[Notre-Dame-des-Landes] Sème ta ZAD ! Appel à occupations agricoles sur la ZAD

[Notre-Dame-des-Landes] Sème ta ZAD ! Appel à occupations agricoles sur la ZAD

Appel à occupations agricoles sur la ZAD

Sème ta ZAD

Après plus de 40 ans de combat contre l’aéroport et plus de 3 ans d’occupation sur le terrain, nous paysan.e.s en lutte, habitant.e.s qui résistent, compagnon.e.s venu.e.s de toute la planète… avons préservé les terres de la ZAD du saccage aveugle et de l’urbanisation stérile. Plusieurs générations de paysan.e.s ont façonné le bocage et l’histoire autour de Notre Dame des Landes. À travers les combats syndicaux des travailleurs et travailleuses paysan.e.s, jusqu’à la bataille contre l’aéroport, l’esprit de résistance s’est transmis dans cette région. Pourtant sous la pression de l’État, certain.e.s habitant.e.s et exploitant.e.s agricoles ont été contraint.e.s de céder leurs terres à Vinci. Actuellement 250 ha sont libres.

Ensemble nous garderons ces terres et nous continuerons à les cultiver collectivement !

Nous sommes déjà nombreu.x.ses à nous organiser sous diverses formes collectives, mais il reste de la place pour d’autres projets. Nous invitons les paysan.e.s sans terre de tous horizons à nous rejoindre sur la ZAD. Pour que les cultures puissent commencer au printemps, nous vous proposons de réfléchir dès maintenant à ces installations de long terme. En respectant cette terre d’accueil venez vous installer avec vos envies, vos outils et votre « cabane de jardin », c’est réellement un des meilleurs moyens de lutter.

Voici quelques idées de projets agricoles qui pourraient s’implanter ici : Reforestation – Arboriculture – Maraîchage – Agroécologie – Permaculture – Productions de Légumineuses et de Céréales – Boulange – Brasserie – Plantation de Fleurs et de plantes médicinales – Élevage de consciences – Apiculture – Traction Animale … Culture et élevage de variétés et de populations en voie de disparition… Cette zone d’autonomie aura également besoin de compétences artisanales : Travail du bois, de la forge, de la poterie, du textile et de compétences dans les énergies renouvelables.

Pour préparer votre installation collectivement, informez-vous sur zad.nadir.org/semetazad ou contactez nous.

Nous luttons ici contre un projet d’aéroport polluant mais plus largement contre le pillage de la Terre et la privatisation du vivant. Par nos modes de vie et nos actions, nous sommes aussi concrètement en lutte contre les pratiques de l’agriculture productiviste sous perfusion européenne, qui gave les animaux et les humains : d’ogm, d’engrais, de pesticides, de produits chimiques… Nous luttons contre la contamination des sols, des eaux, du monde vivant, de l’atmosphère, contre le bouleversement climatique… contre la destruction de l’agriculture vivrière partout dans le monde, qui fragilise les sociétés humaines et entraîne des famines, contre les lobbys agro-alimentaires qui contraignent les agricultrices et agriculteurs à l’endettement, à la production normalisée, à la course au rendement et l’ensemble de l’humanité à une insensée dépendance au pétrole pour se nourrir. La résistance au cataclysme capitaliste passe par l’indépendance alimentaire locale. Nous sommes nombreu.x-ses à défendre cette terre pour qu’elle ne soit pas dévastée et nous continuerons à la défendre pour qu’elle ne redevienne pas un produit marchand pollué. Nous voulons que l’eau, la terre, se loger, se nourrir sainement, soient accessibles et gratuits pour toutes et tous. Nous invitons les personnes engagées dans ces combats, à créer des agri-collectifs autonomes et solidaires sur la ZAD, pour que nous développions ensemble, progressivement, notre autonomie alimentaire et notre diversité culturelle. C’est la multitude des cultures, des expériences de vie et de lutte qui font la richesse de la ZAD. Montrons aux parasites politiques que la croissance fertile est ici. Pour que cette énergie vitale s’épanouisse, nous continuerons à nous enraciner ici et à polliniser le reste de la Terre.

