Archives de catégorie : Construction du désert

[LGV] Le progrès passe par l’insomnie

NdPN : encore un râleur qui s’insurge contre l’intérêt de Vinci commun…

LGV : des travaux de nuit autorisés mais contestés

Depuis le début de la semaine, les engins de chantier sont autorisés à travailler toute la nuit sur le viaduc de l’Auxance. Un riverain est furieux.

Benoît Tercier, l’un des plus proches riverains de la future LGV au niveau des viaducs de l’Auxance, à Chasseneuil-du-Poitou, est furieux. Dans la nuit de mercredi à jeudi, vers 4 heures du matin, il a été réveillé par des bruits liés aux travaux de construction, censés s’arrêter de nuit. Après avoir tenté d’obtenir des explications tant auprès de sa mairie que de la gendarmerie, Benoît Tercier a appris que la préfète de la Vienne avait signé, fin février, un arrêté dérogeant à l’arrêté initial et autorisant à titre exceptionnel de tels travaux durant deux fois six semaines.

La bête noire

Ces travaux de nuit permettent de poser les corniches de protection acoustique des deux côtés des viaducs, « de nuit afin de réduire les risques d’hygiène et de sécurité pour les équipes, l’espace sur le tablier étant restreint ». Explication de cette formulation sibylline par la direction de Lisea, maître d’ouvrage du chantier : le positionnement de la grue qui soulève les panneaux d’isolation phonique ne permet pas à d’autres ouvriers que ceux préposés à la pose de ces panneaux de circuler sur le tablier. Les travaux de nuit sont la seule solution pour éviter d’arrêter l’ensemble du chantier durant cette opération longue et délicate. Peu convaincu par cette explication, Benoît Tercier, qui se dit le porte-parole de ses voisins, pense qu’il s’agit plutôt de rattraper le retard pris par le chantier, ce que nie la direction de Lisea. Il se dit prêt à saisir le tribunal administratif d’une procédure de référé suspension, les travaux de nuit pouvant s’étaler, selon l’arrêté, sur deux périodes de six semaines s’achevant le 11 juillet. A noter que Benoît Tercier est en train de devenir la bête noire de Lisea : en janvier, il avait protesté de la même façon contre des travaux effectués le week-end, en contravention cette fois avec l’arrêté préfectoral. Selon certaines sources officielles, ces travaux supplémentaires étaient liés à la venue, le lundi, du ministre du Travail Michel Sapin sur le chantier. Une explication que Lisea a toujours contestée.

V. B., Nouvelle République, 31 mars 2014

Retour sur la manif du 22 février à Nantes

Les autorités sont prévenues : retour sur la manif du 22 février à Nantes

Récapitulons
Dans les années 1960, le projet d’un nouvel aéroport près de Nantes sort de terre, avec des projections économiques radieuses à la mode capitalisme trente glorieuses. Projet vite mis en cartons à la suite du choc pétrolier et des contestations (déjà !), mais les terres sont soigneusement protégées du remembrement alors en cours. Le fumeux projet ressort des poubelles administratives de l’État avec la gauche-garcimore en 2000, par un tour de passe-passe en force de Jospin (PS), Gayssot (PCF) et Voynet (Verts). L’aménagement est prévu sur une ZAD (zone d’aménagement différé) de près de 2000 ha, zone humide bocagère d’élevage et de petites cultures sise entre trois bourg ruraux. Sont aussi prévues une voie rapide routière, reliant les axes Nantes-Vannes et Nantes-Rennes, ainsi qu’une desserte ferroviaire. Hôtels et supermarchés viendraient compléter ce tableau d’un désert métropolitain digne de ce nom.
Mais la contestation reprend de plus belle : les réunions publiques sont perturbées et des manifestations diverses s’organisent. En 2007, un premier squat voit le jour dans une maison laissée à l’abandon. En 2009, le Camp Action Climat choisit le site de Notre-Dame-des-Landes pour débattre sur la question environnementale. Trois semaines de débats et d’actions ont lieu, un appel à venir habiter la zone est lancé, c’est le début de la plus grande zone de squat rural d’Europe. À peine les maisons sont-elles rachetées par Vinci qu’elles sont réinvesties. Les habitants « historiques » voient débarquer à leurs côtés, avec une curiosité parfois mêlée d’incompréhension, des gens souvent jeunes et politisés, qui s’installent ici pour un tas de raisons différentes : l’opposition à ce projet cristallise un grand nombre de thématiques de lutte, en lien les unes avec les autres, contre les logiques absurdes du capitalisme, de l’État, de la consommation, de la dévastation écologique… Au début, la cohabitation n’est pas simple ; valeurs et modes de vie divergent, à l’image des catégories qui nous divisent. Mais rapidement, le fait de vivre ensemble sur un même territoire l’emporte, et composer ensemble dans la vie quotidienne et dans la lutte n’est plus seulement une nécessité, mais un désir. Là où le rouleau compresseur devait détruire des terres, des liens, la vie, là où l’individualisme et les rapports marchands devaient encore remporter une victoire, naît une communauté de liens. Là où l’État est repoussé, naît une créativité incroyable, rendant caduques toutes les catégorisations habituelles des pouvoirs faisant de nous des « populations » sous contrôle (sus à l’Insee !)

