Archives de catégorie : Propagande marchande

[Les-Trois-Moutiers – 86] Un Center Parcs sous perfusion d’argent public

NdPN : les 15 millions d’euros qui manquaient encore au financement de ce nouveau parcs de loisirs ont finalement été trouvés en raclant çà et là de l’argent public… pour le plus grand bonheur du groupe capitaliste Pierre & Vacances. Lorsqu’il s’agit d’assurer le profit, les institutions étatiques montrent décidément une solidarité sans faille.

Loudunais : 15 millions d’euros pour boucler le financement du Center Parcs

La préfète de la Vienne, Elisabeth Borne, a annoncé aux élus du conseil général réunis ce matin à Poitiers que l’Etat était parvenu à boucler le financement des 15 millions d’euros manquants au budget du projet de Center Parcs de Morton/Les Trois-Moutiers et donc à honorer la promesse faite par l’ancien président de la République, Nicolas Sarkozy, il y a deux ans. Les élus de l’opposition de gauche emmenés par Jean-Daniel Blusseau s’en sont félicités en direct sur le réseau Twitter. La Caisse des dépôts aurait ainsi accepté d’apporter 5M€ supplémentaires, la Région Poitou-Charentes 3 M€, l’Etat 2,5 M€, sans compter les 500.000 € au titre du Feder, 1M€ du fonds national d’aménagement et de développement du territoire, 1M€ du fonds tourisme et les 2M€ avancés par le Département pour le financement des réseaux et qui seront compensés par l’Etat. Le plan de financement doit être voté à l’hôtel du département vendredi.

Nouvelle République, 24 septembre 2013

[Poitiers] Théâtre : des limites de la « démocratie » et de la contestation représentativistes

NdPN : et voilà, c’est plié : le Théâtre est vendu pour 200 euros le mètre carré à un promoteur immobilier. Avec son petit espace « culturel » bien sûr, histoire de ramener des « flux » humains vers les étals de produits moisis qui jouxteront les expos « artistiques » (la petite plus-value marchande, il ne manque plus que le label architecture bio). Tout cela montre à l’évidence que la démocratie représentative n’est qu’une mascarade : une opposition importante à ce projet de cession manifeste depuis des mois, mais le maire PS n’en a cure et revient sur ses belles promesses pré-électorales. Une fois de plus, rien d’étonnant pour nous anarchistes : dans cette « démocratie » représentative de merde, les mandats ne sont pas impératifs et les mandaté-e-s non révocables. Elles n’ont donc aucune légitimité à nos yeux. Mais nous sommes aussi critiques sur le fond et la forme de la contestation de cette cession. Si le conseil municipal n’a rien de libre dans son fonctionnement, si par définition il ne permet pas l’expression directe, l’action directe et l’organisation directe des habitant-e-s de Poitiers, alors quel sens y a-t-il à réclamer dans des tracts que le Théâtre demeure en gestion municipale ? N’est-ce pas parce que les partis de gauche engagés dans cette lutte (parti de gauche, npa…)  briguent eux-mêmes des postes à des élections municipales allant par essence à l’encontre de l’auto-organisation des populations ? Quel sens y a-t-il à pétitionner et à réclamer (voire à exiger, attention !) quoi que ce soit à une municipalité qui par définition fait ce quelle veut tant qu’on se place sur le terrain d’institutions qui la légitiment ? Quel sens y a-t-il à occuper le conseil municipal baillonné-e-s, si ce n’est pour entretenir l’illusion que les gens devraient avoir droit à l’ouvrir, dans un système représentatif fondamentalement opposé à ce quiconque d’autre que les élu-e-s ne décide in fine ? Quitte à investir le conseil municipal, il fallait gueuler et bordéliser cette institution faite pour baillonner ! Il faut croire que les réflexes du pouvoir sont prégnants même chez les contestataires, pour en venir à les voir se baillonner eux-mêmes… Pour « sauver le théâtre », c’est le Théâtre qu’il aurait fallu occuper et socialiser, au lieu de camper devant tous les samedis en faisant circuler une pétition. Quant à nous, nous ne considérons pas que la « culture » se soit jamais développé dans ce Théâtre plus qu’ailleurs. La culture naît et vit de la solidarité et des échanges à l’œuvre parmi les gens, sans le truchement de quelque représentant que ce soit. La municipalité PS, en quadrillant Poitiers pour virer les Roms, harceler les « marginaux » et autres pauvres indésirables, et intimider les anti-autoritaires au moindre rassemblement, en faisant place nette partout pour la normalisation capitaliste en transformant le centre-ville en galerie marchande à ciel ouvert, est à l’opposé de la culture telle que nous l’entendons. Le véritable espace à sauver n’est pas tel ou tel espace « public » (c’est-à-dire géré par des institutions moisies), mais tout l’espace social. Et nous ne socialiserons que ce que nous occuperons sans médiation, par une lutte résolue. D’autres lieux de sociabilité existent à Poitiers, bien plus culturels qu’un cinoche, et nul n’est besoin d’affichage ni de jérémiades à des encravatés pour les faire vivre. A bas la « concertation » avec des brutes politiciennes, à bas le spectacle, et le spectacle de la contestation.

