Archives de catégorie : Okupa y resiste

[Montabot – 50] Ca chauffe contre la THT

NdPN : voir le forum Résistances Caen pour plus d’infos

Affrontements entre opposants aux lignes Très Haute Tension et gendarmes

MONTABOT (Manche) – Opposants à la ligne à très haute tension (THT) Cotentin-Maine et forces de l’ordre se sont affrontés dimanche à Montabot, dans le bocage normand, où des centaines de militants avaient monté un « camp de résistance » et où une députée EELV a dénoncé un « harcèlement » des militants par l’Etat.

Les heurts se sont déroulés pendant à peine une heure aux abords du « camp de résistance« , des tentes montées dans un champ avec l’accord de son propriétaire depuis jeudi soir et qui a rassemblé jusqu’à 300 militants selon la police, 600 selon les militants.

Un endroit interdit aux médias par les militants aux abords duquel dimanche matin ils ont affronté les forces de l’ordre dans le brouillard, sous une pluie parfois battante, alors que des détonations retentissaient dans la vallée parsemée de pylônes en construction.

Un petit groupe de militants remontés contre la presse, équipés de masques à oxygène, a posé aux abords du camp un barrage sur une route communale parsemée de clous, avec des barbelés et de lourds rondins de bois, avant que des affrontements n’y surviennent.

En fin de matinée un militant a été évacué par les pompiers, sur un brancard, un bandeau blanc avec une tache rouge sur la tête, a constaté une journaliste de l’AFP.

« Il s’agit d’un militant d’une vingtaine d’année qui a été blessé à l’oeil, alors que les forces de l’ordre répondaient aux agressions des manifestants par tirs de gaz lacrymogène et de flashball« , expliquera plus tard à l’AFP la sous-préfète de Coutances, Anne Frackowiak-Jacobs.

Les jours du militant ne sont pas en danger, selon la préfecture.

Outre ce blessé, la préfecture a recensé un autre blessé chez les manifestants, une jeune femme de 23 ans incommodée par les gaz lacrymogène, et quatre blessés légers chez les gendarmes dont deux ont été hospitalisés pour des « radios » à la main « après y avoir reçu des coups« .

« Traités presque comme des terroristes »

Les forces de l’ordre ont « chargé alors qu’aucune infraction n’avait été commise« , a assuré de son côté l’avocat des anti-THT, Me Gervais Marie-Doutressoulle, qui lui a compté « six blessés dont deux « sérieux » chez les manifestants.

Selon le porte-parole des militants anti-THT, l’un de ces blessés a été transféré au CHU de Caen pour y être opéré à la tête.

Un seul manifestant a été placé en garde à vue « après avoir jeté un fumigène sur un gendarme« , selon la préfecture. Les militants ont commencé à quitter les lieux en milieu d’après-midi.

La ligne THT Cotentin-Maine doit acheminer sur 163 km l’électricité du polémique nouveau réacteur nucléaire EPR en construction à Flamanville dans le nord de la Manche. Pendant que certains s’affrontaient sur le barrage dimanche matin, une centaine de personnes ont ainsi défilé dans les environs du site avec des slogans antinucléaires.

La député EELV Isabelle Attard est venue sur place dans l’après-midi dénoncer un « harcèlement » ces derniers mois des opposants à la THT « traités presque comme des terroristes » par l’Etat.

Elle y a plaidé pour le lancement d’une étude épidémiologique sur les effets des THT sur la santé, déjà réclamée par les collectivités locales de droite comme de gauche.

Plusieurs études ont mis en évidence une « corrélation statistique » entre la survenue de leucémies infantiles et le fait de vivre près d’une THT, mais le lien n’a jamais été scientifiquement prouvé.

AFP, 24 juin 2012

[Le Chefresne] Chronique d’un État nucléaire à l’époque du « changement »

[Le Chefresne] Chronique d’un État nucléaire à l’époque du « changement »

Depuis décembre 2011, l’administration française, RTE et son chapelet de sous-traitants ont lancé, dans la plus grande tradition oligarchique de la République française, les travaux de la ligne très haute tension Cotentin-Maine, sensée raccorder le futur réacteur EPR au reste du monde. Depuis, des centaines de riverains, soutenus par de non moins nombreux opposants à une société nucléaire, ont décidé de s’opposer physiquement à l’avancée des travaux, dernier recours pour tenter de mettre un terme à cette expropriation de nos vies. Si l’ensemble du parcours de la THT a connu, sur des modes très variés, les affres de cette colère légitime, depuis 5 mois Le Chefresne, commune du Sud Manche, est l’endroit où cette résistance est manifestement la plus active. La détermination de ses habitants, maire en tête, n’y est pas pour rien. L’assemblée du Chefresne, regroupement circonstancié d’une centaine d’individus, y a d’ailleurs pris ses quartiers, dans l’espoir d’amplifier la lutte à côté des riverains et des multiples associations constituées tout le long du trajet.

