Archives de catégorie : Le travail tue

14 février : Occupons Pôle Emploi !

ndPN : Dans toute la France, des chô­meur-euses et pré­cai­res occu­pent régu­liè­re­ment des Pôle Emploi depuis quel­ques semai­nes. Ce 14 février, de nouvelles actions étaient prévues. Voici deux compte-rendus (Rennes et Lyon). D’autres villes sont concernées : voir le blog de la CIP

[Rennes] Occupons pole emploi la 4éme

Nous sommes entré à l’instant dans l’agence pôle emploi Albert 1er(métro henri fréville). Venez nombreux ! Nous tenons une assemblée, nous ré-énonçons nos revendications.

Voici le texte rédigé en assemblé occupons pôle emploi:

POLE EMPLOI EST À NOUS !

Depuis qu’ANPE et Assédics ont fusionné en 2008 dans l’entité « Pôle Emploi », le mépris à l’égard des chômeurs dans les agences va croissant, leur stigmatisation dans l’espace public s’est banalisé de façon alarmante et la gestion du personnel de pôle emploi n’a plus grand chose à envier à celle de France Télécom. Nous pensons au contraire que Pôle emploi doit être au service des chômeurs et précaires et assurer à son personnel des conditions de travail vivables. Nous refusons qu’on coupe les vivres à certains d’entre nous sous prétexte qu’ils n’ont pas répondu à une convocation balancée sur leur messagerie électronique, ou parce qu’ils n’ont pas pu y répondre, d’autant que dans bien des cas, elle ne leur apportera rien, sauf culpabilisation et menaces. En réalité, nous ne connaissons aucun motif légitime de contester le droit à l’existence de qui que ce soit en lui coupant ses maigres ressources. Les radiations sont utilisées massivement pour réduire les chiffres du chômage sans avoir à trouver de travail pour les demandeurs d’emploi. Il nous donc vital de nous y opposer, de les bloquer, dans un contexte d’élection où les statistiques seront manipulées pour minimiser les dégâts de l’économie. Nous refusons d’accepter n’importe quel emploi dans n’importe quelle condition, ce qui a pour effet de faire pression sur d’autres salariés et de dégrader leurs conditions de travail. Leur patron n’hésiterait pas à agiter le spectre du licenciement et rabâcher ce refrain bien connu : « si vous n’êtes pas contents, d’autres attendent à la porte ». Nous refusons que Pôle emploi participe en notre nom au harcèlement administratif mené contre les étrangers et à la chasse aux sans-papiers, en utilisant ses lampes bleues pour contrôler leurs pièces d’identité. Nous refusons d’être érigés en bouc-émissaires d’une crise structurelle du capitalisme afin que quelques nantis conservent profits et dividendes. Nous ne payerons pas leurs restructurations, leurs dettes, leurs délocalisations et leurs aménagements foireux. Conseillers, le seul moyen de faire reculer les managers et la direction de pôle emploi, c’est de lutter aux côtés des chômeurs et précaires. Pour qu’on cesse de faire de vous les auxiliaires de police des capitalistes, qu’on mette un terme aux violences verbales de la direction, à la mise en concurrence des agents entre eux, à la destruction de votre autonomie et de votre métier ou à l’individualisation de votre charge de travail. Nous occupons Pôle Emploi parce qu’il appartient aux chômeurs, aux conseillers qui y travaillent, et certainement pas à des managers ou une direction dont l’objectif principal est de se débarrasser des demandeurs d’emploi pour faire son chiffre et répondre aux commandes du gouvernement.

Dans la continuité des précédentes occupations, nous exigeons donc immédiatement :
– Le blocage des radiations
– La prise de rendez-vous commune entre conseiller-e-s/chomeur-euse-s
– La titularisation des personnels précaires des agences de Rennes
– La transparence des chiffres : nature des prestations et budget alloué à la sous-traitance, « motifs » et nombre de
radiations, nombre d’EMT, EMTPR, AFPR… (travail gratuit) proposés/imposés et quelles entreprises y ont recours.

