[Chasseneuil-du-Poitou 86] La CGT un peu débordée par la base

NdPN : et un peu de débordement, ça ne fait jamais de mal pour se faire entendre ! C’est ce que semblent avoir exprimé les salarié.e.s, sans doute las.ses des parcours « balisés » en forme d’enterrement des luttes… et des positions étouffantes des bureaucrates censés les « représenter » (voir la fin de l’article ci-dessous).

Mise à jour : voir aussi ce nouvel article de la NR (27 juin 2014)

Chasseneuil-du-Poitou. La manifestation se termine à Auchan

Quatre cents salariés, du public comme du privé, ont manifesté, ce jeudi, tout autour de l’usine Federal Mogul. La CGT souhaite profiter de la médiatisation des Championnats de France cyclisme du contre-la-montre pour faire passer ses revendications. A la fin, une cinquante de manifestants sont sortis des sentiers battus pour se rendre dans la galerie commerciale de Auchan.

Ce sont les salariés de Federal Mogul – qui n’acceptent pas le plan social que leur propose leur direction – qui ont pris, à vélo, la tête du cortège, ce jeudi matin. Les salariés du fabriquant de pistons étaient épaulés dans leur lutte par les intermittents du spectacle qui protestent toujours contre la réforme de leur système d’indemnisation chômage. Des salariés de la fonction publique sont également venus grossir les rangs.

Les quatre cents manifestants, partis à 11 h devant le site de Federal Mogul, à Chasseneuil-du-Poitou, ont entamé une boucle de 2,5 km tout autour de l’usine. Le cortège était très bien encadré par les forces de l’ordre lors d’un parcours parfaitement balisé.

Pas de débordement

Mais, alors que les manifestants s’apprêtaient à retourner devant l’usine de Federal Mogul, une cinquantaine d’entre eux a pris l’initiative, contre l’avis de la CGT, de se rendre dans la galerie commerciale de Auchan située à quelques centaines de mètres de là. A l’intérieur de la grande surface, et toujours à vélo, les salariés ont fait bruyamment entendre leurs revendications avant de ressortir. Aucun débordement n’est à signaler.

De son côté, Catherine Giraud, secrétaire de l’UD-CGT, a déclaré que, dans le centre commercial, elle n’avait « pas l’impression que les manifestants aient détérioré quoi que ce soit ». Et dit « comprendre le mécontentement des salariés » tout en espérant que ce week-end « ils ne fassent pas pire que ce qui a été fait là ».

Adrien Planchon, Nouvelle République, 26 juin 2014
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Depuis 11 h, plus de quatre cents personnes manifestent dans le cadre de la journée interprofessionnelle des luttes lancée par la CGT, à Chasseneuil-du-Poitou, au moment où débutaient les championnats de France cyclistes. Rassemblés devant le site de Federal Mogul, les manifestants regroupant les salariés du fabricant de pistons, des intermittents du spectacle, des agents de la fonction publique territoriale, etc., ont entamé une boucle de 2,5 km entre le site menacé de fermeture d’ici la fin de l’année avec ses 241 emplois, et le rond-point de Leroy-Merlin. Le cortège était ouvert par une cinquantaine de vélos. A l’issue de la manifestation, quelques manifestants ont décidé de quitter le circuit «officiel» à vélo en se dirigeant vers le centre commercial d’Auchan, aussitôt pris en chasse par les forces de l’ordre.
Dépêche Nouvelle République, 26 juin 2014

[Coupe d’immonde] Un communiqué de camarades brésiliens

Coupe du monde

Salutations aux personnes de l’étranger, désolé de vous interrompre, mais étant donné les circonstances, nous pensons qu’il est nécessaire que vous compreniez le contexte réel de la Coupe du monde de football à laquelle vous allez assister. Nous voulons juste vous apporter des informations que le gouvernement brésilien et sa compagnie de tourisme ne vous donneront probablement pas.

