Archives de catégorie : Se trouver

[Poitiers] Rassemblement mensuel de solidarité avec les migrant-e-s 18H devant le palais de justice

NdPN : Comme chaque premier mercredi du mois aura lieu ce soir un rassemblement de solidarité avec les migrant-e-s, à 18H devant le palais de justice. En effet, rien n’a changé avec la gauche dans la Vienne, les expulsions continuent au même rythme. A peine ménage-t-on un peu les étudiants les plus diplômés (élitisme citoyenniste de gauche ?), mais pour mieux faire chier la plupart des étudiants étrangers, désormais obligés de fournir des attestations bancaires mois par mois ! Les expulsables sont certes davantage assigné-e-s à résidence, mais pour la simple raison que les centres de rétention administratives sont bondés… Et pour les Roms au niveau national, les démantèlements et expulsions brutales de campements ont aggravé la situation. Pour les migrant-e-s comme pour d’autres questions sociales, la baudruche du « changement » de gauche n’en finit pas de se dégonfler. Pour les pauvres, mêmes matraques, mêmes menottes, mêmes enfermements, mêmes expulsions… avec « coeur et rigueur » nous annonce monsieur Séguy. Ouf, les « humanistes » seront rassurés…

Expulsions : qu’est-ce qui a vraiment changé ?

Six mois après le changement de gouvernement, la situation des sans-papiers est-elle différente ? Éléments de réponses avec le représentant de l’État.

Selon la plupart des associations de défense des sans-papiers, la situation qui leur était faite sous la présidence de Nicolas Sarkozy était le plus souvent intenable. Six mois plus tard, avec l’arrivée de la gauche au pouvoir, qu’est-ce qui a changé ?. «Des circulaires ont été prises qui modifient les procédures, note Yves Séguy, le nouveau secrétaire général de la préfecture, la première de mai 2012 qui assouplit la situation des étudiants titulaires d’un diplôme au moins équivalent au Master, la seconde du 6 juillet qui modifie les modalités liées à l’assignation à résidence des familles à l’alternative à leur placement en rétention administrative. Le délai de solidarité qui pénalisait une personne qui aidait une personne étrangère est supprimé. Le travail législatif se construit et l’on annonce un texte sur l’application du code des étrangers en 2013. »

Voilà pour la technique. Sous le précédent quinquennat, les relations entre préfecture et associations de défense des sans-papiers semblaient exécrables, les secondes stigmatisant notamment la première pour son instransigeance et son manque d’humanité.

Cœur et rigueur

« Les services sont respectueux du droit et nous n’avons jamais refusé de rencontrer quiconque, appuie Yves Séguy, nous ne sommes pas plus sévères à Poitiers qu’ailleurs en région. On est chargé d’appliquer le droit avec toute l’intelligence des situations qu’il convient, on peut revoir notre position et ça nous arrive. Je crois qu’on peut avoir à la fois du cœur et de la rigueur. Et puis je rappelle que toute procédure engagée par nos services est mise en œuvre sous le contrôle du juge des libertés ou du juge administratif. »

en chiffres

> En 2011, la préfecture de la Vienne a reçu 507 personnes à ses guichets pour des demandes d’asile. Ce chiffre atteignait 414 à la fin de ce mois de septembre. > En 2011 encore, 70 mesures d’éloignement ont été prises à l’encontre de personnes en situation irrégulière, sur 33.000 au niveau national. > Ces 70 cas comprenaient aussi des retours volontaires (ces derniers s’accompagnent d’aides financières: 2.000 € pour une personne seule, 3.500 pour un couple) .

accueil

Qui a en charge l’immigration légale ?

Créé en 2009, l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII) est désormais le seul opérateur de l’Etat en charge de l’immigration. Il a pour missions la gestion des procédures de l’immigration régulière pour le compte des préfectures, l’accueil et l’intégration des immigrés autorisés à séjourner durablement en France, le premier accueil des demandeurs d’asile, l’aide au retour et à la réinsertion des étrangers dans leur pays d’origine.

OFII Poitiers : 86, avenue du 8-Mai-1945. Email : poitiers@ofii.fr

le chiffre

440

C’est le nombre de places d’hébergement disponibles qu’offre l’État dans la région à travers cinq centres d’accueil pour demandeurs d’asile (CADA) Il en existe deux dans la Vienne pour 135 places (100 à Poitiers et 35 à Sommières-du-Clain)

solidarité

Un besoin de bénévoles

Resf 86 tient des permanences les premiers et troisièmes mercredis de chaque mois au 18, rue de la Brouette-du-Vinaigrier à Poitiers. Elle a besoin de bénévoles actifs.