Mouvement des Chômeurs et Précaires en Lutte de Rennes :
http://www.occupons-pole-emploi.org/
http://mcpl.revolublog.com/
Blog Indignés Coordination Bretagne : http://coordinationbretagne.wordpress.com/

Liens:: http://www.occupons-pole-emploi.org/

Vu sur Indymedia Nantes, 14 février 2012

 

[Lyon] Occupation du pôle emploi vivier merle

Mardi 14 février une vingtaine de personnes ont occupé le Pôle Emploi de Vivier Merle près de la Part-Dieu entre 10 heures et midi. Cette occupation répondait à l’appel du collectif du 17 janvier et faisait suite à l’occupation du Pôle de Production et de Traitement Centralisé de Gorge de Loup.

1 radiation a été annulée, 3 autres dossiers ont été revus par la directrice départementale.

Prochaine réunion le mardi 21 février à 18 heures au 04 bis rue de l’Université _

Une ving­taine de per­son­nes ont répondu ce mardi 14 février à l’appel du col­lec­tif 17 jan­vier et se sont retrou­vées place Jean Macé pour aller occu­per une nou­velle agence de Pôle Emploi. Laissant les flics sur place, elles se sont dis­per­sées pour mieux se retrou­ver à l’agence du bou­le­vard Vivier Merle ou elles ont déployé leur tente au milieu de l’agence. Elles ont ensuite com­mencé à redé­co­rer les lieux : « de Pôle Emploi à Fukushima, stop aux radia­tions ! », « Marre de parler à un mur, occu­pa­tion » ou encore « Grève des chô­meurs » ont fleuri sur des pan­neaux amenés par les occu­pant.es.

L’agence est restée ouverte, les occu­pant.es ne sou­hai­tant pas pour l’ins­tant empê­cher les rdvs des allo­ca­tai­res mais plutôt, pour aujourd’hui, enta­mer des dis­cus­sions avec les autres chô­meur.euses et pré­cai­res qui vien­nent à Pôle Emploi ainsi qu’avec le per­son­nel.

Une allo­ca­taire venue pro­tes­ter au sujet de sa radia­tion a été sou­te­nue par les occu­pant.es afin d’obte­nir l’annu­la­tion de la radia­tion et le main­tien de ses droits. La direc­trice dépar­te­men­tale venue dis­cu­ter avec les occu­pant.es a accepté les reven­di­ca­tions et annulé la radia­tion. Comme quoi l’action col­lec­tive, ça paye ! 3 autres dos­siers ont ensuite été soumis par les occu­pant.es.

Après deux heures d’échanges avec la direc­trice dépar­te­men­tale, les allo­ca­tai­res venu.es pour leur rdv et les sala­rié.es de Pôle Emploi, les occu­pant.es ont décidé de lever l’ancre en se pro­met­tant de reve­nir régu­liè­re­ment pour dif­fé­ren­tes formes d’occu­pa­tion.

Débriefing de l’action du 14 février et pré­pa­ra­tion des pro­chai­nes mobi­li­sa­tions le mardi 21 février à 18 heures au 04bis rue de l’Université

Le suivi de l’occupation

12h15 : Les occu­pant.es s’en vont, jusqu’à la pro­chaine fois !

- 11h : La radia­tion a été pres­te­ment annu­lée. L’action col­lec­tive, ça paye !

- 10h30 : Les occu­pant.es ont trouvé à qui parler, la direc­trice dépar­te­men­tale étudie le cas de radia­tion

- 10h : Vous pouvez rejoin­dre l’occu­pa­tion au 107 bou­le­vard Vivier Merle et par­ta­ger le petit-déjeu­ner de lutte amené par les occu­pant.es.

