[Poitiers] Terrain cultivé à 200 euros le m2

86 –  POITIERS L’ancien théâtre sera cédé lundi pour 510.000 €

Le sort de l’ancien théâtre de Poitiers est scellé : le conseil municipal de lundi délibérera de sa cession au privé. Le projet du promoteur Thierry Minsé et de l’architecte François Pin a été retenu. Prix d’achat : 510.000 €… « soit moins de 200 € du m2 », note le collectif de défense qui dénonce « un coup de force » et appelle à manifester lundi, dès 17 h 45, avant et pendant le conseil. Plus d’infos demain dans la Nouvelle République.

Dépêche Nouvelle République, 18 septembre 2013

NdPN – MAJ (19 septembre 2013) : un article de la NR.

[Turquie] Maintenant, chaque rue se nomme Ahmet, chaque rue se nomme Ali Ismail… Maintenant, il est temps de se soulever et de lutter

[Turquie] Maintenant, chaque rue se nomme Ahmet, chaque rue se nomme Ali Ismail…  Maintenant, il est temps de se soulever et de lutter

Sous le soleil de juin, les émeutes qui ont commencé à Taksim se sont répandues partout et ont tourné à l’émeute en septembre à Ankara. Le vent de la résistance qui a soufflé pendant plusieurs jours dans Odtü et Tuzluçayır a été salué dans tous les coins de la région, proches et lointains. La résistance brille dans le ciel, agite les drapeaux de la rébellion, porte la passion de la révolte et transforme le vent en tempête, le mois de septembre se passe sous résistance. Salut à tous ceux qui résistent !

L’autorité et ses officiers de police ont tué six de nos frères. La douleur dans nos coeurs est si profonde. Mais ils ont aussi été une source de vie pour notre lutte. Maintenant les places, les rues résonnent du nom de Ahmet … Résister en son nom, Ahmet.

Ahmet Atakan était notre deuxième frère qui a été pris pour cible par la police et assassiné à Antakya. Il prenait part aux actions, tous les lundis en la mémoire d’Abdullah Cömert et les résistants de Taksim Gezi Park. Alors qu’il marchait à Armutlu, la police a attaqué et les affrontements ont commencé. Juste derrière les barricades, tout en résistant à la police, il est tombé, soudainement, après avoir été frappé à la tête par une des nombreuses cartouches de gaz lacrymogène.

La police meurtrière d’un état meurtrier a tué Ahmet. L’Etat qui avait déclaré : « il a été abattu par ses propres amis » après la mort d’Ali Ismail, dit maintenant que « Ahmet est tombé du toit, de lui-même ». Après l’assassinat de notre frère, l’Etat a voulu se justifier, voulu cacher cet assassinat. Mais l’Etat n’a pas pu la gérer. Tout comme nous sommes sortis dans les rues, après Ali Ismail, Ethem, Abdullah, Mehmet, Medeni ; cette fois nous sommes sortis pour Ahmet, des centaines de milliers de personnes. Nos frères ont été assassinés et notre rage a inondé les rues.

Medeni Yıldırım est l’une des dernières victimes de la nouvelle guerre de l’Etat assassin. Une période que l’Etat tente de construire au nom de la paix. Medeni est le neveu de Adnan Yıldırım qui a été assassiné par l’Etat en 1994, ce qui est une forte preuve que le génocide systématique dans la région se poursuit. Un soldat de l’État meurtrier a volé la vie de notre frère Medeni. Medeni était debout contre les « château-forts » de l’armée le 28 juin 2013 ; il se tenait comme la rage de Uğur, comme la rage de Ceylan qui ont été assassinés avec des mitrailleuses et des obus. Medeni était toujours sur le front. Avec sa rage croissante et sa résistance, il est toujours là, avec Uğur et Ceylan.

Ethem Sarısülük a été abattu par un policier, Ahmet Sahbaz, le 1er juin, dans Güvenpark à Ankara. Ethem était un ouvrier révolutionnaire. Alors qu’il étudiait dans une école industrielle, il a quitté sa deuxième année. Il a pris part à des manifestations pour l’éducation gratuite pendant ses études. La vie de Ethem a toujours été au centre de l’injustice. Il a toujours lutté contre l’injustice. Ainsi, il a résisté tout au long de sa vie et a perdu sa vie en résistant.