Alors que le chantier continu quotidiennement à être perturbé, l’assemblée du Chefresne a voulu appeler à un week end de résistance les 22, 23 et 24 juin 2012, afin d’amplifier la lutte et donner du courage à tous les riverains, parfois isolés, et garder intact la détermination à en finir définitivement avec cette THT (et son monde).

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Depuis que cet appel a été lancé, la situation a changé. Pas tant sur un aspect paysager, même si nous vivons comme un crève-cœur chaque nouveau pylône édifié, mais bien plus par l’occupation policière et militaire dont fait l’objet le territoire de la ligne. Si depuis le mois de mars nous assistions à une mobilisation policière inouïe à l’occasion de chaque action publique, celle-ci a longtemps montrait que peu de détermination à empêcher les interférences sur les chantiers, si ce n’est à nous dissuader par leur simple présence. Depuis quelques jours, le vent du « changement » a touché le Cotentin. L’arsenal répressif dont l’État français a toujours su faire usage, notamment quand il s’agit de s’en prendre à son industrie nucléaire, fonctionne à plein régime.

Mi-mai, garde à vue de 4 personnes, donnant lieu à l’inculpation de 3 personnes pour qui la police essaye de fabriquer des figures d’organisateurs de la mobilisation de Valognes fin novembre tentant de perturber la circulation des déchets radioactifs. Procès le 9 octobre à Cherbourg.

Fin mai, convocation d’une dizaine de militants pour au moins trois « affaires » différentes : l’action publique de déboulonnage du 11 mars 2012, l’action d’occupation d’une maison rachetée par RTE à Cerisy, fin avril et début mai, l’action de déboulonnage public au Pertre, en Ille et Vilaine, le 28 avril. Une personne (pour le moment) se retrouvera au tribunal cet été. Notons que dès le mois de mars, suite à l’action publique du 18 mars, une personne était arrêtée et convoquée au tribunal pour le 19 juin.

Début juin, suite à une action de soutien à une famille, en Mayenne, refusant un pylône sur son terrain, alors qu’une quarantaine de personnes occupe paisiblement la propriété de cette famille, les flics interviennent sans aucune raison (et en dépit de toute légalité) et expulsent tout le monde avec la violence habituelle. Comme de coutume ces violences policières donnent lieu à une arrestation avec inculpation pour « rébellion ». Procès à Laval, le 23 août 2012.

5 juin, l’incarnation du « changement » en personne débarque dans le Cotentin pour la commémoration du débarquement. Les élus du Chefresne, naïvement mais avec une détermination qui leur colle à la peau, tentent une entrevue avec le secrétaire de l’Élysée. Éconduits, « faute de temps », ils se retrouvent renvoyés à prendre rendez-vous avec le préfet. Mercredi 6 juin, 16h, entretien téléphonique avec le préfet qui accepte de recevoir une délégation le jeudi pour entendre la revendication de moratoire sur le chantier THT, à l’instar de ce qui vient de se passer autour de l’aéroport de Notre Dame des Landes. À peine raccroché le téléphone, alors que la résistance au Chefresne avait empêché jusque-là tout travaux sur la commune, les pelleteuses de terrassement débarquent au Chefresne accompagnées de leur habituel cortège bleu foncé. Le rendez-vous avec le préfet est bien entendu caduque. C’est physiquement le jeudi matin qu’il faudra faire face. Jeudi matin, une quarantaine de personnes, maire en tête, tente de s’opposer à l’arrivée des machines. Le maire brandit son arrêté municipal interdisant l’édification des pylônes sur Le Chefresne. Après deux heures, les gendarmes l’embarquent en garde à vue, avec deux autres riverains, pour entrave à la circulation, violence avec voie de faits. Trois autres personnes seront arrêtées peu après, y ajoutant le motif de rébellion. 5 gardes à vue en tout, dont on attend les éventuels suites judiciaires. Émotion dans le village, chez les militants. Les médias s’emparent de cet évènement, à la veille des Législatives. Le conseil municipal se réunit dès le jeudi soir et décide unanimement de boycotter les élections pour refuser de cautionner cette dictature nucléaire. Vendredi matin, tractation avec la préfecture pour que les élections soient prises en charge par elle-même. Le préfet accepte, s’entendant sur le fait que le maire ne fera qu’ouvrir le bureau, le premier adjoint le fermera. Fin d’après-midi, samedi, les gendarmes débarquent chez chacun des élus afin de les réquisitionner pour le lendemain, à l’encontre, une fois de plus, de l’engagement oral du préfet. Menace de 30’000 € d’amende pour le maire et 15’000 € pour le premier adjoint. Face à ces trahisons, le conseil municipal décide à l’unanimité de démissionner, refusant de se coucher devant une telle dictature. Ils tiendront le bureau de vote sous la contrainte mais digne. Le harcèlement n’ayant plus de limite, dimanche, 5h du matin, les gendarmes débarquent à nouveau chez le maire. La salle du bureau de vote aurait été vandalisée. En fait, c’est 5 communes, dont Le Chefresne, qui ont vu les serrures des bureaux de vote obstruées. La population non plus ne désarme pas…