Tél. 06.62.95.54.17.

Nouvelle République, 7 novembre 2012

 » Les gens se sentent hors la loi « 

Depuis plusieurs années, RESF 86 (Réseau éducation sans frontières) milite pour la défense des enfants scolarisés sans-papiers et de leurs familles. Avec d’autres, l’association dénonce une politique « discriminatoire et répressive » menée par les gouvernements successifs ; Ainsi, malgré l’arrivée de la gauche au pouvoir, RESF considère aujourd’hui que « rien n’a vraiment changé. Certaines familles doivent encore pointer tous les jours au commissariat, relève Christine Jacquenod, présidente de RESF 86, elles ne peuvent pas travailler, ne peuvent plus payer un loyer donc ne peuvent plus se loger. Des comités de quartier prennent parfois en charge ce loyer. C’est un peu nouveau dans la vie de RESF, des gens constituent des comités sans pour cela adhérer. Nous, on est là pour le juridique et l’aide logistique. A la rentrée dernière, on a par exemple rassemblé des kits fournitures pour des familles qui nous sollicitaient… Légalement, on se trouve face à des gens qui ne sont ni expulsables, ni régularisables… »

Les étudiants aussi

L’autre combat de RESF concerne aussi les étudiants. L’an passé, une dizaine d’entre eux, parmi lesquels des doctorants, était sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français. « Ces situations ont été prises en charge par l’Université qui informe désormais étudiants et enseignants, observe Naïk Miret, de l’antenne universitaire de Resf, aujourd’hui les dossiers sont différents. Il y a maintenant des problèmes avec les demandes de cartes de séjour étudiant. Une clause a été rajoutée en août dernier qui leur demande de fournir une attestation bancaire reprenant mois par mois (pour l’intégralité de l’année écoulée) le solde de leurs comptes. Nous avons aussi des problèmes avec des rendez-vous en préfecture pour le renouvellement ou la fin d’un titre de séjour. C’est pour cela qu’on accompagne autant que possible les personnes aux guichets de la préfecture. » Ce climat de défiance, selon l’association, pénalise le parcours pédagogique de ces étudiants. « Beaucoup ont encore honte ou peur, parfois se cachent, note Naïk Miret, un étudiant, c’est aussi une personne jeune et fragile. En tout cas, il est temps qu’il y ait une refonte. Quand la loi est injuste, il faut changer la loi. »

Nouvelle République, 7 novembre 2012

[Poitiers] Compte rendu de l’action de soutien à Farfa

Compte rendu de l’action de soutien à Farfa 05-11-12

Le DAL86 avait appelé à un rassemblement de soutien à Farfa, un habitant de la place du marché qui était convoqué au commissariat. La trentaine de personnes présentes a montré clairement que nous en avons marre du harcèlement et des humiliations envers ceux qui sont appelés sans rire par les commerçants et leurs alliés objectifs : mairie, préfecture, police, justice et travailleurs sociaux…

Halte aux discriminations ! Halte à la purification sociale du centre ville de Poitiers !

Farfa est sorti du commissariat au bout d’une heure, les poursuites envers lui ayant été abandonnées. Mais il est décidé à porter plainte contre la police pour les mauvais traitements et l’humiliation subis.

Un indice de notre victoire d’hier : les Flics (préfecture, police, justice et… mairie) ont réactivé le Décret-loi du 23 octobre 1935 portant réglementation des mesures relatives au renforcement du maintien de l’ordre public signé par le collabo pétainiste Pierre Laval. VOIR  Décret-loi dénoncé par la Cour Européenne des Droits de l’Homme comme une atteinte à la Convention européenne des droits de l’homme (CEDH) VOIR

Dès que nous avons déployé une banderole sur laquelle était écrit « Halte !!! Non à l’Etat policier ! », les flics en bleu se sont précipités sur nous, nous ont informés que nous participions à un rassemblement illégal puisque non déclaré, nous ont demandé de replier la banderole et ont procédé à un contrôle d’identité général. Nous étions alors une quinzaine mais progressivement d’autres personnes sont venues nous rejoindre jusqu’à ce que nous soyons une trentaine. La situation était des plus ubuesque puisque les flics en bleu venaient contrôler les nouveaux dès qu’ils arrivaient sans toutefois nous disperser en faisant les sommations d’usage. Et pour cause, car quel trouble à l’« ordre public » y avait-il à être présent devant le commissariat en soutien de quelqu’un qui est harcelé, violenté et humilié ? Rappelons que les flics en bleu ont utilisé la pince monseigneur pour lui couper les cheveux… Quel trouble à l’ »ordre public » y a-t-il à exiger que ses droits soient respectés et que cessent les discriminations ?

