Archives de catégorie : La rue grogne

[Poitiers] Grogne contre la rogne du PEAD

Les plus démunis face aux décisions de l’Europe

Le rassemblement de quatre associations caritatives s’est constitué au cœur de Poitiers pour demander la reconduction intégrale les aides européennes.

Les chiffres tombent et font mal. En Europe, 18 millions de personnes ont eu recours l’an passé aux associations caritatives. Dans la Vienne, la Banque Alimentaire a distribué 1.200 tonnes de nourriture via 56 antennes de différentes associations situées dans l’ensemble du département. En bout de chaîne, 11.000 bénéficiaires ; un chiffre qui ne cesse de croître selon les différents représentants et bénévoles des quatre grandes associations caritatives (*) qui ont décidé d’une action pour alerter le grand public, avant la réunion des chefs d’États et de gouvernement (7 et 8 février prochains) concernant le Programme européen d’aide aux plus démunis (PEAD).

«  Ça représente 800.000 repas en moins  »

L’enjeu est de telle importance que les associations, peu habituées à manifester dans la rue, ont pu réunir un peu plus d’une centaine de personnes, hier midi, place Leclerc à Poitiers. « Nous sommes très inquiets depuis la proposition de la commission européenne, en octobre/novembre derniers, de réduire la somme allouée dans le cadre du PEAD, la faisant passer de 3,5 milliards actuellement à 2,5 milliards sur 7 ans, expose Alain Herbeault, vice-président de la Banque Alimentaire 86. Un tiers de nos aides viennent de l’Europe. Pour la Banque Alimentaire dans la Vienne, ça représente une baisse de 400 tonnes de produits alimentaires par an, soit 800.000 repas (de 500 g) en moins. » Les besoins sont toujours plus importants comme dans certaines communes qui ont vu le nombre de bénéficiaires passé du simple au double ; c’est le cas de Neuville-de-Poitou. Si la pression exercée sur les députés européens ou les membres de la commission, depuis l’automne, n’a pas pour le moment donné grand-chose, Alain Herbeault reconnaît que la dotation est maintenue pour 2013 mais après… Monique Bastière, responsable de la distribution alimentaire à la Croix-Rouge française voit, dans la réduction de la dotation, l’obligation de baisser le nombre de bénéficiaires. « Comment faire alors que nous sommes de plus en plus sollicités ? Notamment pour des dépannages auxquels nous ne pouvons déjà plus faire face. »

(*) Banque alimentaire, Secours populaire, Croix-Rouge française et les Restaurants du cœur.

M.-L. A., Nouvelle République, 5 février 2013

[Poitiers] Droit au logement : après le déni, le mépris

Droit au logement : après le déni, le mépris

Le 15 janvier dernier, la directrice du CCAS de Poitiers (centre communal d’action sociale), Mme Brunet déclarait dans la presse : « Toute personne débarquant à Poitiers peut être hébergée ; il suffit de faire le 115. Il y a des places. En priorité d’ailleurs pour les femmes et les enfants. Y compris, s’il le faut, avec des solutions d’appoint comme les nuitées d’hôtel. »

Par une lettre rendue publique dimanche dernier, nous lui avons répondu (VOIR) que ses allégations étaient fausses. Hélas oui, aujourd’hui en 2013, à Poitiers, des familles dorment dans la rue, parce qu’il n’y a pas de place pour elles au 115 alors qu’il est de la responsabilité de l’Etat de leur fournir un hébergement. Nous lui avons aussi exprimé notre étonnement face à sa prise de position sur le 115 : le CCAS dépend de la commune et n’a donc pas compétence à couvrir la préfecture, responsable du 115 et de ses manquements à l’obligation de proposer un logement décent à toute personne ou famille en difficulté.

N’ayant pas obtenu de réponse, nous nous sommes rendus ce vendredi 1er février à 14H au CCAS, accompagné-e-s de nos ami-e-s du DAL 17 et de Mgr Gaillot, qui avaient fait le déplacement dès ce matin pour le procès en appel de trois militants du droit au logement, arrêtés lors de l’évacuation musclée du campement de 2 avril 2012 par les forces de police et la mairie.

Après avoir déployé des banderoles pour le droit au logement devant le CCAS, nous sommes rentrés dans le hall et avons demandé à être reçus par Mme Brunet pour pouvoir dialoguer avec elle. La secrétaire nous a fait patienter une petite heure, et nous avons attendu pacifiquement.

