Archives de catégorie : Éducation populaire

[Poitiers] Première action des Déboulonneurs 86

NdPN : voici le compte-rendu d’une action bien sympathique contre la publicité, organisée par le nouveau collectif des Déboulonneurs 86. Des photos suivront peut-être (si on les retrouve !).

Samedi 31 mars a eu lieu la première action du collectif des Déboulonneurs 86. Au croisement de la rue du marché et de la rue de la cathédrale, la sucette publicitaire Decaux a été rhabillée avec des cartons. Les passant-e-s étaient invité-e-s à s’y exprimer avec des marqueurs de couleurs : slogans, bons mots et phrases rageuses ont fleuri sur cet espace temporairement libéré de la propagande marchande. Un petit concert de scie musicale a accompagné la déclamation de textes contre le totalitarisme publicitaire. Un tract a été distribué (1). Pas mal de gens se sont arrêtés pour écouter les textes et pour papoter. Les policiers sont passés plusieurs fois en mode surveillance, mais sans intervenir. Bref une petite action modeste mais fort réjouissante, qui en appelle d’autres à venir !

Un déboulonneur anonyme du 86

(1) : Texte du tract diffusé :

STOP LA PUB !

La publicité nous pollue

à plusieurs niveaux. Elle dévore d’énormes quantités de papier, dont la récupération et le traitement sont essentiellement facturés aux contribuables. Elle est aussi très énergivore : un seul panneau publicitaire tournant équivaut à la consommation annuelle d’un foyer de quatre personnes !

La publicité nous harcèle

pour nous faire rentrer dans le moule étouffant et uniformisant de la consommation, de l’ostentation et de la réussite. Dès le plus jeune âge, nul ne peut tenter de s’en extraire sans se sentir culpabilisé et marginalisé. L’un des exemples le plus frappant est l’image donnée des femmes, tenues d’être jeunes, minces, maquillées et richement parées. Comme aux Cordeliers, avec ce logo de « la Poitevine » rousse, consommatrice de l’enfance à l’âge adulte, pour « l’anniversaire » de laquelle des étudiantes distribuaient des tracts, revêtues de perruques rousses pour coller au « modèle ».

La publicité inonde insidieusement

nos lieux de vie, avec sa propagande héritée des régimes totalitaires, alors que l’espace public nous appartient de droit. La décision démocratique sur les emplacements voués à la publicité nous échappe complètement.

La publicité n’est ni une culture

, ni une expression libre : monopolisée par les diffuseurs et les riches, elle ne tolère aucun dialogue, elle répond par la répression à quiconque émet une critique contre le système qu’elle sous-tend. Les condamnations lourdes et répétées de militant-e-s antipub, obtenues à Poitiers par Decaux, démontrent bien que la publicité est une monopolisation violente de la (pseudo) liberté d’expression Elle n’est qu’une  colonisation des esprits.

La publicité n’est pas que le spectacle

du capitalisme, elle en est la condition essentielle. La concurrence et la recherche du profit maximal supposent l’alignement de la demande sur une offre définie par un productivisme effréné, qui n’a plus aucun sens social. Cette société de fausse « abondance » implique qu’une minorité se gave, tandis que l’immense majorité tente de poursuivre un miroir aux alouettes, et qu’un milliard de personnes crèvent de faim et tentent de survivre au beau milieu de ses déchets.

Sur Poitiers, la municipalité collabore

à l’envahissement publicitaire, et prend fait et cause pour Decaux dans les procès qu’il intente aux militant-e-s antipub. Les panneaux d’affichage libre sont absents du centre-ville alors que les « sucettes » publicitaires et les panneaux lumineux y prolifèrent. « Coeur d’agglo » est typique d’un projet social où la population est considérée comme du bétail à tondre.

La désobéissance civile

, comme pour la lutte des faucheurs contre les OGM ou des salariés contre les licenciements, est un moyen de nous défendre et de défendre l’intérêt général. Par des actions antipub assumées et publiques, nous revendiquons avant tout le droit pour tou-te-s de se ressaisir de l’espace public, de lui redonner un sens plus solidaire et plus humain.

Collectif des Déboulonneurs 86

deboulonneurs.poitiers [arobaz] neutralite [point] org

www.deboulonneurs.org

Mise à jour : deux photos

[Châtellerault] Classe menacée, mobilisation

Classe menacée à Littré : les parents se mobilisent

Les parents d’élèves de l’école Littré-Lakanal à Ozon se mobilisent pour garder les trois classes de CP de l’établissement à la rentrée prochaine.

