a toujours caressé le préfet dans le sens du poil. Par exemple fin 2010, face au manque criant de places d’hébergement d’urgence et à la baisse drastique des subventions de l’État envers les CHRS (- 17%), laissant à la rue de nombreuses personnes sans papiers y compris des familles avec des enfants souvent très jeunes, le maire de Poitiers a réagi violemment envers… les marchands de sommeil et les passeurs VOIR. Article publié dans Centre presse le 8 décembre, « Alain Claeys déclare la guerre aux passeurs » . Le maire PS de Poitiers, en déplaçant le problème de la question de l’hébergement d’urgence à la question des passeurs et des marchands de sommeil, est venu en aide au préfet UMP Tomasini et à son secrétaire général le fameux Setbon… en les dédouanant de leur inertie et de leurs actions illégales. Surtout que, comme l’a dit aux associations Michel Berthier adjoint à la cohésion sociale lors de leur rencontre du 22 février 2011, « Setbon sait parfaitement quand il est dans l’illégalité, et il en joue. C’est un fonctionnaire plus que zélé, qui connaît sur le bout des doigts tous les dossiers des étrangers, qui sait réagir immédiatement à tout changement de situation. Le traitement très dur des étrangers dans la Vienne est très lié à la personnalité de Setbon. » (Compte-rendu du RESF86). Bien qu’elle soit sur la ligne rouge, la préfecture ne la franchissait pas et était toujours dans la légalité concernant les titres de séjours. Par contre, concernant l’hébergement, elle se trouvait dans l’illégalité. Pourquoi le maire de Poitiers n’a-t-il pas attaqué la préfecture là-dessus ? Et surtout pourquoi lui a-t-il permis de s’en tirer à peu de frais en invoquant ces passeurs et marchands de sommeil ? C’est étonnant. Et nous sommes en présence du même mystère concernant l’expulsion du campement de sans logis et mal logés le 2 avril 2012.

Deux articles de circonstance publiés dans la Nouvelle République accompagnent l’intervention du maire. Le premier 4 jours avant sa publication dans la presse mais 2 jours après son envoi au préfet : « Première vague de froid : coup de chaud sur le 115 NR 04/12/2010 » montre comment la Croix Rouge se démène pour aider les personnes qui souffrent du froid en ce début de décembre… Éludant le fait que, s’il y a 51 personnes au gymnase en ce début de décembre, cela veut dire que le reste de l’année la préfecture ne remplit pas ses obligations puisqu’il y a au moins 51 personnes qui ne sont pas hébergées… En effet, la loi impose à l’État de prendre en charge ces personnes : “Bénéficient, sur leur demande, de l’aide sociale pour être accueillies dans des centres d’hébergement et de réinsertion sociale publics ou privés les personnes et les familles qui connaissent de graves difficultés, notamment économiques, familiales, de logement, de santé ou d’insertion, en vue de les aider à accéder ou à recouvrer leur autonomie personnelle et sociale.Code de l’action sociale et des familles – Article L345-1

Le second, le même jour de la publication de l’intervention du maire dans la presse : « Il y a un nombre important de logements insalubres ”NR 08/12/2010 », montre comment la mairie se démène pour lutter contre les marchands de sommeil… Éludant le fait que, puisque la préfecture ne respecte pas ses obligations d’hébergement envers les sans papiers, s’il n’y a pas de marchands de sommeil pour les loger, ils sont carrément à la rue… En clair, lutter contre les marchands de sommeil a un effet répressif sur les familles concernées puisque, se retrouvant à la rue, elles sont contraintes de quitter Poitiers, et un effet dissuasif sur les familles qui pourraient venir à Poitiers car elles ne trouveront plus où se loger…

Le maire a confirmé lui-même cette analyse lors du petit déjeuner « rencontre des associations » dans les salons de l’Hôtel de Ville le 4 mars 2011. Nous lisons dans le compte rendu du RESF86 : « Interpellé par nous sur la question de l’hébergement de manière plus générale, le maire est satisfait de son bilan : Poitiers fait plutôt plus qu’ailleurs en moyenne. La mairie ne peut se substituer à l’État dans le contexte actuel tout est plus difficile. Les villes sont en concurrence face à l’accueil (ou au non-accueil) des migrants. On ne peut en faire plus car il y a un risque d’afflux de ces personnes « en errance » en provenance des villes moins accueillantes. » (Souligné par nous)

