M. Harlem Désir, un peu d’histoire !

Communiqué : M. Harlem Désir, un peu d’histoire !

Ignorance de l’histoire ou déni de l’histoire, les propos de Harlem Désir, le 21 janvier 2013, dans Mots croisés, sur France 2, à propos de l’accueil réservé aux réfugiés espagnols en 1939, sont inacceptables. Comment oser dire que ces Espagnols étaient fiers de la solidarité de la France ?

Comparant la gratitude qui serait celle de Maliens de 2013 envers la France à une présupposée gratitude des Espagnols républicains de 1939 à l’adresse du même pays qui aurait été accueillant pour eux, Harlem Désir a tenu ces propos : « Juste avant cette émission, j’étais à Montreuil où nous organisions une réunion de solidarité avec le peuple malien et j’ai vu des hommes et des femmes, beaucoup de Maliens de France, qui étaient à la fois inquiets, pour leur pays, comme ont pu l’être des réfugiés, vous savez, des Espagnols ou autres qui ont été accueillis en France au moment où leur pays traversait des drames et des guerres, et qui en même temps étaient fiers de la solidarité de la France, qui étaient soulagés, qui étaient reconnaissants. »

Or, même si en 1936 et 1937, il y eut une petite solidarité envers les Républicains espagnols en guerre civile, celle-ci a vite été interrompue par le gouvernement de gauche.

La Fédération anarchiste tient à rappeler que, parmi les 500 000 réfugiés espagnols fuyant le franquisme, après avoir, pour nombre d’entre eux, mené un âpre combat contre les forces franquistes, mais aussi contre ses alliés nazis et les supplétifs de Salazar, au moins 330 000 se sont retrouvés dans des camps de concentration (appellation officielle).

La solidarité n’était pas de mise, sauf chez certains militants de gauche, des anarchistes et quelques entités caritatives. En métropole et au Sahara colonisé, le gouvernement recevait ces Espagnols antifascistes, sans l’avoir anticipé – alors que les évènements présageaient une arrivée massive –, dans les camps de la honte du sud du pays. 17 000 personnes y périrent, ne parvenant pas à lutter contre le vent froid, la pluie, l’insalubrité, le manque d’eau potable, l’insuffisance des équipements sanitaires, la typhoïde, la tuberculose, le paludisme, le désespoir. Au Sahara, les conditions de vie étaient encore pires et certains y croupirent jusqu’en 1942. Rappelons aussi que les révoltes étaient punies d’emprisonnement dans des espaces disciplinaires et que les punitions brutales pouvaient semer la mort.

Là, il est question de l’attitude du gouvernement républicain jusqu’en 1940. Quant à celui de Vichy, il a livré des Espagnols au régime franquiste et aux nazis qui les ont déportés dans les camps d’extermination.

Pour rendre la monnaie de la pièce de la solidarité à la France, nombre d’espagnols exilés, dont de nombreux anarchistes, se sont battus contre l’occupation nazie, rejoignant la Résistance ou les Forces libres : les hommes de la 2e division blindée de Leclerc, commandée par le capitaine Raymond Dronne, la Nueve, qui, comme son nom l’indique, était composée en majorité d’Espagnols, ont été les premiers à rentrer dans Paris, le 24 août 1944, au soir.

Aussi, M. Harlem Désir, la Fédération anarchiste vous invite à revisiter votre Histoire de France, l’histoire de ces républiques et celle du comportement de ses représentants.

Secrétariat aux relations extérieures de la Fédération anarchiste.

le 27 janvier 2013

[Poitiers] Pour elles, ce Printemps-là ne reviendra pas

Pour elles, ce Printemps-là ne reviendra pas

Malgré des manifestations à répétition, les salariées du Printemps n’ont pas pu sauver leur outil de travail. – (Photo archives NR)

Fermé il y a juste un an, le grand magasin du centre-ville attend de nouvelles enseignes. Mais pour une majorité des ex-salariés, le moral est au plus bas.

C’était le 28 janvier 2012. Après des mois d’incertitudes, le Printemps, fleuron commercial du centre-ville, baissait définitivement le rideau. Après plus de 45 ans d’existence, le magasin poitevin, propriété du groupe Borletti, ne rentrait plus selon ce dernier dans sa nouvelle logique de « sites destinés à devenir des vitrines du luxe à la française ». Du côté des 46 salariées du magasin et des 45 démonstratrices, le sentiment qui prévaut aujourd’hui est celui d’un « immense gâchis ».