Le 13 Avril 2013, en relation avec la journée mondiale des luttes paysannes, nous appelons toutes les personnes qui soutiennent notre mouvement à participer à une grande manifestation de mise en culture des terres de la ZAD

« L’Assemblée Paysanne Sème Ta ZAD »

 

Suite de l’Appel

« Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est pour le peuple, et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs. »

Déclaration des droits de l’homme et de la femme du 24 juin 1793 – Article 35

Nous n’avons pas choisi de nous insurger par plaisir, ni par haine, mais parce que l’humanité n’a plus d’autre choix que de changer de comportement pour assurer sa survie. Nous sommes à un tournant de l’histoire de la vie sur Terre. En moins de deux siècles l’hyperactivité humaine a mis en péril 3,5 millions d’années d’évolution de la vie. Nous sommes, en ce moment même, responsables de la 6e extinction de masse des espèces vivantes. C’est pourquoi sur la ZAD et ailleurs, nous préparons le terrain pour que 7 – 8 – 9 – 10 … milliards d’êtres humains puissent atterrir, vivre libres, égaux, et en harmonie avec le reste du vivant. Il y a urgence et nous invitons les personnes qui nous entendent à s’organiser localement pour que l’activité humaine puisse avoir un impact bénéfique et non pas bénéficiaire sur son environnement.

Il fut un temps où les droits de l’homme, de la femme et le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, étaient des revendications portées par un courant politique nommé socialisme… Il serait temps que celles et ceux qui se réclament de cette idéologie se questionnent sur les raisons de leur usurpation historique et les conséquences de leurs actes sur l’humanité et sur la planète. Nous observons depuis longtemps le monde autour de nous, que ce soit sur le plan politique, social, économique, environnemental… le modèle de développement qui nous est imposé, démontre chaque jour qu’il est en perdition. Nous n’attendons plus rien des promesses de ce pouvoir hégémonique archaïque. Nous refusons de nourrir et d’enrichir par nos activités et notre consommation, des exploiteurs exploiteuses, patrons, patronnes, des banques, des forces de l’ordre qui protègent les intérêts des pouvoirs politiques et financiers qui nous mettent en danger… Nous voulons l’abolition du contrôle hiérarchique qu’illes font régner à tous les niveaux. Les idéaux qu’illes essayent de nous vendre sont corrompus. Nous ne croyons plus aux discours de celles et ceux qui ne mettent pas les mains dans la terre et qui ne connaissent que les campagnes politiques ou publicitaires ; Nous ne voulons plus de leur désinformation, de leur parodie de progrès, de leur technolobotomie. En toute conscience nous voulons utiliser les connaissances techniques et scientifiques, uniquement pour vivre plus sobrement plus doucement et pour mettre fin à ce système autodestructeur. Nous préférons cultiver nos énergies vivantes plutôt que de succomber aux énergies fossiles.

En vivant sur la ZAD nous voulons lutter contre toutes formes d’aliénation. Nous avons commencé à prendre nos vies en main et à expérimenter d’autres façons de vivre. Nous voulons connaître nos voisins et voisines, tisser des liens avec les villes environnantes et les luttes qui s’y mènent. Nous voulons prendre le temps de faire des choses ensemble, sans écrans interposés. Nous aimons manger et partager une nourriture bonne et sans label, qui soit le fruit de nos convictions. Nous voulons également que le travail devienne une joie partagée et diversifiée. Nous voulons nous épanouir pleinement et ne pas nous cantonner à un rôle sclérosé 35h par semaine. Nous ne voulons pas attendre d’avoir des diplômes et des autorisations pour agir. Nous ne voulons pas devenir des entrepreneurs et entrepreneuses mais plutôt des entredonneurs et entredonneuses. Et s’il fallait encore transiger avec la sacro-sainte illusion de propriété, convenons que la terre et les ressources naturelles sont des biens précieux qui appartiennent à tout le monde et surtout qu’il nous appartient d’en prendre soin. Nous dénonçons l’impérialisme commercial qui régente nos vies et ravage la planète, l’irresponsable compétition internationale et l’instrumentalisation des nationalismes. Ici nous créons une base pour que prolifèrent de véritables échanges internationaux, pour faire sauter les frontières. Nous voulons que la ZAD continue à être une zone multiculturelle expérimentale, libre, ouverte fondée sur le partage d’opinions, de connaissances de savoirs faire et sur l’entraide. Nous avons des rêves et nous lutterons pour les cultiver ici et partout.

Pour toutes ces raisons et pour réaliser toutes ces envies, nous revendiquons la reprise légitime des terres que l’ÉTAT / VINCI a usurpé à l’humanité et au monde vivant.