Finalement, Mme Brunet a envoyé sa responsable de l’action sociale nous transmettre son message : elle refuse carrément de nous recevoir. Nous n’aurions qu’à nous adresser à la mairie – comme si nous ne le faisions pas depuis longtemps. Nous avons demandé le motif de ce refus de dialogue, mais la fonctionnaire nous a répondu qu’il n’y en avait aucun. Nos ami-e-s du DAL 17, ayant l’habitude d’être reçu-e-s par le CCAS de La Rochelle, ont été sidérés de ce mépris affiché.

Nous sommes donc ressorti-e-s devant le CCAS, où nous avons pu constater que les policiers nous photographiaient et filmaient, accompagnés d’un agent de renseignement. Nous avons contacté les médias locaux pour évoquer la situation. La presse locale tout d’abord, puisque c’est elle qui a relayé la déclaration de la directrice du CCAS prétendant qu’il y avait des places au 115 et que le droit au logement était appliqué.

La rédaction nous a répondu qu’elle n’avait pas prévu cela au programme de la journée. Nous avions pourtant annoncé que nous ferions un communiqué de presse suivi d’une action. Nous ne sommes hélas guère étonnés. La presse locale se fait fréquemment le porte-voix des propos de la mairie quand elle affirme qu’il n’y aurait pas de problème de logement sur Poitiers ou quand elle s’attaque au DAL 86 ; elle ignore en revanche régulièrement nos communiqués de mise au point.

France 3 devait nous recontacter, mais ne l’a pas fait. France bleue n’a pas non plus daigné venir.

Vers 15h10, encore une provocation : la directrice du CCAS envoie la secrétaire et la responsable de l’action sociale fermer le portail de ce service public, juste sous notre nez. Nous notons pourtant bien que le CCAS affiche à son entrée que les portes sont sensées être ouvertes au public jusqu’à 17h30. Quelle ironie, alors que la responsable de l’action sociale nous avait fait remarqué qu’il y avait des gens qui travaillaient et que d’autres avaient besoin d’entrer dans le CCAS (ce que nous n’empêchions évidemment pas).

Le DAL 86 avait pris note du déni public par la directrice du CCAS de la réalité des gens qui dorment dans la rue. Il prend à présent bien note du mépris éhonté dont elle témoigne à l’égard de notre demande de dialogue, sur ce droit si fondamental du logement. Face à un CCAS et à une mairie qui couvrent les manquements intolérables de la préfecture quant à son obligation de loger décemment les personnes et les familles en difficulté, nous envisageons donc à présent d’autres actions.

Un toit c’est un droit. Que les administrations qui dénient la souffrance sociale et méprisent les personnes qui militent pour ce droit sachent que nous ne lâcherons rien.

DAL86 – dal86@free.fr – 06 52 93 54 44 / 05 49 88 94 56

Permanences : tous les samedis matin de 11h à 12h et tous les mardis soirs de 17h à 18h Maison de la Solidarité 22 rue du Pigeon Blanc Poitiers

[Poitiers] Homophobie tranquille dans une ville bonhomme

Aujourd’hui à Poitiers, un millier de manifestant-e-s environ se sont rassemblé-e-s, venant de tout le département de la Vienne, contre le mariage pour tou-te-s. Ces personnes dénient ainsi l’égalité des droits des homosexuel-le-s en termes juridiques (droits de succession, questions de parentalité), et refusent la reconnaissance de situations déjà existantes d’homoparentalité, maintenant jusqu’à présent les enfants concernés dans une situation de déni social (en arguant qui plus est avec cynisme que ce serait pour le bien des enfants).

70 contre-manifestant-e-s ont répondu présent, militant-e-s homos, militant-e-s d’organisations politiques, et un certain nombre d’anti-autoritaires, malgré le relai très faible car tardif de l’information dans les réseaux militants (voir notre appel ici).

Plusieurs choses à noter :

– Comme d’hab, les flics ont empêché les contre-manifestant-e-s de s’approcher, faisant un cordon et discutant avec le service d’ordre des réacs. Comme d’hab, ils nous ont filmé-e-s avec insistance (notamment les anti-autoritaires). Comme d’hab, ils nous ont menacé-e-s quand nous tentions de nous approcher. En revanche, ils ont laissé sans problème passer des gens du rassemblement homophobe, venant tenter de nous convaincre.

– Les manifestant-e-s contre le mariage homo ont tenu des propos sexistes à répétition, affirmant la différence de l’homme et de la femme, qui auraient des rôles « complémentaires », reniant ainsi le fait évident que les genres sont des constructions culturelles. Ils ont aussi bien évidemment tenu des propos homophobes inacceptables. Entre autres slogans entendus, à plusieurs reprises : « Mariage homo, mariage OGM ». Quand on sait que l’homosexualité a longtemps été considérée comme une maladie, subir de tels propos se référant à un fléau social d’une part et à la génétique d’autre part, aujourd’hui sur la place publique, sous l’oeil bienveillant des autorités, a de quoi nous mettre en rage.

