[Tablettes numériques] Enfants cobayes d’une « expérimentation » addictive

NdPN : pas moins de deux articles dans la presse quotidienne régionale pour vanter les mérites de « l’expérimentation » de tablettes numériques en milieu scolaire, auprès de cobayes élèves de 6ème et élèves de terminale. Florilège de « neutralité » journalistique : les élèves « risquent de susciter des jalousies » parce qu’ils ont eu la chance d’être choisis pour expérimenter ces « petites merveilles », des parents « subjugués »… un collégien « ravi »… « je ne sais pas s’ils se rendent compte de ce qui leur arrive ce matin », dit la principale du collège.

N’en jetez plus : Alleluja !

Dans de nombreuses académies, l’introduction de ce gadget technologique, imposé à grands renforts de propagande journalistique, a été planifiée comme une campagne de lancement de produit. Notamment par le ministère de l’Education nationale et les Rectorats, en rapport avec les inspections pédagogiques, les collectivités locales, les CRDP, les missions académiques TICE (techniques de l’information et de la communication dans l’éducation), les conseillers académiques TICE… toute l’armée de l’éducation étatiste au service des « nouvelles technologies » !

Pour « l’intérêt pédagogique », on ne sait pas trop : comme d’habitude, la « nouveauté » est bien pratique pour ne rien changer à ce système de merde. Les autorités-VRP quant à elles n’hésitent pas à justifier cette débauche de pognon public, pour le plus grand bonheur d’industriels esclavagistes, en recourant aux arguments du handicap ou du décrochage scolaire, avec un cynisme assez effarant.

Des brochures académiques en font une véritable apologie, confinant à la publicité forcenée. Des rapports ministériels confinent quant à eux à une quasi-étude de marché

On parle ainsi de « mobilité », de « rapidité ». Bref, tous les critères du productivisme capitaliste appliqués à l’école. Pas grave si des élèves de 11 ans sont ainsi exposés à une « addiction » suscitée par l’utilisation de ces bidules, et qui touche même leur prof, quitte à oublier de manger, comme le suggère le premier article…

Comme pour nombre de « technologies de l’information et de la communication » (TIC) appliquées à l’éducation (TICE), on commence par « expérimenter » sur des classes « volontaires », puis on généralise… comme par exemple en obligeant les profs à ficher les mômes sur des fichiers numériques, ou à remplir des cahiers de textes numériques pour mieux être fliqués. Hélas trop peu de syndicats enseignants s’inquiètent du fait que l’Education Nationale soit un outil de contrôle social, en même temps que de propagande éhontée de l’Etat pour aider les capitalistes à écouler massivement des marchandises de haute technologie et imposer aux esprits leur utilisation.

Si l’on voulait vraiment « éduquer » les élèves, on pourrait tout de même rappeler que ces joujous, qui coûtent les yeux de la tête, sont dans l’immense majorité fabriqués dans des pays où les conditions de travail sont épouvantables. Qu’ils utilisent des matériaux rares dont l’extraction a lieu dans des conditions non moins horribles. Pour exemple, le conflit du Kivu en RDC, le plus meurtrier de la planète depuis la seconde guerre mondiale, puisqu’il a fait six millions de morts depuis plus de quinze ans, tourne autour de l’extraction du coltan, entrant dans la composition de la plupart des gadgets numériques.

S’éduquer ne commence pas par devenir « accro » et dépendant à une béquille technologique, mais au contraire à s’émanciper de toutes les velléités de sujétion de l’individu. A commencer par le projet d’un meilleur des mondes à la Big Brother ! Pas besoin d’écrans tactiles pour trouver soi-même et avec les autres les savoirs et connaissances, les partager, les discuter, nous les approprier, pour nous approprier vraiment nos vies. On souhaite aux élèves et aux professeurs bloqués sur les écrans du mirage capitaliste de lever les yeux vers les autres, et de foutre un bon coup de pied au cul à tous les éducastrateurs hiérarchiques, et un bon coup de sabot dans tous les projets technologiques de contrôle social.

Poitiers – Des tablettes pour étudier

 

Christian Arnaud, directeur d'académie, remet une tablette à l'un des collégiens ravi.
Christian Arnaud, directeur d’académie, remet une tablette à l’un des collégiens ravi.