On ne se lasse pas de le dire. Un tract de la fédération du Parti socialiste de la Vienne qui a circulé prétend que « l’ère Sarkozy est bien finie » et que « le changement voulu par les Français commence à prendre forme ». Outre la dérive vichyste des représentants de l’Etat de Poitiers, ami entends-tu maintenant le bruit des bottes ?, cette nouvelle tentative d’intimidation par application du décret-loi liberticide du 23 octobre 1935 montre bien que, non seulement la politique PS hollandiste est dans la continuité de la politique UMP sarkosiste, mais qu’elle la dépasse allègrement. Valls c’est Sarkozi 3 !

Les Flics (préfecture, police, justice et… mairie) veulent nous faire taire. Nous ne nous tairons pas ! On continue !

Flics hors de nos vies, hors de nos villes !

Halte !!! Non à l’Etat policier !

Rendez-vous vendredi prochain 9 novembre à partir de 9h devant le palais de justice pour exiger la relaxe des militants réprimés. Jean-Baptiste Eyraud, porte parole de la Fédération Droit au logement, Mgr Jacques Gaillot, différents comités DAL, ont déjà répondu présent.

http://dal86.fr/2012/10/29/relaxe-generale-pour-le-proces-en-appel-du-campement-du-30-mars/

Pour plus d’infos :

Marginaux à Poitiers : une réunion qui en appelle d’autres NR 19/10/2012 05:46

Suite à l’article de la NR du 30 septembre 2012 “Soutien au refuge SPA : une ‘manif ‘ qui a du chien”

“Lacaravane”, tout attaché rue de la Chaîne. CP 28/09/12

Rue de la Chaîne, Médecins du monde libère la parole. NR 28/09/2012

Marginaux en centre-ville : la réunion une nouvelle fois reportée NR 28/09/2012

Relais Charbonnier : nouveaux horaires NR 24/09/2012

Attachés au Relais Georges-Charbonnier NR 18/09/2012

Le relais Charbonnier fermé jusqu’à lundi. Centre Presse 12/09/12

Le relais Charbonnier ne rouvrira pas avant lundi. NR 12/09/2012

Le relais Charbonnier et le resto social fermés. NR 11/09/2012

Déclarations de la municipalité de Poitiers concernant le logement

Place Notre-Dame évacuée amendes et prison ferme. NR 18/07/2012

Brèves : Rendu du procès du campement des sans logis et mal logés de Poitiers

Nouveau contrôle abusif des forces de l’ordre

Les campeurs du DAL devant le tribunal NR 11/07/2012

L’arrêté anti-chiens a encore frappé 16-06-12 PDM !

Brève : verbalisation de sans logis pour regroupement de chiens 15-12-12

Brève : Réunion en mairie 14-06-12

Brève : Rafle place du marché 14-10-12

Ces marginaux et chiens sans laisse qui dérangent CP 14-06-12

Guerre aux pauvres !

La mairie cherche la bonne réponse. NR 12/06/2012

Cessons la chasse aux sans-abri, arrêtons de criminaliser l’espace public. Le Monde.fr 06/06/2012

Appel 115 Maraude Poitiers 20-04-12 (1)

Respect des lois. Halte aux intimidations et au flicage dans les centres d’hébergement

La présence des marginaux agace les commerçants. NR 12/06/2012

Récapitulatif de la répression du campement des sans logis et mal logés de devant Notre Dame – place du Marché à Poitiers

Communiqué du DAL 86 : réponse point par point aux déclarations publiques d’élus de la municipalité de Poitiers suite à l’expulsion du campement sur le parvis de Notre-Dame.

Cache-cache, interpellations… et rencontre. NR 04/04/2012

Le DAL investit la salle des mariages, la police les déloge. NR 03/04/2012

“Récupération et polémique infondée”. NR 03/04/2012

“On ne se laissera pas faire !”. NR 03/04/2012

Le campement du DAL délogé du parvis Notre-Dame. NR 03-04-2012

Poitiers : la police démonte le campement des sans-abris devant Notre-Dame-la-Grande. NR 02/04/2012

Poitiers : cinq interpellations et deux policiers blessés lors du démontage du campement. Centre Presse 02/04/12

L’expulsion brutale du campement le 02/04/12 (France3)

Violence contre les flics ? Vidéo Campement du 30 mars – le 2 avril

Communiqué des sans logis ou en situation de logement précaire de Poitiers

Accueil de la marche Bayonne – Paris et commencement d’un campement le week-end du 30 mars 1er avril.

