[Cherbourg] Procès de deux personnes arrêtées lors de la mobilisation antinucléaire Stop Castor

Soif de justice à Cherbourg

On se souvient que, devant « l’ampleur de la menace, son caractère protéiforme et le caractère très étendu des lieux », monsieur Adolphe Colrat, préfet de la Manche, avait pris un « arrêté portant interdiction de [la] manifestation » prévue pour s’opposer, autant que faire se pouvait, au départ du dernier convoi ferroviaire de déchets nucléaires CASTOR entre La Hague (France) et Gorleben (Allemagne). Des centaines de policiers et gendarmes avaient été mobilisées et envoyées face à un demi millier de manifestants. Ainsi avait pu être fièrement déployée toute l’agressivité nécessaire au maintien de l’ordre.

Et si le train avait pu partir, ce fut avec plusieurs heures de retard.

Malgré les craintes si clairement exprimées par le soucieux préfet, aucun dangereux activiste protéiforme ne fut arrêté dans le bocage…

Valeureuse action anti-anti-nucléaire, détail.
(Photo Reuters.)

Des poursuites furent pourtant engagées, par le parquet de Cherbourg, contre six personnes interpellées dans les parages. Le procureur de la République, monsieur Eric Bouillard, avait aussitôt tenu à leur faire une réputation :

« Il s’agit de personnes qui sont plus dans la mouvance altermondialiste voire casseurs que dans la mouvance écologiste. »

Deux de ces « voire casseurs » comparaissaient hier au tribunal de Cherbourg – qui s’occupera des quatre autres le 7 février.

Le premier, un étudiant belge de 23 ans, est « accusé de s’être introduit sur la voie ferrée et d’avoir agité un fumigène en direction des CRS ». Il nie les faits qui lui sont reprochés, mais la justice n’est pas là pour l’écouter. Madame Sarah Huet, substitut du procureur de la République, a requis trois mois de prison avec sursis et 500 euros d’amende afin de le punir bien comme il faut.

Il faudra compter un mois de prison avec sursis supplémentaire et 500 euros de plus, pour refus de prélèvement ADN.

Le second était une seconde, une militante parisienne de 65 ans, qui avait à répondre du « vol de neuf canettes de soda provenant d’un fourgon de ravitaillement CRS qui avait été ‘caillassé’ et ‘intégralement détruit par le feu’ au cours de la manifestation ». Elle a reconnu s’être emparée de quelques canettes, puisqu’elle avait « très soif » et que « les militants n’avaient pas de ravitaillement ». Bien que les sodas aient été restitués inentamés, madame Huet a requis 300 euros d’amende.

Il faut y ajouter un mois de prison avec sursis et 500 euros supplémentaires, pour refus de prélèvement ADN.

Les membres du collectif Valognes Stop Castor, qui appelaient à se rassembler devant le palais de justice, ont sans doute raison d’affirmer que « tout cela ne devrait donner lieu qu’à un grand éclat de rire »…

Si madame Huet, substituée au procureur, a dû reconnaître, dans le cas de la militante assoiffée, que « bien évidemment c’est le contexte qui nous conduit à poursuivre », elle a, au cours de son réquisitoire, cru bon de lancer :

« Caillasser deux CRS et brûler un fourgon, c’est ça un mouvement démocratique mais on est où là ? »

Elle devait probablement trouver cette remarque très intelligente, mais ce n’est qu’une bien grossière façon d’amalgamer un vol de canettes et l’incendie d’un fourgon.

Pour rester dans le même registre de langage que madame Huet, disons qu’on peut trouver le procédé assez moyen…

PS : Verdict le 7 février, date fixée pour la comparution des quatre autres prévenu(e)s.

PPS : Et si l’un(e) ou l’autre des six inculpé(e)s se sentait venir une petite soif en passant vers Trifouillis, je leur ouvrirai la porte de ma cave. Il n’y a pas de sodas, mais on se débrouillera.

L’escalier qui bibliothèque, 1er février 2012

Deux enfants de 4 et 6 ans en centre de rétention, malgré l’arrêt de la cour européenne des droits de l’homme

Deux enfants serbes en rétention malgré la condamnation de la France par l’Europe

Deux enfants serbes de 4 et 6 ans ont été placés mardi en rétention avec leurs parents en Seine-et-Marne alors que la France a été récemment condamnée par la commission européenne des Droits de l’homme (CEDH) pour ce type d’enfermement, a indiqué mercredi la Cimade.

La famille, arrivée en France en 2008 et dont la demande d’asile est en cours d’examen, selon le service oecuménique d’entraide, a été enfermée au centre de Mesnil-Amelot après avoir été interpellée « au petit matin à son domicile ».

« C’est la troisième fois en six mois que cette famille serbe est enfermée en centre de rétention alors même qu’une récente décision de la CEDH vient de condamner sévèrement la France pour l’enfermement d’enfants en centre de rétention », commente la Cimade.