Abdullah Cömert a envoyé un texto seulement 8 heures avant sa mort, en disant : « En 3 jours, j’ai dormi seulement 5 heures. J’ai reçu d’innombrables jets de gaz lacrymogène. Echappé à la mort à trois reprises. Et savez-vous ce que les gens disent ? Allez-y, si vous êtes celui qui va sauver le pays ? Oui, même si nous ne pouvons pas la sauver, nous risquons de mourir en essayant. Je suis si fatigué, je tiens grâce aux boissons énergisantes et des analgésiques en 3 jours. Ma voix est rauque. Mais je suis toujours dans les rues, à six heures encore, seulement pour la révolution ». Abdullah a parlé de mourir pour une révolution dans son texte, et c’est devenu réalité. Il est mort en résistant.

Mehmet Ayvalıtaş, le 2 Juin à Ümraniye, a bloqué l’autoroute avec des dizaines de milliers de personnes. Le quartier de MayDay résistait avec Mehmet. Lors de l’attaque des forces de police, un taxi, a renversé Mehmet. Il a roulé sur Mehmet et s’enfuit. Mehmet n’avait que 19 ans, il était dans la rue, dans la lutte des opprimés contre les oppresseurs. Il pensait que personne ne peut opprimer l’autre et il était un résistant révolutionnaire pour cela. Il a été renversé et cela a renforcé la lutte des opprimés encore plus.

Alors que les nouvelles de la nécessité de trouver du sang AB, pour notre ami à l’Osmangazi Médical Faculty ayant été exposé à la violence de la police, a été répandu à travers les médias sociaux, Ali Ismail luttait pour sa vie. Le 3 juin, il a été battu par des fascistes avec la coopération de la police. Des blessures sur le corps et la tête, allant d’un hôpital à l’autre, il a reçu un certificat de bonne santé et est rentré chez lui. Plus tard, il a été de nouveau emmené à l’hôpital avec des symptômes d’hémorragie cérébrale et a été précipitamment opéré alors même que Ali Ismail luttait pour sa vie.

L’Etat, sa police fasciste, son hôpital et son médecin ont fait en sorte de le tuer d’une manière organisée. Ali Ismail, qui croyait résister dans les rues afin de gagner, a  perdu la vie. Il était la dernière victime de la résistance à Taksim. Ils sont devenus des symboles de la résistance, de la vie. L’Etat meurtrier et les mains ensanglantées du  gouvernement doivent savoir que notre lutte est en cours et va se poursuivre. Ethem, Abullah, Mehmet, Ismail Ali, Ahmets sont devenus des millions et résisteront !

L’autorité est en train de tuer nos frères dans ces conditions, la révolte est inévitable.

Action Révolutionnaire Anarchiste (DAF), vendredi 13 septembre 2013.

Traduction par Relations internationales de la Fédération Anarchiste, dimanche 15 septembre 2013.

Le Monde Libertaire Hors-série n°51 (septembre-octobre 2013)

NdPN : Le Monde libertaire Hors-série n°51, bimestriel de la Fédération anarchiste, adhérente à l’Internationale des fédérations anarchistes, sort en kiosques. 64 pages d’actualités en couleurs vues par les anarchistes pour 5 euros. Comme d’hab, un exemplaire sera laissé en libre consultation au biblio-café de Poitiers (rue de la Cathédrale). Vous pouvez aussi vous le procurer à prix libre en nous écrivant. Bonne lecture, et à bas le travail salarié !

Le Monde Libertaire Hors-série n°51 (septembre-octobre 2013)

Le Monde Libertaire Hors-série n°51

Sommaire

Dossier: le travail pour quoi faire ?

