Archives de catégorie : Désinformation bourgeoise

Annonce sur le site de la Nouvelle République : une malheureuse coïncidence

Nous avons remarqué un nouvel encart sur le site de la Nouvelle République. Deux visuels se succèdent.

Le premier montre les couleurs du drapeau français, formant une sorte de courbe partant à droite et revenant sur la gauche :

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Le deuxième invite les candidats à annoncer leur réunion publique :

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Coïncidence sans doute malheureuse, pour évoquer des élections sans prendre parti pour quiconque : le logo de la première image avec les couleurs du drapeau français évoque furieusement la forme et les couleurs du logo d’un des partis candidats, présentant pour la première fois une liste sur Poitiers :

Rien à voir non plus, si la Nouvelle République consacre une jolie page pleine, dans son édition d’aujourd’hui, à la réunion publique de Marine Le Pen à Poitiers.

Cette coïncidence, certes malheureuse, n’est bien entendu pas voulue : la Nouvelle République n’a jamais versé, c’est notoire, dans un discours nauséabond stigmatisant les pauvres, glorifiant les commerçants, vantant le métier de policier ou de soldat, et dénonçant « l’insécurité » à tout bout de champ. Par ailleurs, si la rédaction de ce journal n’est pas habituée à consacrer de pleines pages aux réunions publiques de Lutte Ouvrière (par exemple), parti lui aussi candidat, elle envisage sans doute de le faire incessamment sous peu – nous ne doutons pas de sa très déontologique neutralité. Vendre du papier sur des thèmes racoleurs n’a jamais été l’objectif de ce journal, qui informe, avant tout ; afin que chaque lecteur se fasse sa propre opinion, en toute indépendance…

Pavillon Noir

Emmanuelle Cosse, ou l’escroquerie verte (suite)

NdPN : suite aux déclarations de guerre aux pauvres de la part du gouvernement « socialiste » dans son « pacte de responsabilité » (voir nos articles précédents), la moindre des choses quand on se déclare préoccupé par la question sociale est de condamner sans réserve cette politique ouvertement procapitaliste, ne s’encombrant même plus de vernis social. Oui mais voilà, faut bien garder des postes de pouvoir ! Illustration avec Europe-Ecologie-Les-Verts : voici un petit best-of des nouveaux propos honteux d’Emmanuelle Cosse, secrétaire du parti « écologiste », publiés aujourd’hui dans les colonnes du journal Le Parisien. Tout comme le PS, EELV ne cesse plus de tomber le masque (voir les récentes déclarations de Cosse sur le nucléaire). Satisfaction quant au racket massif d’argent public au profit du privé (à condition de faire dans le business du capitalisme vert bien sûr). Satisfaction sur de simples déclarations de « contreparties » bidons de la part du patronat (qu’on nous serine depuis des décennies). Chauvinisme identitaire et adhésion aux nouveaux dispositifs étatistes et bureaucratiques de l’intercommunalité. Et rengaine éternelle de la velléité de gagner des élus. Pitoyable !

Emmanuelle Cosse  (EELV) : «J’ai voté pour Hollande, pas pour son couple»

Qu’avez-vous pensé du virage social-démocrate de Hollande?
EMMANUELLE COSSE. On a vu un président dans un nouvel habit, avec des choix affirmés, un objectif lié à l’emploi. Mais il reste beaucoup à éclaircir. Sur les cotisations familiales, nous pouvons comprendre le choix de ne plus les asseoir sur les entreprises. Mais comment sera financée la branche famille? […] s’il s’agit de supprimer les dépenses inutiles et les niches fiscales anti-écologiques, on peut faire d’une pierre deux coups : des économies et la transition écologique!

Fait-il trop de cadeaux aux chefs d’entreprise?
Il y a eu un précédent, c’est le CICE (crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi). Le président et le gouvernement avaient refusé qu’il y ait des contreparties sociales et environnementales. Là, il nous dit qu’il y aura des contreparties. Enfin ! Mais nous n’allons pas nous contenter d’un observatoire. […]

Qu’attendez-vous?
Il va falloir fixer des priorités. […] Le gouvernement va-t-il choisir d’investir pour soutenir les filières d’avenir ?