Poitiers: le conseil valide la cession du théâtre

Par 37 voix pour, 9 contre et 3 abstentions, le conseil municipal de Poitiers vient de valider la cession d’une partie de l’ancien théâtre à l’investisseur Thierry Minsé, secondé par François Pin, architecte, et Thierry Février, promoteur poitevin. Les Verts qui font toujours partie de la majorité ont voté contre. Les abstentions et les autres votes négatifs émanant de la droite et du NPA. Il y a eu deux heures de débat en présence du collectif des opposants à la vente qui se sont présentés baillonnés pour dénoncer «l’absence de concertation». Plus d’information demain dans la NR.

Nouvelle République, 23 septembre 2013

Sur la cession du théâtre chacun a joué son rôle

La délibération traitant de la vente de l’ancien théâtre a donné lieu à un long débat très politique qui a définitivement lancé la campagne des municipales.

Personne n’en doutait. La campagne des municipales est bel et bien lancée. Le premier acte de la bataille de mars a vraiment eu lieu hier soir à l’occasion de la délibération sur la cession au privé de l’ancien théâtre. Chacun a joué son rôle. Maryse Desbourdes du NPA a encore fait preuve de constance dans son opposition de gauche. « La vente du théâtre à un promoteur est un scandale pour le patrimoine qui va connaître une dégradation définitive et un déni de démocratie face à vos promesses de campagne 2008 et à l’opposition massive à la cession. »