Le travail aujourd’hui: l’incertitude programmée, par Ramón Pino groupe Salvador Seguí, page 4

Le «fruit intégral de son travail», par Eric Vilain, page 10

«L’usine crève moi je suis en vie», propos recueillis par Fred groupe Saint-Ouen 93, page 16

Le rapport au travail dans l’Antiquité gréco-romaine, par Olivier Sartre CNT Vignoles, page 22

Vers l’abolition libérale du salariat, par Guillaume Goutte groupe Salvador Segui, page 26

Santé et travail, par Moriel, page 30

Le travail sur la bobine, page 32

Porfolio, page 36

Les maisons médicales belges autogérées, propos recueillis par Karine groupe Claaaaaash, page 42

Le mouvement Désobéissance, par Loran Groupe Béthune-Arras, page 47

Istanbul: en direct de la place Taksim, par Françoise et Joël, Maldoror, page 48

Lectures, page 50

Musiques: l’1consolable, propos recueillis par Karine groupe Claaaaaash, page 52

Programme de Radio Libertaire, page 60

Les 108 groupes et liaisons de la Fédération Anarchiste, page 61

Abonnements, page 64

Editorial du Monde Libertaire Hors-série n°51

C’est la rentrée. On reprend le boulot. On recommence à marner semaine après semaine pour gagner sa croûte, pour payer son toit, pour consommer. La rentrée, c’est aussi la rentrée sociale. Le sujet de cette rentrée sociale (comme des dernières) est la réforme des retraites. Sans entrer dans le détail, il va encore s’agir d’augmenter le temps de travail fourni au cours d’une vie. Fourni pour quoi ? Pour qui ? L’organisation du travail est constamment pensée et optimisée. Mais pas par ceux qui fournissent le travail ; et la variable qu’on cherche à optimiser n’est certainement pas l’émancipation du travailleur.

Les usines de construction automobile, dès les années 20, ont mis en application les théories sur la rationalisation du travail (Taylor, Ford). Taylor prônait de diviser le travail verticalement (les concepteurs en haut et les exécutants en bas) et horizontalement pour minimiser les doublons et les ambiguïtés. Ford a augmenté la division horizontale en parcellisant le travail. La productivité s’en est trouvée augmentée et les ouvriers un peu plus dépossédés de leur autonomie et de leur compétence. Le prix de revient, donc d’achat pour le consommateur, est amélioré au détriment de l’ouvrier.

Maintenant, dans tous les secteurs on déplore toujours plus les raisonnements gestionnaires menés par des décideurs qui ne connaissent pas le cœur de métier. L’individu est contrôlé à coup d’indicateurs, de mesures de performance. Les travailleurs sont pressurisés, sommés de cravacher mieux que le voisin, de turbiner plus rentable pour moins cher. Le travailleur est une ressource pillée comme les autres. Les travailleurs ne reconnaissent plus leur travail. En voyant les vagues de dépressions nerveuses voire de suicides au boulot, on se rappelle l’origine du mot « travail » (tripalium, un instrument de torture).

Encore cette année, un des orateurs de l’université d’été du MEDEF a été le commandant de la légion étrangère. Le discours des idéologues de l’entreprise ressasse un vocabulaire guerrier de conquête, de compétition. Et ils radotent que le coût du travail est trop élevé. Ils demandent toujours plus d’engagement de la part des salariés et revendiquent de pourvoir virer qui ils veulent sur un claquement de doigts, au nom de la compétitivité. Et ces parasites grignotent chaque année un peu plus ce qu’ils sont censés reverser à la collectivité. Et ceux qu’on désigne à longueur de bulletin d’information sont les chômeurs.

Dénoncer cette dichotomie entres possédants et exploités ne suffit pas. Aucun ponte, aussi puissant soit-il, ne serait capable d’asservir toute la main d’œuvre qu’il emploie sans le concours de la hiérarchie d’intermédiaires, de chefaillons ni des flics qui tabassent les ouvriers qui osent se révolter. Comme à chaque rentrée sociale, on va voir des travailleurs défiler derrière la sono qui hurle que « c’est pas à l’Élysée ni à Matignon qu’on obtiendra satisfaction », dans des manifs décidées par les partenaires sociaux (partenaires qui vont à Matignon et à l’Élysée, eux). C’est à se demander si c’est utile de s’accrocher à une usine de merde ; s’il ne vaudrait pas mieux faire crever tous ces lieux d’asservissement tant qu’on est encore en vie, envoyer bouler cette hiérarchie syndicale et productiviste.