La Coupe du monde confiée à notre pays par la Fifa constitue une dépense, au moment où cette lettre est écrite, de 25,6 milliards de reais, qui équivaut à 11,5 milliards de dollars. De ce montant, plus de 83 % provenaient de deniers publics – l’argent des impôts du peuple lui-même. Le salaire minimum au Brésil est de 724 reais par mois (325 dollars), les billets pour les jeux peuvent monter à près d’un millier de dollars. Le travailleur brésilien paie pour un événement auquel il ne peut lui-même pas assister. Selon une enquête récente, 75,8 % des Brésiliens sont opposés aux investissements effectués pour cette Coupe du monde.

Notre pays a encore 3,7 millions d’enfants et adolescents non scolarisés et un taux d’analphabétisme de 10 %, selon l’Unesco. Comme si les déficiences de l’éducation n’étaient pas suffisantes, le gouvernement a instauré des vacances scolaires pendant la Coupe du monde. Nous vivons dans un pays où plus de 242 000 familles n’ont pas d’électricité, sans parler de la santé publique qui est encore loin d’être acceptable, tandis que l’idole du football, le « phénomène » Ronaldinho, déclare publiquement qu’« avec des hôpitaux on ne fait pas la Coupe du monde ».

Aujourd’hui, nous vivons une conjoncture économique extrêmement difficile, nous avons l’un taux d’imposition les plus élevés dans le monde, mais près de 50 % de notre PIB est utilisé pour payer une dette publique absurde, alors que les gens meurent de faim, et près de la moitié de la richesse que nous produisons va directement dans les poches de quelques banquiers, sans parler de ce que nous perdons à cause de la corruption et de la mauvaise administration des fonds publics.

Les dépenses excessives concernant la Coupe du monde ne sont que le sommet de cet iceberg ; au nom de cette Coupe, de nombreux droits civils ont été violés, ce qui n’est pas inhabituel dans un pays où nous avons une police fortement militarisée qui a déjà fait l’objet de nombreuses critiques d’institutions internationales telles que Amnisty International et l’ONU elle-même, qui a même fait une recommandation pour dissoudre la PM (police militaire brésilienne).

Les communautés proches des stades subiront une police ostensible et féroce, y compris avec la présence de l’armée, non pour assurer la sécurité du peuple, mais pour assurer la sécurité de vous, les touristes, comme c’est déjà le cas du Complexo da Maré, qui est déjà occupé par l’armée, la marine et la police militaire, en tout plus de 2 500 hommes. Le droit au logement n’a pas échappé au regard du gouvernement et de la Fifa : des milliers de familles ont déjà été déplacées en raison de l’événement, y compris les familles autochtones de Aldeia Maracanã, qui malgré leur résistance, ont été déplacées violemment.

Ce n’est pas une nouveauté pour nous non plus, dans le régime « démocratique » dans lequel nous vivons, de voir l’intervention militaire dans le chantier de construction d’une centrale en plein cœur de l’Amazonie (Belo Monte) pour empêcher les protestations des peuples indigènes et des communautés locales affectées par la construction du barrage. En outre, pour construire les stades à temps pour la Coupe du monde, plus d’une douzaine de travailleurs sont morts dans les chantiers de construction. En plus de tous ces problèmes, la prostitution des enfants dans le pays est toujours une réalité qui affecte environ 500 000 enfants selon le Forum national pour la prévention et l’élimination du travail des enfants. Ce scénario est potentiellement aggravé par la tenue de la Coupe.

Beaucoup d’entre nous sont indignés et descendent dans la rue pour protester, mais le gouvernement, bien soutenu par les médias, essaye de noyer tout cela en criminalisant les manifestations et en les réprimant durement avec son appareil militaire. Des ONG et organisations internationales ont dénoncé plusieurs violations des droits de l’homme.

L’État et ses administrations partisanes ne réagissent pas et ne répondent jamais aux besoins du peuple en matière de santé, d’éducation, de logement, d’emploi que nous avons conquis grâce à notre unité et nos luttes. Recevez cette lettre comme une demande de soutien, partagez cette information avec autant de personnes que possible, aidez-nous à montrer au monde une réalité que le gouvernement, la Fifa et les sponsors de la Coupe du monde essaient de cacher à tout prix.

