Archives de catégorie : Répression

[Poitiers] LIBEREZ KEVIN !

400 pour défendre Kevin

Environ 400 personnes, militants et lycéens mêlés, ont bruyamment manifesté hier en centre-ville pour défendre la cause de Kevin, menacé d’expulsion.

Au Congo, il ne connaît personne. On est venu en France il y a six ans parce que son père a été assassiné là-bas. S’il y repart, ce sera une catastrophe… Chantal Kimpéfé retient difficilement ses larmes. Sur les marches de l’hôtel de ville, la mère de Kevin témoigne brièvement.

« Il a construit sa vie ici »

Ils sont venus nombreux pour défendre la cause de son fils, élève de 19 ans du lycée Kyoto arrêté dimanche sur un terrain de foot de Saint-Eloi et menacé d’expulsion vers le Congo pour de précédentes condamnations (voir Centre Presse d’hier): environ 400 personnes, militants associatifs ou politiques et élèves du lycée Kyoto (1), sont rassemblées dès 17h30 devant la préfecture. « Il a fait des bêtises quand il avait 15 ans, mais la double-peine a été supprimée! » tonne Yves Judde, de la Cimade. Plusieurs élèves du lycée Kyoto, dont certains font partie de la classe de Kevin, témoignent spontanément: « Il est très bien intégré, on n’a pas le droit de l’expulser à deux mois du bac! » lance Chloé. « C’est quelqu’un de gentil, de travailleur, explique Maxime. On l’a vraiment vu évoluer: il a construit sa vie ici et visait maintenant un BTS hôtellerie. » Pauline a eu Kevin au téléphone mardi soir: « Il doit être jugé jeudi matin, il attend au centre de rétention dans des conditions très difficiles. » Sa situation suscite en tout cas une vraie mobilisation chez ses camarades. Hier, la plupart des jeunes de Saint-Eloi ont prolongé la manifestation pendant deux bonnes heures au fil d’un défilé qui aura fait plusieurs haltes, notamment devant le commissariat et face à la gare, dans un climat parfois un peu tendu avec les forces de l’ordre.

Aux cris de « Libérez Kevin », une partie des manifestants a fait une halte devant les grilles fermées du commissariat. fdelage

Aujourd’hui, devrait se jouer le destin de Kevin Kimpéfé. Au terme d’une audience qui décidera s’il retourne au Congo. Ou prépare son baccalauréat en France.

(1) Le conseil d’administration du lycée Kyoto s’est fendu hier d’une motion soulignant le « parcours d’insertion positif » de Kevin.

Centre Presse, Frédéric Delâge, 29 mars 2012

ndPN : dès le début de la manif, flics en nombre ; grosses intimidations policières, menaces et insultes à l’adresse des jeunes manifestants ; à la fin de la manif, alors qu’elle se dispersait dans le calme, deux arrestations. Communiqué à venir du comité poitevin contre la répression des mouvements sociaux.

Mise à jour : deux articles dans la Nouvelle République :

Deux heures de manif agitée pour soutenir Kevin

Plusieurs centaines de personnes ont manifesté, hier soir, dans la ville pour marquer leur soutien au lycéen de Kyoto menacé d’expulsion.

Après un rassemblement devant la mairie et la préfecture, des jeunes se sont retrouvés devant le commissariat aux cris de « Libérez Kevin ».

Après la stupeur avant-hier au lycée Kyoto à l’annonce de l’arrestation de Kevin Kimpéfé, 19 ans, puis de son transfert au centre de rétention administrative du Mesnil-Amelot en région parisienne, la température est montée d’un cran, hier après-midi, dans le centre-ville. A l’appel de ses amis, d’associations de défense des sans-papiers, de syndicats et de mouvements politiques, quatre à cinq cents personnes se sont retrouvées en soirée devant la préfecture puis, devant la mairie. Avant d’entamer, pour certains, un long périple qui les a menés du commissariat jusqu’à la gare SNCF.

Liberté ! Liberté ! Liberté !