Il paraît que, dans les années 30, Keynes avait prédit qu’à la fin du XXème siècle, les technologies seraient suffisamment avancées pour qu’on envisage ne travailler que 15 heures par semaine. On en est loin. Et pourtant… est-ce qu’on n’arriverait pas à vivre beaucoup mieux en travaillant beaucoup moins ? Pour ce numéro de rentrée, le Monde Libertaire Hors-Série s’est penché, dans son dossier principal, sur le thème du travail.

Avec un pro-nucléaire nommé à la tête de l’Ifremer, la mer est bien barrée !

Avec un pro-nucléaire nommé à la tête de l’Ifremer, la mer est bien barrée !

L’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer) est un établissement public (étatique) rattaché à trois    ministères (écologie, agriculture, recherche). L’Ifremer est une référence scientifique pour le monde maritime et politique. L’Ifremer a plusieurs stations sur le littoral, dont Lorient et La Trinité-sur-Mer pour le Morbihan. Il participe à la « stratégie    nationale pour la mer et les océans » qui consiste en gros à surveiller et analyser l’état des ressources, à adapter et développer l’exploitation « durable » des océans.    « Durable » au sens de « développement durable« , vous savez, l’hypocrite oxymore pour justifier une exploitation continue et rapportant des profits… Comme tout organisme    étatique, il est au service du développement capitaliste (la nomination d’un nucléocrate à sa tête s’inscrit dans ce cadre…). Ainsi, le Conseil des Sinistres vient de     nommer « un spécialiste de l’énergie », P-DG d’Ifremer. Ouest-France nous apprend que « François Jacq (…) est aussi docteur    de l’école nationale supérieure des Mines et ingénieur général des Mines. (…) En 2000, il est devenu directeur de l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra). Il a    ensuite occupé des fonctions au sein du ministère de l’industrie, toujours autour des questions d’énergie. »

Un nouveau serpent de mer radioactif avalé par les ministres EELV ?

Cette nomination ne relève pas du hasard… On peut toujours attendre les études d’Ifremer sur les conséquences sur la faune marine, de la pollution    radioactive à La Hague ou en rade de Brest…

Par ailleurs, voici un communiqué de la Fédération antinucléaire Bretagne (dont nous sommes    membres) du 16 septembre 2013 :

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La mer n’est pas une poubelle, la terre non plus ! Et nous ne sommes pas des cobayes.

La Fédération anti-nucléaire Bretagne, réunie samedi 31 août 2013 à Quimper, fait l’édifiant constat qu’avant, pendant et après les vacances, la mer    est une poubelle nucléaire, la terre aussi. Albert Jacquard, humaniste d’une grande sagesse, qui nous a quitté ce 11 septembre 2013, répétait inlassablement que l’humanité court à son    suicide si elle n’arrête pas le nucléaire.

– Le 19 juillet, prenait fin officiellement la « pêche à la ligne » des morceaux du M51 qui avait explosé début mai au large de la Pointe de    Penmarc’h. En effet la pêche traditionnelle avait été interdite dans une zone de 900 Km2. Pendant 15 jours, 20 bateaux de pêche, tirés au sort par le Comité des pêches du Finistère et la    Préfecture maritime, ont reçu 2800 euros par jour pour « blanchir la zone » soit au total près d’un demi-million d’euros (lire Le Télégramme 27/08/2013). Le M51 est un missile    destiné au transport de bombes nucléaires. Jusqu’à fin septembre la recherche continue et sera récompensée à hauteur de 300 euros par débris rapporté.

– Parallèlement dans le Pacifique, la centrale de Fukushima déversait et continue à le faire 350 tonnes par jour d’eau contaminée au Césium    137, au Strontium 90 (15 fois le taux normal de l’eau de mer) et quelques 60 autres radioéléments. La nappe s’étend jusqu’aux côtes du Canada et des USA et soucie les autorités    sanitaires de ces pays, certains enfants présentent des pathologies anormales. De même les fûts « étanches » garantis 5 ans par le constructeur (330 000 tonnes à ce jour mentionnés dans Le Canard    enchaîné du 11 septembre 2013) présentent des fuites qui contaminent zone de stockage et personnel de surveillance.

– Dans l’Est de la France, le Centre nucléaire militaire de Valduc et du CEA lançait un appel d’offres pour l’acquisition de 4000 autocuiseurs    (cocotte minute) devant servir au transport de plutonium.

