[Campement Sanitas à Tours] Manif et suite

Ce matin, la police du changement est venue expulser sur ordre de la Mairie de Tours, qui la veille organisait des parrainages Républicains sous la pression du Réseau Éducation Sans Frontière, le campement de la place Meffre au Sanitas.

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Départ de manif après l’expulsion du campement du Sanitas

Une fois de plus, plutôt que de trouver une solution politique pérenne, les forces du désordre sont envoyées pour pourrir et continuer la persécution des migrants et des migrantes.

Cette intervention policière, la situation plus que précaire, les menaces des huissiers les jours précédents n’ont eu d’autres conséquences que de motiver des individus et des familles à se mettre en lutte.

Partant du local de Chrétiens Migrants à 14h30, une parade armée de joie et de banderoles a déambulé dans le Sanitas, avant de faire une première pause dans la cour intérieure de la mairie de Tours.

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Occupation devant la mairie de Tours

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Mairie de Tours responsable de l’expulsion

Seule réponse de celle-ci : la présence massive de policiers nationaux, municipaux, et des vigiles, comme d’habitude.

La parade a donc repris son élan, s’élançant au cœur du spectacle, dans l’œil du cyclone : la permanence du député socialiste, Jean-Patrick Gille.

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Occupation du siège du PS

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Jean-Patrick Gille dans sa permanence, confronté à la réalité

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Alors que JPG est interpelé par les personnes expulsées ne propose aucune alternative, la présence d’un journaliste de france 3 en pleine séance shopping, le force à prendre en apparté un/une militantE

Dans un mouvement identificatoire massif, happé subitement par la spirale de la misère sociale, et surtout, après deux heures d’occupation, le député a souhaité découvrir le fonctionnement du 115 (hébergement d’urgence), en nous invitant à quitter son local pour… aller au CASOUS (gestionnaire du 115).

Et rien ne serait fait sans que nous quittions tous et toutes ce lieu dans lequel nous faisions taches.

Concernant la politique du logement et de l’immigration, le seul changement notoire pour notre jospiniste local de la première heure, c’est son brushing.

En effet, l’incurie du 115, aux ordres et saturé par les demandes d’hébergement, laisse tous les soirs sur le carreau des dizaines de personnes, qui pour certaines d’entre elles, se retrouvaient sur le campement du Sanitas.

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C’est avec l’arrivé du directeur de la cohésion sociale qu’une maigre solution est trouvée pour les familles à la rue, ce n’est que partie remise

Refusant ce chantage tout à fait foireux, nous avons nous-mêmes appelé notre bien aimé préfet-médecin-pharmacien-directeur-départemental de la cohésion sociale : monsieur Viard.

À moins que ce soit un petit coup de fil de Jean-Patrick à Marisol (Touraine, ministre des affaires sociales et de la santé) puis de Marisol au préfet d’Indre-et-Loire, qui aie décidé monsieur Viard à venir, grand seigneur, à notre rencontre.

Fin de cet épisode burlesque : 15 places obtenues pour 25 personnes, la possibilité de réinvestir le lieu expulsé le matin même (place Meffre), et la promesse de l’ouverture (à partir du 6 juillet) d’un internat pouvant accueillir 30 personnes au moins, jusqu’au 13 juillet.

Que devons-nous penser de cette discussion surréaliste avec les plus hauts représentants de l’État et de la représentation Nationale ?

Seule la lutte, permet d’obtenir ce qu’on veut.

« Nos défaites ne prouvent rien, sinon que nous sommes trop peu à lutter contre l’infamie. »

COMMANDO ROSE-MARIE M., pour la destruction de toutes les frontières

Reçu à l’Agent Da, 6 juillet 2012 / Photos MediaTours

Jura Libertaire, 6 juillet 2012

(Industrie de la dépossession) Financement de Center Parcs

Au tout début de ce blog, dans tout ce que nous dénoncions sur le projet Center Parcs de Roybon dans l’Isère, nous citions entre autre l’aspect concernant l’utilisation outrancière de l’argent public pour ce projet privé.