Un arrêt de la CEDH rendu mi-janvier a en effet estimé que « la rétention de jeunes migrants accompagnés de leurs parents dans un centre inadapté aux enfants était irrégulière et contraire au respect de la vie familiale ».

La CEDH statuait sur le cas d’une famille placée en rétention à Rouen avant son renvoi au Kazakhstan.

La rétention des enfants, même accompagnés, n’est prévue en France par aucun texte. Elle a cependant été validée par le Conseil d’Etat et la Cour de cassation.

AFP, 1er février 2012

[Paris] Hollande aspergé de farine lors d’une manifestation sur le mal-logement

Se faire rouler dans la farine n’est pas du goût de tout le monde, certains répondent (en l’occurrence certaine). Bravo !

Hollande aspergé de farine à la tribune d’une manifestation sur le mal logement

François Hollande s’est fait asperger de farine à La Tribune de la manifestation organisée par la Fondation Abbé Pierre pour la présentation du rapport annuel sur le mal logement, mercredi, Porte de Versailles à Paris, a constaté un journaliste de l’AFP.

Le candidat PS à la présidentielle François Hollande enfariné à Paris, le 1 février 2012

Le candidat PS à la présidentielle François Hollande enfariné à Paris, le 1 février 2012
 

L’incident s’est produit alors que le candidat socialiste à l’Elysée venait de prononcer une allocution et était en train de signer le « contrat social » rédigé par cette Fondation pour demander « un véritable changement d’orientation des politiques » de logement.

Une jeune femme s’est approchée de lui et lui a lancé de la farine. Elle a été aussitôt évacuée par le service d’ordre, tandis que résonnaient quelques sifflets à son encontre, selon la même source.

AFP, 1er février 2012

Mise à jour : un article plus détaillé ici

[Toulouse] L’exemple du Collectif Réquisition Entraide Autogestion

ndPN : voilà une initiative et un mode d’organisation qui donne de bonnes idées ! Et pour rappel le 4 février à 15h se tiendra à Poitiers une réunion de création du DAL à la maison du peuple, pour échanger sur la question du logement : viendez nombreux-euses !

[Toulouse] Réquisition Entraide Autogestion

Toulouse. Un logement de plus réquisitionné par le CREA

Et de six. Un sixième bâtiment laissé vacant vient d’être réquisitionné à Toulouse. Une semaine après l’ouverture à six familles d’appartements inoccupés près du Grand-Rond par l’association Urgence pour un toit, c’est au tour du CREA (Collectif pour la réquisition, l’entraide et l’autogestion) de prendre possession d’un nouveau bâtiment, situé près de l’avenue Saint-Exupéry, appartenant à la mairie de Toulouse.

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« C’est le quatrième pour notre collectif » explique Mathieu Rigouste, membre du CREA. « La réquisition a eu lieu le 23 janvier dernier. Trois familles ont été installées le jour même. Une quatrième vient d’arriver et nous en attendons encore deux autres. » À terme, 25 personnes, pour la plupart des familles de travailleurs précaires, occuperont ces anciens logements de fonction de l’Éducation nationale.

« Nous avons prévenu la mairie. Ils souhaiteraient construire un centre social à la place de cet immeuble d’ici deux ans, mais nous n’en savons pas plus. » Lundi soir, une patrouille de policiers est venue constater l’occupation.

Sur place, les familles bénéficient du chauffage, de l’électricité et de l’eau chaude. « Des employés de chez EDF et GDF sont venus donner un coup de main sur leur temps libre, gratuitement. » Cette réquisition s’inscrit dans la campagne « Zéro enfant dans la rue », lancée par le CREA. Et le mouvement devrait prendre de l’ampleur. « Malgré la vingtaine de familles déjà hébergée, une quinzaine est encore à la rue » poursuit Mathieu. Le collectif doit se réunir vendredi soir dans ses locaux du 70 allées des Demoiselles pour décider des autres actions à mener.

L’adjointe au maire en charge de la politique de la ville, Claude Touchefeu, doit rencontrer le CREA aujourd’hui. Elle n’a pas souhaité s’exprimer avant.

Leur presse (Pierre Peyret, LaDepeche.fr), 1er février 2012.

[Egypte] Première défaite pour les frères musulmans

ndPN : Nous postions hier une dépêche AFP prétendant que la manifestation vers le parlement avait été bloquée par les Frères Musulmans. Or une autre source, publiée sur Indymedia Paris-IDF, vient démentir cette info : après deux heures bloc contre bloc, ce sont les frères musulmans qui se sont finalement dispersés, et la manif a pu rejoindre le parlement :

Egypte : Premiere defaite pour les Freres musulmans !

Hier, mardi 31 janvier, une grosse manif etait annoncee au Caire, des marches devaient partir de differents quartiers (Shoubra au Nord, Maspero-Tahrir dans le centre…) pour se rejoindre devant le Parlement, pour mettre la pression sur les depute-es nouvellement elu-es pour faire appliquer le programme de la revolution : transfert des pouvoirs des militaires aux civils, proces des personnes impliquees dans la repression, reconnaissance des droits des « martyres », pas d’elections presidentielles ni de nouvelle constitution sous regime militaire.

