Le Monde Libertaire N° 1688 du 22 au 28 Novembre 2012‏

NdPN : Le Monde Libertaire N°1688 sort aujourd’hui en kiosques. Un exemplaire en sera déposé pour consultation au Biblio-café (rue de la Cathédrale, Poitiers), et une vente à prix libre assurée samedi de 11h à 12h devant le parvis de Notre-Dame. Comme d’hab, trois articles sont d’ores et déjà en consultation sur le site du ML (voir liens ci-dessous). Bonne lecture !

Le Monde Libertaire N° 1688 du 22 au 28 Novembre 2012

«Il a toujours été dans la nature d’un chef d’étendre son pouvoir sur ce qui ne lui résiste pas. » Thucydide

Sommaire du Monde Libertaire n° 1688 du 22 au 28 Novembre 2012

Actualité

Dans la rue ce 14 novembre, par Fabrice, page 3

Grève solidaire avec les Turcs, page 4

Les Espagnols, debout contre l’austérité, par R. Pino, page 5

La météo syndicale, par J.-P. Germain, page 6

Un beaufre décomplexé, par N. Potkine, page 7

La Chronique néphrétique, de Rodkol, page 8

Maudits salaires ! par P. Mignard, page 9

Arguments

Les ficelles de l’économie, par E. Vilain, page 11

Phalanstères du Gard, par Philippe, page 12

International

Échos de la Conférence libertaire de Porto, par Jean-Louis, page 14

Judith Butler et Israël, par P. Sommermeyer, page 15

Expressions

Un négationniste bien d’chez nous par J. Segal, page 17

Ermo, sa BD de la guerre d’Espagne par Juanito, page 20

Une caméra dans le couloir de la mort, par H. Hurst, page 21

Mouvement

Mouvement et Radio sans dieu ni maître, page 22

Pour faire son tour de chien, page 23

Dessinateurs

Aurelio, Krokagas, La Salamandre, Bruno Loth, Nemo, Slo, Valère.

Editorial du Monde Libertaire n° 1688 du 22 au 28 Novembre 2012

Il y a des enterrements qui courent vite. Celui d’Ahmed al-Jaabari, leader militaire du sinistre Hamas palestinien, s’est fait au pas de charge. On voudrait vous y voir, avec des drones au cul… al-Jaabari, donc, a été assassiné. Par des voyous au coin d’un bois ? Non. Enfin, oui, mais pas au coin d’un bois. Il a été proprement détruit, avec son véhicule, lui et quiconque avait eu la maladresse de l’accompagner, par un drone militaire israélien. Quant au voyou, il était bien au chaud un peu plus loin, puisque les drones sont des avions sans pilote embarqué, mais pas sans personne aux manettes. Bien au chaud dans son uniforme. Bien au chaud sous son supérieur et le supérieur de son supérieur. Assassiné, donc, al-Jaabari l’a été de la manière la plus officielle par l’armée de l’État d’Israël. Un meurtre d’État, prémédité et accompli froidement, puis officiellement revendiqué et défendu, par le gouvernement démocratiquement élu. Israël est une démocratie. Un petit bout d’Occident en forme de porte-avions au milieu de l’Orient. Un point focal du prétendu « choc des civilisations ». Un État qui pratique le terrorisme au nom de la lutte contre le terrorisme. À l’heure où nous mettons sous presse, au prétexte de cet homicide par lui perpétré, Israël a déjà bombardé des centaines de maisons, tuant et mutilant encore, et concentre des forces pour une attaque terrestre. La haine de l’autre et le racisme poussent sur le fumier de la guerre. D’autres enterrements traînent la patte. À Paris, et en général en France, peu de monde pour dénoncer les politiques d’austérité. En Europe, même en Grèce, flop aussi. Sauf en Espagne. Les travailleurs et les chômeurs ibériques sont, au plan de la lutte de classe, bien plus compétitifs que leurs frères du continent. C’est sans doute pour ça que les agences de notation, les banques et les dirigeants de l’Union européenne ne les aiment pas. Les Espagnols, écrasés par l’offensive concertée du capital, ont massivement répondu à l’appel pour la journée d’action du 14 novembre. Mais les journées d’action, même suivies et combatives, ne suffisent pas à faire reculer le pouvoir : il faut la grève, les blocages, l’action directe. Pour imposer durablement une autre répartition des richesses qui toutes naissent du travail : des organisations pérennes et libres du mouvement ouvrier. Et, pour mettre fin à cette lutte incessante pour gérer l’inégalité, une belle et bonne révolution sociale.  

