Archives de catégorie : Propagande marchande

[Pressac – 86] Village flottant : et un projet inutile et coûteux de plus !

Un « village flottant » à Pressac : encore un projet « touristique » qui va défigurer un beau lieu tranquille (l’étang du Ponteil), et qui sera inutile et coûteux. Avec des aménagements financés comme il se doit par du pognon public (dont 500.000 euros par le conseil général). Et ce, pour le profit d’une société capitaliste de plus dont le directeur n’est autre que l’ex-directeur délégué de Pierre&Vacances – le groupe qui va tirer profit du fameux Center Parcs, lui aussi biberonné à l’argent public (voir nos articles précédents à ce sujet). A 130 euros la nuitée pour un couple, le projet n’est pas franchement destiné aux habitant.e.s du coin, dont la plupart ne roulent guère sur l’or ! Comme d’habitude, l’argument bidon de l’emploi est censé couper court à toute critique. Rendons-nous compte : SEPT emplois en tout, et sans doute fort exaltants…

Image tirée du film The Isle de Ki-Duk Kim : misère et détresse du personnage de Hee-Jin, trimant dans un village flottant.
Image tirée du film The Isle de Ki-Duk Kim : misère et détresse du personnage de Hee-Jin, trimant dans un village flottant.

Pavillon Noir

[Poitiers] Le « tweet » numérique, avatar de la misère politique

Citations consternantes des communicants d’aspirant.e.s au pouvoir municipal, aujourd’hui dans la Nouvelle République, à propos du « tweet »… à l’image de la misère politique actuelle, où la petite phrase bidon balourdée sur les écrans remplace le lien social réel et passe pour un « outil de débat » (lol) :

« Nous retransmettons également les événements en direct comme pour les conférences de presse sur les transports publics et la culture », explique Hugo Ferrer, directeur de campagne de Jacqueline Daigre, candidate UMP à la mairie de Poitiers. « L’avantage, c’est que nous pouvons être sollicités directement et répondre avec proximité et dans l’instant », ajoute Maxime Huille, directeur de campagne de Christiane Fraysse, candidate d’Europe Écologie Les Verts. « On retrouve une notion de proximité à travers les réseaux », confirme à son tour Matthieu Boisson, responsable de la communication de la campagne d’Éric Duboc, candidat centriste au siège de la ville.
La plateforme de discussion est aussi et surtout utilisée pour débattre, pour apporter des réponses précises et mettre rapidement fin à des idées fausses. « C’est tout de même important d’être présent pour faire passer des messages et être dans la vérité », ajoute François Blanchard, militant socialiste, soutien au maire actuel Alain Claeys qui brigue un second mandat.

NB : Pour une fois, même si on est pas du tout d’accord politiquement avec lui et qu’on ne sait pas ce que signifie un quartier « populaire », soulignons tout de même la position différente de Ludovic Gaillard (candidat LO qui n’a pas de compte sur les réseaux dits « sociaux ») : « Je préfère aller directement dans les quartiers populaires ».

Pavillon Noir

Contre le tout-numérique dans l’éducation

NdPN : un article critique rédigé par un compagnon, en réaction à cet article de la Nouvelle République en forme d’ode au tout-numérique dans l’Education Nationale.

Débauche de pognon public pour les gadgets électroniques à l’école, « édutablettes », tableau blanc numérique et ordinateurs portables, à généraliser dès le plus jeune âge… Pourquoi une telle priorité, à l’heure où tant d’autres choses semblent prioritaires à redéfinir en profondeur pour une véritable éducation ?

A « l’heure du numérique », l’apprentissage (rudimentaire) de ces outils numériques peut certes être présenté comme un « atout » dans la vie, ne serait-ce que pour se débrouiller comme on peut dans un monde saturé par ces technologies imposées. Un apprentissage pertinent pourrait aussi apprendre à ne pas devenir esclaves de ces machines, en comprenant leur fonctionnement et leurs dangers, en apprenant à naviguer de façon anonyme, etc.

