Archives de catégorie : Décroissance libertaire

[Brésil] Le gouvernement PT accorde des concessions pour l’exploitation des gaz de schiste

NdPN : contrairement à la France où les résistances ont (momentanément) fait reculer les gouvernements et les appétits capitalistes sur leurs projets d’extraction de gaz de schiste, le Brésil gouverné par le PT (Parti des Travailleurs) vient d’accorder des concessions en forme de désastre écologique. Parmi les entreprises qui ont acquis des permis (la majorité revenant à Petrobras, la sinistre compagnie publique brésilienne de l’énergie fossile), citons notamment GDF Suez, cette multinationale française qui a participé récemment au « Salon de la Croissance Verte » (défense de rire) à Angoulême, aux côtés du nucléariste EDF et d’autres entreprises productrices de bouses industrielles à taux élevé de profit, estampillées écolo-compatibles.

Le Brésil accorde des concessions de gaz de schiste, craintes pour l’environnement

Le Brésil a attribué jeudi des concessions pour l’exploitation de gaz naturel et de gaz de schiste, malgré les critiques de défenseurs de l’environnement sur les risques et le manque de réglementation sur ce type de production.

Un total de 72 bloc sur 240 ont été adjugés jeudi, dont 49 attribués à la compagnie publique brésilienne Petrobras. Ces enchères ont rapporté 165 millions de reals (environ 72 millions de dollars), selon l’Agence nationale du pétrole (ANP, publique).

Les adjudications devaient s’effectuer jeudi et vendredi.

Seulement quatre des compagnies étrangères qui étaient sur les rangs pour ces enchères se sont vu concéder des blocs: la Française GDF Suez, la Colombienne Petrominerales, la Panaméenne Trayectoria Oil y Gas et Geopark, des îles Bermudes, a détaillé l’ANP.

La dirigeante de l’ANP, Magda Chambriard, a souligné qu’il s’agissait de « semer la culture » de l’exploration et de l’exploitation de gaz naturel au Brésil.

La polémique porte principalement sur l’exploitation des gaz de schiste, dont l’extraction par fracturation hydraulique comporte de nombreux risques de pollution des nappes phréatiques en raison de l’usage de produits chimiques, en plus d’être très consommatrice d’eau.

La fracturation hydraulique « suscite une énorme polémique dans tous les pays, en raison de ses énormes impacts environnementaux, raison pour laquelle certains pays comme la France l’ont interdite. Aux Etats-Unis, où cette technique est employée, le nombre de plaintes pour pollution des eaux augmente », a dénoncé l’Institut socio-environnemental (ISA) brésilien.

Magda Chambriard a garanti que le Brésil préparait une réglementation environnementale sur l’exploitation de ces ressources.

AFP, 29 novembre 2013

[Poitiers] Municipale 2014, pour une ville plus « lis »

Dans la série grands travaux inutiles pour relancer la machine du profit et transformer un peu plus le paysage du centre-ville en mauvais rêve, le candidat « centriste » aux prochaines municipales de Poitiers a eu une riche idée, présentée aujourd’hui dans la NR.

Après Vitalis (pour rendre la vie plus lisse) et Otolis (pour rendre l’autonomie plus lisse), voici le projet Aérolis ! Eric Duboc (du centre lisse ?), propose la construction d’un téléphérique, qui relierait les Couronneries au centre-ville. Ni plus ni moins ! Voilà un bon timing dans les déclarations, qui cadre bien avec l’installation des décorations hivernales dans le centre pictave, transformé comme chaque année en station de sport d’hiver consumériste.

Le monsieur dit que ce serait écolo, économique et pas forcément inesthétique. Mais « économique » pour qui ? Surtout quand on sait que la candidate Desbourdes (NPA), propose quant à elle une façon autrement plus sympathique de rendre l’argent public à la population, en proposant la gratuité des transports.