La cerise sur le gâteau de Cœur d’agglo

De l’autre côté de l’échiquier, la droite et le centre apparurent divisés. Stéphane Braconnier, qui ne se représentera pas, est resté fidèle à ses idées, libérales. « Sur le fond, nous avons toujours estimé que l’avenir du Théâtre ne pouvait résider dans une opération résultant d’un partenariat entre la collectivité publique et le secteur privé. Le schéma général qui a été retenu nous convient donc. Mais nous regrettons votre manque d’effort en matière de pédagogie et de transparence. A titre personnel, je m’abstiendrai. » Au contraire des membres de son groupe UMP-UDI Serge Rouquette et Isabelle Chédaneau (« vous étiez engagé à une large concertation et on peut dire qu’elle fut quasi inexistante ») qui ont voté contre. Les deux sont dans l’équipe du candidat de l’UDI Eric Duboc. Né de l’éclatement des amis de Philippe Mahou (MoDem), le groupe Indépendants et Démocrates a fait entendre deux sons de voix différents. Martine Jammet (« sur le principe nous sommes d’accord ») et Françoise Colleau, engagées avec Eric Duboc, se sont abstenues. Au contraire de Maxime Huille dont la charge fut virulente. « La cession directe que nous allons voter oblitère les finances de la Ville par un manque à gagner et spolie les Poitevins. » Maxime Huille doit rejoindre la liste EELV de Christiane Fraysse. Toujours dans la majorité, l’adjointe verte a vu rouge elle aussi. « Non, Monsieur le Maire, cela n’est pas acceptable. » Candidat à sa succession, Alain Claeys a pu compter sur ses amis socialistes. « La gauche municipale n’a pas de leçon de gauche à recevoir dans cette affaire », s’est emporté Aurélien Tricot (PS). Eliane Rousseau (divers gauche) et le communiste Patrick Coronas ont marqué un soutien appuyé au projet. L’élu PCF s’est prononcé pour la cession en ces termes. « Nous devons faire des choix responsables. Nous considérons que conserver le théâtre, le rénover et le faire fonctionner […] ne pourrait se faire qu’au détriment d’autres budgets et d’autres actions culturelles. » La palme de l’humour et du verbe revint à l’écologiste « non aligné »- selon se propres termes – Georges Stupar. « Après la présentation du projet, j’éprouve le besoin de vous transmettre l’enthousiasme citoyen qui est né en moi. Ce projet de rénovation architecturale c’est la cerise sur le gâteau de Cœur d’agglo. » Alain Claeys reprit le premier rôle pour jouer la dernière scène sans suspense : 9 contre, 5 abstentions, 37 pour. Rideau.

Loïc Lejay, Nouvelle République, 24 septembre 2013

Ancien théâtre : le projet raconté par l’architecte

“ J’ai beaucoup hésité ”, reconnaît François Pin, l’architecte qui dessine ce que sera dans deux ans le bâtiment de l’ancien théâtre. Rencontre.

A quoi ce bâtiment peut-il servir d’autre qu’une salle de cinéma, ce qu’il était devenu au fil des années ? C’est la question que s’est posée François Pin, l’architecte qui accompagne Thierry Minsé et Thierry Février, les investisseurs retenus hier soir par le conseil municipal pour réhabiliter l’ancien théâtre (NR de jeudi dernier). En y aménageant une salle d’arts visuels – publique – au milieu de commerces, de bureaux et de logements.

 «  Des esquisses à affiner  »

François Pin : « J’ai beaucoup hésité. Au prix de quelles modifications peut-on lui donner une nouvelle vie ? Ce qui m’intéresse c’est la formulation du programme qui articule un espace public culturel à des espaces commerciaux. On articule deux éléments qu’habituellement on prend grand soin de séparer. Le public qui viendra dans les commerces ira découvrir les expos. On peut amener à l’art contemporain des gens qui n’iraient pas forcément voir des tableaux. » L’appel à candidatures lancé par la Ville de Poitiers avait reçu deux réponses. « L’une d’elles ne répondait pas au cahier des charges que nous avions édicté. L’autre est en totale conformité avec ce que nous recherchons », a indiqué hier Alain Claeys, lors d’un déjeuner de presse qui précédait la réunion du conseil municipal. François Pin a décliné son projet « avancé, mais pas ficelé. Il ne s’agit que d’esquisses qui nécessitent d’être affinées. » La future salle d’arts visuels s’insérera dans l’actuelle salle du théâtre dont la hauteur sous plafond sera ramenée à 3,50 m. L’accès à cette salle de 350 m2 (500 m2 avec les réserves) se fera par le grand hall et l’escalier qui descend aujourd’hui à la grande salle du théâtre. Un accès handicapés sera ouvert depuis l’extérieur, à droite des marches ouvrant sur la place Leclerc. Dans le grand hall toujours, les caisses actuelles disparaîtront au profit d’un espace qui desservira commerces, bureaux et logements. Combien d’étages ? « On reste dans le volume actuel du bâtiment, a indiqué Thierry Minsé aux journalistes. Volume qui nous permet d’ajouter un étage pour installer des logements de haut de gamme. » Combien de commerces et de bureaux. L’investisseur : « Nous sommes en discussions avec les commerçants de Poitiers. »