Depuis le début de l’occupation de la ZAD il y a 5 ans, les maisons abandonnées ont palpité, les cabanes ont fleuri, les potagers et les jardins collectifs ont foisonné. Pas de plan d’austérité ici, malgré notre défiance de l’argent, la vie a prospéré sur la ZAD. Au printemps 2011, à l’appel de Reclaim the Fields [Reclaim The Fields est une constellation internationale de paysan-ne-s sans terre, de paysan-ne-s en devenir, ainsi que des personnes qui veulent retrouver le contrôle de la production alimentaire : Reprenons les Champs !] nous étions mille à manifester, outils à la main, pour défricher un terrain et y installer le collectif du Sabot. Les légumes ont nourri notre lutte pendant un an et demi. Pour nous encourager le gouvernement a envoyé sa commission de dialogue casquée et armée. Le potager a été arrosé aux lacrymos et la cabane collective détruite. Presque tous les lieux où nous avions engagé nos vies ont été rasés, la répression militaire y a fait rage et nous fout encore la rage ; encore une exemplaire démonstration de la violence d’État. L’opération « Caesar » est un succès, nous restons ! Nous restons parce que nous avons de notre côté la vie, la création, l’émancipation et la responsabilité de l’avenir. Grâce au soutien du monde entier nous sommes plus que jamais déterminé.es à continuer. Ils ne pourront pas tou.te.s nous arrêter.

En novembre 2012 nous étions des dizaines de milliers à manifester et à reconstruire pour sauvegarder les terres de la ZAD et pour exprimer notre détermination face au pouvoir, qui voudrait, comme à son habitude, étouffer « démocratiquement » nos opinions.

Aujourd’hui nous sommes heureu.x.ses de vous annoncer que les saboteureuses ont déjà fait de nombreux rejetons !

Au printemps 2013, même si ce pouvoir espère encore piétiner nos vies, quoi qu’il arrive, cette lutte qui s’est largement propagée, fleurira de plus belle. Au printemps nous vous appelons tou.te.s : « semeureuses volontaires » à venir avec vos pelles, vos graines, vos plants et votre joie de vivre pour ensemencer la ZAD.

En écho à toute la solidarité que nous avons rencontré, nous voulons à notre tour alimenter dès que possible des cantines populaires, nourrir d’autres luttes et partager le goût d’espérer.

« L’Assemblée Paysanne Sème Ta ZAD »

ZAD, 25 janvier 2013

Vu sur le Jura Libertaire, 18 février 2013

NdPN : voir aussi, sur le Juralib, une interview sur l’expérience de la ferme autogérée du Sabot

[Poitiers] DAL 86 : Compte rendu de l’audience au TI du 15-02-13

Compte rendu de l’audience au TI du 15-02-13

Beaucoup de monde au Tribunal d’Instance en cette matinée. Beaucoup de dossiers aussi. L’affaire n’a été plaidée qu’à la fin à partir de 13h15. Grosse pression de la police remarquée par l’avocate dans sa plaidoirie. Les policiers se sont relayés tout au long de la matinée. Entre deux et six présents en même temps, plus un policier des renseignements généraux, pour être une dizaine avec des Officiers de Police Judiciaire à la fin vers 13h50, où il n’y avait qu’eux, la famille (la mère et sa fille de 13 ans), leur avocate et un membre du Dal…. Et tout ça, rappelons-le pour une audience au TRIBUNAL d’INSTANCE… Un goût amer de vrai Etat policier.

L’avocate de la partie adverse a plaidé en vue de l’expulsion immédiate de la Famille L. en invoquant deux raisons : la situation est dangereuse du fait de la défectuosité du système électrique et parce qu’ils seraient rentrés par « voie de fait ».

La stratégie est claire : ne pas jouer le droit de propriété contre le droit au logement mais centrer sur le bien de cette famille (la dangerosité du système électrique) et sur la seule chose légale qui pourrait amener le juge à prononcer une expulsion immédiate : l’entrée par voie de fait.

Or il se trouve que la partie adverse n’a aucunes preuves sur ces deux points. Sur la dangerosité du système électrique, le rapport produit date certes du 6 novembre 2012 mais ne précise pas que le système électrique actuel est dangereux et indique que « l’installation intérieure d’électricité n’était pas alimentée lors du diagnostic », et la partie adverse n’a produit aucune preuve que l’électricité est aujourd’hui alimentée dans la maison.