C’est donc la même politique « sociale » ségrégationniste et déportationniste qui est appliquée à Poitiers aux « marginaux » et aux sans papiers. Pour que les bons poitevins puisent vivre entre eux, il faut se débarrasser de ces gens-là. Et mettre en œuvre une politique répressive pour amener les importuns à quitter Poitiers et une politique dissuasive pour empêcher que les « marginaux » et les sans papiers d’ailleurs ne viennent à Poitiers. Car on sait depuis longtemps que « charité bien ordonnée commence par soi-même… »

La vidéo ici

DAL 86, 14 janvier 2013

[Grèce] La bataille des squats à Athènes

La bataille des squats à Athènes

Le 20 décembre dernier, la police évacuait le plus ancien squat d’Athènes (22 ans), la Villa Amalias. Depuis cette date, la bataille contre l’expulsion des squats s’est nettement réchauffée en Grèce alors que davantage de lieux occupés sont attaqués et des dizaines de personnes arrêtées.

Aujourd’hui samedi 12 janvier, plus de 10 000 manifestants ont défilé dans les rues d’Athènes comme première riposte à la vague répressive.

Il semble maintenant faire peu de doute que l’Etat grec a lancé une attaque importante et soutenue contre les squats et le mouvement anarchiste en général. Au cours des dernières semaines, en plus de Villa Amalias, deux autres squats situés dans le centre d’Athènes ont été attaqués par les forces de police. Ce n’est peut-être que le début d’une opération plus importante. Un rapport confidentiel divulgué suggère que la police grecque a l’intention d’attaquer 40 squats à travers le pays. Après les événements de ces derniers jours, il semble également ne faire aucun doute que si la police devrait mener à bien ce plan, elle devra se battre pour chaque bâtiment.

L’expulsion de l’un des plus anciens squats à Athènes, Villa Amalias, le 20 décembre a été la première coup porté. Peu de temps après a eu lieu un raid contre un autre local occupé dans l’ASOEE [Université de sciences économiques]. Juste après la tentative de réoccuper la Villa Amalias, le 9 janvier, la police a ciblé le squat Skaramanga. Un plan de la police qui a fuité dans les grands médias grecs suggère que la prochaine étape de cette attaque viserait jusqu’à 40 bâtiments occupés dans toute la Grèce. Le raid sur Skaramanga était probablement prévu pour une date ultérieure, mais il a été avancé en représailles à la réoccupation de la Villa Amalias. Plutôt que d’être des raids isolés, les événements de la semaine écoulée semblent faire partie d’une stratégie de répression dirigée directement contre le mouvement anarchiste en Grèce.

Tout au long des dernières années d’agitation sociale déclenchées par les séries continuelles de sévères mesures d’austérité, les idées et les actions de résistance ont pris de l’importance en Grèce. Au cours des derniers mois, il y a eu une augmentation marquée des tactiques répressives contre toute la partie de la société qui pourrait offrir une résistance. Les travailleurs en grève ont été attaqués, des journalistes couvrant la corruption ont été arrêtés, les rafles contre les migrants ont conduit à 60.000 arrestations, et de nouvelles armes telles que des canons à eau ont été déployées. Ces dernières attaques montrent que les squats vont être la prochaine cible de la répression étatique.

Face à cette attaque, les gens ne sont pas restés passifs et se sont lancés dans la défense des squats et de leurs communautés. Le jour le plus dramatique et le plus rude jusque-là a certainement été le 9 janvier. Tôt le matin, il y a eu une tentative audacieuse de réoccuper Villa Amalias. Des dizaines de personnes ont réussi à s’introduire à l’intérieur du bâtiment, malgré une présence de la police. Rapidement cependant d’importants renforts de police ont été envoyés et le bâtiment a été envahi de nouveau. Cela a conduit à l’arrestation de près de 100 personnes qui ont été emmenées au poste de police en criant le slogan traditionnel « la passion pour la liberté est plus forte que les prisons ». Dans un communiqué publié par les arrêtés, ils démontrent clairement leur détermination à ne pas baisser les bras face à la répression : « Nous avons réoccupé la surveillée Villa Amalias en sachant pertinemment que nous allions être attaqués et, sans doute, arrêtés. Nous le ferons à nouveau, autant de fois qu’il le faudra, pour celui-ci et pour tout autre espace social de la résistance de ceux d’en bas qui pourrait être attaqué. Nous le disons encore une fois, inlassablement : ni leurs armes, ni leurs calomnies ne peuvent nous effrayer. »

