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Manif pour tous et contre-manif : pas de face à face à Poitiers

NdPN : Deux rassemblements contre l’homophobie auront lieu mardi et mercredi. Alors qu’actuellement s’exprime, dans la rue et les médias, une haine de plus en plus décomplexée pour les individus et les désirs ne correspondant pas à leurs normes étriquées, soyons présent-e-s !

Une trentaine de militants du collectif d’action unitaire contre l’extrême droite de la Vienne avaient prévu un comité, ce dimanche matin, pour « accueillir » les opposants au mariage pour tous venus de toute la région qui s’étaient donné rendez-vous sur le parking d’Auchan Poitiers-Sud, avant d’aller défiler en centre-ville de Poitiers.

Mais, ces-derniers, prévenus par les forces de l’ordre, ont préféré changé de lieu de rassemblement et se sont regroupés sur le parking du cinéma CGR de Fontaine-le-Comte. Il n’y a donc pas eu de face à face.

Les policiers poitevins ont tout de même mis en garde les jeunes manifestants (essentiellement issus des jeunes communistes et du NPA) qu’ils risquaient de fortes amendes et des peines de prison ferme s’ils gênaient l’ordre public alors qu’ils n’ont pas déclaré leur manifestation en préfecture [Oh pardon, monsieur l’agent… NdPN].

La convoi de la « Manif pour tous », qui rassemblait plus de 140 voitures venues des quatre départements de Poitou-Charentes a pris la direction du centre-ville, vers 11 h 45. Après être passés par les boulevards, via un crochet par la place de la préfecture (où les contre-manifestants ont essayé de les bloquer mais ont été tenus à distance par la police), les manifestants ont pris la direction du parc de Blossac pour un pique-nique. L’ultime prise de parole y a eu lieu vers 14 h 30, sous l’œil attentif d’une poignée de militants de la cause homosexuelle qui avaient pu rentrer dans le parc à condition de laisser leurs drapeaux arc-en-ciel à la grille [Ben tiens, faudrait pas déranger non plus… NdPN].

Presse hétéronormative, la Nouvelle République
21/04/2013

Communiqué du NPA suite à la « Manif pour tous » régionale.

Ce dimanche 21 avril, des centaines d’homophobes se sont emparés de notre ville, avec leurs voitures, leurs slogans haineux, leurs drapeaux ridicules.

Heureusement, quelques dizaines de militants anti-fascites et pro-égalité-des-droits avaient répondu présents à l’appel du Groupe d’Action Unitaire de la Vienne contre l’extrême-droite, pour contrer leur manifestation.

Nous tenons malgré tout à interpeler la population et la Municipalité de Poitiers, notamment le Député/Maire Alain Claeys, sur plusieurs points.

D’abord, pourquoi la Municipalité n’est-elle pas intervenue pour interdire à ces rétrogrades d’investir librement le parc de Blossac ? Surtout lorsque cette dernière n’hésite pas à expulser des familles de Roms du centre-ville. Cette attitude n’est manifestement pas à la hauteur de ce que l’on peut attendre d’une Municipalité de « Gauche ».

Ensuite, nous condamnons fermement l’action des forces de l’ordre qui ont clairement aidé les homophobes en leur indiquant le parking du CGR comme point de repli, puisque nous étions sur celui d’Auchan. Dans le même temps, ces derniers menaçaient les militants présents de « peines de prison ferme » et « d’amendes » si nous essayions de trop faire entendre nos revendications, sous prétexte de ne pas avoir déclaré notre rassemblement. Pourtant, la violence venait du camp d’en face, avec leur propos haineux vis-à-vis des homosexuels. Nous revendiquons notre droit à nous exprimer, en tant que progressistes, comme bon nous semble et où bon nous semble ! Les idées de l’extrême-droite ne feront pas la loi.

Soyons donc massivement présents au rassemblement de mercredi à 18H devant l’hôtel-de-ville, pour dire non à l’homophobie et contrer cette idéologie d’extrême-droite.

Poitiers, le 21 avril 2013.

NPA 86

Allô ? Non mais allô quoi. T’es ministre de l’intérieur et tu connais pas la loi ?

Allô ? Non mais allô quoi. T’es ministre de l’intérieur et tu connais pas la loi ?