billet

Créer des flux

Le mot revient régulièrement à la bouche des élus comme du promoteur, Thierry Minsé, et de l’architecte, François Pin « La réhabilitation de l’ancien théâtre en immeuble de commerces, de bureaux et de logements a pour ambition de créer des flux. » En d’autres termes : de faire venir du monde en centre-ville. En étant « financièrement supportable » par la Ville, tout en préservant l’offre culturelle et le patrimoine. C’est à ces exigences que le projet validé hier par le conseil veut répondre. Manière de marier culture et commerce. Les Poitevins trancheront à la fin du chantier… dans deux ans.

le chiffre

510.000

C’est le prix de cession de l’ancien théâtre à Thierry Minsé et à Thierry Février. Bernard Cornu, adjoint à l’urbanisme : « France Domaines avait estimé la partie que nous cédons à 435.000 €. L’acquéreur a proposé 510.000 €. A ceux qui trouvent que ce n’est pas cher, je réponds qu’après avoir acheté un tel volume, les investisseurs devront rénover l’enceinte de la salle principale pour y aménager la salle d’arts visuels. Un investissement de 500.000 €. » Sans parler des sommes à engager pour créer commerces, bureaux et logements. En contrepartie, les investisseurs deviennent propriétaires des murs des trois commerces actuels, de plain-pied sur la rue. Jusqu’à hier, ils appartenaient à la ville. Après le dépôt de la demande de permis en fin d’année, les travaux sont annoncés pour durer dix-huit mois. L’ouverture se ferait concomitamment avec celle du Printemps.

le projet

Ce que sera la salle d’arts visuels

Anne Gérard, adjointe au maire en charge de la culture, a décliné les cinq thèmes autour desquels s’articulera la future salle d’arts visuels : un lieu connecté aux autres lieux culturels (Confort, TAP, maisons de quartier…), un lieu ouvert sur la ville, un lieu de médiation, un lieu d’expérimentation et un lieu d’exposition.

Jean-Jacques Boissonneau, Nouvelle République, 24 septembre 2013

 » Les gros sous se diluent dans l’art « 

Ils sont venus, ils ne sont pas tous là. Une bonne cinquantaine de personnes a répondu à l’appel du collectif de défense du théâtre à manifester lors du conseil hier soir. Avant la séance sur le parvis, on a chanté sur un air de Gainsbourg : « Les gros sous se diluent dans l’art, c’est que défend Ann’ Gérard (*)… Le théâtr’ ne vaut pas une messe, c’est ce que prétend Alain Claeys. »

«  La délibération de la honte  »

Puis on est rentré symboliquement bâillonné dans la salle avec quelques pancartes explicites – « quand la politique devient du théâtre »- pour exprimer une sourde colère. Le collectif a symboliquement stigmatisé « la délibération de la honte » de quintes de toux marquées lors de l’exposé de l’adjoint Robert Cornu. Le propos de Maryse Desbourdes, membre du NPA, eut droit à des applaudissements nourris. L’adjoint écologiste Robert Rochaud s’offrit lui aussi un petit triomphe quand, après s’être ému de ne pas avoir été invité aux dernières réunions du comité de pilotage du dossier, il lança à Alain Claeys : « dans ce dossier épineux Monsieur le maire, je m’interroge sur ce que vous avez à cacher. » A l’heure du vote très majoritairement et définitivement en faveur de la cession, le petit monde du collectif quitta amer la scène. Tout en promettant d’y revenir dès que possible. Par les coulisses si besoin…

(*) Anne Gérard est adjointe au maire en charge de la culture.

L.L., Nouvelle République, 24 septembre 2013

[Poitiers] Non à la bagnole électrique !