Une classe de 6 e  du collège Ronsard va expérimenter l’utilisation de la tablette numérique tactile dans le cadre scolaire. Elle leur a été remise, hier.

Les 21 élèves de la classe de sixième B du collège Ronsard, aux Trois-Cités, risquent susciter des jalousies. Depuis hier, ils sont en possession d’une tablette numérique tactile (*) .

En un tour de doigt, ils découvrent – par exemple – les différentes étapes de la construction de Paris à travers les siècles, en trois dimensions. Cet outil qui risque détrôner l’ordinateur portable est destiné à l’enseignement, pas aux jeux. Ceux-ci ont été « bloqués ».

Pour l’instant, la tablette reste au collège

Ces petites « merveilles » technologiques leur ont été remises très officiellement, mardi. « Je ne sais pas s’ils se rendent compte de ce qui leur arrive ce matin, » commentait la principale Annie Arsicot après avoir rappelé que le collège est intégré dans le Réseau de réussite scolaire. Henri Colin, vice-président du conseil général en charge de l’Éducation, déclarait aux enfants qu’ils avaient eu la chance d’être choisis car leurs enseignants se sont portés volontaires pour cette expérimentation qui doit révéler les aspects positifs et négatifs de son utilisation. Hier, les collégiens avaient du mal à décrocher leurs yeux et leurs doigts de l’écran quitte à rater le déjeuner. « Nous sommes perturbés, car c’est excitant. C’est une nouvelle expérience pour nous. C’est agréable et un peu plus amusant de travailler dessus. Nous sommes impatients d’étudier avec », s’enthousiasment Romane et Samira. Les enseignants ne boudent pas davantage leur plaisir. La prof de SVT avoue qu’elle est devenue « accroc ». Elle a plein d’idées pour mettre en mouvement ses cours. Mais s’attachera « à les faire réfléchir sur l’aspect addictif de cet outil et sa place dans notre quotidien ». Le prof de français les plongera dans les dictionnaires en ligne « pour utiliser le mot juste ». Ils échangeront également sur le thème de la lecture, avec les élèves d’une classe de CM2, de l’école Tony-Lainé, qui expérimentent la tablette depuis octobre. Même les parents semblent subjugués. Mais pour l’instant, les tablettes restent au collège.

(*) Cette expérimentation est également conduite au collège de Saint-Gervais-Les-Trois-Clochers.

Marie-Catherine Bernard, Nouvelle République, 16 janvier 2013

 

Civray – Des voeux de succès pour les lycéens

Que peut-on souhaiter à un établissement scolaire ? C’est qu’il fasse réussir tous ses élèves. C’est ainsi que le proviseur, Pascal Maillou, a démarré son discours lors de la cérémonie des vœux organisée au lycée André-Theuriet en présence de la communauté éducative et de personnalités locales.
Il a souhaité aux 66 personnes travaillant dans l’établissement de s’épanouir au mieux sur leur lieu de travail et aux partenaires du lycée la poursuite de la collaboration dans l’intérêt du territoire. « Je souhaite que notre établissement devienne un établissement de référence en Poitou-Charentes. » Il a cité le projet en partenariat avec le lycée du Futuroscope concernant le travail sur tablettes numériques. […]

Nouvelle République, 16 janvier 2013

[Poitiers] Les vœux du maire parfait exemple de la politique sociale de la ville de Poitiers

Les vœux du maire parfait exemple de la politique sociale de la ville de Poitiers.

 
Rassemblement en soutien au Sans Logis lors des voeux 2013 du maire de Poitiers

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La presse s’en est fait l’écho : malgré la crise qui se manifestait ici par un rassemblement de soutien aux sans abris, « rien n’a changé pour les vœux du président de l’agglomération et maire de Poitiers […] la foule de gens en costume d’apparat, de sacerdoce ou de ville dans l’escalier, un maelström de voitures officielles ou non obstruant l’artère derrière la mairie, interdite à la circulation et des vœux intimes ou publics comme s’il en pleuvait : le décor est resté planté. » Nouvelle République 11-01-13. D’un côté l’opulence, de l’autre l’indigence. D’un côté le champagne et les petits fours, de l’autre des familles avec des enfants qui n’ont que 250€ par mois pour vivre… Alors comment s’étonner qu’à quelques dizaines de mètres de cet Hôtel de ville luxueux, certains font les poubelles pour pouvoir manger ? VOIR

Il paraît, selon les mots de notre maire, que la politique sociale de la ville de Poitiers est une référence en France. Mais enfin, qu’est-ce donc que cette politique sociale dont la ville de Poitiers aurait à s’enorgueillir ?