Sur l’entrée par voie de fait, il faudrait que la partie adverse ait les preuves qu’il y ait bien eu dégradation et qu’elle soit du fait de madame L. Or, il n’en est rien. La famille a toujours dit être rentrée par la porte ouverte le 27 décembre 2012 et ce n’est que le 6 janvier suivant que les propriétaires ont constaté que l’immeuble était occupé. Ils ne savent donc pas ce qu’il s’est passé le 27 décembre et donc n’ont aucune preuve de ce qu’ils affirment. Dans la plainte qu’il ont déposé le 23 janvier, ils affirment même qu’il étaient venus pour « vérifier si un menuisier qu’il avaient commandé avait posé une fenêtre qui était cassée ». La maison n’était donc pas totalement fermée lorsque la famille L. y a pénétré. De plus la partie adverse affirme que la famille L. est rentrée dans les lieux en « forçant la serrure » et produisent comme preuve un rapport d’huissier qui date du… 28 janvier soit plus d’un mois après l’entrée dans les lieux de la famille.

L’avocate de la famille L. a balayé ces arguments de mauvaise foi et a répondu en demandant que la loi soit appliquée. Non seulement, nous l’avons vu, il n’y avait aucune raison de réduire le délai de deux mois mais a demandé de le rallonger comme c’est prescrit dans l’article L412-2 du Code des procédures civiles d’exécution, du fait « des conséquences d’une exceptionnelle dureté » que cela a sur cette famille : nous sommes en hiver, il y a deux enfants de 9 mois et de 13 ans et cette famille malgré les démarches qu’elle a faite auprès des autorités compétentes, est dans une situation des plus précaires.

Elle a même demandé l’application de l’article L412-3 du Code des procédures civiles d’exécution qui stipule que « Le juge peut accorder des délais renouvelables aux occupants de locaux d’habitation ou à usage professionnel, dont l’expulsion a été ordonnée judiciairement, chaque fois que le relogement des intéressés ne peut avoir lieu dans des conditions normales, sans que ces occupants aient à justifier d’un titre à l’origine de l’occupation. »

Une remarque concernant les démarches de la famille L. qui n’aurait pas fait de demande de « logement social ». C’est un fait avéré, sur Poitiers tout le monde, surtout les autorités, confondent tout et n’importe quoi. L’avocate adverse n’échappe pas à cette règle. Il est clair que la situation de la famille L. ne peut pas lui permettre de prétendre à un logement social comme elle leur a reproché mais seulement à un hébergement d’urgence. Et c’est là que le bas blesse. Dès le samedi 22 décembre au milieu de l’après-midi ils ont appelé le 115. La personne du standard du 115 a pris leurs noms et leur a dit qu’il n’y avait pas de place. L’un des militants du DAL86 a alors pris le téléphone et a insisté en appuyant sur le fait qu’il y avait un enfant de 9 mois, un autre de 13 ans qui étaient à la rue. La personne du standard du 115 a alors répondu qu’elle allait se renseigner et qu’il fallait rappeler dans une heure. Quand les personnes ont rappelé, le standardiste du 115 leur a dit qu’il y avait des places mais à 20 km de Poitiers… Le DAL86 les a ensuite conduit à l’Aide Sociale à l’Enfance le 24 décembre mais c’était fermé, puis le 26 décembre. Selon l’ASE, la situation de ces familles, de ces enfants de 9 mois et de 13 ans, n’était pas « préoccupante » puisqu’ils couchaient dans une voiture ! Et il ont refusé la prise en charge. Dès le 3 janvier, madame L. a fait un courrier recommandé au préfet dans lequel elle explique sa situation et demande d’être prise en charge, elle et sa famille. Elle n’a toujours pas eu de réponse à ce jour. Et le 6 janvier, par l’intermédiaire du Dal86, la famille L. a proposé aux propriétaires de faire un bail précaire le temps de la vente. Les propriétaires n’ont à ce jour donné aucune suite. D’autre part, la famille L. a une assistante sociale et est suivie par de multiples services sociaux et médicaux, le CCAS, la PMI, le CHU, le Relais Charbonnier, la Croix Rouge, le Secours Catholique… qui semblent être bien indifférents à leur situation dramatique.