Selon la NR, le candidat centriste reprend « l’idée chère à l’agent immobilier Pierre Paquet ». Voilà déjà une première indication précieuse. Mais c’est ledit Duboc, diplômé de l’Ecole Supérieure de Commerce de Poitiers, qui nous révèle lui-même ses sympathies au grand jour, en expliquant en quoi consiste selon lui le « vivre ensemble »  :

« Il faut réinventer le « Vivre Ensemble ». Un téléphérique permettra le décloisonnement et dynamisera le commerce en centre-ville. »

Le slogan de campagne de Duboc est « Notre parti, c’est Poitiers ». Pour être plus juste, il aurait fallu dire « Notre Parti, c’est [celui des bons bourgeois] de Poitiers ». Mais nous sommes en « démocratie » n’est-ce pas ? Et tout candidat qui se respecte doit bien se plier à l’exercice d’essayer d’attirer les voix, au-delà des rangs des minorités qui s’empiffrent sur notre dos…

Juanito, groupe Pavillon Noir

[LGV Tours-Bordeaux] Train-train capitaliste, de la Crêche à La Folie

Après un article il y a quelques jours sur le calvaire d’habitant-e-s résidant le long du tracé de la ligne à grande vitesse en construction, de nouvelles infos paraissent ce jour-ci dans la NR sur ce chantier pharaonique.

Six poutres de 20 mètres de long et de 31 tonnes chacune, fabriquées à La Crêche (dans les Deux-Sèvres), ont été posées hier dans le cadre de l’aménagement de l’Estacade de La Folie, au-dessus de la rue de la Poupinière à Poitiers.

On apprend par ailleurs que le cours d’eau du Palais a été dévié – comme il est prévu « d’aménager » douze autres cours d’eau dans la Vienne. A cette occasion, la NR nous apprend les méthodes utilisées pour déplacer les espèces aquatiques :

La technique utilisée est la galvanonarcose, terme un peu barbare qui désigne la pêche électrique. Les sept pêcheurs remontent le cours d’eau équipés d’une épuisette électrique, l’électrode plongée dans l’eau étourdit le poisson, qui une fois récupéré, est transporté dans le cours d’eau définitif.
Étienne Béguin, technicien de la fédération, explique : « Nous trouvons plusieurs espèces de poissons, des chabots, loches franches, vairons, chevesnes, goujons, voire même des truites, toute l’opération sera faite en une journée ». Il restera alors à supprimer le débit de la dérivation, pomper et collecter les derniers poissons, batraciens et mollusques.
Au-delà du cours d’eau, une dernière opération consistera à déplacer les amphibiens, les reptiles (couleuvres) et des micromammifères comme des campagnols, avant de combler et réaliser le remblai final. Le nouveau tronçon bordé de plantations, retrouvera son aspect définitif au début du printemps.
Tout ce petit monde transféré dans son nouvel environnement coulera des jours, heureux… comme un poisson dans l’eau !

Ou comment claquer des millions d’euros pour faire gagner quelques minutes de voyage en train, en transformant les territoires traversés en cauchemar digne d’un ouvrage de science-fiction. Le profit capitaliste de quelques-uns est à ce prix…

Juanito, Pavillon Noir

[86] Confédération paysanne contre gros capitalos de la FNSEA

On sacrifie l’élevage

Pour la Confédération paysanne de la Vienne, “ la nouvelle PAC, le ministère  de l’Agriculture et leurs camarades de la FNSEA sacrifient l’élevage. ”

Pour donner leur vision de la future Politique agricole commune 2015-2020 (la fameuse PAC) (*), les représentants du syndicat – minoritaire – de la Confédération paysanne (CP) dans la Vienne ont donné rendez-vous à la Ferme du Vieux-Bellefonds.

Autour de la table, Nicolas Fortin, éleveur bovins et porcs à La Puye, Raymond Demiot, co-gérant de la ferme de Bellefonds et éleveur de volailles fermières et d’un troupeau de vaches (viandes de veau) et Philippe Paradot, animateur à la CP.