Mais force est de constater que ce n’est pas le cas, et que l’éducation proposée ne consiste qu’en une utilisation passive, en rien critique ni émancipatrice. Ces outils en eux-mêmes n’améliorent en rien la transmission et le partage des connaissances – si ce ne sont celles relevant de ce monde numérique, qui en lui-même n’a aucune vertu éducative, bien au contraire. Quid du partage des connaissances, de l’apprentissage de la vie collective et de la responsabilisation, fondements de toute éducation digne de ce nom ? Le recours encouragé et systématisé à ces outils atomisant les individus devant des écrans réduit de fait notre autonomie à bien des égards : capacités cognitives, d’attention et de mémoire, capacités sociales d’écoute et de présence à l’autre, capacités d’organisation collective. Les profs eux-mêmes, quand ils s’enthousiasment pour ces technologies (ce qui est loin d’être toujours le cas), se félicitent surtout de mieux capter l’attention des élèves, car l’image est captivante. Comme à la télé, quoi ! Attirer l’attention par la forme et non par le contenu ou l’organisation d’un apprentissage, voici bien toute la misère que la « société » du spectacle en déliquescence avancée offre à sa progéniture.

Alors pourquoi un tel engouement des autorités nationales et locales (économiques, politiques, médiatiques) pour le numérique à l’école, comme un enjeu déterminant de l’éducation ? Peut-être parce que les autorités n’ont, par nature, pas la même vision de l’éducation que la nôtre, anti-autoritaire.

Les technologies numériques, loin d’être neutres, sont devenues l’un des dispositifs principaux de la servitude moderne. Elles répondent parfaitement aux impératifs du système de domination sociale, aussi bien économiques (dans le cadre d’un capitalisme d’opérations financières toujours plus rapides et de gestion des « ressources humaines » à flux tendu) que politiques (fichage généralisé, géolocalisation, transformation totale des activités humaines en bases de données exploitables, croisables, vendables et contrôlables). Plus profondément, comme évoqué plus haut, la mise des individus devant les écrans les isole socialement (sous le discours trompeur de la « communication »), et dissipe l’attention à soi, aux autres et au monde.

Sans parler de l’acceptation de tout ce qui est relié au monde numérique, de façon bien réelle et non « virtuelle », comme trop souvent dit. Caméras de vidéosurveillance, traçage des marchandises et des individus, recueil de données proprement policières sur les individus et leurs habitudes. Le numérique est une arme massive de contrôle social, que les dominés doivent apprendre dès leur plus jeune âge à s’appliquer à eux-mêmes.

L’éducation de la jeunesse (ou son décervelage, ce qui n’est pas forcément opposé quand on parle d’éducation nationale), et de la population en général, a toujours constitué un enjeu crucial pour le pouvoir. L’école, aujourd’hui comme hier, apprend surtout à obéir, à se conformer, à développer les habitudes les plus adéquates au pouvoir, en forme de réflexes pavloviens. Ce n’est pas un hasard si profs, parents et élèves sont contraints à se familiariser avec l’outil numérique, à entrer et partager de force les données de leurs travaux (pour l’acquisition de compétences définies par le patronat au niveau européen), de leur hiérarchisation et de leur contrôle social (notes, évaluations, nationalité, adresse, projet professionnel), de leur situation dans le dispositif panoptique (emploi du temps, présence et localisation dans l’établissement), et ce dans des bases de données pérennes et centralisées… appelées à être croisées avec les données professionnelles voire médicales.

Sans compter une autre dimension, toute aussi importante pour la bonne marche de la sainte Economie : les partenariats public-privé. Car à travers le déferlement de gadgets pour nos chères têtes blondes ou crépues, il s’agit bien entendu pour les politicards d’offrir des contrats plus que juteux aux potentats capitalistes qui fabriquent lesdits outils numériques.

Sur toutes ces questions, nous constatons qu’une fois de plus, la dynamique capitaliste est indissociable de la dynamique étatiste. Nous constatons aussi combien les journalistes de la presse nationale et locale sont complices de cette propagande éhontée pour les dispositifs du pouvoir.

J., Pavillon Noir, 7 janvier 2014

[86] Center Parcs : carnage d’amphibiens, déforestation subventionnée et emplois a minima

Carnage d’amphibiens pour le Center Parcs de la Vienne

Les amphibiens regroupent des espèces particulièrement menacées d’extinction. Mais à Center Parcs, dans la Vienne, le bureau « d’ingénierie écologique » Biotope en a tué un bon nombre. L’affaire agite les milieux naturalistes, alors que la construction du « village » urbanise un domaine forestier de 264 hectares.