En fait de politique sociale, le maire a une attitude charitable – il s’agit d’aider ponctuellement au cas par cas certaines personnes qui le mériterait – attitude charitable qui cache une politique répressive et dissuasive qui a toujours caressé le préfet dans le sens du poil. Par exemple fin 2010, face au manque criant de places d’hébergement d’urgence et à la baisse drastique des subventions de l’État envers les CHRS (- 17%), laissant à la rue de nombreuses personnes sans papiers y compris des familles avec des enfants souvent très jeunes, le maire de Poitiers a réagi violemment envers… les marchands de sommeil et les passeurs VOIR. Article publié dans Centre presse le 8 décembre, « Alain Claeys déclare la guerre aux passeurs » . Le maire PS de Poitiers, en déplaçant le problème de la question de l’hébergement d’urgence à la question des passeurs et des marchands de sommeil, est venu en aide au préfet UMP Tomasini et à son secrétaire général le fameux Setbon… en les dédouanant de leur inertie et de leurs actions illégales. Surtout que, comme l’a dit aux associations Michel Berthier adjoint à la cohésion sociale lors de leur rencontre du 22 février 2011, « Setbon sait parfaitement quand il est dans l’illégalité, et il en joue. C’est un fonctionnaire plus que zélé, qui connaît sur le bout des doigts tous les dossiers des étrangers, qui sait réagir immédiatement à tout changement de situation. Le traitement très dur des étrangers dans la Vienne est très lié à la personnalité de Setbon. » (Compte-rendu du RESF86). Bien qu’elle soit sur la ligne rouge, la préfecture ne la franchissait pas et était toujours dans la légalité concernant les titres de séjours. Par contre, concernant l’hébergement, elle se trouvait dans l’illégalité. Pourquoi le maire de Poitiers n’a-t-il pas attaqué la préfecture là-dessus ? Et surtout pourquoi lui a-t-il permis de s’en tirer à peu de frais en invoquant ces passeurs et marchands de sommeil ? C’est étonnant. Et nous sommes en présence du même mystère concernant l’expulsion du campement de sans logis et mal logés le 2 avril 2012.

Deux articles de circonstance publiés dans la Nouvelle République accompagnent l’intervention du maire. Le premier 4 jours avant sa publication dans la presse mais 2 jours après son envoi au préfet : « Première vague de froid : coup de chaud sur le 115 NR 04/12/2010 » montre comment la Croix Rouge se démène pour aider les personnes qui souffrent du froid en ce début de décembre… Éludant le fait que, s’il y a 51 personnes au gymnase en ce début de décembre, cela veut dire que le reste de l’année la préfecture ne remplit pas ses obligations puisqu’il y a au moins 51 personnes qui ne sont pas hébergées… En effet, la loi impose à l’État de prendre en charge ces personnes : “Bénéficient, sur leur demande, de l’aide sociale pour être accueillies dans des centres d’hébergement et de réinsertion sociale publics ou privés les personnes et les familles qui connaissent de graves difficultés, notamment économiques, familiales, de logement, de santé ou d’insertion, en vue de les aider à accéder ou à recouvrer leur autonomie personnelle et sociale.Code de l’action sociale et des familles – Article L345-1

Le second, le même jour de la publication de l’intervention du maire dans la presse : « Il y a un nombre important de logements insalubres ”NR 08/12/2010 », montre comment la mairie se démène pour lutter contre les marchands de sommeil… Éludant le fait que, puisque la préfecture ne respecte pas ses obligations d’hébergement envers les sans papiers, s’il n’y a pas de marchands de sommeil pour les loger, ils sont carrément à la rue… En clair, lutter contre les marchands de sommeil a un effet répressif sur les familles concernées puisque, se retrouvant à la rue, elles sont contraintes de quitter Poitiers, et un effet dissuasif sur les familles qui pourraient venir à Poitiers car elles ne trouveront plus où se loger…