[Poitiers] Les flics mettent la pression sur un rassemblement pour la liberté de création et d’expression

NdPN : nous le relations ce matin, un rassemblement a eu lieu hier soir pour soutenir la liberté de création et d’expression, face aux menaces d’intégristes cathos et de fachos contre une pièce de Castellucci qu’ils jugent « blasphématoire ». Une personne a eu son mégaphone confisqué par les flics, qui ont aussi demandé à une autre de ne pas filmer et à une autre de ranger son drapeau…

Ce soir un nouveau rassemblement a eu lieu pour la deuxième représentation. Les flics sont allés plus loin…

Voici un témoignage, diffusé sur la liste mail du comité poitevin contre la répression des mouvements sociaux (et ralayé ici après accord de l’intéressé).

***

Ce soir mercredi 21/11, il y avait un rassemblement prévu à Poitiers, appelé par des syndicats, associations et partis, peu avant 18H pour la liberté de création et d’expression (face au rassemblement potentiel d’intégristes et de fafs).

Nous étions tout d’abord 5 devant le TAP, au niveau du croisement de la rue de la Marne et de la rue Edouard Grimaud. Deux personnes (militant au PCF) étaient assises côté TAP, trois (dont moi) de l’autre côté de la rue de la Marne. En face, plein de flics qui étaient là pour filtrer les entrées du TAP.

Les flics ont soudain traversé la rue, pour nous contrôler tous les trois (on était une fille, et deux mecs).

Un jeune policier s’est occupé de moi, avec le major L. à ses côtés (et le DDSP Papineau qui est stationné aussi quelques instants pour dire bonjour).

Ils ont commencé par m’ordonner de mettre mes mains contre le mur. J’ai demandé le motif et ils m’ont dit qu’ils avaient « toute latitude pour contrôler n’importe qui », « avec l’article « 78-2 », que je n’avais « qu’à vérifier », et que de toute façon c’était « les instructions ».

Je leur ai dit qu’ils me connaissaient, ainsi que mon adresse puisqu’ils m’avaient déjà contrôlé et qu’ils savaient où j’habitais. Le major L. a dit « moi je vous connais oui, mais mon collègue il vous connaît pas, il vient de Paris ». Bref ils me connaissaient mais m’ont contrôlé quand même (c’est pas la première fois). J’ai subi une palpation prélable de la part du jeune flic, insistante et fort désagréable. Ils m’ont fait vider mes poches, ils ont reniflé le contenu de ma bouteille d’eau et de mon paquet de tabac, et ils ont gardé mes papiers 5 minutes avant de me les rendre et de me laisser tranquille.

La copine a ensuite dû vider son sac, elle avait pas ses papelards mais ils l’ont pas embarquée pour contrôle d’identité au poste. J’ai dit que je pouvais témoigner de son identité, et là ils ont dit qu’ils la « connaissaient » elle aussi, et l’ont laissée tranquille.

Le copain a ensuite été palpé, et contrôlé, bien qu’ils le « connaissent » aussi. Selon les flics il avait un « couteau » sur lui (sans doute le truc qui lui sert à bouffer au quotidien vu qu’il est de la rue !), la copine et moi on a assuré qu’on le connaissait et qu’il faisait rien de mal, mais ils ont dit qu’il était saoûl, ils l’ont alors menotté et l’ont embarqué en bagnole. Plus tard peu à peu d’autres gens sont arrivés au compte goutte : jamais contrôlés. Pas plus que les deux personnes qui étaient là au départ, de l’autre côté de la rue (qui militent au PCF) et qui étaient pourtant toutes proches des flics.

On a fini à un peu plus d’une vingtaine environ (de ce côté-là du TAP en tout cas, apparemment y’avait quelques personnes aussi de l’autre côté). La nouvelle a circulé, l’élue municipale du NPA qui est venue sur place a été informée, et semble-t-il une journaliste a eu la nouvelle (dixit un copain du NPA).

Pour résumer : une arrestation, suite à un contrôle d’identité ciblé : deux personnes que les flics contrôlent très souvent dans la rue, plus moi (estampillé anar). Alors que les flics ont eux-mêmes affirmé nous connaître.