Les parents d’élèves ont fait signer une pétition hier devant l’école, où ils ont accroché des banderoles pour dire non à la fermeture de classe prévue.

Les parents d’élèves de l’école Littré-Lakanal à Ozon n’ont pas attendu longtemps avant de réagir à la fermeture d’une des trois classes de CP de l’établissement prévue à la rentrée prochaine. Hier, dès le lendemain de l’annonce faite par l’Inspection académique, ils ont lancé une pétition pour demander son maintien.

«  On n’a pas envie d’en faire de futurs chômeurs !  »

Selon les parents d’élèves, les élèves de CP sont actuellement une vingtaine par classe. Et la fermeture d’une classe provoquerait une « surcharge » dans les deux classes restantes. « On est en Zep (NDLR : Zone d’éducation prioritaire) et ils peuvent faire un effort par rapport à ça, souligne Naima Chabai, représentante des parents d’élèves. Les quartiers défavorisés ont davantage besoin d’aide. » « Il faut absolument faire quelque chose pour eux, la rejoint Bachir Ibrir, un autre représentant des parents d’élèves. On n’a pas envie d’en faire de futurs chômeurs ! » Les parents d’élèves s’étonnent par ailleurs qu’il n’y ait encore eu aucune réaction de la part des élus. Après avoir eu l’adjointe à l’Éducation Anne-Florence Bourat au téléphone, on comprend pourquoi… « On va passer à un taux moyen sur l’école de vingt par classe après la fermeture. Quand on connaît les critères de l’Éducation nationale, c’est un taux encore acceptable. On regrette toujours la fermeture d’une classe, mais on n’a pas vraiment les moyens de s’y opposer. » Pour obtenir gain de cause, les parents d’élèves ne pourront compter que sur eux-mêmes.

Nouvelle République, Alain Grimperelle, 30 mars 2012

[Poitiers] Colère contre les suppressions de classes et de postes de rased

ndPN : Hier à Poitiers a eu lieu une manif de protestation contre les suppressions de classes et de postes de rased, suite à la carte scolaire. Les représentant-e-s des personnels, de parents d’élèves et des élus de communes rurales ont boycotté le CDEN. De nombreux-euses parent-e-s d’élèves étaient venu-e-s des communes rurales du Sud-Vienne impactées par la carte scolaire, avec banderolles et t-shirts colorés.

Manifestation à Poitiers pour défendre les écoles rurales

Plusieurs centaines de personnes ont manifesté, mercredi après-midi, dans les rues de Poitiers, à l’heure même où devait se tenir le conseil départemental de l’Education nationale.

Les représentants des personnels, des parents d’élèves et des élus ont boycotté la réunion du CDEN qui devait se tenir ce mercredi après-midi pour protester contre la carte scolaire annoncée la veille au soi. Elle prévoit la suppression de treize postes d’enseignants dans le premier degré à la rentrée 2012, essentiellement dans les réseaux d’aide spécialisée RASED.

Dans les rangs des manifestants, se trouvaient de nombreux parents venus des communes rurales (Saint-Germain, Adriers, Lussac-lès-Châteaux, La Chapelle-Viviers) où des classes devront fermer en septembre prochain. Une décision qu’ils comprennnent d’autant moins que le directeur d’académie a consenti quelques exceptions au titre de l’aménagement du territoire, notamment à Millac où deux classes sont maintenues pour 20 écoliers.

Une délégation de manfiestants devaient être reçue à 17 h à l’inspection académique de la Vienne. Quoi qu’il arrive à présent, le CDEN se réunira de nouveau la semaine prochaine pour adopter la carte scolaire 2012.

Écoles : consternation à Lussac et Adriers

La carte scolaire arrêtée mardi soir entérine les fermetures redoutées  à Lussac-les-Châteaux et Adriers. Millac est épargnée de justesse.

Le couperet est tombé mardi soir sur deux classes du Montmorillonnais. La mobilisation des parents d’élèves de Lussac-les-Châteaux et Adriers n’a pas suffi à renverser la vapeur.