Pourquoi le 22 février ?
En réponse aux déclarations et aux signes de nouvelles tentatives d’expulsion à venir, les différentes composantes de la lutte contre le projet d’aéroport se sont une fois de plus entendues sur une manifestation, à un moment crucial contre les porteurs de projets (élus et Vinci) : l’échéance du mois de mai pour le « transfert » des espèces animales protégées (procédure obligatoire) contraint les autorités à l’offensive, sous peine de repousser ledit transfert à l’automne. Néanmoins, à un mois des municipales, la marge de manœuvre des « socialistes » est réduite. C’était donc le moment de manifester à nouveau de tous nos sabots contre la machine productiviste.
Les différentes composantes de la lutte (paysans, habitants historiques et zadistes, Acipa, naturalistes, etc., désolé pour les catégories) arrivent donc de cette campagne que l’on veut détruire et soumettre, débarquant dans la ville-métropole de Nantes, espace artificialisé par excellence au cœur des pouvoirs locaux.
La veille de la manif, le préfet annonce que tout l’hypercentre de Nantes sera déclaré « zone rouge », y compris le Cours des 50 otages, lieu de passage traditionnel des manifestations nantaises – ce qui a irrité plus d’un démocrate (j’en ai vu, il en reste !). Voici donc le parcours initialement prévu réduit de près de ses deux tiers ; les organisateurs, pris de court, décident d’allonger le parcours au sud.
La veille et le matin même, les Nantais découvrent leur ville littéralement assiégée par la police et la gendarmerie : de nombreuses rues sont bloquées, des fourgons de force anti-émeutes sont garés en masse. On croirait presque le comité d’accueil d’un contre-sommet !

Et c’est parti !
Le départ s’effectue devant la préfecture : sur la voie publique, les gens s’entassent de tous côtés avec les plus hétéroclites déguisements et façons de s’exprimer. Une cabane se monte dans un platane au-dessus de nos têtes pour bien symboliser le « échangeons les rôles » qui préfigure cette journée. D’énormes tritons marbrés habillent des tracteurs, qui déambulent sur le bitume chauffé par des dizaines de milliers de joyeux lurons.
Rue de Strasbourg, une enseigne de Vinci Immobilier protégée par quelques planches est brisée, la déco intérieure change de style — les plantes qui s’y trouvaient sont sauvées par de charitables âmes. Plus loin une foreuse Vinci, en plein burn-out, décide de s’immoler par le feu.
Arrivés à la station de tram Commerce, où le premier parcours devait filer pour remonter le Cours des 50 otages, une vingtaine de tracteurs sont contraints à l’arrêt, devant un canon à eau de la police et des grilles anti-émeutes, sur lesquelles des dizaines de manifestants tapent en guise de sommation aux forces de l’ordre qui bloquent le parcours décidé collectivement. Mais les casqués ne l’entendent pas de cette oreille. Dès les premiers œufs de peinture, entachant le bel uniforme bleu foncé du sympathique corps de la gendarmerie mobile, les premières grenades lacrymogènes sont tirées.
Pendant ce temps, les premières supputations tombent sur le nombre exact de participants à la manif… mais qu’est-ce qu’on s’en fout ! Si l’on devait s’en tenir aux dires de trucmuche et de machinchouette, voilà bien longtemps que les travaux seraient déjà en cours. Ce n’est pas d’apprendre par les médias le nombre exact d’opposants qui se trouvaient en face d’eux qui a fait reculer les gendarmes mobiles dans leur tentative d’expulsion de la zone en octobre 2012, mais bien la solidarité et la détermination de tous les gens qui ne se sont pas contentés de rester assis en travers de la route ou d’attendre quelque bon geste de la froide mécanique d’État. En attendant, la place bondée de monde est enfumée par les agents chimiques lacrymogènes, et les tracteurs déguerpissent face à l’attaque policière menaçant leur outil de travail. Le canon à eau commence son arrosage, histoire de mettre les sauveurs de zones humides dans leur élément. S’ensuivent quelques minutes plus tard le peinturlurage et la tentative de mise à sac du commissariat de police, situé à l’arrière. Sur la place, les encapuchados (comme on les appelle en Amérique latine), arrivés après les premières salves de lacrymo, s’affairent à relancer les palets incandescents et à distribuer des mélanges eau-maalox aux manifestants aveuglés.