– L’ICEDA (Installation de Conditionnement et d’Entreposage de Déchets Activés) sur le site du Bugey est destiné à recevoir les déchets les plus    radioactifs issus du démantèlement des réacteurs nucléaires. Pourtant en cas de rupture du grand barrage hydroélectrique du Vouglans situé en amont du site, les captages d’eau potable de    la ville de Lyon située à 30 km du site du Bugey, seront tous empoisonnés. Plusieurs recours en justice ont été rejetés par le Conseil d’Etat ce printemps et le Président de la    Commission d’Enquête publique relative au permis de construire de l’ICEDA vient de donner un avis favorable malgré 105 contributions défavorables contre 10 favorables.

Le nucléaire ce n’est pas que de l’électricité ! La Fédération anti-nucléaire Bretagne exige le désarmement de tous les sous-marins nucléaires    français, l’arrêt des programmes de recherche et développement de l’énergie nucléaire civile et militaire, l’arrêt de l’utilisation de l’uranium appauvri dans les armes dites « conventionnelles »     utilisées dans la perforation des blindés et bunkers avec l’arrêt immédiat de tous les réacteurs nucléaires comme vient à nouveau de le faire le Japon ce 15 septembre 2013. Ses 54 réacteurs sont tous à l’arrêt. Nous ne voulons pas être les cobayes de la prochaine catastrophe, nous ne voulons pas apprendre à vivre avec de la radioactivité dans nos assiettes, sur    nos plages ou dans l’air que nous respirons.

Vu sur le blog des groupes Libertaire Lochu-Ferrer (Vannes-Lorient), 16 septembre 2013

[Poitiers] Non à la bagnole électrique !

NdPN : promotion aujourd’hui à Poitiers de la voiture qui roule au nucléaire… et un article de l’excellent site carfree, qui remet les pendules à l’heure !

Poitiers : lancement du Tour Poitou-Charentes des véhicules électriques

Avant la première étape prévue mercredi, les concurrents participant au tour Poitou-Charentes des véhicules électriques se réuniront place Leclerc à Poitiers de 16h à 18h30 ce mardi, pour l’inauguration de ce rallye, vitrine itinérante pour les modèles et leurs constructeurs. Des essais de véhicules électriques et un village destiné aux entreprises est prévu de 11h à 15h au Futuroscope.

Nouvelle République, 17 septembre 2013

Passer à la voiture électrique, c’est comme changer de marque de cigarettes

La voiture électrique n’est pas la solution écologique que les constructeurs et les médias voudraient nous vendre. En fait, l’objectif réel de la voiture électrique semble être de continuer à vendre toujours plus de voitures à des consommateurs occidentaux qui se désintéressent de plus en plus de la voiture. Mais passer de la voiture thermique à la voiture électrique revient en fait à changer de marque de cigarettes, la pollution n’est pas exactement la même mais le résultat final est le même.

Comme chacun le sait, les ventes de voitures en France et en Europe n’en  finissent pas de plonger, ce qui n’est pourtant pas le cas à l’échelle  mondiale. Sur le premier semestre 2013, les ventes de voitures ont  progressé de 2,8% à l’échelle mondiale, ce qui représente le chiffre  faramineux de 42.64 millions de voitures neuves vendues sur la planète,  soit en rythme annuel plus de 80 millions de voitures neuves qui  viennent s’ajouter à un parc automobile mondial composé de plus d’un  milliard de voitures en circulation.

Il semblerait bien que les pays européens aient atteint leur taux de saturation: trop de voitures partout, et plus assez de place pour les faire rouler. Les villes anciennes européennes ne permettent pas d’accueillir indéfiniment des quantités toujours plus grandes de nouvelles voitures. La vieille Europe a bien essayé de copier le contre-modèle américain de l’étalement urbain et de la pavillonarisation, les rues de nos villes restent peu ou prou aussi larges qu’à l’époque pré-automobile. A moins de détruire des secteurs entiers des villes pour doubler la largeur des rues, la voiture européenne est condamnée à rouler au ralenti dans les rues embouteillées.