Approuvez-vous la diminution annoncée du nombre de régions?
Oui, en conservant une place aux identités culturelles fortes […]. Car nous voulons une organisation plus efficace et plus lisible. Quant aux départements, nous sommes depuis longtemps favorables à leur suppression au profit de régions aux compétences renforcées et d’une intercommunalité aboutie.

[…]

Vous avez été élue à la tête d’un parti écologiste divisé. Comment abordez-vous ces municipales?
Le parti est en forme ! On a eu des débats vifs, on a toujours des gens qui aiment tirer contre leur propre formation, mais nous sommes en ordre de marche pour les municipales. Nos objectifs sont clairs : montrer l’écologie en action, ce qu’elle apporte en matière de logement, de transport, d’aménagement… et augmenter notre nombre d’élus. On espère gagner des villes.

[…]

Extraits d’un article du Parisien, 19 janvier 2014

Montebourg et le « social-patriotisme »

Montebourg et le « social-patriotisme »

Des tirades de Mélenchon à celles de Le Pen, en passant par celles du PS et de l’UMP, nous assistons depuis quelques années à une résurgence notable du discours « produire français », pour ne pas dire de la préférence nationale, cheval de bataille du FN aujourd’hui enfourché par toute la classe politique au pouvoir. Le nationalisme productif fait hélas de plus en plus d’émules à « gauche », ce qui a de quoi inquiéter. Nous sommes en effet désormais bien loin des discours traditionnels de gauche, marqués par l’internationalisme et la lutte contre le patronat.

Peu après le discours de Hollande, affichant un soutien éhonté au patronat (et salué pour cela par le MEDEF), c’est donc au tour de Montebourg (ministre du « redressement productif » et partisan de la « démondialisation ») de donner aujourd’hui une inflexion clairement droitière à la politique gouvernementale.

Reprenant les termes employés lors de sa conférence de presse hier, il a aujourd’hui répété qu’il préférait, pour désigner le parti auquel il appartient (le PS) le terme de « social-patriote » à ceux de « social-libéral » ou de « social-démocrate ». Les mots sont importants, et lourds de sens : Montebourg définit son idéal comme « patriote », les préférant explicitement aux idéaux « libéral » et « démocratique ». Il a ensuite développé sur son rêve de partenariat, d’une « alliance » entre syndicats et patronat, agrégeant « salariés », « actionnaires » et « patrons » dans un même projet. Il s’est affirmé comme un interventionniste « décomplexé », et a prôné la planification de la révolution industrielle.

Dans un autre article publié aujourd’hui, nous avons évoqué le fait que rien ne distingue, dans les postulats, le discours de l’extrême-droite fascisante de ceux des partis au pouvoir. On nous fera peut-être remarquer que c’est exagéré…

Rappelons alors que les fascismes se sont historiquement développés sur un discours commun :

– un mélange affiché de « socialisme » et de nationalisme. Or « national-socialisme », est-il un vocabulaire différent de « social-patriotisme » ?

– le rejet du libéralisme… et de la démocratie. Avec une dénonciation typique du « capitalisme financier », qui nuirait à un bon capitalisme. Or est-il innocent de préférer l’adjectif « patriote » aux adjectifs « libéral » ou « démocrate », pour compléter le mot « social » ? Est-il innocent de stigmatiser la finance au profit d’un bon capitalisme patriote ?

– la collaboration, « l’alliance » entre syndicats et patronat pour le bien de la nation. Or c’est exactement ce que veut Montebourg.

– un discours belliciste. Or Montebourg parle en boucle de ministère de « combat », et de « résistance » face à la mondialisation et aux « excès » de la finance. On se rappelle ses vitupérations pour la « démondialisation », contre les « protectionnismes » d’autres pays (Chine, Corée), contre lesquels il faudrait bien « taxer », se défendre. Une vision du monde pour le moins inquiétante, résolument à rebours des valeurs de l’internationalisme.