Nos chers médias
On ne le dira jamais assez, merci à tous les médias de masse d’avoir suivi l’événement. Alors que les manifestants de Kiev tirant à balles réelles sur la police sont présentés comme des héros par les journalistes, que l’Union européenne décerne en grande pompe le label Révolution à l’Ukraine, Nantes aurait, ce 22 février, fait face à la « terreur » ! Alors que les engins de Vinci transforment des paysages en champs de ruines et que l’État déverse des milliards d’argent public dans une foule de grands chantiers public-privé aussi inutiles que nuisibles, des tags bariolant des murs et des pubs, quelques pavés descellés et neuf vitrines fêlées ou brisées à Nantes (Vinci, banques, agences immobilières et touristiques…) seraient un « saccage » et une « dévastation » ! Pour pasticher Magritte, cela n’est pas de la violence, c’est l’image de la violence.
Merci d’émanciper celles et ceux que l’on aime de leurs dernières croyances en « l’objectivité journalistique ». Merci de démontrer que des années de débats pipés et unilatéraux n’auront pas suffi à convaincre de l’utilité d’un nouvel aéroport, mais que seule la construction d’un rapport de force véritable a permis et permet toujours de faire reculer le projet. Merci de démontrer, moult images d’affrontements à l’appui, l’inanité de la seule contestation que vous tolérez, uniquement symbolique, qui ne se préoccupe que de « l’opinion publique » (un fantôme que les journalistes affectent de connaître aussi bien qu’ils ignorent superbement nos vies réelles).

Ensemble, on a déjà gagné
Ce jour-là, plus encore qu’à l’habitude, les étiquettes et catégories imposées ont volé en éclats. Tout le long de la manifestation, on pouvait ressentir un côté festif très fort, et beaucoup de joie. Même au « cœur » des affrontements, quand un mouvement de foule spontané se créait, pétards, feux d’artifice et joie d’avancer laissaient un large sourire à plein de gens, malgré les lacrymos. Des personnes de tous âges et toutes situations étaient là, ensemble. Certains tenaient des banderoles bigarrées, d’autres chantaient, d’autres faisaient du théâtre improvisé, d’autres lançaient des projectiles, d’autres en préparaient, d’autres s’occupaient des nombreux blessés atteints par les tirs de la police, d’autres aussi, les plus nombreux, parfois faute d’organisation, étaient juste là, ce qui était déjà beaucoup ; ils participaient pleinement à la lutte par leur présence, leur solidarité et leurs sourires. Quelques personnes, de temps en temps, s’enquéraient du pourquoi du comment, d’autres gens choisissaient de faire face à la police, initiant ainsi de nouvelles conversations. Bref, dans la multiplicité des idées et des moyens, une joie commune de la lutte ! Bien loin, donc, des indignations et condamnations de certains pontes politiques stigmatisant et dissociant les « casseurs ». Laissons-leur ce triste souci de préserver une image de respectabilité dérisoire, auprès des véritables casseurs au gouvernement, qui brisent nos vies au quotidien, et ont blessé (et mutilé) de nombreux manifestants ce jour encore.
Cinq cent vingt tracteurs, 50 000 manifestants environ. Tout le monde s’accorde à dire que cette manif était la preuve d’une montée en puissance du mouvement de lutte contre ce projet. Les autorités, si elles s’avisaient de marcher sur les plates-bandes de la ZAD, sont une fois de plus prévenues.