Extrait du tract distribué sur place :

Les mesu­­res gou­­ver­­ne­­men­­ta­­les sont au ser­­vice du patron­­nat et conti­­nuent de nous enfon­­cer dans la pré­­ca­­rité, la com­­pé­­ti­­tion et la culpa­­bi­­lité. Quand on nous insulte de « pro­­fi­­teurs », « d’assis­­tées », de « fai­­néants », de « frau­­deu­­ses », nous ripos­­tons.

Parce que le trai­­te­­ment de masse de la pau­­vreté nie la spé­­ci­­fi­­cité de nos vies :
- Arrêt immé­­diat des radia­­tions.

Parce que les allo­­ca­­tions (ARE, RSA, APL, ASS, Allocation famil­­liale, etc…) ne sont pas des pri­­vi­­lè­­ges :
- Maintien des indém­­ni­­sa­­tions jusqu’au retour à l’emploi et et droit à l’indem­­ni­­sa­­tion chô­­mage quel­­que soit le motif de rup­­ture du contrat.

Parce que les ins­­ti­­tu­­tions socia­­les nous divi­­sent entre « bon » et « mau­­vais » allo­­ca­­tai­­res :
- Annulation du ser­­vice de tra­­vail obli­­ga­­toire (Contrat Unique d’Insertion) de 7h pour les allo­­ca­­tai­­res du RSA et droit au RSA pour les moins de 25 ans.

Nous dénon­­çons aussi (et sur­­tout) :
- la fusion de l’ANPE et des ASSEDIC en Pôle Emploi , véri­­ta­­ble machine infer­­nale de des­­truc­­tion des droits sociaux acquis des usa­­gers et des sala­­riés.
- l’orga­­ni­­sa­­tion déli­­bé­­rée dans la société du chô­­mage et de la pré­­ca­­rité de masse au béné­­fice du patro­­nat au mépris de nos condi­­tions de vie.

Dans toute la France, des cho­meur.euses et pré­cai­res occu­pent régu­liè­re­ment des Pôle Emploi depuis quel­ques semai­nes. Pour la jour­née du 14 février, des occu­pa­tions étaient pré­vues à Bordeaux, Lille, Paris, Quimper, Rennes et Toulouse. Voir le site de la cip pour plus de détails

Vu sur Rebellyon, 14 février 2012

[Poitiers] Personnels et parents d’élèves du collège Jean Moulin dénoncent l’insuffisance de la dotation globale horaire

Une motion contre le manque de moyens au collège Jean-Moulin

Reporté deux fois pour cause de météo, le conseil d’administration du collège Jean-Moulin a lieu ce soir. A cette occasion, une motion doit être adressée à la rectrice et à l’inspecteur d’académie. En voici la teneur principale: « les élus des parents d’élèves et du personnel… refusent de voter la répartition de la dotation globale horaire », l’estimant insuffisante « pour remplir à bien les missions d’un service public de l’éducation de qualité ».

Sont soulignés « la disparition d’un poste d’enseignant d’anglais, l’insuffisance horaire en sciences et technologie » (qui rend impossible l’organisation de groupes en sciences physiques, sciences et vie de la terre et technologie à un maximum de 20 élèves comme actuellement), ainsi que le recours aux emplois aidés.

Centre-Presse, 14 février 2012

Une nouvelle convention collective signée dans le dos des aides à domicile

Le nouvelle Convention collective unique pour la branche aide à domicile, réunissant quatre conventions collectives en une seule, a suscité la colère des travailleuses dans la Vienne (nous le rapportions ici et ) : perte de nombreux congés, complémentaire santé obligatoire même pour les salarié-e-s déjà couverts ailleurs, non-prise en compte des absences dans l’ancienneté, suppression de la prime de déménagement, de la majoration jours fériés, mais surtout perte de 40% sur les frais kilométriques, ce qui pénalise grandement les salarié-e-s en milieu rural. Le seul « avantage » : une majoration du travail le dimanche, et le « choix » parmi plusieurs mutuelles. La belle jambe ! Les seules gagnantes dans cette histoire sont ces mutuelles de santé (comme AG2R) , bénéficiant d’une manne providentielle…

Comme convention collective, on a vu mieux. C’est qu’avec la réforme de la « représentativité » syndicale, il a suffi que seuls deux syndicats signent (pour ne pas les nommer : UNSA et CFDT… tiens donc). Dans un milieu professionnel très peu syndiqué, les salarié-e-s ont la nette impression que tout s’est joué dans leur dos et reçoivent cette « convention collective » avec colère. Espérons que leurs luttes paieront.