Le maire a confirmé lui-même cette analyse lors du petit déjeuner « rencontre des associations » dans les salons de l’Hôtel de Ville le 4 mars 2011. Nous lisons dans le compte rendu du RESF86 : « Interpellé par nous sur la question de l’hébergement de manière plus générale, le maire est satisfait de son bilan : Poitiers fait plutôt plus qu’ailleurs en moyenne. La mairie ne peut se substituer à l’État dans le contexte actuel tout est plus difficile. Les villes sont en concurrence face à l’accueil (ou au non-accueil) des migrants. On ne peut en faire plus car il y a un risque d’afflux de ces personnes « en errance » en provenance des villes moins accueillantes. » (Souligné par nous)

C’est donc la même politique « sociale » ségrégationniste et déportationniste qui est appliquée à Poitiers aux « marginaux » et aux sans papiers. Pour que les bons poitevins puisent vivre entre eux, il faut se débarrasser de ces gens-là. Et mettre en œuvre une politique répressive pour amener les importuns à quitter Poitiers et une politique dissuasive pour empêcher que les « marginaux » et les sans papiers d’ailleurs ne viennent à Poitiers. Car on sait depuis longtemps que « charité bien ordonnée commence par soi-même… »

La vidéo ici

DAL 86, 14 janvier 2013

[Poitiers] Soirée réunion publique, sur le projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes

Non à l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes !

Vinquons Vinci et son capitalisme !

Notre lutte contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes dépasse le simple soutien à une lutte extérieure que nous trouverions juste. C’est aussi NOTRE lutte…

Quand nous disons que nous rejetons « l’aéroport ET son monde », ce n’est pas juste une formule convenue. Des projets comme celui de Notre-Dame-des-Landes, nous en avons tout autour de nous, qui articulent les intérêts de grandes entreprises avec l’esprit mégalo de politiques haut placés – ainsi, dans notre région, la ligne à grande vitesse (LGV) entre Poitiers et Limoges et celle, déjà en chantier, entre Tours et Bordeaux pour obtenir un gain de temps dérisoire. Notre lutte s’inscrit contre un énième partenariat public-privé (PPP) entre l’Etat et le groupe Vinci – leader mondial du BTP impliqué dans de nombreux autres projets –, dans lequel des centaines de millions d’euros d’argent public sont investis dans un projet inutile.

Ce qui est en jeu, ce n’est pas seulement un aéroport, c’est le monde qui va avec et qui a un nom, le capitalisme, qu’il soit géré par la droite ou par la gauche : une forme d’organisation sociale basée sur la domination et l’exploitation du travail et sur la dépossession par la force armée, avec comme conséquences la misère aux quatre coins de la planète et le saccage des ressources dites naturelles. C’est une lutte contre la planification territoriale qui redessine les paysages et les territoires pour le seul confort des classes les plus aisées, concentrées dans les grandes métropoles où les plus pauvres sont rejetés dans des quartiers ghettos surveillés et encadrés. Ces métropoles sont en effet reliées entre elles par les LGV, autoroutes et autres aéroports, autant d’infrastructures permettant de traverser le plus vite possible des territoires consacrés à l’agriculture industrielle – qui condamne chaque jour des petites et moyennes exploitations à disparaître – et à des zones récréatives et touristiques. Des territoires entretenus par une population rurale reléguée au rang de « jardinier de la nature » dans un espace de plus en plus privé de services publics et de revenus décents. Une métropolisation qui confisque et détruit les terres agricoles de moins en moins nombreuses, entraînant misère et saccage de l’environnement.

La lutte contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes rassemble tous ces enjeux et converge vers toutes les autres luttes anticapitalistes.

C’est une lutte collective qui nous concerne tous et toutes, en ce qu’elle réunit des personnes aux horizons et sensibilités variés en faisant naître rencontres et solidarités.