Pour tous les Center Parcs existant, et c’est une méthode fièrement revendiquée de l’entreprise, l’Europe, l’État, les conseils généraux et régionaux, les communautés de commune, les villes et villages payent et de très fortes sommes. Et c’est d’ailleurs le critère essentiel de l’entreprise pour choisir ces lieux d’implantation. Après de savantes mises en concurrence, ce sont les territoires qui offrent le plus de subventions qui sont choisis.

À l’époque tous les partisans de ces projets n’avaient de cesse de nous reprocher notre « ringardise », et de vanter ces PPP (partenariat privé public), qui selon eux étaient nécessaires, modernes et seuls capables de « créer de l’emploi ».

Il semble que dans la Vienne, ces derniers commencent à se poser des questions. L’absence de Pierre et Vacances dans le financement de la structure dont elle sera le seul bénéficiaire crée des interrogations.

Nous dénoncions aussi l’incertitude de l’avenir des territoires aliénés et détruits, le tourisme étant une bulle spéculative très récente, une de plus, et les bulles précédentes de l’économie capitaliste s’étant régulièrement effondrées les unes après les autres.

Nous posions alors la question:

« Si au bout de 2 ou 3 ans la structure ne tient pas ses promesses et doit s’arrêter, qui nous rendra la forêt détruite pour rien, qui nous débarrassera des ruines, qui nous soignera des rêves brisés et des espoirs une fois de plus déçus ?

Réfléchissons avant de nous faire dévorer par ce monstre qui après nous avoir fait subir 3 à 4 ans de monstrueux chantier pour s’installer, ponctionné les finances locales, et modifié inexorablement les équilibres passés, aura les mains libres et s’assoira sur des promesses qui n’engagent que ceux qui y croient, ou s’auto-détruira et nous laissera un champs de ruine en lieu et place d’une forêt qui, elle, a toujours tenu ses promesses. »

Depuis plusieurs années la société Pierre et Vacances accumule les pertes et s’effondre en bourse.

Alors on continue à s’enfoncer dans la destruction aveugle de nos vies et territoires en essayant toujours en encore d’alimenter le monstre agonisant ou on arrête enfin cette spirale infernale ?

Lire la suite de l’article sur un blog d’opposants à Pierre et Vacances Center Parcs

Logement d’urgence : premier accroc pour la ministre Duflot

Logement d’urgence : premier accroc pour la ministre Duflot

La toute nouvelle ministre du Logement a annoncé la fermeture des places d’hébergement hivernal… tout en militant contre une politique « au thermomètre ». Un premier renoncement, pour    les associations du secteur.

C’est son premier accroc de ministre. Jeudi 28 juin, Cécile Duflot, ministre en charge du Logement, annonçait la fermeture, sous trois jours, des 2 650 places d’hébergement hivernales qu’elle avait maintenues ouvertes au-delà de la trêve, sur les 16 500 places ouvertes en période hivernale selon le ministère (19 000 places selon les associations). La ministre s’en remet aux services intégrés d’accueil et d’orientation (Siao) pour proposer « systématiquement une solution de relogement adaptée aux personnes et aux familles […] : logement accompagné, accueil dans une structure pérenne d’hébergement ou à l’hôtel ».

Pour la Fédération nationale d’accueil et de réinsertion sociale (Fnars), c’est un premier coup de canif aux engagements de l’ex-secrétaire générale d’Europe Écologie-Les Verts, qui promettait le 22 mai d’en finir avec la gestion de l’hébergement hivernal « au thermomètre ».

Elle annonçait sur Canal+ une prolongation du dispositif hivernal pour l’hébergement d’urgence :

La Fnars milite, au sein d’un collectif de 33 associations de terrain, contre « l’hypocrisie » d’une gestion saisonnière de la crise du logement. « Les SDF meurent plus l’été que l’hiver, en particulier à cause des chutes thermiques », rappelle ainsi la Fondation Abbé-Pierre, cité par l’AFP.