Fenikso Nigra, Boletim Operário, Liga Sindical Operária Camponesa, Danças das Idéias, Caos em Fluxo, Barricada libertária
Traduit par les Relations internationales de la FA

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Mise à jour PN 27/06/2014 : pour l’actualité quotidienne des luttes au Brésil contre la coupe du monde et son monde, voir cet excellent compte-rendu avec vidéos et photos, sur squat.netContre la FIFA et son monde, les manifs et actions continuent

Voir aussi, sur le même site : Rio de Janeiro (Brésil): “La fête dans les stades ne vaut pas les pleurs dans les favelas”

Nique la coupe du monde !

[Poitiers] Greffes : vers une grève reconductible ?

NdPN : voir notre précédent article ici sur le mouvement des greffes.

Poitiers: les personnels des greffes durcissent le ton

De nombreux dossiers sont renvoyés aujourd’hui du fait de la grève des personnels des greffess. Une délégation s’est invitée dans les différentes salles d’audience du palais de justice pour lire une motion réclamant plus de moyens humains et financiers. Certaines organisations syndicales appellent à une grève reconductible.

Dépêche Nouvelle République, 24 juin 2014

Greffes en colère : le ton monte

Poitiers. Le mouvement de protestation des greffes a pris une nouvelle ampleur hier. Le ton se durcit, certains appellent à la grève reconductible.

Le rendez-vous du 2 juillet prochain risque d’être chaud au palais de justice de Poitiers. La délégation du ministère de la Justice est d’autant plus attendue qu’elle n’a pas prévu de rencontrer les plus remontés.

« Ils viennent voir les greffiers en chef mais pas nous », relèvent les personnels des greffes qui se sentent les oubliés de la réforme en cours.
Le mouvement de protestation des personnels des greffes, réclamant davantage de moyens humains et financiers, avait débuté dans la bonne humeur en avril dernier. Il s’est poursuivi depuis à bas bruit. Mais, hier, le ton était nettement plus bruyant et agressif alors que les négociations sont au point mort.

«  Ils refusent de voir ce que l’on fait au quotidien  »

La brochure de présentation de la réforme publiée en mai par le ministère de la Justice les a fait bondir. Elle a été prise comme une gifle. « Ils refusent de voir ce que l’on fait au quotidien, le travail d’assistance du magistrat, le conseil quand il s’apprête à prendre une décision qui est illégale, quand ils oublient de notifier un sursis avec mise à l’épreuve ou un travail d’intérêt général. Ça, ce n’est pas de l’assistance telle qu’elle est définie dans nos statuts ? »
Les manifestations des cheminots, des intermittents, des agriculteurs et des Federal Mogul sont passées par là. « Eux, on les écoute, nous, non ! », témoignent des greffières. « Tout le monde s’inquiète de savoir quel festival risque d’être annulé cet été, mais la justice, les gens s’en foutent ! »
Une petite banderole tendue en travers de la colonnade du palais annonce la couleur en ce mardi où nombre d’audiences se tiennent. A l’intérieur, le cortège est plus bruyant : grelots et cymbale improvisée, avertissent de l’irruption du cortège des greffiers et personnels des greffes.
Au civil, le président renvoie tous les dossiers et rend hommage au personnel qui manifeste. A la chambre sociale, le président consent à une brève interruption pour permettre la lecture d’une motion. Le matin, le président de la cour d’assises avait fait de même. Le cortège est ensuite descendu jusqu’au conseil des prud’hommes tandis qu’à la correctionnelle, seul un gros dossier a été retenu.
« Il y avait un préavis de grève pour aujourd’hui, mais certaines organisations appellent à une grève reconductible », explique une greffière qui prévoit déjà d’être de nouveau en grève demain où de nombreuses audiences sont programmées.
« Notre problème, c’est que ça ne se voit pas. On n’est pas des cheminots ! Je ne suis pas allée à une audience ce matin, un autre greffier a été désigné. »
Jeudi, le mouvement des greffes va se télescoper avec l’appel à la grève des avocats qui réclament la revalorisation de l’aide juridictionnelle.
A tous les bouts de la chaîne judiciaire, ça craque, ça proteste, ouvertement ou non, en dénonçant la faiblesse des moyens octroyés.