Raoul Mapoule et Sim Camille, Le Monde Libertaire n° 1734 (13-19 mars 2014)

1. Acipa: Association citoyenne intercommunale des populations concernées par le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes.

[86] Les éoliennes ne tournent que dans le sens du profit

NdPN : absence de concertation, bail unilatéral… les grandes éoliennes c’est la dépossession « renouvelable » ! L’alternative ne consiste pas à ajouter de nouvelles sources d’énergie à l’horreur nucléaire, mais à en finir avec le productivisme induit par le capitalisme, et avec son cortège de dispositifs reléguant les habitants à l’état d’accessoires.

Inquiétudes et interrogations autour des projets éoliens

« Soixante-dix machines sont prévues dans un rayon de 7 km », indique Didier Pierre, président de l’association Bocage et patrimoine.

Tilly (frontière de la Vienne et de l’Indre). Près de cent trente personnes étaient rassemblées, dimanche pour une réunion d’information sur les éoliennes.

Ils sont venus de l’Indre, de la Vienne et de la Haute-Vienne. Tilly, commune du Parc naturel régional de la Brenne, à la lisière de ces trois départements, est également le siège social de l’association Bocage et patrimoine. Son président, Didier Pierre, a animé, samedi soir, une réunion d’information pour « évoquer la multiplicité des projets d’implantation d’éoliennes dans le secteur ». La prise de position est lancée d’emblée : « Les informations sur l’implantation d’éoliennes ne sont fournies que par les promoteurs. Nous voulons vous donner l’autre version, vous dire ce qui n’est pas souvent dit ».

«  Contrat unilatéral  »

« Soixante-dix machines sont prévues dans un rayon de 7 km », précise Didier Pierre (1). Parmi les principales craintes qui accompagnent ces projets : « Le bruit, la dépréciation foncière des maisons, la destruction des paysages, les nuisances sur le bétail… » Carl Dunning-Gribble, qui réside à Bonneuil dans l’Indre, a été sollicité pour installer des éoliennes sur ses terrains. Il témoignait, samedi : « On nous proposait en échange 6.000 € par an, par éolienne. J’ai alors fait des recherches et je me suis rendu compte que l’on nous attire avec des loyers attractifs, mais qu’ensuite, tous les engagements financiers retombent sur le propriétaire. Le bail est unilatéral : une fois que c’est signé, les promoteurs ont tous les droits. S’ils peuvent résilier le contrat quand ils le souhaitent, nous ne le pouvons pas. La loi prévoit 50.000 € d’indemnités pour le démantèlement d’une éolienne. En réalité, cela revient à au moins 300.000 €. Pour le financer, les propriétaires n’ont en général que deux possibilités : vendre d’autres terrains, ou bien laisser une friche industrielle chez eux ».

(1) L’association a recensé les projets en cours dans la région : six éoliennes à Beaulieu ; trois à Jouac (87) ; trois à Bonneuil ; dix à Chaillac (36); sept à Tilly ; vingt à Thollet ; douze à Verneuil-Moustiers (87) ; six à Lussac-les-Églises (87).

Naëlle Le Moal, Nouvelle République, 11 mars 2014

[Rochefort, 17] Manif contre le projet d’incinérateur

Partout sur le territoire, de grands projets se dessinent. Aéroports, incinérateurs, autoroutes, Lignes à Grande Vitesse, stades, rocades, etc. On nous les présente toujours comme “le progrès”. Ils sont généralement défendus par la même bande de professionnels (Vinci, Bouygues, Véolia) et de politiciens (PS, UMP, FN, PCF et consorts). Bien entendu, ces projets sont tous liés. Si l’incinérateur d’Echillais se construit, on fera l’aéroport de Saint-Agnant pour “permettre une meilleure revalorisation” de l’énergie produite, puis une voie de coutournement Est pour désengorger la ville et, bien sûr, l’autoroute Fontenay-le-Comte – Rochefort pour la désenclaver. Si on laisse faire tout ça, Rochefort deviendra une métropole sans âme et sans vie comme la plupart des villes occidentales. Car quand ils disent apporter le progrès, c’est en fait des déserts qu’ils créent.