« Kevin, on l’a vu évoluer, maintenant c’est une crème, très travailleur, très impliqué », expliquent à l’envi ses camarades lycéens. « Il a fait des conneries ? Mais il a été condamné à du sursis et du travail d’intérêt général et il a déjà payé. Ne lui infligeons pas la double peine ! » lancent des organisations comme la Cimade. « Ce ne sont pas les sans-papiers qui sont dangereux, ce sont les sans-papiers qui sont en danger », lance le collectif contre les expulsions. « Que ferait Kevin seul là-bas ? Son père a été assassiné par Kabila. Il y a eu 8 millions de morts chez nous », sanglote Chantal, la mère du jeune homme. Les jeunes du quartier de Saint-Eloi, venus en nombre pour défendre un des leurs, veulent montrer leur colère. Bruyamment. Pour eux, il faut libérer Kevin. « Liberté ! Liberté ! Liberté ! », scandent-ils en courant dans les rues, sous les yeux d’une police parfois, elle aussi, au bord de la rupture… Vers 20 h, les jeunes manifestants se retrouvent place d’Armes avant de se séparer et de regagner leur quartier en autobus. Ce matin, Kevin doit être fixé sur son sort, au terme d’une audience qui peut le « rendre » à son pays d’origine ou lui donner le droit de rester sur le territoire national. Dans deux mois peut-être, il passe le baccalauréat.

Nouvelle République, Jean-Michel Gouin, 29 mars 2012

Poitiers: deux mineurs arrêtés après la manifestation de soutien à Kevin

Deux mineurs de 15 et 17 ans ont été arrêtés, hier soir, après la manifestation de soutien à un élève de 19 ans du lycée de Kyoto qui risque l’expulsion. Ils sont soupçonnnés d’avoir commis des dégradations durant la manifestation qui avait été marquée par de brusques montées de tension heri soir. Il n’y a pas eu d’incidents signalés au cours de la nuit dans le quartier de Saint-Eloi fréquenté par les copains de Kevin, contrairement aux craintes exprimées hier au vu du déroulement de la manifestation. La justice devrait statuer aujourd’hui sur un recours présenté par les défenseurs de Kevin qui contestent la légalité de sa rétention administrative au Mesnil-Amelot. La vigilance a été renforcée pour prévenir tout dérapage si une décision défavorable était rendue.

Nouvelle République, 29 mars 2012

ndPN : aucune « dégradation » n’a été commise, toutes les personnes présentes dans la manif pouvant en témoigner ; il ne s’agit là que d’un prétexte de la police pour tenter de justifier ces arrestations arbitraires. Les manifestant-e-s n’ont pas cédé aux provocations policières, faisant preuve à la fois de détermination et de sang-froid. Solidarité avec Kévin et avec les deux manifestants arrêtés !

Mise à jour (2) : Le tribunal a confirmé la validité de l’OQTF, Kevin doit voir le JLD qui statuera sur la validité de la rétention administrative.

[Chasseneuil – 86] LGV Vinci : cadastrage, abattage des arbres, usurpation d’identité… « ils font ce qu’ils veulent »

Le rouleau compresseur de la LGV lui passe dessus

Il n’a pas encore vendu ses terrains où doit passer la LGV, mais tout se fait dans son dos : relevés de cadastre, abattage des arbres. Il veut porter plainte.

Même s’il a décidé de vendre son terrain à l’amiable pour le passage de la LGV, Benoît Tercier, n’entend pas tout laisser faire.

La ligne à grande vitesse file déjà à toute allure. Beaucoup trop vite aux yeux de certains qui s’insurgent contre certaines pratiques qui s’apparentent à du passage en force.

A Chasseneuil, dans le hameau de Preuilly, au bord de l’Auxance, Benoît Tercier ne décolère pas. Il vient de découvrir que tout ou presque se passait dans son dos alors qu’il joue la carte de la négociation pour vendre deux de ses parcelles.

«  L’impression qu’ils font ce qu’ils veulent  »