Dès que les informations sur l’occupation et l’attaque de la police se sont répandues, d’autres actions ont eu lieu dans la ville. Les bureaux du parti gouvernemental DIMAR [Gauche Démocratique] ont été brièvement occupés en solidarité jusqu’à ce que lui aussi soit investi par la police, conduisant à 40 autres arrestations. Les protestations se sont ensuite déplacées vers le centre d’Athènes avec les forces de police utilisant des gaz lacrymogènes pour évacuer les gens du bâtiment du ministère des Finances. Ce fut à ce moment-là que le squat Skarmanga a été attaqué avec huit autres personnes détenues. Tout au long de la journée, il y eu des manifestations, des rassemblements et des assemblées à en soutien actif avec les squats et les détenus. À la fin de la nuit, les forces de police avaient envahi le quartier d’Exarchia, qui est considéré comme une sorte d’espace autonome.

Le nombre total d’arrestations s’est élevé à environ 150, ce qui signifierait le nombre le plus important d’anarchistes arrêtés en une seule journée depuis 15 ans. Beaucoup d’entre eux font face à des poursuites accusations dont les 92 de Villa Amalias, qui, au moment d’écrire ces lignes, sont encore détenus à la préfecture de police.

Ainsi, il semble que nous soyons entrés dans une phase nouvelle et dangereuse en Grèce. L’Etat a choisi sa prochaine cible et les gens se demandent qui sera le prochain attaqué. Cependant, au lieu de la peur, les gens ont réagi avec courage et les liens de solidarité se sont renforcés. Les événements du 9 Janvier montrent que les gens ne sont pas s’incliner et qu’ils résistent à la répression ensemble [ainsi plus de 1000 personnes à une assemblée de solidarité dans la Polytechnique, plus de 1500 personnes rassemblées le 9 dans la soirée devant les locaux du quartier général de la Police d’Athènes]. Le raid originel sur Villa Amalias a eu lieu il y a trois semaines et pourtant la bataille continue. La communauté de la Villa n’a pas été écrasée. À la lumière de cette réalité, le plan à la police pour attaquer des dizaines d’autres squats semble soudain très ambitieux, car ils auront à se battre pour chacun d’entre eux. Selon les termes des détenus : « Contre l’ouragan de la répression, nous allons dresser la tempête de solidarité ! »

Source : Battle for the squats in Athens

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D’après les informations disponibles, les 40 personnes arrêtées pour l’occupation des locaux du parti gouvernemental Gauche Démocratique ont été libérées sans charges. Par contre, les 93 personnes détenues pour la réoccupation de la Villa Amalias et les 8 arrêtés dans le squat Skaramanga, soit un total de 101 personnes, sont maintenues en détention et visées par des poursuites judiciaires sans que les détails soient encore connus. On parle d’inculpations pour « désordres publics » et « visages masqués ».

On ne compte plus les actions de solidarité. A Athènes, dans diverses villes, régions et îles de Grèce (barricades enflammées, dégradations de locaux des partis politiques et d’établissements bancaires, grandes banderoles visibles accrochées, interventions « contre-informatives » dans des studios de radio-TV, mini-attentats…), mais aussi ailleurs, à San Francisco, Mexico, en Australie et même à Goa, en Inde. Une manifestation est appelée samedi à Athènes « en solidarité avec les squats Villa Amalias et Skaramanga, avec tous les squats et espaces occupés, avec les structures de contre-information auto-organisées ». D’autres manifestations sont convoquées dans plus d’une douzaine de villes de Grèce.

La manifestation, partie de l’Université, s’est dirigée vers le tribunal d’Evelpidon où les manifestants ont stationné un bon moment pour exiger la libération des détenus qui passaient devant les juges. Dans la soirée, un communiqué annonça que 42 des personnes arrêtées allaient être remises en liberté.

Les premières informations et photos montrent des milliers de manifestants. 10.000 personnes est le chiffre avancé par la plupart des commentaires (certains parlent de 12.000 et plus). De son côté, la police n’a compté que 3000 manifestants. C’est de toute évidence la plus importante manifestation de l’aire politico-sociale anarchiste/antiautoritaire à Athènes depuis des années.

