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La grève de la faim des détenus basques s’étend dans les prisons françaises

Quinze prisons françaises étaient touchées, mardi 14 août, par des grèves de la faim ou « refus de plateau » de détenus membres du groupe armé basque ETA, en solidarité avec un prisonnier en Espagne qui réclame sa libération conditionnelle pour raisons de santé, selon l’administration pénitentiaire.

Selon Gabi Mouesca, porte-parole d’Herrira – un mouvement né en février en Espagne et en France pour la libération des prisonniers politiques basques et le retour des réfugiés dans le cadre du processus de paix –, « quatre-vingt-onze prisonniers basques étaient mobilisés lundi dans vingt-trois prisons françaises ».

Le mouvement a commencé la semaine dernière dans des prisons d’Espagne et de France. Les détenus veulent montrer leur solidarité avec Iosu Uribetxeberria, condamné en 1998 à trente-deux ans de prison pour l’enlèvement d’un fonctionnaire pénitentiaire espagnol, qui avait été retenu en otage pendant cinq cent trente-deux jours. Iosu Uribetxeberria, qui est détenu en Espagne et souffre d’un cancer, a entamé une grève de la faim mercredi pour obtenir une libération conditionnelle « en raison de la gravité de son état », selon Herrira.

SITUATION DE FIN DE VIE

Le mouvement de détenus revendique désormais la remise en liberté de quatorze prisonniers incarcérés en Espagne dont le pronostic vital est engagé. « Nous ne demandons que l’application de la loi. Les textes pour gérer ce genre de situation de fin de vie existent en droit français, en droit espagnol et en droit européen. Ils prévoient la libération des prisonniers dont le processus vital est engagé et dont les conditions de détention sont incompatibles avec leur état de santé », ajoute M. Mouesca, un ancien membre d’Iparretarrak, emprisonné pendant dix-sept ans pour activités terroristes au Pays basque français, et président de 2004 à 2009 de l’Observatoire international des prisons (OIP).

Colette Capdevielle, député (PS) des Pyrénées-Atlantiques et membre de la commission des lois à l’Assemblée nationale, a indiqué qu’elle entendait « demander des explications aux autorités espagnoles sur la situation de ce détenu. (…) Il faut qu’il y ait une juste proportion entre la maladie et la détention à partir du moment où il n’y a pas de risque de trouble à l’ordre public », a ajouté cette avocate de profession.

Frédérique Espagnac, sénatrice (PS) des Pyrénées-Atlantiques, a quant à elle déclaré qu’en tant que participante aux discussions d’Aiete – conférence internationale d’octobre 2011 pour une résolution de paix au Pays basque –, elle demande « que soit prise en compte la situation de Iosu Uribetxebarria ».

LES AMNISTIES, CONDITIONS DU DÉSARMEMENT

Des rassemblements à l’appel d’Herrira se tiendront mercredi en milieu de journée à Saint-Jean-Pied-de-Port (Pyrénées-Atlantiques) et à Saint-Sébastien (Espagne), auxquels doivent participer des députés français et espagnols.

Euskadi Ta Askatasuna (ETA, « Pays basque et liberté » en basque) avait annoncé le 20 octobre 2011 qu’il mettait fin définitivement à la violence. Mais il fait de l’amnistie pour les prisonniers la condition d’un éventuel calendrier de désarmement, qu’il se refuse à envisager pour le moment. Les gouvernements espagnol et français, au contraire, réclament la dissolution sans conditions du groupe.

ETA est tenu pour responsable de la mort de huit cent vingt-neuf personnes, durant plus de quarante années de lutte armée pour l’indépendance du Pays basque et de la Navarre.

Presse carcérale (lemonde.fr), 14 août 2012

[Rennes] Réquisition Résidence du Parc à Pacé. Rassemblement de soutien.

Réquisition Résidence du Parc à Pacé : la délibération du tribunal attendue !

Rendez-vous le vendredi 20 juillet à 8h30 Cité Judiciaire à Rennes

Le Dal35 appelle à un rassemblement de soutien. 250 personnes (dont 70 enfants) sont concernées par cette décision !

Nous appelons toutes et tous à venir les soutenir et à réclamer avec nous :
– La création de places de CADA
– Suffisamment de place d’hébergement d’urgence
– L’accueil inconditionnel de toute personne sans abri
– La réquisition des logements vides.