NdPN : promotion aujourd’hui à Poitiers de la voiture qui roule au nucléaire… et un article de l’excellent site carfree, qui remet les pendules à l’heure !

Poitiers : lancement du Tour Poitou-Charentes des véhicules électriques

Avant la première étape prévue mercredi, les concurrents participant au tour Poitou-Charentes des véhicules électriques se réuniront place Leclerc à Poitiers de 16h à 18h30 ce mardi, pour l’inauguration de ce rallye, vitrine itinérante pour les modèles et leurs constructeurs. Des essais de véhicules électriques et un village destiné aux entreprises est prévu de 11h à 15h au Futuroscope.

Nouvelle République, 17 septembre 2013

Passer à la voiture électrique, c’est comme changer de marque de cigarettes

La voiture électrique n’est pas la solution écologique que les constructeurs et les médias voudraient nous vendre. En fait, l’objectif réel de la voiture électrique semble être de continuer à vendre toujours plus de voitures à des consommateurs occidentaux qui se désintéressent de plus en plus de la voiture. Mais passer de la voiture thermique à la voiture électrique revient en fait à changer de marque de cigarettes, la pollution n’est pas exactement la même mais le résultat final est le même.

Comme chacun le sait, les ventes de voitures en France et en Europe n’en  finissent pas de plonger, ce qui n’est pourtant pas le cas à l’échelle  mondiale. Sur le premier semestre 2013, les ventes de voitures ont  progressé de 2,8% à l’échelle mondiale, ce qui représente le chiffre  faramineux de 42.64 millions de voitures neuves vendues sur la planète,  soit en rythme annuel plus de 80 millions de voitures neuves qui  viennent s’ajouter à un parc automobile mondial composé de plus d’un  milliard de voitures en circulation.

Il semblerait bien que les pays européens aient atteint leur taux de saturation: trop de voitures partout, et plus assez de place pour les faire rouler. Les villes anciennes européennes ne permettent pas d’accueillir indéfiniment des quantités toujours plus grandes de nouvelles voitures. La vieille Europe a bien essayé de copier le contre-modèle américain de l’étalement urbain et de la pavillonarisation, les rues de nos villes restent peu ou prou aussi larges qu’à l’époque pré-automobile. A moins de détruire des secteurs entiers des villes pour doubler la largeur des rues, la voiture européenne est condamnée à rouler au ralenti dans les rues embouteillées.

En outre, avec la crise, quel sens cela a-t-il de continuer à acheter des voitures neuves qui coûtent une fortune quand les alternatives à l’automobile individuelle se multiplient (transports en commun, vélo, autopartage, etc.) sans les contraintes inhérentes à la possession et l’entretien d’une voiture?

Ajoutez à cela la pollution, le réchauffement climatique et la fin du pétrole, et n’importe qui de sensé devrait réaliser que l’automobile individuelle est un mode de déplacement inapte à assurer durablement le transport de dizaines de millions de personnes tous les jours.

Sauf que dans le monde capitaliste, il n’y a pas d’alternative crédible au « make money or die » (faites de l’argent ou mourrez). Du point de vue de l’industrie, ce n’est pas exactement la même chose de vendre aux clients des voitures à 25.000 euros ou des vélos à 250 euros…

Alors, il fallait inventer d’urgence un nouveau concept pour reconquérir le gogo client, à savoir la voiture électrique. Pour l’industrie automobile, le traditionnel client de l’automobile a subi probablement un « lavage de cerveau » de la part du lobby écologiste mondial, aussi il faut lui fournir désormais un produit adapté à sa nouvelle lubie, à savoir une voiture « zéro pollution », « zéro émissions », voire même une voiture qui nettoie l’air pollué des villes!

