Archives de catégorie : Décroissance libertaire

[Migné-Auxances – 86] Soirée sur la nocivité des téléphones portables et des ondes électromagnétiques

Campagne indienne contre l’utilisation du téléphone portable au volant

NdPN : le téléphone portable ne sert pas que d’auto-balise et de mouchard. Nous avons déjà relaté sur ce blog plusieurs articles au sujet des ondes électromagnétiques (voir celui de Bastamag). Ce soir, l’association Robin des Toits donne une conférence à Migné-Auxances.

Ondes électromagnétiques :  » Pas de portable avant 14 ans « 

Ce soir à Migné-Auxances, Marc Cendrier, chargé de l’information scientifique à l’association Robin des Toits, dira pourquoi il se passe de téléphonie mobile.

Quel est le rôle de Robin des Toits ?

« Il est double. On apporte des formes d’assistance aux victimes des ondes électromagnétiques et de la téléphonie mobile et on diffuse de l’information. »

Vous avez un téléphone portable ?

« Je n’en ai jamais eu et n’ai pas l’intention d’en avoir. »

Quel est le danger, selon vous ?

« C’est ce que ces charmants objets transmettent à l’organisme des gens qui ont l’inconscience de les mettre près de leur crâne. Le cerveau a fait l’objet d’études scientifiques montrant qu’il subit des perturbations importantes en raison des effets de l’exposition aux émissions de téléphone mobile. Et c’est le niveau élémentaire de l’équilibre général qui est attaqué dans l’être vivant complexe que nous sommes : la structure moléculaire et les processus physiologiques. »

Que préconisez-vous ? (1)

« On demande l’interdiction totale de la vente de téléphone portable pour les moins de 14 ans, ainsi que la suppression pure et simple du wifi. On ne veut pas supprimer le téléphone mobile mais appliquer une réglementation. Le point central est de fixer un maximum d’intensité, ce que l’on appelle la valeur limite d’exposition. Si on l’impose aux opérateurs, il n’y a plus que les personnes fragiles qui subiront les conséquences. »

C’est-à-dire ?

« Les victimes d’électro-hypersensibilité sont condamnées à vivre dans les champs ou les bois. Robin des Toits aident ces personnes à trouver des endroits appropriés. »

Existe-t-il une prise de conscience ?

« Les gens ont de la peine à sortir de l’intoxication publicitaire mais c’est en train de venir. On le voit pour les antennes relais. »

Un portable, c’est indispensable, non ?

« Cet appareil rend des services mais on peut s’en passer. J’en suis un exemple et on ne peut pas dire que je passe ma vie sur une chaise longue. Simplement, j’utilise beaucoup le téléphone filaire. »

(1) L’Assemblée Nationale vient d’adopter le 23 janvier une proposition de loi pour limiter l’exposition aux ondes électromagnétiques générées par les technologies sans fil.

« Téléphonie et ondes, quels dangers ? » ce soir à 20 h 30 salle de la Comberie à Migné-Auxances avec Marc Cendrier, de l’association Robin des Toits, Gérard Daigne et Jean-Claude Rebillat, physiciens. Organisation : Adema (Association pour la Défense de l’Environnement de Migné-Auxances). Plus d’informations sur www.robindestoits.org

Recueilli par Jean-François Rullier, Nouvelle République, 28 janvier 2014

Habitante de Migné-Auxances, Monique Savigny souffre d’électro-hypersensibilité. Elle nous livre son témoignage :

« Je suis électro-hypersensible depuis le mois d’octobre 2009. Peu à peu, je ne supportais plus physiquement le téléphone portable qui m’occasionnait des douleurs à la tête, puis la télévision et les ordinateurs. Ceci durant six mois.

