NdPN : messages et images du pouvoir capitaliste et politicien prolifèrent à Poitiers comme ailleurs, sous la forme de publicités sous verre securit, d’enseignes ou de décos minables, dont il serait inutile de rappeler ici une liste exhaustive des postulats (représentativisme, « culture » aux ordres, sexisme, productivisme, consommation du néant, éloge de la misère psychique et sociale généralisée…). Par contre, les services de la mairie (qui ne permet même pas en centre-ville les fameux « panneaux d’affichage libre ») nettoient et karchérisent à tour de bras les tags, les autocollants et autres messages spontanés des habitant.e.s. Et les flics arrêtent les importuns qui poseraient leur prose sur des supports « interdits » (c’est-à-dire la totalité de l’espace, à l’exception de quelques rares murs bordant des voies automobiles censés montrer que la municipalité est quand même super branchée « street culture »). De social, l’espace doit devenir toujours plus « privé » (c’est-à-dire marchandisé), ou « public », c’est-à-dire sous contrôle d’autorités politiciennes représentatives qui ne représentent qu’elles-mêmes. Dans un tel contexte, tout ce qui déborde du cadre autoritaire-marchand doit être canalisé ou réprimé. Nouvelle illustration avec ces deux dernières arrestations de tagueurs. Continuons à lutter pour nous réapproprier l’espace et la liberté d’expression hors des clous étouffants du pouvoir et du fric !
Les patrouilles de police ont fait coup double à quelques heures d’intervalle en mettant la main sur les auteurs présumés de plusieurs centaines de tags et de graffs à Poitiers. La première interpellation a eu lieu vendredi, vers 20 h 30, à l’occasion d’un simple contrôle. Le tagueur, âgé de 18 ans, était occupé à dessiner sur un mur autorisé mais l’attention des policiers a été attirée par la signature de l’artiste, Zoo. Une signature bien connue, puisqu’on l’a retrouvée sur plus de 200 tags illégaux cette fois, ces mois derniers. Placé en garde à vue, le jeune homme a été remis en liberté dans l’attente de son procès. Les policiers vont désormais s’attacher à identifier et prévenir ses victimes.
Hier matin, à 6 h 40, une autre patrouille a surpris en flagrant délit, au niveau du Pont Neuf, un autre jeune tagueur connu sous la signature de Rack. Placé en garde à vue, il a reconnu être l’auteur de plusieurs tags sur des murs interdits.
NdPN : une petite fable contée par Jean. Ce texte est aussi consultable et téléchargeable sous format brochure (cliquer ici).
La fable des fous
Autrefois, fut un temps où tout être humain s’appropriait librement son environnement. On avait parfois besoin d’accumuler de la nourriture pour manger, dans les périodes où la terre ne produisait plus en abondance, de bois pour se chauffer… On construisait des habitations individuelles ou collectives, aussi jolies qu’inventives, plus ou moins temporaires ou durables en fonction des pérégrinations et des rêves des uns et des autres. On disputait et on se disputait joyeusement. On avait des petits rites pour se retrouver, s’aimer et se raconter des histoires. Au cours de ces fêtes et de ces assemblées, les humains, qui découvraient mille et une ressources lors de leurs voyages ou méditations pour satisfaire leur curiosité insatiable et joyeuse, les partageaient. Ils partageaient aussi leurs techniques, et élaboraient alors des outils aussi farfelus qu’utiles, démultipliant l’accès de tous aux curieux trésors de ce monde. En fonction des besoins singuliers ou collectifs, lorsque les humains étaient incapables de glaner ou de produire tout par eux-mêmes (ce qui était le cas dans de nombreux cas), ils s’organisaient à plusieurs, voire parfois en plus grand nombre. La vie n’était pas toujours facile, mais tout le monde s’amusait bien, et chaque jour qui venait était une aventure.