Comme il n’y a pas 36 façons de produire une voiture et que tout a déjà été à peu près inventé, on nous a ressorti la voiture électrique inventée il y a plus de 100 ans. Les services marketing de l’industrie automobile ont sans doute pensé que puisque la pollution générée par la voiture électrique ne sortait plus du pot d’échappement mais d’une quelconque centrale située ailleurs, le client serait persuadé de « faire un geste pour la planète » tout en pouvant continuer à utiliser une voiture qui pèse toujours plus d’une tonne pour transporter son précieux corps de 70 kg.

Le problème, c’est que le client de l’automobile s’en fout assez royalement de la planète! Ce qui est assez normal car quelqu’un qui a roulé des dizaines d’années en diesel qui pue et qui tue a quand même montré assez clairement que la planète n’était pas sa première préoccupation…

En effet, les ventes de voitures électriques ne décollent toujours pas. On l’a dit ici-même en janvier dernier, le journal Le Monde le confirme encore aujourd’hui, « c’est plat comme un encéphalogramme de coma dépassé ». Voire même, les ventes de voitures électriques qui n’étaient pourtant pas bien hautes auraient presque tendance à baisser! Et pourtant, l’Etat qui comme chacun le sait est plein aux as, accorde de généreuses subventions à l’achat de voitures électriques.

Comment expliquer une telle bérézina? Toutes les explications sont envisageables. Même largement subventionnée, la voiture électrique reste encore très chère. Au passage, plus personne ne parle désormais de la voiture électrique qui allait coûter quelque chose comme 0,02 centime par km… Le client de la bagnole est sans doute un pigeon mais il ne faut pas pousser le bouchon trop loin non plus. Tout le monde a compris que la simple « coque » d’une voiture électrique coûtait quasiment aussi chère qu’une voiture thermique normale et que la batterie était une sorte de mini-centrale coûtant une fortune, avec une durée de vie des plus faibles pour vous fournir au bout du compte une autonome de 250 km maximum.

Donc, même avec les meilleures intentions du monde, l’automobiliste qui ne souhaite probablement pas sauver la planète mais au moins avoir l’impression de faire un petit geste pour l’environnement, reste avant tout un consommateur lambda dont le pouvoir d’achat a l’autonomie d’une voiture électrique, c’est-à-dire peu de chose.

Mais surtout, une autre explication commence peut-être à se faire jour. Nous le disons maintenant depuis longtemps, mais la voiture électrique n’a rien d’écologique. Malgré le discours des constructeurs, de tout le marketing et de la pub, le consommateur est peut-être en train de comprendre qu’une fois de plus on essaye de l’enfumer.

La chaîne de télévision Arte a publié récemment un article de Ozzie Zehner, de l’Université de Californie à Berkeley, auteur d’un récent ouvrage qui va faire date: « Green Illusions » (« Illusions vertes »), un manifeste dénonçant « les secrets sales des énergies propres ».

Et dans cet article Ozzie Zehner utilise une métaphore particulièrement forte pour parler de la voiture électrique:

En y regardant de plus près, abandonner la voiture à essence au  profit de la voiture électrique s’apparente plutôt au fait de changer de  marque de cigarette ».

Cette phrase toute simple résume assez bien toute la question de la voiture électrique. Si on fait le bilan global, une voiture électrique est tout aussi polluante qu’une voiture thermique, même peut-être plus. Ce qui est en cause, ce sont les modes de production de ces voitures, particulièrement énergivores,  ainsi que les sources d’énergie utilisées pour leur alimentation, tel  que le photovoltaïque.

Dans les pays occidentaux nucléarisés, la voiture électrique est censée rouler pour une bonne part à l’énergie nucléaire. Si vous êtes pro-nucléaire, pas de problème, jusqu’au jour où la centrale située à 300 km de chez vous explosera et que vous devrez déménager pour ne pas être contaminé. A l’échelle mondiale, la voiture électrique est censée rouler au charbon, dont le bilan écologique reste, comment dire, à démontrer.