Partout sur le territoire, bien heureusement, des luttes apparaissent contre ces projets. Des associations se montent, des collectifs se créent, des terrains et des maisons sont occupées, des chantiers sont sabotés ou bloqués, des actions et des manifestations s’organisent et des liens se tissent. Ces liens sont importants, car, en plus de nous donner la force nécessaire pour combattre nos ennemis, ils mettent à mal, par leur simple existence, l’idée du monde que ces ennemis voudraient nous imposer. Alors ne les brisons pas ces liens, retrouvons-nous pour les solidifier jusqu’au jour où ils seront assez forts pour faire trébucher l’immonde machine capitaliste qui nous fait face.

SAMEDI 15 MARS : MANIFESTATION CONTRE L’INCINÉRATEUR À 14 HEURES 30 PLACE COLBERT À ROCHEFORT (17)

Animations, stands, soupe et vin chaud dès 11 heures. La manif sera suivie d’un goûter, d’un déversement publicitaire (apportez vos prospectus) et de concerts, sur la Place Colbert. Nous nous retrouverons également le soir, pour fêter la fin du projet, au bar “La Bigaille” à Marennes, avec un concert de Prince Ringard et des Bayrouriers Noirs (PAF 4€).

Comité de Lutte Contre l’Incinérateur – clci [arrobase] riseup [point] net
http://clciechillais.overblog.com

Mise à jour 12 mars : une petite chanson sympathique !

[Poitiers] Inauguration de la passerelle Léon Blum

On a marché sur Léon Blum 

Aller toujours plus vite, tel est le progrès. A quand une passerelle reliant la Terre à la Lune ? La multinationale Vinci, généreusement nourrie de divers juteux contrats public-privé sur Poitiers (Coeur d’agglo, quartier des Montgorges…) et la région (LGV Poitiers-Limoges), avait reçu 28 millions d’argent public pour la livraison d’une nouvelle, pharaonique et indispensable passerelle, remplaçant la passerelle des Rocs. Le projet avait été acté en 2009 par la communauté d’agglomération de Poitiers ; commander des travaux pour entretenir l’ancienne passerelle aurait certes été bien moins coûteux, mais tellement ringard. Alors allons, oublions vite ce vieux gymnase, ou cette belle demeure ancienne squattée par une bande d’anticapitalistes, rasés pour l’occasion. Séchons nos larmes après le regrettable suicide d’une dame depuis l’ouvrage encore en construction il y a quelques semaines. Et place à la fête !

La traversée fantastique

Le 6 février à 6h03, Vitalis a inauguré la chaussée réservée aux transports en commun, aux cyclistes, aux piétons. « Moment historique » : un bus à haut niveau de service (BHNS) de Vitalis a transporté un passager, unique, se rendant à l’école nationale supérieure de mécanique et d’aéronautique. L’épopée technique se double d’une adhésion aux valeurs de la croissance verte et durable. D’une part le bus est hybride, mêlant aux bonnes odeurs de diesel la consommation d’énergie électrique (propre, puisque les mines d’uranium destiné au nucléaire français sont surtout situées au Niger et que les déchets sont envoyés à La Hague, ce coin reculé du Cotentin). D’autre part les voitures polluantes ne passeront pas ! Elles devront juste continuer à faire un grand tour par le Pont-Achard ou la Porte de Paris, priées de salir ailleurs que sur la passerelle… Le conducteur de bus ayant l’honneur de la première traversée a accompli un mémorable exploit : « Il est passé de manière très fluide (…) et il a pu passer sans difficulté particulière, pour ce passage historique ! », s’enthousiasme le responsable d’exploitation chez Vitalis, au premier plan de la chaussée neuve, aussi large que… déserte. On n’arrête pas le progrès.

J., Pavillon Noir, 7 février 2014

NdPN : voir aussi cet article sur Léon Blum