Allô ? Allô ? Vous me recevez ? T’es ministre de l’intérieur et tu connais pas la loi ?  C’est comme si je te dis, heu… T’es socialiste et tu pourchasses les pauvres, non mais allô, quoi !  [1]

Dans un entre­tien accordé au Figaro le 14 mars 2013, Manuel Valls affirme : « La situa­tion, deve­nue into­lé­ra­ble, ne peut per­du­rer :  il faut faire res­pec­ter la loi en déman­te­lant le maxi­mum de camps de Roms insa­lu­bres… » [2]

En dési­gnant expres­sé­ment des per­son­nes par leur ori­gine eth­ni­que, le minis­tre de l’inté­rieur viole un prin­cipe fon­da­men­tal de la cons­ti­tu­tion fran­çaise. Ce n’est pas moi qui le dit, ni Nabila,  c’est la plus haute juri­dic­tion admi­nis­tra­tive fran­çaise. En mars 2011, le Conseil d’Etat avait en effet annulé la cir­cu­laire du 5 août 2010 qui ordon­nait aux pré­fets d’enga­ger une « démar­che sys­té­ma­ti­que de déman­tè­le­ments des cam­pe­ments, en prio­rité ceux des Roms ».

« Le Conseil d’État a annulé ce texte, en se fon­dant sur l’arti­cle 1er de la Constitution, qui pose le prin­cipe d’égalité devant la loi. Il a jugé que l’objec­tif, invo­qué par le minis­tre, de pro­tec­tion du droit de pro­priété et de pré­ven­tion des attein­tes à la salu­brité, la sécu­rité et la tran­quillité publi­ques, ne l’auto­ri­sait pas à mettre en œuvre, en méconnais­sance du prin­cipe d’égalité devant la loi, une poli­ti­que d’évacuation des cam­pe­ments illi­ci­tes dési­gnant spé­cia­le­ment cer­tains de leurs occu­pants en raison de leur ori­gine eth­ni­que. » [3] Allô, Monsieur, Valls, vous me rece­vez ? c’est illé­gal, I-LLE-GAL.  En France, on n’a pas le droit de dési­gner une mino­rité eth­ni­que et de dire ou d’écrire qu’on va cibler sa poli­ti­que contre cette mino­rité. Vous com­pre­nez ? Allô ? Allô ?

A l’époque de la cir­cu­laire eth­ni­que contre les Roms, un can­di­dat socia­liste à la Présidence de la République nommé François Hollande décla­rait dans l’émission C poli­ti­que sur France 5 qu’elle était « à la fois immo­rale et illé­gale ». « Elle est immo­rale parce qu’une com­mu­nauté est stig­ma­ti­sée en tant que telle » et elle « est illé­gale parce que c’est une dis­cri­mi­na­tion » en infrac­tion avec la Convention euro­péenne des droits de l’Homme. Il avait même ajouté : « Qu’en plus on veuille en faire une opé­ra­tion de com­mu­ni­ca­tion, ça dépasse tout ce que l’on pou­vait connaî­tre jusqu’à récem­ment dans la concep­tion de la République ». [4]

Harlem Désir, aujourd’hui pre­mier secré­taire du Parti Socialiste avait quant à lui demandé à la Commission Européenne : « d’enga­ger une pro­cé­dure d’infrac­tion à l’encontre du gou­ver­ne­ment fran­çais pour que ces­sent le trai­te­ment indi­gne et la stig­ma­ti­sa­tion inac­cep­ta­ble des citoyens euro­péens que sont les Roms ».

Allô ? Allô ? Où êtes-vous Monsieur Hollande ? Quelle est votre concep­tion de la République aujourd’hui ? Où êtes-vous Monsieur Désir ? Où sont-ils tous ces socia­lis­tes qui pous­saient des cris d’orfraie sous Sarkozy ? Vérité en deçà des élections, men­songe au delà ?

Même l’Europe s’était indi­gnée, avec le fameux « enough is enough » de Viviane Reding qui rap­pe­lait que cette poli­ti­que était digne des moments les plus som­bres de notre his­toire.  Manuel Baroso lui-même, Président de la Commission Européenne, avait déclaré : « Le res­pect de la dignité humaine, c’est une valeur sacrée pour l’Union Européenne »

Le mot « Rom » signi­fie « être humain » en romani.  Les Roms en France ne sont pas consi­dé­rés comme des êtres humains. Ils sont consi­dé­rés comme des chiens qu’on jette à coups de pieds, de matra­que et de gaz lacry­mo­gène d’un camp vers l’autre. [5]