Arbitrage de Bercy

Cécile Duflot réaffirme pourtant sa volonté de « rompre avec le système saisonnier ». Trois centres d’hébergement de la région parisienne, « où les besoins sont les plus pressants », restent ouverts après le 1er juillet, et le ministère réaffirme que des solutions seront proposées à tous les sans-logis.

Mais ces déclarations n’ont pas suffi à rassurer les associations. « L’absence de crédits complémentaires » rend plus qu’incertaine la probabilité que tous les sans-logis soient orientés vers une solution acceptable, selon la Fnars, qui prévoit que les personnes hébergées jusqu’alors se retrouvent à l’hôtel ou dans la rue.

Les associations critiquent surtout la « brutalité » de la décision de Mme Duflot. « Des annonces subites, pour la Croix-Rouge française, alors qu’une rencontre était prévue le 5 juillet avec le collectif des associations unies ».

De quoi nourrir quelques inquiétudes sur la gestion de la « crise majeure » de l’accès à l’hébergement, pour l’association Droit au logement (DAL), car cette décision émane selon elle d’un arbitrage du ministère du Budget, qui aurait refusé à Cécile Duflot la rallonge qu’elle demandait. « Tout n’est pas joué, estime Jean-Baptiste Eyraud, porte-parole du DAL, contacté par téléphone, mais on voit s’éloigner l’objectif du droit à l’hébergement. C’est malheureux que [Cécile Duflot] ait cédé sur cette histoire pour des raisons budgétaires. C’est avec l’argent des riches qu’il faut faire des économies, pas sur le dos des sans-logis. »

« Pousser le bouchon »

Le mécontentement remonte aussi des centres qui ont dû subitement fermer leurs portes. À Neuilly-sur-Marne, une vingtaine d’occupants du foyer d’urgence de Ville-Évrard craignaient d’être mis à la rue. Ils sont finalement hébergés dans un autre centre maintenu ouvert, à Pantin, dans des conditions qu’ils jugent « insatisfaisantes », sans avoir de certitude de pouvoir y rester. « Il faut voir les conditions de vie indécentes dans ce centre d’hébergement, prévient aussi Jean-Baptiste Eyraud. Ils vivent avec parfois moins de 2 m2 par personne. »

Ils se sont donc mobilisés collectivement pour tenter d’obtenir des droits et « pousser le bouchon », raconte Guillaume Farny, un des porte-parole du groupe : « Il faut reconnaître que les personnes du CEFR [qui gèrent certains centres d’hébergement d’urgence] font ce qu’ils peuvent. Ils sont coincés : ils ont développé certaines pratiques inacceptables, mais ils ont réalisé la prouesse de nous trouver des places. Mais ce n’est pas à ces gestionnaires d’inventer des solutions. Il faut dessolutions politiques courageuses. »

En la matière, tout n’est pas dépendant des moyens financiers, assure Jean-Baptiste Eyraud. « Il faut appliquer la loi et réquisitionner les logements vides », demande-t-il. En France, selon les chiffres de l’Insee cités par le DAL, 2,4 millions de logements sont vides.

CGT Logement, 5 juillet 2012

Une ligne souterraine à haute tension va traverser Tours

Pour renforcer l’alimentation du nord de l’agglomération, une ligne électrique souterraine à haute tension de 90.000 volts et de 9 km, va être insérée dans le sous-sol de la ville, en 2013 et 2014.

Comment faire passer une ligne à haute tension – enterrée à 1,50 m de profondeur – en pleine ville ? C’est la question à laquelle doit répondre RTE, la filiale d’EDF qui gère le réseau de transport d’électricité français, afin de renforcer la desserte du nord de l’agglomération de Tours. Un secteur où le développement de l’habitat accroît la consommation domestique d’électricité, ce qui impose ces travaux.