En attendant, on lira avec consternation la défense de la CCU dans la presse locale par un syndicaliste (CFDT…). (1)

Pavillon Noir, 14 février 2012

(1) L’article en question : en gros le mec « comprend » que ça touche les salariées de plein fouet, mais elles n’ont qu’à se débrouiller pour améliorer leurs droits… via leurs organisations syndicales.

On peut mieux faire

Les aides à domicile ont découvert que leur nouvelle convention collective peut être moins avantageuse. Un syndicaliste explique pourquoi il la défend.

Jean-Philippe Loiseau défend la CFDT qui a signé l'accord instituant cette convention collective des aides à domicile qui fait débat chez certaines d'entre elles.

 

Jean-Philippe Loiseau défend la CFDT qui a signé l’accord instituant cette convention collective des aides à domicile qui fait débat chez certaines d’entre elles.

Secrétaire départemental CFDT personnels « santé-sociaux » de la Vienne, Jean-Philippe Loiseau, trouve paradoxal que la nouvelle convention collective qui s’applique aux aides à domicile les rende mécontentes. Il comprend que certaines mesures posent localement des problèmes mais fait de cette convention la base d’une amélioration globale.

Qui cette convention collective concerne-t-elle ?

Dans la Vienne, cela concerne notamment les ADAPA et ADMR. Au niveau national, ce champ d’activité regroupe environ 220.000 salariés.

Comment est-elle née ?

Le secteur était régi auparavant par quatre conventions collectives. Tout le monde s’est mis d’accord pour les harmoniser en une seule. Toutes les organisations d’employeurs ont signé cette nouvelle convention. Du côté des salariés, seules l’UNSA et la CFDT l’ont signée. Les autres organisations syndicales ont fait valoir leur droit d’opposition qui n’a pas été retenu. Cette convention collective étendue concerne désormais tous les salariés de la branche.

«  Elle contient des avancées qui méritaient qu’on la signe  »

Les aides à domicile ont-elles été consultées ?

Ce secteur est somme toute assez neuf et regroupe beaucoup de gens dans la précarité. Le niveau de syndicalisation y est très faible et elles peinent à se reconnaître dans les organisations syndicales. Mais la loi est ainsi faite que les organisations syndicales représentatives seules peuvent avoir droit au chapitre. Je trouve paradoxal que les employés se retournent vers leurs employeurs. Je crains vraiment que certains appliquent cette convention au rabais et travestissent son contenu.

Certaines aides à domicile dénoncent de nouvelles conditions moins avantageuses…

Effectivement, cette convention fixe le remboursement des frais kilométrique du trajet domicile-premier usager à 60 %. On ne peut que convenir qu’il s’agit d’une perte. Mais il n’est pas interdit de faire mieux que ce plancher. La pratique d’indemnisation des associations peut être maintenue par des accords d’entreprise. Une convention collective n’est pas un texte figé. Les négociations sont quasi perpétuelles. Charge aux organisations syndicales de la faire évoluer et c’est bien notre objectif. Nous l’avons signée parce qu’elle contient des avancées qui méritaient qu’on la signe.

comment fera-t-on demain ?