Un premier compte-rendu :

12 janvier 2013 : un cri de liberté, de solidarité et d’espoir dans la lutte contre la répression et le totalitarisme

Les manifestations de masse organisées le samedi 12 Janvier dans 14 villes à travers le territoire de l’État grec étaient une première réponse à la récente vague de répression déclenchée par le régime contre les squatters, les centres sociaux auto-organisées, les radios libres et les activistes sociaux. Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté contre les appareils répressifs étatiques et paraétatiques, la fascisation de la société et l’imposition du totalitarisme.

Athènes : Une des manifestations les plus massives de l’histoire du mouvement anarchiste

A Athènes a eu lieu l’une des manifestations les plus massives et les mieux organisées de l’histoire du mouvement anarchiste et antiautoritaire. Pendant environ deux heures, plus de 10.000 personnes ont marché dans une bonne partie du centre-ville, en criant des slogans contre la répression, le rôle du gouvernement et de la police, et en faveur des détenus de la réoccupation du squat de Villa Amalias.

La manifestation d’aujourd’hui a été convoquée par divers collectifs anarchistes, antiautoritaires et libertaires, des squats et des centres sociaux autogérés, des assemblées de quartier et certains partis et groupes de la gauche extraparlementaire. La manifestation était appelée à 12h00 dans les Propylées de l’ancienne université d’Athènes. La manifestation s’est ébranlée deux heures plus tard. Cette fois-ci, elle ne s’est pas dirigée vers le Parlement et la place Syntagma, mais est allé devant le tribunal d’Athènes, de l’autre côté du centre-ville. Les plus de 10.000 manifestants sont passés par le squat Skaramanga, expulsé le 9 Janvier, et par la Faculté des sciences économiques et commerciales dans laquelle, le 28 décembre 2012, la police a fait une descente, arrêtant 17 immigrés, faisant irruption dans le local autogéré de l’université et y confisquant les équipements de la radio libre 98FM.

La manif est ensuite passée devant le tribunal d’Athènes, où elle s’est arrêtée pendant environ 30 minutes en criant des slogans en solidarité avec les 93 détenus qui, à ce moment-là, se trouvaient à l’intérieur du tribunal. Cet après-midi, pour la seconde fois en trois jours de détention, ils ont comparu devant un juge. Les forces répressives de la Démocratie ont interdit aux gens d’entrer dans le tribunal. Même les journalistes (à l’exception d’un petit nombre d’accrédités), même les familles des détenus n’ont pas pu pénétrer dans les locaux du tribunal lorsque les accusés se trouvaient face aux juges. Il s’agit là d’un « détail » de plus dans cette orgie répressive qui est resté complètement inaperçu par les médias de désinformation grecs et internationaux. Selon les informations qui nous parviennent par des médias de contre-information et des camarades, à 20 heures, 42 détenus ont été libérés dans des conditions restrictives.

Après être passé par le tribunal, la manif s’est dirigée vers le quartier d’Exarchia, où elle s’est dissoute. Comme mentionné plus haut, la manifestation a traversé plusieurs quartiers centraux qui sont densément peuplées ; ainsi, énormément de gens ont pu être les témoins oculaires de sa massivité et de sa combativité, et pourront comparer ce qu’ils ont vu et entendu avec les mensonges de la télévision et des autres médias de propagande massive sur le mouvement anarchiste, antifasciste et plus généralement sur le mouvement social qui résiste au totalitarisme moderne.

Quelques-uns des slogans criés : « La solidarité est l’arme des peuples, guerre à la guerre des patrons » ; « La passion pour la liberté est plus forte que toutes les prisons » ; « Si nous ne résistons pas dans tous les quartiers, nos villes vont devenir des prisons modernes » ; « Les flics ne sont pas les enfants des ouvriers, ce sont les chiens des patrons » ; « Flics, TV, néo-nazis, tous des déchets qui travaillent ensemble ».

Source : 12 de enero de 2013 : un grito de libertad, solidaridad y esperanza, en la lucha contra la represión y el totalitarismo

Autres photos de la manif : ici et

[Traductions : XYZ]

Vu sur le site de l’OCL, 12 janvier 2013