Signer la pétition de soutien

source : Rennes info, 18 juillet 2012

[Rennes] Marche de nuit Féministe en non mixité Femmes, Lesbiennes, Trans

Le 5 octobre 2012, 20h30, place de la Mairie, Rennes
Et non, le patriarcat n’a toujours pas disparu ! Tous les jours, ici comme ailleurs, les hommes nous infantilisent, nous insultent, nous harcèlent, nous agressent, nous violent, nous battent, nous tuent, nous exploitent, nous payent moins qu’eux, nous discriminent, nous réduisent à des objets de consommation, sont lesbophobes, transphobes… L’hétéropatriarcat sévit ici et partout, il n’est pas l’apanage d’autres cultures comme les discours fascisants voudraient le faire croire !!

Pourquoi une marche de nuit non mixte ?

L’espace public est théoriquement ouvert à toutes et tous. En réalité il est davantage le territoire des hommes. Les femmes, hétéros, lesbiennes, bisexuelles, transgenres, transsexuelLEs, quelque soit leur origine, ont un accès restreint à la rue et à l’espace public.

On entretient une peur dans la rue, particulièrement de nuit alors que statistiquement la rue est plus sûre que les espaces domestiques. Cette peur est fondée (de nombreuses agressions ont lieu dans la rue) mais aussi instrumentalisée, entretenue. Cela permet avant tout aux hommes de continuer à exercer un contrôle social et moral sur nos corps, notre mobilité, notre liberté.

Dans la rue, surtout la nuit, nous sommes souvent considérées comme des corps disponibles, en exhibition, que les mecs peuvent commenter, juger et même toucher. Nous sommes sans cesse, sifflées, interpellées par des remarques lubriques paternalistes (« ma chérie », « ma belle », « t’es bonne »…), coupées dans nos conversations, draguées, insultées (« gros cul », « t’es moche », « sale gouine »…), agressées verbalement et/ou sexuellement. Ces situations constituent un véritable harcèlement quotidien.

Ils voudraient nous faire croire que notre présence dans la rue n’est pas légitime, nous réassigner à notre place historique, le foyer, à s’occuper de la bouffe et des gosses.

Nous sommes en non mixité Femmes, Lesbiennes, Trans car en tant qu’opprimées de ce système, nous voulons nous réapproprier la rue par nous-mêmes et pour nous-mêmes sans ces phallocrates qui nous fliquent.

En clair : NE ME LIBERE PAS JE M’EN CHARGE.

Parce que t’en as ras-le-bol de l’obligation d’être polie, souriante, douce et aimable

Parce que tu veux sortir dans les bars sans qu’un mec te saoule

Parce que tu ne veux plus flipper le soir en rentrant chez toi

Parce ce que tu veux avoir le droit d’exploser la gueule des mecs qui t’emmerdent

Parce que tu ne veux plus être isolée, casée, cloîtrée

Parce que tu ne veux plus te faire harceler et tabasser par ton mec

Parce que tu ne veux plus te faire exploiter par ton père, ton frère, ton mec ou ton patron

Parce que tu ne veux plus avoir à te justifier parce que tu portes un voile

Parce que tu veux sortir avec ou sans ton gosse sans qu’on te traite de mauvaise mère

Parce que tu ne veux plus qu’on te demande si tu es un mec ou une fille

Parce que tu ne veux plus demander le droit mais le prendre directement

Parce que t’aimes bien porter des pancartes

Parce que tu ne veux plus qu’on te demande “Vous-êtes seules ?” quand t’es avec 3 copines

Parce que tu veux pouvoir embrasser ou tenir la main d’une nana sans qu’on t’emmerde

Parce que t’en as marre de la récupération raciste du féminisme

Parce que t’en as ras le bol d’être éclairée la nuit par des pubs sexistes

Parce que ça te casse le clito d’être toujours trop ou pas assez féminine

Parce que tu serais censée être baisable mais pas baiseuse

Parce que les lesbiennes, gouines sont victimes de lesbophobie (agressions physiques, verbales, viols, blagues, invectives, remarques, invisibilisation, injonction à l’intégration…)

Parce qu’on voudrait nous faire croire que toutes les femmes sont blanches, aux cheveux lisses, “valides”, jeunes, minces et épilées, et que ces modèles dominants excluent et répriment toutes celles qui ne rentrent pas dans la norme

Parce que nos corps et nos vies ne nous appartiennent toujours pas

Parce que notre colère nous porte et que notre révolte en est la réponse

VIENS A LA MARCHE !!!