En septembre 2001, il a signé devant notaire un compromis de vente afin de permettre la construction de la LGV. La vente définitive des terrains n’est toujours pas effective. Benoît reste à ce jour le propriétaire, avec tous les droits que cela suppose. Sauf que ces droits, ne pèsent pas bien lourd face à un tel projet. Le propriétaire ne s’oppose pas au projet de LGV, il conteste les méthodes employées sur le terrain. « Lisea Cosea (1) a délégué à un géomètre expert, Fit Conseil, un certain nombre d’opérations qui se font sur le terrain », explique Benoît. « Parmi ces opérations, il y a la révision du cadastre. Mes parcelles ne se trouvent pas en totalité sur le passage du fuseau de la LGV. Il faut donc faire un bornage précis et renommer les parcelles. Ce qui a été fait. Mais, sans que j’en sois averti. Or, le procès-verbal de délimitation est un document officiel. Il est bien dit au dos du document que tout se fait à la demande des propriétaires. On ne m’a rien demandé ! Je n’ai même pas eu communication du document ni du nouveau découpage du cadastre ! » Ce qui le fait le plus bondir c’est que le PV officiel de délimitation est signé, à sa place, par le géomètre en date du 26 août 2011. « Je suis déjà allé à la gendarmerie. J’envisage de porter plainte pour faux en écriture et usurpation d’identité. Ils n’ont aucun droit de remplacer les propriétaires actuels dans leur signature. Je suis toujours le propriétaire ! » La semaine dernière, c’est l’abattage des arbres qui s’est passé dans son dos. « Jeudi et vendredi, ils sont venus pour couper. Normalement, on doit signer un document d’occupation temporaire du terrain, le temps que les opérations se fassent, en cas de contestation et de problème. Il n’y a rien eu. En plus, ils ont rasé un nombre de parcelles plus important que ce qui était autorisé dans l’arrêté préfectoral. En fait, on a l’impression qu’ils sont en retard. Ils font ce qu’ils veulent (2). »

(1) Concessionnaire de la ligne LGV et groupement d’entreprises. (2) Ni Lisea Cosea ni Fit Conseil, contactés par la rédaction, n’ont donné suite à notre appel d’hier.

Nouvelle République, Emmanuel Coupaye, 29 mars 2012

[Poitiers] Colère contre les suppressions de classes et de postes de rased

ndPN : Hier à Poitiers a eu lieu une manif de protestation contre les suppressions de classes et de postes de rased, suite à la carte scolaire. Les représentant-e-s des personnels, de parents d’élèves et des élus de communes rurales ont boycotté le CDEN. De nombreux-euses parent-e-s d’élèves étaient venu-e-s des communes rurales du Sud-Vienne impactées par la carte scolaire, avec banderolles et t-shirts colorés.

Manifestation à Poitiers pour défendre les écoles rurales

Plusieurs centaines de personnes ont manifesté, mercredi après-midi, dans les rues de Poitiers, à l’heure même où devait se tenir le conseil départemental de l’Education nationale.

Les représentants des personnels, des parents d’élèves et des élus ont boycotté la réunion du CDEN qui devait se tenir ce mercredi après-midi pour protester contre la carte scolaire annoncée la veille au soi. Elle prévoit la suppression de treize postes d’enseignants dans le premier degré à la rentrée 2012, essentiellement dans les réseaux d’aide spécialisée RASED.

Dans les rangs des manifestants, se trouvaient de nombreux parents venus des communes rurales (Saint-Germain, Adriers, Lussac-lès-Châteaux, La Chapelle-Viviers) où des classes devront fermer en septembre prochain. Une décision qu’ils comprennnent d’autant moins que le directeur d’académie a consenti quelques exceptions au titre de l’aménagement du territoire, notamment à Millac où deux classes sont maintenues pour 20 écoliers.

Une délégation de manfiestants devaient être reçue à 17 h à l’inspection académique de la Vienne. Quoi qu’il arrive à présent, le CDEN se réunira de nouveau la semaine prochaine pour adopter la carte scolaire 2012.

Écoles : consternation à Lussac et Adriers

La carte scolaire arrêtée mardi soir entérine les fermetures redoutées  à Lussac-les-Châteaux et Adriers. Millac est épargnée de justesse.

Le couperet est tombé mardi soir sur deux classes du Montmorillonnais. La mobilisation des parents d’élèves de Lussac-les-Châteaux et Adriers n’a pas suffi à renverser la vapeur.