Sans donner de motif.

Sans contrôler aucune autre personne présente (ni les deux copines du pcf ni les gens arrivant ensuite).

Et surtout, avec un copain venu tranquillement soutenir la liberté d’expression, et finissant au poste !

C’est beau la protection de la liberté de création et d’expression par les flics.

[Notre-Dame-des-Landes] Infos du 21 novembre

Sur le Flash info du jour, on apprend que vers 8h30 un convoi de CRS a été vu au dessus de la 4 voies  Nantes-Rennes en direction de la Paquelais.

La Vache rit retrouve son usage agricole et le matos sur place est transféré dans les lieux de vie. Les constructions continuent sur la ZAD (images ici), et aujourd’hui un chantier et atelier de grimpe en forêt de Rohanne. Ce soir 18H, une discussion sur l’organisation de la suite (« constructions, électricité, accessibilité »…) aura lieu au nouveau lieu occupé, et une autre discussion commencera à 20H au campement au nord de la Rolandière, sur l’usage de cet espace.

Sur Actu-environnement, un bon article évoquant les irrégularités juridiques du projet d’aéroport et les recours. On pourra aussi écouter la fin de l’émission la jungle des luttes concerne Notre-Dame-des-Landes (vers 67′), ou lire Fabrice sur Sur Planète sans visa, qui nous donne les raisons pour lesquelles il soutient la lutte.

Réunions et actions continuent un peu partout ailleurs en soutien à la ZAD. Sur Indymedia Nantes, retour sur l’occupation du chantier Vinci a Rennes le Mercredi 14 novembre, avec un communiqué des occupants du chantier Vinci Saint Hélier à Rennes.

Pavillon Noir

Quelques conseils pratiques suite à l’arrestation de copains…

Quelques conseils pratiques suite à l’arrestation de copains…

Etant donné les circonstances dans lesquelles deux copains ont été interpellés vendredi dans la nuit avant de passer deux jours et demi en détention, ce n’est pas inutile de rappeler deux ou trois bons procédés pour survivre lorsqu’on participe à une action politique :

- Ne jamais se rencarder par téléphone ou par mail pour une action.

- Ne jamais amener son téléphone portable sur une action (les keufs peuvent le géolocaliser a posteriori).

- Privilégiez les actions en début de semaine (les GAV le weekend sont plus longues et plus galère : absence des avocats, horaires et disponibilités du Parquet, etc).

- Vider ses poches/sacs de tout contenu politique avant d’aller sur une action et ne rien amener qui soit inutile à l’action (sauf papiers d’identité et argent)

- Prévoir veste et pull sans cordons pour pouvoir les garder en cellule (il y fait souvent froid).

- Prévoir des chaussures sans lacets pour pouvoir les garder en cellule.

- Prévoir un numéro d’avocatE fiable (on peut avoir des surprises avec les commisEs d’office.)

- Faire vite et ne pas traîner sur le lieu de son action une fois accomplie.

- Lâcher/écarter discrètement tout ce qu’on a dans les mains lorsqu’on est pris en flag.

- Veiller à aménager un endroit « safe » à l’écart de son appart/lieu de vie pour entreposer son matériel d’action.

- Ne rien laisser traîner chez soi qui puisse permettre d’établir son parcours politique.

- Ne conserver aucune image ni aucun texte concernant ses actions.

- Ne pas localiser le lieu de son action par une recherche internet (les keufs peuvent tracer nos connections a posteriori).

- Protéger ses données informatiques (cryptage, les codes ne suffisent pas).

- S’assurer que les données supprimées le sont définitivement (logiciel Eraser, CCleaner…).

- Ne jamais rien avouer si on n’est pas seul impliqué (un aveu en entraîne toujours d’autres)

- S’assurer qu’au moins une personne de confiance peut « nettoyer » son appart/lieu de vie si on est en GAV.

- Ne jamais accepter de discuter avec les flics en marge des auditions (tout ce qu’on peut dire pourra être retenu contre nous).

- Un keuf, même cool et sympa, est avant tout un keuf.

- Emmener un livre à couverture souple sur son action : les keufs ne peuvent pas interdire de le prendre en cellule pour s’occuper (à eux de contrôler qu’il ne cache rien de prohibé).