Contact :

Collectif Féministe

collectif.feministe.rennes (chez) gmail (point) com

[Poitiers] Les campeurs du DAL devant le tribunal

Le tribunal correctionnel a jugé, pour rébellion et violences volontaires, cinq jeunes gens qui avaient installé un campement sur le parvis Notre-Dame.

Lundi 2 avril 2012, les « habitants » occasionnels de la place Notre-Dame à Poitiers sont réveillés par la police chargée de faire place nette : tentes, palettes, cabanes doivent disparaître sur ordre du maire. Depuis le week-end, ce groupe de personnes défendait la cause du DAL (Droit au logement). Mais il semblerait que certains participants soient les avocats d’autres causes moins défendables. Ce qui peut expliquer la fermeté de la police pour obtenir l’évacuation des lieux. C’est là que le bât blesse : les jeunes ne se seraient pas laissés imposer cette sortie manu militari.

Cinq prévenus âgés de 20 à 31 ans, demeurant à Bordeaux et à Poitiers, étaient convoqués, hier, à l’audience du tribunal correctionnel de Poitiers. Trois seulement étaient présents. On leur reprochait des rébellions, outrages et menaces à agent dépositaire de la force publique et, pour deux d’entre eux, des violences volontaires sur ces mêmes fonctionnaires.

Un procès dont le dossier « est vide » pour la défense. « Il n’y a aucun témoignage, à l’exception de ceux des policiers, alors qu’il y a du monde ce jour-là sur la place », plaide Maître Ménard. Alors que la partie civile tente de démontrer que la rébellion des jeunes gens relève bien d’une résistance active et de fait constitue l’infraction, Maître Coche s’engouffre dans l’argumentaire de sa consœur pour son client en rappelant que le tribunal a probablement d’autres « chats à fouetter » que ce genre d’histoire relevant davantage « d’un contentieux entre ces gens qui montent des tentes et la police ». L’avocat ajoute que le chef d’inculpation est « trop ténu », « trop faible » pour encombrer les tribunaux. « Il faut arrêter de cristalliser les choses », argumente-t-il. Sauf pour les deux prévenus bordelais, absents à la barre, qui eux sont accusés de violences volontaires commises sur les policiers. Et notamment pour l’un d’entre eux qui a carrément été « allongé d’un coup de poing », a souligné la partie civile.

Le procureur de la République, dans ses réquisitions, retient la rébellion pour tous les prévenus, écarte le fait de réunion et demande de condamner les prévenus à 40 heures de travail d’intérêt général, à de la prison avec sursis, sauf pour un bien connu des services de police. Délibéré mardi 17 juillet.

Didier Monteil, La Nouvelle République, 11 juillet 2012

L’incendie dans le squat jugé demain

Un deuxième rendez-vous judiciaire est programmé dès demain pour les militants de la cause du Droit au logement. Le tribunal correctionnel doit juger Virginie, David et Wilfried, trois personnes poursuivies pour dégradation involontaire par utilisation de bougie sans surveillance et violation de domicile.

Ils avaient été interpellés dans la nuit du 26 au 27 avril dernier, à la suite d’un départ de feu survenu dans une vaste habitation vacante située au n° 22 de la rue Jean-Jaurès à Poitiers. Elle était occupée depuis peu par des militants du DAL.

Le feu était parti à cause d’une des nombreuses bougies servant à éclairer les lieux. L’incendie avait entraîné l’intervention des pompiers et de la police… et l’évacuation imprévue du squat juste avant une opération portes-ouvertes.

Une enquête avait également été ouverte, à la suite de la plainte déposée par le maire de Poitiers à qui un tag promettait une corde pour le pendre ! Une personne a été entendue par la police le 14 juin dernier, selon le DAL.

Presse petite-bourgeoise (La Nouvelle République), 11 juillet 2012

[Anti-THT] Derrière l’urgence, la bêtise. Retour sur le week-end de résistance du Chefresne.

Avancer en ayant oublié sa tête c’est revenir en ayant perdu un bras.

Retour sur le week-end de resistance au Chefresne

Laisser place à la fragilité ou tout détruire.