L’école d’Adriers va perdre une de ses trois classes, avec pour effet de répartir la cinquantaine d’écoliers de maternelle et primaire sur deux classes. « Je suis dégoûtée » disait hier matin une maman croisée dans le village. « Mardi, nous avions espoir d’obtenir gain de cause, avec la médiatisation de notre action », explique Katia Robuchon, présidente des parents d’élèves. Ils avaient installé des moutons dans l’entrée de la cour de récréation. L’inspection d’académie leur répond par la baisse des effectifs constatée depuis quatre ans, qui rend inéluctable le passage à deux classes : « Je suis très inquiète pour la qualité de l’apprentissage, poursuit la présidente, qui voit se profiler le déclin accéléré de l’école : des parents préféreront scolariser leurs enfants à l’Isle-Jourdain, quitte à faire des kilomètres. » « Écœuré, désabusé, j’en aurais pleuré lorsque je l’ai appris, confie le maire, Philippe Rose. Mais les parents d’élèves m’ont appelé pour organiser une réunion ce soir. On a un genou à terre mais on va continuer à combattre. Nous recevons des messages d’encouragement et notre pétition ». A Lussac-les-Châteaux, l’annonce de la fermeture d’une classe à l’école maternelle Jean-Rostand a été accueillie avec la même consternation et la même détermination. « Le combat doit continuer quand même. Lundi, nous organisons un pique-nique géant sur la place de la maternelle, à 18 h 30, pour tout le monde, déclare Véronique Drouot, vice-présidente des parents d’élèves. Symboliquement, nous délimiterons deux espaces, où se tiendront 30 élèves, afin de bien faire visualiser ce qu’est une classe surchargée ».

Une maman de Lussac : «  Je suis effondrée  »

« Je suis effondrée » explique Delphine : sa fille sera en grande section à la rentrée, dans une classe trop chargée. Son plus jeune fils, qui n’aura pas encore trois ans, ne pourra pas intégrer l’établissement. Annie Lagrange, maire de Lussac-les-Châteaux, est très ferme dans ses propos : « je suis désolée, vraiment désolée de cette décision. Trente élèves par classe en maternelle, c’est totalement inadmissible, je regrette cette vision à l’année, et pas sur le long terme ». Le maire garde toutefois un espoir : « le rectorat nous a assuré que l’école sera sous surveillance soutenue : si un effectif croissant est constaté, la classe sera rouverte ». Quant aux soucis de garde pour les enfants dont les parents travaillent, « j’assure tous les parents et enseignants de mon soutien total, mais nous ne pouvons rien faire de plus ».

Aide aux élèves en difficulté : mobilisation

Al’initiative de l’association des parents d’élèves de l’école Jean-Mermoz, une distribution de tracts était organisée, hier, mercredi matin au carrefour de l’avenue de Nantes, de la rue Condorcet et de la rue de Quinçay. « Nous avons contacté les écoles de Poitiers-Ouest, Montmidi, la Grange-Saint-Pierre, Condorcet et Paul-Fort, a indiqué Michaela Horrault, de l’APE Jean-Mermoz. Comme d’autres dans le département, nos écoles sont très impactées par les mesures annoncées par l’inspection d’académie. »

Sur le seul secteur de Poitiers-Ouest, un poste de maître G est menacé. Il fait partie du Réseau d’aide spécialisé aux élèves en difficulté (RASED), dont l’école de rattachement est Jean-Mermoz. Il travaille plus particulièrement sur le comportement des enfants, en complément de l’action du maître E, qui intervient sur les apprentissages, et de la psychologue scolaire. Sylvie Treillon, dont le poste est menacé : « C’est un véritable champ de ruines. Une attaque frontale contre le réseau d’aide aux enfants en difficulté. » Hier matin, les parents et quelques enseignants, ont distribué des tracts aux automobilistes. Sans interrompre la circulation.

Soutien de la majorité du conseil municipal

Lundi soir en conseil municipal, Laurence Vallois-Rouet, adjointe aux affaires scolaires, avait pris, d’entrée, la parole pour dénoncer les six suppressions de postes du RASED à Poitiers, sur les treize de la Vienne. « Ce sont les quartiers où les besoins sont les plus criants qui sont les plus touchés : Trois-Cités et Poitiers-Sud. Pour justifier sa décision, l’inspection académique met en avant que l’aide personnalisée peut suppléer au travail des RASED. C’est totalement hypocrite : les RASED ont des compétences spécialisées que n’ont pas leurs collègues enseignants. » Pour les élus communistes, Anne Joulain a dénoncé la mise à l’encan du « seul dispositif gratuit d’aides spécialisées et psychologiques au sein de l’école ». Claude Thibault, au nom des Verts, a souligné le rôle fondamental des RASED pour lutter contre les inégalités. Stéphane Braconnier, porte-parole du groupe UMP et, Serge Rouquette (Nouveau-Centre) ont quitté la salle du conseil au moment où Michaela Horrault prenait la parole devant les élus. Le maire n’avait pas encore officiellement ouvert la séance.