C’est pourquoi, les partisans de la voiture électrique se sont trouvé une nouvelle passion, les énergies renouvelables. Si on les écoute, on va remplacer le milliard de voitures en circulation sur Terre par des voitures électriques qui rouleront avec l’énergie solaire ou éolienne ou marémotrice ou je ne sais quoi. Sur le papier, c’est magnifique, enfin une solution propre! Sauf que la réalité est bien évidemment tout autre.

En fait, sans compter les voitures électriques, on a déjà du mal à dépasser à l’échelle mondiale les 10% d’énergie renouvelable. L’écrasante majorité de l’énergie produite et consommée à l’échelle mondiale relève du charbon, du gaz, du pétrole et du nucléaire. La-dessus il faudrait ajouter un milliard de voitures électriques?

Alors on nous dit qu’on va couvrir la Terre d’éoliennes ou de panneaux photovoltaïques. Sauf que ça coince aussi. Les cellules photovoltaïques contiennent des métaux lourds et leur  production libère des gaz à effet de serre tels que l’hexafluorure de  soufre qui, selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur  l’évolution du climat, a un potentiel de réchauffement climatique 23 000  fois plus élevé que le CO2. De plus, des carburants fossiles  sont utilisés pour extraire les matières premières requises pour la  production de cellules solaires et d’éoliennes, de même que pour leur  fabrication, assemblage et maintenance. Il en va de même pour les  centrales électriques utilisées à titre de sécurisation. Par ailleurs,  le démantèlement de ces installations exige lui aussi un recours massif  aux carburants fossiles.

Selon Ozzie Zehner, une étude menée par des universités américaines conclut que, d’ici 2030,  les véhicules hybrides et électriques tributaires du réseau électrique  provoqueront davantage de dommages environnementaux que les véhicules  traditionnels à essence, même si l’on tient compte du progrès technique.

Et en matière de lutte contre le réchauffement climatique, le soi-disant argument fort de la voiture électrique, ce n’est pas mieux. Une évaluation réalisée par la Royal Society of Chemistry a montré que  si l’on adoptait intégralement la voiture électrique en Grande-Bretagne,  cela ne réduirait que de 2 % les émissions de CO2 dans tout  le pays. L’année dernière, une étude lancée par le Congressional Budget  Office des Etats-Unis a révélé que les véhicules électriques  subventionnés « ne permettront pas ou quasiment pas de réduire la  consommation totale d’essence et les émissions de gaz à effet de serre  du parc automobile national dans les prochaines années »

Sauf que pour en arriver à ces piètres résultats, il faut produire des voitures électriques qui nécessitent des matériaux toujours plus polluants, toujours plus énergivores. Bref, c’est l’impasse.

Alors, il y a désormais une chose insupportable qui saute aux yeux. Que les constructeurs, les agences de marketing ou les médias alimentés par la pub vantent les mérites de la voiture électrique, on peut le concevoir, c’est la loi du capitalisme. Mais que des associations, des groupes ou des personnes qui prétendent se soucier d’environnement se fassent les avocats de la voiture électrique, cela devient proprement scandaleux.

Comme le dit Ozzie Zehner, c’est un peu comme si un médecin vous conseillait de changer de marque de cigarettes…

Vu sur Carfree, 13 septembre 2013

[Lencloître – 86] Capitalisme « écolo » : quand les huiles d’ERDF se mettent au vert

NdPN : ERDF promoteur d’énergie verte avec l’emploi d’huiles végétales, pour des transformateurs électriques. Un grand classique de l’éco-tartuferie, avec le sempiternel piteux argument de la création d’emplois. Ce coup de com’ serait juste risible, si cette méga-entreprise ne faisait pas son beurre sur l’électricité nucléaire, l’une des pollutions les plus ingérables de tous les temps avec sa chiée de déchets nucléaires.

ERDF marche à l’huile végétale locale

Six transformateurs à huile végétale ont été installés à Lencloître. Une formulation unique en France qui s’inscrit dans une production industrielle.