– un volontarisme de planification économique, affiché comme une « révolution nationale ». Que dire d’une phrase telle que « [l’Etat] doit planifier la révolution industrielle » ? Pour rappel, une citation de Montebourg candidat aux primaires socialistes, dont les accents inquiétants se confirment : « Nous assistons à l’écroulement de l’Ancien Monde et ils nous appartient d’inventer le Nouveau Monde en regardant ce qui se passe ailleurs, dans notre histoire, en piochant dans notre intelligence collective et en nous inspirant de ceux qui expriment de l’amour pour la France« 

Et Montebourg de citer Keynes avec admiration, ce « grand anglo-saxon ». Or Keynes, effectivement proche des capitalistes britanniques (qui comptaient parmi les plus brutaux de leur temps !), s’il est aujourd’hui l’économiste cité par la gauche, a aussi et avant tout été admiré à son époque par les fascistes.

Rappelons que Keynes se disait anti-communiste. Que le keynésianisme et son idéologie ont joué un rôle important dans l’émergence du corporatisme fasciste (collaboration Etat-syndicats-patronat). Que Keynes félicitait vivement la vision économique de Oswald Mosley en 1930… celui qui fondait deux ans après l’Union des fascistes britanniques. Que l’un des keynésiens les plus fervents de son époque fut Hjalmar Schacht, le banquier féru de grands travaux qui organisa une pétition d’industriels et de banquiers à Hindenbourg pour imposer Hitler comme chancelier, et devint ministre du IIIème Reich. Rappelons enfin que Keynes était un admirateur de Francis Galton, partisan du darwinisme social, inventeur de l’eugénisme et de la méthode d’identification par les empreintes digitales.

Les mots ne sont pas innocents.

Montebourg les a prononcés en se rendant aujourd’hui dans le Vaucluse, et notamment à Orange. Dans une démarche électoraliste, dans des terres électorales propices au FN. Il y a rejoint Valls, ministre de l’Intérieur, qui a annoncé par ailleurs une augmentation des zones de sécurité prioritaire (une centaine) et a parlé d’un Etat fort et « qui s’incarne ».

Tout cela dans l’indifférence consternante des syndicats et des organisations de gauche, qui il y a dix ans à peine, auraient hurlé au loup.

On me dira encore que ces remarques sont exagérées. Je répondrais que les choses s’accélèrent très vite, et qu’il est plus que temps de pointer du doigt les manipulations sémantiques, dans un tel contexte de confusion idéologique. Qui aurait pensé que le PS, il y a quelques années à peine, mènerait la politique actuelle ? Qui peut dire ce que les partis au pouvoir, de gauche ou de droite, feront dans quelques années ? La seule différence, c’est le niveau des technologies numériques, que veut encore développer Montebourg, qui servent aujourd’hui au contrôle social et font passer Big Brother pour un ringard. Ces technologies laisseraient bien peu de chance à la résistance, en cas de régime basculant dans la répression pure et dure. Si l’on observe les législations permettant répression et fichage qui se mettent en place en Europe y compris en France, il y a de quoi réagir aux mots employés par les représentants du pouvoir.

Alors oui, la vigilance et la lutte sont plus que jamais de mise.

J., Pavillon Noir, 17 janvier 2014

« Pacte de responsabilité », une scénette de plus dans le petit cirque de la « sociale-démocratie »

Des nouvelles des administrateurs du désastre…

Les médias accompagnent le naufrage de l’insubmersible

Tandis que le maire UMP de Tarascon vient d’être condamné pour avoir favorisé des filiales de Vinci sur le marché public d’une cité judiciaire, que Bechter (lui aussi maire et lui aussi UMP) a été placé en garde à vue pour achats présumés de votes à Corbeil-Essonnes (une tradition locale bien connue depuis Dassault), les administrateurs PS du désastre travaillent à poursuivre la politique de la droite au pouvoir.