La loi : Code des procédures civiles d’exécution Articles L412-1 à L412-8

DAL86 – dal86@free.fr – 06 52 93 54 44 / 05 49 88 94 56

Permanences : tous les samedis matin de 11h à 12h et tous les mardis soirs de 17h à 18h Maison de la Solidarité 22 rue du Pigeon Blanc Poitiers

Vu sur DAL 86, 18 février 2013

REFLEXes : L’extrême droite, mieux la connaitre pour mieux la combattre (version 2013)

L’extrême droite, mieux la connaitre pour mieux la combattre (version 2013)

À quoi ressemble l’extrême droite aujourd’hui ? Quelle est la place du Front national ? Combien de groupes y a-t-il à sa marge, et que représentent-ils vraiment ? Pas si facile aujourd’hui de répondre. Face à une extrême droite en perpétuelle évolution, cherchant de plus en plus souvent à brouiller les cartes pour mieux se refaire une virginité et apparaître plus forte qu’elle ne l’est, il vaut mieux connaître les histoires, les alliances et les positionnements de ces différents mouvements pour mieux anticiper leurs actions et leurs politiques. Le schéma ci-dessus permet d’y voir plus clair.

http://reflexes.samizdat.net/IMG/pdf/schema-extreme-droite-2013-petit.pdf

En ce début d’année 2013 l’extrême droite française reste toujours extrêmement morcelée. Cela peut s’expliquer par des divergences idéologiques (bien que les alliances contre-nature continuent d’exister), mais également des querelles de personnes. Les rapports de force entre ces différents groupuscules se modifient régulièrement et peuvent être très rapides. Après avoir longtemps dominé par son activisme l’extrême droite radicale (comprendre tout ce qui se trouvait en dehors du FN), les Identitaires, faute d’avoir su faire évoluer leur stratégie et leur fonctionnement groupusculaire en mouvement structuré et adulte, ont petit à petit perdu du terrain face à de nouveaux groupes. On peut penser en particulier à Troisième Voie et aux Jeunesses Nationalistes (la branche « jeune » de l’Œuvre Française), qui en misant également sur l’activisme et la rue pour se faire connaître, ont de leur côté opté pour un nationalisme plus traditionnel.

S’il y a encore un an Troisième Voie et Serge Ayoub semblaient les mieux armés pour concurrencer et dépasser les Identitaires sur le terrain de l’activisme et du nombre de militants, ils ont depuis été dépassé par les Jeunesses Nationalistes d’Alexandre Gabriac. Profitant des différentes crises qu’ont connu TV et les Identitaires pour récupérer ici et là des militants égarés, voire des sections entières, les JN ont également mis la main sur le GUD Lyon et Paris, devenant ainsi en moins d’un an une structure implantée dans les principales villes de France.

À travers cet organigramme, qui ne peut qu’être éphémère, nous avons tenté de dresser le bilan de cette extrême droite, en terme d’alliance et de positionnement, afin de permettre à chacun(e) de s’y retrouver. Les présidentielles de 2012 ont quelque peu perturbé ce milieu, le principal perdant de l’histoire étant les Identitaires, qui après avoir renoncé à présenter un candidat, n’ont pas su adopter au niveau national et faire accepter une ligne de conduite claire vis-à-vis du Front National. Les Identitaires ressortent de cette période avec une scission, un Philippe Vardon qui joue de plus en plus la carte de son avenir personnel et un Fabrice Robert qui tentent de maintenir à flot un navire qui prend de plus en plus l’eau.

Du côté de l’extrême droite institutionnelle, nous avons associé au FN la mouvance souverainiste qui revient sur le devant de la scène comme force d’appoint du parti de Marine Le Pen, ainsi que les différentes tendances « radicales » de l’UMP (la Droite populaire ayant ouvert la voie). Reste à voir quelle sera l’attitude sur le moyen et long terme de ces différentes tendances à l’égard du Front national : mais dans le discours, tous les verrous ont déjà sauté. Par ailleurs, le cinquantenaire de l’indépendance de l’Algérie nous donne l’occasion d’intégrer au schéma un réseau peu connu et pourtant un des plus anciens et mieux organisés de l’extrême droite, celui des nostalgiques de l’Algérie française.

15 février 2013

REFLEXes http://reflexes.samizdat.net

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Communiqué de la Fédération Anarchiste

Crise économique : toujours moins pour les salariés, toujours plus pour le patronat.

Crise économique : toujours moins pour les salariés, toujours plus pour le patronat.

La politique économique du gouvernement s’inscrit dans une continuité libérale. Tout d’abord, le gouvernement n’a pas de marge de manœuvre du fait du jeu des marchés, de ses liens avec le patronat et du faux fédéralisme qu’est l’Union européenne qui place le pays en situation de contrainte, dominé par la direction allemande, représentée par la chancelière Merkel.