«  On nous a enlevé notre outil de travail  »

L’idée un temps évoquée de se rassembler pour le premier anniversaire de cette fermeture n’est plus à l’ordre du jour. « Seules 29 des anciennes du Printemps sont en congé reclassement, résume Chantal Choisy, ancienne secrétaire du comité d’entreprise, quatre sont en CDI, deux en CDD au CHU, trois ont pu monter une activité commerciale. Les autres, plus âgées, sont soit en préretraite soit ont bénéficié d’un supplément de trois mois dans le cadre de ce congé de reclassement. Mais au final le bilan est catastrophique. On s’attendait à plus de débouchés. » Malgré une convention de revitalisation qui vise à favoriser la création d’activités et l’aide à l’emploi en centre-ville (*) la situation des « ex-Printemps » ne semble guère enviable. « Quand on a eu 30, 35, 38 ans de magasin, ce n’est pas possible de tourner la page, témoigne Chantal Choisy, on n’a pas encore fait le deuil. Je ne décolère pas, c’est injuste, on nous a enlevé notre outil de travail. » L’ancienne secrétaire a pour un temps repris le chemin du travail, en tant qu’agent recenseur. Jusqu’au 28 février. Après ? « On a peu de retours. Quand on écrit ou qu’on appelle quelque part, on nous dit qu’il n’y a pas d’emplois. Quand on nous répond ! » Fin mars, les anciennes salariées doivent revoir le maire de Poitiers, « pour faire le point. » Avec encore pour certaines le secret espoir de retrouver quelque chose. Peut-être du côté des nouvelles enseignes qui s’installeront en 2014 dans l’enceinte de l’ex-Printemps…

(*) Le Lamba Blanc (esthétique), Le Cottage de Joce (linge de maison) et une activité d’antiquités brocante itinérante ont vu le jour en 2012, ouvertes par des anciens salariés. Pour bénéficier de la convention de revitalisation, les entreprises situées sur le plateau doivent proposer une création nette d’emploi, en CDI ou CDD longue durée.

Jean-Michel Gouin, Nouvelle République, 28 janvier 2013

[Saint-Léger-de-Montbrillais – 86] Le préfet passe en force en faveur de Vinci

NdPN : c’est l’une des failles du capitalisme : entre grands chantiers inutiles, existe aussi la concurrence. Dans la bagarre opposant les élus locaux pour leur Center Parcs à bobos à proximité de Loudun, et Vinci pour l’exploitation d’une nouvelle carrière de granulats pour sa LGV, le préfet a tranché hier en faveur de Vinci, en passant en force contre les élus locaux. Encore une victoire arrachée par Vinci, avec la complicité de l’Etat PS et la bénédiction de la ministre de l’écologie Batho… Et un paysage ravagé. Le préfet a pris sa décision à la veille de son départ, de même que sur la question du syndicat unique de l’eau dans la Vienne. Une belle leçon de « démocratie », pour toutes celles et ceux qui croient encore en ce simulacre.

Contre l’avis des élus le préfet dit oui à la carrière

Les travaux d’extraction pourraient commencer dans les tout prochains jours.

Saint-Léger-de-Montbrillais.   Le préfet de Région a signé hier l’arrêté autorisant Vinci à exploiter une carrière de granulats très contestée.

Sans surprise, Yves Dassonville, le préfet de Région qui doit prendre sa retraite la semaine prochaine, a annoncé hier qu’il venait de signer un arrêté autorisant la société Vinci construction terrassement à exploiter au lieu-dit « Le Moulin-à-Vent » (commune de Saint-Léger-de-Montbrillais) une carrière de granulats. Ceux-ci seront destinés aux remblais de la future ligne ferroviaire à grande vitesse Sud Europe Atlantique.