Il est maintenant évident et nécessaire, vu ce que nous imposent les pylônes dressés sur nos terres, que beaucoup de personnes sentent l’envie en eux d’agir directement contre ce maillon faible de l’industrie nucléaire vu l’inacceptable répression des opposants, les droits fondamentaux des personnes bafoués, l’humiliation qu’infligent RTE à la population.

Chacun, à sa manière, doit pouvoir trouver les réponses pratiques à opposer à ce projet, avec un mot d’ordre commun, qui englobe toutes les formes d’actions possibles : faire taire les machines et stopper les travaux de la ligne THT Cotentin-Maine !

La solidarité est et sera notre atout majeure lors des prochains évènements qui ébranleront les travaux et les gestionnaires de la future ligne THT. Une multitude de nuisances ayant pris différentes formes ont déjà eu lieu contre ce projet. Elles sont toutes reproduisibles, populaires et démultipliables, pour peu qu’elles soient partagées, discutées.

Le rapport de force avec l’État et donc RTE, qui maintenant est notre seul but pour faire plier le pouvoir, sera d’autant plus efficace que nous serons nombreux à crier notre rage, par-delà les désillusions du nouveau pouvoir en place, par-delà nos différences.

Voilà l’un des enjeux du camp anti THT : se retrouver, partager, échanger sur les pratiques, se renforcer pour agir lors de la journée d’action du dimanche 24 juin mais évidemment dès maintenant et plus tard tout au long des 150 km la ligne.

Rien n’est fait, tout se défait.

Ce qui s’est déjà joué depuis 6 mois sur le terrain n’est qu’un début. Amplifions nos envies de révolte contre toutes les infrastructures et les projets démentiels.

Vive la lutte anti THT

Le Chefresne, le 11 juin 2012

Jura Libertaire, 16 juin 2012

[La Rochelle] Tract – Logement : un problème que l’on peut résoudre nous-mêmes

NdPN : Le lundi 28 mai dernier a eu lieu à La Rochelle une réunion publique sur le droit au logement, organisée par le DAL 17. Si les candidat-e-s à la députation y étaient convié-e-s, d’autres petites voix s’y sont fait entendre, en diffusant notamment un tract :

Logement: un problème que l’on peut résoudre nous-mêmes

Le DAL de Charente-Maritime a décidé de réunir les candidats aux législatives de la première circonscription afin d’évoquer les problèmes de logements et d’entendre leurs réponses sur le sujet. Mais à part fournir une tribune aux acteurs de la mascarade électoraliste, cette réunion n’apportera certainement rien de concret. Faut-il donc attendre un geste des politiciens pour prendre en main nos vies? Pour notre part nous ne le pensons pas, c’est pour cela que nous avons décidé de nous rendre à cette réunion publique : nous souhaitons y porter une voix différente, celle de l’action directe.