Arriva un jour où certains devinrent fous, et décidèrent de s’exclure du monde en même temps que d’eux-mêmes. Ils se retirèrent derrière des murs épais, et par peur maladive du manque alors que tout était en abondance, par une haine étrange des autres ou par ignorance de l’évidence, ils mirent sous scellé ce qu’ils ne consommeraient de toute évidence pas. Au point qu’ils préféraient laisser pourrir une grande quantité de ressources inutilisées dans leurs entrepôts, que de laisser les autres avoir accès à ce qui leur permettrait de satisfaire eux aussi leurs besoins. Avant de les appeler fous, on les appelait les Peureux, ou les Ignorants.
A la source de cette peur, il y avait en effet l’ignorance, car de tout temps les ressources de ce monde ont été suffisantes pour que vivent tous les êtres humains dans la satisfaction pleine et entière de leurs besoins, pour peu qu’ils partagent les ressources et ne les claquemurent pas à double tour. Les humains avaient toujours suivi cette évidence, partagée du reste par tous les autres êtres vivants : s’approprier de quoi vivre, mais sans pour autant empêcher les autres êtres vivants de s’approprier eux aussi ce dont ils avaient besoin. S’approprier n’avait jamais été jusque là un problème en soi, chaque ressource produite par ce monde appartenant tout aussi bien à chacun qu’à tout le monde. Les humains vivaient juste dans la conscience que toutes les vies étaient liées entre elles, et que porter atteinte aux autres c’était fatalement se condamner soi-même. Et les humains qui étaient en peine de voir ces fous si malheureux, partageaient parfois avec eux quelque plat, quelques baisers ou quelques mots, et certains étaient guéris de leur peur.
Au début donc, l’on considéra ces fous avec une certaine compassion : en privant toute autre personne qu’eux-mêmes de l’usage potentiel des ressources, ils se privaient eux aussi du monde en faisant la garde ridicule de leurs biens, passant jours et nuits à les contempler, et se désolant de les voir pourrir. Si l’on riait ou hausait les épaules en voyant ces fous glaner maladivement des champignons, du bois, du miel et des plantes, on faisait vite tomber ce qui dépassait de leur panier quand leur glanage empêchait les autres de pourvoir à leurs besoins. Et les fous rentraient chez eux en marmonnant des propos décousus.
Bref, on ne se méfiait pas d’eux, on était plutôt triste ou on passait son chemin. Si quelques fous l’étaient devenus au point de faire violence aux autres humains, en leur prenant des mains les fruits de leur glanage par exemple, on leur distribuait parfois quelques claques et coups de pieds aux fesses, et tout rentrait dans l’ordre, car la force d’une minorité de ces pauvres fous n’était rien face à la force du plus grand nombre pour faire tomber leurs paniers démesurés, trouver leurs cachettes et en faire sauter les scellés.
Mais force était de constater que la forêt était saccagée par de plus en plus de fous. C’était logique, car certains étaient plus discrets que d’autres, ne sortant plus que la nuit de leurs maisons de pierres. Et à force de les laisser faire, les ressources étaient devenues plus rares, et chacun commençait lui aussi à amasser et dissimuler dans quelque trou caché ou derrière quelque mur, par peur de manquer (sait-on jamais).
L’habitude créa l’habitude, et cacher les glanages devint dans certaines contrées comme un réflexe, qui déteignit jusque sur les relations entre les humains. On voyait même quelques fous enfermer leurs partenaires amicaux, affectifs et sexuels à double tour. Certes, beaucoup défonçaient les portes pour retrouver l’air libre mais quand les ressources devinrent rares, on vit certains de ces partenaires demeurer dans les grottes, où malgré la solitude où ils se retrouvaient plongés, ils étaient au moins sûr de pouvoir se sustenter en piochant dans les monceaux de richesses. A condition de ne pas trop prendre, car sinon les fous les battaient.
Au bout d’un moment, les fous devinrent vraiment nombreux. En privant les autres des ressources qu’ils avaient accumulées et qui pourrissaient dans leurs tanières obscures, ils s’interdisaient de fait eux aussi d’user des ressources privatisées des autres fous. Cela engendra des guerres absurdes, où l’on vit des fous commencer à attaquer les demeures d’autres fous, pour agrandir leur butin. Ils inventèrent des armes qui ne servaient plus seulement à se défendre contre les crocs et les griffes voire contre d’autres fous trop agressifs, mais à attaquer et à tuer tous ceux qui s’opposaient à leur prédation, à leur folie de l’exclusivité qui les excluait eux-mêmes des autres. Et à exterminer de plus en plus d’animaux en général, qui selon eux concurrençaient leur glanage.