Il a fallu sept années de recherche pilotées par le pôle des éco-industries Poitou-Charentes en étroite collaboration avec EDF Recherche et Développement pour mettre au point une huile isolante d’origine naturelle (colza), réalisée par le laboratoire Valagro de Poitiers, à destination des transformateurs électriques de moyenne puissance. Et trois ans d’expérimentation en Poitou-Charentes pour valider une formulation végétale qui fonctionne. « Cette huile présente la même performance électrique et technique que les transformateurs classiques », a expliqué Guillaume Bray, directeur territorial Vienne et Deux-Sèvres d’ERDF

A partir de céréales de la région

Mardi, à Lencloître, les techniciens ERDF ont installé six transformateurs à huile végétale industrielle, en remplacement des transformateurs à huile minérale (dont l’origine est le pétrole). Cette démarche s’inscrit dans une politique de développement durable conduite par ERDF. « La dernière étape a consisté, avec le support de la société DuPont, à finaliser les procédés pour produire une centaine de tonnes de cette formulation, afin de valider sa production au stade industriel », a souligné Antoine Piccirilli, chargé de mission au pôle des éco-industries Poitou-Charentes. Dans un premier temps, 25 tonnes seront produites dans la région Poitou-Charentes en utilisant des graines picto-charentaises. « Ce seront donc 25 tonnes de production d’huile issue de produits pétroliers qui sont évités », a précisé Guillaume Bray. Il est prévu d’installer, avant la fin de cette année, 200 transformateurs à l’huile végétale de colza. L’objectif est d’atteindre 800 unités pour un plan de production de 100 tonnes d’huile fabriquées à partir de graines de colza cultivées et récoltées en Poitou-Charentes. C’est une coopérative agricole, dont l’anonymat est préservé, – « pour des questions de confidentialités », dit-on qui a décroché le marché. Le procédé a été validé au niveau national par ERDF. À terme, cette nouvelle technique engendrerait du travail pour une centaine de personnes.

Didier Monteil, Nouvelle République, 12 septembre 2013

[Châtellerault] Jeune, dégage !

Une propagande sécuritaire bien ignoble de la part de la NR aujourd’hui, dans une caricature d’article aux relents sécuritaires.

Il s’agit de marteler des tirades anxiogènes sur un prétendu sentiment d’insécurité des « mamies » à Châtellerault, pour installer plus de flics municipaux et nationaux en patrouilles, des caméras de vidéo-surveillance partout, et des menaces de « répression ». Invitation est faite aux bons citoyens d’appeler le 17.

Pas besoin de lire entre les lignes pour comprendre qu’il s’agit une fois de plus de protéger la « sérénité » des commerces, et donc le profit capitaliste ; le propos n’est même pas implicite, il est explicité dès le titre :  « Insécurité : les autorités rassurent les commerçants« …

Or on a beau chercher, la seule chose reprochée aux « jeunes », ce sont des « attroupements ». Et des allusions à des comportements d’incivilité, des provocations et des dégradations. Sans rien préciser du tout, si ce n’est que les chiffres ne corroborent même pas ce discours policier…

Bref rien d’illégal, mais selon la NR, cela « pollue le quotidien des commerçants ». Un vocabulaire hygiéniste, pour atomiser le peu de solidarité qui reste dans la rue et faire peur. Terminons par ce mot du procureur tout à fait significatif :

« Il faut expliquer […] à ces jeunes qu’il y a d’autres endroits pour qu’ils s’occupent et leur faire comprendre qu’ils suscitent un sentiment d’insécurité. »

Jeune, certes tu as le droit de vivre ici et de rencontrer tes ami-e-s, mais tu comprends, tu fais peur, et c’est nuisible au business, alors va t’occuper ailleurs sinon pan-pan la matraque !

Juste puant.

C’est ça, le journalisme d’analyse ? Et le chômage, la précarité et le délitement du tissu social, ça compte moins que le discours des flics et des petits patrons locaux ?

Pavillon Noir, 11 septembre 2013