Je me suis fait tirée dessus par un flic.
J’ai 15 impacts de métal dans le corps et ils y resteront ; la jambe, l’os du genoux, le vagin, le sein, le bras. Le nerf de mon bras droit a été sectionné, on a du opérer. Dans un an peut être je retrouverai ses capacités.

J’écris pour qu' »on » ne puisse pas dire qu »on » ne savait pas. Qui veut savoir sait.
J’écris pour qu’on arrête de nous censurer, frapper, enfermer, tuer derrière une soit disant démocratie et un soit disant état de droit.
J’écris parce que je n’en peux plus qu’on renvoie les violences aux pays lointains et pauvres en se décharge lâchement des questions révolutionnaires qui se posent en tunisie, en lybie, en Egypte, en Syrie … disant qu’en France c’est pas la même, qu’en France c’est différent, et même pire…
Ecrire parce qu »à 20ans j’ai subie, vu et entendu trop de violences policières derrière des vitrines de mensonges et de propagande marchande.
Écrire parce qu’il m’est insupportable de sentir cette boule d’angoisse dans mon ventre quand je croise un flic, et ce brouillard de solitude et d’impuissance face au système policier.
Écrire faute hurler que ça ne peut plus durer, et de prendre acte.
Ecrire parce que la liberté dans la civilisation occidentale est un mensonges meurtrier.
Ecrire parce qu’il y a trop de silences et de mensonges sur la répression, sur nos luttes, sur les dangers du nucléaire, entre autre, sur la violence du système.

Cette fois-ci, ça s’est passé au Chefresne, une commune qui résiste à l’implantation d’une ligne très haute tension de 170 km de long (cette ligne participe à la création d’un gigantesque réseau de circulation d’information mondial, avec non seulement vente d’électricité mais aussi contrôle des populations et automatisation de leurs échanges avec l’administration centrale. Le courant électrique sera produit par des éoliennes en mer du Nord, par des centrales nucléaires comme l’EPR de Flamanville, mais aussi mécaniquement par les trois réacteurs de Tricastin qui sont maintenant libérés de l’alimentation électrique de l’usine Eurodif qui a fermée ; http://antitht.noblogs.org/255 )
Mais je porte en mois bien des blessés, bien des morts, bien des non dits, pas qu’en France, pas qu’ailleurs .
Je porte en moi des prisons pleines et je sais les impunités à répétions pour les bourreaux légitimes.
Amin Bentounsi a été assasiné le 21 avril par balle, dans le dos, et suite à ça des policiers manifestent armés, en uniforme, revendiquant le droit de tuer en prevention.
Depuis leur mise en services le flash ball, les grenades assourdissantes et celles de desenclerment ont fait beaucoup de blessés, des oeils perdus, des plaies, des handicaps, des morts; personne n’a gagné devant la justice.
Je sais des villes de plus en plus sécuritaires, un arsenal juridique de plus en plus liberticide, le perfectionnement du contrôle de la population en meme temps que celui des frontières.
J’écris parce que j’en ai marre qu’on me demmande si « ça va ». A ceux à qui j’ai dit « oui », la politesse ou l’habitude.
bref.

Nous nous sommes fait tirés dessus sous des pylones THT qui pullulent dans la campagne, dans un désastre mondial qui menace de péter à tout moment et dans lequel on nous voudraient civilisé, passif. Nous, à force, dépossédés de presque tout; de notre histoire, de son sens, du langage, de l’information, de nos corps, de nos désirs, de notre temps, de nos vies. Alors qu’on nous voudraient inoffensifs, craintifs, non violents, je ne veux pas qu’on me parle comme à « la malade », qu’on m’infantilise, qu’on me plaigne. J’ai besoin qu’on prenne soin des uns des autres, pour durer, j’ai besoin qu’on riposte aussi. J’ai besoin, pour guérir, d’un système sans flics, sans pouvoir.
Oui, tenons compte des dégâts d’un fragment de guerre sociale explicite, de son lot de douleurs et de violence, mais n’abandonne pas, organisons nous. Ce qui ne tue pas rend plus fort parait-il, à condition de ne pas se mentir.