Pour le préfet, il n’existe aucun motif de dire non

Le préfet, qui affirme que la ministre de l’Écologie Delphine Batho « ne s’est pas opposée à cette signature », n’a donc pas tenu compte des nombreuses interventions d’élus de tout bord (hormis la plupart des élus locaux) opposés à ce projet de carrière de 4 hectares, situé dans le prolongement d’une première carrière abandonnée le long de la route de Saumur. « On est dans un état de droit, martèle Yves Dassonville. Je vois mal comment je pourrais refuser l’autorisation à cette carrière. Le dossier a été examiné sous toutes les coutures. Supposons que je ne donne pas l’autorisation, immédiatement Vinci m’attaque et immédiatement Vinci gagne. » Le préfet fait valoir qu’il n’existe aucun motif administratif ou environnemental de s’opposer à ce projet, qui constitue « la moins pénalisante des solutions ». Ce projet a d’ailleurs obtenu l’avis favorable du commissaire enquêteur chargé de l’enquête d’utilité publique, puis de la Commission départementale de la nature. L’arrêté préfectoral stipule que Vinci est autorisé à exploiter la carrière et à concasser les granulats jusqu’au 31 décembre 2013, de façon à ne pas interférer avec le chantier du futur Center Parcs des Trois-Moutiers, situé à 5 km de là. Le site devra être réhabilité au plus tard le 31 mars suivant. Les travaux d’extraction pourraient commencer dans les tout prochains jours. Hier soir, Gérard Leclerc, porte-parole de l’Association de protection du patrimoine architectural et rural (Appar), principal opposant au projet, a indiqué qu’un recours administratif est à l’étude. Il a dénoncé « un coup de force sous la pression d’intérêts privés », précisant : « On se demande ce qui a bien pu se passer. Jusqu’à avant-hier, on nous disait que le préfet laisserait la décision à son successeur. »

Vincent Buche, Nouvelle République, 26 janvier 2013

Incompréhension et colère des élus

Ségolène Royal présidente de la Région

Je m’étonne que le préfet puisse prendre une décision aussi lourde de conséquences, à quelques jours de sa fin de fonction. Cet arrêté préfectoral intervient malgré l’avis négatif de tous les élus du territoire et alors que le ministère de l’Environnement avait pris soin de consulter tous les élus locaux qui sont contre cette ouverture. Cette décision va ralentir les travaux de Center Parcs et les activités nouvelles ainsi que les emplois qui doivent être créés.

Jean-Pierre Raffarin sénateur de la Vienne

Je suis surpris que Mme Batho (ministre de l’Écologie, proche de Ségolène Royal, NDLR) n’ait pas demandé au préfet de protéger l’environnement dans ce nord de la Vienne pour lequel nous avons choisi le développement durable. On a voulu inscrire Center parcs ans une stratégie de développement durable. Cette décision ne me paraît pas compatible avec ce choix. En général, c’est un ministre qui donne des ordres au préfet et non pas l’inverse. Quelle est l’autorité de Mme Batho ? Et quelle est l’influence de Mme Royal sur Mme Batho ?

Claude Bertaud président du Département

Je regrette la décision prise par la commission départementale de la nature, qui a donné un avis favorable. Je souhaite que la ministre Delphine Batho prenne une décision qui ne suive pas ce vote (1). Si l’exploitation de la carrière a finalement lieu, il faudra que nous soyons certain qu’elle s’arrête avant la fin 2013.

Véronique Massonneau députée

Je suis à la fois surprise et très déçue de cette décision, ayant clairement fait savoir depuis plusieurs mois mon opposition à ce projet, non seulement au préfet de région mais également à la ministre de l’Écologie, qui m’avait consultée. Je suis très inquiète des conséquences de cette décision, qui va entraîner un trafic intense de poids lourds dans le secteur du chantier de Center Parcs, avec des nuisances inévitables pour les riverains des communes avoisinantes. Alors que des solutions alternatives existent, il est regrettable de porter ainsi atteinte à l’exemplarité souhaitée pour les chantiers de la LGV et du Center Parcs, en terme de respect de l’environnement et de la population locale.

(1) En fait, la ministre n’a pas le pouvoir de revenir sur la décision du préfet. Seul le tribunal administratif peut désormais suspendre puis annuler l’arrêté contesté.

Nouvelle République, 26 janvier 2013

[Communiqué Fédération Anarchiste] Une guerre mensongère de plus, terrorisme d’état et pillage des ressources au Mali

Une guerre mensongère de plus, terrorisme d’état et pillage des ressources au Mali

Nous sommes mis en demeure de choisir notre camp. D’un côté des religieux armés qui rêvent d’établir le royaume de dieu sur terre, de l’autre des forces armées techno-capitalistes qui déclarent venir rétablir les droits de l’homme et au milieu une population désarmée.  C’est d’elle que nous nous sentons solidaires. Il n’existe pas de guerre juste ni de guerre propre. L’union sacrée autour du président va-t-en-guerre François Hollande, l’empressement de l’opération offensive et les discours médiatiques contrôlés, le renforcement du plan Vigipirate, le climat national anti-terroriste, visent à nous bourrer le crâne sur le caractère inévitable de cette guerre et à la légitimer. En réalité les intérêts économiques aux relents colonialistes priment de loin sur les vies des populations locales. Les jihadistes ont été très utiles au pouvoir français pour intervenir le 11 janvier 2013.