En outre, avec la crise, quel sens cela a-t-il de continuer à acheter des voitures neuves qui coûtent une fortune quand les alternatives à l’automobile individuelle se multiplient (transports en commun, vélo, autopartage, etc.) sans les contraintes inhérentes à la possession et l’entretien d’une voiture?

Ajoutez à cela la pollution, le réchauffement climatique et la fin du pétrole, et n’importe qui de sensé devrait réaliser que l’automobile individuelle est un mode de déplacement inapte à assurer durablement le transport de dizaines de millions de personnes tous les jours.

Sauf que dans le monde capitaliste, il n’y a pas d’alternative crédible au « make money or die » (faites de l’argent ou mourrez). Du point de vue de l’industrie, ce n’est pas exactement la même chose de vendre aux clients des voitures à 25.000 euros ou des vélos à 250 euros…

Alors, il fallait inventer d’urgence un nouveau concept pour reconquérir le gogo client, à savoir la voiture électrique. Pour l’industrie automobile, le traditionnel client de l’automobile a subi probablement un « lavage de cerveau » de la part du lobby écologiste mondial, aussi il faut lui fournir désormais un produit adapté à sa nouvelle lubie, à savoir une voiture « zéro pollution », « zéro émissions », voire même une voiture qui nettoie l’air pollué des villes!

Comme il n’y a pas 36 façons de produire une voiture et que tout a déjà été à peu près inventé, on nous a ressorti la voiture électrique inventée il y a plus de 100 ans. Les services marketing de l’industrie automobile ont sans doute pensé que puisque la pollution générée par la voiture électrique ne sortait plus du pot d’échappement mais d’une quelconque centrale située ailleurs, le client serait persuadé de « faire un geste pour la planète » tout en pouvant continuer à utiliser une voiture qui pèse toujours plus d’une tonne pour transporter son précieux corps de 70 kg.

Le problème, c’est que le client de l’automobile s’en fout assez royalement de la planète! Ce qui est assez normal car quelqu’un qui a roulé des dizaines d’années en diesel qui pue et qui tue a quand même montré assez clairement que la planète n’était pas sa première préoccupation…

En effet, les ventes de voitures électriques ne décollent toujours pas. On l’a dit ici-même en janvier dernier, le journal Le Monde le confirme encore aujourd’hui, « c’est plat comme un encéphalogramme de coma dépassé ». Voire même, les ventes de voitures électriques qui n’étaient pourtant pas bien hautes auraient presque tendance à baisser! Et pourtant, l’Etat qui comme chacun le sait est plein aux as, accorde de généreuses subventions à l’achat de voitures électriques.

Comment expliquer une telle bérézina? Toutes les explications sont envisageables. Même largement subventionnée, la voiture électrique reste encore très chère. Au passage, plus personne ne parle désormais de la voiture électrique qui allait coûter quelque chose comme 0,02 centime par km… Le client de la bagnole est sans doute un pigeon mais il ne faut pas pousser le bouchon trop loin non plus. Tout le monde a compris que la simple « coque » d’une voiture électrique coûtait quasiment aussi chère qu’une voiture thermique normale et que la batterie était une sorte de mini-centrale coûtant une fortune, avec une durée de vie des plus faibles pour vous fournir au bout du compte une autonome de 250 km maximum.

Donc, même avec les meilleures intentions du monde, l’automobiliste qui ne souhaite probablement pas sauver la planète mais au moins avoir l’impression de faire un petit geste pour l’environnement, reste avant tout un consommateur lambda dont le pouvoir d’achat a l’autonomie d’une voiture électrique, c’est-à-dire peu de chose.

Mais surtout, une autre explication commence peut-être à se faire jour. Nous le disons maintenant depuis longtemps, mais la voiture électrique n’a rien d’écologique. Malgré le discours des constructeurs, de tout le marketing et de la pub, le consommateur est peut-être en train de comprendre qu’une fois de plus on essaye de l’enfumer.

La chaîne de télévision Arte a publié récemment un article de Ozzie Zehner, de l’Université de Californie à Berkeley, auteur d’un récent ouvrage qui va faire date: « Green Illusions » (« Illusions vertes »), un manifeste dénonçant « les secrets sales des énergies propres ».

Et dans cet article Ozzie Zehner utilise une métaphore particulièrement forte pour parler de la voiture électrique:

En y regardant de plus près, abandonner la voiture à essence au  profit de la voiture électrique s’apparente plutôt au fait de changer de  marque de cigarette ».