Sans téléphone, sans télé, sans ordinateur

Au mois de mars, suite à un séjour prolongé dans une maison proche d’une antenne de téléphonie mobile, le téléphone sans fil m’est devenu insupportable. Je ne pouvais plus l’utiliser. Je ne supportais plus qu’une personne téléphone dans la pièce ou j’étais, puis dans l’ensemble de la maison car le wifi me provoquait des douleurs infernales dans le cerveau accompagnées de problèmes de mémoire et de soucis d’élocution. Rapidement, beaucoup d’appareils électriques en fonctionnement, qui n’étaient pas mis à la terre, m’obligeaient à quitter la pièce. Le téléphone portable allumé n’était plus tolérable dans la maison. Comme tous les champs électromagnétiques étaient synonymes de douleurs atroces, je me suis retrouvée chez moi, sans téléphone, sans télé, sans ordinateur, avec l’électricité coupée dans certaines pièces. Elle l’est encore aujourd’hui dans celle ou je dors. Plus question d’aller dans les magasins, sortir, écouter de la musique ou aller au cinéma. Je pouvais seulement aller dans les bois à condition qu’il n’y ait pas d’antenne à moins de 500 mètres. Mes amis, qui devaient éteindre leur portable avant de rentrer chez nous, avaient du mal à comprendre ce qu’il m’arrivait.

«  Depuis peu, mon état s’est un peu amélioré  »

Je suis soignée par le professeur Belpomme, cancérologue à l’hôpital Georges-Pompidou à Paris. Ce spécialiste a mis au point une série d’analyses et des examens du cerveau qui mettent en évidence l’électro-hypersensibilité d’un patient : mesure de l’oxygénation du cerveau, évaluation des marqueurs de stress oxydatifs, mesure du taux de mélatonine, mesure du taux d’histamine… Un traitement me permet de moins souffrir tout en restant protégée chez moi mais ne donne pas toujours les résultats escomptés pour beaucoup d’électro-sensibles. A ce jour, l’électro-hypersensibilité n’est pas reconnue par les pouvoirs publics. Les visites médicales, les examens et la plupart des médicaments ne sont donc pas remboursés ! Depuis peu, mon état s’est amélioré grâce à un nouveau traitement et un régime. Cependant, les antennes de la téléphonie mobile me posent toujours problèmes avec douleurs au cerveau, des difficultés de concentration ou des nausées. »

Nouvelle République, 28 janvier 2014

A Poitiers comme ailleurs, non aux OGM et à l’agriculture capitaliste !

NdPN : belles mobilisations un peu partout hier et aujourd’hui, face aux accords de libre échange atlantique actuellement négociés, et face à l’hypocrisie des gouvernements (y compris français). Illustrations à Poitiers et ailleurs.

OGM : Greenpace se mobilise à Poitiers

Ce matin sur la place Notre Dame à Poitiers, Greenpeace, comme dans 16 autres villes en France, a mobilisé ses membres et tous les opposants aux OGM. L’objectif ? « Nous ne voulons des OGM ni dans nos champs, ni dans nos assiettes. Or, d’ici peu, un nouveau maïs OGM [NdPN : le pioneer 1507] pourrait être autorisé partout en Europe. Nous demandons au gouvernement de prendre des mesures immédiates pour interdire les cultures OGM en France », indique Raphaël Melin, coordinateur poitevin de l’association.

Nouvelle République, 18 janvier 2014

Maïs OGM : des militants occupent une usine de Monsanto

Une centaine de faucheurs volontaires occupent depuis 15h30 ce 17 janvier l’usine du groupe Monsanto à Trèbes (Languedoc-Roussillon). Selon les informations recueillies, une partie des militants sont sur les grues, d’autres se sont enchainés sur les toits. « Nous ne sortirons que lorsque le gouvernement nous aura assuré d’un nouveau moratoire sur le maïs OGM Mon810 », a déclaré Pascal Pavie, joint au téléphone par Basta !.