Nouvelle République, 29 mars 2012

[Poitiers] Mobilisation du lycée de Kyoto pour Kévin, retenu au Mesnil-Amelot

Un lycéen expulsable à cause de son casier

Poitiers.   Un élève de 19 ans du lycée de Kyoto, plombé par son casier judiciaire, est en passe d’être expulsé vers le Congo. Ses camarades se mobilisent.

Dimanche 18 h. Un groupe de jeunes joue au foot sur un terrain du quartier de Saint-Eloi. Une patrouille de police arrive. Elle avise l’un des joueurs, Kévin Kimpéfé, invité à décliner son identité. Il est alors embarqué et placé en garde à vue pour infraction à la législation sur les étrangers.

La préfecture rédige dans la foulée une obligation de quitter le territoire à son encontre (OQTF). Le jeune homme de 19 ans est alors emmené au centre de rétention administrative du Mesnil-Amelot en région parisienne. Il risque l’expulsion vers son pays de naissance, la République démocratique du Congo.

Un bon dossier scolaire plombé par le casier judiciaire

Lundi, sa mère prévient son lycée où la mobilisation a pris de l’ampleur, hier. A 14 h, un rassemblement était organisé dans l’enceinte du lycée pour « informer tous les élèves de ce qui se passait », indique une lycéenne. Et pour relayer l’appel au rassemblement prévu ce soir, à 17 h 30, devant la préfecture. « Normalement, il ne pouvait plus faire l’objet d’une rétention, son OQTF était trop ancienne, explique son avocate, Céline Bonneau. Ils l’ont d’abord placé en garde à vue et, après, ils lui ont fait une OQTF toute neuve. Un recours a été déposé pour contester la mesure. Il devrait être débattu, ce mercredi ou jeudi. » Arrivé en France en août 2006, Kévin est scolarisé au lycée de Kyoto depuis 2008. « Il est inscrit en bac pro hôtellerie. Il suit un parcours tout à fait normal, il est très impliqué dans sa scolarité », relève le proviseur, Alain Zenou. La préfecture, elle regarde du côté pénal et vers le casier judiciaire du jeune homme. Alors qu’il était mineur, le tribunal pour enfant l’avait condamné avec d’autres pour une affaire de violences contre un apprenti boulanger agressé à coups de marteau en mai 2010. Juste après ses 18 ans, en décembre 2010, Kévin dépose une demande de titre de séjour, refusée par la préfecture le 31 décembre 2010 au vu de cette condamnation (1). En plus, trois jours plus tôt, le jeune homme était arrêté avec cinq copains, tous soupçonnés d’avoir fabriqué des cocktails Molotov pour en découdre avec une autre bande. Ils avaient été condamnés en février 2011, une peine confirmée en appel en septembre dernier. « Pour nous, ce n’est pas ce qui s’appelle répondre aux critères d’une bonne intégration. C’est la raison pour laquelle le titre de séjour lui avait été refusé, indique le secrétaire général de la préfecture. On avait donné la priorité à la procédure pénale. C’est pour cela que la première OQTF n’avait pas été exécutée. » Pour l’avocate de Kévin, l’argument ne tient pas au regard de son parcours scolaire : « Il était très jeune quand c’est arrivé. En plus, il avait simplement été condamné à du sursis et à des travaux d’intérêt général. » « Il devait passer son bac dans deux mois. C’est pas normal », relevaient ses camarades, hier, descendus en nombre écouter l’appel à la mobilisation. La présence de nombreux lycéens est attendue aujourd’hui pour le rassemblement de protestation.