POITIERS ”De la place pour tous en centre-ville” NR 04/12/2011

Halte à la purification sociale du centre ville de Poitiers

Trois mois ferme pour le SDF NR 05-02-10

Le SDF a outragé Hooker Centre Presse 14-10-09

Communiqué de presse d’Amnesty International au sujet du procès de David M.

Compte rendu du procès de David par Julien Chaigneau

Les relations entre policiers et marginaux au tribunal NR 09-09-09

Le SDF a-t-il outragé “Hooker”, flic zélé ? Centre Presse 09-09-09

POITIERS Comité de soutien devant le palais (NR 08/09/2009)

Rendez-vous pour un rassemblement devant le palais de justice mardi 8 septembre 2009 à partir de 13h30 pour soutenir David

Pour un outrage qu’il n’a pas commis, David sera jugé au tribunal de Poitiers le 8 septembre 2009

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DAL86dal86@free.fr – 06 52 93 54 44 / 05 49 88 94 56

Permanences : tous les samedis matin de 11h à 12h et tous les mardis soirs de 17h à 18h Maison de la Solidarité 22 rue du Pigeon Blanc Poitiers

Dal 86, 6 novembre 2012

[Notre-Dame-des-Landes] Infos du 6 novembre

NdPN : Depuis hier, rebelote : présence des flics et à nouveau des travaux de destruction. Pour des nouvelles heure par heure c’est ici.

Pour un récapitulatif des actions de solidarité passées et à venir, ça se passe ici. Ca décoiffe ! Un nouvel appel est lisible ici, pour des actions partout entre le 10 et le 17 novembre.

Là, un communiqué confédéral de soutien de la CNT aux habitant-e-s de la ZAD, qui tranche avec le silence des grandes centrales syndicales et de leurs slogans productivistes.

Et enfin une jolie réponse à Jacques Auxiette, président PS du conseil régional des Pays de la Loire depuis 2004 qui soutient Jean-Marc Ayrault dans son projet de nouvel aéroport (dans un article de Presse Océan, du 31 octobre dernier ):

Lettre ouverte à Monsieur Jacques Auxiette

J’ai lu avec beaucoup d’attention le journal Presse Océan du 31 octobre 2012 dans lequel vous évoquiez la construction de l’aéroport de Notre Dame des Landes. Je dois avouer qu’après une première lecture par trop rapide, j’ai cru que vos propos étaient à prendre au premier degré. De même qu’il m’a fallu du temps pour comprendre que Jean-Marc Ayrault était un joyeux boute-en-train en proposant la création de cet aéroport en pleine crise écologique et économique, j’ai fini par décrypter tardivement votre position au combien subtile.

Vous commencez par vous indigner en affirmant « qu’il est faux et irresponsable de laisser croire que le projet pourrait encore être abandonné ». Cette affirmation qui semble pleine de bon sens, recèle en son sein au moins deux clins d’œil aux opposants. Tout d’abord, vous jouez sur les mots entre un « responsable politique » (vous-même) traitant « d’irresponsable » les citoyens qui lui ont permis d’accéder à son poste. C’est un renversement excellent ! Ensuite, plutôt que de savourer la création d’un nouvel aéroport avec vos amis de Vinci auprès d’un feu de cheminé, avec un bon verre de scotch whisky 12 ans d’âge en fumant un café crème, vous prenez le temps d’intervenir dans la presse. Si ce n’est pas là un appel cocasse pour nous dire que rien n’est joué et que tout cela n’est qu’une farce splendide, qu’est-ce donc ?

Vous affirmez plus loin que « tous les recours sont épuisés » alors qu’il en reste au moins deux en cours de procédure. A la première lecture (succincte et superficielle comme je l’ai déjà précisé), j’ai cru que vous dévoyiez la parole politique des élus de la République. J’ai fini par comprendre que c’était un autre message aux opposants pour nous dire que rien n’était joué et qu’il fallait continuer à se battre.

Après cela, vous dénoncez, non sans courage, la « poignée d’activistes professionnels » qui sévissent à Notre Dame des Landes. Je reconnais bien là le subtile humour socialiste qui met en miroir les milliers d’opposants à la lutte et la poignée de technocrates encravatés qui ont décidé de créer cet aéroport. Je dois avouer que j’ai beaucoup ri.

J’ai aimé également votre façon de dénoncer votre collègue Bernard Hagelsteen en affirmant que « l’aéroport aura des retombées positives très concrètes pour les territoires et les habitants de l’Ouest ». Des centaines de personnes se feront expulser, des milliers d’hectares seront bétonnés et vous insistez sur le fait que cet aéroport à déjà au moins créer un emploi, celui de Bernard Hagelsteen au sein de la société Vinci. Chapeau l’artiste !