L’école d’Adriers va perdre une de ses trois classes, avec pour effet de répartir la cinquantaine d’écoliers de maternelle et primaire sur deux classes. « Je suis dégoûtée » disait hier matin une maman croisée dans le village. « Mardi, nous avions espoir d’obtenir gain de cause, avec la médiatisation de notre action », explique Katia Robuchon, présidente des parents d’élèves. Ils avaient installé des moutons dans l’entrée de la cour de récréation. L’inspection d’académie leur répond par la baisse des effectifs constatée depuis quatre ans, qui rend inéluctable le passage à deux classes : « Je suis très inquiète pour la qualité de l’apprentissage, poursuit la présidente, qui voit se profiler le déclin accéléré de l’école : des parents préféreront scolariser leurs enfants à l’Isle-Jourdain, quitte à faire des kilomètres. » « Écœuré, désabusé, j’en aurais pleuré lorsque je l’ai appris, confie le maire, Philippe Rose. Mais les parents d’élèves m’ont appelé pour organiser une réunion ce soir. On a un genou à terre mais on va continuer à combattre. Nous recevons des messages d’encouragement et notre pétition ». A Lussac-les-Châteaux, l’annonce de la fermeture d’une classe à l’école maternelle Jean-Rostand a été accueillie avec la même consternation et la même détermination. « Le combat doit continuer quand même. Lundi, nous organisons un pique-nique géant sur la place de la maternelle, à 18 h 30, pour tout le monde, déclare Véronique Drouot, vice-présidente des parents d’élèves. Symboliquement, nous délimiterons deux espaces, où se tiendront 30 élèves, afin de bien faire visualiser ce qu’est une classe surchargée ».

Une maman de Lussac : «  Je suis effondrée  »

« Je suis effondrée » explique Delphine : sa fille sera en grande section à la rentrée, dans une classe trop chargée. Son plus jeune fils, qui n’aura pas encore trois ans, ne pourra pas intégrer l’établissement. Annie Lagrange, maire de Lussac-les-Châteaux, est très ferme dans ses propos : « je suis désolée, vraiment désolée de cette décision. Trente élèves par classe en maternelle, c’est totalement inadmissible, je regrette cette vision à l’année, et pas sur le long terme ». Le maire garde toutefois un espoir : « le rectorat nous a assuré que l’école sera sous surveillance soutenue : si un effectif croissant est constaté, la classe sera rouverte ». Quant aux soucis de garde pour les enfants dont les parents travaillent, « j’assure tous les parents et enseignants de mon soutien total, mais nous ne pouvons rien faire de plus ».

Aide aux élèves en difficulté : mobilisation

Al’initiative de l’association des parents d’élèves de l’école Jean-Mermoz, une distribution de tracts était organisée, hier, mercredi matin au carrefour de l’avenue de Nantes, de la rue Condorcet et de la rue de Quinçay. « Nous avons contacté les écoles de Poitiers-Ouest, Montmidi, la Grange-Saint-Pierre, Condorcet et Paul-Fort, a indiqué Michaela Horrault, de l’APE Jean-Mermoz. Comme d’autres dans le département, nos écoles sont très impactées par les mesures annoncées par l’inspection d’académie. »

Sur le seul secteur de Poitiers-Ouest, un poste de maître G est menacé. Il fait partie du Réseau d’aide spécialisé aux élèves en difficulté (RASED), dont l’école de rattachement est Jean-Mermoz. Il travaille plus particulièrement sur le comportement des enfants, en complément de l’action du maître E, qui intervient sur les apprentissages, et de la psychologue scolaire. Sylvie Treillon, dont le poste est menacé : « C’est un véritable champ de ruines. Une attaque frontale contre le réseau d’aide aux enfants en difficulté. » Hier matin, les parents et quelques enseignants, ont distribué des tracts aux automobilistes. Sans interrompre la circulation.

Soutien de la majorité du conseil municipal

Lundi soir en conseil municipal, Laurence Vallois-Rouet, adjointe aux affaires scolaires, avait pris, d’entrée, la parole pour dénoncer les six suppressions de postes du RASED à Poitiers, sur les treize de la Vienne. « Ce sont les quartiers où les besoins sont les plus criants qui sont les plus touchés : Trois-Cités et Poitiers-Sud. Pour justifier sa décision, l’inspection académique met en avant que l’aide personnalisée peut suppléer au travail des RASED. C’est totalement hypocrite : les RASED ont des compétences spécialisées que n’ont pas leurs collègues enseignants. » Pour les élus communistes, Anne Joulain a dénoncé la mise à l’encan du « seul dispositif gratuit d’aides spécialisées et psychologiques au sein de l’école ». Claude Thibault, au nom des Verts, a souligné le rôle fondamental des RASED pour lutter contre les inégalités. Stéphane Braconnier, porte-parole du groupe UMP et, Serge Rouquette (Nouveau-Centre) ont quitté la salle du conseil au moment où Michaela Horrault prenait la parole devant les élus. Le maire n’avait pas encore officiellement ouvert la séance.