Même s’il souhaite faire évoluer cette convention collective et appelle les salariées à obtenir de leur employeur des accords d’entreprise qui maintiennent leurs conditions actuelles les plus avantageuses, Jean-Philippe Loiseau ne peut nier le contexte. « Le contexte de restriction budgétaire est tel que le premier problème à poser n’est pas tant l’indemnisation kilométrique que les réductions d’horaires imposées. J’aimerais voir les employés et les employeurs se battre pour que les temps d’intervention ne soient pas réduits. La priorité ne doit pas forcément être de faire payer les salariés par de mauvaises conditions financières. Ce n’est pas en les précarisant encore que la situation va s’améliorer. C’est aussi pour cela qu’il y avait urgence à signer cette convention. Certaines aides à domicile ont un temps de travail tellement partiel qu’elles font des ménages de gré à gré voire par chèque emploi service sans aucune mesure de protection (couverture prévoyance, formation, accès à une mutuelle…). »

Nouvelle République, 14 février 2012

[Vienne] Quand l’agence pour le « tourisme » devient une agence pour la compétitivité/attractivité

Le monde merveilleux du développement durable…

L’agence Vienne- Futuroscope va  » vendre  » le département

Aujourd’hui, quand on est ni en Ile-de-France, ni en région PACA, il faut savoir se battre pour attirer les investisseurs sur son territoire. Et la bataille entre collectivités fait rage. On l’a vu à l’époque où le Center Parcs n’était qu’un projet dans une pochette en carton, et que le Maine-et-Loire ferraillait avec la Vienne pour tirer les marrons du feu. Autres contextes et même combat ont précédé l’installation des entreprises Délipapier à Ingrandes-sur-Vienne ou ZTE sur la Technopole du Futuroscope… voire d’autres projets en perspective qui représenteraient à ce jour un volume significatif de 2,5 milliards d’euros d’investissement à l’horizon 2015/2016… Pour continuer d’avoir un temps d’avance, il faut se positionner au cœur d’une compétition qui devient mondiale. Pour cela, le conseil général mise sur le Futuroscope, en premier lieu, dont l’adresse est devenue mondiale avec ses 25 années d’expérience. Il table aussi sur l’université de Poitiers et son pôle recherche, une industrie aéronautique spécifique, un tissu de 500 professionnels du tourisme, des entreprises leader sur leur marché, Aigle, Saft, Dassault, Sagem, Terrena, Eurial (*)… Et pour le faire savoir, il vient de créer une agence d’attractivité, qui aura pour objet de mieux faire connaître la Vienne à l’International et de détecter suffisamment en amont les entreprises susceptibles de développer des projets sur le département. Cette mise en place passera par la modification et l’adaptation des statuts de l’Agence touristique de la Vienne (ex CDT) qui portera cette nouvelle structure.

Nouvelle République, 13 février 2012

ndPN : et voici quelques productions des groupes industriels cités ci-dessus : très glamour !

 

 

 

 

 

 

 

 

Et voici une jolie pile SAFT, au lithium.

Et voici le célèbre Rafale, de notre bien-aimé milliardaire-patriote Dassault !

 

 

 

 

 

 

 

Tombons en pâmoison devant ce drone Patroller, de Sagem…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Rendons grâce à l’empire Terrena, de nous nourrir au quotidien…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Et à Eurial, qui nous prodigue son lait délicieux, qui fleure si bon la nature !

Et bientôt plein d’autres beaux et bons produits made in France, made in Poitou, grâce aux bons soins de notre agence pour le tourisme et la compétitivité !

Pavillon Noir

[Indonésie] La révolte gronde contre l’exploitation

Les luttes de classes en Indonésie

Indonésie : fronde ouvrière dans le « nouvel atelier du monde »

Les ouvriers indonésiens multiplient les actions spectaculaires pour améliorer un salaire souvent limité à une centaine d’euros par mois, inquiétant des employeurs qui rêvent de faire de leur pays le nouvel « atelier du monde », avec une main-d’œuvre encore meilleur marché qu’en Chine.

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Dix heures de bouchon : même pour la mégapole Djakarta, habituée à une circulation infernale, l’immense embouteillage a fait monter la moutarde au nez de plus d’un automobiliste. C’était l’effet recherché par les quelque 20.000 ouvriers travaillant à Bekasi, dans la banlieue de la capitale indonésienne, qui ont déposé leurs outils pour bloquer une autoroute à péage.