De plus, le gouvernement, dans ce contexte, applique une politique d’austérité. Il cherche à réduire les remboursements de la Sécurité sociale. Son plan de lutte contre la pauvreté sonne comme une insulte, une aumône : le RSA est augmenté de moins de 10 euros par mois et le SMIC a été augmenté de 3 à 4 euros par mois ! Mais, Il accorde 20 milliards d’euros au patronat et baisse ses charges sociales sur trois ans.

Ce gouvernement annonce une nouvelle réforme de la retraite qui réduira encore le pouvoir d’achat des retraités ou prolongera de quelques années l’obligation de travailler pour obtenir une retraite, parfois indécente. Hollande nous avait promis des sauvetages en nombre des entreprises en faillite. Que de promesses non tenues…

Que dire de la remise en cause du code du travail visant à favoriser une flexibilité qui rendra tout salaire aléatoire, qui instaure les baisses de revenus, rend obligatoire la mobilité, facilite les licenciements en cas de restructuration ? Drôle de gauche ! Mais rien de surprenant pour nous, anarchistes, qui n’avons aucune illusion sur la social-démocratie incarnée par le gouvernement Ayrault, ni sur l’État, bras droit du patronat.

Cette politique bénéficie de la complicité des directions syndicales – et surtout de la CFDT qui, depuis des années, entérine les lois rognant les acquis des salariés.

L’accord sur la « flexisécurité », c’est la généralisation d’une complémentaire santé misérable, une limitation bien faible du temps partiel. À cela s’ajoutent des droits “rechargeables” à l’assurance-chômage, le patronat concédant une dérisoire augmentation des cotisations correspondantes. Nous soulignons que cette petite concession patronale n’est rien si l’on considère la masse financière des défiscalisations accumulées, ces dernières décennies. Ces droits rechargeables seront surtout l’occasion de permettre aux patrons de payer encore moins les salariés à l’embauche, sous prétexte qu’ils continueront de percevoir des allocations.

L’État envisage un projet de loi basé sur cet accord scélérat élaboré par la CFDT et le patronat sur la « flexisécurité » et validé aussi grâce à la CFE-CGC et la CFTC.Allons-nous rester les bras croisés ?

De son côté, la Fédération anarchiste soutiendra ceux qui se battent contre ce sabotage des droits acquis par les salariés, au prix d’âpres luttes, et qui annonce un salariat à la botte du patronat et une aggravation généralisée des conditions de vie du plus grand nombre.

De ce point de vue, sans se faire d’illusion sur les intérêts et manœuvres d’appareil, la Fédération anarchiste est attentive au rapprochement entre la CGT et FO (non signataires), auxquelles pourraient se joindre la FSU, Solidaires et la CNT. En effet, une telle évolution permettrait d’ouvrir une perspective pour les salariés et les chômeurs, à la base, afin d’imposer une véritable résistance sociale sans laquelle tout espoir de changement réel est vain.

Alors que le gouvernement se vante de vouloir réduire les dépenses publiques, pourquoi ne commence-t-il pas par attribuer les allocations familiales en fonctions des revenus ? Ce gouvernement, dit de gauche, préfère, au nom de la compétitivité, s’en prendre à ceux qui sont déjà exploités.

La Fédération anarchiste appelle à la lutte contre ce gouvernement et sa politique économique, qui n’a de socialiste que le nom.

Non à la collusion entre des syndicats et le MEDEF. Non à une politique d’austérité qui plonge dans la misère ceux qui sont, déjà, en grande difficulté.

Secrétaire aux Relations extérieures de la Fédération anarchiste, dimanche 17 février 2013

[Poitiers]  » Le théâtre est à nous  »

NdPN : du monde contre la privatisation du Théâtre à Poitiers, et tant mieux. Deux remarques néanmoins. D’une part, la pétition ne sert à rien, et les partis qui proposent ce mode de lutte le savent très bien. Mais bon, les élections approchant, faut bien se donner une petite image, et ça ne mange pas de pain. D’autre part, ce serait chouette de voir autant de monde se rassembler lorsque des squats sont évacués à Poitiers, que des gens sont expulsés de leur logement et que des salarié-e-s sont viré-e-s de leurs moyens de production. Le théâtre est à nous ? Tout est à nous, et l’indignation n’a pas lieu d’être que lorsqu’il s’agit de lieux de « culture ».