La peur commença à se diffuser chez les humains, qui étaient pourtant si courageux et le coeur léger, autrefois. Cette peur était celle de manquer, car les ressources devenaient vraiment rares. Certains humains parmi les plus lâches se mirent au service de certains fous qui consentaient à concéder une infime partie de leur stock pour les nourrir, en échange de leur soumission inconditionnelle. Certains fous, devenus si peureux et si coupés du monde qu’ils n’osaient plus sortir du tout de leur tanière obscure, demandèrent à ces serviteurs de piller à leur place.
Les humains les plus faibles acceptèrent et se firent soldats. Ils se constituèrent en bandes armées et de par leur nombre, s’attaquèrent aux nombreux humains encore libres qui vagabondaient encore. Non seulement ils pillaient leurs ressources, mais ils les violaient et les mutilaient, et les obligeaient à devenir eux-mêmes des esclaves-soldats, sans quoi ils seraient tués. Il était difficile de ne pas accepter cette proposition injuste, et ce fut le début des contrats. Pour officialiser la chose, on fit écrire ces accords fumeux par les serviteurs qui ne savaient que tenir un crayon, et ce fut le début du droit.
Cela dit, beaucoup d’humains vivaient encore sous des cieux plus cléments où l’on n’avait pas encore entendu parler de toute cette étrange folie, et quand un voyageur consterné venait raconter cette histoire, on riait de ces fous, puis on les plaignait pour leur façon de vivre sans vivre. Mais une à une, ces riantes contrées furent envahies par des armées de fous qui n’avaient plus rien à glaner sur leur territoire, et plus assez à manger puisque tout pourrissait dans leurs sombres cachots. Les conquêtes furent sanglantes car les humains n’étaient pas préparés à se défendre.
Les plus fous d’entre les fous avaient ainsi tant accumulé grâce à leurs soldats partis en conquête, qu’ils ne parvenaient plus à s’empiffrer du centième de tout ce qu’ils possédaient, et bien que cela leur posât problème pour aller aux toilettes et que leur corps devint bouffi, ils exigeaient toujours plus. Certains étaient devenus si fous qu’ils décrétaient que toute la terre et les hommes étaient leur possession. Et ils se proclamaient rois, alors qu’ils étaient franchement laids et pitoyables à voir, du fait de leur mode de vie. Une fois les humains asservis, quand les territoires de ces rois en venaient à se toucher, cela engendrait des guerres entre les armées de ces rois des fous. Et de nombreux soldats mouraient à intervalles réguliers. Mais cela indifférait totalement les rois des fous, qui ne mettaient de toute façon plus le nez hors de leurs sombres grottes et de leurs froides citadelles. Et puis ainsi, il y avait moins de monde à qui distribuer des miettes, et ça faisait un peu le ménage.
De ces guerres émergèrent bientôt des Etats, dominés tyranniquement par les rois des fous les plus fous. Les territoires où s’étendaient ces Etats n’étaient guère beaux à voir. Les arbres étaient coupés, les montagnes trouées, la terre épuisée, et bien entendu les humains étaient décimés, par la famine, les guerres et des maladies physiques et mentales nouvelles, liées à ces conditions sociales insupportables de privations et de brimades. Il était d’ailleurs ironique de voir les rois des fous appeler fous les gens en souffrance qui ne parvenaient pas à s’adapter à leurs caprices.
Il y eut alors des révoltes, car les humains n’avaient pas encore oublié le goût de la liberté, du partage et du jeu. Des entrepôts furent démolis et les gens se réapproprièrent les fruits de la terre, jonglant avec des pommes pas encore moisies qu’on croquait à pleines dents, allumant des feux avec des meubles poussiéreux pour se réchauffer et danser, et on faisait beaucoup l’amour. Les humains se réappropriaient les terres, resemaient ici, replantaient des arbres là, se remettant à jouer, à danser, et à chanter. Certains rois en furent si chagrins qu’ils en moururent de dépit, quand ils n’étaient pas dévorés par leurs propres soldats hagards – ceux qui avaient survécu aux joyeuses raclées que leur collaient les rebelles, ou qui ne les avaient pas rejoints dans la fête.