L’enjeu de cette opération : effacer la frontière naturelle que constituent la Loire et le Cher. Des fleuves dont la présence a, au fil des ans, favorisé le développement de deux grandes zones d’alimentation électrique distinctes pour le nord et le sud de l’agglo : à partir de Chanceaux-sur-Choisille d’un côté (couplé avec la zone du Mans) et de Larçay de l’autre (couplé avec Bourges, Vierzon, Orléans et Poitiers).

Impact sur la voirie et la circulation

Le réseau est structuré de telle manière qu’il apparaît plus aisé de le renforcer par le sud, option retenue par RTE qui prévoit d’investir 9 millions d’euros dans ce chantier. En l’occurrence, la nouvelle ligne de 90.000 volts partira du poste des Épines Fortes, à Saint-Pierre-des-Corps, pour rejoindre celui du quai de Portillon, à Saint-Cyr-sur-Loire.
Entre le point de départ et celui d’arrivée, quel sera le tracé ? Trois « fuseaux » ont été étudiés : nord, centre et sud. Le 28 juin dernier, lors d’une réunion de concertation organisée à la préfecture sous l’égide de la direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dréal), c’est le fuseau sud – le plus long, avec 9 km de ligne – qui a été adopté. La Ville de Tours aurait préféré une autre option, en passant par le quai Malraux, mais l’État s’y opposait car il aurait fallu « percer » la digue qui épouse le tracé de l’autoroute et donc de l’ancien canal qui séparait Tours de Saint-Pierre. En l’occurrence, le plan de prévention des risques d’inondation prime sur les autres considérations.
La ligne à haute tension empruntera donc la rue du Docteur-Zamenhof, unique point de passage de cette fameuse digue. D’autre part, pour éviter la place de la Liberté et la ligne de tramway, le tracé retenu passe sous l’avenue de Grammont, ce qui l’oblige à s’insérer dans une série de « petites » rues (Miquel, Henri-Martin, Saint-Lazare, Sanitas, Maurice-Bedel, Jules-Guesde). Le franchissement de la Loire est prévu sur le pont Napoléon, en encorbellement – c’est-à-dire sur l’un des côtés de l’ouvrage d’art.

Le chantier s’annonce complexe car il rencontrera les multiples réseaux qui zigzaguent dans le sous-sol de la ville. Et les trois câbles de huit centimètres de diamètre chacun qui constituent la ligne à haute tension ne sont guère flexibles. Les riverains des rues concernées doivent, par ailleurs, s’attendre à d’importants travaux de voirie, puisque les tranchées feront soixante centimètres de large. Enfin, l’impact sur la circulation et les transports en commun ne sera pas négligeable.
« Nous aurions préféré un autre tracé mais nous n’avons pas vraiment le choix, commente Nicolas Gautreau, l’adjoint au maire en charge de la voirie. Pour autant, nous comprenons les contraintes de l’État, de RTE et d’EDF avec qui nous avons encore besoin de discuter pour caler les choses. Nous sommes vigilants. Nous avons aussi le souci de bien communiquer auprès des habitants. Une réunion publique sera consacrée à ce sujet à l’hôtel de ville, aux alentours de la mi-juillet. »

à suivre

Le calendrier de l’opération prévoit un début du chantier en octobre 2013, pour une mise en service un an plus tard. Le phasage prévoit de procéder par tronçons de 250 mètres, ce qui représente à chaque fois de 20 à 50 jours de travail, en fonction de la nature des sols et de la présence d’autres réseaux. Le chantier sera précédé d’études techniques (de juillet 2012 à juillet 2013) et de l’instruction administrative du dossier (de janvier à septembre 2013).