Vous voulez des détails? Les mass-médias sont venus dans ma chambre d’hôpital avant l’opération. Un médecin généraliste, présent sur le camps, avait témoigné des violences policières et de l’utilisation d’armes de guerre ( grenades de Dé-encerclement, grenade assourdissantes, gaz lacrymogène, matraque…) laissant de nombreux blessés. Il avait été formidable sur le camps mais là il arrivait géné ; les mouches à merde du pouvoir, autrement dit les journalistes, voulaient filmer les impacts de métal dans les corps pour diffuser le témoignage. Pas d’image, pas de parole, c’était leur chantage. Ils restèrent une heure dans la chambre, tentant de se défendre de la bassesse de leur journaux (voir les revues de presse sur : http://www.percysoustension.fr )et de leur démarche.
En voyant, sans surprise, ce qui en sort, un rectificatif s’impose.

L’avancée des travaux de la ligne rend plus qu’urgente et nécessaire une résistance concrète et de terminée sur les infrastructures.
« Il est maintenant évident et nécessaire, vu ce que nous imposent les pylônes dressés sur nos terres, que beaucoup de personnes sentent l’envie en eux d’agir directement contre ce maillon faible de l’industrie nucléaire vu l’inacceptable répression des opposants, les droits fondamentaux des personnes bafoués, les humiliations qu’inflige RTE à la population. » (extrait de l’appel tous au chefrenes, wk de resistance; http://www.stop-tht.org/)

Ces lignes participent à la dépossession de nos vies et s’imposent avec la même arrogance et le même fascisme que l’aéroport à Notre Dame des Lande, le tgv entre Lyon et Turin, la centrale à gaz au Finistère, les éco-quartiers dans nos villes gentrifiées ou encore que les prisons à visages humains, belle image de l’hypocrisie du merdier actuel.
Alors d’où vient la violence?

On le sait et on peut s’en indigner après coups, mais il est important de le rappeller : les appels publiques de rencontres ou d’action entrainent inévitablement un énorme déploiement du dispositif policier: Occupation policière et militaire du territoire, contrôle et fouilles de ceux qui y passent, surveillance (hélicoptères, dispositif d’écoute), renforts entrainés au terrain ( dans le cas du Chefresne, la spig, les garde mobile de blain, entrainé sur la lutte de notre dame des landes). ILs étaient plus de 500 armés sous les pressions d’une préfecture traumatisée par Valognes (ou la perte de la maitrise d’un territoire.)
Leur volonté semble clair : casser le mouvement, faire mal, physiquement et moralement.

Alors que les mass-media construisent méticuleusement la figure du dangereux radical qui veut en finir (avec on ne sait quoi) et qui vient de loin pour ça ( figure menaçante et complètement dépolitisée), ils passent sous silence les luttes et la répression croissante qu’elles subissent. Un territoire qui résiste est souvent occupé militairement, comme on le voit au Chefresne, à Notre Dame des Landes ou encore au Val de Suse; Sur fond d’expropriation, d’expulsions se déroulent quotidiennement les pressions psychologiques, financières, judiciaires et policières. Derrière la soit disant liberté de penser: l’interdiction d’agir. On nous tanne d’être non violent sous une violence croissante.

Le 24 juin, une manifestation est partie vers le château d’eau, lieu de rencontres et de résistances, expulsé le mercredi 20 juin. Un autre cortège, dont je faisait partie, est allé en direction des pylônes (deux debout et un encore au sol). Il est difficile de dire s’il faut définitivement abandonner toute action de masse annoncée, si c’était un casse pipe d’aller à ce qui ne serait qu’affrontement anticipé par des flics mieux équipés, de se dire que la peur l’envie d’annuler était presente la veille et le matin et qu’elle était peut être sagesse. Il semble important de questionner nos mode de prise de descision dans des moments d’urgence et de « spectacle » comme celui-ci. « La marche pour l’honneur » mentionné dans un retour (lien ci dessus) laisse un triste arrière gout de ces armées de déja-vaincus avançant vers leur perte. Etre transversales, imprévisibles, inattendus pour ne pas devoir devenir force militaire… Un ami me dit après coup  » cette fois encore on est pas passé loin de la mort, un d’entre nous aurait pu y rester ».
Dans la campagne grise de gaz nous n’avions pas le rapport de force ou l’intelligence nécessaire pour ne pas se faire repousser assez rapidement et violemment vers le camp. On entendait des détonations, des cris et sur la dernière charge les regards que je croisais étaient effrayés ou souffrants. Les lignes de flics, en entendant « il y a des blessés, du calme » se sont mis a charger en gueulant et tirant. Après avoir eu l’impression de bruler, j’ai eu celle de perde mon bras, puis la peur qu’ils nous tirent dans le dos ou qu’ils arrêtent. Quelqu’un m’a saisit et m’a sortie de là.
A ceux qui disent que la guerre est finie, je leur dis qu’elle est latente, cachée, mais qu’on peut compter nos morts, pour ne pas les oublier. Un opposant est passé il y a quelque années sous un train castor qu’il a voulu bloquer en s’enchainant sur la voie. D’autres y ont laissé leur tendons, brulé par la disque use des flics qui voulaient les enlever, d’autres … la liste est incomplète. Combien de morts par le nucléaire, de Hiroshima à Fukushima en passant par ceux qu’on cache chez nous, combien de tonnes de déchets qui s’entassent, combien d’irradiés, et combien de faux débats démocratiques?