en savoir plus

Un rôle méconnu mais essentie

La phrase revient tout le temps dans la bouche des greffiers : « De toute façon, les gens ne savent pas à quoi on sert ! »
Dans un palais de justice, à tout ou presque ! Sans greffier, les palais de justice sont bloqués. Sans sa signature, le jugement rendu n’a pas de valeur authentique. Il enregistre les affaires, prévient les parties des dates d’audience, prépare les dossiers pour les magistrats, les conseille lors des audiences en cas de doute, rédige les procès-verbaux et met en forme les décisions… Il est aussi l’intermédiaire entre les magistrats, les avocats et le public. « Nous sommes impliqués dans de nombreuses missions, endossant de plus de responsabilités qui ne sont pas les nôtres mais nécessaires à une bonne administration au prix d’horaires extensibles et au détriment d’une rémunération conforme à notre engagement personnel », détaille le texte d’une des motions lues hier.

Emmanuel Coupaye, Nouvelle République, 25 juin 2014

[Poitiers] Manif des intermittents

Poitiers: les intermittents du spectacle manifestent d’un théâtre à l’autre

Rassemblés symboliquement à 18 heures sur les marches de l’ancien théâtre de Poitiers, les intermittents du spectacle continuent leur combat contre l’accord Unedic et la nouvelle convention d’assurance chomage. Le cortège, grossi des salariés de Fédéral Mogul et des cheminots, s’est rendu au TAP pour s’inviter à une réunion prévue en début de soirée entre les représentants de l’État et des collectivités locales.

Nouvelle République, 23 juin 2014

[Marigny-Brizais – 86] LGV : la galère d’un habitant

LGV : le riverain a fait ses comptes

Marigny-Brizay. En raison du chantier, la route qui passe devant chez Vincent Houllier a été coupée 15 mois. Il s’étonne qu’aucune indemnité ne soit prévue.

Cosea, le constructeur de la future ligne à grande vitesse Sud Europe Atlantique, a eu beau se mettre en quatre pour limiter les nuisances pour les riverains, il n’a pu empêcher quelques mécontents de se manifester. Parmi eux figure Vincent Houllier.

Cet habitant de Marigny-Brizay est le propriétaire d’une belle maison ancienne située à 400 mètres du chantier. Pendant 15 mois, la départementale 82, qui passe devant chez lui et rejoint le bourg de Marigny a été coupée à la circulation. Elle vient tout juste d’être rouverte.

Des indemnités pour les agriculteurs pas pour les particuliers

Les griefs de Vincent Houllier sont multiples. Il déplore tout d’abord le manque de concertation avant l’ouverture du chantier : « Si on nous avait prévenus, nous aurions pris nos dispositions. Peut-être que nos enfants seraient allés à l’école à Beaumont. » Vient ensuite l’absence totale de solutions : « Je ne comprends pas que sur trois départementales coupées à Marigny-Brizay, deux seulement aient eu droit à un aménagement pour que la circulation puisse se faire. Ni pourquoi ce sont les deux premières qui ont été rouvertes, avant la D 82 qui, elle, était complètement coupée. »
Enfin, le riverain déplore qu’aucune indemnité n’ait été envisagée pour compenser le désagrément de cette situation. Vincent Houllier a fait ses comptes : « Si j’avais normalement suivi les déviations mises en place par le conseil général, en utilisant d’autres départementales, j’ai calculé que j’aurais parcouru en 15 mois un peu moins de 12.000 km supplémentaires. Soit, rien qu’en frais d’essence, 927 €. Je ne parle pas des autres coûts, ni du temps perdu. » Vincent Houllier s’étonne que les agriculteurs qui doivent se dérouter pour gagner leurs champs soient indemnisés et que les particuliers ne le soient pas.
En fait, Vincent Houllier reconnaît que, comme la plupart des habitants du secteur et même comme le bus de transport scolaire, il a utilisé la très étroite et très abîmée route communale qui longe l’autoroute, ce qui a considérablement réduit les distances à parcourir. Mais là, c’est à sa mairie qu’il en veut : « Une pétition a été remise au maire mais la commune a considéré qu’elle n’avait pas à payer pour les conséquences des travaux de la LGV. »

Vincent Buche, Nouvelle République, 23 juin 2014