Christophe Gendry, La Nouvelle République, 5 juillet 2012

[Anti-THT] THT et retour d’expérience

Texte distribué lors du week-end du Chefresne :

« Parmi les choses que les gens n’ont pas envie d’entendre, qu’ils ne veulent pas voir alors qu’elles s’étalent sous leurs yeux, il y a celles-ci ; que de tous ces perfectionnements techniques, qui leur ont si bien simplifié la vie qu’il n’y reste presque plus rien de vivant, agencent quelque chose qui n’est déjà plus une civilisation; que la barbarie jaillit comme de source de cette vie simplifiée, mécanisée, sans esprit ; et que parmi tous les résultats terrifiants de cette expérience de déshumanisation à laquelle ils se sont prêtés de si bon gré, le plus terrifiant est encore leur progéniture, parce que c’est celui qui en somme ratifie tous les autres. C’est pourquoi, quand le citoyen-écologiste prétend poser la question la plus dérangeante en demandant : « Quel monde allons nous laisser à nos enfants? », il évite de poser cette autre question réellement inquiétante : « A quels enfants allons nous laisser le monde ? ». »

Jaime Semprun—L’abîme se repeuple.

Les nucléocrates n’utilisent leurs retours d’expérience que comme outils de propagande. Chaque catastrophe ou « incident » est soudainement et a posteriori décortiqué pour améliorer la sécurité des installations nucléaires en fonctionnement. Comme si la catastrophe précédente conduirait à mieux se préparer à la prochaine. Pourtant, Fukushima n’est pas Tchernobyl qui lui-même n’est pas Three mile Island. L’enjeu est ailleurs : rassurer et donner l’illusion de la maîtrise.
Notre retour d’expérience est tout autre. Depuis quelques mois la lutte contre le projet de ligne très haute tension Cotentin maine a pris une tournure nouvelle au moment même ou l’Etat, RTE, et les entreprises qui sont commissionnées pour construire la ligne ont débuté les travaux.
Valognes fut la mise en bouche de ce tournant. Malgré ses tâtonnements et ses lacunes, l’expérience a réintroduit l’idée que l’on pouvait s’opposer à la pieuvre étatique nucléaire en s’attaquant directement à elle, là où elle montre des signes manifestes de faiblesse : les transports de matières radioactives.
A Valognes succéda Coutances qui sera à l’origine de la constitution de l’Assemblée du Chefresne. L’idée de constituer une assemblée autour du village qui semblait le plus investi dans la lutte anti-THT était de prolonger sur ce terrain la lutte commencée plus tôt et de s’attaquer à un autre point faible du délire nucléaire, ses lignes THT et leur vulnérabilité. Mais l’idée était également de faire de cette assemblée, de l’occupation d’un bois voué à être détruit, et du château d’eau, des espaces de rencontres et de discussion, d’appropriation directe de la lutte par ceux et celles qui désirent la vivre : futurs expropriés par le tracé, opposant-e-s aux THT ou au nucléaire ou aux deux, locaux, non locaux, etc.
Durant plusieurs semaines se sont succédés moments de rencontres et actions de harcèlement sur les travaux en cours : déboulonnages collectifs, actions d’interférences nocturnes, blocages de chantiers, réunions publiques, etc.
Mais cette assemblée n’a jamais prétendue être l’unique lieu d’opposition à la THT, ni une entité homogène. Ce combat revêt de multiples visages. Et nous tenions donc face à certaines positions qui émergent dans ce mouvement, défendre la notre, non pour le goût morbide de la polémique, mais par souci de clarté, et surtout pour peut-être mener une sorte de retour d’expérience.