Last but not least, vous saluez le courage des forces de l’ordre, elles qui n’hésitent pas à utiliser les tirs tendus de flash-ball ou à détruire des maisons pleines d’amiante. J’adore ! Vous parlez même « d’assauts » comme le président de Nantes métropole parle de « contestations violentes » tout en sachant pertinemment que des gens s’apprêtant à saccager deux mille hectares de terres ne seront jamais légitimes pour parler de violence. Remarquable.

Même si votre soutien n’est pas des plus accessible, bravo et merci à vous monsieur Auxiette.

Monsieur le président, veuillez recevoir l’expression de mes salutations distinguées.

Un citoyen blinois

Vu sur zad.nadir.org, 6 novembre 2012

[Poitiers] OGM et pesticides : une conférence de G.-E. Séralini, un bouquin de B. Riondet

Les rats du professeur Séralini ont fait le tour du monde

Au devant de la scène depuis son étude sur la toxicité d’un maïs OGM sur des rats, Gilles-Eric Séralini animera une conférence – débat demain à Poitiers.

La semaine dernière, Gilles-Eric Séralini s’est offert un break. La divulgation, le 16 septembre, dans la revue scientifique Food and Chemical Toxicology des résultats de son étude sur la toxicité d’un maïs OGM, avec des rats porteurs de tumeurs aussi grosses qu’une balle de ping-pong, a fait l’effet d’une bombe. « Les réactions à travers le monde ont été très fortes », souligne-t-il.

Depuis, en dépit du soutien de 160 scientifiques « du monde entier », ce professeur de biologie moléculaire à l’université de Caen essuie également un feu nourri de critiques sur la validité de son expérience. Mercredi, à l’invitation du collectif Vigilance OGM 86, il sera à Poitiers pour une conférence sur les polluants chimiques mais n’esquivera aucune question, promet-il.

Professeur, comment vivez-vous cette tempête médiatique ?

Ce qui est important, c’est le débat. Je persiste sur le fait qu’il s’agit de la meilleure étude au monde, la plus détaillée. Elle a été publiée dans la meilleure revue de toxicologie alimentaire. On nous a demandé des expériences complémentaires que nous avons fournies. Les tests sur le pesticide ont été réalisés sur des doses environnementales, c’est-à-dire tel qu’il est présent dans la bouteille du jardinier ou de l’agriculteur.

Pourtant, l’étude soulève la controverse.

Dans la presse, les premiers à qui on a donné la parole sont les premiers qui ont validé les produits de Monsanto. Ceux-là ne se remettent pas en question. Et ils n’ont jamais comparé mon étude avec celles qu’ils ont approuvées. On me dit que nous n’avons pas utilisé les bons rats mais Monsanto s’est servi des mêmes. Qu’aucune étude longue n’a été faite auparavant, c’est une grave lacune professionnelle. Bientôt, je répondrai à mes détracteurs dans la même publication qui a relaté mon étude.

Vos travaux auraient fait souffrir les rats…

Je préfère faire cela aux rats qu’aux enfants. Les animaux sont la dernière étape avant les enfants.

A propos de la conférence : qui pollue l’eau et notre alimentation ?

Les pesticides comme le Roundup, un des principaux polluants, et les OGM. La France est un des premiers consommateurs mondiaux de pesticide par tête d’habitant D’un côté, on subventionne des industriels qui polluent l’eau, de l’autre, on fait payer des taxes aux gens pour sa dépollution. La faune et la flore en souffrent également.

repères

«  Les polluants chimiques dans l’eau et l’alimentation : quels effets sur notre santé ?  » : conférence – débat avec le professeur Gilles-Eric Séralini mercredi 7 novembre à 18 h à l’ENSIP sur le campus universitaire.

Recueilli par Jean-François Rullier, Nouvelle République, 6 novembre 2012

Un roman pour alerter sur les effets des pesticides

Bruno Riondet, militant altermondialiste et professeur de biologie s’essaie  à l’écriture, avec un second roman, forcément engagé.

Professeur de sciences et vie de la terre dans un lycée de Poitiers, Bruno Riondet est aussi militant altermondialiste. Il s’est présenté à l’élection municipale de Poitiers en 2008. Et pour la deuxième fois, avec le livre « A demain sous l’arc-en-ciel », il se découvre romancier (1)

« Je n’ai pas écrit une fiction, ni un thriller, encore moins un livre policier, raconte Bruno Riondet. Mais un romanquête qui associe l’enquête d’un journaliste et la restitue sous la forme du genre littéraire qu’est le roman. » En 2010, il mettait en avant Julien Béret, journaliste pigiste à l’Extrême Centre (1), qui avait découvert l’importance grandissante des nanotechnologies dans notre environnement (2). Dans son nouveau roman, l’auteur aborde la question des perturbateurs endocriniens, ces molécules qui agissent sur l’équilibre hormonal des espèces vivantes.