Un docu­ment res­ti­tue par­fai­te­ment l’ambiance d’une expul­sion. On y cons­tate la détresse des per­son­nes expul­sées, le regard vide des enfants perdus qui ne com­pren­nent pas, la dis­pro­por­tion totale des moyens mis en œuvre avec la pré­sence mas­sive de poli­ciers, armés et équipés de gaz lacry­mo­gène contre des famil­les dont la moitié des mem­bres sont des enfants. On peut res­sen­tir les secondes qui durent des minu­tes, les minu­tes qui durent des heures et le temps qui s’écoule au ralenti.  Toute une vie à recons­truire avec pour simple bagage son enfant dans un bras et son cabas dans l’autre. Cela se passe en France socia­liste, en 2013, à Vigneux, dans l’Essonne. Ce n’est que le début d’une longue série.  La France est en train de deve­nir la honte de l’Europe dans le trai­te­ment raciste et dis­cri­mi­na­toire qu’elle inflige à la mino­rité eth­ni­que la plus impor­tante d’Europe pour des rai­sons pure­ment électoralistes. _
Vigneux-sur-Seine, 11 mars 2013 : http://youtu.be/DdoS2Sd4v_8.

REFLEXes : L’extrême droite, mieux la connaitre pour mieux la combattre (version 2013)

L’extrême droite, mieux la connaitre pour mieux la combattre (version 2013)

À quoi ressemble l’extrême droite aujourd’hui ? Quelle est la place du Front national ? Combien de groupes y a-t-il à sa marge, et que représentent-ils vraiment ? Pas si facile aujourd’hui de répondre. Face à une extrême droite en perpétuelle évolution, cherchant de plus en plus souvent à brouiller les cartes pour mieux se refaire une virginité et apparaître plus forte qu’elle ne l’est, il vaut mieux connaître les histoires, les alliances et les positionnements de ces différents mouvements pour mieux anticiper leurs actions et leurs politiques. Le schéma ci-dessus permet d’y voir plus clair.

http://reflexes.samizdat.net/IMG/pdf/schema-extreme-droite-2013-petit.pdf

En ce début d’année 2013 l’extrême droite française reste toujours extrêmement morcelée. Cela peut s’expliquer par des divergences idéologiques (bien que les alliances contre-nature continuent d’exister), mais également des querelles de personnes. Les rapports de force entre ces différents groupuscules se modifient régulièrement et peuvent être très rapides. Après avoir longtemps dominé par son activisme l’extrême droite radicale (comprendre tout ce qui se trouvait en dehors du FN), les Identitaires, faute d’avoir su faire évoluer leur stratégie et leur fonctionnement groupusculaire en mouvement structuré et adulte, ont petit à petit perdu du terrain face à de nouveaux groupes. On peut penser en particulier à Troisième Voie et aux Jeunesses Nationalistes (la branche « jeune » de l’Œuvre Française), qui en misant également sur l’activisme et la rue pour se faire connaître, ont de leur côté opté pour un nationalisme plus traditionnel.

S’il y a encore un an Troisième Voie et Serge Ayoub semblaient les mieux armés pour concurrencer et dépasser les Identitaires sur le terrain de l’activisme et du nombre de militants, ils ont depuis été dépassé par les Jeunesses Nationalistes d’Alexandre Gabriac. Profitant des différentes crises qu’ont connu TV et les Identitaires pour récupérer ici et là des militants égarés, voire des sections entières, les JN ont également mis la main sur le GUD Lyon et Paris, devenant ainsi en moins d’un an une structure implantée dans les principales villes de France.

À travers cet organigramme, qui ne peut qu’être éphémère, nous avons tenté de dresser le bilan de cette extrême droite, en terme d’alliance et de positionnement, afin de permettre à chacun(e) de s’y retrouver. Les présidentielles de 2012 ont quelque peu perturbé ce milieu, le principal perdant de l’histoire étant les Identitaires, qui après avoir renoncé à présenter un candidat, n’ont pas su adopter au niveau national et faire accepter une ligne de conduite claire vis-à-vis du Front National. Les Identitaires ressortent de cette période avec une scission, un Philippe Vardon qui joue de plus en plus la carte de son avenir personnel et un Fabrice Robert qui tentent de maintenir à flot un navire qui prend de plus en plus l’eau.

Du côté de l’extrême droite institutionnelle, nous avons associé au FN la mouvance souverainiste qui revient sur le devant de la scène comme force d’appoint du parti de Marine Le Pen, ainsi que les différentes tendances « radicales » de l’UMP (la Droite populaire ayant ouvert la voie). Reste à voir quelle sera l’attitude sur le moyen et long terme de ces différentes tendances à l’égard du Front national : mais dans le discours, tous les verrous ont déjà sauté. Par ailleurs, le cinquantenaire de l’indépendance de l’Algérie nous donne l’occasion d’intégrer au schéma un réseau peu connu et pourtant un des plus anciens et mieux organisés de l’extrême droite, celui des nostalgiques de l’Algérie française.