Aujourd’hui, l’arrivée de la gauche au pouvoir semble avoir réactivé chez certain-e-s une étrange inclinaison électorale et l’idée que l’on pourrait négocier l’arrêt des chantiers en cours. Selon La Manche Libre du 21 mai dernier des anti-THT membres du collectif stop THT désireraient comme à Notre dames des landes un moratoire sur la THT. Plus tard, quelques anti-THT, ne représentant qu’eux et elles mêmes ont décidé de rencontrer le Président du Conseil régional de Basse-Normandie, ce même Conseil régional socialiste qui vota une motion pour que l’EPR s’installe, avec le silence complice des élus écologistes, à Flamanville. Plus récemment une rencontre faillit avoir lieu avec des émissaires de François Hollande, lors de sa venue sur les plages du débarquement, avant que le début des travaux le même jour au Chefresne ne vienne la faire capoter.
Révolutionnaires anti-autoritaires, nous n’avons jamais cru en l’action électorale, non par idéologie mais parce que nous savons depuis longtemps que nucléaire et Etat sont intimement liés, que nous connaissons le rôle actif de la gauche dans la mise en place du programme nucléaire et les errements opportunistes des écologistes d’Etat plus prompts à aller à la soupe qu’à contrecarrer l’avancée du nucléaire. Faut-il rappeler que Mitterrand fut l’un des promoteurs du programme nucléaire en France ? Qu’à Chooz, dans les Ardennes, ce sont les CRS du gouvernement socialiste qui occupaient militairement le village pour affronter conjointement antinucléaires et sidérurgistes ? Que plus récemment les écologistes d’Etat n’ont eu de cesse de rallier les positions de leurs alliés nucléaristes, de la signature des décrets d’application de l’usine Mélox fabricant le célèbre combustible nucléaire Mox en 99 par la ministre verte Dominique Voynet au vote au parlement Européen en 2009 d’une motion pro-nucléaire sur le réchauffement climatique porteuse parait-il de nombreuses avancées.
Avec l’industrie nucléaire et ses THT c’est tout un monde qui travaille de la domination capitaliste de l’homme sur lui-même et la nature, à la domestication étatique de l’ensemble du vivant. Ce sont les mêmes, Vinci, Bouygues , Monsanto, Areva, gouvernements, chantres de la métropolisation des villes qui construisent THT, centres de rétention, aéroports, centrales nucléaires, lignes TGV, centrales à gaz, éoliens offshore, tout ce monde dans lequel on se retrouve lentement incarcérés entre une leucémie programmée et un cachot. C’est ce même monde qu’ils morcellent à l’infini pour nous donner l’illusion que rien n’unit l’ensemble des destructions en cours et à venir et qu’ils présentent comme le moins mauvais des mondes possibles. C’est cette domestication que nous refusons comme un Tout et donc avec elle la médiation de l’Etat. Qu’il renonce à son projet de THT et qu’avec ce renoncement s’initie une lutte beaucoup plus globale contre ce monde est notre seul horizon.
En outre, le moratoire présenté à Notre-Dames-des-Landes par les écologistes comme une grande victoire n’est en fait qu’un leurre chargé d’éteindre une contestation autour de la métropole nantaise qui aurait fait tache dans la campagne du nouveau premier ministre Ayrault. Ce moratoire a également l’avantage de diviser les opposant-e-s. Les occupant-es sans droits ni titre de maisons inoccupées de la Zone à Défendre (ZAD) ne sont pas concernés par des accords auxquels ils ne souscrivent pas, et ceux et celles que l’Etat juge les plus radicaux sont ainsi isolé-e-s. Leurs futures expulsions préfigurent alors celles qui suivront.
L’exemple récent porté par le maire du Chefresne et certain-e-s de ses administré-e-s montre bien que l’Etat, la justice, s’assoie ouvertement sur les désidérata des populations locales, mais non parce qu’ils bafoueraient la démocratie mais parce que c’est l’essence même de la démocratie représentative de servir de cache sexe d’un Etat par essence autoritaire et lié aux intérêts du capital.