Un romanquête

Cette fois-ci, Julien Béret enquête sur la fermeture d’une entreprise. Il rencontre un ouvrier agricole qui ne peut plus avoir d’enfant car pendant toute sa vie, il a manipulé des pesticides. L’auteur ne livre pas l’explication tout de suite. Mais la fait découvrir au fil des pages, en tirant sur le fil de son enquête. Avant de prendre la plume du romancier, Bruno Riondet a lui-même mené l’enquête durant six mois pour approfondir ses connaissances scientifiques. « On trouve les perturbateurs endocriniens dans tout notre environnement. Ils sont utilisés dans la plupart des biens de consommation : maquillage, jouets, shampoings, emballages plastiques, ainsi que pesticides. Par voie cutanée et par voie orale, les consommateurs sont donc directement exposés à ces produits chimiques. Comme le système hormonal régule la plupart des fonctions du corps, les perturbateurs endocriniens ont des répercussions sur la santé. De plus en plus d’études scientifiques font état de concerts hormonaux dépendants (prostate…), de perturbations du métabolisme (obésité, diabète), d’anomalies de l’appareil reproducteur et de problèmes cardiovasculaires. » Le romancier n’oublie pas qu’il est militant politique : au travers de son livre, il veut alerter l’opinion publique. La conclusion du roman, elle, est plus heureuse.

(1) Paru à la Société des Écrivains, 376 pages, 20 €. (2) « Sur sa trace » paru aux éditions Amalthée.

Jean-Jacques Boissonneau, Nouvelle République, 6 novembre 2012

[Tours] Compte-rendu du Week-end de lutte contre leurs méga-projets

Compte-rendu du Week-end de lutte contre leurs méga-projets

Nous ne pourrons jamais comprendre le sens de quelque chose, de quelques phénomènes, si nous ne savons pas quelles sont les forces qui s’approprient ces choses, qui les exploitent, ou s’en emparent. Plutôt que d’en rester au constat d’un territoire quadrillé, occupé à réaménager la permanence de ses dispositifs de contrôle, c’est bien plus l’architecture du pouvoir qu’il nous faut autopsier, interpréter.