- Correspondance, Nantes

Des pièges à batraciens abandonnés, des crapauds décimés, des amphibiens desséchés, des petits cadavres d’insectes -des carabes- accumulés, enfouis dans la poussière : c’est le spectacle désolant qu’a découvert, début septembre 2013, un chasseur dans la Vienne à Trois-Moutiers. Il participait à une battue de décantonnement destinée à débusquer le gros gibier avant la pose du grillage délimitant le futur parc de loisirs Center Parcs. Les photos prises ont depuis été colportées par les naturalistes de toute la France, effarés d’un tel carnage. Le but de ces pièges est en principe de capturer vivants des animaux et espèces protégées, pour les empêcher de pénétrer sur la zone du chantier en cours de Centre Parcs.

Manifestement, les soixante seaux n’avaient pas été relevés tous les jours, comme ils auraient du l’être. Résultat : « Des milliers amphibiens morts liquéfiées ou desséchés dans les seaux », commentent les naturalistes. D’un seul de ces seaux délaissés ont été extraits soixante-onze cadavres de crapauds.

Chargé du projet pour Biotope, Aurélien Ferré avait détaillé il y a huit mois le cadre de son action : « Nous avons mis en place des bâches sur 1,5 km de longueur qui délimitent la zone protégée de la zone de construction, empêchant les amphibiens d’accéder à la zone de chantier. Ceux situés dans la zone de travaux, qui veulent aller dans la zone protégée pour se reproduire, sont recueillis dans les seaux et transférer dans la zone sanctuaire, espace du domaine laissé volontairement à l’état naturel, et qui constitue un cadre de vie favorable aux amphibiens », expliquait-il en avril au quotidien régional, La Nouvelle République.

Technicien cynégétique de la fédération départementale des chasseurs, Michel Faure, était sur place le jour de la battue : « On a retrouvé des petits pots le long de la clôture en grillage à moutons avec au pied une bande de bâche plastique censée cerner les batraciens. Un rapport a été fait par le lieutenant de louveterie à la Direction départementale des territoires [DDT, placée sous l’autorité du préfet]. Mais on n’a pas eu ce rapport ».

« Le rapport a été fait à la DDT, il n’y a rien à cacher », dit Frédéric Duval, le lieutenant de louveterie qui a mené la battue au cours de laquelle les pièges ont été découvert abandonnés, plein de cadavres de bestioles protégées. Amer, il ajoute : « Les défenseurs des petits oiseaux et des fleurs bleues ont été prévenus le lendemain. Et ça a donné quoi ? Rien. Quant au bureau d’étude, ça coûte une fortune à tout le monde pour une incompétence évidente. Il a prétendu après coup que ces pièges avaient été relevés trois jours avant que je ne passe… »

Des naturalistes gênés aux entournures

Vice-présidente de Vienne Nature, association affiliée à France Nature environnement, Marie Legrand est laconique : « On a été prévenus bien sûr. Mais les faits remontant à quatre mois, on ne va pas raconter aujourd’hui des histoires. Nous n’avons pas la moindre volonté de communiquer ».

En fait, les associations naturalistes travaillent souvent pour des aménageurs, ce qui leur permet de se financer. Vienne Nature et Ligue de protection des oiseaux (LPO) sont ainsi en concurrence avec Biotopope auprès de Center Parcs, et ne veulent pas mettre celui-ci en difficulté. Daniel Gilardot, président de la LPO en Vienne, indique ainsi que, « avec Center Parcs, on n’est pas sur l’étude de démarrage [confiée à Biotope], mais on sera dans le comité de suivi ». LPO et Vienne Nature ont aussi récupéré la gestion de l’observatoire de la biodiversité mis en place par Center Parcs, sur lequel lorgnait aussi Biotope.

Ces naturalistes auraient pu tiquer face à cette nature apprivoisée pour touristes. Ils devraient être outrés par une manière de faire bafouant la protection des espèces, leur valeurs de base. Mais ils sont dépendants de contrats… A propos des destructions d’animaux protégés, M. Gilardot joue la prudence : « On n’est pas intervenu. Mais il n’est pas exclu qu’on se porte partie civile, si une action en justice est engagée pour destruction d’espèces protégées ».

Pas plus que les associations environnementalistes, la fédération des chasseurs, qui a aussi une mission de défense de l’environnement, n’a porté plainte. Aucun chasseur n’a fait effectuer un constat d’huissier qui aurait pu être utile pour appuyer une procédure en justice.