Depuis quelques jours deja, les Freres musulmans, sortis en grands vainqueurs (plus de 40% des voix) des elections legislatives, commencaient a cristalliser une certaine tension contre eux, devant leur attitude gestionnaire et contre-revolutionnaire (voire post precedent).

A partir de 15h30, une petite foule commence a se rassembler a Maspero, on s’echauffe en entonnant des premiers slogans contre le regime militaire. Peu avant 16h, les manifestant-es sont rejoint-es par une premiere marche en provenance du campement voisin de la place Tahrir. On part alors en cortege, un drapeau egyptien de plus de 2m de haut ouvrant la marche, suivi d’une banderole de plusieurs metres explicitant la liste des revendications des manifestant-es. Le cortege est dynamique et bruyant, et grossit a vu d’oeil. Apres avoir emprunte la corniche, il se dirige vers la place Tahrir, ou les quelques personnes restees sur place le rejoignent. Puis, etonnament, direction le quartier de Garden City, droit sur…. l’ambassade americaine !! La-meme ou, il y a quelques mois, une manifestation avait failli finir en affrontement contre des militaires armes !! mais aujourd’hui, curieusement, aucun militaire ne montre le bout de son nez, et les gen-tes passent devant l’ambassade sans meme sembler s’en rendre compte. Un peu plus loin, quelques unites de police sont stationnees, mais un cordon de manifestant-es s’etablit aussitot pour empecher toute confrontation physique : le but de la journee est clairement d’arriver devant le parlement, en evitant les affrontements avec les forces de l’ordre. On franchit ainsi dans le calme plusieurs barrages de police, jusqu’a arriver a proximite du Parlement. La, la manifestation a considerablement grossit, et le cortege compte plusieurs milliers de personnes. Juste avant de tourner dans la rue Falaky, qui donne sur le Parlement, on voit un mec sur une civiere arriver dans l’autre sens : quelque chose ne va pas. La police a-t-elle ouvert le feu ?? Rapidement, l’information circule : les Freres musulmans empechent les manifestant-es d’acceder au Parlement !!

Et en effet, quelques metres plus loin, c’est a un affrontement bloc contre bloc que l’on va assister pendant des heures : quelques centaines de Freres musulmans bloquent la rue par laquelle arrivent des milliers de manifestant-es !! Ca pousse dans un sens, dans un autre, ca avance, ca recule, les insultes les plus crues sont lancees des deux cotes, les chaussures et les bouteilles d’eau volent, plusieurs personnes font des malaises et doivent etre portees a bout de bras au-dessus de la foule compacte pour etre evacuees.

Ce que ni Moubarak, ni l’armee, ni les integristes de tous bords n’avaient reussi, les Freres l’ont fait : couper la population egyptienne en deux ! il n’est plus du tout question de faire « une seule main » alors, bien au contraire !

Pendant 2 heures, le rapport de force se maintient : si les manifestant-es sont beaucoup plus nombreux, l’etroitesse de la rue ne leur permet pas d’arriver a forcer le barrage des Freres ! Au bout d’un moment, des personnes commencent vraiment a se battre, alors que la ligne de front se brouille, la tension monte des 2 cotes, et l’on a du mal a voir comment tout ca va se finir….

Et puis d’un coup, sans qu’on sache pourquoi, les Freres musulmans abandonnent, et fuient ! Ont-ils compris que le rapport de force n’etait pas en leur faveur ? ont-ils voulu eviter de veritables affrontements physiques ? avaient-ils l’ordre de ne barrer le passage que jusqu’a une certaine heure ? etait-ce l’heure de la priere ? nul ne le sait, en tout cas, en quelques minutes, les manifestant-es envahissent les rues environnantes, alors que les Freres sont bel bien partis sans demander leur reste !

Dans la foule, l’enervement est palpable et partage par tout le monde, jeunes, vieux, hommes, femmes, barbus et porteuses de niqab… tou-tes sont vraiment en colere contre ces Freres qui, une fois au pouvoir, se mettent aussi vite et de maniere aussi flagrante du cote de la contre-revolution !!

Le soir, la television egyptienne annoncera 71 blesses dans cet affrontement, mais au-dela de ca, c’est la victoire symbolique des revolutionnaires sur les Freres musulmans, pourtant plebisictes lors des elections qu’il faut retenir !

ce que ceux-ci ne semblent pas avoir compris, c’est que la plupart des gen-tes ont vote pour eux, pour qu’ils fassent appliquer les revendications de la Revolution, mais ne leur ont pas donne un blanc-seing et n’adhere pas forcement a l’ensemble de leur programme !

Aujourd’hui, une partie de la population egyptienne a montre que, quelles que soient les personnes au pouvoir, elle ne se laissera pas voler sa revolution, et continuera de se battre pour « du pain, la liberte, et la justice sociale » !

Indymedia Paris, 1er février 2012