«  190 éleveurs seraient privés d’aides  »

Ils réclament des aides à l’élevage pour tous. « La FNB (Fédération nationale bovine), la section spécialisée bovins viande de la FNSEA, a fait des propositions totalement inadmissibles. Elle souhaite exclure du dispositif des aides à la vache à viande, les éleveurs qui possèdent moins de 30 vaches allaitantes. » Pour le département de la Vienne, « 190 éleveurs, soit 30 %, seraient exclus de ce dispositif d’aide publique », estiment-ils. Que propose la Conf’ ? Consciente que « le financement de la prime à la vache à viande n’est pas extensible », elle propose, pour « plus d’équité », de « limiter par le haut en plafonnant le nombre d’animaux par paysan plutôt que d’exclure les petits élevages de façon cynique ». Les deux agriculteurs demandent au ministère de l’Agriculture de « ne pas modifier le seuil d’accès aux aides qui est de trois vaches aujourd’hui ». La Confédération paysanne dit défendre « une agriculture paysanne, territoriale et sociale » contre « la concentration des élevages et l’industrialisation encouragée par la FNSEA », syndicat majoritaire, qualifié de « Medef agricole ».

«  La FNSEA, c’est le Medef agricole  »

Les agriculteurs ne préféreraient-ils pas vivre de leurs activités plutôt que d’être sous perfusion des aides européennes ? « Bien sûr, réagit Raymond Demiot, coiffé de son bonnet rouge « depuis 30 ans ». Mais aucun gouvernement ne veut une flambée des prix alimentaires. Le principe des aides publiques, c’est de maintenir un revenu décent pour les agriculteurs tout en vendant leur production à bas prix. »

(*) La politique agricole commune (PAC) est mise en place à l’échelle de l’Union européenne depuis 1962 et est fondée sur des mesures de contrôle des prix et de subventionnement, pour, dit-on, moderniser et développer l’agriculture. Le budget des aides européennes agricoles pour la France est de 48 milliards d’euros de 2015 à 2020.

D.F., Nouvelle République, 14 novembre 2013

[LGV Tours-Bordeaux]  » On est les indigènes de la ligne à grande vitesse  »

 » On est les indigènes de la ligne à grande vitesse « 

A deux pas du chantier de la LGV, ils vivent un enfer depuis de longs mois. Témoignage à Saint-Gervais-les-Trois-Clochers.

Son statut d’ex-bras droit d’une personnalité politique paraît aujourd’hui bien dérisoire, ne l’autorisant sans doute « qu’à ouvrir (sa) gueule » un peu plus fort que les autres. Lui, l’ancien sherpa d’Édith Cresson, porte à 70 ans, un vrai fardeau. Gilbert Guérineau est une victime collatérale de la LGV.

Son pavillon cossu de Saint-Gervais-les-Trois-Clochers, située au Moulin du Maing, a une vue imprenable sur le chantier de la ligne grande vitesse… « On est à moins de 80 mètres du chantier. La LGV passera là, au bout, à 13 mètres de hauteur », montre-t-il en désignant la haie d’arbres qui clôture son jardin.

«  La poussière le bruit les vibrations  »

Dans ce qui était un paradis de verdure, l’ambiance est lourdement plombée. « Et encore, ce n’est rien à côté de cet été, on a vécu un véritable enfer, témoigne-t-il. La poussière, le bruit, les vibrations… » A tel point que le couple Guérineau a déménagé plusieurs semaines dans une résidence secondaire qu’il possède à Fouras. Leurs jeunes voisins n’ont pas eu cette chance. Annie Simon et Fabien Meissonnier, parents d’une fillette et d’un nourrisson, habitent une petite fermette rénovée, installée au « Bouchet », « à 50 mètres de la ligne, à 20 mètres du chantier ». « Cet été, les jours de forte chaleur, on était obligé de partir de la maison pour avoir un peu d’air et de calme. Les engins démarraient à 6 h pour finir à 22 h voire certains soirs 23 h », raconte la jeune femme, une enseignante. « On a acheté la maison en 2005 en connaissance de cause, explique Fabien Meissonnier. On savait qu’il allait y avoir la LGV. Non, nous, ce qu’on demande c’est juste un peu d’écoute et de respect. » « On n’a jamais vu personne, confirme Gilbert Guérineau. Si, une fois, des types ont débarqué dans mon jardin, comme ça. Ils avaient posé des jalons. Ils voulaient dévier la route chez moi ! Je les ai virés. »