Le Conseil d’Etat a invalidé le 1er août dernier l’interdiction française de ce maïs, estimant que la France « n’avait pas apporté la preuve de l’urgence et d’une situation susceptible de présenter un risque important mettant en péril de façon manifeste la santé humaine, la santé animale ou l’environnement », rappelle l’association Inf’Ogm. Le lendemain de cette décision, les ministres de l’Agriculture et de l’Environnement s’étaient engagés à « maintenir le moratoire sur la mise en culture de semences OGM, afin de prévenir les risques environnementaux et économiques pour les autres cultures et l’apiculture », d’ici aux prochains semis. Mais « la saison des semis de maïs commence dans deux mois et aucun nouveau moratoire n’a été pris, poursuit Pascal Pavie. Nous craignons que les commandes de semences ne soient passées et que l’on nous mette devant le fait accompli. »

Le lieu choisi pour cette action est symbolique : Monsanto est le fabricant du maïs Mon810, et l’usine de Trèbes est l’un des plus grands sites d’Europe de production et de conditionnement des semences de maïs et de colza. Sur place, des faucheurs volontaires, des désobéissants, des militants de la Confédération paysanne et de la fédération Nature et progrès, assurent être prêts à passer la nuit sur place, sans violence, jusqu’à obtenir du gouvernement l’assurance d’un nouveau moratoire.

A lire, notre dossier sur le maïs OGM Mon810.

[Mise à jour] Les occupants ont été délogés par les gendarmes durant la nuit du 17 au 18 janvier.

Sophie, Chapelle, Bastamag, 17 janvier 2014

Allemagne: 30.000 manifestants à Berlin pour une agriculture plus verte

Quelque 30.000 personnes ont manifesté à Berlin samedi pour une agriculture plus respectueuse de l’environnement et contre l’accord de libre-échange en négociation entre les Etats-Unis et l’Union européenne, soupçonné de « nuire aux agriculteurs et aux consommateurs » européens.

Sous le soleil et dans une ambiance bon enfant, les manifestants, flanqués de 70 tracteurs, se sont rendus à la chancellerie pour réclamer la fin d’une « politique clientéliste en faveur de l’industrie agro-alimentaire ». Les organisateurs ont évoqué le chiffre de 30.000 manifestants.

Une centaine d’organisations et d’associations pro-environnementales et caritatives, mais aussi Attac et les labels d’agriculture biologique, avaient invité à manifester sous le slogan « ça nous gave! » en marge du Salon de l’agriculture de Berlin, l’un des plus grands du monde, qui se tient jusqu’au 26 janvier dans la capitale allemande et où se réunissaient samedi 72 ministres de l’Agriculture du monde entier.

« Ceux qui autorisent et subventionnent des élevages géants, qui misent sur l’export et le libre-échange et qui en plus songent à autoriser à la culture en Europe des plantes génétiquement modifiées laissent tomber leurs agriculteurs, et agissent contre les intérêts de consommateurs, animaux et environnement », a résumé dans un communiqué Jochen Fritz, l’un des organisateurs.

Les manifestants ont fustigé pêle-mêle les conditions d’élevage des animaux, les OGM et la concentration des terres agricoles aux mains de gros investisseurs, et réclamé une nourriture de meilleure qualité, un soutien plus actif aux jeunes agriculteurs, à l’agriculture biologique ou encore l’éradication de la faim dans le monde.

« La plus grande majorité des gens ne veulent pas de poulet chloré, de viande aux hormones et d’organismes génétiquement modifiés », a poursuivi M. Fritz. Selon les organisateurs, c’est toutefois exactement ce que les Européens trouveront dans leurs assiettes si l’accord de libre-échange actuellement négocié entre Washington et Bruxelles voit le jour.

AFP, 18 janvier 2014

[NDDL] Toutes et tous à Nantes le 22 février contre l’aéroport !

NDDL : Toutes et tous à Nantes le 22 février contre l’aéroport !

Appel lancé par la coordination des opposants (50 associations, syndicats, mouvements politiques et collectifs) – le COPAIN 44 – Les Naturalistes en lutte – Des habitant-e-s de la ZAD pour se mobiliser le 22 février, à Nantes, contre les chantiers de l’aéroport.

L’Etat et les pro-aéroports menacent de passer de nouveau en force. Ils prétendent débuter, dans les mois qui viennent, la destruction des espèces protégées et les chantiers de l’aéroport. Une nouvelle vague d’expulsion pourrait survenir.