15 février 2013

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[Poitiers] Homophobie tranquille dans une ville bonhomme

Aujourd’hui à Poitiers, un millier de manifestant-e-s environ se sont rassemblé-e-s, venant de tout le département de la Vienne, contre le mariage pour tou-te-s. Ces personnes dénient ainsi l’égalité des droits des homosexuel-le-s en termes juridiques (droits de succession, questions de parentalité), et refusent la reconnaissance de situations déjà existantes d’homoparentalité, maintenant jusqu’à présent les enfants concernés dans une situation de déni social (en arguant qui plus est avec cynisme que ce serait pour le bien des enfants).

70 contre-manifestant-e-s ont répondu présent, militant-e-s homos, militant-e-s d’organisations politiques, et un certain nombre d’anti-autoritaires, malgré le relai très faible car tardif de l’information dans les réseaux militants (voir notre appel ici).

Plusieurs choses à noter :

– Comme d’hab, les flics ont empêché les contre-manifestant-e-s de s’approcher, faisant un cordon et discutant avec le service d’ordre des réacs. Comme d’hab, ils nous ont filmé-e-s avec insistance (notamment les anti-autoritaires). Comme d’hab, ils nous ont menacé-e-s quand nous tentions de nous approcher. En revanche, ils ont laissé sans problème passer des gens du rassemblement homophobe, venant tenter de nous convaincre.

– Les manifestant-e-s contre le mariage homo ont tenu des propos sexistes à répétition, affirmant la différence de l’homme et de la femme, qui auraient des rôles « complémentaires », reniant ainsi le fait évident que les genres sont des constructions culturelles. Ils ont aussi bien évidemment tenu des propos homophobes inacceptables. Entre autres slogans entendus, à plusieurs reprises : « Mariage homo, mariage OGM ». Quand on sait que l’homosexualité a longtemps été considérée comme une maladie, subir de tels propos se référant à un fléau social d’une part et à la génétique d’autre part, aujourd’hui sur la place publique, sous l’oeil bienveillant des autorités, a de quoi nous mettre en rage.

– Les manifestant-e-s contre le mariage homo ont disposé d’une véritable tribune, avec micros, table sono et enceintes crachant leurs propos déplorables… sur le parvis même de la mairie, à hauteur de la porte de la mairie. Le bâtiment communal avait à ses pieds une foule d’un millier de personnes déblatérant leur homophobie avec une grosse sono en plein coeur de la ville. De fait la préfecture et la mairie (cette dernière se prétendant pourtant « socialiste » et en tout cas favorable à l’adoption du mariage pour tou-te-s), ont offert éhontément, aujourd’hui, une tribune à la haine homophobe.

Il n’est hélas guère étonnant, dans un système marchand où tout se vaut, que ce gouvernement considère qu’il est « légitime de débattre de façon citoyenne »… entre égalité des droits d’une part et homophobie d’autre part. Un peu comme lorsque des cathos intégristes manifestent contre le droit à l’avortement sous la protection des flics, en comparant publiquement l’avortement à un génocide, au nom d’une « liberté d’expression » à sens unique, où ce sont les contre-manifestants défendant les libertés qui sont filmés, repoussés et parfois réprimés (voir aussi la répression récente de manifestant-e-s antifascistes, lors de la pièce de Castellucci).

Cette triste manifestation de haine sur la place publique par des gens prétendant nous interdire quoi faire de nos vies montre une fois de plus que nous n’avons rien à attendre de quelque gouvernement que ce soit contre la domination patriarcale, et que nous devons nous organiser. Les libertés ne se demandent pas, elles se prennent.

Pavillon Noir, 2 février 2013

NdPN : vidéo de la NR ici, article ici sur les autres manifs ayant eu lieu dans des villes proches.

[Poitiers] Contre les homophobes, rassemblons-nous le 2 février place d’armes

Ce samedi 2 février aura lieu à 15h, place d’armes, une « manif pour tous » [sic] contre le mariage homo. Les homophobes remettent donc le couvert.

Ca s’était pas trop bien passé pour eux à Poitiers les dernières fois, du fait d’une grosse présence de gen-te-s contre l’homophobie et pour l’égalité des droits. Alors remettons ça !

Une page facebook propose un « kiss-in » avec bisous entre nanas et entre mecs : chouette ! Soyons présent-e-s en nombre pour ne pas les laisser polluer nos rues avec leurs slogans homophobes moisis.

Fachos curetons hors de nos fions.

Pavillon Noir