« On n’avait pas le choix », s’excuse Sarjo Suragil, 37 ans, qui fabrique des emballages pour McDonald’s et KFC. « On ne peut pas s’en sortir avec des salaires comme ceux-là. »

L’action spectaculaire, dans un pays où les mouvements sociaux sont rares, a été décidée après qu’un tribunal a annulé une augmentation du salaire minimum local de 13%, pour le faire passer à 1,49 million de roupies indonésiennes par mois (127 euros).

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Le jugement avait suivi une plainte de l’Association des employeurs indonésiens, l’organisation patronale du pays, qui avait argué qu’une telle hausse allait faire fuir les investisseurs étrangers.

Les grandes multinationales profitent de la situation

Les Honda, Nike ou autres Samsung se sont rués ces dernières années à Bekasi, coeur industriel de la capitale, pour profiter des salaires encore plus avantageux qu’en Chine ou en Inde.

Le salaire minimum, qui varie en fonction des provinces, évolue entre 75 et 150 euros par mois en Indonésie, contre une moyenne de 230 euros en Chine et 205 en Inde, selon une étude de la Japan External Trade Organisation.

Le coup de force des ouvriers de Bekasi a payé : le gouverneur local a réinstauré la hausse du salaire minimum.

Bekasi est la huitième province indonésienne à obtenir une augmentation. Voyant l’efficacité des actions spectaculaires, les ouvriers de plusieurs districts promettent de suivre l’exemple.

Tout récemment, des employés mécontents ont ainsi averti qu’ils allaient bloquer l’autoroute à péage menant à l’aéroport de Jakarta. La seule menace a suffi à régler le différend, qui portait également sur le salaire minimum.

La révolte gronde un peu partout

Les ouvriers se sont de plus sentis pousser des ailes après le succès d’une grève dure dans la mine d’or et de cuivre Grasberg, en Papouasie, l’une des plus grandes au monde. Après un arrêt de travail de quatre mois, les employés ont obtenu une hausse de salaire de 37% de la part de l’exploitant de la mine, la multinationale américaine Freeport.

« Après Freeport, les ouvriers de Jakarta et de sa région ont commencé à se dire que, peut-être, ils pourraient eux aussi obtenir une bonne augmentation », explique Chris Manning, expert à l’Australian National University.

« On va faire fermer la Bourse de Jakarta si c’est ce qu’on doit faire », avertit Timbul Siregar, président de l’Association des travailleurs indonésiens, disant puiser son inspiration du mouvement « Occupy Wall Street ».

Ce mouvement de contestation pacifique anticapitaliste, qui a occupé de septembre à février plusieurs parcs à Washington et New York, dénonce les abus du capitalisme financier.

« Nous allons continuer à perturber l’activité économique jusqu’à ce que le fossé entre les riches et les pauvres se réduise », prévient-il.

Tandis que le pays connaît une croissance annuelle supérieure à 6% depuis 2005, le nombre d’Indonésiens vivant sous le seuil de pauvreté a augmenté de près de trois millions en trois ans, pour atteindre 43,1 millions en 2010, soit près de 20% de la population, selon la Banque asiatique de développement (BAD). L’archipel est ainsi le seul pays d’Asie du Sud-Est à ne pas réduire la pauvreté.

« Si les salaires montent trop rapidement, les investisseurs étrangers pourraient commencer à regarder ailleurs », assure Franky Sibarani, secrétaire général de l’Association des employeurs indonésiens.

Pas sûr, répond Kazutoshi Chatani, économiste à l’Organisation internationale du travail (OIT). « Des salaires en hausse vont améliorer le pouvoir d’achat des ménages, ce qui est sans aucun doute important pour l’économie indonésienne. Après tout, la consommation intérieure a représenté 56,6% du Produit intérieur brut en 2010″.

Leur presse (Agence Faut Payer), 8 février 2012.