Nous ne les laisserons pas faire !  Les travaux ne commenceront pas !

Sur place, le mouvement est plus vivant encore qu’à l’automne 2012, les liens plus denses, les champs plus cultivés et les habitats plus nombreux… Au delà, plus de 200 comités locaux se sont créés, en solidarité avec la lutte et pour la faire essaimer par chez eux.

Nous appelons toutes les forces anti-aéroport à se joindre à la manifestation du 22 février à Nantes à 13h devant la préfecture pour leur montrer qu’il n’est pas question qu’ils touchent au bocage.

Appel lancé par la coordination des opposants (50 associations dont l’ACIPA, syndicats, mouvements politiques et collectifs) – le COPAIN 44 (collectif de Paysans) – Les Naturalistes en lutte – Des habitant-e-s de la ZAD

P.-S.

Plus d’infos : http://22fevrier2014.blogspot.fr/

Le collectif Notre Dame des Landes Ile de France : http://www.nddl-idf.org/

Vu sur Paris-Luttes, 16 janvier 2014

[86] Des nappes phréatiques toujours plus polluées

NdPN : l’agriculture industrielle constitue un véritable cas d’école pour constater l’inanité des discours sur la « croissance verte ». Illustration avec le dernier rapport de l’ARS sur la qualité des eaux destinées à la consommation humaine.

La ressource en eau potable se dégrade en sous-sol

Un rapport de l’agence régionale de santé s’inquiète de la pollution des nappes superficielles par les activités agricoles intensives.

C’est l’enseignement le plus édifiant du dernier rapport sur la qualité des eaux destinées à la consommation humaine publié tous les deux ans par l’Agence régionale santé (ARS) : la ressource en eau se dégrade de manière très sensible dans la région. Particulièrement dans les plaines céréalières de l’ouest de la Vienne où l’activité agricole intensive a entraîné une hausse des pollutions par les pesticides et les nitrates.

Dans ce secteur, du Loudunais au Civraisien, la plupart des nappes superficielles dépassent par exemple le seuil de 50 mg/l qui marque la concentration maximale de nitrates à respecter dans les eaux brutes destinées à la potabilisation. L’ARS juge d’ailleurs cette « contamination préoccupante ».

«  Le syndicat d’eau de Civray a opté pour la création d’une usine de dénitrification  »

« Jusqu’à présent, il n’y avait aucune unité de traitement pour les nitrates dans la Vienne ; il n’y avait que des mélanges entre les eaux des nappes superficielles, dites libres, et plus profondes, que l’on appelle captives, pour parvenir à distribuer une eau qui réponde aux exigences », explique Jean-Claude Parnaudeau, ingénieur sanitaire à la direction de la santé publique de l’ARS. « Le problème devient tel avec un certain type d’agriculture sur un certain type de sol en cas de pluies abondantes que le syndicat d’eau de Civray a opté pour la création d’une usine de dénitrification. » Les quatre programmes d’actions menés dans les zones vulnérables pour protéger les nappes sont parvenus à freiner le phénomène mais pas à inverser la tendance, ajoute le spécialiste. Quant aux pesticides, plusieurs contaminations ont été constatées. Y compris depuis l’étude de l’ARS. Le problème s’est posé en 2013 à Chauvigny où du métolachlore utilisé dans l’agriculture a été retrouvé dans l’eau du robinet nécessitant la mise en place d’une unité mobile de traitement en juillet. Mais aussi à La Trimouille où la présence d’acétochlore, un herbicide utilisé dans la culture du maïs, a été détectée.