Les rois, voyant bien que la force ne suffisait pas, et horrifiés de voir mises à la lumière du jour leurs précieuses possessions pourrissantes, convoquèrent leurs soldats les plus peureux, les plus fous et les plus retors, qui étaient choisis parmi ceux qui cauchemardaient le plus pendant la nuit, en pleurant et en hurlant. Les rois des fous demandèrent à ces soldats malades de trouver une solution à ce problème inévitable des révoltes. Il s’agissait d’inventer un moyen de convaincre le plus grand nombre de renoncer à l’usage de la force, à l’appropriation et à l’affirmation de soi, et même à la parole et à la danse. Ces conseillers revêtirent leurs plus belles parures qu’ils avaient dérobées aux humains et, s’infiltrant partout dans les assemblées et les fêtes, propagèrent des idéologies monstrueuses issues de leur cerveau malade : culpabilité religieuse, peur de tourments infernaux ou moraux… ils affirmaient que la vraie vie n’était pas ici et maintenant, mais ailleurs et après, et qu’il fallait la mériter en acceptant de souffrir au quotidien, de prendre sur soi, de travailler, et toutes sortes de billevesées. Ils décrétaient pour finir que toute appropriation devrait désormais passer par une autorisation édictée et estampillée par les rois des fous, sous la forme de lois ou de morceaux de papiers ou de métal, sur lesquels figuraient les visages des rois. De nombreux humains, fascinés par leurs parures et aussi par ces jolis objets brillants, ces cachets et ces signes étranges, se firent prendre au piège et les admirèrent. Certains rois poussaient même le vice jusqu’à faire voter les humains pour tel ou tel de ces soldats ou conseillers de confiance qui gardaient leurs trésors, en faisant croire à tout le monde que c’était ça, la liberté. On appela ça la démocratie représentative, et cela marchait si bien que la plupart des rois des fous se convertirent à ces méthodes, tout en envoyant de temps à autre leurs soldats piller et massacrer quand les humains ne se laissaient plus prendre au piège.
C’est ainsi que toute cette absurdité arriva, et cela se passait il y a quelques millénaires seulement de cela, et cela continue toujours. C’est ainsi que certains humains se mirent à accumuler, s’approprier un peu tout et exercer une contrainte psychologique et physique, tout en parvenant à convaincre la plupart des humains à renoncer à exercer ces mêmes facultés, parce qu’ils seraient inférieurs et devaient révérer les rois des fous, parce que ceux-ci se prétendaient éclairés par les dieux, les lumières de la raison ou la science économique. De part et d’autre, la peur avait triomphé. Peur de manquer, peur de s’approprier, peur de se défendre. Peur de vivre. Les rois, leurs conseillers et leurs soldats, tous plus fous les uns que les autres, étaient devenus si nombreux que l’obéissance aveugle était devenue la règle de toute vie en société, si tant est que l’on puisse encore appeler cela une société.
Heureusement demeuraient toujours quelques personnes qui, plus ou moins ouvertement, se désolaient de tout cela (chose que l’on appelait désormais « l’outrage »), et tentaient de satisfaire directement leurs besoins (chose que l’on appelait désormais le « vol »), en brisant les murs, en n’obéissant pas aux lois des rois et en se défendant comme ils pouvaient contre les soldats (ce qu’on appelait la « violence »).
Ces personnes partageaient leurs maigres ressources. On les appela par mépris les « partageux », les « communistes » ou encore les « anarchistes », parce que partager, mettre en commun ou refuser l’autorité était devenu une chose inacceptable.
Mais ils parvenaient encore à rire, à lutter et à raconter des histoires.