Récupérer des clopinettes

Au-delà des seules nuisances, la question de l’indemnisation reste un vrai enjeu… « On n’y comprend rien, jure le résident du Maing, toujours lui. Il y a des gens qui sont plus loin qui ont été expulsés. Et d’autres plus près et qui ne le sont pas. L’enquête publique a duré deux mois. J’ai demandé l’expropriation. Moi, ma maison aujourd’hui, elle est invendable. Le fonds de solidarité ? C’est uniquement du pognon pour arroser les maires. » « Même si on voulait partir, de toute façon on récupérerait des clopinettes », clame Annie Simon, fataliste. Les engins de chantier ont baissé d’un ton en cette fin d’après-midi automnal. Pas de quoi calmer la colère. Guérineau : « On est les indigènes de la LGV. Juste bons à regarder passer le train. »

POITIERS-LIMOGES La LGV en service dès 2022 ?

Le président PS du conseil régional du Limousin affiche publiquement sa confiance. Dans un entretien récemment diffusé sur France 3 Limousin, Jean-Paul Denanot avance même une date de mise en service pour la LGV Poitiers-Limoges : 2022 ! « Le gouvernement devrait donner son accord pour une déclaration d’utilité publique d’ici un an, quinze mois maximum ; à partir de là, le système s’enclenche et les travaux peuvent commencer », explique le patron de la Région qui est allé à Paris, la semaine dernière, rencontrer le directeur de cabinet du Premier ministre et le ministre des Transports. Jean-Paul Denanot et Alain Rodet, le maire de Limoges, assurent avoir déjà réuni près d’un milliard d’euros auprès des collectivités locales pour financer ce projet estimé à 1,7 milliard. En juillet dernier, le Premier ministre avait pourtant annoncé son report à 2030-2050. L’enquête publique avait émis un avis favorable, en septembre dernier, sous réserve que le gouvernement s’engage à programmer les travaux « dans les délais prévus et non après 2030 ».

Franck Bastard, Nouvelle République, 12 novembre 2013

Patrick Lantrès : les riverains pourront faire jouer leur droit au départ après la mise en service « 

Patrick Lantrès, de Jaunay-Clan, est président du Comité TGV Réaction Citoyenne.

Plus de 150 riverains se trouvent entre 25 et 150 mètres du chantier le long du tracé initial dans la Vienne. Comment vivent-ils la situation ? Il y a un ras-le-bol des désagréments de toutes sortes. Un truc tout bête : nos voitures sont toujours sales à cause de la boue. Ce n’est rien, mais tout mis bout à bout, avec les vibrations et le bruit, ça ne peut que procéder au rejet du projet. La mise en service prévue en 2017 est-elle attendue ou redoutée ? Disons qu’ils pourront faire jouer leur droit au départ acquis de haute lutte. Dans les trois ans qui suivront la mise en service, les propriétaires qui considéreront qu’ils sont gênés pourront vendre leur maison et ils toucheront une compensation financière s’ils la vendent à un prix inférieur à l’estimation réalisée par un expert indépendant sans les nuisances de la LGV. Qui paiera ? En principe, l’indemnisation sera prise en charge à 50-50 entre RFF et les collectivités locales, la commune et le conseil général. Au total, ça représentera des queues de cerises…

Recueilli par B. B., Nouvelle République, 12 novembre 2013