L’autre face de cet Etat nucléaire c’est son arsenal répressif. Depuis quelques semaines, la répression s’est invitée au coeur même du mouvement. D’actions publiques en actions publiques, la répression est devenue plus féroce. Ce sont en tout plus d’un vingtaine de personnes auxquelles s’intéressent officiellement aujourd’hui les services de gendarmerie et plusieurs procès sont également en cours. Les convocations pleuvent tout autant que les filatures, avec leurs litanies d’intimidation.
Depuis janvier, les actions publiques de déboulonnages comme celles d’occupation de chantiers se sont multipliées. Elles ont rendues visibles, et c’était leur but avoué, toute la vulnérabilité des installations de RTE et qu’une foule déterminée pouvait également être une force. Elles ont également permis une appropriation par tous et toutes de formes illégales de lutte. A noter tout de même au passage que ce sont bien ces deux aspects des actions qui étaient visés puisque les actions d’interférences nocturnes contre les chantiers de RTE ont eu beaucoup plus d’impact réel. Mais elles ont eu comme effets « pervers » d’exposer ceux et celles qui les portaient à la répression. L’Etat, un moment en partie désarçonné, a sans doute également laissé faire pour mieux fixer, identifier, ficher une contestation et monter des dossiers en vue de mieux dresser ses futurs gibets. Les premières assemblées avaient une vision assez claire de ces effets pervers qui semblaient pourtant inévitables en vue de nouer des espaces de rencontres, d’élaboration, etc.
Cependant, il ne faudrait que la désobéissance civile que nous avons utilisé comme moyen de lutte ne se transforme en idéologie autonome : une sorte d’obligation à s’exposer aux fourches caudines de la justice. Là aussi, une sorte de retour d’expérience s’impose. Faut-il rappeler que le mouvement des faucheur-se-s volontaires à largement reflué du fait des lourdes amendes que l’Etat a imposé à ses activistes ? Faut-il rappeler que cette désobéissance là fait de l’Etat un organe neutre à même de trancher, là où de fait il est partie prenante des processus d’expropriation de nos vies en cours ? Faut il aussi rappeler que les courants citoyennistes n’ont eu de cesse de dénoncer les fauchages clandestins et ainsi participer à criminaliser une frange très active du mouvement à même de porter de réels coups aux OGM ?
Pour autant, une autre illusion serait de croire que tout se construit uniquement dans l’ombre des sociétés secrètes et des affinités électives. L’Etat adore les démanteler ou les inventer. Et si conspirer c’est respirer ensemble, ça ne l’est que jusqu’à qu’on nous coupe le souffle parce qu’on nous a isolé, matraqué, enfermé. Le repli sur des actions isolées ne renverrait chacun qu’à son isolement, son atomisation, si chère à la société dominante. Et les discours fanfarons sur l’innocuité de l’Etat et de son arsenal répressif ne sont ni plus ni moins marqués du sceau de l’irréalité que ceux et celles qui voient dans l’Etat une pieuvre toute-puissante.
Les prochains mois vont donc être particulièrement importants en terme tactique. Comment continuer à porter des actions qui nous permettent de nous croiser, de discuter, d’élaborer, mais qui nous évite également de nous exposer trop facilement à l’arsenal répressif ? Comment maintenir une solidarité réelle lorsque la répression cherchera à nous isoler entre bons citoyens et méchants irresponsables ?

C’est en tout cas ce que ces derniers mois nous ont appris, au travers de ces moments informels au détour d’un repas commun ou d’une nuit de veille, cette étrange ferveur qui nous lie soudain dans ce goût de résister au monde qui se déploie sous nos yeux et qui s’érige au détour d’un pylône. C’est ce lien subversif au cœur des luttes qu’il s’agit d’entretenir et de partager plus largement. Il est au moins aussi important que la nécessité d’abattre une ligne en cours de construction. C’est cette opposition tangible au monde tel qu’il tourne au désastre, sans représentant-e-s, ni chefs que nous pouvons espérer propager.

Juin 2012,
Le CRAN
Collectif Radicalement AntiNucléaire
http://www.anartoka.com/cran/
CRAN (arrobase) no-log (point) org