[Poitou-Charentes] Une nouvelle préfète, à point nommé[e] pour Vinci

Nous rappelions hier l’une des priorités du préfet précédent, Yves Dassonville : le pilotage du chantier pharaonique de la ligne à grande vitesse Tours-Bordeaux, confiée à l’inénarrable multinationale Vinci. L’une de ses dernières décisions fut d’ailleurs de trancher en faveur de Vinci, pour l’exploitation d’une carrière de granulats destinés à l’édification de remblais pour la LGV… Ce préfet a montré combien l’enjeu de métropolisation est crucial pour l’Etat et le Capital.

Les grands chantiers sont aussi destructeurs socialement et écologiquement que ruineux. Mais ils permettent de soutenir la Kroissance, à coups de subventions massives et de partenariats (dette) publique – (profit) privé. Il ne s’agit ni plus ni moins que d’un soutien pur et dur au capitalisme, certes très financiarisé mais dont l’aspect spéculatif nécessite, pour maintenir la valeur de la valeur, le maintien d’activités productives, fussent-elles manifestement inutiles.

Ces chantiers, comme celui d’un nouvel aéroport à Notre-Dame-des-Landes, de lignes THT en Cotentin-Maine, d’un EPR à Flamanville, d’un stade géant à Lyon ou d’une LGV de Lyon à Turin, sont imposés aux forceps par l’institution étatique aux populations, de l’échelle locale (comme Coeur d’Agglo à Poitiers, là aussi une collaboration entre le PS et Vinci) à l’échelle internationale.

Après le départ de Dassonville, l’Etat nomme donc une personnalité dont la formation et l’expérience technocratiques, en matière d’urbanisme (à Paris), de grands travaux (pour Eiffage) et de stratégie de développement pour la SNCF, cadrent parfaitement avec ces nouvelles exigences de l’Etat et du Capital, et sont symptomatiques d’une collaboration étroite entre Etat et multinationales privées. Le fait que la préfète soit aussi responsable des forces de police cadre tout aussi bien avec le fait que ces chantiers suscitent, comme on l’a dit, des contestations sociales.

Jugez-en vous-mêmes avec cet article de la Nouvelle République, nous présentant le CV de la nouvelle préfète de Vienne et de Poitou-Charentes, Elisabeth Borne.

Ils s’organisent, organisons-nous.

Pavillon Noir, 31 janvier 2013

 

Une nouvelle préfète nommée à Poitiers

 

Le nouveau préfet de la Vienne et de la région Poitou-Charentes est une préfète. Elisabeth Borne, 52 ans, a été nommée en conseil des ministres, hier matin, sur proposition de Manuel Valls, ministre de l’Intérieur.

Ingénieure générale des ponts, des eaux et des forêts, cette spécialiste des questions de transports était directrice de l’urbanisme de la Ville de Paris depuis près de cinq ans après avoir été quelques mois directrice des concessions chez Eiffage et directrice de la stratégie à la SNCF pendant cinq ans. De manière plus politique, Elisabeth Borne a surtout été conseillère chargée de l’urbanisme, de l’équipement, du logement, des transports et de la ville, à Matignon, entre 1997 et 2002, au sein du cabinet du Premier ministre Lionel Jospin qu’elle avait déjà conseillé au ministère de l’Education nationale en 1991 avant de poursuivre avec Jack Lang jusqu’en 1993.

Une polytechnicienne

La nouvelle représentante de l’Etat dans la région n’est par ailleurs pas une énarque mais une polytechnicienne diplômée de l’Ecole nationale des ponts et chaussées. « Une femme à la tête de l’Etat en Poitou-Charentes ! », s’est réjouie Catherine Coutelle, la députée PS de la Vienne et présidente de la délégation aux Droits des femmes à l’Assemblée nationale, dès hier, en souhaitant la bienvenue à la préfète. Une femme de plus dans le département puisque Véronique Schaaf-Lenoir est aussi sous-préfète de Châtellerault. A Poitiers, Elisabeth Borne succède à Yves Dassonville qui a fait valoir ses droits à la retraite.

B. B., Nouvelle République, 31 janvier 2013