C’est pourquoi nous vous invitons à venir en discuter vendredi 18 janvier à 19 heures salle Timbaud (rue Saint-Paul à Poitiers). Un film retraçant la lutte de Notre-Dame-des-Landes sera projeté en introduction à la discussion.

Comité poitevin contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes

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Mail du 13 janvier 2013

[Grèce] La bataille des squats à Athènes

La bataille des squats à Athènes

Le 20 décembre dernier, la police évacuait le plus ancien squat d’Athènes (22 ans), la Villa Amalias. Depuis cette date, la bataille contre l’expulsion des squats s’est nettement réchauffée en Grèce alors que davantage de lieux occupés sont attaqués et des dizaines de personnes arrêtées.

Aujourd’hui samedi 12 janvier, plus de 10 000 manifestants ont défilé dans les rues d’Athènes comme première riposte à la vague répressive.

Il semble maintenant faire peu de doute que l’Etat grec a lancé une attaque importante et soutenue contre les squats et le mouvement anarchiste en général. Au cours des dernières semaines, en plus de Villa Amalias, deux autres squats situés dans le centre d’Athènes ont été attaqués par les forces de police. Ce n’est peut-être que le début d’une opération plus importante. Un rapport confidentiel divulgué suggère que la police grecque a l’intention d’attaquer 40 squats à travers le pays. Après les événements de ces derniers jours, il semble également ne faire aucun doute que si la police devrait mener à bien ce plan, elle devra se battre pour chaque bâtiment.

L’expulsion de l’un des plus anciens squats à Athènes, Villa Amalias, le 20 décembre a été la première coup porté. Peu de temps après a eu lieu un raid contre un autre local occupé dans l’ASOEE [Université de sciences économiques]. Juste après la tentative de réoccuper la Villa Amalias, le 9 janvier, la police a ciblé le squat Skaramanga. Un plan de la police qui a fuité dans les grands médias grecs suggère que la prochaine étape de cette attaque viserait jusqu’à 40 bâtiments occupés dans toute la Grèce. Le raid sur Skaramanga était probablement prévu pour une date ultérieure, mais il a été avancé en représailles à la réoccupation de la Villa Amalias. Plutôt que d’être des raids isolés, les événements de la semaine écoulée semblent faire partie d’une stratégie de répression dirigée directement contre le mouvement anarchiste en Grèce.

Tout au long des dernières années d’agitation sociale déclenchées par les séries continuelles de sévères mesures d’austérité, les idées et les actions de résistance ont pris de l’importance en Grèce. Au cours des derniers mois, il y a eu une augmentation marquée des tactiques répressives contre toute la partie de la société qui pourrait offrir une résistance. Les travailleurs en grève ont été attaqués, des journalistes couvrant la corruption ont été arrêtés, les rafles contre les migrants ont conduit à 60.000 arrestations, et de nouvelles armes telles que des canons à eau ont été déployées. Ces dernières attaques montrent que les squats vont être la prochaine cible de la répression étatique.

Face à cette attaque, les gens ne sont pas restés passifs et se sont lancés dans la défense des squats et de leurs communautés. Le jour le plus dramatique et le plus rude jusque-là a certainement été le 9 janvier. Tôt le matin, il y a eu une tentative audacieuse de réoccuper Villa Amalias. Des dizaines de personnes ont réussi à s’introduire à l’intérieur du bâtiment, malgré une présence de la police. Rapidement cependant d’importants renforts de police ont été envoyés et le bâtiment a été envahi de nouveau. Cela a conduit à l’arrestation de près de 100 personnes qui ont été emmenées au poste de police en criant le slogan traditionnel « la passion pour la liberté est plus forte que les prisons ». Dans un communiqué publié par les arrêtés, ils démontrent clairement leur détermination à ne pas baisser les bras face à la répression : « Nous avons réoccupé la surveillée Villa Amalias en sachant pertinemment que nous allions être attaqués et, sans doute, arrêtés. Nous le ferons à nouveau, autant de fois qu’il le faudra, pour celui-ci et pour tout autre espace social de la résistance de ceux d’en bas qui pourrait être attaqué. Nous le disons encore une fois, inlassablement : ni leurs armes, ni leurs calomnies ne peuvent nous effrayer. »