Trop de fer et de fluor en profondeur

Dans le cas de Chauvigny, l’UFC Que Choisir vient d’ailleurs de faire savoir qu’une plainte avait été déposée. « La solution du mélange des eaux profondes et superficielles va rapidement montrer ses limites », estime Jean-Claude Parnaudeau. « On a été obligé d’abandonner de très belles nappes libres comme celle de La Grimaudière qui produisait 400 m3/h mais on ne trouve pas de nappes captives partout sur le territoire, leur débit et plus faible et elles se renouvellent plus difficilement. » Autre inconvénient : les eaux issues des nappes profondes présentent souvent de fortes teneurs en fer, en arsenic, en sélénium ou en fluor qui nécessitent « des traitements coûteux », fait remarquer le rapport de l’agence de santé. « On a la chance de disposer globalement d’une eau de bonne qualité dans la Vienne mais la question des périmètres de protection n’est pas réglée pour préserver la ressource », estime l’ingénieur sanitaire. « Il faudra surtout réfléchir à une politique agricole différente»

Baptiste Bize, Nouvelle République, 16 janvier 2014

[86] Center Parcs : carnage d’amphibiens, déforestation subventionnée et emplois a minima

Carnage d’amphibiens pour le Center Parcs de la Vienne

Les amphibiens regroupent des espèces particulièrement menacées d’extinction. Mais à Center Parcs, dans la Vienne, le bureau « d’ingénierie écologique » Biotope en a tué un bon nombre. L’affaire agite les milieux naturalistes, alors que la construction du « village » urbanise un domaine forestier de 264 hectares.


- Correspondance, Nantes

Des pièges à batraciens abandonnés, des crapauds décimés, des amphibiens desséchés, des petits cadavres d’insectes -des carabes- accumulés, enfouis dans la poussière : c’est le spectacle désolant qu’a découvert, début septembre 2013, un chasseur dans la Vienne à Trois-Moutiers. Il participait à une battue de décantonnement destinée à débusquer le gros gibier avant la pose du grillage délimitant le futur parc de loisirs Center Parcs. Les photos prises ont depuis été colportées par les naturalistes de toute la France, effarés d’un tel carnage. Le but de ces pièges est en principe de capturer vivants des animaux et espèces protégées, pour les empêcher de pénétrer sur la zone du chantier en cours de Centre Parcs.

Manifestement, les soixante seaux n’avaient pas été relevés tous les jours, comme ils auraient du l’être. Résultat : « Des milliers amphibiens morts liquéfiées ou desséchés dans les seaux », commentent les naturalistes. D’un seul de ces seaux délaissés ont été extraits soixante-onze cadavres de crapauds.

Chargé du projet pour Biotope, Aurélien Ferré avait détaillé il y a huit mois le cadre de son action : « Nous avons mis en place des bâches sur 1,5 km de longueur qui délimitent la zone protégée de la zone de construction, empêchant les amphibiens d’accéder à la zone de chantier. Ceux situés dans la zone de travaux, qui veulent aller dans la zone protégée pour se reproduire, sont recueillis dans les seaux et transférer dans la zone sanctuaire, espace du domaine laissé volontairement à l’état naturel, et qui constitue un cadre de vie favorable aux amphibiens », expliquait-il en avril au quotidien régional, La Nouvelle République.

Technicien cynégétique de la fédération départementale des chasseurs, Michel Faure, était sur place le jour de la battue : « On a retrouvé des petits pots le long de la clôture en grillage à moutons avec au pied une bande de bâche plastique censée cerner les batraciens. Un rapport a été fait par le lieutenant de louveterie à la Direction départementale des territoires [DDT, placée sous l’autorité du préfet]. Mais on n’a pas eu ce rapport ».

« Le rapport a été fait à la DDT, il n’y a rien à cacher », dit Frédéric Duval, le lieutenant de louveterie qui a mené la battue au cours de laquelle les pièges ont été découvert abandonnés, plein de cadavres de bestioles protégées. Amer, il ajoute : « Les défenseurs des petits oiseaux et des fleurs bleues ont été prévenus le lendemain. Et ça a donné quoi ? Rien. Quant au bureau d’étude, ça coûte une fortune à tout le monde pour une incompétence évidente. Il a prétendu après coup que ces pièges avaient été relevés trois jours avant que je ne passe… »

Des naturalistes gênés aux entournures

Vice-présidente de Vienne Nature, association affiliée à France Nature environnement, Marie Legrand est laconique : « On a été prévenus bien sûr. Mais les faits remontant à quatre mois, on ne va pas raconter aujourd’hui des histoires. Nous n’avons pas la moindre volonté de communiquer ».