- Toujours essayer de savoir l’heure qu’il est lorsqu’on est en GAV : ne jamais perdre la notion du temps (utile pour contester par la suite d’éventuel vice de procédure).

… et utiliser TOR ou un tunnel VPN quand on publie ce type de conseils sur internet.

Si on appliquait tout ça systématiquement, les keufs auraient beaucoup plus de mal à nous cerner !

Solidarités anarchistes.

Vu sur Indymedia Paris, 20 novembre 2012

NdPN : à cette liste trouvée sur indymedia et que nous avons trouvé utile de relayer ici, on pourrait ajouter deux choses fondamentales : premièrement, à part donner son état-civil, on a toujours le droit de garder le silence. Que l’on soit ou non « impliqué » dans les faits reprochés, il vaut toujours mieux, le plus tôt possible, répondre systématiquement aux questions par « je n’ai rien à déclarer« . Tout ce qui peut être dit en gardav peut en effet être retenu à charge, contre nous ou d’autres, alors qu’aucun tribunal ne peut nous reprocher d’avoir exercé notre droit au silence. Sans compter qu’on sort souvent plus vite lorsqu’on ne dit rien. Deuxièmement, il est fortement conseillé par les avocats de refuser la comparution immédiate, qui presque toujours entraîne des peines supérieures… à celles qui pourraient être rendues après un vrai procès (si celui-ci a finalement lieu), pour lequel on a pris le temps d’organiser sa défense !

Gaz de schiste : flagrante entourloupe !

Flagrante entourloupe

Le dossier du gaz de schiste est-il clos, comme tente de le faire croire le gouvernement ? Loin de là ! Près de cent soixante permis d’exploration quadrillent toujours le territoire, et au nord d’Alès, les travaux commencent.

La distance qui sépare les déclarations politiciennes de la réalité peut être assez étendue. Avec le gaz de schiste, elle semble devenue infiniment extensible. Ainsi, le 14 septembre, le Président annonce que le gouvernement tourne le dos à ces explosives recherches d’hydrocarbures et demande à la ministre de l’Écologie de prononcer « le rejet des sept demandes de permis qui ont légitimement suscité l’inquiétude des populations. » Pour ceux n’ont pas suivi l’affaire, c’est limpide : il n’y avait que sept demandes de permis, il n’y en a plus. Cécile Duflot trouve le discours « émouvant » et José Bové se réjouit : dispersion générale. Sauf que des permis de recherche, la France en est couverte ! Sur le site du ministère de l’Écologie, on en dénombre encore quatre-vingt-dix-sept en cours d’instruction. Sans oublier les soixante permis attribués par le gouvernement précédent qui débouchent déjà sur la construction de plates-formes de forage dans le bassin parisien. En résumé : si Hollande avait annoncé « le rejet de sept permis », ça aurait déjà été démagogique. Mais annoncer le rejet des sept permis, c’est un flagrant délit d’entourloupe, puisqu’il a essayé de nous faire oublier les quelque cent soixante autres !

Les Cévenols, eux, ne risquent pas d’oublier leur existence car, quelques jours après cette conférence, les maires de treize communes du Gard et de l’Ardèche sont convoqués par les préfectures de Nîmes et de Privas. Motif : informer les élus que des camions vibreurs s’apprêtent à sillonner la région pour sonder le sous-sol, en prévision de forages liés au permis du « bassin d’Alès », attribué en mars 2010. « Tout le gratin nous attendait », raconte Édouard Chaulet, maire de Barjac, « le préfet, la suppléante du député PS, la DREAL [1] et les représentants de la société MouvOil, titulaire du permis. Comme nous avions refusé de rencontrer la société, ils ont utilisé le préfet comme entremetteur. Ça fait partie de leur stratégie du consentement : utiliser l’autorité pour nous faire plier. Le préfet nous a fait la leçon, expliquant que si les hommes des cavernes avaient fait comme nous, s’ils avaient refusé de sortir de leurs grottes, rien n’aurait jamais bougé. Je lui ai répondu que le rétrograde, c’est lui, parce qu’il croit que le développement des forces productives peut continuer à l’infini ! » Et le préfet d’insister : il ne s’agit pas de forages mais seulement de recherche scientifique pour connaître le sous-sol. « C’est leur stratégie », commente le maire de Barjac, « fractionner une idée pour la faire accepter : les camions vibreurs, puis les forages, en fait c’est le même processus. On nous accuse de refuser le progrès et l’emploi. Mais dites-moi quelle offense à l’environnement n’a pas été faite au nom du progrès et de l’emploi ? » À Nîmes comme à Privas, où plus de cinq cents personnes escortaient les élus convoqués, les maires ont prévenu les préfets que le passage des camions vibreurs susciterait « de graves troubles à l’ordre public ».