Nous n’attendons rien de cette République des hommes d’affaires en forme de politiciens, et même s’ils sont parfois forcés de légaliser nos actions concrètes comme ils l’ont fait en adoptant l’ordonnance de réquisition des logements vides en 1945, nous préférons nous servir nous-mêmes. Sans domicile fixe depuis un certain temps, nous avons ainsi décidé de squatter un logement vacant à La Rochelle. Il s’agit d’une magnifique maison avec jardin qui appartient à une très grosse entreprise et qui était vide depuis plus de 4 ans.

Bien que nous ayons l’habitude d’apporter notre soutien aux actions du DAL, nous ne cherchons pas comme lui à négocier avec les autorités légales pour, au bout du compte, n’obtenir qu’un sursis ou une cage à lapins dans une hideuse cité HLM. Nous revendiquons au contraire la possibilité de vivre à plusieurs, en petite communauté, dans une belle maison avec un grand jardin où cultiver un potager qui nous permettra de nous nourrir nous-même en évitant de consommer des fruits et légumes contaminés par les pesticides et les OGM.

Par le présent tract, nous ne demandons rien à personne, mais souhaitons nous adresser fraternellement au pauvres mal-logés ou à la rue pour leur dire : « Si vous n’en pouvez plus de vivre dans un appartement qui ressemble à une cellule, si votre logement est insalubre, si vous ne parvenez pas à payer votre loyer, si vous êtes à la rue, sachez que des dizaines de milliers de logements sont vides dans ce pays, dont 3000 à La Rochelle. Alors si vous en avez envie, vous pouvez parfaitement vous organiser pour les prendre, pour les habiter, pour les squatter. »

Le changement ne viendra pas d’en haut.

Des squatteurs de La Rochelle

[Poitiers] « Marginaux » pour qui ?

Une fois n’est pas coutume, deux articles bien dégueulasses sur les « marginaux » du centre-ville de Poitiers sont parus ce matin dans la presse quotidienne régionale. Il s’agit de personnes – avouons-le, pour la plupart des potes-ses – n’ayant pas toujours les signes extérieurs de la réussite sociale, qui passent du temps ensemble, dehors dans la rue, et qui discutent volontiers avec qui veut bien se joindre à elles pour passer un bon moment, partager les galères et les bons plans, rire, boire un coup et pourquoi pas, refaire le monde.

Voilà qui est insupportable pour les chantres d’un centre-ville charcuté par l’opération « coeur d’agglo », aseptisé de toute relation qui ne passe pas par leur magnanime autorisation. Tout bon citoyen se doit de passer par l’octroi de quelques pièces de monnaie pour échanger avec les autres : payer son parking ou son ticket de bus d’abord, boire un coup ensuite, mais à condition de le faire assis  dans le périmètre de la terrasse d’un limonadier pour l’aider à payer sa patente à la mairie (ou d’être membre de la confrérie des alcoolo-machos Bittards, à qui l’on remet les clés de la mairie, car c’est la tradition).  Se loger oui, à condition de ne pas occuper l’un des nombreux logements vacants d’une mafia immobilière, et d’avoir un travail d’esclave docile pour payer le loyer. Se promener oui, mais selon le parcours touristique des rues pavées de coeur d’agglo, à l’ombre des enseignes marchandes et des affiches publicitaires, l’esprit disponible à l’achat ou à l’esclavage salarié, le porte-monnaie généreusement ouvert. Faire la fête oui, mais à l’occasion des journées du calendrier « culturel » décrété par la mairie. Utiliser les salles municipales oui, à condition d’avoir une étiquette d’association subventionnée déclarée en préfecture, ou de se présenter aux élections citoyennes. Diffuser des tracts oui, à condition de ne pas mettre le mot anarchiste dedans. Manifester oui, mais à condition de demander un coup de tampon du préfet, d’exprimer des demandes aux « élu-e-s du peuple », et de poser tout sourire pour les caméras des bons vigiles en uniforme bleu marine.

Opération « peace maker » sur coeur d’agglo 

Entre la convivialité et les bons moments d’un côté, et la volonté de transformer le centre-ville en dispositif marchand, où seuls les vendeurs-euses et les consommateurs-trices sont admis-es, le choix est vite fait pour les pouvoirs locaux (préfet, flics, mairie, journalistes…).