Dès que les informations sur l’occupation et l’attaque de la police se sont répandues, d’autres actions ont eu lieu dans la ville. Les bureaux du parti gouvernemental DIMAR [Gauche Démocratique] ont été brièvement occupés en solidarité jusqu’à ce que lui aussi soit investi par la police, conduisant à 40 autres arrestations. Les protestations se sont ensuite déplacées vers le centre d’Athènes avec les forces de police utilisant des gaz lacrymogènes pour évacuer les gens du bâtiment du ministère des Finances. Ce fut à ce moment-là que le squat Skarmanga a été attaqué avec huit autres personnes détenues. Tout au long de la journée, il y eu des manifestations, des rassemblements et des assemblées à en soutien actif avec les squats et les détenus. À la fin de la nuit, les forces de police avaient envahi le quartier d’Exarchia, qui est considéré comme une sorte d’espace autonome.

Le nombre total d’arrestations s’est élevé à environ 150, ce qui signifierait le nombre le plus important d’anarchistes arrêtés en une seule journée depuis 15 ans. Beaucoup d’entre eux font face à des poursuites accusations dont les 92 de Villa Amalias, qui, au moment d’écrire ces lignes, sont encore détenus à la préfecture de police.

Ainsi, il semble que nous soyons entrés dans une phase nouvelle et dangereuse en Grèce. L’Etat a choisi sa prochaine cible et les gens se demandent qui sera le prochain attaqué. Cependant, au lieu de la peur, les gens ont réagi avec courage et les liens de solidarité se sont renforcés. Les événements du 9 Janvier montrent que les gens ne sont pas s’incliner et qu’ils résistent à la répression ensemble [ainsi plus de 1000 personnes à une assemblée de solidarité dans la Polytechnique, plus de 1500 personnes rassemblées le 9 dans la soirée devant les locaux du quartier général de la Police d’Athènes]. Le raid originel sur Villa Amalias a eu lieu il y a trois semaines et pourtant la bataille continue. La communauté de la Villa n’a pas été écrasée. À la lumière de cette réalité, le plan à la police pour attaquer des dizaines d’autres squats semble soudain très ambitieux, car ils auront à se battre pour chacun d’entre eux. Selon les termes des détenus : « Contre l’ouragan de la répression, nous allons dresser la tempête de solidarité ! »

Source : Battle for the squats in Athens

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D’après les informations disponibles, les 40 personnes arrêtées pour l’occupation des locaux du parti gouvernemental Gauche Démocratique ont été libérées sans charges. Par contre, les 93 personnes détenues pour la réoccupation de la Villa Amalias et les 8 arrêtés dans le squat Skaramanga, soit un total de 101 personnes, sont maintenues en détention et visées par des poursuites judiciaires sans que les détails soient encore connus. On parle d’inculpations pour « désordres publics » et « visages masqués ».

On ne compte plus les actions de solidarité. A Athènes, dans diverses villes, régions et îles de Grèce (barricades enflammées, dégradations de locaux des partis politiques et d’établissements bancaires, grandes banderoles visibles accrochées, interventions « contre-informatives » dans des studios de radio-TV, mini-attentats…), mais aussi ailleurs, à San Francisco, Mexico, en Australie et même à Goa, en Inde. Une manifestation est appelée samedi à Athènes « en solidarité avec les squats Villa Amalias et Skaramanga, avec tous les squats et espaces occupés, avec les structures de contre-information auto-organisées ». D’autres manifestations sont convoquées dans plus d’une douzaine de villes de Grèce.

La manifestation, partie de l’Université, s’est dirigée vers le tribunal d’Evelpidon où les manifestants ont stationné un bon moment pour exiger la libération des détenus qui passaient devant les juges. Dans la soirée, un communiqué annonça que 42 des personnes arrêtées allaient être remises en liberté.

Les premières informations et photos montrent des milliers de manifestants. 10.000 personnes est le chiffre avancé par la plupart des commentaires (certains parlent de 12.000 et plus). De son côté, la police n’a compté que 3000 manifestants. C’est de toute évidence la plus importante manifestation de l’aire politico-sociale anarchiste/antiautoritaire à Athènes depuis des années.