 » Le théâtre est à nous « 

Les manifestants ont exprimé leur opposition à la vente de l’ancien théâtre, hier après-midi. – (Photo Patrick Lavaud)

250 à 300 Poitevins, opposés au projet de vente d’une grande partie de l’ancien théâtre municipal, ont manifesté samedi, place Leclerc.

Dans ce lieu, j’ai ri, j’ai pleuré et j’ai rêvé. Cette phrase a été écrite sur un papier kraft posé sur les pavés blancs, devant l’ancien théâtre, place du maréchal Leclerc. Entre 250 et 300 Poitevins, avaient répondu, hier en début d’après-midi, à l’appel à la manifestation lancé sur facebook puis relayé par la presse. Sous le soleil, au rythme de percussions lancées à plein régime, les quinquagénaires et sexagénaires (les plus nombreux) mais aussi des jeunes expriment à travers leurs écrits et leurs mots, leur attachement à ce lieu de culture promis à la vente par le maire ; leur refus de le voir transformé dans sa plus grande partie en commerces.

Les pétitions remises au maire lors du prochain conseil municipal

La Ville co-propriétaire créerait « un espace culturel dédié aux arts plastiques ». Le hall, le foyer, les miroirs de l’atelier Pansart seraient conservés. En guise de réponses, «  Pas de privé dans la cité  », «  le théâtre est à nous  », «  pas de culture dans des boîtes à chaussures  », «  Je veux des marionnettes, pas des chaussettes  », s’étalent sur les affiches. Des militants mettent en avant leur appartenance politique. Europe écologie les verts tout particulièrement. Arnaud Clairand prendra la parole pour lire un poème en alexandrin et brocarder le maire. Les jeunes communistes sont plus discrets. Le NPA et le Parti de gauche se déclarent avant tout co-organisateurs de la manifestation. Parmi les anonymes, Tess, 16 ans : « Je connais l’ancien théâtre depuis que je suis toute petite. Il fait partie de Poitiers. Ce n’est pas normal de le transformer en commerces. Il aurait été préférable d’y laisser le Tap cinéma. Il n’y a quasiment pas de salles de concert. Pourquoi pas ici ? ». Frédérique, 45 ans, déclare : « Les commerces, y’en a marre. Ce n’est pas le bon choix ». Michèle 59 ans, et Monique 62 ans, observent qu’il devait y avoir une concertation avec les habitants or « elle n’a pas eu lieu ». « Il faut que ça reste un lieu culturel. C’est un patrimoine. Il y a assez de galeries marchandes à Poitiers », assènent-elles. « Un lieu de vie et d’expression car de plus en plus de gens veulent parler », souligne France Joubert, militant syndical investi dans la cause de l’Europe. Jacques Arfeuillère (Parti de gauche) pense que cette mobilisation « qui doit étonner le maire » peut faire bouger les lignes. Frédérique a l’espoir qu’il tiendra compte de leur avis. Avant que le rassemblement ne se disloque, Maryse Desbourdes (NPA) annonce que les pétitions * seront remises lors du prochain conseil municipal le lundi 25 mars.

* Sur www.avaaz.org (pétitions citoyennes), 1.700 signatures avaient été recueillies, samedi, à 17 h 45.

Marie-Catherine Bernard, Nouvelle République, 17 février 2013

Théâtre politique

C’est parti ! La campagne des municipales est bel et bien lancée, dans les rangs de la gauche poitevine. Alain Claeys a clarifié la situation, jeudi, en annonçant qu’il sera candidat au renouvellement de son mandat de maire. Des jeunes socialistes à son adjoint à la cohésion sociale, Michel Berthier, en passant par le communiste Jean-Jacques Guérin, beaucoup ont aussitôt salué sa décision. La gauche de la gauche et les écologistes sont désormais contraints, pour leur part, à accélérer le pas. Ils ont déjà trouvé un premier terrain d’affrontement, avec la transformation annoncée de l’ancien théâtre municipal en lieu d’exposition, géré par la ville, et en espace commercial. Vide depuis le départ de la programmation art et essai du Tap cinéma, qui lui a préféré trois salles plus modernes au CGR Castille, le vieux bâtiment des années cinquante devient l’emblème de cette précampagne. Quel meilleur endroit que la place d’Armes pour ces grandes manœuvres ?

Alain Defaye, Nouvelle République, 17 février 2013