Au titre des infractions, les naturalistes qui suivent à distance l’évolution de cette affaire épinglent au moins un non-respect des prescriptions de l’arrêté préfectoral de dérogation concernant les espèces protégées. « Nous, si on fait ça, on se retrouve en correctionnelle ! » lâche un naturaliste du département voisin. Quasiment tous les batraciens sont classés espèces protégées en France.  L’article 18 de la toute récente loi du 16 juillet 2013 prévoit désormais un nouveau délit : « Destruction, tentative de destruction ou trafics d’espèces protégées en bande organisée », passible de 150 000 euros d’amende et de sept ans d’emprisonnement. Sans la qualification de « bande organisée », l’article L415-3 du Code de l’environnement prévoit une peine de six mois d’emprisonnement et neuf mille euros d’amende.

La justice est  (ou sera) saisie par l’ONCFS (Office national de la chasse et de la faune sauvage), indique la préfecture, qui relaie une note de la DREAL (Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement, et du logement) Poitou-Charentes : « Dans le cadre du dossier Center Parcs, le pétitionnaire a obtenu une dérogation à l’interdiction de destruction des espèces protégées par arrêté préfectoral en date du 21 décembre 2012. Concernant les amphibiens, le dossier prévoit des dispositions de transfert hors des emprises du chantier. Il a été constaté début septembre des écarts dans la mise en œuvre de ces dispositions. L’Etat a donc demandé à Center Parcs de prendre les mesures correctives nécessaires pour remédier à cette situation. Ces mesures sont aujourd’hui effectives. Par ailleurs, une procédure judiciaire est engagée par l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage (ONCFS). »

« Incident mineur »

Chez Pierre et Vacances, on ne peut nier l’évidence. Le service communication tente d’en minorer l’importance : « Sur deux mille crapauds transférés, on en a retrouvé soixante-et-onze morts. C’est une mortalité accidentelle, pas un acte volontaire. Nous travaillons toujours avec Biotope. Ça leur a servi de leçon. Ce qui s’est passé est un incident mineur, qu’on prend en considération, bien sûr, en appliquant des mesures correctives, en accord avec l’État et les associations locales, Vienne Nature et LPO, pour éviter que ça se reproduise ». Les mesures sont techniques : seaux ouverts la veille des transferts hebdomadaires d’amphibiens, fermés le lendemain, retirés après les transferts, passerelles de passage passif vers l’extérieur du chantier permettant aux amphibiens de passer vers les zones refuge.

Le bureau d’étude Biotope – déjà impliqué dans des procédures irrégulières à Notre Dame des Landes – a réagi par un communiqué à Reporterre, se félicitant  de son « travail de qualité pour le transfert des amphibiens » dans le cadre de ce projet de Center Parcs, mentionnant un « incident certes regrettable mais qui ne remet absolument pas en cause l’efficacité de cette mesure mise en place en phase travaux ». Les couvercles des seaux auraient sauté pour une raison inconnue, ce qui a « conduit à piéger accidentellement quelques dizaines de crapauds, essentiellement des juvéniles, dans ces seaux ». Ce que le bureau d’étude juge « négligeable par rapport à la dynamique de  population des amphibiens (…). Il ne s’agit ni d’un drame, ni du fruit d’un travail mal fait . Le professionnalisme de Biotope dans cette affaire n’a pas à être remis en cause ».

La justice tranchera, si l’instruction ne se perd pas dans les marais de l’oubli.

–————————-

Center Parcs : déforestation subventionnée

Le carnage des amphibiens intervient dans le cadre de la réalisation d’un Center Parcs – un village vacances dans une nature restructurée – lancé par la firme Pierre et Vacances. Celle-ci accuse 47,5 millions de pertes à l’exercice arrêté en septembre 2013, avec un chiffre d’affaire en recul de 9,3 %. Un « point bas » estiment les analystes financiers. L’exercice précédent, les actionnaires déploraient 27 millions d’euros de pertes pour un chiffre d’affaire d’1,4 milliard.

La structure s’installera sur un domaine forestier de 264 hectares, propriété de la Caisse des dépôts et consignations, sur les communes de Trois-Moutiers et Morton. Elle aura une capacité de 4 500 touristes, logeant dans 800 « cottages bois » autour d’un « centre village de 26 000m² au cœur du site : espace aqualudique, spa, restaurants, commerces, espaces de jeux, ferme pour les enfants, équipements sportifs, espaces de réunion » sans oublier « des parkings décentralisés pour favoriser les déplacements ’propres’ sur le site ».