La classe dirigeante malienne corrompue jusqu’à l’os, la France, l’Union Européenne, les instances financières internationales (FMI, Banque Mondiale, OMC) ne se sont pas souciées du profond délaissement économique, social et culturel de la population laissant place maintenant à l’urgence militariste. Pendant de longs mois ce fut la porte ouverte aux recrutements en nombre par les jihadistes au Nord-Mali par nécessité économique (jeunes chômeurs, voire des enfants). Il n’est pas exclu que l’intervention de la France, ancien pays colonisateur, renforce les groupes jihadistes par le biais d’une mobilisation et de recrutements qui prendraient une dimension emblématique de lutte contre l’Occident. A trop jouer la « croisade contre le terrorisme international » le boomerang islamiste intégriste n’est jamais loin. L’expérience de l’enlisement de la guerre en Afghanistan n’a pas servi de leçon bien que la France y ait participé.

La coopération militaire avec la Mauritanie, la Côte d’Ivoire, le Burkina Fasso, le Niger, le Tchad et les deux bases militaires de Abidjan et de N’Djamena prouvent s’il en est besoin que la France n’a jamais voulu quitter cette région. Les troupes stationnées en Afrique n’y sont pas pour maintenir la paix mais bien pour intervenir rapidement et garantir les intérêts de grandes entreprises françaises de premier plan (Areva et son uranium, Total et son pétrole, Bouygues / Bolloré et ses travaux publics / sa mainmise sur les ports / ses bois précieux, Orange et ses infrastructures de télécommunication). Le gouvernement français, appuyé par l’Union Européenne, semble décidément ne pas vouloir se défaire de ses réflexes colonialistes, ni des avantages que cette politique procure aux industriels français. Se draper de valeurs démocrates pacificatrices et de défense des droits des peuples d’Afrique…et on atteint le comble du cynisme néocolonialiste. Le secteur industriel de l’armement rapporte bien plus que n’importe quel autre (plus que le pétrole ou même le nucléaire). Le marché du nucléaire est autant un marché civile que militaire. Les groupes marchands d’armes comme Lagardère ou Dassault sont propriétaires d’une grande partie de la presse d’opinion française…on comprend mieux pourquoi le discours antimilitariste n’a que peu droit au chapitre dans nos médias.

Après plus d’une semaine d’intervention, près de 200 000 réfugiés fuient les zones de guerre en direction des pays voisins tandis que le Programme alimentaire mondial estime que, dans le contexte actuel de sécheresse et de famine, 5 à 7 millions d’habitants du Sahel auraient besoin d’une assistance immédiate. 230 000 personnes se sont déplacées à l’intérieur du pays. Face aux attaques des armées maliennes et françaises au sol, les forces jihadistes adaptent leur stratégie et se cachent dans les villages. Au milieu, les populations vulnérables seront tôt ou tard les véritables victimes de ces conflits et en particulier les femmes et les enfants. Les risques de conflits larvés entre les communautés sont grands…la division, la stigmatisation sont à l’œuvre. Comment seront traités la majorité de touaregs n’ayant pas pris les armes ? et les peuls qui n’ont pas intégré le MUJAO ?

La guerre va coûter cher et durer longtemps. L’intervention militaire française est estimée à environ 400 000 euros par jour. La MISMA (Mission internationale de soutien au Mali) qui va arriver coûtera 240 millions de dollars / an. Alors que la misère règne, les cordons de la bourse se relâchent quand il s’agit d’aller tuer avec des armes. De telles sommes trouveraient une légitimité dans l’amélioration des structures sanitaires et sociales dans la région du nord Mali. Cela serait la preuve d’une volonté de reconstruire à partir de l’existant. Seuls les malien-ne-s peuvent le faire sur la durée. Ce conflit armé d’envergure ne fera que repousser l’espoir d’un retour à un équilibre et d’une amélioration de la situation.

Pour continuer à exister en Afrique, le terrorisme d’Etat français fait la guerre au Mali et peu importe le nombre de victimes directes ou indirectes (37 otages tués, 29 assaillants abattus à In Amenas en Algérie). Les populations manquent cruellement de politiques sociales, éducatives et culturelles responsables mais au lieu de ça les classes dirigeantes là-bas et ici se lancent dans un conflit à l’issue plus qu’incertaine. Les pays européens emboîtent le pas et suivent la cadence. Ni les maliens ni les habitants des autres pays africains ne pourront s’émanciper par eux-mêmes tant que le statu quo sous tutelle colonialiste sera la règle. Qui va reconstruire le pays une fois le conflit terminé ? Gageons que les entreprises françaises se tailleront la part du lion…Nous refusons que cette guerre soit menée en notre nom.