Nouvelle République, 29 mars 2012

[Poitiers] Mobilisation du lycée de Kyoto pour Kévin, retenu au Mesnil-Amelot

Un lycéen expulsable à cause de son casier

Poitiers.   Un élève de 19 ans du lycée de Kyoto, plombé par son casier judiciaire, est en passe d’être expulsé vers le Congo. Ses camarades se mobilisent.

Dimanche 18 h. Un groupe de jeunes joue au foot sur un terrain du quartier de Saint-Eloi. Une patrouille de police arrive. Elle avise l’un des joueurs, Kévin Kimpéfé, invité à décliner son identité. Il est alors embarqué et placé en garde à vue pour infraction à la législation sur les étrangers.

La préfecture rédige dans la foulée une obligation de quitter le territoire à son encontre (OQTF). Le jeune homme de 19 ans est alors emmené au centre de rétention administrative du Mesnil-Amelot en région parisienne. Il risque l’expulsion vers son pays de naissance, la République démocratique du Congo.

Un bon dossier scolaire plombé par le casier judiciaire

Lundi, sa mère prévient son lycée où la mobilisation a pris de l’ampleur, hier. A 14 h, un rassemblement était organisé dans l’enceinte du lycée pour « informer tous les élèves de ce qui se passait », indique une lycéenne. Et pour relayer l’appel au rassemblement prévu ce soir, à 17 h 30, devant la préfecture. « Normalement, il ne pouvait plus faire l’objet d’une rétention, son OQTF était trop ancienne, explique son avocate, Céline Bonneau. Ils l’ont d’abord placé en garde à vue et, après, ils lui ont fait une OQTF toute neuve. Un recours a été déposé pour contester la mesure. Il devrait être débattu, ce mercredi ou jeudi. » Arrivé en France en août 2006, Kévin est scolarisé au lycée de Kyoto depuis 2008. « Il est inscrit en bac pro hôtellerie. Il suit un parcours tout à fait normal, il est très impliqué dans sa scolarité », relève le proviseur, Alain Zenou. La préfecture, elle regarde du côté pénal et vers le casier judiciaire du jeune homme. Alors qu’il était mineur, le tribunal pour enfant l’avait condamné avec d’autres pour une affaire de violences contre un apprenti boulanger agressé à coups de marteau en mai 2010. Juste après ses 18 ans, en décembre 2010, Kévin dépose une demande de titre de séjour, refusée par la préfecture le 31 décembre 2010 au vu de cette condamnation (1). En plus, trois jours plus tôt, le jeune homme était arrêté avec cinq copains, tous soupçonnés d’avoir fabriqué des cocktails Molotov pour en découdre avec une autre bande. Ils avaient été condamnés en février 2011, une peine confirmée en appel en septembre dernier. « Pour nous, ce n’est pas ce qui s’appelle répondre aux critères d’une bonne intégration. C’est la raison pour laquelle le titre de séjour lui avait été refusé, indique le secrétaire général de la préfecture. On avait donné la priorité à la procédure pénale. C’est pour cela que la première OQTF n’avait pas été exécutée. » Pour l’avocate de Kévin, l’argument ne tient pas au regard de son parcours scolaire : « Il était très jeune quand c’est arrivé. En plus, il avait simplement été condamné à du sursis et à des travaux d’intérêt général. » « Il devait passer son bac dans deux mois. C’est pas normal », relevaient ses camarades, hier, descendus en nombre écouter l’appel à la mobilisation. La présence de nombreux lycéens est attendue aujourd’hui pour le rassemblement de protestation.