NdPN : Les Verts semblent n’avoir plus de limite dans la renonciation pour s’accrocher à des postes de pouvoir ! Confirmation sur RTL avec les propos d’Emmanuelle Cosse – nouvelle secrétaire nationale d’Europe-Ecologie-Les Verts, dont on se demandait si elle irait dans le sens ou non de l’alliance avec le PS. On a la réponse : à peine désignée, c’est la confiance à Ayrault sur « l’écotaxe » (qui n’a rien d’écologique en elle-même et sert surtout à financer les routes) et la confiance à Hollande sur le nucléaire ! La priorité qui se dégage dans son discours concerne surtout le maintien de son parti au pouvoir, aux côtés du PS. Pour le nucléaire, « mais moi je vous le dis franchement, ce n’est pas la fermeture d’une centrale qui fait qu’on arrive à la réduction » : ce qui transparaît clairement dans son discours, c’est qu’il ne s’agit même plus d’exiger un arrêt de centrale en activité, mais de laisser le parc des centrales en l’état. « Fermer les centrales » consiste à attendre leur fermeture normale en fin d’activité ! Quelle honte. La croissance de la consommation d’énergies n’est pas remise en cause, bien au contraire il faudrait augmenter la production d’énergies, avec une plus grande part aux énergies prétendument « renouvelables » (dont on sait pourtant qu’elles polluent elles aussi) qui permettraient mathématiquement une réduction de la part du nucléaire à 50%… et la poursuite de la marche au productivisme capitaliste (et les « emplois » bien sûr). Mais qui peut encore voter vert ? Certainement pas les anarchistes, ni les anticapitalistes qui croient encore au vote, ni les antinucléaires, et encore moins les « décroissants » ! A bas le nucléaire, le capitalisme et la bureaucratie d’EELV.
« On a eu des moments beaucoup plus agréables avec des victoires électorales assez fortes, notamment aux européennes ou aux régionales. On a eu une campagne présidentielle difficile. La première année et demie de participation au gouvernement a connu des hauts et des bas et aujourd’hui, il faut qu’on trouve un second souffle pour notre parti et pour l’écologie [NdPN : ah quand même, le mot apparaît, mais on voit bien les priorités !]. C’est ce que nous demandent nos adhérents », a déclaré Emmanuelle Cosse sur RTL.
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« Je ne pense pas qu’Anne Lauvergeon sait de quoi elle parle exactement », a-t-elle ensuite déclaré, invitée à réagir aux propos de l’ancienne patronne d’Areva jugeant « irréaliste » l’objectif présidentiel de réduire à 50% la part du nucléaire dans la production électrique française d’ici à 2025.
« L’objectif de François Hollande, c’est ce que fait l’Allemagne aujourd’hui. Ce n’est pas la fermeture d’une centrale qui fait qu’on arrive à cette réduction. C’est surtout en augmentant la part des énergies renouvelables », a-t-elle développé, rappelant que « beaucoup (de centrales) vont arriver à la limite d’âge de 40 ans ».
NdPN : Restructuration du Capital sur plusieurs fronts… le mythe de « l’Etat social » n’en finit pas de sombrer. Alors que l’Etat portugais sous l’invitation de la Troika diminue drastiquement les salaires et les retraites en versant des larmes de crocodile, l’Etat français vient de formuler une nouvelle attaque de plus. Par la voix du sinistre « socialiste » du Travail (Michel Sapin), qui annonce une réduction de 50 milliards d’euros de dépenses publiques sur les quatre prochaines années, pour l’Etat, les collectivités locales et… « évidemment pour les régimes sociaux ». Comme l’Etat demeure prodigue avec les grands patrons, comme on vient de le constater avec les annonces gouvernementales d’aide aux entreprises françaises en Bretagne ou en Afrique (le MEDEF réclame d’ailleurs, depuis toujours, une réduction des dépenses publiques) et ses hauts fonctionnaires zélés (on voit mal un sapin se tronçonner ses propres branches), on se doute bien que c’est encore le prolo qui va devoir se serrer la ceinture d’un cran de plus !
Le ministre du Travail, Michel Sapin, a mis l’accent mercredi sur l’importance de la « maîtrise des dépenses publiques » en citant le plan de 50 milliards d’économies en 4 ans annoncé par Jean-Marc Ayrault.