L’apparente neutralité des projets d’urbanisation, qu’ils soient ou non dans une perspective de développement durable, masque difficilement la violence avec laquelle ils nous sont imposés. Les exemples récents de résistance contre l’aéroport de Notre-Dame-Des-Landes, des « No-TAV », ou des « anti-THT » nous révèlent, et nous rappellent avec quelles intensités nous devons faire face à une militarisation du territoire et de nos quotidiens.
Cette rationalisation optimale et coercitive de l’espace, vise à nous faire admettre, ou plus concrètement à nous soumettre aux principes de l’ordre dominant. La métropole et le désert sont comme des formes uniques et omniprésentes. Une ligne d’horizon qui ne tolère pas de variété, mais seulement l’unicité et la conformité.
Les 4 ateliers développés lors de ce « W.E. de lutte » ont permis d’analyser ces différents thèmes. Les débats qui ont eu lieu, nous ont donné l’impression qu’il serait trop simple de les achever avec le sentiment d’avoir rendu perceptible l’action du pouvoir, comme de ceux qui luttent. Nous souhaitons que ces réflexions permettent de concrétiser quelques pistes d’applications pratiques…
« Appelés par ce que nous appelons, l’extraordinaire commence au moment même où nous nous arrêtons. »
Atelier « Dans un espace normalisé et aseptisé, comment résister en créant ? »
A partir de quatre concepts d’urbanisme présentés rapidement (la spécialisation de l’espace (zoning), la régulation sociale de l’espace et notamment son embourgeoisement (gentrification), la normalisation de l’espace (normes et standards de la production urbanistique contemporaine) et le contrôle de l’espace (prévention situationnelle), nous dressons le portrait d’une ville dans laquelle il est de plus en difficile de développer des modes de vie hors carcan (le squat mais pas seulement : SDF, zonards, manifestations classiques ou tentatives de réappropriation de l’espace public sont rapidement chassés de l’espace urbain qui doit être propre, maîtrisé, sans accrocs). Comment nos actions peuvent elles nous permettre de résister à cet espace normé et aseptisé et, mieux, permettre d’en créer d’autres.
A partir de retours d’expériences militantes diverses comme celle de « Débattons dans les Rues » (réappropriations de la rue avec des gens d’horizons différents : gratuité ; volonté de créer quelque chose dans l’espace public ; paroles boxées, débats, zones de gratuité, porteurs de paroles), celle, italienne, du marquage régulier de l’espace public (par des tags ou des graphs récurrents annonçant la tenue d’une action ou simplement permettant une inscription dans l’espace public), celle, allemande, du Mithausen Syndikat (achat collectif de lieux alternatifs) et bien d’autres (expériences de squat, jeu sur les lieux aux marges privés, publics, communs), nos discussions font rapidement émerger deux enjeux : la nécessité de créer et de faire vivre des lieux alternatifs et celle de se saisir de lieux publics pour s’y inscrire et se les approprier.
Un objectif se dégage de nos discussions : lier appropriation de l’espace public (extérieur) et de l’espace privé publicisé (intérieur) dans une démarche globale. Nous établissons qu’il est nécessaire d’être présents dans l’espace public mais aussi d’avoir des lieux pour se réunir, penser et s’organiser et plus pragmatiquement mettre en pratique des idées et les partager avec ceux qui le souhaitent. Pour se faire, il semble nécessaire de réfléchir aux temporalités de nos actions, puisque nos techniques d’appropriation de l’espace intérieur (le squat pour l’essentiel) ne résistent généralement pas à la répression plus de quelques jours, investir l’espace public avant d’envisager de s’installer à l’intérieur afin de s’inscrire dans une dynamique impliquant au-delà de nos seuls cercles militants semble une idée à développer. Ceci pose la question de savoir ce qu’habiter un espace veut dire : habite-t-on un lieu, quel qu’il soit, parce qu’on y réside ou plutôt parce qu’on l’occupe, le mobilise, le transforme ? Et, conséquemment : comment pouvons nous inscrire durablement dans un lieu public afin de rendre notre présence incontournable ? Autrement dit, comment pouvons nous transformer des actions souvent éphémères en une logique cohérente signant la permanence de notre présence ? S’inscrire dans la mémoire des lieux et dans leur existence sociale est une nécessité : on fait comment ?
L’atelier se conclue sur la volonté de poursuivre la réflexion et de la traduire en actes sur un ou des lieux de Tours, rendez-vous sont pris pour tester des choses
Atelier « Echographie de collectivité en lutte » :
Projection d’un court-métrage sur « l’Hétérotopie ».
Comme dans une famille, il y a dans les collectivités une volonté de transmission de mémoires sur courte et longue durée. Mais à la différence de la famille l’engagement est électif (a-t-on vraiment toujours le choix?).
Question des rôles de chaque individu : reproduction de la division du travail social au sein de la collectivité. Reproduction des déterminismes qui pose la question : est-ce qu’on masque des inégalités profondes dans ce type de communauté ?
« Il faut pousser l’individu jusqu’à émanciper ses problématiques personnelles et se libérer des codes sociaux et de ces déterminismes ».
On remarque une certaine uniformité dans l’origine, le parcours des membres de ces collectivités. L’entrée dans le groupe est en quelque sorte prédéfinie par une situation sociale.
L’affect est primordial, on recherche une communauté d’idée (par exemple une certaine notion de l’égalité).
Rapport de méfiance à l’extérieur / protection des individus dans le « clan ».
Chacun occupe un rôle définit qui peut être enfermant (avec comme solution la sortie de la communauté). Quelle place laisse-t-on alors au choix ?