(1) Il a fait l’objet de huit procédures judiciaires, dont quatre jugées et deux classées, précise une source judiciaire, pour des faits de destruction de biens menaces et chantage…

Nouvelle République, Emmanuel Coupaye, 28 mars 2012

ndPN : merci à la Nouvelle Répugnante de relayer le discours de la préfecture, mais on n’en a rien à battre de ce « casier » ni de ces « critères d’une bonne intégration » ! Kévin vit en France depuis six ans, c’est là qu’il a ses attaches et c’est là qu’il veut vivre, et la solidarité de ses camarades du lycée en témoigne. Sa rétention est ignoble, elle est injustifiable. Régularisation de Kévin et de toutes les personnes expulsables ! Rassemblement solidaire  aujourd’hui mercredi à 17H30 devant la préfecture, à l’appel de plusieurs collectifs solidaires avec les sans-papiers.

[86] Suppressions de classes et de postes de rased : la lutte paye, la lutte continue !

Le Martray garde son poste d’enseignant

Le risque de suppression de deux postes à l’école du Martray avait décidé  les parents à se mobiliser. A leur arrivée, une bonne surprise les attendait…

Une nouvelle fois, la rentrée 2012 à l’école du Martray semblait s’annoncer difficile : les propositions de l’inspection académique prévoyaient la suppression de deux postes, un poste d’enseignant ainsi qu’un poste en surnuméraire.

Les parents d’élèves et les élus, ayant déjà vécu cette menace l’année dernière, ont immédiatement réagi. « Habituellement plusieurs semaines séparent l’annonce de la décision, ce qui n’est pas le cas cette fois-ci puisque l’annonce a été faite mardi dernier et que la décision sera prise mardi », a précisé Philippe Vivier, représentant de la FCPE, en ouverture de l’assemblée générale, qui s’est déroulée vendredi soir en présence des parents d’élèves et de Marie-Anne Chauveau, adjointe au maire. Les arguments étaient prêts, 154 élèves figuraient sur les listes de la rentrée 2011, 153 étaient inscrits pour 2012, la suppression d’un poste d’enseignant obligeait donc une répartition à 6 classes de 25,5 élèves. Les différents courriers émanant aussi bien de la mairie que de la FCPE semblent avoir fait leur effet puisque lundi soir vers 23 heures, de source syndicale, la suppression du poste d’enseignant n’était plus à l’ordre du jour. Une confirmation qui a été apportée mardi matin par Jean-Marc Lamothe, directeur de l’école du Martray, aux parents ainsi qu’aux différents élus qui s’étaient rassemblés devant l’école en signe de protestation.

Le poste Rased supprimé

En revanche, le poste en surnuméraire qui rentrait dans le cadre du Réseau d’aides spécialisées aux enfants en difficulté (Rased) ne sera pas maintenu. Il apportait pourtant « un soutien déterminant aux enfants en difficulté et permettait de prendre en compte la spécificité du Martray qui accueille les enfants du voyage, en leur fournissant un enseignement adapté ». Le maire Elefthérios Benas dit « rester néanmoins vigilant » : « Nous avons sauvé ce poste, mais nous sommes attaqués sur tous les fronts. »

Corr. Marie-Pierre Pineau

Des moutons à la place des écoliers

Les élus et parents d’élèves d’Adriers ont mené hier une action spectaculaire pour obtenir le maintien des trois classes de leur école. Aucun enfant n’est entré dans l’établissement, dont l’accès était transformé en enclos pour une dizaine de moutons, tandis qu’une manifestation rassemblait une soixantaine de personnes sur la rue.

« Si cette école ferme, il ne nous restera que des moutons, résume le maire Philippe Rose, qui était encore en réunion lundi, à l’inspection d’académie : Ils me disent que la décision n’est pas encore prise. Actuellement, nous avons 56 enfants. 12 partent au collège, il n’y a pas de redoublants. Le Rectorat recense 48 élèves en septembre, mais moi j’en compte 53. » Actuellement, les enfants sont répartis en trois classes à plusieurs niveaux : une pour les maternelles, une pour les CP-CE1 et la troisième du CE2 au CM2. « La qualité d’enseignement est très bonne dans cette école, mais elle va se dégrader avec la fermeture d’une classe, s’inquiète Jean Charry, père de deux écoliers, maraîcher installé récemment dans la commune : elle participe aussi à créer le lien social, on se connaît tous, c’est un très bon moyen d’intégrer les nouveaux arrivants ». « L’école est indispensable aux autres activités de la commune, reprend le maire. Nous y avons d’ailleurs consacré 150.000 € ces dernières années. » En septembre 2009, l’école avait déjà perdu une classe. Cette fois-ci, les manifestants se disent déterminés « à se bagarrer ».