Cette phrase toute simple résume assez bien toute la question de la voiture électrique. Si on fait le bilan global, une voiture électrique est tout aussi polluante qu’une voiture thermique, même peut-être plus. Ce qui est en cause, ce sont les modes de production de ces voitures, particulièrement énergivores,  ainsi que les sources d’énergie utilisées pour leur alimentation, tel  que le photovoltaïque.

Dans les pays occidentaux nucléarisés, la voiture électrique est censée rouler pour une bonne part à l’énergie nucléaire. Si vous êtes pro-nucléaire, pas de problème, jusqu’au jour où la centrale située à 300 km de chez vous explosera et que vous devrez déménager pour ne pas être contaminé. A l’échelle mondiale, la voiture électrique est censée rouler au charbon, dont le bilan écologique reste, comment dire, à démontrer.

C’est pourquoi, les partisans de la voiture électrique se sont trouvé une nouvelle passion, les énergies renouvelables. Si on les écoute, on va remplacer le milliard de voitures en circulation sur Terre par des voitures électriques qui rouleront avec l’énergie solaire ou éolienne ou marémotrice ou je ne sais quoi. Sur le papier, c’est magnifique, enfin une solution propre! Sauf que la réalité est bien évidemment tout autre.

En fait, sans compter les voitures électriques, on a déjà du mal à dépasser à l’échelle mondiale les 10% d’énergie renouvelable. L’écrasante majorité de l’énergie produite et consommée à l’échelle mondiale relève du charbon, du gaz, du pétrole et du nucléaire. La-dessus il faudrait ajouter un milliard de voitures électriques?

Alors on nous dit qu’on va couvrir la Terre d’éoliennes ou de panneaux photovoltaïques. Sauf que ça coince aussi. Les cellules photovoltaïques contiennent des métaux lourds et leur  production libère des gaz à effet de serre tels que l’hexafluorure de  soufre qui, selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur  l’évolution du climat, a un potentiel de réchauffement climatique 23 000  fois plus élevé que le CO2. De plus, des carburants fossiles  sont utilisés pour extraire les matières premières requises pour la  production de cellules solaires et d’éoliennes, de même que pour leur  fabrication, assemblage et maintenance. Il en va de même pour les  centrales électriques utilisées à titre de sécurisation. Par ailleurs,  le démantèlement de ces installations exige lui aussi un recours massif  aux carburants fossiles.

Selon Ozzie Zehner, une étude menée par des universités américaines conclut que, d’ici 2030,  les véhicules hybrides et électriques tributaires du réseau électrique  provoqueront davantage de dommages environnementaux que les véhicules  traditionnels à essence, même si l’on tient compte du progrès technique.

Et en matière de lutte contre le réchauffement climatique, le soi-disant argument fort de la voiture électrique, ce n’est pas mieux. Une évaluation réalisée par la Royal Society of Chemistry a montré que  si l’on adoptait intégralement la voiture électrique en Grande-Bretagne,  cela ne réduirait que de 2 % les émissions de CO2 dans tout  le pays. L’année dernière, une étude lancée par le Congressional Budget  Office des Etats-Unis a révélé que les véhicules électriques  subventionnés « ne permettront pas ou quasiment pas de réduire la  consommation totale d’essence et les émissions de gaz à effet de serre  du parc automobile national dans les prochaines années »

Sauf que pour en arriver à ces piètres résultats, il faut produire des voitures électriques qui nécessitent des matériaux toujours plus polluants, toujours plus énergivores. Bref, c’est l’impasse.

Alors, il y a désormais une chose insupportable qui saute aux yeux. Que les constructeurs, les agences de marketing ou les médias alimentés par la pub vantent les mérites de la voiture électrique, on peut le concevoir, c’est la loi du capitalisme. Mais que des associations, des groupes ou des personnes qui prétendent se soucier d’environnement se fassent les avocats de la voiture électrique, cela devient proprement scandaleux.

Comme le dit Ozzie Zehner, c’est un peu comme si un médecin vous conseillait de changer de marque de cigarettes…

Vu sur Carfree, 13 septembre 2013