Ces pouvoirs qui prétendent décider à notre place de tout ce qui doit se passer sur l’espace où nous vivons et qu’ils désirent contrôler, réclament toujours plus de répression de nos mouvements, de nos activités et de nos relations. C’est cette volonté mortifère qui se traduit dans les pavés carrés de coeur d’agglo, dans les rubriques carrées des torchons de la presse locale, dans les façades carrées des institutions de pouvoir, dans les sucettes carrées de Decaux. Cette volonté morbide de tout enfermer, qui relaie la complainte des marchands et des flics, alors même que ne cesse de s’intensifier le harcèlement policier (contrôles d’identité des mêmes, plusieurs fois par jour ; flicage de l’assistance sociale, des juges et autres services d’insertion et de probation  ; arrestations suivies de gardes à vue voire de peines de prison). Cette « purification sociale » est dénoncée entre autres par Démocratie réelle maintenant 86, par le Comité poitevin contre la répression des mouvements sociaux, par le DAL 86… mais leur voix est évidemment ignorée ou calomniée par la presse et la mairie. La  propagande des croquemorts en uniforme, en écharpe tricolore ou à carte de presse, a de beaux jours devant elle, si nous ne réagissons pas ensemble pour occuper les lieux où nous vivons ensemble.

Pavillon Noir, 12 juin 2012

La présence des marginaux agace les commerçants

La tension monte chez les commerçants du centre-ville face à la présence de plus en plus forte de marginaux sur fond d’alcool et de chiens qui divaguent.

Les commerçants du centre-ville de Poitiers sont déboussolés et de plus en plus agacés. La présence accrue de groupes de marginaux escortés de leurs chiens sur la voie publique concentre les critiques.

A chaque pas-de-porte, entre la place Notre-Dame et l’îlot des Cordeliers, c’est le même refrain qui revient en boucle. En centre-ville, c’est le sujet qui fâche. Et en mairie, c’est le casse-tête qui fait phosphorer.

«  Les arrêtés municipaux, qui les applique ?  »

« Certains soirs, on se retrouve avec dix personnes et leurs chiens qui sont juste à côté de la terrasse. Les personnes mendient, agressent verbalement les clients qui ne veulent pas donner. J’ai constamment des dégradations sur ma terrasse le vendredi matin et le samedi matin. Je suis même obligé d’attacher les pots de fleurs », réagit Damien Chevalier, du bar le Picto. « Le soir, ils font fuir la clientèle. Les vendeuses qui travaillent aux Cordeliers, préfèrent aller prendre le bus à Boncenne plutôt que de tomber sur eux à Notre-Dame. C’est un vrai problème, on le ressent clairement sur notre activité. » Un peu plus haut, rue des Cordeliers, le coiffeur Éric Soulard à l’enseigne «  Différence  » s’énerve contre ces groupes qui déambulent bière en main dès le matin. « En fin de journée, ils sont dans le square ou juste devant et ils bloquent le passage, les chiens divaguent et ils demandent de l’argent. Tout le monde est gêné. Je reviens de Bordeaux, ils n’en sont pas là. Je croyais qu’il y avait des arrêtés municipaux à Poitiers (1). Qui est-ce qui les applique ? » « J’aimerais bien savoir combien de procédures sont dressées pour ivresse publique ? », renchérit un voisin en rappelant les différents arrêtés anti-alcool pris par le maire de Poitiers. Des patrons de bar s’énervent carrément d’avoir eu à subir les foudres de procédures visant leur commerce ou leurs clients quand, dans le même temps, d’autres pourraient s’alcooliser tranquillement sur la voie publique. Les autorités contestent qu’il y ait le moindre deux poids deux mesures en la matière. Au tabac presse le Brazza, Philippe Desbourdes, enregistre lui aussi une baisse d’activité le soir. « A partir de 19 h, on a beaucoup moins de monde à cause de leur présence. Là où on faisait cent clients en une heure, entre 19 h et 20 h, on n’en fait plus que quarante. Nous, en plus on habite au dessus. On ne dort pas la nuit. C’est souvent des bagarres, ils tapent dans les grilles, ça déclenche l’alarme. Et les gens qui n’osent plus rentrer dans Notre-Dame parce qu’ils restent tout le temps devant l’entrée. » En plus des démarches individuelles de commerçants excédés, la Fédération des acteurs économiques a écrit au maire pour demander l’organisation d’une réunion. Elle doit avoir lieu très prochainement.