Solidarité avec les populations victimes de cette guerre !

Paix immédiate au Mali et dégage la Françafrique !

Fédération Anarchiste

Mercredi 23 janvier 2013

Le Monde Libertaire N°1694 (du 24 au 30 Janvier 2013)

NdPN : Le Monde Libertaire hebdo 24 pages sort aujourd’hui dans tous les bons kiosques. Vous pouvez aussi vous le procurer à prix libre en nous écrivant, ou le consulter au Biblio-café (rue de la Cathédrale à Poitiers), où un exemplaire sera déposé. Comme d’habitude, trois articles sont déjà consultables en ligne sur le site du ML (voir liens ci-dessous) – dont un, rédigé par la compagne Jeanine du groupe Pavillon Noir de Poitiers, a déjà été publié sur ce blog. Bonne lecture les genses !

Le Monde Libertaire N°1694 (du 24 au 30 Janvier 2013)

« La liberté d’entreprendre s’arrête là où commence le code du travail. » – Laurence Parisot

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Sommaire du Monde Libertaire

Actualité

Salariés kleenex, par J.-M. Destruhaut, page 3

Collaboration de classes, par Fabrice, page 5

La météo syndicale et pluvieuse de J.-P. Germain, page 6

Ingérence au Mali, par M. Cailloux, page 7

La chronique néphrétique de Rodkol, page 8

Facteur, un métier polyvalent, par H. Roveili, page 9

Haro sur le mariage, par Jeanine, page 10

Arguments

La fin des bagnoles, par J.-P. Tertrais, page 11

International

Les Slovènes dans la rue, par la FAO, page 14

Le Chiapas toujours debout, par G. Goutte, page 15

Expressions

Le «marché » au pilori, par F. Dupuis-Déri, page 18

Félonies bolcheviques, par F. Mintz, page 19

L’affaire Harry Quibert, par S. Moulis, page 20

Mouvement

Vie du mouvement, page 21

La Radio des anarchistes, page 22

L’agenda des anars, page 23

Illustrations

Aurelio, Krokaga, Manolo-Prolo, Nemo, LaSala, Riri, Slo, Valère

Editorial

Cocorico, notre président, d’habitude si prudent, a décidé de lancer ses légions au Mali pour « arrêter » l’avance des djihadistes à Konna. Le Figaro en bredouille de fierté, tant il est doux de soutenir un conflit où il s’agit de casser du Noir, de l’Arabe et du Berbère et pourquoi pas aussi une croisade proprette de la Franchouillie chrétienne contre la barbarie musulmane. La situation est complexe. Qu’on en juge. Un « monstre djihadiste » bien armé et entraîné : Ansar Dine et Mujao, Aqmi issue du FIS algérien, enfin les séparatistes touaregs du MNLA. Autant dire d’infréquentables ruffians qui, à l’abri de la charia, cherchent à satisfaire leur soif de pouvoir, de rapines et de viols. Ils sont financés par les « amis de la France », les Émirats et le Qatar, pétés de thune.
Le Mali, un des pays les plus pauvres de l’Afrique de l’Ouest, est en train d’essayer de se remettre d’un coup d’État. Bien des jeunes n’ont d’autre issue pour ne pas crever que de s’enrôler dans une bande armée ou de gagner clandestinement l’Europe. Le Sahel, où s’insère le Mali, est en constante désertification mais aussi un lieu d’échanges entre la Méditerranée et l’Afrique subsaharienne, convoité par la Chine, les États-Unis, la Russie.
Au Mali, or et coton jadis aux mains de la Françafrique sont encore l’objet d’une gestion néocoloniale. Même si Hollande n’est pas fâché de faire oublier, au son des trompettes guerrières, le bilan négatif de son début de quinquennat, qu’il se méfie cependant : au-delà d’un certain nombre de soldats tués, leurs familles françaises ne verront plus la jolie guerre d’un si bon œil. Sur les conseils de l’ONU, des pays de l’Ouest africain envoient sans se presser des bataillons diversement équipés. Les pays riches renâclent à mettre le doigt dans ce piège africain, malgré le traitement à la hussarde des prises d’otages européens. Foin de titatas, comme en Irak et en Afghanistan, les ingrédients sont réunis pour un très long conflit. Commence une longue et sale période pour les civils maliens qui, on peut le parier, vont en prendre plein la gueule pour des rivalités impérialistes qu’ils n’ont pas souhaitées et faire les frais des violences de la guerre, des privations et de la famine. Comme d’hab’.