– Les manifestant-e-s contre le mariage homo ont disposé d’une véritable tribune, avec micros, table sono et enceintes crachant leurs propos déplorables… sur le parvis même de la mairie, à hauteur de la porte de la mairie. Le bâtiment communal avait à ses pieds une foule d’un millier de personnes déblatérant leur homophobie avec une grosse sono en plein coeur de la ville. De fait la préfecture et la mairie (cette dernière se prétendant pourtant « socialiste » et en tout cas favorable à l’adoption du mariage pour tou-te-s), ont offert éhontément, aujourd’hui, une tribune à la haine homophobe.

Il n’est hélas guère étonnant, dans un système marchand où tout se vaut, que ce gouvernement considère qu’il est « légitime de débattre de façon citoyenne »… entre égalité des droits d’une part et homophobie d’autre part. Un peu comme lorsque des cathos intégristes manifestent contre le droit à l’avortement sous la protection des flics, en comparant publiquement l’avortement à un génocide, au nom d’une « liberté d’expression » à sens unique, où ce sont les contre-manifestants défendant les libertés qui sont filmés, repoussés et parfois réprimés (voir aussi la répression récente de manifestant-e-s antifascistes, lors de la pièce de Castellucci).

Cette triste manifestation de haine sur la place publique par des gens prétendant nous interdire quoi faire de nos vies montre une fois de plus que nous n’avons rien à attendre de quelque gouvernement que ce soit contre la domination patriarcale, et que nous devons nous organiser. Les libertés ne se demandent pas, elles se prennent.

Pavillon Noir, 2 février 2013

NdPN : vidéo de la NR ici, article ici sur les autres manifs ayant eu lieu dans des villes proches.

Communiqué suite au pique-nique chez Pinault

Communiqué suite au pique-nique chez Pinault

François Pinault est depuis 2006 le 2ème actionnaire du groupe VINCI. Sa holding Artémis, également actionnaire de Bouygues, autre géant du BTP bien connu, a acquis près de 12 millions de titres du bétonneur de Notre-Dame-des-Landes ! Alors quand on a appris que Pinault représentait à lui seul 5% du capital de Vinci, on s’est dit que ça méritait bien un pique-nique sur la pelouse de son château !

Sans attendre d’y être invitéEs, nous nous sommes renduEs à quelques unEs sur le domaine de la Mormaire et, profitant d’une porte ouverte, nous sommes dirigéEs vers le parvis du château où nous avons déployé une banderole, avant de partager quelques morceaux de quiche et quelques bières artisanales made in ZAD.

pique_nique_chez_pinault_200_

Pour dire toute la vérité, nous ne nous sommes pas attardéEs. Après avoir expliqué l’objet de notre présence aux employéEs du (multi)milliardaire (sa fortune personnelle est de 8,1 milliards d’euros, soit 472 000 années de SMIC), nous sommes très vite repartiEs en criant quelques slogans bien à propos : « Pinault, pollueur, voleur, expropriation ! » Rien de bien méchant en somme…

Pinault et ses acolytes de Vinci, eux, ne se gênent pas pour projeter la destruction de 2000 hectares de bocages et de terres agricoles pour y construire un aéroport inutile et coûteux. Ils ne s’offusquent pas non plus du fait que des centaines d’hommes en uniforme violent quotidiennement les propriétés des habitants de la zone pour les en exproprier par la force. Ils ne sont pas gênés, de manière générale, du fait qu’ils contribuent au désastre écologique et à la destruction lente et irrémédiable de nos espaces de vie et de notre atmosphère.

Nous, pique-niqueur/euses du dimanche, résistantEs en bottes crasseuses, hordes indisciplinées et fières de l’être, revendiquons notre impertinente intrusion sur la modeste propriété du patron de Pinault-Printemps-Redoute.

Pour autant, nous regrettons que de jeunes randonneur/euses aient eu à subir la répression à notre place. En effet, 16 personnes de 17 à 20 ans ont été interpelléEs (info AFP reprise par divers média) sur un chemin de campagne et maintenues en garde-à-vue durant 45 heures, subissant auditions et relevés d’empreintes digitales et génétiques.