Guillaume Poitrinal, ex-PDG d’Unibal (entreprise étudiant les marchés du bricolage, du jardinage et de l’aménagement des habitats), dirigera avec le député Thierry Mandon le fameux « choc de simplification », visant à réduire à une quinzaine le nombre de régions. Autour de 13 métropoles qui verront leur pouvoir très élargi (loi votée en décembre). Pour Mandon, il s’agit d’une « digestion des départements par les métropoles ». Comme c’est joliment dit, ça fait rêver. La réduction budgétaire n’explique pas tout ; il s’agit avant tout d’une inscription toujours plus assumée dans un processus de métropolisation, c’est-à-dire d’assujettissement des espaces à une logique de diktat de l’économie comme politique.

Tandis que l’UMP Bertrand jalouse le discours du président procapitaliste Hollande (« Il lui restait d’une certaine façon le coeur de l’électorat de gauche qu’il n’avait pas encore trahi. C’est fait depuis hier. »), Moscovici, sinistre PS de l’Economie, enfonce le clou en rappelant ce qu’est la gauche, à savoir que la gauche a toujours trahi : « C’est une politique de gauche. La social-démocratie, c’est la gauche, depuis toujours dans l’histoire de la gauche, c’est la gauche qui est dans le réel, c’est la gauche des résultats, c’est la gauche du compromis, de la négociation sociale ».

Ledit président a donc produit un discours plus clairement procapitaliste que jamais, annonçant un nouveau seuil dans l’offensive capitaliste, salué à l’unanimité par les organisations patronales, ainsi que par des journalistes et « experts » aux tronches d’enterrement. Hollande ne promet rien moins que de filer 50 milliards d’argent public aux entreprises et un renforcement de l’austérité, bref une politique assumée de gestion du capitalisme, démontrant une fois de plus la véritable nature de l’Etat. Quant aux alliés de gauche au gouvernement, Cosse, secrétaire d’EELV, ne reproche que le manque de dimension environnementale et réclame des « actes concrets ». Le PCF fait comme d’habitude semblant de s’indigner, tout en faisant alliance un peu partout avec le PS pour les prochaines municipales.

Le navire fuit de partout, et la musique d’ascenseur continue de jouer. Vivement qu’il coule pour de bon.

Pavillon Noir

[Poitiers] Le « tweet » numérique, avatar de la misère politique

Citations consternantes des communicants d’aspirant.e.s au pouvoir municipal, aujourd’hui dans la Nouvelle République, à propos du « tweet »… à l’image de la misère politique actuelle, où la petite phrase bidon balourdée sur les écrans remplace le lien social réel et passe pour un « outil de débat » (lol) :

« Nous retransmettons également les événements en direct comme pour les conférences de presse sur les transports publics et la culture », explique Hugo Ferrer, directeur de campagne de Jacqueline Daigre, candidate UMP à la mairie de Poitiers. « L’avantage, c’est que nous pouvons être sollicités directement et répondre avec proximité et dans l’instant », ajoute Maxime Huille, directeur de campagne de Christiane Fraysse, candidate d’Europe Écologie Les Verts. « On retrouve une notion de proximité à travers les réseaux », confirme à son tour Matthieu Boisson, responsable de la communication de la campagne d’Éric Duboc, candidat centriste au siège de la ville.
La plateforme de discussion est aussi et surtout utilisée pour débattre, pour apporter des réponses précises et mettre rapidement fin à des idées fausses. « C’est tout de même important d’être présent pour faire passer des messages et être dans la vérité », ajoute François Blanchard, militant socialiste, soutien au maire actuel Alain Claeys qui brigue un second mandat.

NB : Pour une fois, même si on est pas du tout d’accord politiquement avec lui et qu’on ne sait pas ce que signifie un quartier « populaire », soulignons tout de même la position différente de Ludovic Gaillard (candidat LO qui n’a pas de compte sur les réseaux dits « sociaux ») : « Je préfère aller directement dans les quartiers populaires ».

Pavillon Noir