Un premier compte-rendu :

12 janvier 2013 : un cri de liberté, de solidarité et d’espoir dans la lutte contre la répression et le totalitarisme

Les manifestations de masse organisées le samedi 12 Janvier dans 14 villes à travers le territoire de l’État grec étaient une première réponse à la récente vague de répression déclenchée par le régime contre les squatters, les centres sociaux auto-organisées, les radios libres et les activistes sociaux. Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté contre les appareils répressifs étatiques et paraétatiques, la fascisation de la société et l’imposition du totalitarisme.

Athènes : Une des manifestations les plus massives de l’histoire du mouvement anarchiste

A Athènes a eu lieu l’une des manifestations les plus massives et les mieux organisées de l’histoire du mouvement anarchiste et antiautoritaire. Pendant environ deux heures, plus de 10.000 personnes ont marché dans une bonne partie du centre-ville, en criant des slogans contre la répression, le rôle du gouvernement et de la police, et en faveur des détenus de la réoccupation du squat de Villa Amalias.

La manifestation d’aujourd’hui a été convoquée par divers collectifs anarchistes, antiautoritaires et libertaires, des squats et des centres sociaux autogérés, des assemblées de quartier et certains partis et groupes de la gauche extraparlementaire. La manifestation était appelée à 12h00 dans les Propylées de l’ancienne université d’Athènes. La manifestation s’est ébranlée deux heures plus tard. Cette fois-ci, elle ne s’est pas dirigée vers le Parlement et la place Syntagma, mais est allé devant le tribunal d’Athènes, de l’autre côté du centre-ville. Les plus de 10.000 manifestants sont passés par le squat Skaramanga, expulsé le 9 Janvier, et par la Faculté des sciences économiques et commerciales dans laquelle, le 28 décembre 2012, la police a fait une descente, arrêtant 17 immigrés, faisant irruption dans le local autogéré de l’université et y confisquant les équipements de la radio libre 98FM.

La manif est ensuite passée devant le tribunal d’Athènes, où elle s’est arrêtée pendant environ 30 minutes en criant des slogans en solidarité avec les 93 détenus qui, à ce moment-là, se trouvaient à l’intérieur du tribunal. Cet après-midi, pour la seconde fois en trois jours de détention, ils ont comparu devant un juge. Les forces répressives de la Démocratie ont interdit aux gens d’entrer dans le tribunal. Même les journalistes (à l’exception d’un petit nombre d’accrédités), même les familles des détenus n’ont pas pu pénétrer dans les locaux du tribunal lorsque les accusés se trouvaient face aux juges. Il s’agit là d’un « détail » de plus dans cette orgie répressive qui est resté complètement inaperçu par les médias de désinformation grecs et internationaux. Selon les informations qui nous parviennent par des médias de contre-information et des camarades, à 20 heures, 42 détenus ont été libérés dans des conditions restrictives.

Après être passé par le tribunal, la manif s’est dirigée vers le quartier d’Exarchia, où elle s’est dissoute. Comme mentionné plus haut, la manifestation a traversé plusieurs quartiers centraux qui sont densément peuplées ; ainsi, énormément de gens ont pu être les témoins oculaires de sa massivité et de sa combativité, et pourront comparer ce qu’ils ont vu et entendu avec les mensonges de la télévision et des autres médias de propagande massive sur le mouvement anarchiste, antifasciste et plus généralement sur le mouvement social qui résiste au totalitarisme moderne.

Quelques-uns des slogans criés : « La solidarité est l’arme des peuples, guerre à la guerre des patrons » ; « La passion pour la liberté est plus forte que toutes les prisons » ; « Si nous ne résistons pas dans tous les quartiers, nos villes vont devenir des prisons modernes » ; « Les flics ne sont pas les enfants des ouvriers, ce sont les chiens des patrons » ; « Flics, TV, néo-nazis, tous des déchets qui travaillent ensemble ».

Source : 12 de enero de 2013 : un grito de libertad, solidaridad y esperanza, en la lucha contra la represión y el totalitarismo

Autres photos de la manif : ici et

[Traductions : XYZ]

Vu sur le site de l’OCL, 12 janvier 2013