(1) Il a fait l’objet de huit procédures judiciaires, dont quatre jugées et deux classées, précise une source judiciaire, pour des faits de destruction de biens menaces et chantage…

Nouvelle République, Emmanuel Coupaye, 28 mars 2012

ndPN : merci à la Nouvelle Répugnante de relayer le discours de la préfecture, mais on n’en a rien à battre de ce « casier » ni de ces « critères d’une bonne intégration » ! Kévin vit en France depuis six ans, c’est là qu’il a ses attaches et c’est là qu’il veut vivre, et la solidarité de ses camarades du lycée en témoigne. Sa rétention est ignoble, elle est injustifiable. Régularisation de Kévin et de toutes les personnes expulsables ! Rassemblement solidaire  aujourd’hui mercredi à 17H30 devant la préfecture, à l’appel de plusieurs collectifs solidaires avec les sans-papiers.

[86] Suppressions de classes et de postes de rased : la lutte paye, la lutte continue !

Le Martray garde son poste d’enseignant

Le risque de suppression de deux postes à l’école du Martray avait décidé  les parents à se mobiliser. A leur arrivée, une bonne surprise les attendait…

Une nouvelle fois, la rentrée 2012 à l’école du Martray semblait s’annoncer difficile : les propositions de l’inspection académique prévoyaient la suppression de deux postes, un poste d’enseignant ainsi qu’un poste en surnuméraire.

Les parents d’élèves et les élus, ayant déjà vécu cette menace l’année dernière, ont immédiatement réagi. « Habituellement plusieurs semaines séparent l’annonce de la décision, ce qui n’est pas le cas cette fois-ci puisque l’annonce a été faite mardi dernier et que la décision sera prise mardi », a précisé Philippe Vivier, représentant de la FCPE, en ouverture de l’assemblée générale, qui s’est déroulée vendredi soir en présence des parents d’élèves et de Marie-Anne Chauveau, adjointe au maire. Les arguments étaient prêts, 154 élèves figuraient sur les listes de la rentrée 2011, 153 étaient inscrits pour 2012, la suppression d’un poste d’enseignant obligeait donc une répartition à 6 classes de 25,5 élèves. Les différents courriers émanant aussi bien de la mairie que de la FCPE semblent avoir fait leur effet puisque lundi soir vers 23 heures, de source syndicale, la suppression du poste d’enseignant n’était plus à l’ordre du jour. Une confirmation qui a été apportée mardi matin par Jean-Marc Lamothe, directeur de l’école du Martray, aux parents ainsi qu’aux différents élus qui s’étaient rassemblés devant l’école en signe de protestation.

Le poste Rased supprimé

En revanche, le poste en surnuméraire qui rentrait dans le cadre du Réseau d’aides spécialisées aux enfants en difficulté (Rased) ne sera pas maintenu. Il apportait pourtant « un soutien déterminant aux enfants en difficulté et permettait de prendre en compte la spécificité du Martray qui accueille les enfants du voyage, en leur fournissant un enseignement adapté ». Le maire Elefthérios Benas dit « rester néanmoins vigilant » : « Nous avons sauvé ce poste, mais nous sommes attaqués sur tous les fronts. »

Corr. Marie-Pierre Pineau

Des moutons à la place des écoliers

Les élus et parents d’élèves d’Adriers ont mené hier une action spectaculaire pour obtenir le maintien des trois classes de leur école. Aucun enfant n’est entré dans l’établissement, dont l’accès était transformé en enclos pour une dizaine de moutons, tandis qu’une manifestation rassemblait une soixantaine de personnes sur la rue.

« Si cette école ferme, il ne nous restera que des moutons, résume le maire Philippe Rose, qui était encore en réunion lundi, à l’inspection d’académie : Ils me disent que la décision n’est pas encore prise. Actuellement, nous avons 56 enfants. 12 partent au collège, il n’y a pas de redoublants. Le Rectorat recense 48 élèves en septembre, mais moi j’en compte 53. » Actuellement, les enfants sont répartis en trois classes à plusieurs niveaux : une pour les maternelles, une pour les CP-CE1 et la troisième du CE2 au CM2. « La qualité d’enseignement est très bonne dans cette école, mais elle va se dégrader avec la fermeture d’une classe, s’inquiète Jean Charry, père de deux écoliers, maraîcher installé récemment dans la commune : elle participe aussi à créer le lien social, on se connaît tous, c’est un très bon moyen d’intégrer les nouveaux arrivants ». « L’école est indispensable aux autres activités de la commune, reprend le maire. Nous y avons d’ailleurs consacré 150.000 € ces dernières années. » En septembre 2009, l’école avait déjà perdu une classe. Cette fois-ci, les manifestants se disent déterminés « à se bagarrer ».