(1) En 2008, Alain Claeys étendait l’arrêté interdisant la consommation d’alcool sur la voie publique. Elle est sanctionnée par une amende de 11 €. Fin mai 2012, c’est la vente d’alcool à emporter, après 21 h, qui était interdite.

Nouvelle République, Emmanuel Coupaye, 12 juin 2012

La mairie cherche la bonne réponse

Si la question du rassemblement des marginaux en plus grand nombre agace les commerçants, il embarrasse aussi la Ville. « Il nous faut trouver un juste milieu », concède Jean-Claude Bonnefon, conseiller municipal délégué à la tranquillité publique. « On nous a reproché il y a quelques années qu’il y avait trop de policiers, et maintenant on serait laxistes ! » L’élu réfute le sentiment exprimé par les commerçants, selon lequel les policiers municipaux ou nationaux ne feraient rien contre les groupes de chiens qui divaguent ni contre la consommation répétée d’alcool sur la voie publique. Deux infractions qui tombent sous le coup d’arrêtés municipaux. « On discute en permanence de cette question en ce moment avec la police mais aussi avec la préfecture. Une réunion interne est prévue jeudi en mairie avec la police, les services sociaux… Elle était déjà programmée avant que la FAE nous écrive. J’ai demandé une note au CCAS pour savoir d’où viennent toutes ces personnes car, ce qui est certain, c’est qu’ils sont beaucoup plus nombreux. » Quelle réponse apporter à la situation actuelle ? « On va voir. Je ne dis pas qu’il ne se passe rien. Il faut peut-être accentuer les patrouilles. A un moment, c’est sûr, on ne peut plus être dans le traitement social. »

Nouvelle République, 12 juin 2012

[Poitiers] La lutte du père de Camille commence à payer

Camille Cantet devrait faire sa rentrée en septembre

Les choses ont avancé pour Camille Cantet. Sa situation scolaire a été réexaminée. Son père a cessé sa grève de la faim, hier.

Il est 15h15, ce jeudi, sur le parking de la Maison départementale de la personne handicapée, à Poitiers. Philippe Cantet tient dans ses mains deux feuillets qu’on vient de lui remettre. Il s’agit de la décision de la MDPH (Maison départementale de la personne handicapée) concernant la situation scolaire de sa fille, Camille, une adolescente handicapée, déscolarisée depuis deux ans. Il est fébrile, nerveux recherchant qu’il est bien fait mention « d’une durée de quatre mois ». Elle n’y est pas. Il explose. « C’est pas possible… Ils veulent que je continue à faire la grève de la faim ou quoi. ». L’homme, on le sent, est à bout, après 25 jours sans s’alimenter et il est encore « méfiant ». Il lui faudra du temps pour décrypter la décision prise en début d’après-midi.

Pourtant, il est clair qu’elle précise un certain nombre d’avancées listées lors d’une conférence de presse organisée dans la foulée. Camille pourra intégrer l’ULIS (Unité localisée pour inclusion scolaire) France-Bloch-Sérazin de Poitiers pour une période d’essai et d’observations d’une durée de quatre mois, à compter du 1er septembre.

«  Il fallait trouver un consensus  »

Elle était initialement d’un mois, ce qu’avait toujours refusé Philippe Cantet. Si ces quatre mois ne figurent pas sur le courrier remis à Philippe Cantet, hier après-midi, c’est qu’il revient à l’Éducation Nationale de décider de la durée. Il faudra que Bernard Chevalier, médiateur bénévole intervenu dans cette affaire à la demande de la MDPH, lui explique ce point pour que le père commence à y croire. Bernard Chevalier est intervenu à plusieurs reprises auprès de Philippe Cantet. « Il fallait maintenir un lien et trouver un consensus pour Camille. » La CDAPH (*)a également décidé « de ne pas donner suite pour l’heure à une orientation en IME qui ne correspond pas aux attentes des parents de Camille ». Et on apprend également que le conseil général prendra en charge le transport scolaire de Camille depuis Chenevelles jusqu’à Poitiers. Philippe Cantet – quelle que soit la décision de la commission aurait cessé sa grève de la faim hier – attend désormais une confirmation écrite de la part de l’Éducation nationale. « Je vais étudier la proposition et s’il s’avère que c’est bien une période de quatre mois, on sera en bonne voie. »

(*) Commission des Droits et de l’autonomie des personnes handicapées.

Nouvelle République, Sylvaine Hausseguy, 8 juin 2012