Nécessité de se poser la question du type d’égalité : Egalité sérielle : valorisation de certains rôles. Équivalence des rôles : possibilité de changer de rôle sans perdre sa place dans la collectivité, sa valeur pour la communauté.
Problème de la dépendance vis à vis des personnes qui jouent un rôle important dans la collectivité. Comment faire quand surgit un problème psychiatrique par exemple ? Finit souvent par l’exclusion de la personne. Problème de la surprise : changement brutal qui produit, révèle, un « mal communautaire ».
Mais la collectivité peut aussi permettre une prise en charge de la personne. Il faut alors éviter l’infantilisation, la reproduction d’une domination.
La création du collectif comme « contrat social » ? Faut-il privilégier les règles formelles ou informelles ? Les règles formelles permettent une lisibilité qui offre la possibilité à l’individu de « ne pas se laisser absorber par le groupe ».
« On cherche la liberté pour tous », mais comment gérer le fait que d’un côté la collectivité gène l’extérieur, et qu’au sein même de la collectivité, l’individu puisse gêner ? « Schizoïde ».
Texte (de F. Tosquelles) sur la résistance qui créé un « entre soi » avec des gens différents (exemple d’un asile sous l’occupation, entre psychiatres, résistants, et psychiatrisés).
Problème des prises de paroles : nécessité de dynamisme et de parler des rôles et des déterminismes pour les bouger. Par exemple problème des genres : exemple du texte « La communauté terrible »- les femmes doivent-elle se « viriliser » ? Ou peuvent-elles conserver des spécificités de genre ? Nécessité de discuter des rôles genrés pour les déconstruire.
« C’est comment on vit le problème, comment on le pense » du coup nécessité de regarder d’autres collectivités, d’autres façons de faire.
Atelier « Désertion et nomadisme : mouvements et perceptions du pouvoir » :
Problématique principale autour du constat d’Anna Ahrendt : la forme impériale de l’État-nation s’est répandue et se reproduit plus ou moins à l’identique sur tous les territoires… Existe-t-il encore des marges pour d’autres formes d’organisation sociale ? Quelles perspectives pour les luttes qui ne souhaitent pas s’intégrer au pouvoir (à la différence du réformisme, de l’interventionnisme institutionnel, etc …) ?
Deux exemples d’organisations de luttes nomades : la Smala d’Abdelkader (capitale itinérante Algérienne en résistance contre la colonisation française), et la création de l’ELZN (la force zapatiste).
Qu’est ce qui distingue ces formes d’organisations, de la création d’un appareil d’État ? Mise à distance de la théorie de Sartre (« La république du silence ») qui pense que se sont les deux faces d’une même pièce, et que la vocation des machines de guerre nomades est de prendre le pouvoir.
Analyse de P. Clastre sur la notion de guerre, comme moyen de conjurer la formation d’appareil d’État.
Le problème des sciences mineures, comme devenir nomade : analyse des travaux d’Anne Quirien sur les compagnonnages et les bâtisseurs d’églises gothiques. Leurs rapports fondamentalement différents à la construction : plan à même le sol par opposition au plan métrique hors chantier de l’architecte, formation interne par initiation, etc… Nécessité pour l’appareil d’État de gérer et de fixer les corporations, de faire passer dans toutes les divisions du travail la distinction de l’intellectuel et du manuel. Nécessité d’une déqualification du travail, et du recours à une main d’œuvre forcée…
Actualité des formes de vies nomades : Les machines de guerre nomades se constituent à la fois par un phénomène de « désertion » et leurs capacités à «faire peuple » dans un en-dehors de l’appareil d’État.
Problème, ou pas, de la confusion entre nomadisme et parasitisme… (deux textes : A. Brossat « Nous sommes tous des voleurs de poules roumains » sur les pratiques de désertion d’une partie de la jeunesse, et du vol comme « science du dispositif »)
Si le nomadisme est l’apologie du mouvement, de la flexibilité, il peut, s’il se décharge de son potentiel de lutte et de résistance, tout à fait être soluble dans le capitalisme à l’image de la fuyante main invisible du marché.
Questions/critiques autours de la capacité et de la pertinence à habiter un en-dehors de l’A. D’État. Critiques de l’alternativisme et nécessité toutefois de réaliser des expériences collectives et sociales « autres ». Discussions autour du nomadisme, de la désertion, et de la constitution d’un sujet politique en-dehors du concept du sujet-citoyen. Rapport de positivité, ou de perte de négativité vis à vis des conflits qui traversent la société ? Nouvelles formes de luttes sensibles face à un milieu social et un quotidien toujours plus conformiste, et répressif.
Atelier « guide juridique d’autodéfense face aux expulsions » :
Nous avons décliné cet atelier en deux parties : une première concernant les expulsions locatives et sans droit ni titre, et une seconde sur les expulsions d’habitats légers.
En ce qui concerne les expulsions locatives et sans droit ni titre, nous avons essayé de décrypter les différents textes de lois, et de synthétiser le sens de ceux-ci. Nous avons discuté autour des différentes manières de se défendre juridiquement face à une expulsion, en essayant d’inclure les conséquences juridiques. Différents exemples ont été présentés par des individus ayant eut des expériences juridiques dans ce domaine.
Par manque de temps, nous avons pas pu parler des expulsions habitats légers.
Nous avons essayer de réfléchir à la création d’un outil, selon différents supports (papiers, site internet, blog…) qui permette à la fois de clarifier certaines notions juridiques, tout en y mêlant des astuces pour contourner, gagner du temps, etc… À travers cet outil, il nous semble surtout indispensable de mettre à la fois en perspective le juridique et les moyens de lutte.

thanksforthefuture@yahoo.fr

Indymedia Nantes, 5 novembre 2012