Là, c’était une tente médic pleine de blessés. Tristement mais efficacement les gestes et les réflexes se mettent en place : soigner dans l’urgence, maitriser sa douleur et accompagner celle des autres, évacuer malgré les barrages de polices, éviter celui qui bloquaient l’accès à l’hopital de st Lo, attendre deseperement les pompiers bloqués, subir la réquisition d’un de leurs véhicules pour évacuer un policier égratigné au détriment d’une fille risquant de perdre la vue …

En arrivant à l’hopital, je raconte tous ça en montrant mon corps mutilé. On s’indigne, on s’énerve, on déplore dans le service hospitalier pas familier des violences policière de la France de 2012. Certains auraient voulu aller à la manifestation mais travaillaient, certains m’ont dit en levant le poing de continuer la lutte, d’autres n’en revenait pas, quelqu’un m’a dit « nous avons fait la guerre en Normandie, on sait ce que c’est ». J’ai au téléphone un responsable de l’accessibilité des soins de l’hôpital de st Lo ( par rapport au barrage, deux fourgons et une lignes de garde mobile sur la route-sur la voie d’accès au CHU). Je répète, je dis que les pompiers n’arrivent pas à accéder au camp, il me répond qu’il fait ce qu’il peut. Il ajoute surtout qu’il reçoit, depuis le matin, des pressions de la préfecture pour avoir le nom et la nature des lésions des blessés du Chefresne. Il m’assure que le secret médical ne permet aucune fuite. Je lui dit de tenir face aux pressions et je le remercie pour cela.

Je serai transférée et opérée. Je vous passe les moments où, dans cette chambre, j’ai eu l’impression d’être en taule ou que j’ai craint l’arrivée des flics, les moments où l’étonnement des gens me donnait envie de leur dire mais ouvre les yeux et informe toi, l’inquiétude pour ceux resté au camps, l’envie de parler avec tous ceux qui ont vécu ce moment, l’envie de dire que je n’en veux qu’aux flics, l’envie de casser la télé ou d’occuper le plateau au moment des infos régionales…

Je sais juste qu’un moment me hante; cette heure entière où, mon bras anesthésié dans la salle d’attente du bloc opératoire, je n’ai pu m’empêcher et m’arrêter de pleurer. Pas que mon bras, pas que ces éclats, pas que le stress, mais la détresse de se savoir partie prenante d’une guerre pacifiée et dont les raisons comme les conséquences ne resteront connus que d’un petit nombre de camarades, noyées dans une indifférence générale.

J’ai une grosse question dans la gorge, que faire maintenant par rapport à cette violence policière. Je sais que je n’ai rien à attendre de cette justice de classe sinon une tribune ou une médiatisation du problème. Et encore. Je la sais quotidienne cette violence. Je nous sais nombreux enragés. Je nous sais un peu seuls et démunis aussi.
Déjà j’en profite pour affirmer que ce n’est pas être violent que d’aller avec casque masque à gaz et protection en manifestation, c’est la condition de notre survie physique.
Ensuite qu’il nous faudra être plus intelligents que la police, que leur juges, que leur infiltrés, que leur système de contrôle.
Et pour finir que j’aimerai bien qu’on ne laisse pas faire parce que l’on sait, car « qui ça étonne encore », les violences policières sont entrées dans la réalité et la banalité du politique.
Amal Bentounsi appelait à un mouvement national contre le permis de tuer pour la police, j’appelle à une insurrection internationale contre la police, ce qu’elle nous inflige, contre ce qu’elle défend, contre ceux à qui elle sert.
C’est facile d’écrire mais on ne sait jamais que ça soit lu.

A bientot

source : Indymedia Nantes