Le même nombre de classes d’école à la rentrée 2012

Plusieurs postes qui devaient être supprimés en zone rurale ont été maintenus au nom de l’aménagement du territoire mais l’aide spécialisée a été sacrifiée.

Nicolas Dupont-Aignan qui avait placé son déplacement de campagne à Millac sous le signe de la défense de l’école rurale, lundi, va se sentir pousser des ailes… L’inspection académique a en effet renoncé hier à fermer quatre classes dont elle avait initialement envisagé la fermeture à Dangé-Saint-Romain, Paizay-le-Sec, Millac et Saint-Macoux.

Le directeur des services de l’Éducation nationale de la Vienne assure toutefois qu’il n’y a pas de lien de cause à effet. Il se trouve qu’il a été sensible aux arguments avancés par les cinq maires du Sud-Vienne et le député de la circonscription qu’il a reçus, avant-hier : « Je n’ai pas décidé de fermetures dans les secteurs les plus fragiles », explique Christian Arnaud. « A Millac, nous maintenons deux classes pour 20 élèves pour éviter d’aboutir à une classe unique. C’est un geste très fort. Je peux me le permettre sur un cas particulier mais ça ne peut pas être la règle. »

«  Il n’y a pas que des calculettes et des moyennes  »

Le responsable doit en effet « rendre » 13,4 postes à son administration à la rentrée prochaine dans le primaire malgré une hausse attendue de 31 élèves. « La réflexion n’a pas uniquement porté sur les chiffres ; des arguments qualitatifs sur le maintien de structures en milieu rural ont été retenus », se félicite Laurent Cardona, du syndicat SE-UNSA de la Vienne. « Il n’y a pas que des calculettes et des moyennes… En cela, nous avons été entendus. » Certains chiffres n’en restent pas moins pertinents. Le directeur académique évoque le taux d’encadrement (23,39 élèves pour un enseignant en 2011 contre 23,41 en 2012) pour se féliciter de sa stabilité. Il rappelle aussi que le nombre de 1.498 classes restera inchangé. « Nous avons fait le choix de prélever des postes hors classes, sur les réseaux », ajoute-t-il en expliquant que l’aide personnalisée compense la suppression de 14 des 77 postes spécialisés dits RASED. Cet argument, le représentant de l’UNSA le juge « fallacieux ». La marge de manœuvre pour parvenir à l’équilibre, l’Éducation nationale la trouve aussi dans l’accueil des jeunes enfants en maternelle. Il y a dix ans, près de 50 % des moins de 3 ans étaient scolarisés ; ils ne sont plus que 6 % à l’être.

en savoir plus

Les ouvertures et les fermetures de classes

> Ouvertures de classes : Latillé (maternelle), Buxerolles (Bourg), Châtellerault (Antoigné), Poitiers (Brel), Poitiers (Daudet), Vivonne (Langevin-Wallon), Vouneuil-sur-Vienne (Pagnol), Lathus-Saint-Rémy (Thévenet), RPI de La Chapelle-Moulière, Lavoux et Liniers. > Ouvertures conditionnelles : Vouneuil-sous-Biard (Cousteau) et Chabournay-Charrais. > Fermetures de classes : Châtellerault (Les Minimes), Lussac-les-Châteaux (Rostand), Quinçay, Roches-Prémarie, Rouillé, Scorbé-Clairvaux (Les P’tits Loups), Vendeuvre (Gauthier), Châtellerault (Lakanal-Littré), Nieuil-l’Espoir, Poitiers (Pagnol), Saint-Benoît (Jouenne), Saint-Georges-lès-Baillargeaux (Jolliet), Saint-Germain, Adriers (Albert), Saint-Pierre d’Exideuil (Giraud), Saint-Sauvant, RPI de La Chapelle-Viviers, Chauvigny-Pouzioux et Leignes. > Les classes maintenues in extremis : Dangé-Saint-Romain, Paizay-le-Sec, Millac et Saint-Macoux/Saint-Saviol.

Baptiste Bize

Nouvelle République, 28 mars 2012

ndPN : rassemblement de parents d’élèves ce mercredi après-midi devant la préfecture de Poitiers, à 14H30, contre les suppressions de classes et de postes de rased !