En fait, les associations naturalistes travaillent souvent pour des aménageurs, ce qui leur permet de se financer. Vienne Nature et Ligue de protection des oiseaux (LPO) sont ainsi en concurrence avec Biotopope auprès de Center Parcs, et ne veulent pas mettre celui-ci en difficulté. Daniel Gilardot, président de la LPO en Vienne, indique ainsi que, « avec Center Parcs, on n’est pas sur l’étude de démarrage [confiée à Biotope], mais on sera dans le comité de suivi ». LPO et Vienne Nature ont aussi récupéré la gestion de l’observatoire de la biodiversité mis en place par Center Parcs, sur lequel lorgnait aussi Biotope.

Ces naturalistes auraient pu tiquer face à cette nature apprivoisée pour touristes. Ils devraient être outrés par une manière de faire bafouant la protection des espèces, leur valeurs de base. Mais ils sont dépendants de contrats… A propos des destructions d’animaux protégés, M. Gilardot joue la prudence : « On n’est pas intervenu. Mais il n’est pas exclu qu’on se porte partie civile, si une action en justice est engagée pour destruction d’espèces protégées ».

Pas plus que les associations environnementalistes, la fédération des chasseurs, qui a aussi une mission de défense de l’environnement, n’a porté plainte. Aucun chasseur n’a fait effectuer un constat d’huissier qui aurait pu être utile pour appuyer une procédure en justice.

Au titre des infractions, les naturalistes qui suivent à distance l’évolution de cette affaire épinglent au moins un non-respect des prescriptions de l’arrêté préfectoral de dérogation concernant les espèces protégées. « Nous, si on fait ça, on se retrouve en correctionnelle ! » lâche un naturaliste du département voisin. Quasiment tous les batraciens sont classés espèces protégées en France.  L’article 18 de la toute récente loi du 16 juillet 2013 prévoit désormais un nouveau délit : « Destruction, tentative de destruction ou trafics d’espèces protégées en bande organisée », passible de 150 000 euros d’amende et de sept ans d’emprisonnement. Sans la qualification de « bande organisée », l’article L415-3 du Code de l’environnement prévoit une peine de six mois d’emprisonnement et neuf mille euros d’amende.

La justice est  (ou sera) saisie par l’ONCFS (Office national de la chasse et de la faune sauvage), indique la préfecture, qui relaie une note de la DREAL (Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement, et du logement) Poitou-Charentes : « Dans le cadre du dossier Center Parcs, le pétitionnaire a obtenu une dérogation à l’interdiction de destruction des espèces protégées par arrêté préfectoral en date du 21 décembre 2012. Concernant les amphibiens, le dossier prévoit des dispositions de transfert hors des emprises du chantier. Il a été constaté début septembre des écarts dans la mise en œuvre de ces dispositions. L’Etat a donc demandé à Center Parcs de prendre les mesures correctives nécessaires pour remédier à cette situation. Ces mesures sont aujourd’hui effectives. Par ailleurs, une procédure judiciaire est engagée par l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage (ONCFS). »

« Incident mineur »

Chez Pierre et Vacances, on ne peut nier l’évidence. Le service communication tente d’en minorer l’importance : « Sur deux mille crapauds transférés, on en a retrouvé soixante-et-onze morts. C’est une mortalité accidentelle, pas un acte volontaire. Nous travaillons toujours avec Biotope. Ça leur a servi de leçon. Ce qui s’est passé est un incident mineur, qu’on prend en considération, bien sûr, en appliquant des mesures correctives, en accord avec l’État et les associations locales, Vienne Nature et LPO, pour éviter que ça se reproduise ». Les mesures sont techniques : seaux ouverts la veille des transferts hebdomadaires d’amphibiens, fermés le lendemain, retirés après les transferts, passerelles de passage passif vers l’extérieur du chantier permettant aux amphibiens de passer vers les zones refuge.