Le même nombre de classes d’école à la rentrée 2012

Plusieurs postes qui devaient être supprimés en zone rurale ont été maintenus au nom de l’aménagement du territoire mais l’aide spécialisée a été sacrifiée.

Nicolas Dupont-Aignan qui avait placé son déplacement de campagne à Millac sous le signe de la défense de l’école rurale, lundi, va se sentir pousser des ailes… L’inspection académique a en effet renoncé hier à fermer quatre classes dont elle avait initialement envisagé la fermeture à Dangé-Saint-Romain, Paizay-le-Sec, Millac et Saint-Macoux.

Le directeur des services de l’Éducation nationale de la Vienne assure toutefois qu’il n’y a pas de lien de cause à effet. Il se trouve qu’il a été sensible aux arguments avancés par les cinq maires du Sud-Vienne et le député de la circonscription qu’il a reçus, avant-hier : « Je n’ai pas décidé de fermetures dans les secteurs les plus fragiles », explique Christian Arnaud. « A Millac, nous maintenons deux classes pour 20 élèves pour éviter d’aboutir à une classe unique. C’est un geste très fort. Je peux me le permettre sur un cas particulier mais ça ne peut pas être la règle. »

«  Il n’y a pas que des calculettes et des moyennes  »

Le responsable doit en effet « rendre » 13,4 postes à son administration à la rentrée prochaine dans le primaire malgré une hausse attendue de 31 élèves. « La réflexion n’a pas uniquement porté sur les chiffres ; des arguments qualitatifs sur le maintien de structures en milieu rural ont été retenus », se félicite Laurent Cardona, du syndicat SE-UNSA de la Vienne. « Il n’y a pas que des calculettes et des moyennes… En cela, nous avons été entendus. » Certains chiffres n’en restent pas moins pertinents. Le directeur académique évoque le taux d’encadrement (23,39 élèves pour un enseignant en 2011 contre 23,41 en 2012) pour se féliciter de sa stabilité. Il rappelle aussi que le nombre de 1.498 classes restera inchangé. « Nous avons fait le choix de prélever des postes hors classes, sur les réseaux », ajoute-t-il en expliquant que l’aide personnalisée compense la suppression de 14 des 77 postes spécialisés dits RASED. Cet argument, le représentant de l’UNSA le juge « fallacieux ». La marge de manœuvre pour parvenir à l’équilibre, l’Éducation nationale la trouve aussi dans l’accueil des jeunes enfants en maternelle. Il y a dix ans, près de 50 % des moins de 3 ans étaient scolarisés ; ils ne sont plus que 6 % à l’être.

en savoir plus

Les ouvertures et les fermetures de classes

> Ouvertures de classes : Latillé (maternelle), Buxerolles (Bourg), Châtellerault (Antoigné), Poitiers (Brel), Poitiers (Daudet), Vivonne (Langevin-Wallon), Vouneuil-sur-Vienne (Pagnol), Lathus-Saint-Rémy (Thévenet), RPI de La Chapelle-Moulière, Lavoux et Liniers. > Ouvertures conditionnelles : Vouneuil-sous-Biard (Cousteau) et Chabournay-Charrais. > Fermetures de classes : Châtellerault (Les Minimes), Lussac-les-Châteaux (Rostand), Quinçay, Roches-Prémarie, Rouillé, Scorbé-Clairvaux (Les P’tits Loups), Vendeuvre (Gauthier), Châtellerault (Lakanal-Littré), Nieuil-l’Espoir, Poitiers (Pagnol), Saint-Benoît (Jouenne), Saint-Georges-lès-Baillargeaux (Jolliet), Saint-Germain, Adriers (Albert), Saint-Pierre d’Exideuil (Giraud), Saint-Sauvant, RPI de La Chapelle-Viviers, Chauvigny-Pouzioux et Leignes. > Les classes maintenues in extremis : Dangé-Saint-Romain, Paizay-le-Sec, Millac et Saint-Macoux/Saint-Saviol.

Baptiste Bize

Nouvelle République, 28 mars 2012

ndPN : rassemblement de parents d’élèves ce mercredi après-midi devant la préfecture de Poitiers, à 14H30, contre les suppressions de classes et de postes de rased !