InculpéEs pour « violation de domicile » et « menaces de mort », ainsi que pour « refus de se soumettre aux opérations de relevés signalétiques » et « refus de se soumettre aux prélèvements biologiques » pour certainEs, ils et elles comparaîtront les 28 février 2013 à 9h30 devant le Juge des Enfants au TGI de Paris (1 personne) et le 11 mars 2013 à 14h devant la 7ème chambre D du TGI de Versailles (15 personnes).

Nous, militantEs de tous âges, agissant en conscience et en accord avec nos principes, exprimons toute notre solidarité avec les inculpéEs et appelons chacunE à nous rejoindre dans notre lutte déterminée contre Vinci et son monde, contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes et contre tous les autres Grands Projets Inutiles et Imposés !

Des personnes du collectif parisien de soutien à la lutte contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes

Vu sur Indymedia Paris, 1er février 2013

TER Poitiers – Limoges : création d’un collectif d’usagers

NdPN : nous l’avons déjà dit plusieurs fois sur ce blog, la baisse de service sur le TER Poitiers-Limoges suscite la grogne des riverains. On voudrait casser la ligne TER pour favoriser le projet de LGV Poitiers-Limoges qu’on ne s’y prendrait pas autrement… Un collectif d’usagers s’est donc créé pour maintenir le TER et améliorer le service. Pour rappel, bientôt une manif à Limoges contre le projet de LGV !

TER Poitiers – Limoges : création d’un collectif d’usagers

Un groupe d’usagers de la ligne ferroviaire Poitiers – Limoges se constitue en collectif. Ils protestent depuis décembre et estiment ne pas être suffisamment entendus.

Depuis décembre, nous n’avons toujours pas de réponses à nos questions, s’indigne Romain Papuchon, usagers de la ligne ferroviaire Poitiers-Limoges. « Les courriers envoyés à la SNCF et au conseil régional Poitou-Charentes sont restés sans réponse. La région Limousin nous a bien répondu, mais elle est totalement incohérente. »

La grogne depuis l’automne

A l’automne dernier la SNCF a modifié ses horaires sur la ligne Poitiers-Limoges. Plusieurs usagers sont montés au créneau pour s’indigner de la suppression de plusieurs trains en début ou en fin de journée. Depuis, ils protestent. Un collectif d’usagers est même en cours de constitution (*). Il vient de rédiger un « livre blanc » de ses revendications. « Nous empruntons (ou empruntions) quotidiennement cette ligne de train pour nous rendre sur nos lieux de travail, majoritairement dans le centre-ville de Poitiers. A l’heure où les mots écologie et écomobilité sont dans toutes les bouches, nous recherchons une alternative à la voiture personnelle. » Les usagers du train soulignent que « le soir comme le matin, les entrées et sorties sur Poitiers sont engorgées. Particulièrement l’entrée sud-est, concernée par les embauches du secteur hôpital – université. Il est difficile voire impossible de se garer à Poitiers. Plus d’un an d’attente pour un abonnement mensuel dans les parkings souterrains. » Les bus Vitalis ? « Ils s’arrêtent aux limites de Grand Poitiers ». Les bus du conseil général qui desservent Lathus, Montmorillon et Lussac-les-Châteaux ? « Ils ne disposent pas d’un niveau de service suffisant et attractif pour les déplacements quotidiens domicile – travail ». Le TER, en revanche… « En dix minutes vous allez de la gare de Mignaloux au centre-ville de Poitiers. Le bilan carbone du TER est de 43 grammes de gaz carbonique par kilomètre-voyageur ». Et le train est « économique » : un abonnement mensuel Mignaloux-Nouaillé/gare de Poitiers coûte 32€, généralement remboursé à 50 % par l’employeur. De même pour un abonnement Montmorillon/gare de Poitiers : 80 € pris en charge à 50 % « soit même pas le prix d’un plein de carburant ! » Les usagers mécontents listent plusieurs priorités : horaires de train plus adaptés, réhabilitation des gares de Mignaloux et Lathus, amélioration des correspondances entre bus et trains… Dans l’espoir que la constitution de leur collectif fera bouger les élus et la SNCF.

«  TER d’Avenir » : rendez-vous mardi

Selon l’association « TER d’Avenir » les nouveaux horaires du TER Poitiers-Limoges ne sont pas de nature à inciter la population à délaisser la route pour le rail : horaires inadaptés, dessertes trop rares, arrêts à Mignaloux abandonnés alors que cette gare peut desservir le Campus universitaire et le CHU. […] Pour protester contre cet état de fait « TER d’Avenir » prendra symboliquement le TER à Mignaloux mardi 5 février à 15 h 09 pour descendre en gare de Poitiers à 15 h 20 afin de rencontrer usagers et élus.

Jean-Jacques Boissonneau, Nouvelle République, 1er février 2013