Le bureau d’étude Biotope – déjà impliqué dans des procédures irrégulières à Notre Dame des Landes – a réagi par un communiqué à Reporterre, se félicitant  de son « travail de qualité pour le transfert des amphibiens » dans le cadre de ce projet de Center Parcs, mentionnant un « incident certes regrettable mais qui ne remet absolument pas en cause l’efficacité de cette mesure mise en place en phase travaux ». Les couvercles des seaux auraient sauté pour une raison inconnue, ce qui a « conduit à piéger accidentellement quelques dizaines de crapauds, essentiellement des juvéniles, dans ces seaux ». Ce que le bureau d’étude juge « négligeable par rapport à la dynamique de  population des amphibiens (…). Il ne s’agit ni d’un drame, ni du fruit d’un travail mal fait . Le professionnalisme de Biotope dans cette affaire n’a pas à être remis en cause ».

La justice tranchera, si l’instruction ne se perd pas dans les marais de l’oubli.

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Center Parcs : déforestation subventionnée

Le carnage des amphibiens intervient dans le cadre de la réalisation d’un Center Parcs – un village vacances dans une nature restructurée – lancé par la firme Pierre et Vacances. Celle-ci accuse 47,5 millions de pertes à l’exercice arrêté en septembre 2013, avec un chiffre d’affaire en recul de 9,3 %. Un « point bas » estiment les analystes financiers. L’exercice précédent, les actionnaires déploraient 27 millions d’euros de pertes pour un chiffre d’affaire d’1,4 milliard.

La structure s’installera sur un domaine forestier de 264 hectares, propriété de la Caisse des dépôts et consignations, sur les communes de Trois-Moutiers et Morton. Elle aura une capacité de 4 500 touristes, logeant dans 800 « cottages bois » autour d’un « centre village de 26 000m² au cœur du site : espace aqualudique, spa, restaurants, commerces, espaces de jeux, ferme pour les enfants, équipements sportifs, espaces de réunion » sans oublier « des parkings décentralisés pour favoriser les déplacements ’propres’ sur le site ».

Ce parc de loisirs est financé par un partenariat public privé qui annonce 300 millions d’euros d’investissement, dont 46 % financés par des subventions. Soit 138 millions d’aides publiques provenant de l’État et des collectivités, régionale et départementale, qui se portent garantes auprès des banques du complément nécessaire à la réalisation du projet. Center Parcs versera un loyer pendant vingt ans. La mise en service est prévue pour 2015.

Emplois a minima

Les raisons d’une telle manne publique pour déforester et urbaniser le domaine ? Les promesses d’emploi. Le 15 novembre, lors de la pose de la première pierre, le projet annonçait 600 emplois créés, mais un tiers à temps partiel. Et si on se réfère aux autres sites, ce sont principalement des emplois payés au minimum, dans la restauration, l’entretien du site et le gardiennage et quelques maîtres nageurs pour la piscine. Au Center Parcs Lorraine, par exemple, sur un effectif similaire de 606 salariés et 26 intérimaires, 60 % sont payés au Smic horaire, dont la moitié à 319 euros par mois, du fait de contrats de neuf heures par semaine, en tant qu’agents techniques de nettoyage par exemple.
Seuls 6 % touchent un salaire supérieur de 20 % au Smic, selon une étude de l’Insee.

Dans la Vienne, élus de droite et de gauche se sont pourtant enthousiasmés,  réalisant « l’union sacrée » autour du projet, lui apportant d’importantes aides en espérant des retombées locales. Petit hic, les emplois ne seront pas spécialement dédiés à des locaux, un amendement parlementaire voté début novembre interdisant la « discrimination à l’adresse » et la préférence locale qui privilégierait une candidature en fonction de la proximité. L’emploi c’est toujours l’arbre qui cache la forêt, ici bien disciplinée pour en tirer le meilleur profit.


Source : Nicolas de La Casinière  pour Reporterre.

Lire aussi : L’étrange cadeau fiscal de Jérôme Cahuzac au promoteur immobilier Pierre et Vacances.

Vu sur Reporterre, 18 décembre 2013