Ce parc de loisirs est financé par un partenariat public privé qui annonce 300 millions d’euros d’investissement, dont 46 % financés par des subventions. Soit 138 millions d’aides publiques provenant de l’État et des collectivités, régionale et départementale, qui se portent garantes auprès des banques du complément nécessaire à la réalisation du projet. Center Parcs versera un loyer pendant vingt ans. La mise en service est prévue pour 2015.

Emplois a minima

Les raisons d’une telle manne publique pour déforester et urbaniser le domaine ? Les promesses d’emploi. Le 15 novembre, lors de la pose de la première pierre, le projet annonçait 600 emplois créés, mais un tiers à temps partiel. Et si on se réfère aux autres sites, ce sont principalement des emplois payés au minimum, dans la restauration, l’entretien du site et le gardiennage et quelques maîtres nageurs pour la piscine. Au Center Parcs Lorraine, par exemple, sur un effectif similaire de 606 salariés et 26 intérimaires, 60 % sont payés au Smic horaire, dont la moitié à 319 euros par mois, du fait de contrats de neuf heures par semaine, en tant qu’agents techniques de nettoyage par exemple.
Seuls 6 % touchent un salaire supérieur de 20 % au Smic, selon une étude de l’Insee.

Dans la Vienne, élus de droite et de gauche se sont pourtant enthousiasmés,  réalisant « l’union sacrée » autour du projet, lui apportant d’importantes aides en espérant des retombées locales. Petit hic, les emplois ne seront pas spécialement dédiés à des locaux, un amendement parlementaire voté début novembre interdisant la « discrimination à l’adresse » et la préférence locale qui privilégierait une candidature en fonction de la proximité. L’emploi c’est toujours l’arbre qui cache la forêt, ici bien disciplinée pour en tirer le meilleur profit.


Source : Nicolas de La Casinière  pour Reporterre.

Lire aussi : L’étrange cadeau fiscal de Jérôme Cahuzac au promoteur immobilier Pierre et Vacances.

Vu sur Reporterre, 18 décembre 2013

[Poitiers] Douze détenus réclament une indemnisation

Ils contestent leurs conditions de détention à Poitiers et à Saint-Martin-de-Ré. Le cas de douze détenus a été examiné par le tribunal administratif.

Les conditions actuelles de détention à la centrale de Saint-Martin-de-Ré sont-elles dignes ? Les conditions de détention dans l’ancienne prison de la Pierre-Levée à Poitiers étaient-elles normales ? Non, pour Lee Takhedmit avocat poitevin de douze personnes qui les contestent devant le tribunal administratif de Poitiers.

« Fermez-la ou bien rénovez-la! »

L’enjeu est symbolique pour la Pierre-Levée rénovée et reconvertie depuis en centre de semi-liberté. Il est toujours d’actualité pour le site rétais où les détenus purgent des peines de longue durée.

Un premier épisode s’était joué en 2010-2011 devant le tribunal administratif pour fixer provisoirement le montant de l’indemnisation d’une cinquantaine de détenus. Hier, douze dossiers arrivaient au fond pour en fixer définitivement le montant.

« Pour Poitiers, nous avions obtenu des indemnisations provisoires. La justice avait estimé qu’il y avait effectivement des problèmes liés à l’hygiène et à l’intimité. Mais pour Saint-Martin-de-Ré les magistrats trouvaient que la situation était moins dramatique sur ce plan-là. Le souci, c’est qu’à Saint-Martin, ils sont dans des cellules de 6 m. Ils sont seuls dedans, mais le détenu est comme un hamster en cage. »

La plupart des requérants rétais sont encore dans leur cellule, indique leur avocat. « Engager une procédure n’est pas neutre. On le leur fait parfois payer. Mais il y a vraiment une volonté altruiste chez eux de faire changer les choses. Il faut soit fermer cette prison, soit la réhabiliter! »

Les détenus réclament des sommes indexées sur leur temps de détention. Elles vont de 450 à 7.950€.

Le rapporteur public a conclu au rejet des requêtes déposées. La décision du tribunal sera connue début janvier.
Ce contentieux s’était fortement développé après des décisions favorables rendues par quelques tribunaux administratifs. Devant l’inflation du nombre de requêtes, les provisions accordées alors avaient subitement beaucoup diminué.

La requête géante lancée par l’avocat poitevin, répartie en plusieurs audiences, vise à obtenir l’harmonisation des sommes octroyées pour des prisonniers qui avaient les mêmes conditions de détention. À durée égale, elles allaient parfois du simple au double.

Emmanuel Coupaye, Centre Presse, 23/12/2013