Le permis du bassin d’Alès, détenu par la société suisse MouvOil, couvre deux cent quinze km2 à la frontière du Gard et de l’Ardèche. Comme toutes les entreprises détentrices ou candidates à l’obtention de permis de recherche d’hydrocarbures en France, MouvOil assure chercher du pétrole conventionnel et jure qu’elle n’utilisera pas la fracturation hydraulique, interdite par la loi de juillet 2011. Cette technique consiste à créer des fissures artificielles en grande profondeur (deux mille quatre cents à quatre mille mètres sous terre) pour y récupérer pétrole ou gaz de roche-mère, en injectant plusieurs dizaines de milliers de mètres cubes d’eau sous pression. Mais comme le confiait à Mediapart Joël Jolivet, hydrogéologue et maire de Tharaux, « compte tenu de la nature de la roche du bassin d’Alès […], on peut y trouver des gisements non conventionnels d’hydrocarbures », d’autant plus que la société compte réaliser un échantillonnage de roche-mère et un forage à deux mille quatre cents mètres. « Peu importe ce que dit MouvOil », résume Christian Buisson, maire de Vagnas, « ce qui les intéresse avant tout, c’est de s’installer. Après, tout est possible. »

En effet, la loi interdisant la fracturation hydraulique est fragile. Parce que la technique n’est pas définie, ce qui permet aux pétroliers d’envisager des méthodes d’extraction proches. Mais aussi parce que cette loi charge une commission d’encadrer « des expérimentations réalisées à des seules fins de recherche scientifique ». Un cadre juridique si équivoque que des députés socialistes, alors dans l’opposition, avaient préparé un projet de loi moins spécieux destiné à interdire pour de bon l’exploration et l’exploitation des hydrocarbures de roche-mère… Or parmi eux figuraient Jean-Marc Ayrault et Arnaud Montebourg qui, aujourd’hui ministres, ne cachent pas leur intérêt pour la manne pétrolière ! Ces contradictions, Michel Mariton, militant associatif ardéchois, espérait les porter à la conférence environnementale où il était officiellement convié. « Mais les déclarations de Hollande sur le rejet des sept permis et la fermeture de Fessenheim avaient un but précis : elles ont servi à exclure ces deux sujets, que le gouvernement promettait d’examiner depuis des mois. Le gaz de schiste et le nucléaire ont été rayés du programme de la conférence ! »

Seulement, à force de semer la confusion, les dirigeants finissent par s’emmêler les pinceaux. En réponse à une missive des opposants gardois au président de la République, le 20 septembre, un courrier officiel du cabinet présidentiel leur apprend que leur permis est… supprimé : le président a demandé le « rejet des sept demandes de permis déposées auprès de l’État », leur écrit-on, « y compris celle (sic) de la plaine d’Alès et du bassin d’Alès » ! « Une phrase malheureuse », s’excuse un conseiller de Hollande répondant au Midi Libre : le rédacteur de la lettre a fait une bourde ! « Ils sont complètement paumés dans leur propre cirque », commente Michel Mariton, excédé. « Ce n’est pas un cadre juridique normal, c’est une espèce de jungle bizarre. On ne cherche plus à comprendre. Ici, les gens vont les foutre dehors, c’est tout ! »

En attendant mieux, la compagnie MouvOil s’est mise hors de portée de la vindicte cévenole en envoyant un hélicoptère faire ses premiers relevés de terrain. Mais il faudra bien un jour qu’elle remette les pieds sur terre…

Les habitants de l’Ardèche et du Gard peuvent signaler toute circulation de véhicules suspects et annonces en mairie au Comité de Veille du Collectif 07 (06 23 66 15 51). Les personnes souhaitant être prévenues en cas d’alerte sont invitées à faire passer leur n° de téléphone portable par courriel à contact@stopaugazdeschiste07.org.

[1] Les Directions régionales de l’environnement, de l’aménagement et du logement sont les services déconcentrés du ministère de l’Écologie.

CQFD, 21 novembre 2012