Archives de catégorie : Écrits

[Poitiers] Des goodies de la fac, des goodies pour la vie !

Aujourd’hui, vente de goodies aux services centraux de la fac de Poitiers, pour favoriser le « sentiment d’appartenance« … Illustration en photo (vu sur cet article de la Nouvelle République) :

Trop chou, « Philémon le lion ».

Après la fac, histoire d’entretenir ce sentiment d’appartenance à la communauté citoyenne, rappelons que d’autres goodies permettront d’orner vos étagères. Vous serez fier.e.s de pouvoir les exhiber à vos ami.e.s et à vos enfants : « parce que je le vaux bien » !

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Les jaloux vont maigrir !

Juanito, Pavillon Noir, 17 avril 2014

[Biard – 86] LGV : pauvre Boivre

Depuis un bon moment déjà, sauf le week-end, la promenade le long de la Boivre est devenue impossible entre Poitiers et Vouneuil-sous-Biard. Le chantier de la LGV a transformé ce lieu unique de flânerie bucolique en paysage désertique. Paradoxe : ce qui permettra à quelques riches de voyager un peu plus vite, empêche tous les pauvres n’ayant que leurs jambes ou un vélo de gambader tranquillement en compagnie des espèces végétales et animales qui écoulaient jusque là leurs jours paisibles en ces lieux désormais durablement sinistrés. L’entreprise ayant réalisé la charpente du viaduc de la Boivre porte un nom de winner (ça ne s’invente pas)… Gagne. Pour ses propriétaires et les actionnaires de Vinci, c’est pactole. Pour les amoureux des petits coins de paradis de la Boivre, c’est une fois de plus… la lose.

On a marché sur la Boivre
On a marché sur la Boivre

Juanito, 17 avril 2014

[86] Ici comme ailleurs, les gestionnaires du désastre travaillent

Divers articles de la Nouvelle République d’aujourd’hui illustrent, chacun à leur manière, la façon dont les décideurs politiques et économiques gèrent le modèle de dévastation sociale et écologique qui les nourrit grassement : il leur suffit de se faire passer pour des philanthropes soucieux de notre bonheur, en arrondissant les angles ici et là, quand l’inquiétude légitime des populations, voire la contestation contre leur domination cynique, prennent de l’ampleur. Du palliatif et du rideau de fumée comme spectacles de la dépossession…

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Ainsi des maires. L’humble maire de Poitiers, pour exemple, touche 2000 euros par mois pour sa fonction (en plus des indemnités de député, pour rappel notre article à ce sujet), et ses adjoints touchent 1315 euros nets avant impôt. Réunis dans la même personne, on a d’une part un député qui n’hésite pas à donner son accord, avec son parti « socialiste », à la baisse des dotations globales de fonctionnement des communes au niveau national (moins un million pour Poitiers), et un maire qui affirme que la mairie « joue un rôle d’amortisseur social » (la belle formule, tout un programme en soi !) en distribuant les subsides aux structures d’encadrement de la misère (quartiers, écoles, CCAS, culture…)… tout en poursuivant les investissements dans des chantiers juteux pour les entreprises privées du coin. Le tout résumé en préservation du « pouvoir d’achat », qui n’est somme toute que la permission de survie que, dans son immense mansuétude, nous accorde le pouvoir, sous son apparence bonhomme en écharpe tricolore.

Ainsi de cet Auchan de Chasseneuil-du-Poitou. Un hypermarché comme les autres, maillon fondamental de la chaîne de reproduction du capital par la consommation de masse de produits et gadgets socialement et écologiquement destructeurs. Le directeur se flatte, comme tant d’autres, de participer à une politique de « profitdéveloppement durable ». Ici, en perchant cinq pauvres ruches sur le toit de son usine à consommer l’aliénation. Ainsi, les abeilles seront un peu moins ravagées par les flux automobiles, ces engins qui sont justement indispensables au fonctionnement du système de production et de consommation, les hypermarchés étant indissociables de l’horreur automobile. Elles seront peut-être aussi un peu moins ravagées par ces pesticides qui déciment les abeilles afin de produire la bouffe cancérigène qui s’étale dans les mêmes supermarchés… Le responsable d’exploitation technique du site, quant à lui, n’hésite pas à se targuer d’une « démarche sociétale », puisque des enfants vont mettre le miel en pots et y coller les étiquettes, pots qui seront ensuite étalés dans les rayons de la ruche hypermarchesque. C’est trognon !

Ainsi de cet inspecteur d’académie. Face à la colère des parents d’élèves concerné.e.s par des fermetures de classe dans des zones rurales et urbaines déjà durement frappées par la pauvreté, il lève six fermetures de classes histoire de faire son « je vous ai compris », tout en maintenant la fermeture de quinze autres classes. Une représentante du SNUIPP-FSU, qui déplore que le monde rural ait été si touché par les fermetures de classe, affirme malgré tout que « le climat est satisfaisant », et qu’il y a eu « une vraie attention de la part de l’inspecteur d’académie ». Bravo, monsieur le gestionnaire !