Invité de « Questions d’Info » LCP/FranceInfo/LeMonde/AFP, Michel Sapin a expliqué, à propos de la réforme fiscale en cours d’élaboration, que « le principe même » de la CSG progressive était « séduisant » mais que sa mise en application était « extrêmement difficile ». L’idée d’une fusion de l’impôt sur le revenu avec la contribution sociale généralisée est une des pistes explorées dans le cadre de la remise à plat du système fiscal.
Il faut « faire attention justement à ce que la progressivité sur la CSG qui est une bonne idée ne se transforme pas en augmentation de la CSG pour une bonne partie des Français. Ce n’est pas l’objectif du gouvernement », a-t-il poursuivi.
Partant de ce constat, il a enchaîné: « Comment fait-on, alors, si on n’augmente pas (les impôts)? C’est la question de la dépense publique, c’est la question de la maîtrise de la dépense publique ».
Il a évoqué une « réduction ordonnée, intelligente, de la dépense publique », comme lui paraissant « être demain la seule solution ».
A cet égard, il a souligné le plan de 50 milliards d’euros d’économies sur 4 ans (2014, 2015, 2016, 2017) sur la dépense publique annoncé le matin même par le Premier ministre. « C’est 15 milliards, 15 milliards, puis 10 milliards et 10 milliards. C’est déjà beaucoup », a-t-il commenté.
« Donc, mettons en œuvre ce plan de rationalisation de la dépense publique, d’économie dans la dépense publique. Ça vaut pour l’État, ça vaut pour les collectivités locales, ça vaut aussi évidemment pour les régimes sociaux », a ajouté le ministre.
NdPN : contrairement à la France où les résistances ont (momentanément) fait reculer les gouvernements et les appétits capitalistes sur leurs projets d’extraction de gaz de schiste, le Brésil gouverné par le PT (Parti des Travailleurs) vient d’accorder des concessions en forme de désastre écologique. Parmi les entreprises qui ont acquis des permis (la majorité revenant à Petrobras, la sinistre compagnie publique brésilienne de l’énergie fossile), citons notamment GDF Suez, cette multinationale française qui a participé récemment au « Salon de la Croissance Verte » (défense de rire) à Angoulême, aux côtés du nucléariste EDF et d’autres entreprises productrices de bouses industrielles à taux élevé de profit, estampillées écolo-compatibles.
Le Brésil a attribué jeudi des concessions pour l’exploitation de gaz naturel et de gaz de schiste, malgré les critiques de défenseurs de l’environnement sur les risques et le manque de réglementation sur ce type de production.
Un total de 72 bloc sur 240 ont été adjugés jeudi, dont 49 attribués à la compagnie publique brésilienne Petrobras. Ces enchères ont rapporté 165 millions de reals (environ 72 millions de dollars), selon l’Agence nationale du pétrole (ANP, publique).
Les adjudications devaient s’effectuer jeudi et vendredi.
Seulement quatre des compagnies étrangères qui étaient sur les rangs pour ces enchères se sont vu concéder des blocs: la Française GDF Suez, la Colombienne Petrominerales, la Panaméenne Trayectoria Oil y Gas et Geopark, des îles Bermudes, a détaillé l’ANP.
La dirigeante de l’ANP, Magda Chambriard, a souligné qu’il s’agissait de « semer la culture » de l’exploration et de l’exploitation de gaz naturel au Brésil.
La polémique porte principalement sur l’exploitation des gaz de schiste, dont l’extraction par fracturation hydraulique comporte de nombreux risques de pollution des nappes phréatiques en raison de l’usage de produits chimiques, en plus d’être très consommatrice d’eau.
La fracturation hydraulique « suscite une énorme polémique dans tous les pays, en raison de ses énormes impacts environnementaux, raison pour laquelle certains pays comme la France l’ont interdite. Aux Etats-Unis, où cette technique est employée, le nombre de plaintes pour pollution des eaux augmente », a dénoncé l’Institut socio-environnemental (ISA) brésilien.
Magda Chambriard a garanti que le Brésil préparait une réglementation environnementale sur l’exploitation de ces ressources.