Ainsi, enfin, de cet exercice de banalisation du terrorisme industriel. Sous forme d’un exercice de confinement de toute la population d’un lycée châtellraudais, dans le cadre d’un Plan particulier de mise en sûreté (PPMS). Le système étatique et capitaliste produit du risque chimique et nucléaire constant, mais ne paniquons pas, il nous prodigue aussi les gestes qui sauvent (ici, dans le cas d’un nuage toxique, qui s’arrêtera bien entendu aux frontières du calfeutrage improvisé) : rester calme et bien discipliné.e.s, pour survivre.

Mais que ferions-nous sans tous ces sauveurs et autres bienfaiteurs, veillant généreusement sur notre misère ! Se poser la question, c’est peut-être déjà commencer à y répondre…

Juanito, Pavillon Noir, 15 avril 2014

[Poitiers] Un spectacle consternant

Hier à Poitiers, 250 personnes ont manifesté, infligeant sur la place publique leurs slogans et discours à la consistance aussi indigente que répugnante, au vu des conséquences quotidiennes pour nombre d’individus, adultes et enfants, en butte aux clichés les plus éculés et aux stigmatisations les plus insidieuses dans leur vie quotidienne. Des cathos intégristes et des fachos, tranquillement réunis à la foule des réacs de base sur le perron de la mairie « socialiste », ont ainsi pu défiler sans réaction notable, sous l’œil placide des flics ayant laissé leurs caméscopes et intimidations habituelles dans leurs poches. Face à ce mouvement de haine aux apparences waltdisneysques en rose et bleu, hélas seules quelques personnes ont jugé nécessaire de se déplacer, dont les membres du groupe Pavillon Noir, de la CNT et d’autres camarades.

Si l’aspect grotesque de certains énoncés ne peut au mieux que provoquer le rire (« nous sommes le mouvement social le plus important depuis mai 68 »), d’autres, sur le rôle supposé des femmes, les liens de parenté ou l’homosexualité, sont franchement insupportables, nous donnant les larmes et la nausée. Certain.e.s passant.e.s de Poitiers, choqué.e.s par ce déferlement de violence proprette, ont laissé éclater leur colère, invectivant spontanément le défilé réactionnaire aux cris de « fachos » ou d’ « assassins ».

Avant la promulgation de la loi sur le mariage homo, des contre-rassemblements conséquents avaient permis, malgré les intimidations et les répressions policières, de ridiculiser ces tenant.e.s du patriarcat le plus abject, qui blesse et tue tous les jours tant de personnes dans leur vie intime et sociale. Faut-il rappeler que pour nos droits réels, rien ne se joue sur le terrain institutionnel, et que tout se joue dans les luttes ? Au vu des attaques continues contre les droits des femmes, des homos, bis et trans, ce n’est vraiment pas le moment de laisser la rue aux manifestations de sexisme et d’homophobie !

La prochaine fois, tenons-nous prêt.e.s, pour renvoyer à nouveau fachos, intégristes, sexistes et homophobes dans les cordes.

Pavillon Noir, 13 avril 2014

[Poitiers] Sur le mouvement des greffes

Depuis quinze jours, à Poitiers comme ailleurs, les greffes manifestent à midi sur les marches du palais d’injustice. Faut-il soutenir celles et ceux qui vivent de l’écriture et de « l’authentification » de toutes ces décisions qui ne sont pas les nôtres et qui, le plus souvent, nous pourrissent la vie ? Ces fonctionnaires peu reconnus (dont le métier ne consiste pourtant pas qu’à faire des compte-rendus et à mettre des coups de tampons) ne sont ni juges ni procs, mais sans eux.elles et leurs petites mains, la justice bourgeoise ne fonctionnerait pas… contradiction d’un Etat qui repose sur la répression juridique des pauvres, et qui en tant qu’employeur étatique méprise et appauvrit ses propres scribes.

Quoi qu’on pense de leurs revendications (les nôtres n’ayant pas grand chose à voir avec les leurs, nous serions plutôt enclins à abolir la « justice » bourgeoise !), on ne peut que se réjouir d’un mouvement social faisant de fait grincer la machine à réprimer. Dans une vidéo de la Nouvelle République, un slogan a retenu notre attention : « du pognon, ou la révolution ». Une piste de réflexion : si révolution il y a, autant nous nous passerions bien de juges et de procs professionnels décidant à nos places, autant nous aurions sans doute besoin de prendre en note nos décisions (ne serait-ce que pour nous souvenir de nos discussions, contrôler l’activité des mandaté.e.s, mesurer l’écart entre leurs compte-rendus et les tâches qui leur ont été confiées), mais aussi nos besoins, nos ressources et nos productions, pour garantir à tou.te.s l’accès aux biens. Sans reproduire le schéma capitaliste et bureaucratique de la division du travail, certaines connaissances des greffes, jusqu’ici employées par nos adversaires, pourraient alors rendre bien des services à tou.te.s.

Que les greffes subvertissent leurs rôles, et greffent leurs savoir-faire sur d’autres perspectives que l’entérinement juridique de la domination sociale… en voilà, une belle idée révolutionnaire !

Juanito, 11 avril 2014